
Mais tout de même: pour quiconque s'est déjà arraché les cheveux sur un contrat qui vous esclavage, c'est une bonne illustration. Petit interlude: l’ Aguaschatas, c’est encore un nouveau pays d’Amérique Latine? Le troisième de cet univers alors.
Il y a évidemment toute une atmosphère façon Le fugitif, à partir de la deuxième partie en tout cas, mais à l'inverse de Machine qui rêve, on a bien l'impression d'être effectivement dans un Spirou&Fantasio. Comme quoi c’était possible…

Tout ceci a son petit côté très émouvant. D’abord il y a la trahison par une idole d'enfance pour Spirou. Ce n'est simple pour personne, mais l’idole finit par se raviser et s’unit à la solidarité des champignaciens. Même le maire semble rapidement excédé par Spirou d'habitude. Mais ici, il ne faut surtout pas lui parler de collaboration ou vous le fâchez tout rouge.


Évidemment j'ai franchement ri devant certains personnages, comme Batguy.

Gil Coeur-vaillant n’est pas un personnage qui existe, contrairement à ce que je croyais initialement. Mais est il inspiré de Jean Valhardi (lui aussi héros ancien qui ne paraît plus)? Et du magazine Coeurs Vaillants, également?


Miss Jones, elle, ne me donne l’impression de n’être méchante que quand on la paye pour ça (“Du sexe racoleur, de la vulgarité”, dit-elle? Pourtant La gorgone bleue n’était pas sorti à l’époque!


J’ai aussi apprécié Ninon parmi les nouveaux, cette enfant débrouillarde et la seule à pouvoir faire en sorte que cette histoire se soit bien terminée, aussi! Et qui annonce qu'elle voudrait être aventurière, ça en prenait bien le tour ( et j'aurais bien aimé la revoir…).
Au point que ça lui porte préjudice. Il empêchera forcément une petite vieille de se faire écraser par un autocar, quitte à ce qu’elle le dénonce. Spirou nous sort finalement la carte du sacrifice héroïque pour les habitants de Champignac “Fichez leur la paix, je ferai tout ce que vous voudrez”.

Gil Coeur-Vaillant est d'ailleurs une mise en abyme, pas vrai? Un personnage admiré dans l’enfance qui a servi de modèle, comme Spirou lui-même l’a été et peut l’être encore, matérialisé par l’admiration de Ninon. Mais ça représente aussi les auteurs eux-mêmes, n’est-ce pas? J’ai lu depuis que M&M n’étaient pas familiers, initialement, de la série (ça se voit à leur premier album

Y&V, eux, semblaient plus spécialistes. Il y a un côté évidemment métaphorique quand le patron de la Viper veut “mettre sous verre “ Spirou et Spip. En d’autre termes, il voudrait que ces personnages restent figés, ne bougent plus jamais. Mais ils prennent la fuite, revendiquant par là le droit à évoluer. Quand de nouveaux auteurs reprennent la série, cette responsabilité leur tombe dessus: laisser ces héros tels qu’ils étaient dans les années 1960, et les adapter au monde moderne? Vous avez une heure…

Y&V semblent trancher vers “le droit à évoluer”. On voit le côté figé dans la villa des îles Marmelade, entre l’uniforme et les deux turbotractions, disparues à l’époque depuis trente ans dans la série-mère. Pourtant, ces mêmes Y&V prennent un (malin?) plaisir à remettre, fut- ce temporairement, Spirou dans l’uniforme complet dans chaque album. De plus, la première Turbotraction est évoquée comme dormant dans un garage, plutôt que irrémédiablement détruite. Et pourquoi pas: les deux versions du véhicule sont garées à l’extérieur de la maison dans le tome suivant. Évoluer oui, mais sans jeter aux orties pour autant tous les détails mythologiques.

Je me suis demandé si ce n’était pas aussi une flèche envers M&M, tout ça…A la fin de leur dernier album, il était question de mettre Spirou “à la retraite”, inactif dorénavant, et lui seul, laissant tout le reste du casting continuer comme avant, et personne n’y verra rien, non?

Non. On mesure tout le ridicule de la situation quand il est imposé à Spirou (et Spip, mais ça reste une sacrée amputation du casting) de rester à ne rien faire, sans contact avec leurs amis qui continueront tous seuls, désormais…Ça ne va pas, non?



