Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : dim. 30 mars 2025 20:45
Numéro 4536 du 19/03/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/le-journal/ (refonte du site Spirou, il n’y a plus de lien direct vers le sommaire...)
De nouveau une construction classique pour la couverture annonçant « une histoire courte inédite » du Royaume (pourquoi cette précision ? Spirou ne republie pourtant pas de séries récentes), une pyramide comme celle des madones de Raphaël ou De Vinci, Feroumont ayant mis Anne en lieu et place de la Vierge (alors que l’on sait qu’Anne n’est pas le nom de la vierge mais de sa mère), et lui et sa coloriste Sarah Marchand ont poussé le jeu jusque dans les couleurs des vêtements (le bleu marial), un chiot estropié tenant lieu de Christ pour cette joyeuse piéta. La page d’introduction à l'histoire n’a par contre rien de religieux, les fameux oiseaux parlant y présentant le royaume et ses personnages avec leur causticité coutumière, mais ils seront bien déçus par l’histoire où Anne cherche à faire adopter un chiot estropié qu’elle a trouvé rejeté dans les ordures, et qui se termine bien, à leur grand dam commente l’un d’eux.
Grandiose final pour Trésor, plein d’action et d’émotion, illustré par un chapitre quasi muet et un découpage allant de cases resserées à l’extrême sur les protagonistes à une pleine page de tempête, ce dernier chapitre montrant que les auteurices Jean-Bapstiste Saurel, Pauline de la Provôté et Charlotte Cousquer réunissent sciement la dimension roman d’éducation (ou bildungsroman, ou nekketsu) caractéristique du shonen manga (mais dont évidemment L’île au trésor est un archétype), exemplifiée dans le dialogue « On va essuyer un grain comme j’en ai jamais vu ! » « Oui, mais cette fois, on est devenus des vrais pirates ! », avec la tradition FB, car c’est toute une bande d’enfants qui a grandi et réalisé ses rêves, chacun différent, et non un héros (plus ou moins) solitaire comme dans les shonen. Faudrait d’ailleurs un jour aller voir d’un peu plus près dans quelles conditions une société holistique comme le Japon produit des BD mettant en scène le dépassement individuel alors que le FB, de pays soi-disant individualistes, valorise l’effort collectif, constat résumé dans le fait que Captain Tsubasa (en VO japonaise) ait été rebaptisé Olive et Tom en français, un duo remplaçant un individu. Suite du Natacha Chanson d’avril, où l’on apprend qu’il s’agit du nom du flingue que L’Épervier Bleu et Larsen ont offert à la grand’mère de Natacha, celle-ci n’hésitant pas à s'en servir à la première occasion, ce qui jure avec ce que l’on connaît du personnage : encore une fois, la transposition d’une série à l’autre montre ses limites. Walthéry a choisi dans sa reprise de se tenir au plus près des dialogues, des narratifs et du découpage, de la mise en pages et même souvent des cadrages, sauf pour des retours au présent narratif par Natacha et Walter (qui sont censés raconter l’histoire de leurs grands parents) en utilisant le running gag du personnage (caricature de lui-même) interrompant le récit en demandant une bière, ou mieux coller à sa personnalité d’auteur, ce qui fait perdre ici une sobre ellipse de Sirius pourtant bienvenue en contrepoint à l’emphase narrative : là où un unique Klop en noir sortant d’une porte entrebaillée suffisait à indiquer qu’Eric (l 'Épervier) et Larsen se sont débarrassés d’adversaires, nous avons deux cases de Klops Klops Mhh ! Brof Mrrh!Bardoof Brooof en orange… À deux autres reprises dans ce chapitre Walthéry utilise deux cases là où une seule suffisait à Sirius, et rajoute des dialogues sur des cases muettes, ce qui fait perdre en tension narrative. J’essayerai de cesser les comparaisons à partir du prochain épisode pour commenter la version Walthéry pour elle-même. Séquence tout en action et humour pour Frnck, qui dans l’hôpital psychiatrique où il est venu faire échapper une amie se précipite chez les « fous normaux » (sic) en fuyant les fous cannibales ramenés de la préhistoire. Le cabochon en couverture l’annonçait bien : « Frnck à fond dans les ennuis ! ». Suite du Dragon d’or des Sœurs Grémillet, où la nouvelle mission des trois sœurs, initiée par Cassiopée la romanesque, est interrompue par les occupations des sœurs aux personnalités si différentes, le tournoi de hockey (sport réputé violent) de Sarah, et l’empathie avec les animaux non humains de Lucille.
Dans les gags, cela fait quelques semaines que Jacques Louis est coscénariste de Kid Paddle, tandis que Brad Rock the gold digger déprime quelque peu face à une mappemonde sur le thème d’ailleurs, l’herbe serait plus verte (ou plus dorée, dans son cas), de même que le capitaine de Titan Inc., privé de ses attribus de chef (sa casquette) depuis la semaine précédente, les auteurs de Pernille nous la montrent au restaurant dans un smorgasbord de mythologies, de Lovecraft à l’extrême-orient, et les pirates de Capitaine Anchois se trouvent en vis-à-vis de ceux de Trésor, hasard heureux des mises en page des magazines. Tash et Trash poursuivent leur effroyable voyage (le titre de la série actuelle) en subvertissant le thème de l’aventurier s’aventurant dans un territoire hostile et superstitieux, (tout cela en trois cases), les Fabrice dégustent une paëlla (on les en sait friands) pour L’édito consacré au Royaume (leur mauvaise foi ne connaît pas de limites), et pour finir, comme un écho aux sœurs Grémillet , Dad se trouve pris entre les personnalités opposées de Panda, Roxanne et Bébérénice.
Les BD de ma vie s’intéresse à celles de David Evrad, pour savoir s’il est un vrai ADS : l’est-il, en affichant des goûts éclectiques grand public, de Chaland à Taniguchi en passant par Conrad et Yann et Thorgal, ainsi que Sempé et Quentin Blake pour l’illustration? C’est Thomas Bonis, l’auteur de Fish n chips sous le pseudo de Tom, et d’autres séries ailleurs que dans Spirou sous celui de Cromou ou son vrai nom, qui illustre Spirou et moi, confirme son attirance pour le Japon (découvert dans un supplément récent), il a d’ailleurs fait du manga, ainsi que pour Franquin. Enfin, En direct du futur annonce pour avril Manoir à louer, une série d’épouvante comique de Trondheim avec au dessin le dessinateur argentin Juanungo, avec qui il a déjà fait un Donjon.
Deux publicités pour des albums Dupuis complètent ce magazine, pour le dernier Natacha (en cours de publication) et un Méga Spirou spécial printemps (magazine qui, contrairement à Spirou, ne fait que de la republication, ce qui lui permet d’être bien moins cher), ainsi que des Jeux, Mon royaume pour une taverne, de Romain Garouste, et en Supplément des autocollants personnalisables du royaume.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/le-journal/ (refonte du site Spirou, il n’y a plus de lien direct vers le sommaire...)
De nouveau une construction classique pour la couverture annonçant « une histoire courte inédite » du Royaume (pourquoi cette précision ? Spirou ne republie pourtant pas de séries récentes), une pyramide comme celle des madones de Raphaël ou De Vinci, Feroumont ayant mis Anne en lieu et place de la Vierge (alors que l’on sait qu’Anne n’est pas le nom de la vierge mais de sa mère), et lui et sa coloriste Sarah Marchand ont poussé le jeu jusque dans les couleurs des vêtements (le bleu marial), un chiot estropié tenant lieu de Christ pour cette joyeuse piéta. La page d’introduction à l'histoire n’a par contre rien de religieux, les fameux oiseaux parlant y présentant le royaume et ses personnages avec leur causticité coutumière, mais ils seront bien déçus par l’histoire où Anne cherche à faire adopter un chiot estropié qu’elle a trouvé rejeté dans les ordures, et qui se termine bien, à leur grand dam commente l’un d’eux.
Grandiose final pour Trésor, plein d’action et d’émotion, illustré par un chapitre quasi muet et un découpage allant de cases resserées à l’extrême sur les protagonistes à une pleine page de tempête, ce dernier chapitre montrant que les auteurices Jean-Bapstiste Saurel, Pauline de la Provôté et Charlotte Cousquer réunissent sciement la dimension roman d’éducation (ou bildungsroman, ou nekketsu) caractéristique du shonen manga (mais dont évidemment L’île au trésor est un archétype), exemplifiée dans le dialogue « On va essuyer un grain comme j’en ai jamais vu ! » « Oui, mais cette fois, on est devenus des vrais pirates ! », avec la tradition FB, car c’est toute une bande d’enfants qui a grandi et réalisé ses rêves, chacun différent, et non un héros (plus ou moins) solitaire comme dans les shonen. Faudrait d’ailleurs un jour aller voir d’un peu plus près dans quelles conditions une société holistique comme le Japon produit des BD mettant en scène le dépassement individuel alors que le FB, de pays soi-disant individualistes, valorise l’effort collectif, constat résumé dans le fait que Captain Tsubasa (en VO japonaise) ait été rebaptisé Olive et Tom en français, un duo remplaçant un individu. Suite du Natacha Chanson d’avril, où l’on apprend qu’il s’agit du nom du flingue que L’Épervier Bleu et Larsen ont offert à la grand’mère de Natacha, celle-ci n’hésitant pas à s'en servir à la première occasion, ce qui jure avec ce que l’on connaît du personnage : encore une fois, la transposition d’une série à l’autre montre ses limites. Walthéry a choisi dans sa reprise de se tenir au plus près des dialogues, des narratifs et du découpage, de la mise en pages et même souvent des cadrages, sauf pour des retours au présent narratif par Natacha et Walter (qui sont censés raconter l’histoire de leurs grands parents) en utilisant le running gag du personnage (caricature de lui-même) interrompant le récit en demandant une bière, ou mieux coller à sa personnalité d’auteur, ce qui fait perdre ici une sobre ellipse de Sirius pourtant bienvenue en contrepoint à l’emphase narrative : là où un unique Klop en noir sortant d’une porte entrebaillée suffisait à indiquer qu’Eric (l 'Épervier) et Larsen se sont débarrassés d’adversaires, nous avons deux cases de Klops Klops Mhh ! Brof Mrrh!Bardoof Brooof en orange… À deux autres reprises dans ce chapitre Walthéry utilise deux cases là où une seule suffisait à Sirius, et rajoute des dialogues sur des cases muettes, ce qui fait perdre en tension narrative. J’essayerai de cesser les comparaisons à partir du prochain épisode pour commenter la version Walthéry pour elle-même. Séquence tout en action et humour pour Frnck, qui dans l’hôpital psychiatrique où il est venu faire échapper une amie se précipite chez les « fous normaux » (sic) en fuyant les fous cannibales ramenés de la préhistoire. Le cabochon en couverture l’annonçait bien : « Frnck à fond dans les ennuis ! ». Suite du Dragon d’or des Sœurs Grémillet, où la nouvelle mission des trois sœurs, initiée par Cassiopée la romanesque, est interrompue par les occupations des sœurs aux personnalités si différentes, le tournoi de hockey (sport réputé violent) de Sarah, et l’empathie avec les animaux non humains de Lucille.
Dans les gags, cela fait quelques semaines que Jacques Louis est coscénariste de Kid Paddle, tandis que Brad Rock the gold digger déprime quelque peu face à une mappemonde sur le thème d’ailleurs, l’herbe serait plus verte (ou plus dorée, dans son cas), de même que le capitaine de Titan Inc., privé de ses attribus de chef (sa casquette) depuis la semaine précédente, les auteurs de Pernille nous la montrent au restaurant dans un smorgasbord de mythologies, de Lovecraft à l’extrême-orient, et les pirates de Capitaine Anchois se trouvent en vis-à-vis de ceux de Trésor, hasard heureux des mises en page des magazines. Tash et Trash poursuivent leur effroyable voyage (le titre de la série actuelle) en subvertissant le thème de l’aventurier s’aventurant dans un territoire hostile et superstitieux, (tout cela en trois cases), les Fabrice dégustent une paëlla (on les en sait friands) pour L’édito consacré au Royaume (leur mauvaise foi ne connaît pas de limites), et pour finir, comme un écho aux sœurs Grémillet , Dad se trouve pris entre les personnalités opposées de Panda, Roxanne et Bébérénice.
Les BD de ma vie s’intéresse à celles de David Evrad, pour savoir s’il est un vrai ADS : l’est-il, en affichant des goûts éclectiques grand public, de Chaland à Taniguchi en passant par Conrad et Yann et Thorgal, ainsi que Sempé et Quentin Blake pour l’illustration? C’est Thomas Bonis, l’auteur de Fish n chips sous le pseudo de Tom, et d’autres séries ailleurs que dans Spirou sous celui de Cromou ou son vrai nom, qui illustre Spirou et moi, confirme son attirance pour le Japon (découvert dans un supplément récent), il a d’ailleurs fait du manga, ainsi que pour Franquin. Enfin, En direct du futur annonce pour avril Manoir à louer, une série d’épouvante comique de Trondheim avec au dessin le dessinateur argentin Juanungo, avec qui il a déjà fait un Donjon.
Deux publicités pour des albums Dupuis complètent ce magazine, pour le dernier Natacha (en cours de publication) et un Méga Spirou spécial printemps (magazine qui, contrairement à Spirou, ne fait que de la republication, ce qui lui permet d’être bien moins cher), ainsi que des Jeux, Mon royaume pour une taverne, de Romain Garouste, et en Supplément des autocollants personnalisables du royaume.