Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : lun. 22 sept. 2025 20:54
Numéro 4562 du 17/09/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/frissonnez-avec- ... gremillet/
Comme Sti le fait dire en marge à Fantasperge, “Encore une nouvelle histoire des Grémillet! Barbucci dessine trop vite, c’est fou!” Effectivement, la précédente histoire s’est terminée dans le magazine il y a à peine moins de six mois, et si l’on ajoute à cela que paraît ce mois-ci le tome 13 de Ekhö monde miroir ( 56 pages, chez la concurrence), que Barbara Canepa, avec qui il a réalisé plusieurs séries, avait déclaré dans DBD numéro 105 qu’Alessandro Barbucci "était capable de dessiner 2000 pages par an" lorsqu'il travaillait pour Disney, on peut légitimement commencer à se demander si avoir un nom se terminant en -ci, comme également Bercovici, ne serait pas une potion magique permettant aux dessinateurs de dessiner plus vite que leur ombre.
Dans la présentation de cet épisode, Alessandro Barbucci explique que « Giovanni (Di Gregorio, scénariste) et moi voulions que cette gare fascine, mais sans repousser, afin que les lecteurs aient envie de l’explorer avec les sœurs. Je me suis donc inspiré des décors des films Ghibli, avec leur charme d’antan mêlé à une touche un peu creepy. » La scène de la descente de bus dans les bois a en effet la même ambiance que celle de l’attente du chat bus dans Totoro, quand au Gardien de la forêt que l’on voit en couverture avec ses cornes de cervidé et ses yeux lumineux, il fait incontestablement partie de la même famille légendaire que ceux dans Princesse Mononoke, et à cela les auteurs ont ajouté une touche de Poe et de Hitchcock avec un corbeau s’agitant sur un perchoir en effrayant les sœurs . Cette histoire, Le gardien de la forêt, commence d’une jolie façon, graphiquement et narrativement, avec une pleine planche reproduisant une lettre de son père à Lucille, la cadette, à laquelle il a joint des cartes de constellations et des photos.
Louca illustre un paradoxe des super héros, pour qui l’identité secrète est constitutive de leur statut, pour protéger leurs proches et éviter les questions génantes. Or, si Louca est objectivement un super héros (son « tir a clairement défié les lois de la physique » commente un journaliste), tout le monde en est stupéfait mais personne ne lui pose de question autrement que sous le mode de la plaisanterie (« C’est quoi ce shoot d’extraterrestre ? ») et s’interroge autant sur ses sous vêtements, « une sorte de string...mais fait avec un chiffon » (comment personne ne reconnait-il la tenue des lutteurs de sumo?). Bruno Dequier joue habilement de ce paradoxe, puisque c’est justement lors de sa retraite au bout du monde pour se cacher d’un tueur que Louca a obtenu ses capacités extraordinaires qui lui valent d’être en une de tous les médias. Habile transition également entre le match qui expose Louca au public et la menace que cette exposition fait peser sur lui par une pleine page reproduisant la une d’un magazine sportif qui montre sa surmédiatisation (comme dans Les sœurs Grémillet, une planche qui n’est pas de « bandes dessinées »). Champignac est enfin arrivé à la date fatidique de l’explosion de la première bombe atomique, et le fait qu’il prononce alors son juron favori, Sabre de bois, désamorce la tragédie en nous faisant un instant retrouver le Champignac de Franquin et quitter le Champignac spleeneux présent depuis le début de l’histoire, et se révèle finalement le commentaire le plus adapté face à cet évènement extraordinaire et terrifiant.
Avec les maxi chapitres des sœurs Grémillet (11 pages) et de Louca (9 pages), il ne reste pas de place pour de grandes histoires complètes, et on doit se contenter de deux pages de Cédric, où celui-ci est à peine entrevu (ce qui est rare dans cette série à l’ancienne, on n’est pas dans Elliot au collège), puisque l’histoire est entièrement consacrée à son grand’père qui déprime. C’est d’ailleurs au grand’père que le Tuto dessiné par Laudec est consacré.
Dans les gags, les Fabrice sont revenus en forme dans L’édito, puiqu’ils y placent deux chutes, mais pas en fin de page, il est des codes narratifs qu’ils n’ont pas encore saisis. On les retrouve dans En direct de la rédac, dans le courrier des lecteurs, avec un rappel qu’en 2017, « la rédactrice en chef de l’époque, Florence Mixhel, leur a proposé de mettre en scène la rédaction comme cela avait été fait précédemment dans Gaston, Le gang Mazda ou Le Boss », ainsi que dans un article de Fantasio sur le tube manqué de leur tournée d’été, qui faisait l’objet d’un concours.
Dans Manoir à louer, la vampire propriétaire du manoir est devenue fan de Spirou mais, peut-être parce qu’elle est elle-même un personnage mythologique, elle a du mal à séparer le réel de l’imaginaire, à comprendre que Zorglub comme les Blorks soient des personnages de fiction. Un gag amusant et original de Pernille avec son petit frère bébé ogre, ainsi que de Annabelle, Pirate Rebelle, extrèmement sanguinolent. Univers magique encore avec L’épée de bois, où les personnages sont censés apprendre comment devenir tueur de dragons, mais ont affaire en attendant à des fourmis, avec Kahl et Pörth, qui eux ont véritablement affaire à un dragon, mais inoffensif et éternuant du feu car allergique, et dans capitaine Anchois, où Floris détourne encore à sa façon une créature mythologique, ici le géant aux cent yeux Argos Panopthès qui devient un gnome chapardeur. Willy Woob et son chien Kiki sont en vacances (un peu à contretemps), dans Working dead Greg se demande en quoi peut bien consister le travail dans sa start-up, qui semble une nouvelle usine à gaz, Tom dans Fish n chips réalise joliment un gag classique sur la fuite du temps, Berth fait une variation absurde sur les poupées russes, dans Titan inc. Paul Martin et Manu Boisteau ont l’idée hilarante de faire imaginer à la professeur Chicx le plan de transformer le navire en robot de combat géant pour anéantir l’iceberg qui le menace... Enfin, une planche intitulée Amour véritable, avec des chats humanoïdes, est l’ œuvre de Nathanaël Schmid, lauréat du concours jeunes talents Bdmania.ch pour les auteurs de plus de 15 ans (vraiment jeunes, donc), festival de BD suisse pour lequel le journal de Spirou est partenaire du concours. Et Dad porte cette fois un maillot des Clash, en référence évidente à sa collison avec Panda, ou à celle peut-être un peu tirée par les cheveux à leur chanson "I fought the law and the law won" pour illustrer la rigidité formelle de Panda ?
Pour finir, une page de publicité pour Tokyo mystery café, construite comme une bande-annonce avec une page faite de cases tirées de la BD, et En direct du futur annonce une série animée de trois petits marsupilamis aux noms anglais et de trois couleurs, jaune, orange et violet, par souci d’inclusivité je suppose, et son adaptation en BD dont le scénario est dû à Amanda Weibler, « une scénariste américaine spécialisée dans l’adaptation en BD de grosses franchises comme Star Wars, Myster Mask... », une scénariste mercenaire en d’autres termes, et le dessin confié à Goum, ce qui se comprend puisqu’il avait déjà réalisé adapté en BD le dessin animé Comme des bêtes et avait même fait un Tuto dessiné sur les petits marsupilamis en 2023, ce qui s’explique maintenant puisqu’il devait déjà avoir commencé à travailler sur cette série.
P.S.: David Etien sur sa page Facebook: “Vous allez peut-être remarquer dans le prochain numéro du journal de Spirou du 10 septembre, que deux pages manquent à l'appel dans la prépublication du tome 4 de Champignac : c'est une volonté de la rédaction du journal de ne pas montrer une scène ( pourtant importante) dans laquelle notre Pacôme fume des champignons hallucinogènes. Je n'écrit pas ce post pour dénoncer une censure mais pour expliquer la raison de cette disparition. Du coup, pour ceux qui veulent savoir ce qui s'y passe, il faudra acheter l'album... Désolé ( je vous mets un petit extrait pour aiguiser encore plus votre curiosité).”
https://www.bdzoom.com/206016/actualite ... %e2%80%a6/
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/frissonnez-avec- ... gremillet/
Comme Sti le fait dire en marge à Fantasperge, “Encore une nouvelle histoire des Grémillet! Barbucci dessine trop vite, c’est fou!” Effectivement, la précédente histoire s’est terminée dans le magazine il y a à peine moins de six mois, et si l’on ajoute à cela que paraît ce mois-ci le tome 13 de Ekhö monde miroir ( 56 pages, chez la concurrence), que Barbara Canepa, avec qui il a réalisé plusieurs séries, avait déclaré dans DBD numéro 105 qu’Alessandro Barbucci "était capable de dessiner 2000 pages par an" lorsqu'il travaillait pour Disney, on peut légitimement commencer à se demander si avoir un nom se terminant en -ci, comme également Bercovici, ne serait pas une potion magique permettant aux dessinateurs de dessiner plus vite que leur ombre.
Dans la présentation de cet épisode, Alessandro Barbucci explique que « Giovanni (Di Gregorio, scénariste) et moi voulions que cette gare fascine, mais sans repousser, afin que les lecteurs aient envie de l’explorer avec les sœurs. Je me suis donc inspiré des décors des films Ghibli, avec leur charme d’antan mêlé à une touche un peu creepy. » La scène de la descente de bus dans les bois a en effet la même ambiance que celle de l’attente du chat bus dans Totoro, quand au Gardien de la forêt que l’on voit en couverture avec ses cornes de cervidé et ses yeux lumineux, il fait incontestablement partie de la même famille légendaire que ceux dans Princesse Mononoke, et à cela les auteurs ont ajouté une touche de Poe et de Hitchcock avec un corbeau s’agitant sur un perchoir en effrayant les sœurs . Cette histoire, Le gardien de la forêt, commence d’une jolie façon, graphiquement et narrativement, avec une pleine planche reproduisant une lettre de son père à Lucille, la cadette, à laquelle il a joint des cartes de constellations et des photos.
Louca illustre un paradoxe des super héros, pour qui l’identité secrète est constitutive de leur statut, pour protéger leurs proches et éviter les questions génantes. Or, si Louca est objectivement un super héros (son « tir a clairement défié les lois de la physique » commente un journaliste), tout le monde en est stupéfait mais personne ne lui pose de question autrement que sous le mode de la plaisanterie (« C’est quoi ce shoot d’extraterrestre ? ») et s’interroge autant sur ses sous vêtements, « une sorte de string...mais fait avec un chiffon » (comment personne ne reconnait-il la tenue des lutteurs de sumo?). Bruno Dequier joue habilement de ce paradoxe, puisque c’est justement lors de sa retraite au bout du monde pour se cacher d’un tueur que Louca a obtenu ses capacités extraordinaires qui lui valent d’être en une de tous les médias. Habile transition également entre le match qui expose Louca au public et la menace que cette exposition fait peser sur lui par une pleine page reproduisant la une d’un magazine sportif qui montre sa surmédiatisation (comme dans Les sœurs Grémillet, une planche qui n’est pas de « bandes dessinées »). Champignac est enfin arrivé à la date fatidique de l’explosion de la première bombe atomique, et le fait qu’il prononce alors son juron favori, Sabre de bois, désamorce la tragédie en nous faisant un instant retrouver le Champignac de Franquin et quitter le Champignac spleeneux présent depuis le début de l’histoire, et se révèle finalement le commentaire le plus adapté face à cet évènement extraordinaire et terrifiant.
Avec les maxi chapitres des sœurs Grémillet (11 pages) et de Louca (9 pages), il ne reste pas de place pour de grandes histoires complètes, et on doit se contenter de deux pages de Cédric, où celui-ci est à peine entrevu (ce qui est rare dans cette série à l’ancienne, on n’est pas dans Elliot au collège), puisque l’histoire est entièrement consacrée à son grand’père qui déprime. C’est d’ailleurs au grand’père que le Tuto dessiné par Laudec est consacré.
Dans les gags, les Fabrice sont revenus en forme dans L’édito, puiqu’ils y placent deux chutes, mais pas en fin de page, il est des codes narratifs qu’ils n’ont pas encore saisis. On les retrouve dans En direct de la rédac, dans le courrier des lecteurs, avec un rappel qu’en 2017, « la rédactrice en chef de l’époque, Florence Mixhel, leur a proposé de mettre en scène la rédaction comme cela avait été fait précédemment dans Gaston, Le gang Mazda ou Le Boss », ainsi que dans un article de Fantasio sur le tube manqué de leur tournée d’été, qui faisait l’objet d’un concours.
Dans Manoir à louer, la vampire propriétaire du manoir est devenue fan de Spirou mais, peut-être parce qu’elle est elle-même un personnage mythologique, elle a du mal à séparer le réel de l’imaginaire, à comprendre que Zorglub comme les Blorks soient des personnages de fiction. Un gag amusant et original de Pernille avec son petit frère bébé ogre, ainsi que de Annabelle, Pirate Rebelle, extrèmement sanguinolent. Univers magique encore avec L’épée de bois, où les personnages sont censés apprendre comment devenir tueur de dragons, mais ont affaire en attendant à des fourmis, avec Kahl et Pörth, qui eux ont véritablement affaire à un dragon, mais inoffensif et éternuant du feu car allergique, et dans capitaine Anchois, où Floris détourne encore à sa façon une créature mythologique, ici le géant aux cent yeux Argos Panopthès qui devient un gnome chapardeur. Willy Woob et son chien Kiki sont en vacances (un peu à contretemps), dans Working dead Greg se demande en quoi peut bien consister le travail dans sa start-up, qui semble une nouvelle usine à gaz, Tom dans Fish n chips réalise joliment un gag classique sur la fuite du temps, Berth fait une variation absurde sur les poupées russes, dans Titan inc. Paul Martin et Manu Boisteau ont l’idée hilarante de faire imaginer à la professeur Chicx le plan de transformer le navire en robot de combat géant pour anéantir l’iceberg qui le menace... Enfin, une planche intitulée Amour véritable, avec des chats humanoïdes, est l’ œuvre de Nathanaël Schmid, lauréat du concours jeunes talents Bdmania.ch pour les auteurs de plus de 15 ans (vraiment jeunes, donc), festival de BD suisse pour lequel le journal de Spirou est partenaire du concours. Et Dad porte cette fois un maillot des Clash, en référence évidente à sa collison avec Panda, ou à celle peut-être un peu tirée par les cheveux à leur chanson "I fought the law and the law won" pour illustrer la rigidité formelle de Panda ?
Pour finir, une page de publicité pour Tokyo mystery café, construite comme une bande-annonce avec une page faite de cases tirées de la BD, et En direct du futur annonce une série animée de trois petits marsupilamis aux noms anglais et de trois couleurs, jaune, orange et violet, par souci d’inclusivité je suppose, et son adaptation en BD dont le scénario est dû à Amanda Weibler, « une scénariste américaine spécialisée dans l’adaptation en BD de grosses franchises comme Star Wars, Myster Mask... », une scénariste mercenaire en d’autres termes, et le dessin confié à Goum, ce qui se comprend puisqu’il avait déjà réalisé adapté en BD le dessin animé Comme des bêtes et avait même fait un Tuto dessiné sur les petits marsupilamis en 2023, ce qui s’explique maintenant puisqu’il devait déjà avoir commencé à travailler sur cette série.
P.S.: David Etien sur sa page Facebook: “Vous allez peut-être remarquer dans le prochain numéro du journal de Spirou du 10 septembre, que deux pages manquent à l'appel dans la prépublication du tome 4 de Champignac : c'est une volonté de la rédaction du journal de ne pas montrer une scène ( pourtant importante) dans laquelle notre Pacôme fume des champignons hallucinogènes. Je n'écrit pas ce post pour dénoncer une censure mais pour expliquer la raison de cette disparition. Du coup, pour ceux qui veulent savoir ce qui s'y passe, il faudra acheter l'album... Désolé ( je vous mets un petit extrait pour aiguiser encore plus votre curiosité).”
https://www.bdzoom.com/206016/actualite ... %e2%80%a6/