Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : ven. 29 août 2025 21:35
Numéro 4558 du 20/08/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/reaction-en-chai ... hampignac/
On peut considérer cette couverture d’Etien très réussie, les forts contrastes de lumière sur le visage tourmenté du comte de Champignac symbolisant l’ambivalence du mycologue envers les champignons, selon que ceux-ci soient naturels, sa prédilection, ou atomiques, comme celui en arrière plan, car on sait depuis Le voyageur du mésozoïque l’aversion que le comte a envers les armes nucléaires. Dans cette nouvelle histoire, Le comte de Champignac se révèle un avatar de Mickey à travers les âges, puisque, de sa précédente aventure se déroulant dans les années 50, nous le retrouvons ici dans la première moitié des années 40, à l’université de Princeton, pour une histoire qui va le faire encore une fois participer à la grande histoire, cette fois concernant l’élaboration de la première bombe atomique, et de nouveau méler science et politique. Il va y rencontrer des personnages réels, dont certains sont présentés dans un « tableau des éléments » nommé ainsi selon celui de Mendeleïev et concocté par Beka et David Etien, scénariste et dessinateur, qui ont oublié de leurs cours de chimie que ce tableau est un tableau de classification et pas du tout une simple énumération, comme l'est le leur, qui et n’a donc rien en commun avec celui de Mendeleïev. Je reste sur un point de ce prétendu tableau qui, outre la forme, pèche par le fond : J’ignore quelle mixture iels ont pu absorber y pour dire «Champignac, tel que créé par Franquin dans les années 50, est une belle personne généreuse» de quelqu’un qui n’éprouve pas la moindre compassion, et même une certaine joie mauvaise, lorsqu’un de ses confrères vient de se faire avaler vivant sous ses yeux par un dinosaure, attitude qui fait tiquer Spirou (planche 11 du voyageur du mésozoïque), puis assurer que «tout ce que je lui fait dire [à Einstein] est authentique», lorsque la première phrase de celui-ci est « Bonsoir, Pacôme, j’ai apporté des gâteaux pour le thé »...Mieux vaut prendre ces remarques comme des gags involontaires. Le préambule de l’histoire elle-même nous fait bien ressentir l’ambiance de l’époque et l’état d’esprit des protagonistes, et donne un motif plausible à la présence de de Champignac au centre de recherches atomiques de Los Alamos, et juste assez long pour poser tous les enjeux de l’histoire et nous amener rapidement dans les différents niveaux d’intrigues. Tyst dans ses Jeux a lui pertinement utilisé le tableau des éléments auquel il donne d’ailleurs son nom correct de tableau périodique, et y a représenté un amusant comte de Champignac un peu foldingue, plus proche de l’esprit de l’original, au point de s’être involontairement teint sa pilosité en violet. On reste dans le clin d’œil à Franquin avec l’illustration du bon d’abonnement par Cromheecke et Thiriet, et dans le spirouverse avec l’autre longue histoire (à suivre) du numéro, celle du Spirou et Fantasio classique. Si le scénario de Trondheim construit sur un jeu de fausses pistes tient la route comme synopsis, il est bien moins prenant une fois réalisé car le scénariste a trop joué le jeu du « Spirou classique » jusqu'à en placer systématiquement les traditionnels suspenses artificiels de fin de page, qui ne font que désamorcer en permanence la progression dramatique en délayant le rythme, et surtout il est trop visible que Trondheim n’y croit pas, sinon il n’y aurait pas repris plusieurs fois le même gag des oiseaux imitateurs du Marsupilami. À cela s’ajoute la lourdeur d’un Fantasio qui surjoue son insupportable rôle d’idiot irresponsable (planche 31 entre autres), et un manque de merveilleux dans la façon dont Fabrice Tarrin rend les décors de déserts et de grottes, qui sous un pinceau moins volontairement contraint auraient tout pour fournir une atmosphère fantastique.
Dans la nouvelle étape de leur tournée, The Fabrice doivent affronter cette fois une mâle concurrence en la personne de The Jean-Claude, et le Fanbrice numéro 4 propose une rétrospective de leur tournée sous forme de photos volées. Participe au gag la participation d’auteurices aux styles si dissemblables que Eve Marie (aux corps désarticulés, proches de ceux de Stella Lory), Erwan Surcouf et Ben Lamarre (en imitation de gravures) fassent office de paparazzis au joyeux mépris de toute crédibilité. Et contre toute attente, « les éditos des dernières semaines ont été pire que ceux des Fabrice » constate dans L'édito le personnage du rédac’chef, qui redonne une chance aux Damien (Perez et Cerq), tout en posant des limites demandées par « la direction » (Julien Papelier, Stéphane Beaujan, ou plus haut encore…?) à leurs propositions de modernisation des séries.
Parmis les nombreux gags, dans Manoir à louer, la petite fille fait des BD dans l’espoir d’être un jour publiée dans Spirou, ce qui serait rapidement possible puisque dans La leçon de BD paraissent des essais de jeunes enfants, comme dans ce numéro celle commentée par Dab’s, toujours pertinent et amusant quand il se met en scène payant de sa personne. On commence à distinguer des personnages principaux avec une personnification dans L’épée de bois, de Jonathan Munoz et Anne-Claire Thibaut-Jouvray, dans Working dead Marc Dubuisson et Stella Lory redonnent aux créatifs leur vraie place (usurpée dans Pym et la forêt éternelle, cf. le numéro précédent), les montrant dans leur start-up passer le temps à jouer à de vieux jeux sur leur ordinateur. De bons gags dans La pause cartoon, de Lécroart (mignon), Berth (absurde), Tom et Dino (noirs). Si les indications de titre ne sont pas erronées, Midam aurait donc totalement délégué Game over depuis une dizaine de gags (le 922 étant le dernier paru), et poursuivrait Kid Paddle avec ses assistants. Floris a l’imagination toujours surprenante, avec son capitaine Anchois allant consulter une voyante qui lit le passé plus que l’avenir, cela s’avérant plus juste et utile. Florilège de chansons dans Dad (la plus récente ayant 25 ans...). On pourrait répertorier les ocurrences de reprises de chansons dans des BD selon les circonstances, par exemple, Smoke on the water ici par Dad sur les WC, ou sous la douche dans Le stéréo club tome 3, par Bourhis et Spiessert, les IA feraient pour une fois un truc plus utile que d’écrire les Tweet de Trump.
Pour finir, deux histoires courtes. De Tofy, qui comme Dav a une œuvre essentiellement animalière, et son histoire muette se passant à la plage n’a pas l’humour noir de ses autres histoires dans Spirou. L’autre est le troisième épisode de Ark Atlas, la série Sf centrée sur la protection des animaux en danger, une des préoccupations du dessinateur Maxime Péroz, comme il l’explique dans Bienvenue dans mon atelier, où j’apprends qu’il organise par ailleurs des séjours au Vietnam avec des sessions de dessins d’observation. En dehors du choix qui s’est avéré malheureux du nom de l’héroïne, qu’il dit avoir proposé en référence à Greta Thunberg parce qu’il apprécie son engagement alors que celui-ci s’est depuis dilué dans d’autres causes qui ont surtout en commun d’être médiatiques, lui et son scénariste Romain Pujol donnent une dimension supplémentaire à leurs personnages en montrant leur famille, à laquelle cet épisode apporte des questions très particulières : effet secondaire la téléportation, Greta et Maps subissent un changement d’apparence, qui les fait ressembler à des fleurs-champignons. Or, on apprend qu’ils sont de la même famille, et leurs parents ressemblent à Maps, soit des sortes de mandrills, alors que Greta est humaine. S’agit-il d’effets d’une téléportation antérieure, ou bien d’une famille recomposée, ou d’autre chose dont on aurait l’explication dans un prochain épisode ? Outre que j’apprécie le traitement graphique inventif par Maxime Péroz de la biotechnologie, comme l’apparence très originale de l’Ark magister, cet épisode a de plus le mérite de taiter des problèmes typiquement SF de téléportation, ce qui est une originalité supplémentaire. En effet, si les questions de voyages dans le temps sont très présentes en SF (rien que dans Spirou, dans les récentes séries (à suivre) on a Les Brigades du temps et Frnck), celles liées à la téléportation sont trop rarement abordées, alors qu’elles peuvent aussi donner lieu à des histoires intéresssantes, comme celle-ci ou Think like a dinosaur de James Patrick Kelly, les deux ayant en commun une approche pleine d’humour de la question.
Enfin, En direct du futur annonce un nouveau Lucky Luke, cette fois vu par Brüno et Appollo, qui sembleraient avoir découvert que Lucky Luke aurait été un personnage historique réel (à la différence des Dalton, précise de manière erronée l’article, puisque ceux-ci ont vraiment existé.)
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/reaction-en-chai ... hampignac/
On peut considérer cette couverture d’Etien très réussie, les forts contrastes de lumière sur le visage tourmenté du comte de Champignac symbolisant l’ambivalence du mycologue envers les champignons, selon que ceux-ci soient naturels, sa prédilection, ou atomiques, comme celui en arrière plan, car on sait depuis Le voyageur du mésozoïque l’aversion que le comte a envers les armes nucléaires. Dans cette nouvelle histoire, Le comte de Champignac se révèle un avatar de Mickey à travers les âges, puisque, de sa précédente aventure se déroulant dans les années 50, nous le retrouvons ici dans la première moitié des années 40, à l’université de Princeton, pour une histoire qui va le faire encore une fois participer à la grande histoire, cette fois concernant l’élaboration de la première bombe atomique, et de nouveau méler science et politique. Il va y rencontrer des personnages réels, dont certains sont présentés dans un « tableau des éléments » nommé ainsi selon celui de Mendeleïev et concocté par Beka et David Etien, scénariste et dessinateur, qui ont oublié de leurs cours de chimie que ce tableau est un tableau de classification et pas du tout une simple énumération, comme l'est le leur, qui et n’a donc rien en commun avec celui de Mendeleïev. Je reste sur un point de ce prétendu tableau qui, outre la forme, pèche par le fond : J’ignore quelle mixture iels ont pu absorber y pour dire «Champignac, tel que créé par Franquin dans les années 50, est une belle personne généreuse» de quelqu’un qui n’éprouve pas la moindre compassion, et même une certaine joie mauvaise, lorsqu’un de ses confrères vient de se faire avaler vivant sous ses yeux par un dinosaure, attitude qui fait tiquer Spirou (planche 11 du voyageur du mésozoïque), puis assurer que «tout ce que je lui fait dire [à Einstein] est authentique», lorsque la première phrase de celui-ci est « Bonsoir, Pacôme, j’ai apporté des gâteaux pour le thé »...Mieux vaut prendre ces remarques comme des gags involontaires. Le préambule de l’histoire elle-même nous fait bien ressentir l’ambiance de l’époque et l’état d’esprit des protagonistes, et donne un motif plausible à la présence de de Champignac au centre de recherches atomiques de Los Alamos, et juste assez long pour poser tous les enjeux de l’histoire et nous amener rapidement dans les différents niveaux d’intrigues. Tyst dans ses Jeux a lui pertinement utilisé le tableau des éléments auquel il donne d’ailleurs son nom correct de tableau périodique, et y a représenté un amusant comte de Champignac un peu foldingue, plus proche de l’esprit de l’original, au point de s’être involontairement teint sa pilosité en violet. On reste dans le clin d’œil à Franquin avec l’illustration du bon d’abonnement par Cromheecke et Thiriet, et dans le spirouverse avec l’autre longue histoire (à suivre) du numéro, celle du Spirou et Fantasio classique. Si le scénario de Trondheim construit sur un jeu de fausses pistes tient la route comme synopsis, il est bien moins prenant une fois réalisé car le scénariste a trop joué le jeu du « Spirou classique » jusqu'à en placer systématiquement les traditionnels suspenses artificiels de fin de page, qui ne font que désamorcer en permanence la progression dramatique en délayant le rythme, et surtout il est trop visible que Trondheim n’y croit pas, sinon il n’y aurait pas repris plusieurs fois le même gag des oiseaux imitateurs du Marsupilami. À cela s’ajoute la lourdeur d’un Fantasio qui surjoue son insupportable rôle d’idiot irresponsable (planche 31 entre autres), et un manque de merveilleux dans la façon dont Fabrice Tarrin rend les décors de déserts et de grottes, qui sous un pinceau moins volontairement contraint auraient tout pour fournir une atmosphère fantastique.
Dans la nouvelle étape de leur tournée, The Fabrice doivent affronter cette fois une mâle concurrence en la personne de The Jean-Claude, et le Fanbrice numéro 4 propose une rétrospective de leur tournée sous forme de photos volées. Participe au gag la participation d’auteurices aux styles si dissemblables que Eve Marie (aux corps désarticulés, proches de ceux de Stella Lory), Erwan Surcouf et Ben Lamarre (en imitation de gravures) fassent office de paparazzis au joyeux mépris de toute crédibilité. Et contre toute attente, « les éditos des dernières semaines ont été pire que ceux des Fabrice » constate dans L'édito le personnage du rédac’chef, qui redonne une chance aux Damien (Perez et Cerq), tout en posant des limites demandées par « la direction » (Julien Papelier, Stéphane Beaujan, ou plus haut encore…?) à leurs propositions de modernisation des séries.
Parmis les nombreux gags, dans Manoir à louer, la petite fille fait des BD dans l’espoir d’être un jour publiée dans Spirou, ce qui serait rapidement possible puisque dans La leçon de BD paraissent des essais de jeunes enfants, comme dans ce numéro celle commentée par Dab’s, toujours pertinent et amusant quand il se met en scène payant de sa personne. On commence à distinguer des personnages principaux avec une personnification dans L’épée de bois, de Jonathan Munoz et Anne-Claire Thibaut-Jouvray, dans Working dead Marc Dubuisson et Stella Lory redonnent aux créatifs leur vraie place (usurpée dans Pym et la forêt éternelle, cf. le numéro précédent), les montrant dans leur start-up passer le temps à jouer à de vieux jeux sur leur ordinateur. De bons gags dans La pause cartoon, de Lécroart (mignon), Berth (absurde), Tom et Dino (noirs). Si les indications de titre ne sont pas erronées, Midam aurait donc totalement délégué Game over depuis une dizaine de gags (le 922 étant le dernier paru), et poursuivrait Kid Paddle avec ses assistants. Floris a l’imagination toujours surprenante, avec son capitaine Anchois allant consulter une voyante qui lit le passé plus que l’avenir, cela s’avérant plus juste et utile. Florilège de chansons dans Dad (la plus récente ayant 25 ans...). On pourrait répertorier les ocurrences de reprises de chansons dans des BD selon les circonstances, par exemple, Smoke on the water ici par Dad sur les WC, ou sous la douche dans Le stéréo club tome 3, par Bourhis et Spiessert, les IA feraient pour une fois un truc plus utile que d’écrire les Tweet de Trump.
Pour finir, deux histoires courtes. De Tofy, qui comme Dav a une œuvre essentiellement animalière, et son histoire muette se passant à la plage n’a pas l’humour noir de ses autres histoires dans Spirou. L’autre est le troisième épisode de Ark Atlas, la série Sf centrée sur la protection des animaux en danger, une des préoccupations du dessinateur Maxime Péroz, comme il l’explique dans Bienvenue dans mon atelier, où j’apprends qu’il organise par ailleurs des séjours au Vietnam avec des sessions de dessins d’observation. En dehors du choix qui s’est avéré malheureux du nom de l’héroïne, qu’il dit avoir proposé en référence à Greta Thunberg parce qu’il apprécie son engagement alors que celui-ci s’est depuis dilué dans d’autres causes qui ont surtout en commun d’être médiatiques, lui et son scénariste Romain Pujol donnent une dimension supplémentaire à leurs personnages en montrant leur famille, à laquelle cet épisode apporte des questions très particulières : effet secondaire la téléportation, Greta et Maps subissent un changement d’apparence, qui les fait ressembler à des fleurs-champignons. Or, on apprend qu’ils sont de la même famille, et leurs parents ressemblent à Maps, soit des sortes de mandrills, alors que Greta est humaine. S’agit-il d’effets d’une téléportation antérieure, ou bien d’une famille recomposée, ou d’autre chose dont on aurait l’explication dans un prochain épisode ? Outre que j’apprécie le traitement graphique inventif par Maxime Péroz de la biotechnologie, comme l’apparence très originale de l’Ark magister, cet épisode a de plus le mérite de taiter des problèmes typiquement SF de téléportation, ce qui est une originalité supplémentaire. En effet, si les questions de voyages dans le temps sont très présentes en SF (rien que dans Spirou, dans les récentes séries (à suivre) on a Les Brigades du temps et Frnck), celles liées à la téléportation sont trop rarement abordées, alors qu’elles peuvent aussi donner lieu à des histoires intéresssantes, comme celle-ci ou Think like a dinosaur de James Patrick Kelly, les deux ayant en commun une approche pleine d’humour de la question.
Enfin, En direct du futur annonce un nouveau Lucky Luke, cette fois vu par Brüno et Appollo, qui sembleraient avoir découvert que Lucky Luke aurait été un personnage historique réel (à la différence des Dalton, précise de manière erronée l’article, puisque ceux-ci ont vraiment existé.)