Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : jeu. 25 sept. 2025 20:41
Numéro 4563 du 24/09/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/game-over-sauve-qui-pue/
Je mets le lien vers la version numérique de L’arrière boutique de Patelin car on y trouve des documents intéressants moins évidents dans la version papier : Patelin réalise ses scénarios sous forme entièrement dessinée et mise en page, alors qu’il n’est aucunement dessinateur, au contraire de Cauvin qui réalisait aussi ses scénarios ainsi, et ce scénario dessiné sert de fond de page dans la version papier, qui privilégie l’aspect graphique, alors qu’ils sont directement montrés dans la version numérique, qui n’a pas de contraintes de place : encore une fois, une contrainte a mené à une plus grande créativité. On y trouve aussi la confirmation que Midam est le maître d’œuvre de Game over, les scénarios étant faits par Patelin (et parfois d’autres) et les dessins par Adam, les trois noms étant bien indiqués sur les couvertures des albums, alors que seul celui de Midam figure sur ceux des albums de Kid Paddle, bien qu’il travaille aussi avec des assistants pour cette série (Patelin encore, et Ian Dairin au dessin, pour le gag de ce numéro), qui ressemble donc plus au studio Hergé (qui signait seul ses productions), alors que Game over est plus proche dans la présentation de Peyo ou Franquin qui eux indiquaient leurs collaborateurs. Ceci dit, la couverture est signée par Midam seul, et on voit qu’il s’est fait plaisir dans la représentation des rats velus. Elle rend d’autant plus délectable le dessin final de l’histoire, avec Mickey proclamant Game over, en faisant ressortir le contraste entre la mignonne souris aseptisée de Disney et les rats de couverture.
https://www.spirou.com/larriere-boutique-patelin/
Patelin fait par ailleurs une remarque relativement amusante, qui se passe de commentaires : “La couverture de ce Spirou était au départ prévue pour notre nouvel album. Midam l’a finalement proposée à la rédaction, qui nous a demandé d’en tirer une histoire de quatre pages, format exceptionnellement long pour moi.” Ceci dit, l’histoire a beau faire quatre pages, elle est structurée avec des gags finals dans ses deux premières pages qui auraient pu être des gags de Game over à part entière.
Les Fabrice se lancent dans ce qui aurait pu être une performance eut-elle été réussie, L’édito muet (comme les gags de Game over), Fantasperge est Game over mais il lui reste un nombre impressionnant de vies qui lui permettront de subir encore de nombreuses années La malédiction de la page 13, quant à Joann et Annie Pastor, ils ont fait des Jeux Exit game grouillant de personnages, à l’opposé des planches dépouillées sauf nécessité scénaristique de Kid Paddle et Game over.
Dans les séries (a suivre), un chapitre un peu longuet où son frère et ses amis vont jouer aux ninjas pour retrouver Louca qui se cache, Champignac joue lui à l’espion pour trouver où vont être lancées les bombes atomiques, une longue séquence dialoguée dans une belle ambiance automnale au bout de laquelle les sœurs Grémillet vont se trouver une nouvelle mission pour jouer aux détectives, et un nouveau chapitre sous forme de récit complet de Dakota 1880, le Lucky Luke de Brüno et Appollo, avec un Lucky Luke peu présent, et passif, le moins que l’on puisse dire puisqu’on le voit essentiellement soigné après avoir réchappé à une pendaison, ce qui nous permet d’apprendre l’origine de son surnom, à lui donné par la grand’mère du narrateur de l’histoire, le jeune Baldwin, car elle a vu en lui quelque chose de spécial. En huit pages les auteurs font se télescoper plusieurs légendes, l’origine du nom de Lucky Luke, l’univers de la Nouvelle Orléans, son multiculturalisme, son multilinguisme, ses rituels vaudou, et la première d’une longue série de promesses non tenues faite aux noirs dès leur libération de l’esclavage.
Dans les gags, Manoir à louer met en scène le seul personnage de la série à ne pas lire Spirou, le jeune fils de la famille, Paul Martin et Manu Boisteau sortent une nouvelle fois du format strip pour faire de la place au robot géant en lequel a été transformé, sans difficulté apparente, le paquebot de Titan inc., une irrationnalité graphique sur laquelle Nob n’a pas osé s’aventurer : il a représenté les fans de Mouf sous forme de hordes de chiens, ce qui suppose que les chiens suivraient les réseaux sociaux. Or, Dad n’étant pas une série surréaliste, à la différence de Titan inc., les fans de Moufs sont très certainement des humains, mais dessiner Dad et Mouf poursuivis par des hordes d’ados aurait été choquant dans le cadre de cette série familiale. Ce ne sont pas que les corps, des humains comme des zombies, que Stella Lory désarticule dans Working dead, la perspective en prend aussi un coup, ce qui ajoute à l’ambiance de la série. Quant à La pause-cartoon, on y trouve, sur quatre gags, trois gags d’humour noir, dans Des gens et inversement, Fish n chips et Tash et Trash. Le Supplément abonné est un livret amusant de Mathilde Ruau et Simon Mitteault, Cuisine Toque-toque, proposant trois recettes simples et contemporaines (gnocchis de patates douces).
Enfin, dans le rédactionnel, En direct de la rédac, outre les rubriques habituelles (courrier des lecteurs, résultat de concours, strip) présente Désastrologie : l’horoscope approximatif de Spirou, qui se veut sans doute une parodie de telles rubriques régulières dans d’autres types de magazines, qui offrent également, comme le supplément, des recettes de cuisine. Coïncidence ? Spirou et moi est consacré à l’autrice Cy (qui est un pseudonyme, comme pour Cy Twombly, Lucky Luke et Seccotine, dont le vrai nom commencera à être révélé dans le prochain Spirou), dessinatrice de Ana et l’Entremonde avec Marc Dubuisson (scénariste de Working dead) et autrice complète du surprenant Radium girls, qui en dépit de son titre n’a pas vraiment de rapport avec le Champignac en cours sur le nucléaire, et que je conseille. Elle parle du Petit Spirou et ses « blagues d’adultes », ce qui est aussi mon point de vue, de mademoiselle Chiffre qui n’y est qu’un « intérêt amoureux », alors qu’elle ne l’est pas plus que d’autres personnages de la série, masculins comme féminins, qui semblent n’exister qu’en fonction de leurs désirs sexuels ou de ceux qu’ils provoquent, ce qu’elle considère comme un « stigmate des années 1990/2000 », ce qui n’est pas faux, mais remonte à bien plus loin, et termine en espérant ne pas répéter aujourd’hui les clichés d’hier, bien qu’elle ne se fasse pas d’illusion sur le fait que la BD d’aujourd’hui porte « les stigmates des années 2020 ». Certains de ceux-ci sont faciles à identifier : les héros de BD traditionnels étaient des redresseurs de torts, et si ça leur est largement passé, ce rôle a été repris par nombre d’auteurs qui tentent dans leurs BD de redresser les torts du passé. Autre signe des temps, En direct du futur qui annonce la suite de Mi-Mouche et interroge sa dessinatrice Carole Maurel sur sa légitimité a dessiner un récit sur la boxe, l’argument, désespérant, étant qu’elle en pratique elle-même. Quelle légitimité avait donc Franquin à dessiner un marsupilami, Midam à dessiner Kid Paddle, lui qui n’est pas particulièrement fan de jeux vidéos, quelle légitimité ont Appollo et Brüno à dessiner un cow-boy et un enfant d’esclave, quelle légitimité a le rédacteur à poser cette question à Carole Maurel ? On se croirait de retour en mai 68 et ses suspicieux « D’où parles-tu, camarade? »
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/game-over-sauve-qui-pue/
Je mets le lien vers la version numérique de L’arrière boutique de Patelin car on y trouve des documents intéressants moins évidents dans la version papier : Patelin réalise ses scénarios sous forme entièrement dessinée et mise en page, alors qu’il n’est aucunement dessinateur, au contraire de Cauvin qui réalisait aussi ses scénarios ainsi, et ce scénario dessiné sert de fond de page dans la version papier, qui privilégie l’aspect graphique, alors qu’ils sont directement montrés dans la version numérique, qui n’a pas de contraintes de place : encore une fois, une contrainte a mené à une plus grande créativité. On y trouve aussi la confirmation que Midam est le maître d’œuvre de Game over, les scénarios étant faits par Patelin (et parfois d’autres) et les dessins par Adam, les trois noms étant bien indiqués sur les couvertures des albums, alors que seul celui de Midam figure sur ceux des albums de Kid Paddle, bien qu’il travaille aussi avec des assistants pour cette série (Patelin encore, et Ian Dairin au dessin, pour le gag de ce numéro), qui ressemble donc plus au studio Hergé (qui signait seul ses productions), alors que Game over est plus proche dans la présentation de Peyo ou Franquin qui eux indiquaient leurs collaborateurs. Ceci dit, la couverture est signée par Midam seul, et on voit qu’il s’est fait plaisir dans la représentation des rats velus. Elle rend d’autant plus délectable le dessin final de l’histoire, avec Mickey proclamant Game over, en faisant ressortir le contraste entre la mignonne souris aseptisée de Disney et les rats de couverture.
https://www.spirou.com/larriere-boutique-patelin/
Patelin fait par ailleurs une remarque relativement amusante, qui se passe de commentaires : “La couverture de ce Spirou était au départ prévue pour notre nouvel album. Midam l’a finalement proposée à la rédaction, qui nous a demandé d’en tirer une histoire de quatre pages, format exceptionnellement long pour moi.” Ceci dit, l’histoire a beau faire quatre pages, elle est structurée avec des gags finals dans ses deux premières pages qui auraient pu être des gags de Game over à part entière.
Les Fabrice se lancent dans ce qui aurait pu être une performance eut-elle été réussie, L’édito muet (comme les gags de Game over), Fantasperge est Game over mais il lui reste un nombre impressionnant de vies qui lui permettront de subir encore de nombreuses années La malédiction de la page 13, quant à Joann et Annie Pastor, ils ont fait des Jeux Exit game grouillant de personnages, à l’opposé des planches dépouillées sauf nécessité scénaristique de Kid Paddle et Game over.
Dans les séries (a suivre), un chapitre un peu longuet où son frère et ses amis vont jouer aux ninjas pour retrouver Louca qui se cache, Champignac joue lui à l’espion pour trouver où vont être lancées les bombes atomiques, une longue séquence dialoguée dans une belle ambiance automnale au bout de laquelle les sœurs Grémillet vont se trouver une nouvelle mission pour jouer aux détectives, et un nouveau chapitre sous forme de récit complet de Dakota 1880, le Lucky Luke de Brüno et Appollo, avec un Lucky Luke peu présent, et passif, le moins que l’on puisse dire puisqu’on le voit essentiellement soigné après avoir réchappé à une pendaison, ce qui nous permet d’apprendre l’origine de son surnom, à lui donné par la grand’mère du narrateur de l’histoire, le jeune Baldwin, car elle a vu en lui quelque chose de spécial. En huit pages les auteurs font se télescoper plusieurs légendes, l’origine du nom de Lucky Luke, l’univers de la Nouvelle Orléans, son multiculturalisme, son multilinguisme, ses rituels vaudou, et la première d’une longue série de promesses non tenues faite aux noirs dès leur libération de l’esclavage.
Dans les gags, Manoir à louer met en scène le seul personnage de la série à ne pas lire Spirou, le jeune fils de la famille, Paul Martin et Manu Boisteau sortent une nouvelle fois du format strip pour faire de la place au robot géant en lequel a été transformé, sans difficulté apparente, le paquebot de Titan inc., une irrationnalité graphique sur laquelle Nob n’a pas osé s’aventurer : il a représenté les fans de Mouf sous forme de hordes de chiens, ce qui suppose que les chiens suivraient les réseaux sociaux. Or, Dad n’étant pas une série surréaliste, à la différence de Titan inc., les fans de Moufs sont très certainement des humains, mais dessiner Dad et Mouf poursuivis par des hordes d’ados aurait été choquant dans le cadre de cette série familiale. Ce ne sont pas que les corps, des humains comme des zombies, que Stella Lory désarticule dans Working dead, la perspective en prend aussi un coup, ce qui ajoute à l’ambiance de la série. Quant à La pause-cartoon, on y trouve, sur quatre gags, trois gags d’humour noir, dans Des gens et inversement, Fish n chips et Tash et Trash. Le Supplément abonné est un livret amusant de Mathilde Ruau et Simon Mitteault, Cuisine Toque-toque, proposant trois recettes simples et contemporaines (gnocchis de patates douces).
Enfin, dans le rédactionnel, En direct de la rédac, outre les rubriques habituelles (courrier des lecteurs, résultat de concours, strip) présente Désastrologie : l’horoscope approximatif de Spirou, qui se veut sans doute une parodie de telles rubriques régulières dans d’autres types de magazines, qui offrent également, comme le supplément, des recettes de cuisine. Coïncidence ? Spirou et moi est consacré à l’autrice Cy (qui est un pseudonyme, comme pour Cy Twombly, Lucky Luke et Seccotine, dont le vrai nom commencera à être révélé dans le prochain Spirou), dessinatrice de Ana et l’Entremonde avec Marc Dubuisson (scénariste de Working dead) et autrice complète du surprenant Radium girls, qui en dépit de son titre n’a pas vraiment de rapport avec le Champignac en cours sur le nucléaire, et que je conseille. Elle parle du Petit Spirou et ses « blagues d’adultes », ce qui est aussi mon point de vue, de mademoiselle Chiffre qui n’y est qu’un « intérêt amoureux », alors qu’elle ne l’est pas plus que d’autres personnages de la série, masculins comme féminins, qui semblent n’exister qu’en fonction de leurs désirs sexuels ou de ceux qu’ils provoquent, ce qu’elle considère comme un « stigmate des années 1990/2000 », ce qui n’est pas faux, mais remonte à bien plus loin, et termine en espérant ne pas répéter aujourd’hui les clichés d’hier, bien qu’elle ne se fasse pas d’illusion sur le fait que la BD d’aujourd’hui porte « les stigmates des années 2020 ». Certains de ceux-ci sont faciles à identifier : les héros de BD traditionnels étaient des redresseurs de torts, et si ça leur est largement passé, ce rôle a été repris par nombre d’auteurs qui tentent dans leurs BD de redresser les torts du passé. Autre signe des temps, En direct du futur qui annonce la suite de Mi-Mouche et interroge sa dessinatrice Carole Maurel sur sa légitimité a dessiner un récit sur la boxe, l’argument, désespérant, étant qu’elle en pratique elle-même. Quelle légitimité avait donc Franquin à dessiner un marsupilami, Midam à dessiner Kid Paddle, lui qui n’est pas particulièrement fan de jeux vidéos, quelle légitimité ont Appollo et Brüno à dessiner un cow-boy et un enfant d’esclave, quelle légitimité a le rédacteur à poser cette question à Carole Maurel ? On se croirait de retour en mai 68 et ses suspicieux « D’où parles-tu, camarade? »