Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

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heijingling
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Message par heijingling »

Numéro 4559 du 27/08/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/un-retour-phenomenal-pour-louca/

Louca surgit littéralement de la couverture, bousculant les lettres du nom du magazine, pour son retour où on l’avait laissé, s’apprétant à disputer les prolongations d’un match de qualification, alors qu’il vient de revenir d’Asie avec des sortes de super pouvoirs dont on avait eu un aperçu à la fin de l’épisode précédent, une super vitesse et un don de précience, pouvoirs qui, exprimés, justifient pleinement l’utilisation intense, héritée des mangas, que fait le dessinateur Bruno Dequier des lignes de vitesse et des angles de vue alambiqués, alors qu’auparavant leur excès a beaucoup été prétexte à gags (ce qui est bien sûr encore également le cas, planche 8). De plus, Yoann Guillot, le coloriste de Louca et de Frnck entre autres, explique dans Bienvenue dans mon atelier que la coloration des traits donne un côté doux, cartoon et vivant (technique de coloriage également utilisée par Feroumont, qui travaille lui aussi dans l’animation, pour de  mêmes effets). Ce sont donc des techniques venues de différents domaines visuels qui contribuent à donner à la série Louca son caractère. Tyst dans ses Jeux, en présentant l’équipe de foot de Louca dans les vestiaire, s ‘amuse à prendre le contre pied du dynamisme marqueur de la série, et le foot est l’occasion d’un bon gag dans l’illustration du bon d’abonnement par Cromheecke et Thiriet. Par ailleurs, au niveau de l’animation du journal, la présentation de ce nouvel épisode de Louca est faite par une imitation de revue de sport, ce qui, avec le Fanbrice, donne deux faux magazines à l’intérieur du Spirou. Fanbrice dont c’est le dernier numéro, ce qui signifierait que la tournée des Fabrice s’achèverait ? Leur ultime concert, l’animation d’un pot de départ à la retraite, serait donc celui qui leur aurait enfin offert un cadre à la mesure de leur talent. Un signe de leur retour à L’édito est que celui-ci a de nouveau été fait par Fabcaro et Fabrice Erre, montrant une rédaction bien calme, au point de regretter les Fabrice et songer à leur demander de revenir.

Dans le deuxième chapitre de Champignac, Les années noires, Beka et Etien mettent en scène deux anecdotes du physicien Richard Feyman que l’écrivain chilien Benjamín Labatut a également utilisées dans son roman Maniac, mais il est amusant que les propositions soient inversées dans les deux œuvres. Labatut, faisant parler Feynman, écrit (citation un peu longue): « J’ai repéré un trou dans la haute clôture en barbelés qui entourait le site. Il se trouve que des ouvriers, qui en avaient marre de devoir marcher jusqu’au portail d’entrée, avaient découpé le grillage avec des tenailles. Alors moi, je sortais par ce trou et je revenais par l’entrée principale, puis je retraversais tout le site pour ressortir par ce trou, avant de rentrer à nouveau par le portail. Je n’arrêtais plus de faire ça, jusqu’à ce que les gardes menacent de m’envoyer au trou, parce qu’ils n’arrivaient pas à comprendre comment je m’y prenais, comment je pouvais rentrer sans arrêt par le portail sans jamais franchir le checkpoint dans l’autre sens. Et puis cette huile me convoque dans son bureau, un abruti de lieutenant qui me fait asseoir et demande : « Mr. Feynman, vous trouvez ça drôle ? », et moi j’ai répondu : « Non ! Il y a un foutu trou dans la clôture ! Ça fait des semaines que je le répète, mais personne ne m’écoute ! » Bref, ce genre de trucs. C’est à ça que je consacrais mon temps libre, à faire ces bêtises-là. Je rendais fous les censeurs, aussi. Parce que notre courrier était vérifié, vous savez. Et avec mon épouse, nous avions notre petit jeu, qui durait depuis des années. Dans ses lettres, elle m’envoyait des messages codés, et il fallait que je les déchiffre, vous comprenez ? Donc je me retrouve de nouveau convoqué à leur bureau, et ils me demandent : « Que signifie ce message, Mr. Feynman ? » – en montrant du doigt une des lettres d’Arline –, et moi je leur réponds : « Je ne sais pas ce qu’il signifie ! » Là, ils me font : « Comment ça, vous ne savez pas ! » Je leur explique que je ne sais pas car il s’agit d’un message codé. Ils me demandent la clé du code, et je leur dis : « Ben justement, je ne l’ai pas encore trouvée ! » Alors ils me font : « Dites à votre femme de vous envoyer la clé avec ces messages codés », mais je refuse, parce que je ne voulais pas avoir la clé, moi ! Je voulais deviner tout seul ! Ça a continué comme ça pendant deux ou trois semaines, jusqu’à ce que nous trouvions un arrangement : Arline enverrait la clé avec les messages codés et les censeurs la retireraient avant de me remettre les enveloppes. Ça n’a pas duré bien longtemps. Un jour, nous avons tous reçu une note officielle : LES MESSAGES CODÉS SONT STRICTEMENT INTERDITS. À ce moment-là, j’avais tellement l’habitude de me débrouiller avec les censeurs que j’ai commencé à me faire un peu d’argent en expliquant à mes collègues ce qui pouvait passer et ce qui ne passerait pas. Ensuite, je pariais cet argent sur nos parties de go. Et comme en général je gagnais, ça doublait mes gains. » Alors que dans Les années noires, Feynman sort par la porte du camp et rentre par le grillage, et c’est lui qui envoie les messages codés à sa femme. Personnellement, je trouve la réplique de Feyman dans le roman selon laquelle il ne peut communiquer la clé du code parce que justement le but est de la lui faire trouver plus amusante que le dialogue des Beka, mais il est vrai que l’humour n’est pas leur fort. Quant à l’autre anecdote, j’ignore ce que disent les sources, mais il est possible que graphiquement, et narrativement, par rapport à l’état d’esprit de Champignac, il était mieux de faire entrer Feynman par le grillage que de l’en faire sortir. Accessoirement, on retrouve également dans le roman, de la bouche de Feynman, les soupçons émis par Champignac dans le chapitre précédent : « Tout était top-secret, mais un peu absurde aussi, à vrai dire. Car comment cacher le fait qu’un si grand nombre de scientifiques se rendent d’un seul coup au Nouveau-Mexique ? Depuis les quatre coins des États-Unis, et pas seulement – de grands chercheurs venus d’Europe, aussi», ainsi que le professeur Sprtschk, que Champignac aurait fait sortir d’Allemagne, à l’instar de Von Neumann, le personnage principal du roman, l’a fait pour des collègues européens à lui. Cela montre bien qu’un personnage de fiction est toujours un composé d’imagination et de plusieurs personnes réelles (même si l’une prédomine). Par ailleurs, ce qui fait qualifier le style d’Etien de semi réaliste est particulièrement visible dans ce chapitre : les corps et décors sont représentés de manière réaliste, soit assez photographique (il n’est que de voir la différence entre le désert du Nouveau Mexique, ses roches et ses cactus ici, et celui mexicain de Fabrice Tarrin quelques pages plus loin), les têtes des personnages sont légèrement caricaturées, et les personnages repris de Franquin le sont bien plus, comme Sprtschk ou Champignac. Et pourtant, Etien y a étalonné les personnages pour harmoniser l’ensemble : dans l’historiette Nature vivante qu’il avait réalisée pour le Spirou 4432-33, son Champignac y était bien plus proche de celui de Franquin, les proportions de son corps et son visage y étaient bien plus déformées. La vraie aventure arrive enfin dans cet avant dernier chapitre de Spirou et Fantasio, qui les voit, suite à un éboulement, prisonniers dans une grotte et essayer de s’en sortir avec les moyens du bord et l’aide de l’ex faux méchant qui n’est finalement qu’un homme à la morale un peu trop rigoureuse, et dont les connaissances de l’environnement se révèlent précieuses pour mettre en pratique les idées de Spirou. Et puisque le Marsupilami, après s’être stupidement fait piquer par un scorpion dans le chapitre précédent, est de nouveau ridiculisé par Trondheim et Tarrin, s’endormant dans une pose grotesque alors que Seccotine s’attendait à ce qu’il sauve les héros, ce pourrait finalement être le rigoriste Rodrigo le deus ex machina de l’histoire.

Lisa Mandel et Pochep reviennent avec leurs personnages apparus dans le spécial été pour une histoire de quatre pages à la mer aux rebondissements délirants, et Moog et Bernstein appliquent avec la fausse naïveté de Willy Woob le sens de lecture et la mise en page des mangas sur leurs deux pages de strips, qui en sont perturbés de façon aussi bien vue qu’amusante. Si Spirou est traditionnellement emblématique du style gros nez, deux séries de ce numéro en prennent le contre-pied, Working dead et Otaku, où les nez sont presque toujours totalement absents (dans Working dead, si cela s’explique chez les zombies, Greg l’humain et sa compagne en sont également dépourvus la plupart du temps). Le fait que dans les deux cas il s’agisse de dessinatrices, Maria-Praz et Stella Lory, pourrait n’être pas totalement étranger à cette esthétique, si l’on considère la façon dont un critique (Frémion dans son livre sur Reiser dans la collection Graffiti? Pas sûr du tout. Impossible de retrouver où j’avais lu ça) qualifiait le gros nez des hommes de Reiser par rapport au petit nez des femmes d’appendice sexuel, de pif paf. À propos de sexualité, la réplique dans Working dead où un zombie répond a une demande de question par la blague bien connue «ça dépend, c’est d’ordre sexuel ? », si elle est amusante dans ce contexte, risque fort d’exclure une grande partie du lectorat trop jeune pour comprendre l’allusion. Manu Boisteau et Paul Martin se retrouvent en photo dans un amusant Tuto dessiné de deux personnages de Titan inc. qui s’y disputent comme dans leur série, série où un nouveau personnage fait son apparition, un perroquet médium...On ne compte plus dans Spirou, de Mélusine à Pernille, les séries de gags sur des personnages de moyen-âge de fantaisie allant à l’école, mais la dernière venue, L’épée de bois, ou Comment devenir tueur de dragon, de Jonathan Munoz (scénario et dessin) et Anne-Claire Thibault Jouvray (couleurs, dont en partie sur les traits, comme cela se fait donc de plus en plus) à un je-ne-sais-quoi qui commence à la sortir du lot. De bons gags encore dans les quatre séries de La pause cartoon, de Lécroart, Berth (ou l’absurdité de l’écologie comme mode), Tom (un retour aux débuts de Fish n chips, qui parlaient d’art contemporain, avec cette fois un télescopage entre land art et art culinaire) et Dino. Pour finir ce numéro, Dad commence à faire des cauchemards sur la notoriété du chien Mouf sur les réseaux sociaux (cela va mal se terminer pour l’un ou l’autre), et une publicité pour la série jeunesse écolo animalière didactique de Miss Prickly (cela la change de sa précédente série, Mortelle Adèle) et Kid toussaint, Animal Jack, où ce petit garçon aux pouvoirs magiques croise l’ancien mythe du Tibet, le Yeti, et le nouveau, la panthère des neiges.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Message par heijingling »

Numéro 4560 du 03/09/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/bonne-rentree/

Un numéro spécial Retour de vacances, qui a beau souhaiter une bonne rentrée, la plupart des histoires sur ce sujet se passent avant la rentrée, que ce soit le dernier jour des vacances ou sur le chemin de l’école. Quoi qu’il en soit, cette perspective n’enchante pas Les cavaliers de l’apocadispe qu’on voit sur la couverture, bien que jouant dans un environnement bucolique aux habituels bleus et verts tendres de Libon, avoir l’air maussade, Olive, le plus sensible, pleurant même dans son coin qui est aussi, nouvelle occasion d’admirer la maîtrise dont fait preuve Libon en composant ses images, un de ceux de la couverture. Dans l’histoire courte Les cavaliers de l’apocadispe passent une journée nulle, le titre s’explique par le fait que malgré toutes leurs tentatives (« Cette fois, on va bien s’appliquer », dit Ludo, «Allez !  On se concentre ! » lui répond Jé, parlant de leurs efforts pour s’amuser. S’appliquer pour s’amuser, admirons le sens du dialogue de Libon), ils n’arrivent pas à se sortir de l’esprit que c’est leur dernier jour de vacances. Dans la page de présentation intitulée Dans la tête de Libon, celui-ci, à propos de la « zone hippocritique », parle de ses fameuses ellipses narratives (qui ne doivent pas être trop nombreuses pour ne « pas perdre les plus jeunes lecteurs »), mais surtout attire l’attention sur le fait que « Un de mes éditeurs-qui se reconnaîtra s'il est encore en état de lire le journal-m'a toujours reproché de faire les pupilles des yeux de mes personnages trop petites. Le petit point noir dans l'œil, si vous préférez. Il trouvait que ça nuisait à l'efficacité. J'ai toujours combattu cette idée, ce qui ne l'empêche pas de me tanner avec ça depuis facilement 20 ans» et que «Quand je faisais Animal Lecteur avec Salma, il me reprochait de ne pas dessiner tous les petits gags rigolos dont il truffait chaque case dans le scénario. » Libon a eu raison de refuser, il n’est pas Franquin, dessinateur animiste dont chacun des multiples détails dont il truffait ses dessins semblait prendre vie, ni Fabrice Erre, dont le dessin est lui aussi plein de détails amusants incongrus (parmis les objets qui volent partout lorsque les Fabrice défoncent la porte d’enthousiasme dans leur Édito de retour cette semaine, on distingue un bonnet de Schtroumpfs...), ni Nob, dont les détails sont chez lui signifiants (l’affiche de Mireille l’abeille dans la chambre de Bébérénice). Chez lui, tout est conçu en fonction d’un unique niveau narratif, le plus percutant, et tout y concourt, dialogues et mise en scène, on l’a vu, mais aussi pas de détails qui pourraient en distraire, et attention portée au coeur et acteurs de l’action, en l’occurence les personnages importants, tracés à traits épais et noir, alors que tout le reste l’est d’un trait clair, et donc de toutes petites pupilles dans de gros yeux pour en faire ressortir la blancheur (ou le vert clair des lunettes de Ludo) qui donne de la luminosité et de la vivacité aux visages qui eux sont assez ramassés (les traits noirs épais, donc) : un contraste très expressif. Bouzard a aussi réalisé une histoire courte, La nuit d’avant, où il se représente enfant dans un cauchemard de veille de rentrée, allant à l’école en pantalon de pyjama, poursuivi par une horde de barbares. Un des intérêts d’un magazine de BD est d’y publier des histoires courtes où les auteurs peuvent essayer de nouvelles techniques, comme ici, où Bouzard a dessiné les hirondelles bavardant avec le jeune Bouzard directement en grandes taches de couleurs, sans traits délimitants.

Si la rentrée n’enthousiasme ni Les cavaliers ni le petit Bouzard, en revanche, la vampire de Manoir à louer, pour laquelle l'école a été une série de tortures au sens propre, estime que cela lui a fait comprendre comment fonctionnait l’humanité. On retrouve bien là la méfiance de Lewis Trondheim envers l’humanisme de façade. Point de vue proche, mais version joyeuse dans Pernille, les enfants barbares et monstres se réjouissent naturellement de la rentrée, où ils vont pouvoir de nouveau se battre avec leurs camarades, et dans L’épée de bois, l’école où l’on apprend à devenir tueur de dragon (qui ici sont échappés d’une nouvelle version de Pokémon) n’est bien entendu pas non plus une partie de plaisir. Ceci dit, si dans les écoles des mondes enchantés la violence est une école de vie, l’étude de l’histoire humaine récente, le XXe siècle, dans Une nouvelle année au lycée, une page du blog de Fabrice Erre, qui est professeur d’histoire derrière son avatar d’éditorialiste, elle, désenchanterait plutôt les élèves. Comme l’an dernier à la même époque, Spirou publie des gags des Jumelles de Rizbo. Avec ce rithme de parution, il faudrait une quarantaine d’années pour prépublier l’équivalent d’un album. J’espère que l’on reverra plus tôt des pages de ce dessinateur dont le style de dessin comme l'humour décalé pourrait venir du Psikopat, et dont le père des jumelles fait partie des de plus en plus nombreux personnages de BD quarantenaires contemporains vêtus d’un chandail marin, à rayures bleu et blanche.
Un autre avantage d’un magazine de BD tout public, qui contient de nombreux types de personnages, on y voit que ce n’est pas la rentrée que pour les enfants : chez les vieux, on apprend que ni Gary C. Neel le cow-boy ni Brad Rock le chercheur d’or ne sont allés à l’école, tous deux essayant du moins de se rattraper, sans succès, quant au capitaine de Titan inc., l’école lui a été un traumatisme qui expliquerait son incompétence actuelle, et Greg, lui, prépare son sac avec des armes pour rentrer dans sa start-up de zombies dans Working dead. Enfin, le collègien le plus fameux du journal est lui aussi présent, mais uniquement par une publicité, et bien étrange en vérité, pour un roman le concernant, écrit par Théo Grosjean, présenté comme « l’auteur de L’homme le plus flippé du monde ». Certes, cette série a eu du succès, au point d’être adaptée en dessin animé, mais elle ne s’adresse pas du tout au même public que les lecteurs potentiels de ce roman, lisible, dit la pub, « dès 9 ans ». La publicité s’adresse donc à des parents lecteurs de L’homme le plus flippé du monde plus que d’Elliot au collège bien qu'ils lisent Spirou, et qui voudraient que leurs enfants se mettent à lire des romans...Quant aux sœurs Grémillet, si elles sont en âge d’aller à l’école même si on ne les y voit pas beaucoup, leur nouvelle histoire est annoncée dans En direct du futur, mais il n’y est pas signalé qu’elles aussi sont dorénavant également des personnages de romans, avec déjà deux livres parus.

En dehors des séries, c’est la rentrée pour le magazine lui-même, avec les Fabrice de retour dans L’édito (qui doutait qu’ils allaient revenir?), et ils sont qui plus est dorénavant en charge de l’illustration de la rubrique L’abonné de la semaine, tâche dont ils se délestent aussitôt (on connaît leur ardeur de façade à l’ouvrage), le retour d’En direct de la rédac, qui publie du courrier des lecteurs, cette semaine, pour la forme, en reproduisant des phylactères de réseaux sociaux. Autre nouveauté, 3 infos 2 vraies 1 fausse se présente maintenant sous une forme rédactionnelle, illustrée par Bercovici. Enfin, les Jeux de Pauline Casters mettent en scène Les cavaliers de l’apocadispe le jour de la rentrée, et le supplément abonnés consiste en des étiquettes de cahiers de personnages du journal.

Les autres séries de gags ne concernent pas le thème du numéro, comme ceux de La pause-cartoon (une réponse dans le courrier des lecteurs nous rappelle, ainsi qu’a son auteur, que cela fait près de trente ans que Lécroart réalise des Fifiches du Proprofesseur, mais le rédacteur en chef ne semble pas enthousiaste à l’idée d’un numéro anniversaire. On verra l’an prochain ce qu’il en sera). Dans Dad, Nob a cédé à la facilité en faisant dire à Bébérénice de la feuille qu'elle montre à Dad qu’elle n’a pas dessiné mais écrit, alors que les jeunes enfants n’écrivent pas, ils ne font que dessiner, qu’il s’agisse de personnages, d’objets ou de lettres, comme le font les calligraphes et les dessinateurs de BD. Alors qu’en modifiant à peine le dialogue, par exemple « -Ah, bravo, il sont jolis tes meubles (ou oiseaux, ou autre). -Cé pa dé meuble, cé dé letres -Des lettres ? Heu...» (orthographe originale de Bébérénice), le gag aurait été plus sensible et plus drôle.

Trois histoires (à suivre), dont le sixième et dernier chapitre du Spirou et Fantasio de Trondheim et Tarrin. Je passe sur le fait sur le fait qu’un Spirou sans Spip n’est pas un Spirou, et que, comme dans El Diablo, qu’il a aussi scénarisé,Trondheim met le Marsupilami hors service en le blessant, durant quelques pages dans El Diablo, et pratiquement la moitié de l’histoire, jusqu’à la fin, ici. Le considère-t-il comme un outil trop puissant ? Toujours est-il qu’il n’aura servi pratiquement qu’à quelques gags et fausses pistes, son utilité pour les héros ne dépassant pas ce qu’aurait pû faire Spip, et du coup, on comprend mieux l’absence de celui-ci, qui aurait fait double emploi. Trondheim aime s’imposer des contraintes, peut-être est-ce pour cela qu’il avait fait son précédent Spirou, sur dessins de Parme, quasi en huis-clos, et situé dans les années 60, et s’est imposé les mêmes contraintes ici. Malheureusement, Tarrin n’est pas un dessinateur de rocailles, un des plus désolants exemples en étant la grande case de la dernière planche, où la perspective est si peu maitrisée qu’elle me met mal à l’aise, j’ai l’impression d’être devant un dessin d’Escher. Mais le principal reproche que je ferai à cette histoire est qu'elle n’est pratiquement qu’un jeu de fausses pistes et de faux semblants. C’est certainement la morale de l’histoire, ne pas se fier aux apparences, mais bâtie ainsi, elle est trop légère et n’a pas de densité, à cause du temps perdu à ces jeux scénaristiques faciles, paradoxalement pour cette histoire d'excavations dans des grottes, ni le dessin ni le scénario ne sont assez creusés, et ont manqué des enjeux à peine esquissés, comme comment transformer un duo de héro en trio : Fantasio est réduit au rôle de faire valoir comique, et Spirou est mis artificiellement en retrait pour faire de la place à Seccotine : son air horrifié de boy-scout niais lorsqu’il dit « Vous...Vous me demander de mentir ? » renvoit aux pires moments du Spirou de Bravo. Reste une histoire sympathique, dans un cadre original pour Spirou et Fantasio, et peu exigeante. Le point fort est les personnages un peu plus complexes, Seccotine et Rodrigo (que Trondheim avait présenté comme un raciste intolérant, mais qui s’est révélé le plus franc et honnête de tous. Je n’en tirerai pas de conclusion. Suite de Champignac, qui se retrouve à tutoyer le jeune et beau Feynman, comme il le fait pour Blair, alors qu’il vouvoie Spirou, Fantasio, Zorglub, ses confrères scientifiques. Là encore, pas de conclusion. Après avoir inventé la pillule contraceptive dans l’histoire précédente, il invente maintenant l’ordinateur : Champignac, c’est Rahan, sauf que ce dernier a inventé des objets libres de droit, ses auteurs Lecureux et Chéret ne lui ont pas attribué des inventions d’autrui. Deuxième chapitre de Louca, dans une construction très stimulante et prenante : l’essentiel de l’histoire ne sera à priori que les dernières minutes du match de qualification pour la finale, que l’équipe de Louca a gagné, et pour rendre crédible cette dilatation du temps, constituée de dialogues et d’exploits sportifs, Bruno Dequier l’a mise en flash-back, intercalant des passages de la conférence de presse qui suit le match, apportant au fur et à mesure qu’on le suit un autre regard dessus.

Enfin, Spirou et moi est consacré à Pixel Vengeur, présenté, modestie de la part du rédacteur ?, comme le dessinateur de Gai-Luron et de Hellfest, alors que dans Spirou même il a été un des pilliers de La balise à cartoons, le dessinateur de Hapines, une série égyptienne délirante où le scénariste Zidrou s’amusait à repousser les limites de ce qui était acceptable érotiquement dans Spirou, ou encore du Professeur Foldogon avec Thiriet, dont l’un des derniers dossiers concernait le... deathfest. Bizarrement, le rédacteur lui dit que Gai-Luron aurait sa place dans Spirou, Pixel Vengeur lui rappelant qu’il a été créé dans Pif par Gotlib. Pixel Vengeur a eu, pour tout amateur de BD, une enfance de rêve, puisque son père était inspecteur des ventes chez Hachette et avait donc accès gratuitement à toute la presse. Dans la demi planche de Pixel Vengeur, il se représente sous son avatar de bébé tapir nageant jusqu’à en être submergé dans des vagues de Pif gadget, Spirou, Tintin, Pilote, Fluide glacial, Métal hurlant, L’écho des savanes, Charlie hebdo, Hara Kiri, Le Psikopat, etc., le résultat dit-il étant que son style graphique, très maléable, est une grosse digestion de tout cela (avec une prédominance de Gotlib).
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