Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

L'actualité du journal qui va avec la série

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heijingling
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4566 du 15/10/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/debarquement-de-marsupilamis/
Pour raisons géopolitiques (je suis en ce moment dans un pays où accéder au journal de Spirou en ligne est complexe, sans parler de sa version papier), je ne suis pas en mesure de faire une chronique sur ce numéro, et mes chroniques seront un certain temps aléatoires. Dommage, je me serais certainement bien amusé avec les marsupilamis multicolores...
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heijingling
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4567 du 22/10/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/sueurs-froides-s ... de-minuit/

La couverture annonce le retour des jeunes Robinsons de L’île de Minuit dans une jungle menaçante et mystérieuse, d’autant plus que le danger n’apparait pas au premier abord et se situe, discret, dans leur dos. Nicolas Grébil a joué avec les possibilités qu’offre le dessin grand format de la couverture. Remarquons qu’un des personnages n’est plus le même par rapport au premier épisode, beaucoup de choses s’étant en effet passées dans la grande ellipse entre les deux histoires, situation partiellement résumée par les auteurs Lilyan et Grébil. Un des nouveaux personnages apparaît dans les trois pages d’introduction mouvementées et muettes de ce deuxième épisode, mais on ne sait encore rien de lui, les auteurs ménagent le suspense. Ce nouveau personnage est naturellement surpris par le paysage qui s’ouvre devant lui, mais étonnament les autres ne le sont aucunement par la voie formée d’immenses défenses d’éléphants dressées qu’ils empruntent. Moi, cela m’interroge plus que les vestiges humains qui les intriguent : il y a ou aurait donc eu des éléphants sur cette petite île? La suite nous dira s’il s’agit d’un indice clé ou d’un effet graphique gratuit et trompeur. Le troisième chapitre de Mi-Mouche introduit le problème du harcèlement, scolaire ici, et en donne une explication : les harceleurs n’ont pas peur de donner et se prendre des coups, peut-être même y ont-ils goût, au contraire de leur victimes, comme Colette qui, par sa pratique de la boxe, pourrait certainement vaincre physiquement sa harceleuse qui n’en impose que par sa masse et son culot, mais y répugne, le fait qu’elle s’enquière de l’état de l’adversaire qu’elle vient de battre témoigne de sa sensibilité. Le sixième chapitre des Sœurs Grémillet plonge ouvertement dans le fantastique, entre la vision de la carcasse d’un avion envasée dans un étang de la forêt, l’accident de chasseurs dû à un brouillard subit après un appel au Liéchi à leur punition par Lucille, la réapparition d’animaux pour la nuit du Liéchi, avec chaque évènement, chaque scène même ponctué par l’apparition d’oiseaux, de la huppe de la première case de la première planche de ce chapitre à l’envolée sur fond de ciel rougeoyant de la dernière case de la dernière planche. Et si jusqu’à présent c’était un corbeau qui semblait être un représentant du Liéchi, c’est maintenant une chouette qui a été témoin de l’étrange accident des chasseurs. Appollo et Brüno produisent dans cet épisode leur vision la plus radicale de leur Lucky Luke, non plus flegmatique (lui manque son sourire) mais taciturne jusqu’à laisser se dérouler une bagarre sur près de trois pages, morceau de bravoure du western, suivie en contrepoint par un autre aspect typique de l’ouest mais bien plus méconnu, pour ne pas dire ignoré, par le western, où Appollo a produit un superbe exemplaire de cette poésie lyrique de l’ouest, nourrie de la Bible, ses énumérations incantatoires, ses visions apocalyptiques et salvatrices.

Le témoignage de L’abonnée de la semaine donne une des raisons pour lesquelles des lecteurs peuvent aimer Manoir à louer : ils s’y retrouvent. Toutefois, l’humour y est bien plus simple que dans Animal lecteur, la série de Libon et Salma elle aussi conçue en clins d’oeils, sans doute car l’univers de Manoir à louer est bien plus limité, comme le nombre de personnages et leur aspect unilatéral. Par contre dans cette planche la recherche dans le manoir permet d’admirer le dessin de Juanungo dans son rendu d’un luxe décadent (le hall d’entrée, le pathétique des peaux et animaux empaillés dont la gueule est dressée en une dérisoire menace, les statuettes grand siècle recouvertes de toiles d’araignées). Luxuriance en absolue contraste avec la planche de L’édito des Fabrice qui lui fait face, au minimalisme extrême de la mise en scène et des décors, qui reflète leur déception envers leur jeu riche de promesses mais dont ils n’ont pu tirer la saveur. On retrouve les personnages d’Otaku et le dessin de Maria-Praz qui arrondit systématiquement les angles, par contraste avec la rigidité du quadrillage de cahier d’écolier qui constitue le fond sur lequel sont faits les strips, arrondi au point que la porte des toilettes et son chambranle m’ont laissé croire qu’ils se trouvaient sur un bateau….Dans la planche de Working dead, Stella Lory et Marc Dubuisson délaissent l’aspect zombie de leur série, hormis des détails graphiques, pour une moquerie envers les entreprises modernes, tandis que Manu Boisteau et Paul Martin mettent littéralement en scène dans Titan inc. la lutte des classes et l’exploitation, des aspects aussi présents dans L’épée de bois, avec l’école misérable dont le toit fuit de partout, et gags de socio-politique loufoque dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart (versant manifs) et Fish n chips de Tom (versant marketing). Outre la poésie dans Lucky Luke, on a dans Gary C. Neel d’autres éléments rares dans un western, mais ici à fins comiques : un indien à lunettes, une montgolfière. Enfin, si Dad continue à vouloir s’imposer dans le groupe de sa fille, il va finir par se faire taxer de harceleur, et pour finir, un Kid Paddle consacré au petit barbare et un Game over bien gores, avec cerveau éclaté et yeux pendants sortis de leurs orbites, en avant goût du spécial Halloween de la semaine suivante, annoncé peu ragoutant par Bercovici.

Remarque ragotante : dans sa Leçon de BD, Marko invite Beka, qu’il représente sous les traits d’un homme, alors que Beka est censé être le pseudonyme commun d’un homme et un femme, est-ce une personnification, ou est-ce une allusion à une rupture ? Il le présente aussi comme le scénariste de Cœur collège, une série Dupuis non publiée dans Spirou, alors que Beka scénarise plusieurs séries pour le magazine ; expression de ses goûts? Les Jeux sont traditionnellement consacrés à la série mise en avant dans le numéro, mais Romain Garouste, au lieu d’y montrer l’ensemble de la série, ne met en scène qu’un moment de l’épisode de la semaine de L’île de minuit, celui où deux des enfants se retrouvent isolés et subissent une attaque de singes. Deux publicités pleine page pour deux albums de séries Spirou pour une fois, une sur un fond rouge flamboyant pour Dad, et une autre pour les Tuniques bleues. Pour finir, un toujours bon gag d’illustration du Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, et l’annonce du prochain Mademoiselle J., qui ne sera donc pas prépublié dans Spirou mais post publié (comme rappel publicitaire, ou pour ceux qui voudront le lire sans acheter l’album). Annonce étrange, auto dépréciative qui prétend que la majorité des lecteurs s’en fiche, ignorant qui c’est, car enfin cela fait moins de deux ans que la précédente aventure s’est terminée dans le journal, alors certes c’est plus que les à peine six mois entre le premier et le deuxième épisode de L’île de minuit ou de Mi-Mouche, mais ce n’est rien à l’aune d’un journal ayant 87 ans, même si son âge n’est tristement plus indiqué en couverture depuis la nouvelle formule de janvier 2019. Par ailleurs, il y a un spoiler, qui nous dit qu’un élément caché sera à débusquer dans l’histoire, mais indique quel est cet élément et dans quelle page il se trouve : une annonce digne de L’édito des Fabrice.
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Franco B Helge
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par Franco B Helge »

Merci pour vos chroniques très précises :spirou: :smile:!!
Je trouve très utile d'avoir un aperçu du contenu du Journal, car je ne le reçois pas sous ces latitudes méridionales :(
Merci encore :wink:!
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Armand Le Biar
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par Armand Le Biar »

12677
Dans ce cas il y a en ce moment un n° (sans numérotation) inédit et complet à lire sur le site : https://www.calameo.com/read/0079756010 ... Pk0O72zSk0
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Franco B Helge a écrit : Je trouve très utile d'avoir un aperçu du contenu du Journal, car je ne le reçois pas sous ces latitudes méridionales :(
Demande à l'Alliance française locale de souscrire un abonnement au journal :spip:
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Franco B Helge
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par Franco B Helge »

heijingling a écrit : mar. 2 déc. 2025 15:41
Franco B Helge a écrit : Je trouve très utile d'avoir un aperçu du contenu du Journal, car je ne le reçois pas sous ces latitudes méridionales :(
Demande à l'Alliance française locale de souscrire un abonnement au journal :spip:
Mille sabords et Sabre de bois, en même temps :o!

Voilà ! L'Alliance doit déjà être abonnée au Journal, je suppose, car je sais qu'elle reçoit plusieurs magazines et autres publications.
Il faut que j’aille vérifier :smile:
Merci d'avoir mis en lumière un point auquel je n'avais pas prêté attention auparavant, haha :roll: :wink:!
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Message par heijingling »

Numéro 4568 du 29/10/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/special-halloween/

Annoncé par un gag de Bercovici dans le numéro précédent, voici donc un numéro spécial Halloween en odorama, un gagdet qui consiste à gratter une pastille pour faire ressortir une odeur, plaisante ou non, pastille ici dissimulée en couverture sous forme de cerveau d’un zombie déguisé en marsupilami, ce qui est une bonne idée, et on peut imaginer que dans Fluide glacial elle aurait été placée ailleurs… Un spécial Halloween à dessin de couverture qui, comme nombre de spéciaux vraiment spéciaux (ceux de 100 pages), s’étend sur deux pages, en première et quatrième de couverture, cette deuxième moitié révélant souvant un gag amorcé dans la première moitié, ce qui est le cas ici, et plus encore, puisque le gag consiste en la puanteur s’échapant de la première page qui se répand sur la dernière et de là dans l’ensemble du numéro pour pourrir tout ce qu’elle touche, un numéro tour de force, qui a nécessité la coordination en amont de nombres d’auteurs pour qu’ils introduisent cet effet dans leurs histoires. C’est Stella Lory qui a donc réalisé cette couverture double avec sa série Working dead, que le journal a à priori décidé de mettre en avant, puisque c’est la deuxième fois qu’elle a les honneurs de la couverture depuis ses débuts il y a moins de trois mois. Certes une série zombie est destinée à être mise en vedette lors d’Halloween, mais d’autres auraient été autant légitimes, comme Manoir à louer (autre série commencée cette année), sans parler de Zombillénium, Kid paddle, Game over (qui ont déjà eu plusieurs fois cet honneur) ou Pernille ou Kahl et Pörth (rarement si pas jamais vus en couverture, eux). On a donc dans la continuité de la couverture une histoire de sept pages de Working dead, réparties dans l’ensemble du numéro, où l’on voit que les zombies de la start-up font se putréfier tout ce qu’ils touchent (une allégorie gauchiste? La critique de l’entreprise est toujours présente, ainsi la fête organisée porte le nom d’Hallo-win), et Stella Lory a vraisemblablement dessiné les moisissures, asticots et mouches qui envahissent progressivement l’ensemble des marges du numéro, jusqu’à déborder dans certaines planches, Spoirou et Fantasperge de Sti débordant eux de la Malédiction de la page treize pour commenter cette putréfaction au long des pages.

Paradoxalement, c’est la série qui, en dehors de L’édito, est la plus impliquée dans le magazine chaque semaine qui est la moins touchée par cette animation : se trouvant en page deux, les moisissures commencent tout juste à se répandre et ne la touchent que peu, on a donc simplement dans Manoir à louer une traditionnelle histoire de préparation d’Halloween. Par contre, l’odeur est déjà présente page trois, et les Fabrice se plaignent à bon droit d’en être injustement accusés. Toujours pas affectée non plus est Nuit blanche au camp, une histoire en deux page de Julien Dykmans au dessin tarabiscoté et anguleux parfait pour un récit d’horreur, sur un scénario classique d’inversion des perspectives avec des monstres racontant une histoire de bonheur pour se faire peur mais bien mené par Sti, ses Spoirou et Fantasperge le jugeant « de premier choix, en toute objectivité » dans un auto clin d’œil, et la première victime de l’infestation est finalement Gary C. Neel, tombant malade de l’ingestion de la nourriture préparée pour le Dia de los muertos, la fête du jour des morts mexicaine à laquelle ses auteurs Ced et Gorobei l’ont judicieusement fait assister plutôt qu’Halloween, nourriture pourrie par les effluves zombiesques, qui ont également vermoulu le plancher de la soirée d’Halloween où se rendent Kahl et Pörth (de Ced encore, Frantz Hofmann, qui signe aussi les Jeux intitulés Putrédaction, titre qui contient un double jeu de mots dont un peu familial, et Annelise). Mais c’est avec la suite que l’épidémie prend une dimension supérieure, d’abord avec la fin de l’histoire de Working dead, qui révèle que Greg, le personnage humain perdu dans l’entreprise zombie, est, à l’instar de ceux de Manoir à louer, lecteur de Spirou, et que c’est tout le journal qui s’est fait zombifier, à commencer par les personnages en couverture qui était normaux lors de l’achat du magazine, comme si l’on assistait à une zombification en temps réel. Puis c’est Céline, la mère à tendance rigide de Family life de Jacques Louis qui devient une zombie après avoir mangé un cake touché par le « truc gluant » qui déborde des marges et envahit les cases, la situation étant à ce point devenue si intenable que la rédaction décide de faire appel à Guillaume Bouzard pour y remédier dans l’histoire intitulée La pousse du siècle, où il découvre que dans la pourriture ont poussé des cèpes, qu’il s’empresse de ramasser pour les vendre, malheureusement ce ne sont pas des cèpes de Bordeaux mais de Marcinelle, et les acheteurs finiront intoxiqués...Le reste des histoires, tant les gags que les (à suivre), sont aussi touchées par la moisissure, mais à la différence des précédentes cela n’affecte pas l’histoire, les gags se contentant d’un traditionnel thème Halloween, comme dans La pause-cartoon (dont un Fish n chips de Tom à l’humour particulièrement macabre) ou Game over.

Coïncidence, le pénultième chapitre de l’histoire des Soeurs Grémillet Le gardien de la forêt se déroule pendant l’attendue nuit du Liechi, superbe fête fantastique automnale en heureux contrepoint à Halloween. Ce chapitre finit sur un double suspense, sentimental (l’évolution de la relation de la maman et son ami d’enfance) et fantastique (le Liechi existe-t-il ou n’est-il qu’une illusion), et les auteurs Giovanni di Gregorio et Alessandro Barbucci utilisent habilement cette nuit fantastique riche en rebondissement pour révéler que c’est la plus jeune des sœurs qui à le plus souffert du divorce de ses parents, et cette perte explique en partie l’origine de son amour pour les animaux, qui eux ne l’ont jamais abandonnée. Le quatrième chapitre de Mi-mouche marque un tournant en faisant la part belle au père de Colette, jusqu’ici assez effacé, qui a avec sa fille une complicité que n’a pas sa mère : ira-t-il jusqu’à soutenir sa fille face à sa femme, au risque d’un conflit qui pourrait mener à un divorce ? Quant au chapitre de L’île de minuit, il colle au titre de la série puisqu’il se passe de nuit.

Enfin, le rédactionnel consiste en Dans la tête de Stella Lory, qui s’y est faite une caricature foisonnante et délirante, un concours « tout pourri », et le Courrier des lecteurs où il est enfin dit et expliqué pourquoi il manquait des pages dans la prépublication de la dernière histoire de Champignac : on y voyait une consommation de « paradis artificiels », ce qui a été estimé ne pas pouvoir passer dans un journal familial. Si l’explication se tient, le journal aurait pu avoir la politesse élémentaire de proposer une page de remplacement, plutôt que ce vide rendant le passage encadrant ces pages manquantes incompréhensible. Ce problème est un classique des différences de publication entre le journal et l’album, dont le célèbre remontage pour les albums des planches que Franquin composait en vue du journal. Tintin a financièrement résolu la question en publiant en sus des albums classiques (dont la version noir et blanc des albums couleur et la version couleur des albums noir et blanc) la version pseudo fac-similé de la publication dans le journal, solution seulement applicable pour Tintin et l’idolâtrie dont il fait l’objet. Mais concernant ce Champignac, c’est d’autant plus dommage que dans les pages manquantes il y est appelé par un chaman lui tendant des champignons hallucinogènes d’un savoureux “l’ami des champignons”...
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Message par heijingling »

Numéro 4569 du 05/11/2025

Pas d’aperçu de ce numéro sur le site Spirou, il a sans doute été réduit en cendres par le nouveau personnage du journal, Attila.

Selon une légende bien antérieure à l’existence-même d’internet, Néron jouait du violon pendant que rome brulait. En couverture de ce numéro, Attila prend son goûter dans une ville achevant de brûler. Mêmes temps (l’antiquité, à l’ère des réseaux sociaux, on ne va pas chipoter pour quelques siècles), mêmes mœurs, revisités par l’abbé, un auteur officiant surtout dans Fluide glacial, pour sa première série dans Spirou, mais un énième retour dans le magazine pour Attila, qui y avait été réhabilité par Sirius en 1958 dans Timour, où il le présentait comme un homme de culture et de parole, loin du barbare grotesque au point d’en être touchant il y a à peine dix ans dans le très drôle Attila et le club des Huns de Dab’s, sans parler, chez la concurrence, de Une aventure rocambolesque d’Attila, de Larcenet et Casanave en 2006. La démesure d’Attila (ce qu’on en connaît par la légende) en fait un plaisir à croquer l’horreur sans cruauté pour les dessinateurs comiques, comme on le voit aussi dans les Jeux de Joann et Annie Pastor, de ton joyeux malgré les innombrables têtes de morts qui les parsèment et, comme Dab’s et Larcenet et Casanave, l’abbé (il signe sans majuscule) représente Attila en nabot, pour le reste, l’humour consiste en un dialogue de sourds entre un romain rationnel et le conquérant sanguinaire et mégalomane. Une nouveauté : la périodicité (mensuelle) avec laquelle cette série va passer dans le magazine est indiquée en bas de la dernière planche.

La rubrique Dans la peau de l’abbé présente l’auteur de façon extravagante, on est censé y apprendre que c’est sa belle-fille, en bas âge, qui fait ses couleurs, elle serait ainsi pratiquement sa co-autrice puisque pratiquement aucun décor n’est dessiné au trait mais uniquement par la mise en formes de couleurs, à la différence du dessin de couverture. L’article est illustré d’un impressionnant autoportrait en coupe, ou en écorché (les deux conviennent pour le fléau de dieu) où viscères, pinceau et pots de mayonnaise s’entremèlent.
Outre Attila, ce numéro contient un autre désastre, des restes des moisissures d’Halloween du précédent numéro, et Bouzard est de nouveau appelé, cette fois dans les marges, afin de les nettoyer. Autres séquelles d’Halloween, des strips de Willy Woob, ainsi que, dans le Courrier des lecteurs, une lettre de Céline, la femme de l’auteur Jacques Louis dans family life, qui demande un droit de réponse pour l’image d’elle jugée dégradante et fausse, jusqu’à son apparence en zombie dans le numéro d’Halloween qui a fait déborder le vase. Affaire à suivre.

Dans les séries (à suivre), on découvre le mystérieux Charlie, le nouveau personnage de L’île de minuit apparu dans le précédent chapitre et qui sans son sweat-shirt et en plein jour a toutes les apparences physiques et vestimentaires d’une jeune fille bien qu’il soit considéré par les autres personnages comme un garçon. L’autre nouveau personnage lui se sort étonnament bien, compte tenu de ce qu’ont subi Elena et Elijha, de son affrontement avec les singes et, fait prisonnier par la petite bande, il est traité de façon extrèmement agressive, il en fait d’ailleurs lui-même la remarque : tout cela a un peu le goût d’un suspense créé de façon artificielle. On entame la seconde moitié de l’histoire de Mi-Mouche et la scénariste Véro Cazot, après la séquence d’espoir du chapitre précédent, la fait basculer vers la désillusion, aucun de ses parents ne répondant finalement aux attentes de Colette. Fin de Le gardien de la forêt, le huitième épisode des Sœurs Grémillet, plus spécifiquement consacré à Lucille, la plus jeune des sœurs et l’amie de la nature, ce gardien, le Liéchi, réel ou imaginaire, les auteurs Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci ne tranchant pas, s’avérant comme Lucille évidemment protecteur de la nature, mais également des enfants en détresse, détressse intime comme politique, Lucille qui a le plus souffert du divorce de ses parents ou le père de l’ami d’enfance de la mère de Lucille qui a échappé de peu à la mort durant la guerre. Un bel épisode qui fait se rejoindre la culture, par la transmission, et la nature. Les trois séries (à suivre) de ce numéro ont pour héros des enfants, (ce qui est un peu disproportionné), mais si les protagonistes de L’île de minuit sont livrés à eux-mêmes, Mi-Mouche et les sœurs Grémillet elles doivent se débattre dans des problèmes familiaux : si le dessin de Carole Maurel et celui d’Alessandro Barbucci sont très différents, le premier anguleux, plus dur, le second plus rond, plus adouci, ils ont en commun un encrage enlevé, style croquis, du moins pour les visages chez Barbucci, qui retranscrit bien l’enchevêtrement de vivacité et de tourments de ces jeunes personnages.

Pour le reste, les mouettes sarcastiques sont de retour dans Titan inc., et leurs commentaires sur la quatrième case d’un strip formellement constitué de trois cases est une maline parabole du franchissement du quatrième mur. La série de Manu Boisteau et Paul Martin fait de plus en plus penser à Boner’s Ark, la série quelque peu injustement méconnue du grand Mort Walker, par le cadre bien sûr, un huis-clos dans un bateau, mais aussi par l’approche, une galerie de personnages faisant micro-société, dans l’attente d’un évènement annoncé qui ne vient jamais, leurs interactions et leurs discours sur la situation. Le face-à-face des pages de Manoir à louer et L’édito fait ressortir le contraste entre la rigidité expressive de la vampire, que Juanungo représente en variant légèrement l’encrage d’un même dessin reproduit quatre fois, et l’hyper expressivité des Fabrice et du rédac’chef qui se tordent littéralement de rire. De bons gags dans les quatre séries de La pause-cartoon, trois pages de fabrication Midam, un Kid Paddle, un Game over avec momies et vampires, et une pub pour le dernier Kid Paddle, Zombie or not Zombie, décidément, on ne sort toujours pas d’Halloween. Enfin, comme Lucille dans Les sœurs Grémillet, c’est Roxane, son alter ego concernée par l’environnement, qui est mise en avant par Nob dans Dad pour un enième conflit de génération mais qui ne concerne pas, comme les précédents, la mode, mais plus gravement la survie des nouvelles générations.

Enfin, la rubrique Spirou et moi est consacrée à Mathilde Ruau, une illustratrice jeunesse qui a publié une BD sur comment faire un jardin potager, ce qui tombe bien puisque c’est une des revendications de Roxane pour l’école, et dans le multi-médias, le podcast du mois de Radio Fantasio est consacré à Mi-Mouche, tandis que le supplément est un mini-récit de Gaël, qui n’avait plus travaillé pour Spirou depuis 20 ans, une très classique mais amusante histoire d’invasion ratée de la Terre par des extra-terrestres.
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Message par heijingling »

Numéro 4570 du 12/11/2025

Ici un aperçu du numéro: https://spirou.com/mademoiselle-j-en-quete-de-verite/

Une belle couverture pour le retour de Mademoiselle J., pas celle de Gaston, comme précisé sous l’ours, mais la « journaliste intrépide et jeune femme indépendante », qui, à l’instar des Sœurs Grémillet dont elle prend la succession dans le magazine, va découvrir des secrets de famille dans cette quatrième aventure qui s’intitule Le bonheur de dire Maman (rappelons que Juliette de Sainteloi, de nom de plume Mademoiselle J., est orpheline de mère). Si Yves Sente le scénariste et Laurent Verron le dessinateur se documentent abondamment sur l’époque à laquelle se passent leurs histoires, Juliette est elle si indépendante qu’elle est en avance de nombreuses années sur son temps, comme on le voit aux titres de ses livres, ou à son oubli de subjonctifs (planche 7), fréquent de nos jours mais pas chez une bourgeoise cultivée née en 1915. La présentation de l’épisode dans le journal porte le nom de Mademoiselle J. en 5 mots, et celle en ligne Mademoiselle J. en 5 mots https://spirou.com/mademoiselle-j-en-9-mots/ , les quatre mots supplémentaires étant les plus intéressants, ainsi sur la documentation, Laurent Verron dit « J’ai passé beaucoup de temps à me documenter sur l’Indochine, ancienne colonie française, afin de dessiner au mieux les endroits réels qu’Yves a mis dans son scénario. Surprise : de nombreux bâtiments ont été construits dans un style européen, ce qui donne à certaines planches une sorte de dépaysement décalé. » C’est sa surprise qui est surprenante, les colons ayant toujours reproduit leur vie dans les colonies selon celle de leur pays d’origine, il est normal qu’en Indochine se trouvent des bâtiments de style européen d’il y a un siècle et plus, ce sont d’ailleurs des attractions touristiques que les anciennes colonies mettent en valeur. Mais surtout, il précise aussi «Je travaille au « pinceau sec », avec peu d’encre, ce qui me permet de travailler une gamme de noirs allant jusqu’au gris, une technique apprise avec Roba. Mademoiselle J me permet beaucoup d’expérimentations. Je travaille par exemple la matière avec des vieux pinceaux abîmés, ou même des papiers froissés, que je trempe dans l’encre ! » que l’on se doit de compléter avec cet extrait d’interview parue sur ActuaBD : «Certains dessinateurs estiment que l’encrage est une étape obligatoire qu’ils n’apprécient pas. D’autres travaillent à l’ordinateur en fonçant leur crayon pour ne plus encrer. Étant un admirateur de Jijé, de Milton Caniff et d’autres maîtres de l’encrage, j’estime que le dessin s’y prolonge. Cette étape ne consiste pas à repasser sur le crayon, mais reste une véritable création. », opinion à laquelle je souscris entièrement, les meilleurs dessinateurs de BD sont de grands encreurs.  Et dans le cas de Verron, on a ainsi droit à de superbes planches texturées. Coïncidence, dans le Courrier des lecteurs, Jonathan Munoz précise aussi sa technique de dessin pour L’épée de bois, il « encre », ou plutôt repasse ses crayonnés avec un fusain noir, ce qui donne à ses dessins leur aspect presque tangible, comme ceux de Laurent Verron, et dans La leçon de dessin, Marko loue à juste titre les techniques d’encrage avec lesquelles une très jeune amatrice (10 ans) représente des fumées. Il est juste dommage que, lorsque Laurent Verron parle des expérimentations dans Mademoiselle J., on ne sait si cela tient à la série, grâce aux retranscriptions de différentes époques qu’elle nécessite, ou à la liberté que procure la prépublication dans Spirou.

Dans le huitième chapitre de Mi-Mouche, celle-ci est effrayée par sa propre capacité de violence. L’épisode de L’île de Minuit commence assez bavard, pour finir par un suspense où les personnages se font attaquer par le serpent géant géant qui se dissimule systématiquement dans tous les marais tropicaux dans toutes les BD d’aventures depuis les années 1930. Quand donc les personnages explorant une forêt tropicale se décideront-ils à éviter les marais ? Enfin, conclusion du Lucky Luke de Appollo et Brüno, dans un chapitre intitulé Avenir, dans lequel un homme d’affaire féru de ce qu’il s’imagine être la modernité prédit la fin du western. Au dela du gag facile de mettre cela dans Lucky Luke, les auteurs montrent surtout comment les deux réalités de la fiction et du tangible cohabitent toujours, malgré parfois les prétentions de l’un à supplanter l’autre, ou le contraire (mais alor la fiction ne se présente pas sous ce nom). Dans cette conclusion, Lucky Luke est plus effacé que jamais, il n’y fait rien et ne prononce pas un mot, se contentant d’écouter avec patience le grandiloquent soliloque, illustration du proverbe « les chiens aboient, la caravane (tome 24 de LL) passe.

Comme Mademoiselle J., les Fabrice ont décidé de traverser l’histoire, ce qui risque, comme elle, de les faire vieillir à vitesse accélérée : Laurent Verron assène qu’elle vieillit de dix ans à chaque tome. En les voyant débarquer vêtus en hommes des cavernes, j’ai toutefois d’abord pensé à Timour, de Sirius, qui lui aussi traversait les époques par le moyen de ses descendants qui tous se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, au physique comme au moral. Trondheim et Juanungo ajoutent une nouvelle dimension à Manoir à louer, les habitants du manoir sont des lecteurs assidus de Spirou, et les enfants reproduisent leurs séries préférées, grâce à quoi on peut retrouver de nouveau cette semaine les sœurs Grémillet alors que leur aventure vient de se terminer dans le numéro précédent. Un pas vers la solution pour avoir du Spirou chaque semaine dans le magazine ? Hors Lucky Luke, l’histoire courte du numéro est un un nouvel épisode de Perdus, cette fois « à la ferme pédagogique » de Blaize-les-Pouzigues (Tillieux ou Goscinny auraient fait un jeu de mots, les auteurices actuels semblent moins portés sur ce genre d’humour, le comique ici tient à la sonorité du nom), après que la petite sœur se soit égarée dans les douves d’un château, d’où elle ramène un fléau d’armes (confusion avec les oubliettes?) : dans une BD d’humour classiques (la BD comme l’humour), les personnages se perdaient dans les chateaux, ici, Lisa Mandel et Pochep déjouent ce cliché, le château est expédié dans l’arrière-plan d’une case, et c’est dans une ferme moderne que se perdent les personnages. Si le dessin de Pochep et Lisa Mandel renouvelle par ailleurs avec bonheur la caricature gros nez, celui de Jilème, plus traditionnel, lui rend hommage dans Brad Rock avec un nez si énorme qu’il ne passe plus par la porte. Pour le gag de Working dead, Stella Lory joue du contraste entre le dessin de zombies qui s’embrassent rendu monstrueux par le cadrage en hyper gros plan, et le regard du zombie qui les regarde attendri avec les yeux hyper mignons rendus en technique kawaï (grands yeux avec reflets). Floris fait aussi un gag visuel dans Capitaine Anchois, avec les personnages revetant des déguisements pour échapper à un contrôle de police. Dad de Nob est un personnage décalé, familialement comme célibataire responsable de quatre filles de quatre mères différentes, qui lui donne aussi par ailleurs une image de séducteur en décalage avec son apparence et sa maladresse, enfin comme chomeur quasi permanent et la réalité de son métier en décalage avec l’image qu’il a de lui même. Le thème du décalage de génération revient donc souvent dans ses histoires, et cette fois ce sont ses parents qui sont plus en phase avec l’époque que lui-même.

Enfin, dans En direct de la rédac, suite du running gag de la mère mécontente de sa représentation dans Family life, de Jacques Louis, avec maintenant une lettre de mise en demeure de son avocat au nom flamand imprononçable pour un francophone et qui cache peut-être un jeu de mots (maître Van Den Schrijfelaar, comme Bertje Van Schrijfboek (cahier d'écriture) le traducteur dans Gaston Lagaffe, et autres mots redoutables avec schr- ou schtr-), En direct du futur annonce un numéro de Noël qui servira de couteau suisse pour le réveillon, ce qui prédit un numéro plein de surprises, et les Jeux de Pauline Casters, sur scénario de Tony Emeriau, sont sous forme de bande dessinée en histoire parodique de L’oncle Paul racontant l’hstoire de Mademoiselle J.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4571 du 19/11/2025

Ici un aperçu du numéro: https://spirou.com/gardez-la-frite-avec-cedric/

Une belle couverture de Laudec, dans le sens qu’elle est typiquement bande dessinée et non illustrative : la construction n’est pas voulue dynamique, harmonieuse ou équilibrée mais narrative, elle est un gag en elle-même mais pourrait aussi être la dernière case d’une histoire: en effet, rien ne justifie ici que le grand’père de Cédric soit astreint à un régime basse calories, c’est donc, en l’absence de la planche hypothétique que concluerait ce dessin, une justification gratuite uniquement là pour motiver le jeu, appuyé par l’air complice du restaurateur, entre Cédric et son grand’père, qui est le véritable gag, qui renvoit à la série pour qui la connaît ou pousse à la découvrir pour les autres. Par ailleurs, le dessin est entièrement stylisé, s’il n’y a pratiquement pas de perspective dans l’enseigne de la friterie, au contraire de la table à manger et même de la même enseigne dans l’histoire, c’est que celle-ci est posée en relation avec le titre du journal, du même jaune flamboyant, qui renvoit de plus aux frites et aux cheveux de Cédric. Enfin, le dessin de Laudec est caractéristique du gros nez et des formes rondes du style Marcinelle dans les personnages (jusqu’à la coiffure de Cédric, copie de celle de Pirlouit), mais plus tranchant dans les décors, comme les feuillages en couverture, et va pratiquement jusqu’au psychédélisme dans la distortion des plantes du bac à fleurs dans la dernière case de l’histoire, du doublement des tracés des feuillages planche 2 ou de l’écorce en peau de reptile planche 3. Le dessin de Laudec est mixte, ou impur, comme l’art de la BD. Et cela, sans même compter ses collages et inclusions de tableaux (Sisley planche un, Caillebotte planche trois, Mucha planche quatre), dont il parle dans L’arrière-boutique de Laudec («mon coloriste Leonardo s’est chargé de lui trouver des couleurs “à la Cédric”.  »)  ou les « petites nouvelles amusantes [qu’il] cache dans les journaux»  (celle-ci parlant d’un grand prix du public au festival de  Boulion-lez-Angoulême (sic) remporté par une BD générée par une IA au moment des perturbations que l’on sait doit certainement représenter quelque chose, mais je ne sais quoi). Les Jeux de Schmittmy reprennent la dernière scène de l’histoire, avec un dessin qui lui unifie décors, personnages et éléments d’autres BD du journal placés là pour un jeu (dont un gant auquel il manque des doigts que l’on attribuera à Soda ou à un titre de Gil Jourdan selon sa génération). On trouve enfin un autre jeu concernant Cédric dans la rubrique En direct de la rédaction, sous forme de mots mystère, qui ressemblent à des mots croisés, que l’on ne voit qu’extrèmement rarement dans le magazine, ainsi que de véritables mots croisés dans l’illustration du bulletin d’abonnement par Cromheecke et Thiriet, et ce quand le gag de Manoir à louer parle justement de mots croisés dans Spirou : coïncidence, incroyable don de prescience ou grande complicité entre les auteurs et la rédaction ?

L’autre histoire courte du numéro est un Family life de Jacques Louis sous forme d’amusant faux droit de réponse de Céline, sa femme , dans la continuité du running gag qui se poursuit depuis trois numéro, où les planches présentées, soi-disant validées par Céline, présentent les regrets et la contrition de l’auteur, démentis par un message caché de l’auteur. La faute d’orthographe de Céline en serait-il un autre?

Dans les (à suivre), suite de Mi-Mouche, avec une première partie de l’épisode où les personnages semblent aller mieux, mais avec une seconde partie qui rappelle violement à Colette la réalité du harcelement, avec une scène de combat construite par Carole Maurel comme un manga de sport, cadrage comme mise en page et découpage, avec sa décomposition du mouvement, le choix et l’application particulières des couleurs donnant eux sa puissance et son émotion à la séquence. À comparer avec l’ouverture de l’épisode de L’île de minuit , étonnamment minimalistement sobre pour une scène d’action, où les personnages sont placés au centre des cases et représentés de face ou de profil (qui aurait soupçonné une influence de William Vance sur Nicolas Grébil?...) À l’inverse, dans la séquence suivante, dialoguée, les cadrages sont plus variés pour éviter qu’elle ne soit trop statique, ce qui était inutile dans la scène d’action, et montre bien par contraste que Carole Maurel a surjoué sa scène d’action pour la dramatiser. La découverte d’un apparent terrible secret de famille va méler Mademoiselle J. à la géopolitique, avec les services secrets communistes vietnamiens, puis les auteurs Yves Sente et Laurent Verron se sont fait et font plaisir aux amateurs de BD Dupuis classiques avec deux scènes clin d’œil, où une Facel Vega roule de nuit devant une route bretonne immergée, puis où Juliette et ses amis pénètrent dans un caveau pour vérifier si un cercueil contient bien un cadavre mais n’y trouvent que des sacs de sable...

Dans les gags, nous apprenons que les Fabrice ont suivi le chemin inverse du Petit Spirou qui, de garnement obsédé sexuel, est devenu le héros que l’on connaît, alors que les catastrophiques Fabrice adultes ont été des enfants bien sages, quoi qu’ils s’illusionnent du contraire dans L’édito. Manu Boisteau et Paul Martin parlent politique dans Titan inc., avec une allégorie de la société de consommation fonçant dans le mur, et Jonathan Munoz l’ introduit dans L’épée de bois, avec une variante de la théorie du ruissellement. Dans Working dead, étrangement, seul Greg voit les zombies qui composent Brainy, l’entreprise où il est employé, eux-mêmes niant ce statut, seule l’intelligence artificielle à laquelle il s’adresse dans ce gag semble également connaître la vérité mais la nie, de crainte d’être détruite, parabole aussi certainement, politique peut-être, mais bien moins claire. Dans La pause cartoon, les animaux marins de Fish n chips de Tom ont affaire à un nouveau déchet, tandis que Les Fifiches du Proprofesseur et Des gens et inversement traitent des voitures, directement pour le second, de façon imagée très réussie pour le premier. Zimra et Romain Pujol présentent un Tuto dessiné en BD soi-disant réalisée par Psychotine elle-même, et dans Dad nous assistons à la fin de la carrière d’influenceuse de la chienne Mouf. Enfin, En direct du futur parle pour la deuxième semaine de suite du numéro spécial Noël, pour y annoncer le début de deux séries dont une nouvelle : on espère donc qu’il sera véritablement exceptionnel.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Quatre chroniques d'un coup, pour tenter de combler un peu mon retard :dors: Joyeux Noël à tout le monde :spirou:
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Franco B Helge
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par Franco B Helge »

Merci infiniment pour vos analyses approfondies de chaque numéro du Journal, et merci pour cette mise à jour :spirou: !

Merci encore et joyeuses fêtes !!
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