Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : lun. 9 juin 2025 22:58
Numéro 4546 du 28/05/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/le-pouvoir-cache-deliott/
J’ai lu sur un prestigieux forum de BD un vénérable intervenant disant que le dessin de couverture pour Elliot au collège ressemblait à du Sattouf. Force est d’admettre qu’il y a de ça, en effet, encore faudrait-il déterminer en quoi ce ça consiste, et s’il était déjà présent dans les précédents dessins de Théo Grosjean. La réponse à cette seconde question est que ce n’est franchement pas flagrant, et ce serait aisément repérable puisque les deux auteurs traitent de (la vie secrète des) jeunes d’aujourd’hui. Il y a néanmoins une convergence dans le fait qu’ils utilisent tous deux une néo ligne claire pour une fluidité narrative maximale: palette de couleurs volontairement limitée, encrage régulier et linéaire, dessin en deux dimensions. Par contre, leur approche est très différente, Théo Grosjean représentant l’inavouable de ses personnages par une créature symbolique, alors que Sattouf le fait ressurgir dans leur physique, d’où des personnages souvent laids, et c’est sur ce point que le personnage en couverture fait plus Sattouf que Grosjean (dents proéminentes, cicatrice, pas de menton). L’histoire est précédée d’une page où Théo Grosjean présente l’ensemble de ses personnages adolescents et leurs émotions incarnées (les parents sont absents de cette présentation), et on remarque que, si chacun a une personnalité complexe, seul Elliot a nettement changé depuis ses débuts dans Spirou en 2020 et son entrée au collège, sans doute parce qu’il a appris à apprivoiser, et même à établir une forme de complicité avec la créature personnifiant ses angoisses. Et dans cette histoire en six pages, ces créatures, qui n’étaient au départ qu’un truc scénaristique et une source de gags, comme le chat de Frantico, révèlent leur univers et leurs relations aux divers types d’humains, la série acquérant de plus en plus une dimension fantastique (Elliot se retrouve dans un monde intérieur à mi-chemin entre Blanquet et Le pays maudit de Peyo), tout en restant dans le plus concret du quotidien des ados (comme dans Dad, on voit les personnages aller aux toilettes). Bienvenue dans mon atelier est par ailleurs consacré à Mallo, la coloriste d’Elliot depuis l’été 2024, ayant repris cette tâche de la coloriste originelle, Anna Maria Riccobono. Et par goût de l’arrière-boutique (ou du commérage), j’aurais bien aimé savoir pourquoi Théo Grosjean a changé de coloriste, puisque les couleurs sont si constitutives de cette série (Mallo le dit, l’orange y est très présent, ce qui change des mauves communs dont j’avais parlé il y a quelque temps), mais qu’avec la nouvelle coloriste, la palette de couleurs n’a pas jusqu'à présent nettement changé. Toutefois, coïncidence?, depuis son arrivée Théo Grosjean n’a plus fait les gags en une page avec lesquels avait débuté cette série mais seulement des histoires courtes. Sans surprise au vu de sa méthode de coloriage, Mallo a pour référence Babar, Monsieur Madame et Hello Kitty. Face à Elliot est placé dans le magazine une page de strips d’Otaku, de Nena et Maria-Paz, qui fait le dessin, ainsi que les couleurs dans des palettes similaires à celles d’Elliot (oranges et bleus dominants - en général du moins, car dans cette histoire d’Elliot oranges et verts dominent, débordant même sur les lettres de Spirou en couverture). Les couleurs des collégiens de maintenant ? Spirou, lanceur de tendances ?
Ce numéro comprend deux autres histoires courtes. Marc et Pep dans Le chalet des longs sanglots, une enquête où Philippe Ory et Nicoby leur font affronter complotisme et cryptozoologie (dont un hérisson laineux...) dans des montagnes enneigées, où la grande case blanche d’entrée et le thé au beurre final (boisson tibétaine) seraient-ils des clins d’œil à Tintin? L’autre est le mini-récit en supplément, Tash et Trash dans C’est moi le roi, titre qui cache une aventure en montgolfière dans la vallée des dinosaures, du vu et revu présenté ainsi, mais Dino arrive grâce à son talent unique pour mixer cruauté (balancer un enfant par dessus bord pour alléger) et candeur à réinventer le genre .
Les cavaliers de l’apocadispe font une découverte inquiétante, le directeur de l’école a décidé de nourir sainement les enfants (pour que ne se reproduise plus l’intoxication à la buche de Noël périmée depuis 50 ans d’un épisode précédent), et Jé suit un suspect en se scotchant sous le chassis de sa voiture, ce qui est plus discret et moins ramenard que de s’accrocher à la roue de secours comme ont pu le faire d’autres héros de BD. Suite à la révélation du chapitre précédent, cette semaine Atelier Sentô a réalisé en bichromie orange et bleue (décidemment...) l’épisode de Tokyo Mystery Café pour un flash-back sur le surprenant passé du patron.
Clin d’œil encore, facétieux cette fois, dans Manoir à louer, où Trondheim et Juanungo reproduisent un célèbre cow-boy solitaire à cinq exemplaires, toute la famille se déguisant en Lucky Luke. Du surnaturel fait son apparition dans Titan inc. (pour autant que l’on considère naturelle la situation de base où le temps est étiré à l’infini), reconversion pour les Fabrice, qui veulent abandonner L’édito pour devenir des rockstars, Ced et Gorobei s’amusent avec la communication visuelle dans Gary C. Neel, Panda recherche une colocation dans Dad, qui se révèle très réactif dans l’utilisation d’un smartphone, et enfin deux pages de Kid Paddle, qui se projette grand scientifique dans le futur, et deux autres de Capitaine Anchois, où Louis va voir le chamane qui le transforme en une sorte de Godzilla, ce qui, avec le gag d’Annabelle où Sti et Ghorbani envoient celle-ci chez une praticienne vaudoue, fait deux histoires de pirates ayant recours à la sorcellerie dans le même numéro, mais la narration est bien mieux maitrisée par Floris que dans Annabelle, où les dialogues font forcés.
Enfin, sur la BD de la semaine portent les Jeux La récré de l’angoisse, de Tom Sorroldoni, nouveau venu dans Spirou, mais très présent sur l’ensemble des réseaux sociaux, et éventuellement le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, dans lequel un élève est menacé de recevoir les Spirou de l’année dernière s’il redouble...
Spirou et moi est consacré à Anne-Perrine Couët, dont deux pages de gags intitulés Mauvaises graines parues dans le spécial printemps annonçaient en fait une série qui va se poursuivre dans le magazine. Elle proclame un goût pour les filles badass (son idole d’enfance était Luna fatale), rêverait de reprendre Mélusine, et a dessiné une (belle et graphiquement surprenante) biographie de Élisabeth Báthory (si vous ne la connaissez pas, sachez que Will a réalisé un oncle Paul sur elle, scénarisé par Conrad et Yann. Pichard et Lo Duca ont aussi fait sa biographie en BD, mais là on s’éloigne franchement de Spirou), ce qui est très cohérent. En direct du futur annonce un festival de BD avec les Fabrice, et une publicité pour Mi-Mouche est très manga shônen dans sa présentation comme personnage qui va devoir traverser de nombreuses épreuves pour se réaliser, et amusante par son premier tome qualifié de premier round. Une autre publicité concerne Belfort et Lupin, une série animalière pour enfants chez Dupuis, très disneyenne visuellement.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/le-pouvoir-cache-deliott/
J’ai lu sur un prestigieux forum de BD un vénérable intervenant disant que le dessin de couverture pour Elliot au collège ressemblait à du Sattouf. Force est d’admettre qu’il y a de ça, en effet, encore faudrait-il déterminer en quoi ce ça consiste, et s’il était déjà présent dans les précédents dessins de Théo Grosjean. La réponse à cette seconde question est que ce n’est franchement pas flagrant, et ce serait aisément repérable puisque les deux auteurs traitent de (la vie secrète des) jeunes d’aujourd’hui. Il y a néanmoins une convergence dans le fait qu’ils utilisent tous deux une néo ligne claire pour une fluidité narrative maximale: palette de couleurs volontairement limitée, encrage régulier et linéaire, dessin en deux dimensions. Par contre, leur approche est très différente, Théo Grosjean représentant l’inavouable de ses personnages par une créature symbolique, alors que Sattouf le fait ressurgir dans leur physique, d’où des personnages souvent laids, et c’est sur ce point que le personnage en couverture fait plus Sattouf que Grosjean (dents proéminentes, cicatrice, pas de menton). L’histoire est précédée d’une page où Théo Grosjean présente l’ensemble de ses personnages adolescents et leurs émotions incarnées (les parents sont absents de cette présentation), et on remarque que, si chacun a une personnalité complexe, seul Elliot a nettement changé depuis ses débuts dans Spirou en 2020 et son entrée au collège, sans doute parce qu’il a appris à apprivoiser, et même à établir une forme de complicité avec la créature personnifiant ses angoisses. Et dans cette histoire en six pages, ces créatures, qui n’étaient au départ qu’un truc scénaristique et une source de gags, comme le chat de Frantico, révèlent leur univers et leurs relations aux divers types d’humains, la série acquérant de plus en plus une dimension fantastique (Elliot se retrouve dans un monde intérieur à mi-chemin entre Blanquet et Le pays maudit de Peyo), tout en restant dans le plus concret du quotidien des ados (comme dans Dad, on voit les personnages aller aux toilettes). Bienvenue dans mon atelier est par ailleurs consacré à Mallo, la coloriste d’Elliot depuis l’été 2024, ayant repris cette tâche de la coloriste originelle, Anna Maria Riccobono. Et par goût de l’arrière-boutique (ou du commérage), j’aurais bien aimé savoir pourquoi Théo Grosjean a changé de coloriste, puisque les couleurs sont si constitutives de cette série (Mallo le dit, l’orange y est très présent, ce qui change des mauves communs dont j’avais parlé il y a quelque temps), mais qu’avec la nouvelle coloriste, la palette de couleurs n’a pas jusqu'à présent nettement changé. Toutefois, coïncidence?, depuis son arrivée Théo Grosjean n’a plus fait les gags en une page avec lesquels avait débuté cette série mais seulement des histoires courtes. Sans surprise au vu de sa méthode de coloriage, Mallo a pour référence Babar, Monsieur Madame et Hello Kitty. Face à Elliot est placé dans le magazine une page de strips d’Otaku, de Nena et Maria-Paz, qui fait le dessin, ainsi que les couleurs dans des palettes similaires à celles d’Elliot (oranges et bleus dominants - en général du moins, car dans cette histoire d’Elliot oranges et verts dominent, débordant même sur les lettres de Spirou en couverture). Les couleurs des collégiens de maintenant ? Spirou, lanceur de tendances ?
Ce numéro comprend deux autres histoires courtes. Marc et Pep dans Le chalet des longs sanglots, une enquête où Philippe Ory et Nicoby leur font affronter complotisme et cryptozoologie (dont un hérisson laineux...) dans des montagnes enneigées, où la grande case blanche d’entrée et le thé au beurre final (boisson tibétaine) seraient-ils des clins d’œil à Tintin? L’autre est le mini-récit en supplément, Tash et Trash dans C’est moi le roi, titre qui cache une aventure en montgolfière dans la vallée des dinosaures, du vu et revu présenté ainsi, mais Dino arrive grâce à son talent unique pour mixer cruauté (balancer un enfant par dessus bord pour alléger) et candeur à réinventer le genre .
Les cavaliers de l’apocadispe font une découverte inquiétante, le directeur de l’école a décidé de nourir sainement les enfants (pour que ne se reproduise plus l’intoxication à la buche de Noël périmée depuis 50 ans d’un épisode précédent), et Jé suit un suspect en se scotchant sous le chassis de sa voiture, ce qui est plus discret et moins ramenard que de s’accrocher à la roue de secours comme ont pu le faire d’autres héros de BD. Suite à la révélation du chapitre précédent, cette semaine Atelier Sentô a réalisé en bichromie orange et bleue (décidemment...) l’épisode de Tokyo Mystery Café pour un flash-back sur le surprenant passé du patron.
Clin d’œil encore, facétieux cette fois, dans Manoir à louer, où Trondheim et Juanungo reproduisent un célèbre cow-boy solitaire à cinq exemplaires, toute la famille se déguisant en Lucky Luke. Du surnaturel fait son apparition dans Titan inc. (pour autant que l’on considère naturelle la situation de base où le temps est étiré à l’infini), reconversion pour les Fabrice, qui veulent abandonner L’édito pour devenir des rockstars, Ced et Gorobei s’amusent avec la communication visuelle dans Gary C. Neel, Panda recherche une colocation dans Dad, qui se révèle très réactif dans l’utilisation d’un smartphone, et enfin deux pages de Kid Paddle, qui se projette grand scientifique dans le futur, et deux autres de Capitaine Anchois, où Louis va voir le chamane qui le transforme en une sorte de Godzilla, ce qui, avec le gag d’Annabelle où Sti et Ghorbani envoient celle-ci chez une praticienne vaudoue, fait deux histoires de pirates ayant recours à la sorcellerie dans le même numéro, mais la narration est bien mieux maitrisée par Floris que dans Annabelle, où les dialogues font forcés.
Enfin, sur la BD de la semaine portent les Jeux La récré de l’angoisse, de Tom Sorroldoni, nouveau venu dans Spirou, mais très présent sur l’ensemble des réseaux sociaux, et éventuellement le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, dans lequel un élève est menacé de recevoir les Spirou de l’année dernière s’il redouble...
Spirou et moi est consacré à Anne-Perrine Couët, dont deux pages de gags intitulés Mauvaises graines parues dans le spécial printemps annonçaient en fait une série qui va se poursuivre dans le magazine. Elle proclame un goût pour les filles badass (son idole d’enfance était Luna fatale), rêverait de reprendre Mélusine, et a dessiné une (belle et graphiquement surprenante) biographie de Élisabeth Báthory (si vous ne la connaissez pas, sachez que Will a réalisé un oncle Paul sur elle, scénarisé par Conrad et Yann. Pichard et Lo Duca ont aussi fait sa biographie en BD, mais là on s’éloigne franchement de Spirou), ce qui est très cohérent. En direct du futur annonce un festival de BD avec les Fabrice, et une publicité pour Mi-Mouche est très manga shônen dans sa présentation comme personnage qui va devoir traverser de nombreuses épreuves pour se réaliser, et amusante par son premier tome qualifié de premier round. Une autre publicité concerne Belfort et Lupin, une série animalière pour enfants chez Dupuis, très disneyenne visuellement.