(Correction de l'erreur de numérotation, numéro 4523, pas 4522 bien sûr - satanés numéros doubles-, et rattrapage de l'oubli malheureux de la mention du supplément des cartes de vœux des Cavaliers de l'apocadispe de Libon)
Numéro 4523 du 18/12/2024
Ici un aperçu du numéro:
https://www.spirou.com/actualites/somma ... -de-minuit
L’île de Minuit, la nouvelle série qui a débuté dans le numéro double précédent, n‘avait pas eu les honneurs de la couverture pour cause de spécial Noël, c’est chose faite dans ce numéro, et les personnages y sont représentés à la fois déterminés et inquiets, sur un fond ouvert mais avec un sommet volcanique bloquant l’horizon, ce qui exprime bien la palette de sensations qu’ils doivent ressentir à la découverte d’une île mystérieuse. Visiblement
Spirou veut vraiment promouvoir ce qu’il annonçait dans
En direct du futur du 4512 comme une « grande aventure survivaliste » : présentation de la carte de l’île, ainsi que de cartes spéciales pour les personnages, ce qui donne un côté jeu de rôle clés en main, et présence du dessinateur nouveau venu
Nicolas Grébil dans
Spirou et moi, où on apprend qu’il recopiait le
Petit Spirou et
Cédric (déjà des enfants), et qu’il a réalisé des biographies en BD, dont une de l’autrice militante
Maya Angelou (qui aurait alors donné son prénom au personnage de Maya, elle aussi d’origine africaine, et qui souligne le lien avec son modèle putatif en exhortant les autres à entrer dans une pièce sombre par un provoquant « Et alors ? Vous avez peur du noir ? »). On est en droit de supposer que l’éditeur cherche sans doute une série pour remplacer le best-seller
Seuls, parti chez la concurrence (il y a des précédents), mais
L’île de Minuit ne fait pas copie, et démarre plutôt bien, avec, après l’arrivée dans l’île et la rencontre des personnages, un nouveau chapitre où suspense et découvertes sont bien amenés. La maitrise du rythme narratif se traduit graphiquement par l’alternance de planches de format classique et d’autres envahissant toute la page (forçant
La malédiction de la page 13 de
Sti à se décaler sur les marges des pages précédentes). Avec
Tanis de
Stéphane Perger en cinémascope et
Soda de
Dan sur fond noir, cela fait trois séries (à suivre) sur quatre de ce numéro qui éclatent les pages du magazine. Seul
Lucky Luke reste sagement classique.
Dans le coin supérieur droit de la couverture se trouvent les Dalton, sous la forme d’un Joe satisfait de lui, et la mention qu’ils « entrent en scène », confirmant une fois de plus, définitivement, leur importance dans
Lucky Luke. Dans ce troisième chapitre de
Un cow-boy sous pression, on retrouve avec plaisir un des lieux communs de la série, Lucky Luke injustement accusé et mis en prison, et son commentaire, « Quelle ville de fous », d’autant plus truculent que quelle ville ne l’est pas dans Lucky Luke (du moins dans ceux de
Goscinny)? L’humour référentiel abonde, bien plus que chez
Goscinny, mais reste amusant, du shérif Benz et son étoile à trois branches aux prisonniers du pénitentier requis pour un « Service du travail obligatoire ». Autre point sur lequel le scénariste
Jul a voulu trop en faire, c’est en montrant Billy the Kid attiré, comme les autres forçats, par l’alcool, ceci pour faire un gag, alors que Billy the Kid ne boit que du chocolat chaud (cf. l’album du nom). Les références de ce
Lucky Luke de
Jul et
Achdé sont bien moins cinématographiques que celui de
Morris et
Goscinny, ce qui n'est pas le cas de
Tanis pour lequel le qualificatif de cinémascope s’applique parfaitement aux planches de
Stéphane Perger qui s’étalent parfois sur deux pages pour placer une flotte de vaisseaux « «vikings » sur le Nil (image fascinante) ou un paysage de pyramides dans le désert. Les scénaristes
Denis Bajram et
Valérie Mangin maitrisent eux aussi leur narration, en excluant totalement l’héroïne en titre de cette séquence marquant l’arrivée et de la défaite des pillards Aryanas (Aryens? De grands guerriers blonds), où sa présence aurait été en effet inutile. Après les explosions de violence du chapitre précédent de
Soda, celui-ci accentue l’esprit paranoïaque et complotiste par le nombre d’images que
Dan représente vues indirectement, à travers un écran de contrôle, une caméra de sécurité, des verres fumés, une vitre, ou même l’eau d’une douche (qui rappelle ici imanquablement
Psychose). Rassurez-vous, la violence est tout de même bien présente, ainsi que l’humour par les remarques et réparties entre le sergent Babs et Soda, et ces pages, scénarisées par
Zidrou et
Falzar à la suite de
Tome s‘inscrivent assez bien dans la continuité.
Le numéro spécial Noël ayant monopolisé les dernières histoires courtes, celles-ci sont absentes de ce numéro, qui abonde en gags, dont deux,
Fish n chips de
Tom et
Léon et Léna de
Cerq, Perrault et
Alizon sont encore consacrés à Noël. Dans
Kid Paddle, c’est pour une fois celui-ci et non Horace qui fait échouer le stratagème pour pénétrer dans le cinéma et y voir un film interdit aux mineurs, est-ce dû à la présence au scénario de
Jacques Louis, en plus de l’équipe habituelle de
Midam, Dairin et
Angèle ? Dans
L’édito, consacré à des jeunes qui zonent dans Lille à minuit (sic), les
Fabrice utilisent des ustensiles de papeterie de plus en plus grands, entendent-ils entrer en compétition avec
Claes Oldenburg?
Psychotine de
Romain Pujol et
Zimra fait une confusion compréhensible sur l’origine du lait d’amande, car celui-ci, comme tous les soi-disants laits végétaux, n’a que la couleur en commun avec le lait, et le nom de jus d’amande lui conviendrait mieux, mais a été nommé ainsi pour raisons de marketing. En Chine existent le traditionnel jus (ou bouillon) de soja (dòu jiāng) et le plus récent lait de soja (dòu nǎi), mais tous deux sont traduits en occidental par lait de soja (soy milk)...
Paul Martin et
Manu Boisteau introduisent un nouveau personnage dans
Titan Inc., un ordinateur censé avoir réponse à tout, ce qui semble être vrai puisqu’il s’empresse de prendre la fuite devant l’incompétence absolue du capitaine. Dans
Des gens et inversement,
Berth illustre le missile de Damoclès, qui fait écho à
La bombe familiale de
David B., et
Les Fifiches du Proprofesseur de
Lécroart reprennent un gag de
Germain et nous de
Jannin, avec un flutiste classique (ici, de jazz) dans un groupe de rock. Dans
Dad flashbacks de
Nob, Dad suggère à son énergique fille Roxanne les courses de lenteur, pour se reposer un peu.
C’est
Hervé Bourhis qui parle des
BD de ma vie, et celle-ci sont éclectiques, comme ses œuvres, allant de
Philémon de
Fred à
Zig et Puce en passant par celles de
Chris Ware, qu’il ne parvient jamais à finir, épuisé, mais dont la singularité est telle que, même ainsi, elles l’inspirent profondément. Il fait une juste remarque sur le ton inhabituel de
La mauvaise tête, polar et fantastique, et parle bien sûr de musique et BD, son illustration d’un
Spirou psychédélique témoignant de ses multiples centres d’intérêt. Dans les
Jeux de
Tyst consacrés à
L’île de Minuit, la jungle me semble manquer de marsupilamis. Je dois être conditionné, et justement est annoncé pour le prochain numéro, du 25 décembre, un Noël en Palombie avec le marsupilami, ainsi qu’un calendrier 2025 pour les abonnés, ce qui est faux, puisque, moyennant un supplément de prix (non annoncé), tout le monde l’aura. Cette confusion vient des remous inquiétants que connaît le journal, puisque
En direct du futur reconnaît que les suppléments abonnés sont devenus moins fréquents, passant d’hebdomadaires à bimensuels, ceci à cause du renchérissement général du coût de la vie, et ceci pour « ne pas impacter la qualité du journal et ne pas augmenter la part publicitaire » (d’autant que ce numéro contient une publicité (ou un « encart d’information ») pour le triage des papier et emballages, « mis à disposition gratuitement » par le magazine), mais promet proposer une compensation courant 2025. Gardons confiance et espoir en Spirou ami, partout, toujours...