Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

L'actualité du journal qui va avec la série

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heijingling
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Message par heijingling »

Numéro 4524 du 25/12/2024

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... n-palombie

C’est une idée bienveillante de refaire un spécial Noël, à pagination normale mais daté du 25 décembre, après le numéro double de début décembre qui reste en vente tout le mois. Retour donc des histoires complètes de Noël dans ce numéro, sous une intrigante couverture de Marko et Maëla représentant un nid de marsupilamis sous une tombée de neige et décoré comme un sapin de Noël. La réponse se trouve dans l’histoire de BeKa, Marko et Maëla intitulée Marsupilami - La nuit blanche. Les marsupilamis auraient pu y être remplacés par n’importe quel autre animal, car ils y ont pour seul rôle de fournir le prétexte au dessin de leur nid sous une chute de neige, mais ladite case est assez enchantée pour justifier leur présence. Les jeux de mots des noms et formules magiques sont bien trouvés, l’histoire est originale et charmante, même si le début avec l’influenceuse dans la jungle fait un peu forcé, et a manifestement inspiré le duo Marko au dessin et Maëla Cosson aux couleurs, pour une synergie plus joyeuse et libre que dans La brigade des souvenirs (il faut dire que le sujet s’y prête mieux). On retrouve encore Marko sous la forme du professeur Markopilami critiquant les personnages de Spoirou et Fantasperge qui « ne ressemblent à rien » dans La leçon de marge de Sti (de nouveau décalée de la page 12bis) et dans La leçon de BD où il est plus perspicace, donnant avec humour des conseils pertinents pour la planche qu’il commente. Un autre auteur se retrouve plusieurs fois, Tom, dans un Fish n chips de Noël à l’humour écologiste grinçant, et dans l’historiette en deux planches La lettre au Père Noël, dont l’optimisme et la foi en Noël et l’enfance insufflés par la Mère Noël à un Père Noël démoralisé n’aurait pas déparé un Spirou de la grande époque de la morale de la famille Dupuis. Enfin la dernière histoire courte du numéro est La défaite de Noël, trois pages du savoureux duo Véro Gally et Véro Cazot (couleurs de Grinette), dont le jeu de mots du titre dissimule une histoire très ingénieuse.

Une autre surprise du numéro est Psychotine, dont seule la dernière case est dessinée par Zimra, le reste l’étant par Bec, pour un changement radical de style voulu pour un gag clin d'œil (aux Dents de la mer), selon un procédé déjà utilisé par Midam et Clarke dans Kid Paddle par exemple. Rachel Zimra est par ailleurs l’invitée de Bienvenue dans mon atelier, où elle confirme la confluence du FB et du manga (et du comics, plus au niveau de la mise en page que du dessin) dans son style, courant dans sa génération, et de l’intérêt des gags en une page par rapport aux histoires longues (plus de spontanéité, et en même temps un investissement plus concentré). Dans Gary C. Neel, Ced et Gorobei continuent de développer la personnalité de hableur de leur héros, tandis que Brad Rock passe un réveillon en famille (très) élargie sous les tropiques, et que dans Dad flashbacks on assiste à l’emménagement de la famille dans le bel appartement qu’on lui connaît, trouvé par la mère de Panda.

Suite de Lucky Luke, dans un passage à l’opéra, avec dans le public des caricatures par Achdé de vedettes des années 70, destinées sans doute aux lecteurices de plus de 40 ans au minimum, et l’apprentissage de la stratégie politico-sociale par Lucky Luke grace à son ami sioux, plus aguerris que lui sur la question. Séquence morale dans Tanis, où les scénaristes Denis Bajram et Valérie Mangin  posent le problème de la corruption par le pouvoir et la richesse (sujet qu’affectionne Valérie Mangin, souvent posé dans sa série Alix Senator), avec le traitement hollywoodien par Stéphane Perger de la scène d’offrandes royales par l’ex-ennemi apparemment rallié (le roi Samudrasen, conquérant aryanas au nom d’origine sanskrite, comme celui des aryens), et plus largement une question essentielle, doit-on tout pardonner ? Final qui ne me déçoit pas pour Soda, dans une ambiguïté autorisant tous les fantasmes, les véritables organisateurs du projet « Resurrection », liés à ce qui semble bien pour les auteurs (Tome, repris par Zidrou et Falzar) être le complot du 11 septembre, restant dans l’ombre, insoupçonnés et impunis, la mort de Bab’s et la proposition de Soda de partir très loin avec sa mère laissant supposer la fin de la série, les ultimes cases vues par l’œil d’une caméra de surveillance pouvant elles tant faire penser à une suite éventuelle qu’au fait que le héros épuisé renonce à la lutte, laissant le mal poursuivre son œuvre. Quelle que soit l’option, fin de la série ou suite délibérément paranoïaque, on ne pourra plus revoir ce Soda dans Spirou, ce qui est dommage pour le dessin de Dan, aussi bon pour les explosions de violence organique ou mécanique que pour les ambiances oppressantes.

Pour finir, du marsupilami encore, la véritable vedette de ce numéro de Noël, dans L’édito avec un rébus des Fabrice, dans le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, où il figure en couverture du Spirou amené par la cheminée, dans En direct du futur où la présence de Dupuis et du Cirque Spirou à Angoulême (un vrai, ou est-ce une image pour décrire l’état d’esprit de la rédaction?) est illustrée par une photo de Spirou avec le Marsupilami, dans les Jeux de Thomas Priou et Maëlys intitulés Houbi en Palombie, avec les personnages du journal préparant Noël, et enfin dans le spectacle de danse du Strip dont vous êtes la star de Libon et Salma.

Enfin le supplément est un calendrier 2025 (en préparation du numéro de la semaine suivante suivante, spécial nouvel an) avec les héros de Spirou en combattants du feu, ou en boutefeux involontaires pour les Fabrice aussi destructeurs que Gaston Lagaffe, Les cavaliers de l’apocadispe, le Petit Spirou ou les Sœurs Grémillet, et un beau dessin en couleurs directes de Schwartz avec Spirou dans une reprise de la séquence de sauvetage en fantacoptère de Spirou et les héritiers (avec le dernier album remplaçant celui de la version originale dans les mains de l’enfant, et un environnement de buildings du Style International des années 50 les faubourgs bruxellois, symbole de la bruxellisation comme télescopage des époques des derniers Spirou?).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Numéro 4525 du 01/01/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ent-ou-pas

Qui est cet étrange personnage sur cette couverture de numéro spécial nouvel an portant costume de groom chic (pantalon fuseau noir et chaussures de cuir idem) dansant jusqu’au bout de la nuit sous une boule disco alors que Fantasio, le Marsupilami, Spip et le comte de Champignac sont tous affalés endormis après un réveillon copieusement fêté? On ne le saura pas, car l’histoire de Sti et Renaud Collin que cette illustration introduit est elle bien une mésaventure de Spirou et Fantasio, L'après-fêtes, ou une non-aventure comme son sous-titre l’indique, les héros et autres personnages ayant décidé de complètement se reposer, ce qui donne une amusante historiette avec Vito reconverti en livreur de pizzas relax ("Vito la vie zen") et Zantafio faisant tapisserie...Renaud Collin devient le spécialiste du "Spirou farniente" puisqu'il avait déjà réalisé la couverture du numéro 4426 avec Spirou en pantoufles dans un fauteuil. Une future nouvelle collection, pendant à "Spirou et Fantasio" et "Spirou et Fantasio classique"? Les autres histoires courtes et gags de ce numéro qui aurait plus pertinemment dû être appelé « spécial fêtes de fin d’année » (mais cette appelation n’est pas très séduisante) ont pour sujet tant Noël que le nouvel an. Presque toute la ville des Cavaliers de l’apocadispe, intoxiquée par des bûches de Noël à consommer avant mai 1972, se retrouve zombifiée, y compris Ludo et Jé, le seul de la bande à y échapper est Olive, car il croit être allergique aux bûches de Noël, mais il n’est pas sûr... Du bon Libon. 3 lutins est une amusante histoire de Ian Dairin, Del (alias Delphine Dairin) et Éloi sur des lutins oubliés dans une maison par le Père Noël. Floris mixe comme il sait si bien le faire deux histoires en une, son Capitaine Anchois, chargé du feu d’artifice du nouvel an chez un gouverneur d’une île, y mêle un concours de dégustation de palmiers de Noël. Léon et Léna ainsi que les personnages entourant Nelson (mais pas le diablotin lui-même) sont dans l’après Noël, et Psychotine, Willy Woob, Pernille, Gary C. Neel dans l’après fêtes : contrairement à Noël, le jour de l’an inspire peu les auteurs du magazine, puisque ce n'est pas de la fête mais surtout de ses lendemains qu’ils traitent, ou de ses résolutions, comme les Fabrice dans L’édito ou Tom dans Fish n chips, alors que Mouk dans ses Jeux également sur L’heure des bonnes résolutions des personnages du journal (dont le rédac’chef) ose un grafitti des plus régressifs (Spirou détourné en prout...). Le père de Crash Tex de Dab's et Gom confirme son statut de père au foyer avec une mère absente dans son lendemain de réveillon de jour de l’an, tandis que l’histoire de Dad flashbacks ne traite pas du thème du numéro mais de l’entrée dans l’adolescence d’Ondine. Paul Martin et Manu Boisteau réussissent eux une approche amusante du thème en combinant le naufrage imminent et le repas de réveillon par le jargon de Bruno, le maître d’hôtel de Titan Inc.

Dans les rubriques, un Tuto dessiné de Louca par Bruno Dequier proche du model-sheet, et Les BD de ma vie de Dan, assez exclusivement centrées sur Spirou et ses auteurs Franquin, Tome et Janry.

Achdé et Jul font un chapitre de Lucky Luke avec les Dalton au mieux de leur forme à la brasserie, et toujours autant d’humour référentiel, dont les remarques que les couleurs des vêtements de Lucky Luke auraient inspiré les couleurs d’un certain drapeau ou sur une certaine marque de bière prétendûment mexicaine, tandis que Lylian et Grébil creusent les dimensions fantastiques et science-fictionnesque de L’île de Minuit et Denis Bajram, Valérie Mangin et Stéphane Perger dans Tanis celles de l’ambiguïté des relations humaines et, Nil oblige, proposent un spectaculaire un combat à mains nues contre un crocodile géant.
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Message par heijingling »

Numéro 4526 du 08/01/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -de-spirou

Après le numéro 4491 dont la couverture nous plongeait en 1961 pour une histoire de Spirou classique, nous voici en 1943, avec bandeau titre d’époque, ainsi que la typographie et une impression sur papier jauni sur les 13 premières pages, pour introduire la deuxième partie de la série Les amis de Spirou, et encore une fois l’effet est réussi. Pour présenter cette histoire, une page de rappel sur ce qu’était Spirou en 1943, en particulier son importance et son succès : 152000 exemplaires par semaine en 1942, plus 44000 pour Robbedoes (Robbedoes n’existe plus depuis 2005, et la diffusion pour la France de Spirou en 2024 était de 37 559 https://www.acpm.fr/Support/spirou ), mais aussi l’attitude et les actions de résistance du rédacteur en chef officieux Jean Doisy, et la suppression de Spirou en septembre. « Pourquoi les nazis interdisent le journal de Spirou en 1943 ? » demande l’article, «  Plusieurs hypothèses circulent. » Comme souvent, la vérité est qu’il a dû y avoir une accumulation de raisons concomitantes, mais partir sur des phrases telles que « il se dit aussi que... » est certainement plus mystérieux que l’énoncé plat de faits. Comme si cela n’avait pas suffit d’attendre deux ans, Jean-David Morvan et David Evrad ne reprennent pas là où ils avaient interrompu l’épisode précédent, la scène angoissante où la jeune ADS Spirouette recevait un coup de poignard du jeune rexiste Poildur, mais pour entretenir plus sadiquement encore le suspense, ils ouvrent l’épisode sur une séquence dévoilant une arme secrète nazie et on ne saura pas encore cette semaine ce qu’il advient de Spirouette. Dès ce chapitre, la série équilibre bien aventure traditionnelle et didactisme, avec toutefois des clins d’œil trop ostensibles, affectant la fluidité de lecture (les gros plans sur la glacière M. Tillieux). Le dessin de David Evrad est dans la lignée franco-belge, avec des accents modernistes, comme l’encrage tremblé et les planches emplissant toute la page, ce qui est donc toujours le cas de trois des séries (à suivre) sur les quatre du numéro. Cela donne ici lieu à une créativité dans la mise en page, avec La malédiction de la page 13 de Sti (amusante sur ce « papier à l’ancienne qui gratte ») et une très bonne intervention de Lécroart sur le code secret des ADS devant se nicher dans les interstices de la marge. Les clés dudit code se trouvent dans le Supplément abonnés, une « carte d’identité de Amis de spirou », avec une parodie du code d’honneur des ADS, code d’honneur aussi chamboulé dans les Jeux de Joan et Annie Pastor, où « l’insupportable milice rexiste » en prend pour son grade. La thématique 1943 sur pages jaunies se complète avec un Kid Paddle et son père en as de l’aviation durant la guerre, l’appel de De Gaulle aux résistants en messages codés improbables dans L’édito des Fabrice et un test pour savoir si l’on est un véritable fan des Amis de Spirou, mêlant questions pointues sur la personnalité des auteurs, questions hautement morales dans la tradition ADS et loufoqueries.

Fin du Lucky Luke Un cow-boy sous pression, dans lequel l’humour référentiel omniprésent finit par construire un commentaire en basse continue à l’histoire elle-même, sur le thème de la lutte des classes, avec une première fin attendue mais nécessaire des Dalton voulant piller la caisse de grève et tombent sur une caisse remplie du Kapital de Marx, une deuxième en apothéose de jeux de mots sur les noms des Dalton et de Lucky Luke, et une ultime qui joue sur la fin emblématique de la série, le cow-boy dans le soleil couchant. Achdé, Jul et Mel Acryl’Ink ont réussi une très bonne cuvée, en équilibre entre l’aventure traditionnelle et le regard actualisé sur celle-ci. Amusante coïncidence, la planche de La leçon de BD est un clin d’œil très futé à Lucky Luke. Par contre, le commentaire de Laurel passe à côté de ce qui fait l’intérêt de cette planche comme de ses vraies faiblesses.
Suite de L’île de Minuit, après une longue mise en place de l’ambiance inquiétante, la menace se concrétise enfin avec la disparition d’une des protagonistes, tout en gardant le mystère sur ce qu’elle est vraiment, fantastique ou humaine. De grandes cases panoramiques rouge et or de Stéphane Perger illustrent les razzias qu’ont repris les Aryanas pour se procurer des esclaves, avec la permission de Tanis, victime de l’illusion de l’amour, et de l’hubris de son ami devenu dieu. Le couple de scénaristes Denis Bajram et Valérie Mangin est d’ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, parlant de la forte marque qu’ont imprimé sur eux (et pas qu’eux, sur des générations de lecteurs de Spirou) des séries comme Papyrus et Yoko Tsuno, par leur mélange de rigueur documentaire et de fantastique et leurs univers inédits à l'époque, et dont il faudra bien un jour songer à mettre en avant l'importance historique. Ils soulignent aussi l’importance pour eux des sagas comme l’exploration de l’espace, Conan (le barbare, pas le détective, quoique lui aussi s’inscrive dans la tradition du roman-fleuve) ou Goldorak, que Bajram a d’ailleurs repris pour un album avec une bande de copains.

Dans les gags et strips, Jilème et Sophie David consacrent ceux de Brad Rock à une voisine échappée d’un western qui canarde au gros sel tout ce qui ose s’approcher de sa propriété, Dav et Cyril Trichet mettent en scène dans Pernille un émule de Godzilla, Romain Pujol et Zimra une nouvelle version du requin du bocal d'Emmanuelle Eeckhout dans Psychotine (et passent en revue les animaux fantastiques faisant semble-t-il rêver les enfants d’aujourd’hui, de la licorne au singe devinant l’avenir), et Midam, Benz, Adam et Angèle des « gants au métomol » dans Game over. Dans les mers, après les demandes au père Noël, c’est au psy du bord que Paul Martin et Manu Boisteau font demander de l’aide par les passagers et membres d’équipage angoissés de Titan Inc., alors que Tom prolonge les résolutions de nouvel an dans Fish n chips. Gary C. Neel de Ced et Gorobei continue d’affirmer sa personnalité, avec la profonde assertion que « la charcuterie résout tous les problèmes » tandis que Tash et Trash de Dino renouent avec l’absurde philosophique et que Berth dans Des gens et inversement et le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet font des gags très drôles, tendance cynique absurde. Enfin, ce numéro se conclut sur un excellent Dad flashbacks de Nob, qui annonce l’arrivée de la dernière des filles, Bébérénice, où Panda prononce le « théorème de base que l’amour, ça ne se divise pas, ça se multiplie», et qui induit une réflexion sur le radical changement d’image des clowns dans notre société, sur lequel il y aurait long à dire.
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Message par heijingling »

Numéro 4527 du 15/01/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... marsu-club

Une prolifération d’intrigants marsupilamis sur la couverture pour la suite de Supermarsu, dont la publication dans Spirou en 2021 avait été accompagnée du gag de l’épidémie de palombisme, liée au savon Milbul, qui avait fini par contaminer tout le magazine. Mais cet étrange marsupilami moustachu n’est qu’un vendeur déguisé pour vendre ses colifichets marsus aux touristes, Batem et Colman reprenant ici la critique de Franquin de la société de consommation s’infiltrant dans toutes les régions du globe déjà dans les années 50, et ce Marsu Club s’ouvre sur une mémorable séquence dans un bar-commissariat que n’auraient renié ni Franquin ni Morris et Goscinny. Les auteurs ont doté de détails truculents aussi bien les planches urbaines que celles se passant dans la jungle (dont l’incontournable savon Milbul). Seul point obscur et troublant, l’entretien avec les auteurs est intitulé Desaparecido, pour parler de la disparition d’Hector, l’enfant ami des marsupilamis, mais je ne peux m’empêcher d’y entendre un écho des desaparecidos de la dictature argentine entre 1976 et 1983 ou ceux du franquisme. Peut-être est-ce voulu, Colman disant « mettre dans ses scénarios de discrets éléments sociologiques ou philosophiques ». Et politiques ?
On a donc un nouveau numéro spécial marsupilami, trois semaines après le précédent (4524) , ce que ne manquent pas de rappeler les Fabrice en refaisant le même genre d’édito (un rébus), ce que leur rappelle à son tour le rédac’chef. Les Jeux de Schmitt sont aussi sur le sujet, avec l’excellente et originale idée de reprendre la scène de la première case de la BD en zoomant légèrement et en changeant des détails pour les besoins des jeux, ainsi que le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, où est reproché au marsupilami une queue trop courte (une première ?), et En direct du futur, annonçant le tournage d’un nouveau film consacré au marsupilami, avec un entretien avec Ced, scénariste des histoires courtes du marsupilami, présent sur le tournage pour un rôle non expliqué...
Coïncidence, dans les trois autres séries (à suivre) les personnage sont confrontés au Mal et à l’attitude que l’on peut prendre devant lui, le nazisme dans Les amis de Spirou, un dieu automate qui menace de tuer tous les enfants dans L’île de Minuit, et les Aryanas assoiffés de domination et dont le chef tue le propre père adoptif de Tanis, l’intérêt ici étant que dans ces trois séries ce sont des enfants ou des adolescents qui sont forcés d’y faire face, avec trois réponses différentes. Les ADS continuent à s’y opposer bien sûr, dans une séquence encore tout en action, avec toujours des références parasitant un peu le récit (encore le savon Milbul, quelque peu déplacé), et une mise en page ingénieuse de David Evrad, avec des petites cases superposées sur les premières et dernières grandes cases de planches en en reprenant un détail, astucieux renouvellement du suspense en fin de page ou de l’introduction in media res. Les protagonistes de L’île de Minuit n’ont pas vraiment d’autre choix que d’obtempérer, au moins temporairement, pour retrouver leur amie disparue, ce qui ne les empêche pas de commencer à la rechercher par leur propres moyens à l’insu du dieu automate, avec une scène dans un canyon où soufflent des vents tempestueux. Enfin, dans Tanis, c’est l’impétuosité et l’aveuglement volontaire de celle-ci face au mal séduisant qui provoque la mort de son père adoptif, de son plus proche ami, l’esclavage de son peuple et la destruction de son village. Vu que l’on en est à l’avant dernier chapitre, cela nous promet un grand suspense pour la fin de l’épisode.

Plusieurs sujets de gags reviennent régulièrement dans Kid Paddle, cette semaine, Midam, Patelin , Dairin et Angèle reprennent celui de sa série d’affiches lacérées pour créer un nouveau message, qu’on pourrait appeler le motif Hains-Villeglé...
Depuis quelques strips, des adultes dans Léon et Léna réagissent aux bêtises des garnements en organisant une milice d’auto-défense, ce qui crée des dissensions, et par cela les auteurices Damien Cerq , Clémence Perrault et Ludwig Alizon ont étoffé les relations entre les personnages et donnent à leur série une dimension plus intéressante que des gags de chenapans qui devenaient assez répétitifs. Paul Martin et Manu Boisteau continuent eux à enrichir la gallerie de personnages de Titan Inc. avec le margoulin Jojo la ferraille, et dans Dad flashbacks nous assistons à l’arrivée de Bébérénice, annoncée dans le gag précédent où Dad avait rencontré un bébé parmi des réfugiés, une enfant adoptée donc, ce qui explique que l’on ne connaisse pas sa mère. Ceci dit, dans le monde réel, en France, il serait hautement improbable qu’un père célibataire intermittent du spectacle ait le droit d’adopter un enfant. Mais la mise en scène de Nob fait bien ressentir le bel accueil de Bébérénice et le bonheur qu’elle trouvera dans cette famille recomposée, comme quoi la fiction peut parfois être plus réaliste que le monde dit réel.

Dans les rubriques, Romain Pujol, dessinateur, et dans Spirou scénariste de Psychotine et de certains Kid Paddle, révèle dans Les BD de ma vie que Tebo, l’auteur dont il est fan absolu, est l’un des seuls avec lequel il n’ait pas encore travaillé. Spirou et moi est consacré à l’auteur québecois Denis Rodier, qui parle de son style hybride, entre comics et franco-belge. Ayant beaucoup encré pour DC et Marvel, il dessine dans sa demi planche des personnages à base FB et au traitement (ombres, trames) comics. Il souligne que dans les années 70, « habitant au Québec, il était au mauvais endroit pour faire de la bande dessinée, puisque tout se passait soit aux USA soit en Europe» , et qu’ainsi « jamais un Québecois ne pourrait un jour dessiner Gaston... » La situation a passablement changé, le Japon a depuis été découvert comme autre territoire de BD, et des auteurs québecois sont connus et reconnus en Europe, y compris dans Spirou, où ils ont dans une certaine mesure remplacé, pour les auteurs non d’origine belge ou française, les Espagnols que l’on y trouvait dans les années 60-70. Une publicité pour la sympathique série jeunesse Molly Wind, de Toni Galmès et Catalina Gonzàles Vilar, rappelle que ceux-ci, s’ils ne sont plus dans le journal, sont dorénavant bien présents chez les grands éditeurs FB, dans tous les genres, y compris chez Dupuis, éditeur du webtoon au succès phénoménal Hooky, de Míriam Bonastre Tur. Enfin, une autre publicité, par Olivier Deloye, collaborateur (très) occasionnel de Spirou, est pour le festival d’Angoulême, plus spécifiquement l’aspect familial des BD fantastiques, avec des personnages de séries telles que Petit vampire, Donjon, Sardine de l’espace, mais aussi Ariol et Ralph Azam.
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Numéro 4528 du 22/01/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... nouvel-ami

Outre son œuvre de dessinateur de BD, je suis très friand du talent d’illustrateur et de coloriste de Libon, et c’est un plaisir de le retrouver en couverture de Spirou pour « Les cavaliers de l’apocadispe ont un nouvel ami », où il utilise une même méthode que pour sa narration et son humour, la brusque juxtaposition des contraires : le dynamisme de la fuite de Ludo et Jé devant le statisme d’Olive, le vert pastel de l’herbe et des feuilles devant le jaune presque fluo du ciel, et cela se retrouve même dans son encrage qui va du très épais à l’à peine esquissé, et bien sûr dans l’hilarante histoire courte de cette semaine, avec un chien féroce d’aspect et d’attitude et « bon gros pépère » dans ses actes. La page de présentation de l’histoire est à l’avenant, les personnages tour à tour approuvant et se révoltant devant le descriptif que Libon fait d’eux. Les cavaliers inspirent Sti, qui décale malicieusement La malédiction de la page 13 pour en faire la malédiction de Libon, ainsi que les Fabrice qui dans leur Édito se font battre à plate couture par leurs jeunes rivaux en gaffes, et les Jeux de Tyst qui met en scène, outre les cavaliers, les autres personnages animaux et apparentés (Nelson, Raowl) du journal. Et toujours dans le registre de l’imagination délirante, Floris procure un Tuto dessiné de capitaine Anchois qui ne sera pas d’une grande utilité graphique, mais permet de pénétrer les arcanes de l’esprit de son auteur. Tuto encore, mais pour la cuisine, dans Kid Paddle de Midam, Patelin, Dairin et Angèle. Les Fabrice proposent un tuto sans en dire le nom, Floris l’utilise mais pour le détourner, et les auteurices de Kid Paddle en proposent la version mediatique courante, trois approches différentes de l’un des gadgets sociaux les plus influents actuellement.

Parfois se trouve dans le coin supérieur droit de la couverture une vignette d’un personnage du journal autre que celui auquel est consacrée la couverture, personnage en général connu, mis là pour attirer l’œil du lecteur occasionnel. Cette semaine, c’est le Marsupilami, vedette à part entière, avec sa propre série, avec un joli deuxième chapitre entièrement muet de Marsu club de Colman, Batem et Cerise, où, perdu, il se remet difficilement de la disparition de son ami Hector, mais également  vedette invitée, en couverture du deuxième album des Amis de Spirou visible dans une publicité, tant est grande sa notoriété. Dans le troisième chapitre en parution de cet album des Amis de Spirou, Morvan, David Evrad et BenBK entrent plus avant dans la dimension historique et sociale, avec d’une part les mineurs résistants du célèbre (pour les spiroutistes) charbonnage du Bois du Cazier à Charleroi (auquel Sergio Salma à consacré deux ouvrages, Marcinelle 1956 https://www.leboisducazier.be/boutique/ ... elle-1956/ et Pays noir https://www.lecho.be/culture/litteratur ... 20126.html) et d’autre part les bonnes sœurs aidant, par l’entremise de Jean Doisy et de Suzanne Moons, dite Brigitte, et de son fils André Moons, qui font vivre le Théâtre du Farfadet, à sauver des enfants juifs ( https://expo-spirou-shoah.memorialdelas ... ition.html); la phrase que les auteurs placent dans la bouche d’une des religieuses, « N’ayez pas peur, mes chéris, on fera tout pour que vous retrouviez vos parents après guerre » fait écho au fait que certaines organisations catholiques, toutefois très minoritaires il faut le dire, ont convertis des enfants juifs alors sous leur protection et refusé de les rendre à leur famille après la guerre. Dans un cadre tout aussi tragique mais purement fictionnel, la fin de Tanis, hautement dramatique comme prévue, puisque celle-ci se retrouve seule après un cataclysme divin dont elle se sent responsable, face à l’animosité ou la protection de dieux ou de personnages divins (la scène n’et pas claire, qui peut se targuer de comprendre les dieux?). Les auteurices Denis Bajram, Valérie Mangin et Stéphane Perger ont réussi avec Les tombeaux d’Atlantis un premier tome plein de rebondissements, avec au final la destruction de tout ce qu’ils avaient posé, laissant les lecteurs comme leur héroïne dans un horizon expectatif infini. Quant aux enfants de L’île de Minuit, c’est à la trahison qu’ils doivent faire face, la séparation entre les clans étant graphiquement représentée par un pont de corde détruit.

Dans les autres séries, Berth dans Des gens et inversement présente dans les défis à relever une inédite ascension de l’Everest en slip (qui, si elle se popularisait, pourrait remédier à l’affluence nocive dans cette montagne), Tom dans Fish n chips fait découvrir par ses poissons un déchet qui « n’est pas pourri et sent bon, ça ne peut pas être les humains », Ced et Gorobei continuent à explorer la personnalité de papy roublard sous une apparence sénile de Gary C. Neel, le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet montre un abonné qui soigne jusqu’à sa boîte aux lettres qui doit accueillir son Spirou, et dans Dad flashbacks, Nob représente la famille enfin au complet, arrivée au stade où on la connaît, c’est donc le moment de faire une photo de famille.

Deux rubriques rédactionnelles. Bienvenue dans mon atelier avec Frantz Hofmann, parfois dit Ztnarf, auteur de Kahl et Pörth, de l’heroic fantasy humoristique, présents dans Spirou depuis dix ans mais peu réguliers, car l’auteur est aussi character designer de jeu mobile. Et En direct du futur annonce les 25 ans de Nelson sous l’angle du code hexadécimal (couleur du web) de son orange fluo.

Enfin le supplément abonné est un Stripbook (un petit livret à l’italienne) d’une nouvelle mésaventure de Grands Panards, ce Big Foot rêveur toujours autour du monde, en Asie centrale cette fois, où il déguste les spécialités locales, à la recherche de sa famille poilue,toujours en compagnie de la louve aux accents de Kitsune. L’auteur Colin Atthar prend son temps, comme son personnage (trois stripbooks en trois ans) pour narrer cette quête en (très) lointain écho de The autobiography of a mitroll de Bouzard.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4529 du 29/01/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ans-tresor

Jolie couverture avec un angle qui renouvelle le point de vue de la chasse au trésor sous-marin dans l’épave infestée de requins. Pauline de la Provôté prouve ainsi ce qu’elle énonce dans la présentation de cette troisième partie et fin de cycle de Trésor, son gain d’expérience depuis le premier tome. Son dessin est toujours aussi agréable, même si pas sorti de l’air du temps graphique : ainsi le dessin de Gyom dans les Jeux ressemble au sien à s’y méprendre, par exemple dans le traitement des contours et de l’ombrage. La suite de L’île de Minuit de Lylian et Grébil est un tourment émotionnel et/ou physique pour les personnages, après le choc de la semaine précédente. Émotion aussi dans la suite des Amis de Spirou, mais ici le groupe reste soudé, alors qu’il a éclaté dans L’île de Minuit, les auteurs Morvan, Evrard et BenBK se situant plus dans l’aventure classique, avec des personnages moins caractérisés par leur psychologie, ce qui ne les empêche pas de développer une personnalité, de façon intéressante, à travers leur vision du héros de Spirou auquel ils s’identifient et qu’ils utilisent comme pseudonyme, Spip et « sa souplesse », Valhardi et « son courage, sa force et sa droiture », Fantasio et « sa poésie et sa fantaisie », Tif et Tondu  et leur « flair infaillible ». Enfin, dans Marsu Club, on découvre qui était le personnage mystérieux qui taquinait le marsupilami, et également que le Petit Spirou est une vedette en Palombie au point d’avoir sa statue sur une place de Chiquito... Mais même sans lui, les quatre séries (à suivre) de ce numéro ont pour personnage principaux des enfants (vu le rôle qu’ont les enfants marsupilamis comme humains). Étant donné que de plus la vignette en coin de couverture annonce le 900è gag du petit barbare de Game over, que les séries de gags comprennent Kid Paddle, Otaku, Léon et Léna, Pernille, Crash Tex, soit que des enfants, que les deux publicités du numéro sont pour Tanis (une héroïne adolescente) et La forêt d’Oreka, les aventures d’une petite fille, que En direct du futur annonce le retour de Frnck, également un jeune ado, et enfin que le vieillard du magazine, Gary C. Neel, se comporte en gamin, Spirou prend vraiment cette semaine un coup de jeune. Jeunes qu’il faut divertir, mais aussi éduquer, comme le disent dans leur Édito les Fabrice en proposant une énigme, « à un moment, il faut tirer le lecteur vers le haut... »

Dans les autres gags, parallèlement, Nob fait grandir ses personnages : comme le laissait supposer la dernière histoire avec la photo de famille, l’arc Dad flashbacks s'est terminé avec toutes les filles qui semblaient arrivées à leur âge actuel, toutefois Nob nous a réservé une surprise avec le retour à la série courante, dans laquelle le temps a aussi passé : Bébérénice n’est plus un bébé mais une petite fille qui entre à l’école. Un excellent Captaine AnchoisFloris, par une implacable logique narrative, fait se rencontrer trois points de vue et trois types de personnages radicalement différents sur le thème incongru du vertige chez des pirates dans une chasse au trésor...On y voit aussi la force d’images qui sont devenues iconiques : il suffit de représenter un gros gaulois moustachu pour faire penser à Obélix, quel que soit le contexte. Autre rappels, certainement volontaires eux, des clins d’œils donc, le ver des sables de Dune dans Pernille, ou le psy nommé docteur Phil Bad dans Titan Inc.. Lécroart dans ses Fifiches du Proprofesseur et Berth dans Des gens et inversement font des gags sur le réchauffement climatique, Tom dans Fish n chips un gag féministe, Dino dans Tash et Trash un bon gag visuel lunatique, et Marko dans La leçon de BD donne des conseils sur la représentation graphique des enfants par rapport aux adultes (vaste sujet), et fait lui un rappel du petit Nicolas de Sempé. Enfin Bercovici, depuis l’arrêt des Femmes en blanc en 2021, ne se consacre plus dans Spirou qu’au dessin d’annonce de la semaine prochaine, a fait Le coach pendant deux ans, (amusant mais qui ne pouvait durer que le temps d’enquiquiner chaque auteur du journal), et depuis 2023 le (relativement) informatif 3 infos 2 vraies 1 fausse (avec cette semaine un écureuil qui rappelle immanquablement Spip, une icône plus locale qu’Obélix). Il semble s’être spécialisé pour le moment dans l’éducatif amusant, ou la relecture historique, puisqu’il publie aux Arênes la série l’Incroyable histoire (de la médecine à la mythologie en passant par le moyen-âge), pour lui comme un air de retour aux sources de son premier album, Les grandes amours contrariées, déjà sur ce thème, en 1982 .

Enfin , dans le rédactionnel, Pascal Jousselin dans Les BD de ma vie ne parle à priori que d’auteurs et séries connus ou de proches (de Alan Moore à Lucky Luke ou les Fabrice) mais, en auteur de Imbattable, ne déçoit pas et arrive à glisser par un gag aussi bien les grands fondateurs comme Winsor McCay, Will Eisner ou Jean-Claude Forest que de moins grands publics ou moins connus en France mais importants comme Mizuki Shigeru , Rutu Modan ou Adrian Tomine.
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Numéro 4530 du 05/02/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -deux-vols

La couverture annonce une histoire courte du lieutenant Bertillon, qui au vu des personnages patibulaires le surveillant, est de l’espionnage dans un aéroport, lieu propice. L’histoire est intéressante par son absence de dialogues, juste quelques parcimonieuses bulles de personnages parlant au téléphone ou pensant pour eux-mêmes, et donc basée uniquement sur la gestuelle des personnages, et au final on se trouve à mi-chemin entre une parodie d’espionnage et de l’absurde, avec un iguane surgit de nulle part. Cette histoire quasi muette est l’occasion d’une nouvelle rubrique, L’arrière-boutique, où Damien Perez recueille les explications des auteurices, Cyrille Pomès, Carine Barth et Drac sur leur mise en scène. Mais il y manque la réponse à un truc qui m’intrigue : les caractères chinois des touristes sont correctement reproduits, alors que ceux figurant sur le maneki neko (le chat attirant la fortune) ne sont que des gribouillis...Pour compléter le thème de la semaine, une publicité pour les deux premiers albums du lieutenant Bertillon, avec la couverture où il se trouve dans les glaces, Bertillon, un Édito où les Fabrice se déguisent en lieutenant Columbo, un autre inspecteur lunaire, des jeux de Joan et Annie Pastor, enfin une Malédiction de la page treize de Sti, dans un running gag où, après avoir la semaine précédente proposé de renommer Trésor quatorzor, Bertillon se retrouve en Bertillonze, douze, treize, et jusqu’au Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet qui parodie une enquête policière. Et outre la mésaventure de Bertillon, ce numéro de Spirou renferme un autre mystère, dû aux multiples contraintes des conditions de publication : le Game over numéro 899 paraît une semaine après le 900…

Quatrième chapitre de Marsu Club, dans lequel Colman, Batem et Cerise contrastent l’humain devenu marsupilami et le marsupilami, qui apparaît ainsi comme une vraie bête sauvage, avec des nécessités bien éloignées de celles des humains. Le Marsupilami se retrouve également dans le supplément abonnés, un livret L’homme qui n’a jamais vu le Marsupilami de Jacques Lerouge, dont la luxuriance du dessin se trouve un peu contrainte dans ce petit format mais s’exprime par le scénario de Levert pour laquelle la prolifération amazonienne convient au mieux. Suite de Trésor, où le scénariste Jean-Baptiste Saurel fait se confronter les personnalités des personnages avec un humour délirant de la part du plus petit de la bande (un clin d’œil au dessin animé Pompoko d’Isao Takahata) et une séquence sensible avec une inversion des rôles entre certains enfants matures et un adulte qui regrette l’enfance. Si le dessin de Pauline de la Provôté est un peu impersonnel, avec des expressions tendant à l’outrance manga, sa mise en page et en scène est juste, recourant selon les nécessités de l’histoire au gaufrier ou au contraire en jouant de la forme et de l’imbrication des cases, sans gratuité ou esbrouffe. Les Amis de Spirou continue dans la veine sociale, montrant des bidonvilles à Charleroi (qui n’ont disparu de France qu’au milieu des années 70 – pour réapparaitre dans les années 90) et documentaire avec un extrait, adapté au contexte belge, de La complainte du partisan de Emmanuel d'Astier de La Vigerie et Anna Marly. Enfin, fin du volumineux (70 pages) tome 1 de L’île de Minuit de Lylian et Grébil, qui laisse le groupe initial de personnages pour faire apparaître des problèmes dans le groupe rival des enfants adorateurs d’un culte. Le dessin de Grébil, proche de celui de de la Provôté, avec une base FB plus évidente, et son absence de délimitation des cases adoucissent beaucoup la violence de l’histoire.

Dans les gags, Paul Martin et Manu Boisteau reviennent dans Titan Inc. sur les manipulations de la société du spectacle intégrée à l’entreprise, et Nob revient sur Dad acteur raté jaloux de son chien plus populaire que lui.

Puis, dans le rédactionnel, Bienvenue dans mon atelier est consacré à Stéphane Perger, dessinateur de Tanis, qui parle de la forte influence des comics sur son style, en particulier l’éclatement de la mise en page, ainsi que de l’apport de travailler avec un scénariste également dessinateur, Denis Bajram, qui est qualifié de « directeur artistique » (encore un des liens revendiqués entre cette série et Hollywood). Spirou et moi est celui de Lou Lubie, une jeune autrice qui traite de la relecture sous les angles de l’identité de genre et d’origine, le titre de son Et à la fin ils meurent donne d'ailleurs le ton sur lequel elle aborde l’origine des contes (intéressant, quoi qu’un peu biaisé par un militatisme indispensable néanmoins pour un tel livre), et dans Spirou elle ne semblait s’intéresser qu’aux personnages féminins (exit Les tuniques bleues). Enfin , En direct du futur parle de « l’envoyé spécial » Renaud Collin sur le tournage du film Natacha, ce trois semaine après un reportage sur le film du marsupilami, Spirou prend goût au grand écran.
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Message par heijingling »

Numéro 4531 du 12/02/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... t-possible

Un spécial Saint-Valentin, sous une bien appropriée couverture d’Aurélie Guarino, en rose et mauve acidulés, avec un Fantasio réminiscent des Parapluies de Cherbourg sous une pluie de cœurs, mais la justesse de sa pose, de la composition et des coloris évite à l’ensemble la mièvrerie kitsch que cette simple description pourrait faire craindre. La jolie histoire courte, intitulée Le parapluie, est de la SF romantique, montrant ce qu’aurait été la vie de Fantasio s’il n’avait pas suivi la vie d’aventures de Spirou. Mais comme j’ai l’esprit mal tourné, je ne peux m’empêcher d’y voir une pique du scénariste Olivier Bocquet envers un Spirou héros dépassé éternel célibataire, alors que son Frnck connaît des aventures extraordinaires qui ne l’empèchent pas d’y trouver l’amour. Les Fabrice parodient dans leur Édito un jeu de l’amour télévisé, la Pause-cartoon et le Bon d’abonnement proposent de bons gags sur le sujet, d’humour absurde (Des gens et inversement, de Berth, Tash et Trash de Dino), sociétal (Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart), et même romantique (le Bon d’abonnement, de Cromheecke et Thiriet). Mais surtout, Ced et Gorobei lancent leur Gary C. Neel dans une histoire courte où peut pleinement se déployer sa personnalité débilo-romanesque, et tentent même d'y glisser de l'éducatif, au grand dam de leur héros, et Frédéric Antoine et Yohann Morin ont réalisé des Jeux aussi imaginatifs qu’amusants, et encore éducatifs, avec Anne et François du Royaume rejouant Carmen (avec l’agent 212 en invité), Pandora de Dad commentant le Baiser de Klimt, et autres Spirou, Fantasio, Seccotine et le comte de Champignac dans le rôle des Beatles interprétant All you need is love...Occasion manquée, le Tuto dessiné de Laudec représente Cédric seul, alors que dans les jeux lui et Chen apparaissent sous la forme de Roméo et Juliette.
Enfin, coïncidence, dans l’épisode de ce numéro de Marsu club, Batem et Colman ont recréé la fameuse scène de séduction (involontaire) du Nid des Marsupilamis : « C’est...c’est vraiment comme ça qu’il t’a séduite ??? » demande, incrédule devant ce déploiement de rage, Hector à la marsupilamie. Scène précédée d’une séquence surréaliste d’un aéroport envahi d’animaux par cause d’un « attentat terroriste causé par un lapin géant autrichien », qui aurait dû donner lieu à des gags visuels sans fin.
Suite des Amis de Spirou, où la mise en page de David Evrard avec des cases en exergue reprenant des détails de cases proches est toujours inventive, et où arrive la rencontre des ADS avec Jean Doisy, dans l’ombre sur plusieurs cases, suspense basique qui signe la destination de cette série vers les plus jeunes, la séquence didactique qui débute ensuite s’adressant elle à tous. Suite enfin de Trésor, autre série jeunesse, qui renouvelle avec humour le passage obligé de la découverte du passage secret lors de la quête d’un trésor sur une île abritant les ruines d’une civilisation disparue.

Dans Dad, Panda a bien grandi, et s’affirme dans son rôle de manageuse de Mouf, la chienne influenceuses qui a tant de followers qu’elle peut en payer le loyer. Dans le rédactionnel, Bienvenue dans mon atelier est consacré à Adam, présenté comme le dessinateur de Game over (« à l’ancienne, attaché au côté sensuel du papier et du crayon »), Midam en étant le maître d’œuvre, et un article annonce le décès de Michetz, qui parle autant du personnage qu’il était dans la vie et dans la série le gang Mazda, qui mettait en scène un atelier de dessinateurs, publiée dans Spirou entre 1987 et 1996, que de l’auteur de Kogaratsu, le second grand héros japonais de Spirou, bien avant la vague manga actuelle, qui se retrouve dans deux publicités, une pour Fils du tonnerre, de Kenny Ruiz, Kid Toussaint et Noiry au Lombard, mélant mythologie occidentale et esthétique shonen manga, et l’autre pour Hooky, la version album chez Dupuis du phénomène commercial webcomic jeunesse de l’autrice espagnole Míriam Bonastre Tur, à l’esthétique des personnages shōjo manga des années 70.
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Numéro 4532 du 19/02/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... s-le-futur

À la suite d’un accident temporel suivant une incroyable gaffe du diablotin Nelson, remplir l’enfer de pop-corns, celui-ci n’a plus sa propre série mais se retrouve à devoir comme punition enquiquiner les personnages de toutes les séries de Spirou. L’argument de ce numéro intitulé Relou vers le futur est bien trouvé, mais tourne un peu court. Certes, il s’agit de montrer l’incapacité de Nelson à ne serait-ce qu’entrer dans les autres séries, mais son intervention se limite à des commentaires épars dans les hauts d’une douzaine de pages, et les seules séries où il intervient vraiment est dans un strip de Brad Rock, de Jilème et Sophie David, et Psychotine, où Romain Pujol et Zimra le font échouer à tourner leur héroïne en victime puisqu’elle le prend pour un doudou. On est bien loin du fantastique piratage que les Fabrice avaient fait, avec toute l’équipe, dans le 4401 en 2022. Paradoxalement, ce sont les Fabrice qui piratent Nelson en projetant leur Édito au dessus de la première page de l’histoire courte de Bertschy. Restent quelques commentaires amusants, dont Yoko Tsuno, représentée par Bertschy, argumentant que Nelson ne collerait pas avec son univers, ce qui est une évidence, leurs démons n’ayant rien en commun. Les Jeux de Rich ! sont sur Nelson en enfer (avec un amusant labyrinthe en papier toilettes référenciel), enfer aussi pour Des gens et inversement de Berth, par contre les pages de Kid Paddle, Pernille, La leçon de BD de Marko, Game over et Dad sont exemptes du diablotin. Nouveau personnage dans Titan Inc., un inspecteur des impôts venant faire un contrôle fiscal : le navire de Paul Martin et Manu Boisteau navigue entre l’existence propre et, comme cette semaine, l’allégorie. Allégorie peut-être aussi dans Dad (avec une pique auto-ironique de Nob sur Roxane qui subirait une mauvaise influence de la lecture de mangas), où ce gag le montrant incapable de réussir au-delà du quotidien symboliserait son incapacité à se transcender comme acteur ? Enfin, un délirant capitaine Anchois de Floris, avec un bourreau gastronome (cela me rappelle un personnage…).

Dans Trésor, Jean-Baptiste Saurel, Pauline de la Provôté et Charlotte Cousquer revendiquent leur influence par les mangas et les animes en présentant dans des cartouches les équipes que forment les personnages pour passer différentes épreuves. Japon encore dans le Supplément abonnés, un carnet de voyage de Thomas Bonis gentil, passionné, assez impersonnel : rien n’est dit sur le pourquoi de cette passion pour le Japon, l’enthousiasme apparaît donc gratuit, et de plus est sans recul et sans humour (à la différence du carnet de voyage de Trondheim au Japon), et excluant (plein de name- dropping en japonais). Manque d’info cruciale aussi dans Bienvenue dans mon atelier sur Nicolas Grebil, dessinateur de L’île de Minuit, présenté comme tard venu à la BD malgré sa passion depuis toujours et sa solide expérience de dessinateur, mais justement, quel genre de dessinateur ? Un épisode cahotique des Amis de Spirou, mais intéressant à ce titre , puisque Morvan, David Evrard et BenBK le font débuter avec la suite de la séquence didactique sur la création du journal, la mise en scène de l’ignorance quant à celui qui aurait trouvé le nom de Spirou, et ce que serait l’esprit Spirou, celui-ci immédiatement mis à mal dans une inversion des valeurs, avec des ADS pratiquant la torture et l’histoire tragique de Poildur et sa rédemption. Quant à l’avant dernier épisode de Marsu club, Colman, Batem et Cerise y refont jouer, sur le mode parodique, la séquence de séduction de la semaine précédente par Hector, le jeune garçon transformé en marsupilami manqué, et les essais de son retour à une forme humaine, en successions d’étapes où il se métamorphose en différentes chimères qui rappellent un gag apprécié de Peyo puisqu’il l’avait utilisé tant dans Le sortilège de Maltrochu qu'en version plus élaborée, grâce à Wasterlain, dans La soupe aux Schtroumpfs.
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Numéro 4533 du 26/02/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... erson-year

Ce n’est pas la première fois qu’une couverture de Spirou reprend graphiquement celle d’un autre magazine, mais pour ce numéro, le faux « Temps », avec sa Person of the year, Frnck, est plaqué sur un Spirou légèrement décalé, comme s’il écrasait celui-ci, ce qui est pertinent étant donné qu’elle illustre le début du 10e tome de Frnck, dont le premier chapitre est une satire du pouvoir et de l’artificialité des médias, et de la difficulté d’y échapper. Cette séquence est une bonne idée scénaristique pour plonger les lecteurices directement dans l’intrigue (la disparition d’un couteau, « l’objet impossible » qui donne son nom à cette nouvelle hisoire) tout en expliquant de façon amusante que 10 ans ont passé depuis le retour de Frnck et ses amis de la préhistoire, et leur notoriété acquise dans le temps présent. Les auteurs Olivier Bocquet et Brice Cossu présentent d’ailleurs un portrait robot vérité de leur personnage pour enfoncer le clou de la critique de la peopolisation ( en partie ici https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... n-de-frnck ). Les Fabrice dans leur Édito sur la préhistoire jouent la nonchalance inconsciente, et Sandrine Greff a profité de l’agitation qui les entoure pour jouer de contrastes de couleurs. Le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet est aussi sur la préhistoire, spécifiquement sur la malheureuse disparition des immenses dinosaures, ainsi que les Jeux de Gyom, avec tous les personnages enfants (et apparentés, les Fabrice y étant aussi) du journal dans un Dino park, quant à Spoirou et Fantasperge de Sti, ils proposent dans les marges une série dérivée de Frnck où les gens ne diraient que les voyelles... Spirou est le seul magazine à faire coexister dans ses pages de tels sommets d’humour débile et des séries compassées, c’est un trésor à préserver.

Une nouvelle série commence, mais deux se terminent, Marsu club, au bout de 54 pages, et Les amis de Spirou, 72 pages. Même les séries classiques enfantines de Dupuis ne paraissent dorénavant plus sous la forme du 48cc. (À suivre) quel changement de fond ce changement de forme induit-il...Retour à la civilisation pour Hector, sa retransformation en humain longuement mise en scène, alors que le passage avec les animaux échappés envahissant la ville, qui aurait pu donner moult gags et interprétations de la part de Colman, Batem et Cerise, s’est lui terminé en queue de poisson. Étrange fin de même pour cette deuxième partie des Amis de Spirou, Morvan, David Evrard et Benbk y consacrant les dernières pages à un marsupilami, entrevu les semaines précédentes, qui arrive telle une apparition pour sauver les ADS des nazis, à l’insue de tous (ou presque), un marsupilami ami des animaux (le vieux cheval de mine) et qui serait donc une arme secrète que les nazis auraient été chercher en Palombie. Entre ceci, et Poildur, que l’on pensait réhabilité mais qui ne suit finalement pas les ADS, les auteurs lancent de faux espoirs (du moins pour le moment) et ajoutent une dimension mythique quelque peu déconcertante à une histoire dont le lien entre l’historique et le fictionnel fait déjà parfois forcé. À voir comment les auteurs établiront l’équilibre pour la suite. Et coïncidence, cela fait deux histoires qui se terminent dans ce même numéro sur une famille de marsupilamis, une famille entière dans son nid pour Marsu club, et ce qui se révèle finalement être une marsupilamie dans Les amis de Spirou, puisqu’on la voit avec des œufs. ..Dans ce cinquième chapitre très réussi de Trésor, Jean-Baptiste Saurel, Pauline de la Provôté et Charlotte Cousquer nous font suivre les épreuves des trois équipes par un montage parallèle qui utilise l’humour pour créer du suspense, et, nouvelle coïncidence, comme dans Frnck, on y montre et parle d’un slip ridicule.

Dans les gags, Kid Paddle délaisse pour une fois la salle de jeux, de cinéma et la maison pour se retrouver dans le parc d’un restaurant, par contre Titan Inc. se retrouve confronté aux jeux vidéos et Dad à l’intelligence artificielle. Les Otaku de Nena et Maria-Praz s’essaient une fois de plus à une forme inédite de cuisine japonaise, l’unique Capitaine Anchois de Floris parvient en une page à combiner King Kong et campagne électorale, et dans 3 infos 2 vraies 1 fausse, Bernstein, Bercovici et Dominique Thomas amènent un amusant avatar d’Obélix, par contre ils font une tentative d’humour mille fois vue et tartignolle sur l’art contemporain, et ont du retard en nommant le Carolina reaper le piment le plus fort du monde, on a fait mieux depuis https://www.youtube.com/watch?v=hUYtDA7j19c

Dans le rédactionnel, Lécroart, auteur d'une série vétérane du journal puisque ses Fifiches du Proprofesseur sont chaque semaine dans Spirou depuis 1996, présente les BD de sa vie, et outre les célèbrissimes attendus Gotlib et Gaston Lagaffe (ancêtres évidents de son Proprofesseur), il avoue un faible bien compréhensible pour le Grand Duduche de Cabu, Goossens, Bouzard, Libon, Anouk Ricard, ainsi que Jason Shiga pour l’invention narrative, Gary Larson et Antoine Marchalot, tous auteurs dont l’humour passe autant par la création graphique que verbale. Enfin, à la question «Une BD géniale trop peu connue ? », il répond « Une bande dessinée de Carole Lobel qui s'appelle En territoire ennemi. C'est étonnant que personne n'en parle, car elle est vraiment très bien. » Appréciation que je tempérerai par le fait qu’elle a tout de même obtenu le Prix Spécial du Jury du festival d’Angoulême 2025, https://www.lassociation.fr/catalogue/e ... re-ennemi/, et si le pseudonyme dissimule effectivement l’autrice dont le nom court, il peut en effet être très bon (et d’un humour cruel). Spirou et moi est consacré à Colin Atthar, auteur des strip-books Grands panards dans Spirou, ce qui n’est étonnament pas rappelé, alors que dans sa jolie demi planche il dit pouvoir se vanter de faire partie de l’équipe de Spirou, et il parle de sa part de Scrameustache et de Chaminou, qui peuvent être en partie à l’origine de ses personnages anthropomorphes. Enfin, En direct du futur annonce pour le 12 mars le retour des Sœurs Grémillet, la bonne série jeunesse d’Allesandro Barbucci et Giovanni Di Gregorio dans Le dragon d’or, et un dessin de Bercovici nous révèle que lorsque Natacha est hôtesse de l'air dans Spirou, elle ne peut l'être ailleurs...
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Numéro 4534 du 05/03/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... e-aventure

Un numéro spécial qui célèbre en couverture le retour de Natacha et y propose par la même occasion de « découvrir les coulisses du film NATACHA », ce qui se traduit dans le journal par dix pages sur la Natacha héroïne de BD et sept sur l’héroïne de cinéma. Walthéry fait une nouvelle adaptation, la troisième, d’une histoire de L’Épervier bleu de Sirius, sous le titre Chanson d’avril, et le titre original n’est cette fois pas précisé mais il s’agit de Les pirates de la stratosphère, paru dans Spirou en 1949 du numéro 565 au 660, soit sur 35 semaines. Les lecteurs de l’époque étaient plus patients que ceux de maintenant...On peut voir ici que Walthéry en a fait un remake assez fidèle, reprenant la plupart des dialogues et voix-off: https://alex002braun.wixsite.com/archives-spirou/f565 , en dehors de la séquence d’introduction pour laquelle Walthéry précise «Dans "Chanson d'avril", je me suis carrément représenté sous mes propres traits. Entre deux séquences de flash-back, vous verrez un passager de l'avion de Natacha venir réclamer des bières très régulièrement. C'est moi ! ». Autre clin d’œil du chaleureux dessinateur, un groom sur un transatlantique qui n’est autre que Spirou. On retrouve encore une fois le fameux sens de la plaisanterie de l’auteur liégeois dans son Tuto dessiné de Natacha, où il propose d’étranges formes de bases, comme un haricot, pour terminer par « Ne me croyez pas ! ...Mais essayez quand même ! »
Suivent un reportage photo et de micro interviews de Noémie Saglio, réalisatrice, et Camille Lou et Vincent Dedienne, acteurices du film (et deuxième incarnation d'un personnage de BD pour Camille Lou, après Tam de Cat's eyes), puis cinq pages de reportage dessiné de Renaud Collin sur le tournage du film, annoncé il y a quelques semaines. Il y joue le candide, et, étonnament, bien qu’il y montre un film composé au moins d’autant d’action que le début de la BD de Walthéry que l’on vient de lire, on n’a pas du tout l’impression d’être dans le même univers. Les moustaches de « Walter » et l’uniforme rouge et blanc de « Natacha » n’y sont sans doute pas pour rien…Les Jeux de Mouk, dans un aéroport, sont bien sûr consacrés à Natacha, ainsi que L’édito des Fabrice et le Supplément abonnés, des autocollants Natacha (de jolis dessins, datant de 1974 et 1978, dont la reproduction de la couverture du Spirou 2123 https://patribdanc.wixsite.com/archives ... -1978/2123) . Ces facétieux Cromheecke et Thiriet ont eux aussi représenté un avion dans leur Bon d’abonnement, mais c’est Buck Danny et non Natacha qu’y lit le parachutiste qui en saute...Enfin, c’est Bertrand Pissavy-Yvernault, le co-auteur, entre autres, de La véritable histoire de Spirou, qui répond aux questions dans Bienvenue dans son atelier consacré à Sirius, l’ami de Walthéry dont celui-ci a donc adapté plusieurs histoires de sa série L’Épervier bleu, grand auteur de Spirou bien oublié depuis son décès en 1997, auteur aussi bien de séries purement comiques, poétiques et fantasques (Bouldaldar et Colégram dans Spirou, Penterghast dans Le trombone illustré) que d’une série historique d’abord sérieuse et neutre puis de plus en plus critique et d’un humour acerbe, Timour, et de cet Épervier bleu qui, de pure série d’aventures, est devenue dans les années 70 très politisée, avec des histoires parlant des «troubles» en Irlande du nord ou de la résistance tibétaine (comme Aymone, de Renaud et Brouyère, la même année 1976, durant la décennie la plus politique, au sens classique, de Spirou). Il a été lauréat du Saint-Michel du meilleur dessin et meilleur scénario fantastique pour Pemberton (le cousin jumeau de Penterghast) en 1975.
Deuxième chapitre de Frnck, L’objet impossible, où l’on apprend ce qu’est cet objet, et ce que sont devenus les animaux préhistoriques revenus avec Frnck de la préhistoire. Un Dinozoorus, c’était attendu, mais la présentation en est plaisante. Chapitre 6, sur 8, de Trésor, fin de la narration parallèle, les équipes ont réuni les objets de leur quête, mais se retrouvent piégés pour une séquence à grand spectacle. Et, est-ce dû à la présence intimidante de Natacha, cette grande série classique, toujours est-il qu'alors quelques semaines auparavant toutes les séries (à suivre) avaient des planches débordant sur la page du magazine, elles sont toutes cette semaine sagement rangées dans leur cadre...

Dans les gags, Ced et Gorobei présentent leur Gary C. Neel dans la faune sauvage, y compris des animaux rarement vus dans les westerns tels que les tatous et les opossums, un rafraichissement bienvenu du monde des cow-boys, Dad continue de se faire voler la vedette par le chien Mouf, et un nouveau gag de La vie galactik, série de Véronique Gallez et Pierre Lecrenier, lancée à renfort d’ un supplément alléchant, mais qui n’apparait que très épisodiquement (précédemment en décembre), ce qui ne peut favoriser sa fidélisation, et qui se révèle décevante quant à ses promesses : les personnages ont beau avoir une apparence d’extra-terrestres alieeno-barbapapesques, l’histoire aurait pu se passer avec des humains sans rien y changer.

Enfin, dans En direct du futur, annonce du retour du Royaume, à priori pour un director’s cut d’une précédente histoire, Le complot de la reine, la dernière histoire (à suivre), datant de 2019, depuis son auteur Ferroumont a réalisé quelques histoires courtes et a été occupé, nous dit-on, par un dessin animé comme directeur d’animation, Mon ami robot, et il a aussi sorti en avril 2024 chez Dupuis Mou, une BD S.F. porno, mais ce n’est pas signalé ici...Et un article informe du décès d'Alain Sikorski, dans Spirou repreneur de Tif et Tondu, avec un dessin proposant une ambiance plus sèche que celui de Will, du Garage Isidore, sans le grain de folie du dessin d’Olis (liégeois comme lui) qui faisait le seul intérêt de cette série, créateur avec Denis Lapière de La clé du mystère, une originale série d’enquêtes, et qui avait à une lettre près le nom d’un constructeur russe d’hélicoptères que Buck Danny a souvent utilisé.
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heijingling
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...

Message par heijingling »

Numéro 4535 du 12/03/2025

Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... dragon-dor

Jolie construction classique en spirale ascendante pour illustrer le retour des trois sœurs Grémillet, en princesses moyenageuses, ce qui ne surprend pas car leur univers se situe dans une belle intemporalité. Si certains signes dénotent l’époque actuelle (dans ce premier chapitre, le club de lecture de Cassiopée discute du livre de José-Luis Sepulveda, Le vieux qui lisait des romans d’amour), ceux-ci sont peu marqués (quasi absence de portables, écriture au stylo), et quant aux décors, si Barbucci dit s’inpirer de Vannes pour la ville où vivent les sœurs, c’est vrai de bâtiments mais pas pour l’urbanisme et la topographie, totalement hors du temps. L’entretien de présentation avec les auteurs, Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci, le corrobore, nous sommes entre fable et réalité, d’autant plus que les univers mentaux de chacune des sœurs sont représentés avec autant de présence que le monde réel dans lequel elles sont censées vivre, comme cette fois Cassiopée transposant dans un univers de fantasy la nouvelle mission du club des sœurs, retrouver une statue de dragon, cette série s’inscrit ainsi dans la généalogie narrative des séries mélant plusieurs niveaux de réalité, telle Calvin et Hobbes de Watterson (Barbucci parle de « double narration »). Dans la nouvelle rubrique L’arrière-boutique, Alessandro Barbucci révèle que, venant de l’animation, il pense sa BD case par case, comme une succession d’écran, et ce n’est qu’ensuite qu’il compose ses planches , mais aussi qu’il avoue avoir utilisé l’IA pour composer le Dragon d’Or du titre, tout en sachant qu’il va se faire lyncher pour cela. Il est aussi l’invité de Bienvenue dans ma bibliothèque, où il parle de ses nombreuses BD (sans les citer, c’est un auteur prolifique de séries à succès, aussi bien chez Disney -un passage presque obligé pour les dessinateurs italiens- que chez Soleil et Marvel, qu’il coécrit et codessine souvent avec sa compagne Barbara Canepa, et qui ont pour point commun d’avoir toujours des héroïnes) et de son goût pour la chine de beaux livres. Toujours sur la série de la semaine, les Jeux de Casters portent sur le Dragon d’Or, et moins directement, Cromheecke et Thiriet représentent un alchimiste ayant réussi à changer l’or en bon d’abonnement, quand les Fabrice dans leur Édito embarquent dans un casting pour jouer « les frères Grémillet » un rédacteur en chef encore une fois totalement dépassé par leurs actes (et que l’on voit massicotant des Spirou, c’est donc là une des responsabilités d’un rédacteur en chef de Spirou), et Sti dans sa Malédiction de la page 13 nous gratifie d’un immonde jeu de mots sur les Grémillet. Puisque par ailleurs En direct du futur annonce Mi-Mouche,une nouvelle série de Carole Maurel et Véro Cazot avec deux sœurs, ouvrant sur les sœurs Grémillet, fermant sur Dad et ses quatre filles, Spirou semble se poser comme le magazine des sorories.

Suite du remake des Pirates de la stratosphère de Sirius par Walthéry. Celui-ci reprend la plupart des textes et fait une adaptation quasi case par case, les différences étant le style de dessin et ce qu’on appelle le casting au cinéma, remplacer les baroudeurs que sont l’ Épervier bleu et son copain Larsen par Natacha et Walter conduit Walthéry à renforcer le caractère volontaire de Natacha, et le manque de finesse de Walter, mais malgré ces outrances, ils se trouvent parfois en porte-à-faux par rapport à leur personnalité : Walter défonçant une porte d’un coup de pied est peu crédible, comme le passage où lui et Chacha veulent retenir Natacha qui, reprenant l’action de l’Épervier, plonge dans l'eau pour secourir un noyé, et s’inquiétant pour elle : décalage entre sa féminité d’héroïne de BD (après son plongeon, elle se vêt d’un sexy peignoir de bain, ce que n’a évidemment pas fait l’Épervier) et la détermination et le courage physique dont elle fait preuve en reprenant un rôle de baroudeur. L'outrance des actions va de pair avec une emphase des encadrés, les commentaires y passant du présent chez Sirius au passé simple ici. En mettant ses personnages dans la peau d’aventuriers des années 40, avec tout ce que cela implique, Walthéry aurait-il fait une erreur de casting ? ( À suivre). A contrario, Olivier Bocquet, Brice Cossu et Yoann Guillo surjouent le comique venant de personnages ordinaires, Frnck et ses amis, plongés dans des situations extraordinaires : ils doivent délivrer une de leurs amies enfermée dans un hôpital psychiatrique pour qu’elle les aident à pénétrer dans une base ultra sécurisée. Ces problèmes ne se posent pas pour les personnages de Trésor, les enfants rêvant depuis le début de vivre de fantastiques aventures, et ils sont servis cette semaine avec la fuite d’une île anéantie par une explosion volcanique (un grand classique, de Yoko Tsuno à Brice Bolt), aidés par des robots volants issus du Château dans le ciel de Miyazaki.

Dans les séries de gags, des incongruités: des gags de Nelson de Bertschy sur Halloween et Noël, et Bernstein et Moog faisant passer des vacances hivernales à Willy Woob (qu’on n’avait plus vu depuis début janvier, ce qui peut être une explication à ce décalage saisonnier. Les aléas de la publication en magazine). Citation encore, des poke balls, par Dav, Cyril Trichet et Esteban dans Pernille, un joli gag absurde de Dino sur la puissance de la fiction dans Tash et Trash, une Leçon de BD pertinente et drôle (avec beaucoup d’auto ironie) comme toujours avec Dab’s, et dans 3 infos 2 vraies 1 fausse, Bernstein, Bercovici et Dominique Thomas parlent d’une « nouvelle tendance en Chine, adopter des cailloux de compagnie », qui est un nouvel avatar des collections de cailloux, traditionnelles en extrême orient (comme on le voit dans L’homme sans talent de Yoshiharu Tsuge). Avec en plus Titan Inc., Capitaine Anchois, Kid Paddle et Game over, on a un numéro riche de gags en une page, normal pour une semaine sans histoire courte.
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