Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : dim. 24 août 2025 22:21
Numéro 4557 du 13/08/2025
Ici un aperçu du numéro:https://www.spirou.com/un-ete-tranquille-avec-spip/
L’auteur complet de l’histoire courte ayant les honneurs de la couverture cette semaine est Dav, scénariste de Pernille, auteur d’histoires animalières dans Spirou et ailleurs, habitué des rubriques rédactionnelles (on l’a vu dans Spirou et moi, Bienvenue dans mon atelier, Les BD de ma vie, et maintenant dans la nouvelle rubrique L’arrière boutique, qui n’est autre que la traditionnelle interview de présentation désormais présentée sous ce titre). La couverture est de saison, une plage sous un ciel sans nuages. Spip s’y débat en arrière plan avec un crabe et un rapace pour protéger un bébé tortue terriblement chibi kawaï aux grands yeux disneyens en avant plan. Le dessin de Dav est sympathique et dynamique, et de tels grands yeux sont une de ses marques de fabrique, c’est d’ailleurs lui qui avait réalisé une précédente mésaventure de Spip pour le Spirou gag prétendument racheté par Disney en 2020. Ce qu’il dit sur les yeux : « Je voulais que « mon » Spip soit inspiré de mes références de lecteur. Je lui ai donc d’abord fait des yeux avec de simples points noirs, comme Franquin ou Tome et Janry. Mais finalement ce regard, suffisant pour un Spip personnage secondaire, n’allait pas pour un Spip de premier plan ! J’ai donc rempli mes carnets de têtes de Spip avec des yeux plus « modernes », sous sa justification technique, n’est pas vraiment objectif : en dehors du fait que de grands yeux ne soient en rien plus modernes que des points, du point de vue de l’histoire de l’art ce serait même l’inverse, Franquin dessinait tous ses personnages, y compris ceux de premiers plans, avec des yeux en simples points noirs, et leur donnait des pupilles si besoin était. Dès lors, systématiser les grands yeux est un procédé typique de la normalisation des dessins animés et nullement une nécessité narrative. Par contre, transformer un personnage secondaire en héros nécessite bien de contourner sa personnalité, et l’écureuil casanier, râleur et légèrement froussard, certes capable d 'exploits au besoin (son légendaire croche patte à un éléphant dans Le gri-gri du Niokolo-Koba) que l’on connaît devient ici un chevalier téméraire, qui affronte seul et sans hésitation une horde de crabes et de rapaces (qui ressemblent vaguement à des grèbes, des cormorans, ou même des caracaras : un clin d’ œil au Cracoucas?). Son Tuto dessiné de Spip est amusant et bien fait, mais également dans les normes : pourquoi prendre les traditionnelles patates pour base plutôt que des noix ou des noisettes (comme dans le gag de La malédiction de la page 13 de Sti)?
Se passent également à la plage les Jeux de Tom Sorroldoni, avec Spirou et Fantasio en mode farniente et un Spip traditionnel rechignant à se démener, ainsi que le gag du Bon d’abonnement par Cromheecke et Thiriet, et, y faisant face à des requins, Des gens et inversement de Berth et Tash et Trash de Dino. Plages encore dans le Supplément abonnés, un Carnet de voyage au Costa Rica de Marko et sa compagne Geneu, qui semblent étonnament y avoir pris beaucoup de plaisir, alors qu’on dit bien que celui-ci est absent lorsqu’il y a Geneu...De jolies aquarelles illustrent leurs périples dans la jungle à la recherche d’un marsupilami, qu’ils n’ont sans surprise pas trouvé, le marsupilami étant, comme on sait, un animal endémique de Palombie. Quant à Spirou, Fantasio et le Marsupilami, ils sont toujours dans le désert de San Inferno, où ils se mettent à la recherche de l’El Horado, leur piste originelle du squelette extra-terrestre ayant été réduite en poussière. Autre retournement de situation, celui qui était trop évidemmment désigné comme méchant ne l’est finalement pas tant que ça, comme l’apprend Spirou dans une étrange séquence où il se bat avec lui. Ce n’est pas la première fois que Spirou se trompe de coupable, ou cède au démon de la bagarre, mais cela s’est passé alors qu’il se trouvait dans un état de détresse nerveuse ou psychologique, ce qui n’est pas le cas ici, où il semble presque chercher la bagarre et y prendre plaisir. Il se fait d’ailleurs reprendre pour cela par la responsable du village, à laquelle il ne trouve rien de mieux à répondre qu’un équivalent de l’infantile « c’est lui qui a commencé », puis gronder par Seccotine qui le qualifie de « vilain garçon qui se bat pour rien et s’est fait un gros bobo ». Décidemment un étrange Spirou bien maladroit que celui de Trondheim et Tarrin, qui tient un discours moralisateur (« Peut-être que vous devriez faire des choses plus constructives que de vous perdre dans l’alcool ») totalement inapproprié et qu’il n’avait précédemment jamais tenu même lors de la période catholique du journal, au tournant des années 50. Étrange Fantasio également, globe trotter qui ne connaît pas les figues de barbarie...Et la présence des passereaux perroquets est si insistante que je serai déçu si Trondheim n’avait pas une idée derrière la tête les concernant, autre que celle d’en faire des gags, certes amusants.
Un numéro caniculaire donc, qui se poursuit avec Brad Rock, qui se retrouve à chercher de l’or dans la traditionnelle vallée perdue peuplée de dinosaures, et un Indien charmeur d’étrange serpent dans la Fifiche du Proprofesseur de Lécroart. Aussi Paul Martin et Manu Boisteau nous offrent-ils un rafraichissement bienvenu avec leur Titan inc. et son gigantesque iceberg, pour des strips d’actualité (ou plutôt reflétant un pathétique bégaiement de l’histoire) où le capitaine décide d’interdire les mots qui le dérangent...De même l’ histoire courte de David Boriau (scénario) et Gregdizer (dessin), que celui-ci décrit comme « un polar un peu noir », alors que l’on se situe dans les eaux glaçantes de Green Manor (un professeur Vehlmann y est d’ailleurs cité) par l’ambiance fin de siècle, le cynisme et l’absence de scrupules des protagonistes ainsi que par le retournement final, et la reprise du sous-texte social de Green manor sur les luttes de classes actualisé avec le féminisme et le racisme (le sentiment d’impunité des dominants, quel que soit le contexte). L’histoire s’intitule La Machine d’Anticythère, qui existe vraiment et est une énigme archéologique irrésolue, Spirou en avait d’ailleurs déjà parlé dans sa série fleurant bon les années 70 Les grandes énigmes de la troisième planète sous le nom de mécanique d’Andikythera en 1977 par Bom et Watch, et les auteurs en font une machine à prédire le jour de sa mort. Le dessinateur, invité de Bienvenue dans mon atelier, est « un auteur de longue date qui n’avait encore jamais été publié dans Spirou », et y réalise cette histoire fantastico-technologique, « loin de sa série jeunesse Cléo », mais qui colle bien avec son goût des gadgets techniques (les connaisseur auront reconnu l’origine de son pseudonyme). Coïncidence, le nom de Vehlmann apparaît encore sur la page suivant cette histoire dans une publicité devant laquelle je suis indigné, je m’insoumets, qui inique pour l’album de la conclusion des aventures de Supergroom. Ce n’est, hélas, pas la première fois qu’une histoire de Spirou paraît directement en album sans avoir été publiée dans son propre journal, mais le précédent auquel je pense était une histoire isolée, pas une suite dont les lecteurs ont pu lire le début dans le journal et n’en connaitront jamais la fin, sauf à la lire en album, et de plus les éditeurs n’avaient pas poussé le cynisme jusqu’à en faire la publicité dans le journal. De même que pour Le roi louve, dont seule la première histoire est parue dans le journal et la suite directement en album, sans qu’aucune explication soit donnée. Du moins, lorsque Charly avait été interrompu, une explication avait été donnée, certes par la bande en réponse à un courrier de lecteur.
Fin de Pym et la forêt éternelle en un volumineux chapitre de dix pages, pour laquelle je traite tout de suite de deux détails qui m’ont sorti de l’histoire, pour revenir ensuite sur une vue d’ensemble. Page 15 du journal (les planches ne sont pas numérotées) Rose, la grand’mère de Pym (qui ne l’est en fait pas, comme on l’a appris, mais que Pym continue à appeler mamie) parle d’une « vieille édition » d’un grimoire en précisant que ceux « d’aujourd’hui comportent quelques dizaines de pages supplémentaires ». Les intégrales avec bonus pour collectioneurs existaient donc déjà ? Puis elle parle des « créatifs » (les guillemets sont dans le phylactère) qui créent « de nouvelles formules à partir de formules déjà existantes » reprenant ainsi, dans la fonction et le nom, ces « créatifs » que Serge Daney opposait aux créateurs. Au final, Rose aura été la vraie héroïne de ce premier volume, par les secrets qu’elle retient ou distille, par tout ce qu’elle a donné à Pym, jusqu’au sacrifice dans un coup de thêatre final. Les auteurices Fuat Ercol et Clémentine Bouvier ont bien mené cette Nuit des hurleurs, en distribuant assez de cartes pour que Pym puisse dorénavant s’en sortir lui-même et que l’on soit intéressé par la suite de ses aventures, et en en gardant en réserve assez pour que Pym, ses amis et le lectorat continuent à avoir de nouvelles surprises. Éducation magique également, mais en version gag, dans L’épée de bois, et le sous-titre « comment devenir tueur de dragon » commence vraiment à y prendre son sens.
Suite de la tournée de The Fabrice, en Belgique cette fois (ce sont vraiment des stars internationales) où leur rouerie se retourne contre eux et les amène à faire les hommes sandwiches pour une chaîne locale de fast food, la bien nommée MacMoulites. Par contre, pas de prolifération de détails gags dans ces deux pages, contrairement aux étapes précédentes. Pas de Fanbrice, mais On the road again, une planche gag de Bouzard, un de leurs acolytes dans cette tournée, où celui-ci les attend désespérement au fin fond d’une cambrousse sans réseaux alors qu’ils sont perdus à l’autre bout du pays. Et ce sont deux Isabelle qui les remplacent dans L’édito, Miss (Isa) Prickly (ex dessinatrice de Mortelle Adèle, et actuellement chez Dupuis de la série jeunesse Animal Jack au dessin, et Isa, autrice de Puddingham Palace et du très drôle Professeur Platypus il y a des années dans Spirou avant qu’elle ne passe à Fluide, pour un scénario qui élève le désastre causé par leur maladresse à un niveau lagaffesque, sur une préoccupation très actuelle , les lanceureuses d’alerte. Comme quoi mieux vaut ne pas cantonner une série dans un âge d’or fantasmé pour faire des gags bons et pertinents . Juanungo et Trondheim creusent dans Manoir à louer le thème de la conversion d’une vampire pluricentenaire à la lecture passionnée de Spirou, le gag de Working dead pourrait être qualifié par un lanceur d’alerte comme désobligeant envers les zombies si ceux-ci constituaient une clientèle assez importante pour que l’on s’en soucie, Patelin, Adam et Angèle, avec Midam en maître d’œuvre, ont fait un Game over scatologique comme on en a visuellement rarement vu dans Spirou, et Nob fait un gag de Dad essentiellement visuel avec toujours Mouf le chien influenceur et le cynisme commercial de Panda allant grandissant.
Ici un aperçu du numéro:https://www.spirou.com/un-ete-tranquille-avec-spip/
L’auteur complet de l’histoire courte ayant les honneurs de la couverture cette semaine est Dav, scénariste de Pernille, auteur d’histoires animalières dans Spirou et ailleurs, habitué des rubriques rédactionnelles (on l’a vu dans Spirou et moi, Bienvenue dans mon atelier, Les BD de ma vie, et maintenant dans la nouvelle rubrique L’arrière boutique, qui n’est autre que la traditionnelle interview de présentation désormais présentée sous ce titre). La couverture est de saison, une plage sous un ciel sans nuages. Spip s’y débat en arrière plan avec un crabe et un rapace pour protéger un bébé tortue terriblement chibi kawaï aux grands yeux disneyens en avant plan. Le dessin de Dav est sympathique et dynamique, et de tels grands yeux sont une de ses marques de fabrique, c’est d’ailleurs lui qui avait réalisé une précédente mésaventure de Spip pour le Spirou gag prétendument racheté par Disney en 2020. Ce qu’il dit sur les yeux : « Je voulais que « mon » Spip soit inspiré de mes références de lecteur. Je lui ai donc d’abord fait des yeux avec de simples points noirs, comme Franquin ou Tome et Janry. Mais finalement ce regard, suffisant pour un Spip personnage secondaire, n’allait pas pour un Spip de premier plan ! J’ai donc rempli mes carnets de têtes de Spip avec des yeux plus « modernes », sous sa justification technique, n’est pas vraiment objectif : en dehors du fait que de grands yeux ne soient en rien plus modernes que des points, du point de vue de l’histoire de l’art ce serait même l’inverse, Franquin dessinait tous ses personnages, y compris ceux de premiers plans, avec des yeux en simples points noirs, et leur donnait des pupilles si besoin était. Dès lors, systématiser les grands yeux est un procédé typique de la normalisation des dessins animés et nullement une nécessité narrative. Par contre, transformer un personnage secondaire en héros nécessite bien de contourner sa personnalité, et l’écureuil casanier, râleur et légèrement froussard, certes capable d 'exploits au besoin (son légendaire croche patte à un éléphant dans Le gri-gri du Niokolo-Koba) que l’on connaît devient ici un chevalier téméraire, qui affronte seul et sans hésitation une horde de crabes et de rapaces (qui ressemblent vaguement à des grèbes, des cormorans, ou même des caracaras : un clin d’ œil au Cracoucas?). Son Tuto dessiné de Spip est amusant et bien fait, mais également dans les normes : pourquoi prendre les traditionnelles patates pour base plutôt que des noix ou des noisettes (comme dans le gag de La malédiction de la page 13 de Sti)?
Se passent également à la plage les Jeux de Tom Sorroldoni, avec Spirou et Fantasio en mode farniente et un Spip traditionnel rechignant à se démener, ainsi que le gag du Bon d’abonnement par Cromheecke et Thiriet, et, y faisant face à des requins, Des gens et inversement de Berth et Tash et Trash de Dino. Plages encore dans le Supplément abonnés, un Carnet de voyage au Costa Rica de Marko et sa compagne Geneu, qui semblent étonnament y avoir pris beaucoup de plaisir, alors qu’on dit bien que celui-ci est absent lorsqu’il y a Geneu...De jolies aquarelles illustrent leurs périples dans la jungle à la recherche d’un marsupilami, qu’ils n’ont sans surprise pas trouvé, le marsupilami étant, comme on sait, un animal endémique de Palombie. Quant à Spirou, Fantasio et le Marsupilami, ils sont toujours dans le désert de San Inferno, où ils se mettent à la recherche de l’El Horado, leur piste originelle du squelette extra-terrestre ayant été réduite en poussière. Autre retournement de situation, celui qui était trop évidemmment désigné comme méchant ne l’est finalement pas tant que ça, comme l’apprend Spirou dans une étrange séquence où il se bat avec lui. Ce n’est pas la première fois que Spirou se trompe de coupable, ou cède au démon de la bagarre, mais cela s’est passé alors qu’il se trouvait dans un état de détresse nerveuse ou psychologique, ce qui n’est pas le cas ici, où il semble presque chercher la bagarre et y prendre plaisir. Il se fait d’ailleurs reprendre pour cela par la responsable du village, à laquelle il ne trouve rien de mieux à répondre qu’un équivalent de l’infantile « c’est lui qui a commencé », puis gronder par Seccotine qui le qualifie de « vilain garçon qui se bat pour rien et s’est fait un gros bobo ». Décidemment un étrange Spirou bien maladroit que celui de Trondheim et Tarrin, qui tient un discours moralisateur (« Peut-être que vous devriez faire des choses plus constructives que de vous perdre dans l’alcool ») totalement inapproprié et qu’il n’avait précédemment jamais tenu même lors de la période catholique du journal, au tournant des années 50. Étrange Fantasio également, globe trotter qui ne connaît pas les figues de barbarie...Et la présence des passereaux perroquets est si insistante que je serai déçu si Trondheim n’avait pas une idée derrière la tête les concernant, autre que celle d’en faire des gags, certes amusants.
Un numéro caniculaire donc, qui se poursuit avec Brad Rock, qui se retrouve à chercher de l’or dans la traditionnelle vallée perdue peuplée de dinosaures, et un Indien charmeur d’étrange serpent dans la Fifiche du Proprofesseur de Lécroart. Aussi Paul Martin et Manu Boisteau nous offrent-ils un rafraichissement bienvenu avec leur Titan inc. et son gigantesque iceberg, pour des strips d’actualité (ou plutôt reflétant un pathétique bégaiement de l’histoire) où le capitaine décide d’interdire les mots qui le dérangent...De même l’ histoire courte de David Boriau (scénario) et Gregdizer (dessin), que celui-ci décrit comme « un polar un peu noir », alors que l’on se situe dans les eaux glaçantes de Green Manor (un professeur Vehlmann y est d’ailleurs cité) par l’ambiance fin de siècle, le cynisme et l’absence de scrupules des protagonistes ainsi que par le retournement final, et la reprise du sous-texte social de Green manor sur les luttes de classes actualisé avec le féminisme et le racisme (le sentiment d’impunité des dominants, quel que soit le contexte). L’histoire s’intitule La Machine d’Anticythère, qui existe vraiment et est une énigme archéologique irrésolue, Spirou en avait d’ailleurs déjà parlé dans sa série fleurant bon les années 70 Les grandes énigmes de la troisième planète sous le nom de mécanique d’Andikythera en 1977 par Bom et Watch, et les auteurs en font une machine à prédire le jour de sa mort. Le dessinateur, invité de Bienvenue dans mon atelier, est « un auteur de longue date qui n’avait encore jamais été publié dans Spirou », et y réalise cette histoire fantastico-technologique, « loin de sa série jeunesse Cléo », mais qui colle bien avec son goût des gadgets techniques (les connaisseur auront reconnu l’origine de son pseudonyme). Coïncidence, le nom de Vehlmann apparaît encore sur la page suivant cette histoire dans une publicité devant laquelle je suis indigné, je m’insoumets, qui inique pour l’album de la conclusion des aventures de Supergroom. Ce n’est, hélas, pas la première fois qu’une histoire de Spirou paraît directement en album sans avoir été publiée dans son propre journal, mais le précédent auquel je pense était une histoire isolée, pas une suite dont les lecteurs ont pu lire le début dans le journal et n’en connaitront jamais la fin, sauf à la lire en album, et de plus les éditeurs n’avaient pas poussé le cynisme jusqu’à en faire la publicité dans le journal. De même que pour Le roi louve, dont seule la première histoire est parue dans le journal et la suite directement en album, sans qu’aucune explication soit donnée. Du moins, lorsque Charly avait été interrompu, une explication avait été donnée, certes par la bande en réponse à un courrier de lecteur.
Fin de Pym et la forêt éternelle en un volumineux chapitre de dix pages, pour laquelle je traite tout de suite de deux détails qui m’ont sorti de l’histoire, pour revenir ensuite sur une vue d’ensemble. Page 15 du journal (les planches ne sont pas numérotées) Rose, la grand’mère de Pym (qui ne l’est en fait pas, comme on l’a appris, mais que Pym continue à appeler mamie) parle d’une « vieille édition » d’un grimoire en précisant que ceux « d’aujourd’hui comportent quelques dizaines de pages supplémentaires ». Les intégrales avec bonus pour collectioneurs existaient donc déjà ? Puis elle parle des « créatifs » (les guillemets sont dans le phylactère) qui créent « de nouvelles formules à partir de formules déjà existantes » reprenant ainsi, dans la fonction et le nom, ces « créatifs » que Serge Daney opposait aux créateurs. Au final, Rose aura été la vraie héroïne de ce premier volume, par les secrets qu’elle retient ou distille, par tout ce qu’elle a donné à Pym, jusqu’au sacrifice dans un coup de thêatre final. Les auteurices Fuat Ercol et Clémentine Bouvier ont bien mené cette Nuit des hurleurs, en distribuant assez de cartes pour que Pym puisse dorénavant s’en sortir lui-même et que l’on soit intéressé par la suite de ses aventures, et en en gardant en réserve assez pour que Pym, ses amis et le lectorat continuent à avoir de nouvelles surprises. Éducation magique également, mais en version gag, dans L’épée de bois, et le sous-titre « comment devenir tueur de dragon » commence vraiment à y prendre son sens.
Suite de la tournée de The Fabrice, en Belgique cette fois (ce sont vraiment des stars internationales) où leur rouerie se retourne contre eux et les amène à faire les hommes sandwiches pour une chaîne locale de fast food, la bien nommée MacMoulites. Par contre, pas de prolifération de détails gags dans ces deux pages, contrairement aux étapes précédentes. Pas de Fanbrice, mais On the road again, une planche gag de Bouzard, un de leurs acolytes dans cette tournée, où celui-ci les attend désespérement au fin fond d’une cambrousse sans réseaux alors qu’ils sont perdus à l’autre bout du pays. Et ce sont deux Isabelle qui les remplacent dans L’édito, Miss (Isa) Prickly (ex dessinatrice de Mortelle Adèle, et actuellement chez Dupuis de la série jeunesse Animal Jack au dessin, et Isa, autrice de Puddingham Palace et du très drôle Professeur Platypus il y a des années dans Spirou avant qu’elle ne passe à Fluide, pour un scénario qui élève le désastre causé par leur maladresse à un niveau lagaffesque, sur une préoccupation très actuelle , les lanceureuses d’alerte. Comme quoi mieux vaut ne pas cantonner une série dans un âge d’or fantasmé pour faire des gags bons et pertinents . Juanungo et Trondheim creusent dans Manoir à louer le thème de la conversion d’une vampire pluricentenaire à la lecture passionnée de Spirou, le gag de Working dead pourrait être qualifié par un lanceur d’alerte comme désobligeant envers les zombies si ceux-ci constituaient une clientèle assez importante pour que l’on s’en soucie, Patelin, Adam et Angèle, avec Midam en maître d’œuvre, ont fait un Game over scatologique comme on en a visuellement rarement vu dans Spirou, et Nob fait un gag de Dad essentiellement visuel avec toujours Mouf le chien influenceur et le cynisme commercial de Panda allant grandissant.