Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : mer. 20 nov. 2024 23:25
Numéro 4514 du 16/10/2024
Ici un aperçu du numéro : https://www.spirou.com/actualites/somma ... willy-woob
https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... iew-miroir
Et cette semaine, c’est au tour de Willy Woob, de Bernstein et Moog, de vivre sa première histoire longue, à sa façon du moins, six pages seulement, mais dans un décor qui est l’archétype de toutes les aventures, le western. La couverture rend évidemment hommage à Lucky Luke, mais plus encore, le nom de Willy Woob forme comme LL une allitération des initiales (et pas des rimes comme le soutient Spoirou dans La malédiction de la page 13), l 'histoire de prospecteurs rappelle le premier album, La mine d’or de Dick Digger (encore une allitération, ces jeux de mots dont raffolent les Étatsuniens et que Morris a à juste titre transposé dans LL, comme Phil Defer, Cigarette Cæsar, Joss Jamon, Rantanplan, Jesse James ou Tumulte à Tumbleweed), par contre ce ne sont pas des pépites d’or qu’ils recherchent mais des croquettes, car c’est Kiki, le chien de Willy Woob, qui est le moteur de cette histoire, par toutes les contraintes qu’il impose (pas de morts, comme l’imposait la censure dans LL, et, poussant la parodie, pas d’exploitation animale, mais une exploitation agricole, pas de torture…), et c’est lui qui « tire à la baballe plus vite que son ombre ». Et l’interview miroir de Willy par Woob (et inversement) comme l’utile et amusant Tuto dessiné pourvoient tout autant leur lot de poésie douce, graphique, verbale, et les deux imbriquées. Un peu comme dans L’édito de Fabcaro et Fabrice Erre où ils rappellent justement que les auteurs respectifs se connaissent depuis longtemps, l’époque où, avant Spirou, ils publiaient dans la revue Jade de Six pieds sous terre, en compagnie entre autres de Bouzard, ce qui explique aussi la complicité qu’ils montrent avec celui-ci dans Décalécatlàn. Dans cet épisode, on retrouve toujours les très drôles notations graphiques (le flot de Wolkswagen vertes, l’immeuble en forme de cactus, ces bâtiments « canards »typique d’une certaine architecture moderne du tiers-monde lorgnant sur les ÉUA, comme l’immeuble robot de Bangkok), mais les personnages passent au niveau supérieur dans la stupidité, avec leur machisme et leur mentalité coloniale condescendants. Suite de Loucas, de Bruno Dequier, où la coupe du Griffon a débuté sans lui, et que l’on retrouve, visage dissimulé sous une capuche, dans une tempête en pleine mer sur une...jonque (jolie idée du coloriste Yoann Guillo, qui représente dans les mêmes tons les vagues et la houle de spectateurs dans le stade), conduite par un japonais qui semble tout droit sorti de l’équipage de One piece. Grandiose finale pour Les cavaliers de l’apocadispe, de Libon, avec un...lave linge défonçant un car de police, et les cavaliers, ayant fait arrêter un gang de pollueurs, se retrouvent dans la position d’authentiques héros, ignorés de tous (leur maitresse leur colle la plus mauvaise note pour le devoir sur « il faut protéger la nature »), et inconscients d’eux-mêmes. Jolie finale aussi pour El diablo, de Trondheim et Nesme, qui s’est révélée n’être pas tant une aventure du marsupilami qu'un récit d'initiation écologique dans lequel il a, en tant qu’esprit de la forêt, servi au jeune personnage principal, José Palombo, à grandir, comme l’illustre le poster en supplément pour les abonnés, où le marsupilami disneyen (grands yeux humides, tout pelucheux) veille dans l’ombre sur le jeune couple de héros, l’espagnol et la chahutas. Suite enfin de JKJ Bloche, dans une séquence quasi muette (quelques lignes de dialogues au début) en gauffrier de 4 puis 5 bandes, Dodier donne leçon d’ambiance et de suspense mis en place uniquement avec la mise en scène (mais pour ceux pour qui le suspense serait insoutenable, une publicité informe que l’album est sorti depuis le 18 octobre).
Une histoire courte mais pas trop, 5 séries (à suivre), le reste en gags et rédactionnel (et de nouveau la pub pour une nouvelle saison des Tortues ninjas), encore un numéro bien équilibré à mon goût, et les Jeux de Rich !, présentant le Musée Spirou dans toute la diversité des personnages, des plus connus aux plus oubliés (qui savait ou se souvenait que Spirou avait publié Popeye - version Sagendorf – et ce non dans les années 30-40, l’âge d’or des BD US dans Spirou, mais en 1981, lors de la sortie du film d’Altman?), font écho à la diversité formelle de ce numéro.
Le Kid Paddle de Midam, Pujol, Dairin et Angèle est sur le thème des origines gore que Kid invente périodiquement concernant les choses les plus banales (l’interdiction de marcher sur le gazon cette fois). Les strips de Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau sont consacrés au cynisme du capitaine, involontaire, dû à son étroitesse d’esprit, pour ne pas dire sa stupidité. Deuxième planche de La vie galactik, une nouvelle série par Gallez et Lecrenier, et si l’historiette comporte une scène amusante de rencontre entre un enfant ami avec un autre, gigantesque, je ne suis pas sûr en revanche qu’il y ait un gag final. Bons gags par contre de Berth dans Les gens et inversement, bien noir, et de Dino pour Tash et Trash sur la BD réalisée par IA. Gag original de Ced et Gorobei dans Gary C. Neel, avec des tumbleweeds, rappel de Gaston Lagaffe dans Le bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, et déjà le quatrième gag sur la grossesse de Jeanette, la (encore future) maman de Roxanne, dans Dad flashbacks, de Nob.
Les BD de ma vie sont celles de Madd, le bon dessinateur de Poltron minet, dont les influences sont le manga et les comics de super héros, ce qui n’est pas vraiment décelable dans son dessin à première vue. Mais il parle surtout de l’expressivité du dessin, ce qui fait plus sens. Visiblement, la couleur violette exerce aussi une fascination sur lui, puisqu’il souligne lui-même cette particularité de son personnage dans le dessin hommage de Mafalda qu’il a réalisé (graphiquement à la perfection), ou que la couverture et les premières pages de Vagabond de Takehiko Inoue, qu’il admire, sont dans ces tons, tons qui se retrouvent également beaucoup dans Toutes les morts de Laila Starr, de Filipe Andrade (sur scénario de Ram V, non mentionné), qu’il qualifie de géniale, et dont le dessin de ce dessinateur portugais travaillant surtout pour les comics US, mélant un style dur des comics (Frank Miller) à celui de dessinateurs ibériques (pour le tracé élégant de Victor De La Fuente ou de Bernet) est effectivement impressionnant.
Enfin, En direct du futur annonce pour le numéro 4519 une nouvelle série dessinée par Stéphane Perger et scénarisée par « deux stars de la BD », Valérie Mangin et Denis Bajram, qui vont y « rendre hommage à toutes les BD qui les ont construits, de Yoko Tsuno (encore elle, à juste titre), à Papyrus (et oui, les explorations de De Gieter de l’ Égypte antique ont été précurseuses et envoûtantes pour des générations), et Les petits Hommes (un univers également fascinant pour des enfants).
Ici un aperçu du numéro : https://www.spirou.com/actualites/somma ... willy-woob
https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... iew-miroir
Et cette semaine, c’est au tour de Willy Woob, de Bernstein et Moog, de vivre sa première histoire longue, à sa façon du moins, six pages seulement, mais dans un décor qui est l’archétype de toutes les aventures, le western. La couverture rend évidemment hommage à Lucky Luke, mais plus encore, le nom de Willy Woob forme comme LL une allitération des initiales (et pas des rimes comme le soutient Spoirou dans La malédiction de la page 13), l 'histoire de prospecteurs rappelle le premier album, La mine d’or de Dick Digger (encore une allitération, ces jeux de mots dont raffolent les Étatsuniens et que Morris a à juste titre transposé dans LL, comme Phil Defer, Cigarette Cæsar, Joss Jamon, Rantanplan, Jesse James ou Tumulte à Tumbleweed), par contre ce ne sont pas des pépites d’or qu’ils recherchent mais des croquettes, car c’est Kiki, le chien de Willy Woob, qui est le moteur de cette histoire, par toutes les contraintes qu’il impose (pas de morts, comme l’imposait la censure dans LL, et, poussant la parodie, pas d’exploitation animale, mais une exploitation agricole, pas de torture…), et c’est lui qui « tire à la baballe plus vite que son ombre ». Et l’interview miroir de Willy par Woob (et inversement) comme l’utile et amusant Tuto dessiné pourvoient tout autant leur lot de poésie douce, graphique, verbale, et les deux imbriquées. Un peu comme dans L’édito de Fabcaro et Fabrice Erre où ils rappellent justement que les auteurs respectifs se connaissent depuis longtemps, l’époque où, avant Spirou, ils publiaient dans la revue Jade de Six pieds sous terre, en compagnie entre autres de Bouzard, ce qui explique aussi la complicité qu’ils montrent avec celui-ci dans Décalécatlàn. Dans cet épisode, on retrouve toujours les très drôles notations graphiques (le flot de Wolkswagen vertes, l’immeuble en forme de cactus, ces bâtiments « canards »typique d’une certaine architecture moderne du tiers-monde lorgnant sur les ÉUA, comme l’immeuble robot de Bangkok), mais les personnages passent au niveau supérieur dans la stupidité, avec leur machisme et leur mentalité coloniale condescendants. Suite de Loucas, de Bruno Dequier, où la coupe du Griffon a débuté sans lui, et que l’on retrouve, visage dissimulé sous une capuche, dans une tempête en pleine mer sur une...jonque (jolie idée du coloriste Yoann Guillo, qui représente dans les mêmes tons les vagues et la houle de spectateurs dans le stade), conduite par un japonais qui semble tout droit sorti de l’équipage de One piece. Grandiose finale pour Les cavaliers de l’apocadispe, de Libon, avec un...lave linge défonçant un car de police, et les cavaliers, ayant fait arrêter un gang de pollueurs, se retrouvent dans la position d’authentiques héros, ignorés de tous (leur maitresse leur colle la plus mauvaise note pour le devoir sur « il faut protéger la nature »), et inconscients d’eux-mêmes. Jolie finale aussi pour El diablo, de Trondheim et Nesme, qui s’est révélée n’être pas tant une aventure du marsupilami qu'un récit d'initiation écologique dans lequel il a, en tant qu’esprit de la forêt, servi au jeune personnage principal, José Palombo, à grandir, comme l’illustre le poster en supplément pour les abonnés, où le marsupilami disneyen (grands yeux humides, tout pelucheux) veille dans l’ombre sur le jeune couple de héros, l’espagnol et la chahutas. Suite enfin de JKJ Bloche, dans une séquence quasi muette (quelques lignes de dialogues au début) en gauffrier de 4 puis 5 bandes, Dodier donne leçon d’ambiance et de suspense mis en place uniquement avec la mise en scène (mais pour ceux pour qui le suspense serait insoutenable, une publicité informe que l’album est sorti depuis le 18 octobre).
Une histoire courte mais pas trop, 5 séries (à suivre), le reste en gags et rédactionnel (et de nouveau la pub pour une nouvelle saison des Tortues ninjas), encore un numéro bien équilibré à mon goût, et les Jeux de Rich !, présentant le Musée Spirou dans toute la diversité des personnages, des plus connus aux plus oubliés (qui savait ou se souvenait que Spirou avait publié Popeye - version Sagendorf – et ce non dans les années 30-40, l’âge d’or des BD US dans Spirou, mais en 1981, lors de la sortie du film d’Altman?), font écho à la diversité formelle de ce numéro.
Le Kid Paddle de Midam, Pujol, Dairin et Angèle est sur le thème des origines gore que Kid invente périodiquement concernant les choses les plus banales (l’interdiction de marcher sur le gazon cette fois). Les strips de Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau sont consacrés au cynisme du capitaine, involontaire, dû à son étroitesse d’esprit, pour ne pas dire sa stupidité. Deuxième planche de La vie galactik, une nouvelle série par Gallez et Lecrenier, et si l’historiette comporte une scène amusante de rencontre entre un enfant ami avec un autre, gigantesque, je ne suis pas sûr en revanche qu’il y ait un gag final. Bons gags par contre de Berth dans Les gens et inversement, bien noir, et de Dino pour Tash et Trash sur la BD réalisée par IA. Gag original de Ced et Gorobei dans Gary C. Neel, avec des tumbleweeds, rappel de Gaston Lagaffe dans Le bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, et déjà le quatrième gag sur la grossesse de Jeanette, la (encore future) maman de Roxanne, dans Dad flashbacks, de Nob.
Les BD de ma vie sont celles de Madd, le bon dessinateur de Poltron minet, dont les influences sont le manga et les comics de super héros, ce qui n’est pas vraiment décelable dans son dessin à première vue. Mais il parle surtout de l’expressivité du dessin, ce qui fait plus sens. Visiblement, la couleur violette exerce aussi une fascination sur lui, puisqu’il souligne lui-même cette particularité de son personnage dans le dessin hommage de Mafalda qu’il a réalisé (graphiquement à la perfection), ou que la couverture et les premières pages de Vagabond de Takehiko Inoue, qu’il admire, sont dans ces tons, tons qui se retrouvent également beaucoup dans Toutes les morts de Laila Starr, de Filipe Andrade (sur scénario de Ram V, non mentionné), qu’il qualifie de géniale, et dont le dessin de ce dessinateur portugais travaillant surtout pour les comics US, mélant un style dur des comics (Frank Miller) à celui de dessinateurs ibériques (pour le tracé élégant de Victor De La Fuente ou de Bernet) est effectivement impressionnant.
Enfin, En direct du futur annonce pour le numéro 4519 une nouvelle série dessinée par Stéphane Perger et scénarisée par « deux stars de la BD », Valérie Mangin et Denis Bajram, qui vont y « rendre hommage à toutes les BD qui les ont construits, de Yoko Tsuno (encore elle, à juste titre), à Papyrus (et oui, les explorations de De Gieter de l’ Égypte antique ont été précurseuses et envoûtantes pour des générations), et Les petits Hommes (un univers également fascinant pour des enfants).