Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : dim. 26 janv. 2025 13:49
Numéro 4528 du 22/01/2025
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... nouvel-ami
Outre son œuvre de dessinateur de BD, je suis très friand du talent d’illustrateur et de coloriste de Libon, et c’est un plaisir de le retrouver en couverture de Spirou pour « Les cavaliers de l’apocadispe ont un nouvel ami », où il utilise une même méthode que pour sa narration et son humour, la brusque juxtaposition des contraires : le dynamisme de la fuite de Ludo et Jé devant le statisme d’Olive, le vert pastel de l’herbe et des feuilles devant le jaune presque fluo du ciel, et cela se retrouve même dans son encrage qui va du très épais à l’à peine esquissé, et bien sûr dans l’hilarante histoire courte de cette semaine, avec un chien féroce d’aspect et d’attitude et « bon gros pépère » dans ses actes. La page de présentation de l’histoire est à l’avenant, les personnages tour à tour approuvant et se révoltant devant le descriptif que Libon fait d’eux. Les cavaliers inspirent Sti, qui décale malicieusement La malédiction de la page 13 pour en faire la malédiction de Libon, ainsi que les Fabrice qui dans leur Édito se font battre à plate couture par leurs jeunes rivaux en gaffes, et les Jeux de Tyst qui met en scène, outre les cavaliers, les autres personnages animaux et apparentés (Nelson, Raowl) du journal. Et toujours dans le registre de l’imagination délirante, Floris procure un Tuto dessiné de capitaine Anchois qui ne sera pas d’une grande utilité graphique, mais permet de pénétrer les arcanes de l’esprit de son auteur. Tuto encore, mais pour la cuisine, dans Kid Paddle de Midam, Patelin, Dairin et Angèle. Les Fabrice proposent un tuto sans en dire le nom, Floris l’utilise mais pour le détourner, et les auteurices de Kid Paddle en proposent la version mediatique courante, trois approches différentes de l’un des gadgets sociaux les plus influents actuellement.
Parfois se trouve dans le coin supérieur droit de la couverture une vignette d’un personnage du journal autre que celui auquel est consacrée la couverture, personnage en général connu, mis là pour attirer l’œil du lecteur occasionnel. Cette semaine, c’est le Marsupilami, vedette à part entière, avec sa propre série, avec un joli deuxième chapitre entièrement muet de Marsu club de Colman, Batem et Cerise, où, perdu, il se remet difficilement de la disparition de son ami Hector, mais également vedette invitée, en couverture du deuxième album des Amis de Spirou visible dans une publicité, tant est grande sa notoriété. Dans le troisième chapitre en parution de cet album des Amis de Spirou, Morvan, David Evrad et BenBK entrent plus avant dans la dimension historique et sociale, avec d’une part les mineurs résistants du célèbre (pour les spiroutistes) charbonnage du Bois du Cazier à Charleroi (auquel Sergio Salma à consacré deux ouvrages, Marcinelle 1956 https://www.leboisducazier.be/boutique/ ... elle-1956/ et Pays noir https://www.lecho.be/culture/litteratur ... 20126.html) et d’autre part les bonnes sœurs aidant, par l’entremise de Jean Doisy et de Suzanne Moons, dite Brigitte, et de son fils André Moons, qui font vivre le Théâtre du Farfadet, à sauver des enfants juifs ( https://expo-spirou-shoah.memorialdelas ... ition.html); la phrase que les auteurs placent dans la bouche d’une des religieuses, « N’ayez pas peur, mes chéris, on fera tout pour que vous retrouviez vos parents après guerre » fait écho au fait que certaines organisations catholiques, toutefois très minoritaires il faut le dire, ont convertis des enfants juifs alors sous leur protection et refusé de les rendre à leur famille après la guerre. Dans un cadre tout aussi tragique mais purement fictionnel, la fin de Tanis, hautement dramatique comme prévue, puisque celle-ci se retrouve seule après un cataclysme divin dont elle se sent responsable, face à l’animosité ou la protection de dieux ou de personnages divins (la scène n’et pas claire, qui peut se targuer de comprendre les dieux?). Les auteurices Denis Bajram, Valérie Mangin et Stéphane Perger ont réussi avec Les tombeaux d’Atlantis un premier tome plein de rebondissements, avec au final la destruction de tout ce qu’ils avaient posé, laissant les lecteurs comme leur héroïne dans un horizon expectatif infini. Quant aux enfants de L’île de Minuit, c’est à la trahison qu’ils doivent faire face, la séparation entre les clans étant graphiquement représentée par un pont de corde détruit.
Dans les autres séries, Berth dans Des gens et inversement présente dans les défis à relever une inédite ascension de l’Everest en slip (qui, si elle se popularisait, pourrait remédier à l’affluence nocive dans cette montagne), Tom dans Fish n chips fait découvrir par ses poissons un déchet qui « n’est pas pourri et sent bon, ça ne peut pas être les humains », Ced et Gorobei continuent à explorer la personnalité de papy roublard sous une apparence sénile de Gary C. Neel, le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet montre un abonné qui soigne jusqu’à sa boîte aux lettres qui doit accueillir son Spirou, et dans Dad flashbacks, Nob représente la famille enfin au complet, arrivée au stade où on la connaît, c’est donc le moment de faire une photo de famille.
Deux rubriques rédactionnelles. Bienvenue dans mon atelier avec Frantz Hofmann, parfois dit Ztnarf, auteur de Kahl et Pörth, de l’heroic fantasy humoristique, présents dans Spirou depuis dix ans mais peu réguliers, car l’auteur est aussi character designer de jeu mobile. Et En direct du futur annonce les 25 ans de Nelson sous l’angle du code hexadécimal (couleur du web) de son orange fluo.
Enfin le supplément abonné est un Stripbook (un petit livret à l’italienne) d’une nouvelle mésaventure de Grands Panards, ce Big Foot rêveur toujours autour du monde, en Asie centrale cette fois, où il déguste les spécialités locales, à la recherche de sa famille poilue,toujours en compagnie de la louve aux accents de Kitsune. L’auteur Colin Atthar prend son temps, comme son personnage (trois stripbooks en trois ans) pour narrer cette quête en (très) lointain écho de The autobiography of a mitroll de Bouzard.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... nouvel-ami
Outre son œuvre de dessinateur de BD, je suis très friand du talent d’illustrateur et de coloriste de Libon, et c’est un plaisir de le retrouver en couverture de Spirou pour « Les cavaliers de l’apocadispe ont un nouvel ami », où il utilise une même méthode que pour sa narration et son humour, la brusque juxtaposition des contraires : le dynamisme de la fuite de Ludo et Jé devant le statisme d’Olive, le vert pastel de l’herbe et des feuilles devant le jaune presque fluo du ciel, et cela se retrouve même dans son encrage qui va du très épais à l’à peine esquissé, et bien sûr dans l’hilarante histoire courte de cette semaine, avec un chien féroce d’aspect et d’attitude et « bon gros pépère » dans ses actes. La page de présentation de l’histoire est à l’avenant, les personnages tour à tour approuvant et se révoltant devant le descriptif que Libon fait d’eux. Les cavaliers inspirent Sti, qui décale malicieusement La malédiction de la page 13 pour en faire la malédiction de Libon, ainsi que les Fabrice qui dans leur Édito se font battre à plate couture par leurs jeunes rivaux en gaffes, et les Jeux de Tyst qui met en scène, outre les cavaliers, les autres personnages animaux et apparentés (Nelson, Raowl) du journal. Et toujours dans le registre de l’imagination délirante, Floris procure un Tuto dessiné de capitaine Anchois qui ne sera pas d’une grande utilité graphique, mais permet de pénétrer les arcanes de l’esprit de son auteur. Tuto encore, mais pour la cuisine, dans Kid Paddle de Midam, Patelin, Dairin et Angèle. Les Fabrice proposent un tuto sans en dire le nom, Floris l’utilise mais pour le détourner, et les auteurices de Kid Paddle en proposent la version mediatique courante, trois approches différentes de l’un des gadgets sociaux les plus influents actuellement.
Parfois se trouve dans le coin supérieur droit de la couverture une vignette d’un personnage du journal autre que celui auquel est consacrée la couverture, personnage en général connu, mis là pour attirer l’œil du lecteur occasionnel. Cette semaine, c’est le Marsupilami, vedette à part entière, avec sa propre série, avec un joli deuxième chapitre entièrement muet de Marsu club de Colman, Batem et Cerise, où, perdu, il se remet difficilement de la disparition de son ami Hector, mais également vedette invitée, en couverture du deuxième album des Amis de Spirou visible dans une publicité, tant est grande sa notoriété. Dans le troisième chapitre en parution de cet album des Amis de Spirou, Morvan, David Evrad et BenBK entrent plus avant dans la dimension historique et sociale, avec d’une part les mineurs résistants du célèbre (pour les spiroutistes) charbonnage du Bois du Cazier à Charleroi (auquel Sergio Salma à consacré deux ouvrages, Marcinelle 1956 https://www.leboisducazier.be/boutique/ ... elle-1956/ et Pays noir https://www.lecho.be/culture/litteratur ... 20126.html) et d’autre part les bonnes sœurs aidant, par l’entremise de Jean Doisy et de Suzanne Moons, dite Brigitte, et de son fils André Moons, qui font vivre le Théâtre du Farfadet, à sauver des enfants juifs ( https://expo-spirou-shoah.memorialdelas ... ition.html); la phrase que les auteurs placent dans la bouche d’une des religieuses, « N’ayez pas peur, mes chéris, on fera tout pour que vous retrouviez vos parents après guerre » fait écho au fait que certaines organisations catholiques, toutefois très minoritaires il faut le dire, ont convertis des enfants juifs alors sous leur protection et refusé de les rendre à leur famille après la guerre. Dans un cadre tout aussi tragique mais purement fictionnel, la fin de Tanis, hautement dramatique comme prévue, puisque celle-ci se retrouve seule après un cataclysme divin dont elle se sent responsable, face à l’animosité ou la protection de dieux ou de personnages divins (la scène n’et pas claire, qui peut se targuer de comprendre les dieux?). Les auteurices Denis Bajram, Valérie Mangin et Stéphane Perger ont réussi avec Les tombeaux d’Atlantis un premier tome plein de rebondissements, avec au final la destruction de tout ce qu’ils avaient posé, laissant les lecteurs comme leur héroïne dans un horizon expectatif infini. Quant aux enfants de L’île de Minuit, c’est à la trahison qu’ils doivent faire face, la séparation entre les clans étant graphiquement représentée par un pont de corde détruit.
Dans les autres séries, Berth dans Des gens et inversement présente dans les défis à relever une inédite ascension de l’Everest en slip (qui, si elle se popularisait, pourrait remédier à l’affluence nocive dans cette montagne), Tom dans Fish n chips fait découvrir par ses poissons un déchet qui « n’est pas pourri et sent bon, ça ne peut pas être les humains », Ced et Gorobei continuent à explorer la personnalité de papy roublard sous une apparence sénile de Gary C. Neel, le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet montre un abonné qui soigne jusqu’à sa boîte aux lettres qui doit accueillir son Spirou, et dans Dad flashbacks, Nob représente la famille enfin au complet, arrivée au stade où on la connaît, c’est donc le moment de faire une photo de famille.
Deux rubriques rédactionnelles. Bienvenue dans mon atelier avec Frantz Hofmann, parfois dit Ztnarf, auteur de Kahl et Pörth, de l’heroic fantasy humoristique, présents dans Spirou depuis dix ans mais peu réguliers, car l’auteur est aussi character designer de jeu mobile. Et En direct du futur annonce les 25 ans de Nelson sous l’angle du code hexadécimal (couleur du web) de son orange fluo.
Enfin le supplément abonné est un Stripbook (un petit livret à l’italienne) d’une nouvelle mésaventure de Grands Panards, ce Big Foot rêveur toujours autour du monde, en Asie centrale cette fois, où il déguste les spécialités locales, à la recherche de sa famille poilue,toujours en compagnie de la louve aux accents de Kitsune. L’auteur Colin Atthar prend son temps, comme son personnage (trois stripbooks en trois ans) pour narrer cette quête en (très) lointain écho de The autobiography of a mitroll de Bouzard.