Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4511 du 25/09/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... perpetuite
Belle couverture de Dodier pour le retour de JKJ Bloche, dans laquelle celui-ci éclaire avec son portable une statue ancienne dans des combles (dans d'autres séries, ce serait anodin, mais ici, cela montre vraisemblablement la volonté de l'auteur de faire se rencontrer l'ancien et le nouveau) . Et l’histoire commence bien, dès la première page dans la tradition des bons polars où le mystère policier sert à révéler les problèmes de la société, surtout humains et sociaux dans JKJ Bloche : une jeune femme d’origine immigrée vient avec sa petite fille faire le ménage chez une grande bourgeoise revèche. Le talent de Dodier consiste ici à utiliser ce genre de clichés à bon escient. Les clichés ont toujours une base réelle, l’important est la façon dont un auteur les utilise.
Les Fabrice font un Édito de circonstance, pas hors sujet pour une fois, et les Jeux de Pauline Casters et Emerich sont une jolie et amusante BD mettant en scène dans une mise en pages ingénieuse une enquête de ce Cher Lockholmes et du Doc’Teurwatson.
Cliché aussi pour Trondheim et Alexis Nesme dans El Diablo, avec les conquistadores à la recherche d’or découvrant un temple indien perdu dans la jungle. La technique de Nesme en couleurs directes rend bien la texture du temple, mais son dessin fait que celui-ci n’a rien d’effrayant. Chapitre politique et psychologique dans l’avant dernier épisode des Tuniques bleues de Lambil et Neidhardt, avec cette touche d’humour noir qui ancre si bien cette série dans le réel et évite le préchi-précha tout en gardant un vrai regard moral. Deuxième chapitre de l’histoire (à suivre) des Cavaliers de l’apocadispe, toujours aussi bon grâce à l’intelligence sensible de Libon pour mettre en scène des enfants psychologiquement crédibles dans des situations abracadabrantes : cette semaine , ils utilisent un téléphone en yaourts pour une mission d’espionnage, et la manière dont celui-ci est amené dans l’histoire montre tout le talent narratif de Libon.
La surprise du numéro est une nouvelle histoire de Spirou et Fantasio, courte certes, mais c’est tout de même plaisant de retrouver relativemment fréquemment Spirou dans son journal. Manque plus que des animations avec lui pour retrouver un goût d’âge d’or du magazine. L’histoire, courte, est assez anodine, mais pour cela plus réussie que l’histoire longue des auteurs Elric, Lemoine et Baril qui n’avaient pas été à la hauteur de leurs ambitions de faire un récit d’aventures comique et géopolitique. Ici, dans cette historiette en huis-clos par lequel le dessinateur n’est pas dépassé par l’ampleur des décors et personnages, intitulée de manière fort à-propos La brosse à dents, on apprend comment Spirou et Fantasio ont emménagé ensemble dans la fameuse villa (grâce à une agence immobilière du nom de André et Willy, du prénom du concepteur de cette maison). Sympathique historiette aux sous-entendus de rigueur mais véniels et amusants sur deux célibataires adultes emménageant ensemble.
Quatre histoires (à suivre), une histoire courte, et quelques pages de gags est à mon goût d’un assez bon équilibre pour ce magazine. Un amusant 3 infos 2 vraies 1 fausse de Bercovici, Bernstein et Robin Le Gall, avec un complotiste et un vieux Japonais inventif; Brad Rock the gold digger, de Jilème et Sophie David, voit l’arrivée d’une orpailleuse balinaise qui va semer la perturbation dans le petit monde bien masculin des chercheurs d’or de Nouvelle Zélande; un gag de Pernille (du moins, celle-ci apparaît dans l’arrière plan d’une case) de Dav, Cyril Trichet et Esteban, qui aurait pu être plus amusant avec une narration et une mise en scène plus inventive; Léon et Léna de Damien Cerq, Clémence et Ludwig Alizon, toujours en difficultés et près à tous les compromis (les personnages, pas les auteurices…), Dad flashbacks qui somatise face à la grossesse de la future maman de Roxane, et enfin de bons Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, Des gens et inversement de Berth, tous deux animaliers, et Fish n Chips de Tom.
Ce dernier est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, où il parle des aspects de son strip concernants l’histoire de l’art mais étonnament pas de la pollution, pourtant largement présents. Dans le reste du rédactionnel, Émilie Plateau nous parle de Spirou et moi, une autrice nourrie enfant aux magazines BD, qui fait maintenant , chez de grands éditeurs comme de plus petits, des livres féministes, sur des « figures de femmes » précise l’intervieweur, mais également, et cela l’intervieweur (qui a longtemps été Hugues Dayez, puis Morgan Di Salvia, mais ceux-ci ne travaillent plus au journal, et le nouvel intervieweur n’est pas indiqué) ne le dit pas, politique, comme son livre sur Claudette Colvin, une Afro-Américaine qui a lutté contre la ségrégation mais « était une adolescente issue d’un milieu défavorisé et a disparu des livres d’histoire ». En direct du futur annonce le retour de Lucky Luke, 10 ans après sa dernière histoire (à suivre) dans le journal, 8 ans après avoir fait sa précedente couverture pour le numéro spécial pour ses 70 ans, toujours sur dessin de Achdé, et dorénavant sur scénario de Jul. Cette histoire se déroulera en ville, à Milwaukee.
Deux pages de publicité enfin, pour le dernier tome d’une série jeunesse sortant chez Dupuis mais pas dans Spirou (Sofia, de Davide Tosello), et pour une nouvelle saison des Tortues ninjas, et le supplément abonné est un Popstatic de Spirou et Fantasio à Korallion et dans un train fantôme, conçu et dessiné par Thomas Mathieu (auteur de nombreux popstatics depuis 2020).
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... perpetuite
Belle couverture de Dodier pour le retour de JKJ Bloche, dans laquelle celui-ci éclaire avec son portable une statue ancienne dans des combles (dans d'autres séries, ce serait anodin, mais ici, cela montre vraisemblablement la volonté de l'auteur de faire se rencontrer l'ancien et le nouveau) . Et l’histoire commence bien, dès la première page dans la tradition des bons polars où le mystère policier sert à révéler les problèmes de la société, surtout humains et sociaux dans JKJ Bloche : une jeune femme d’origine immigrée vient avec sa petite fille faire le ménage chez une grande bourgeoise revèche. Le talent de Dodier consiste ici à utiliser ce genre de clichés à bon escient. Les clichés ont toujours une base réelle, l’important est la façon dont un auteur les utilise.
Les Fabrice font un Édito de circonstance, pas hors sujet pour une fois, et les Jeux de Pauline Casters et Emerich sont une jolie et amusante BD mettant en scène dans une mise en pages ingénieuse une enquête de ce Cher Lockholmes et du Doc’Teurwatson.
Cliché aussi pour Trondheim et Alexis Nesme dans El Diablo, avec les conquistadores à la recherche d’or découvrant un temple indien perdu dans la jungle. La technique de Nesme en couleurs directes rend bien la texture du temple, mais son dessin fait que celui-ci n’a rien d’effrayant. Chapitre politique et psychologique dans l’avant dernier épisode des Tuniques bleues de Lambil et Neidhardt, avec cette touche d’humour noir qui ancre si bien cette série dans le réel et évite le préchi-précha tout en gardant un vrai regard moral. Deuxième chapitre de l’histoire (à suivre) des Cavaliers de l’apocadispe, toujours aussi bon grâce à l’intelligence sensible de Libon pour mettre en scène des enfants psychologiquement crédibles dans des situations abracadabrantes : cette semaine , ils utilisent un téléphone en yaourts pour une mission d’espionnage, et la manière dont celui-ci est amené dans l’histoire montre tout le talent narratif de Libon.
La surprise du numéro est une nouvelle histoire de Spirou et Fantasio, courte certes, mais c’est tout de même plaisant de retrouver relativemment fréquemment Spirou dans son journal. Manque plus que des animations avec lui pour retrouver un goût d’âge d’or du magazine. L’histoire, courte, est assez anodine, mais pour cela plus réussie que l’histoire longue des auteurs Elric, Lemoine et Baril qui n’avaient pas été à la hauteur de leurs ambitions de faire un récit d’aventures comique et géopolitique. Ici, dans cette historiette en huis-clos par lequel le dessinateur n’est pas dépassé par l’ampleur des décors et personnages, intitulée de manière fort à-propos La brosse à dents, on apprend comment Spirou et Fantasio ont emménagé ensemble dans la fameuse villa (grâce à une agence immobilière du nom de André et Willy, du prénom du concepteur de cette maison). Sympathique historiette aux sous-entendus de rigueur mais véniels et amusants sur deux célibataires adultes emménageant ensemble.
Quatre histoires (à suivre), une histoire courte, et quelques pages de gags est à mon goût d’un assez bon équilibre pour ce magazine. Un amusant 3 infos 2 vraies 1 fausse de Bercovici, Bernstein et Robin Le Gall, avec un complotiste et un vieux Japonais inventif; Brad Rock the gold digger, de Jilème et Sophie David, voit l’arrivée d’une orpailleuse balinaise qui va semer la perturbation dans le petit monde bien masculin des chercheurs d’or de Nouvelle Zélande; un gag de Pernille (du moins, celle-ci apparaît dans l’arrière plan d’une case) de Dav, Cyril Trichet et Esteban, qui aurait pu être plus amusant avec une narration et une mise en scène plus inventive; Léon et Léna de Damien Cerq, Clémence et Ludwig Alizon, toujours en difficultés et près à tous les compromis (les personnages, pas les auteurices…), Dad flashbacks qui somatise face à la grossesse de la future maman de Roxane, et enfin de bons Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, Des gens et inversement de Berth, tous deux animaliers, et Fish n Chips de Tom.
Ce dernier est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, où il parle des aspects de son strip concernants l’histoire de l’art mais étonnament pas de la pollution, pourtant largement présents. Dans le reste du rédactionnel, Émilie Plateau nous parle de Spirou et moi, une autrice nourrie enfant aux magazines BD, qui fait maintenant , chez de grands éditeurs comme de plus petits, des livres féministes, sur des « figures de femmes » précise l’intervieweur, mais également, et cela l’intervieweur (qui a longtemps été Hugues Dayez, puis Morgan Di Salvia, mais ceux-ci ne travaillent plus au journal, et le nouvel intervieweur n’est pas indiqué) ne le dit pas, politique, comme son livre sur Claudette Colvin, une Afro-Américaine qui a lutté contre la ségrégation mais « était une adolescente issue d’un milieu défavorisé et a disparu des livres d’histoire ». En direct du futur annonce le retour de Lucky Luke, 10 ans après sa dernière histoire (à suivre) dans le journal, 8 ans après avoir fait sa précedente couverture pour le numéro spécial pour ses 70 ans, toujours sur dessin de Achdé, et dorénavant sur scénario de Jul. Cette histoire se déroulera en ville, à Milwaukee.
Deux pages de publicité enfin, pour le dernier tome d’une série jeunesse sortant chez Dupuis mais pas dans Spirou (Sofia, de Davide Tosello), et pour une nouvelle saison des Tortues ninjas, et le supplément abonné est un Popstatic de Spirou et Fantasio à Korallion et dans un train fantôme, conçu et dessiné par Thomas Mathieu (auteur de nombreux popstatics depuis 2020).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4512 du 02/10/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... pour-niort
Deux semaines après Les Cavaliers de l’apocadispe, c’est au tour des Fabrice de partir pour leur première grande aventure (à suivre), la différence étant que les Cavaliers sont toujours partants pour ce qu’ils s’imaginent être l’aventure, alors que les Fabrice, titulaires casaniers de L’ Édito, le font à leur corps défendant, se trompant de porte d’embarquement et débarquant au Mexique puis au Yucatán au lieu d’un festival BD à Niort. Le point commun est qu’ils sont aussi lucides et responsables que les enfants de 7-8 ans que sont les Cavaliers, et leur histoire est donc bien justement intitulée Décalécatàn. Comme on peut le voir sur la couverture, le fait de s’évader du carcan des bureaux de la rédaction de Dupuis permet au dessinateur, Fabrice Erre donc, de truffer ses dessins de détails cocasses, comme dans la grande première case évidemment, mais même dans de petites cases, comme celles avec les avions volant en tous sens. Les Fabrice partent donc pour un grand voyage, et dans L' Édito, Frédéric Niffle (qui était à l’aéroport en première case, avec Morgan Di Salvia et d’autres ex-membres de la rédaction) vient aussi leur annoncer son départ, du journal à priori. Wait and see.
L’interview des auteurs est cette fois celle des personnages, et elle prend la forme d’un quizz absurde.
Les Tuniques bleues se terminent quand commence une nouvelle histoire, ce qui fait cette semaine 5 séries (à suivre) sur 32 pages sur 52 que compte le magazine, un déséquilibre rare. De l'or pour les Bleus aura été un relativement bon cru du nouveau venu sur la série (et pratiquement dans la BD d’aventures comiques) Fred Neidhart, avec suffisament d’humour et de retournements de situations, un récit moins original cependant que les précédents de Kriss, les thèmes abordés l’ayant déjà été dans cette série, et le personnage du prêtre tueur aurait pû être un peu plus développé. Mais l’osmose entre Neidhart et Lambil s’est bien faite, dommage que, en particulier dans les dernières planches, la sureté de trait de l’encrage ne soit plus là, mais Lambil nous offre dorénavant beaucoup de ce qu’il aime le plus, des images décadrées avec un animal en avant plan, souvent pour clore une planche de belle façon (planches 39, 40), moins souvent en milieu de planche (42), enfin dans l’ultime case gag, où les animaux sauvages reprennent leurs droits, et même deux plans relativement audacieux planche 43, où des chevaux cadrés sur les jambes emplissent toute la case, belles cases muettes placées là pour créer du suspens et où le simple regard étonné d’un cheval résume l’absurdité de la situation dans laquelle se retrouvent les héros-anti héros de l’histoire. Suite de JKJ Bloche pour une séquence nocturne à Paris, dans la grande tradition du polar, mais toujours avec l’attention que prête Dodier par petites touches aux personnalités et aux relations entre ses personnages, y compris les plus secondaires. Suite aussi des Cavaliers de l’apocadispe, Libon plaçant ses personnages en ville de la même manière qu’en forêt, tout décor étant un terrain de jeux et d’aventures pour eux. Si les personnages y sont bien plus excités que dans JKJ Bloche (de même dans Décalécatàn), la narration y prend également le temps qui lui est nécessaire, et il faudrait qu’un jour je ou un autre regarde de plus près le rythme narratif dans la BD de genre (comique, série noire, SF…), qui peut s’offrir des déséquilibres que peut difficilement la BD d’aventure traditionnelle, de Spirou aux Tuniques bleues en passant par Thorgal ou Khéna et le Scrameustache. Trondheim et Nesme font sortir El diablo de la jungle pour des paysages nocturnes et enneigés, toujours aussi lumineusement beaux, mais où le marsupilami est paradoxalement plus présent que dans son cadre naturel. Par contre, s’il ne s’y nourrit que de puces, comme les auteurs semblent le dire, il est mal barré. Mais au-delà des gags sur la bétise et la cupidité des conquistadores (et de nombre d’ humains en général), la relation entre l’adolescent et le marsupilami « esprit de la forêt », originalité de ce récit, semble commencer à vraiment être développée.
Dans les gags, on retrouve dans Kid Paddle de Midam, Dairin et Angèle le goût de Midam, cette semaine seul scénariste, pour les caricatures outrées et absurdes, en l’occurence des avocats et une banane (très relativement) anthropomorphes. Un gag en une page des plus en plus rares Kalh et Pörth, de Frantz Hofman, Ced et Annelise Sauvêtre. Annabelle, Pirate Rebelle, de Cédric Ghorbani, Sti et Cerise, a beau donner son nom à la série, elle n’est qu’une membre de l’équipage parmi les autres. Absurdité encore dans Des gens et inversement, de Berth, et le commandant Cousteau invité (à son corps défendant) de Fish n Chips, de Tom, Marko dans La leçon de BD donne des conseils techniques pertinents et utiles, et suite de l’arc sur la maman de Roxanne enceinte dans Dad flashbacks de Nob. Les Jeux de Casters proposent une course folle des "légendes" du journal. La première planche de La vie galactik, une nouvelle série de Gallez et Lecrenier annoncée par un mini livre de présentation deux semaines auparavant, avec un astronaute et des extra terrestres à la plage, qui aurait pu se passer avec des humains lambda en vacances sans rien changer au fond. Enfin, un stéréotype de cannibale à peau sombre et pagne dans Tash et Trash de Dino posera-t-il problème ?
Pour le rédactionnel, Les BD de ma vie est consacré à Batem, avec un B comme Benoît Brisefer et un M comme Marsupilami, et quelques autres séries classiques du franco-belges, et l’annonce dans En direct du futur d’une nouvelle série survivaliste avec des enfants de Nicolas Grebil et Lylian, dont le nom même, L’île de Minuit, rappelle Seuls et l’histoire Avant l’enfant minuit. Pour finir, une publicité pour le thème Halloween du Parc Spirou, avec une marsupilamie déguisée en sorcière et un bébé marsupilami en démon, que je m’abstiens de commenter, pour me réserver pour une publicité pour Julia, une série jeunesse publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou (une de plus), qui me fait me demander s’il n’est dorénavant plus possible de faire chez Dupuis une série avec des enfants sans paranormal ?
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... pour-niort
Deux semaines après Les Cavaliers de l’apocadispe, c’est au tour des Fabrice de partir pour leur première grande aventure (à suivre), la différence étant que les Cavaliers sont toujours partants pour ce qu’ils s’imaginent être l’aventure, alors que les Fabrice, titulaires casaniers de L’ Édito, le font à leur corps défendant, se trompant de porte d’embarquement et débarquant au Mexique puis au Yucatán au lieu d’un festival BD à Niort. Le point commun est qu’ils sont aussi lucides et responsables que les enfants de 7-8 ans que sont les Cavaliers, et leur histoire est donc bien justement intitulée Décalécatàn. Comme on peut le voir sur la couverture, le fait de s’évader du carcan des bureaux de la rédaction de Dupuis permet au dessinateur, Fabrice Erre donc, de truffer ses dessins de détails cocasses, comme dans la grande première case évidemment, mais même dans de petites cases, comme celles avec les avions volant en tous sens. Les Fabrice partent donc pour un grand voyage, et dans L' Édito, Frédéric Niffle (qui était à l’aéroport en première case, avec Morgan Di Salvia et d’autres ex-membres de la rédaction) vient aussi leur annoncer son départ, du journal à priori. Wait and see.
L’interview des auteurs est cette fois celle des personnages, et elle prend la forme d’un quizz absurde.
Les Tuniques bleues se terminent quand commence une nouvelle histoire, ce qui fait cette semaine 5 séries (à suivre) sur 32 pages sur 52 que compte le magazine, un déséquilibre rare. De l'or pour les Bleus aura été un relativement bon cru du nouveau venu sur la série (et pratiquement dans la BD d’aventures comiques) Fred Neidhart, avec suffisament d’humour et de retournements de situations, un récit moins original cependant que les précédents de Kriss, les thèmes abordés l’ayant déjà été dans cette série, et le personnage du prêtre tueur aurait pû être un peu plus développé. Mais l’osmose entre Neidhart et Lambil s’est bien faite, dommage que, en particulier dans les dernières planches, la sureté de trait de l’encrage ne soit plus là, mais Lambil nous offre dorénavant beaucoup de ce qu’il aime le plus, des images décadrées avec un animal en avant plan, souvent pour clore une planche de belle façon (planches 39, 40), moins souvent en milieu de planche (42), enfin dans l’ultime case gag, où les animaux sauvages reprennent leurs droits, et même deux plans relativement audacieux planche 43, où des chevaux cadrés sur les jambes emplissent toute la case, belles cases muettes placées là pour créer du suspens et où le simple regard étonné d’un cheval résume l’absurdité de la situation dans laquelle se retrouvent les héros-anti héros de l’histoire. Suite de JKJ Bloche pour une séquence nocturne à Paris, dans la grande tradition du polar, mais toujours avec l’attention que prête Dodier par petites touches aux personnalités et aux relations entre ses personnages, y compris les plus secondaires. Suite aussi des Cavaliers de l’apocadispe, Libon plaçant ses personnages en ville de la même manière qu’en forêt, tout décor étant un terrain de jeux et d’aventures pour eux. Si les personnages y sont bien plus excités que dans JKJ Bloche (de même dans Décalécatàn), la narration y prend également le temps qui lui est nécessaire, et il faudrait qu’un jour je ou un autre regarde de plus près le rythme narratif dans la BD de genre (comique, série noire, SF…), qui peut s’offrir des déséquilibres que peut difficilement la BD d’aventure traditionnelle, de Spirou aux Tuniques bleues en passant par Thorgal ou Khéna et le Scrameustache. Trondheim et Nesme font sortir El diablo de la jungle pour des paysages nocturnes et enneigés, toujours aussi lumineusement beaux, mais où le marsupilami est paradoxalement plus présent que dans son cadre naturel. Par contre, s’il ne s’y nourrit que de puces, comme les auteurs semblent le dire, il est mal barré. Mais au-delà des gags sur la bétise et la cupidité des conquistadores (et de nombre d’ humains en général), la relation entre l’adolescent et le marsupilami « esprit de la forêt », originalité de ce récit, semble commencer à vraiment être développée.
Dans les gags, on retrouve dans Kid Paddle de Midam, Dairin et Angèle le goût de Midam, cette semaine seul scénariste, pour les caricatures outrées et absurdes, en l’occurence des avocats et une banane (très relativement) anthropomorphes. Un gag en une page des plus en plus rares Kalh et Pörth, de Frantz Hofman, Ced et Annelise Sauvêtre. Annabelle, Pirate Rebelle, de Cédric Ghorbani, Sti et Cerise, a beau donner son nom à la série, elle n’est qu’une membre de l’équipage parmi les autres. Absurdité encore dans Des gens et inversement, de Berth, et le commandant Cousteau invité (à son corps défendant) de Fish n Chips, de Tom, Marko dans La leçon de BD donne des conseils techniques pertinents et utiles, et suite de l’arc sur la maman de Roxanne enceinte dans Dad flashbacks de Nob. Les Jeux de Casters proposent une course folle des "légendes" du journal. La première planche de La vie galactik, une nouvelle série de Gallez et Lecrenier annoncée par un mini livre de présentation deux semaines auparavant, avec un astronaute et des extra terrestres à la plage, qui aurait pu se passer avec des humains lambda en vacances sans rien changer au fond. Enfin, un stéréotype de cannibale à peau sombre et pagne dans Tash et Trash de Dino posera-t-il problème ?
Pour le rédactionnel, Les BD de ma vie est consacré à Batem, avec un B comme Benoît Brisefer et un M comme Marsupilami, et quelques autres séries classiques du franco-belges, et l’annonce dans En direct du futur d’une nouvelle série survivaliste avec des enfants de Nicolas Grebil et Lylian, dont le nom même, L’île de Minuit, rappelle Seuls et l’histoire Avant l’enfant minuit. Pour finir, une publicité pour le thème Halloween du Parc Spirou, avec une marsupilamie déguisée en sorcière et un bébé marsupilami en démon, que je m’abstiens de commenter, pour me réserver pour une publicité pour Julia, une série jeunesse publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou (une de plus), qui me fait me demander s’il n’est dorénavant plus possible de faire chez Dupuis une série avec des enfants sans paranormal ?
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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- Maître Spiroutiste
- Messages : 1661
- Enregistré le : ven. 13 déc. 2019 13:46
Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4513 du 09/10/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... b-de-louca
Retour de Louca, en mode décalé, car ce n’est pas lui en couverture mais son fan-club qui l’accueille. Car Louca aura bien grandi depuis sa dernière histoire dans Spirou en l’été 2022, et si les héros de BD qui vieillissent ne sont plus aussi rares que quand Buddy Longway était une des seules exceptions, ce sera une des premières fois que cela se passe en temps réel : comme le dit Bruno Dequier dans l’entretien de présentation, « l’exil de Louca est arrivé au moment où son auteur avait envie de faire un break dans la BD », et Louca revient vieilli de quelques années, soit plus encore que ses deux ans d’absence dans le journal. Et, pour maintenir le suspense au maximum, Bruno Dequier fait réapparaitre dans ce premier chapitre pratiquement tous ses amis et sa famile, tous plus agés, mais pas Louca, pourtant attendu par tous. Suite de Décalécatàn, toujours truffé de dtails cocasses, comme les grooms en costume de Spirou à grosse moustache de l’hôtel mexicain, ou la pancarte Hola placardée au milieu de l’inscription Gran Hotel...Et pour accentuer visuellement le fond de l’histoire basée sur d’invraisemblables quiproquos et confusions, les aplats de couleurs tranchées (verdâtre pour les bas-fonds, violacé pour le Gran Hotel) de Sandrine Greff font merveille. Ne s’embarassant pas de vraissemblance, les Fabrice vivent leur aventure en Amérique tout en étant toujours présents à la rédaction, où ils accueillent à leur façon le nouveau rédacteur en chef de Spirou, Jonathan Dellicour, un roux à grande mèche sur le front (et grosse moustache, pour ne pas qu’on le confonde avec le héros titulaire du magazine). Frédéric Niffle est bien parti, comme annoncé la semaine précédente, et son poste de directeur de la publication a également disparu de l’ours (mais il est toujours indiqué comme graphiste). Et qui est donc le spectre qui hante le journal dans La malédiction de la page 13 (déplacée pages 10 et 11 pour cause de publicité pleine page pour Les mondes perdus, une nouvelle série jeunesse fantastique publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou. La malédiction est elle-même maudite, comble de la mise en abyme – que l’on appelle méta dorénavant) ? « Juste le fantôme de l’ancien rédac’chef », dit-il. Il y a décidemment un mystère à la rédaction Spirou. Quand donc reviendront Tif et Tondu pour l’élucider, vu que JKJ Boche ne s’occupe pas de paranormal? Il est de plein pied dans le réel, le lieu où se mèlent présent et passé (solex et mobylette vs. Scooter, la supérette de Burhan, Wikipédia, l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville où le prêtre et la paroissienne sont d’origine africaine – à propos d’église parisienne, les authentiques spiroutistes se doivent de connaître la superbe église art déco Saint-Jean Bosco). Belle illustration pleine page dans El Diablo, de Trondheim et Nesme, où les conquistadores découvrent le fameux temple de la vallée perdue (après Tintin, Marc Dacier, Jeannette Pointu et tant d’autres), et le marsupilami ne sort pas du rôle d’animal schizophrène à la Disney, alternativement bête féroce et gentillette. Quant aux Cavaliers de l’apocadispe, Libon les débarque dans une décharge sauvage, terrain de jeux idéal pour eux, avec un très bon gag graphique en 4 bandes où ils se déplacent d’un bout à l’autre de la bande.
Dans les gags, Bercovici, Bernstein et Le Gall nous informent de l’existence d’un parti animaliste albanais jusqu’auboutiste dans son anti spécisme, mais venant de 3 infos 2 vraies 1 fausse, c’est à prendre avec les pincettes d’usage. Ced et Gorobei nous montrent un aspect surprenant de Gary C. Neel, s’humiliant pour « sauver les miches » du Bigfoot. Le gag de Pernille aurait pu se retrouver à l’identique dans Mélusine.
Les Jeux de Gyom sont bien sûr consacrés à Loucas, version foot, sport aussi présent dans le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet. On apprend dans Bienvenue dans ma bibliothèque que celle de Clémence Perrault, dessinatrice de Léon et Léna, est « plutôt une grande boite à souvenirs », où figurines, jeux vidéos de son enfance et artbooks prennent autant de place que les BD. Dans Spirou et moi, Éric Chabert est un auteur de plus à témoigner de l’importance qu’a eue Yoko Tsuno pour sa génération, et du statut de référence de Gil Jourdan, et En direct du futur reproduit l’affiche qu’a réalisée Lisa Mandel pour le festival Quai des bulles. Deux autres publicités pour des BD, la série animalière Klaw (au Lombard), et le dernier Tuniques bleues , le 68ème, et le supplément abonnés est des autocollants Poltron Minet, série visiblement poussée par l’éditeur.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... b-de-louca
Retour de Louca, en mode décalé, car ce n’est pas lui en couverture mais son fan-club qui l’accueille. Car Louca aura bien grandi depuis sa dernière histoire dans Spirou en l’été 2022, et si les héros de BD qui vieillissent ne sont plus aussi rares que quand Buddy Longway était une des seules exceptions, ce sera une des premières fois que cela se passe en temps réel : comme le dit Bruno Dequier dans l’entretien de présentation, « l’exil de Louca est arrivé au moment où son auteur avait envie de faire un break dans la BD », et Louca revient vieilli de quelques années, soit plus encore que ses deux ans d’absence dans le journal. Et, pour maintenir le suspense au maximum, Bruno Dequier fait réapparaitre dans ce premier chapitre pratiquement tous ses amis et sa famile, tous plus agés, mais pas Louca, pourtant attendu par tous. Suite de Décalécatàn, toujours truffé de dtails cocasses, comme les grooms en costume de Spirou à grosse moustache de l’hôtel mexicain, ou la pancarte Hola placardée au milieu de l’inscription Gran Hotel...Et pour accentuer visuellement le fond de l’histoire basée sur d’invraisemblables quiproquos et confusions, les aplats de couleurs tranchées (verdâtre pour les bas-fonds, violacé pour le Gran Hotel) de Sandrine Greff font merveille. Ne s’embarassant pas de vraissemblance, les Fabrice vivent leur aventure en Amérique tout en étant toujours présents à la rédaction, où ils accueillent à leur façon le nouveau rédacteur en chef de Spirou, Jonathan Dellicour, un roux à grande mèche sur le front (et grosse moustache, pour ne pas qu’on le confonde avec le héros titulaire du magazine). Frédéric Niffle est bien parti, comme annoncé la semaine précédente, et son poste de directeur de la publication a également disparu de l’ours (mais il est toujours indiqué comme graphiste). Et qui est donc le spectre qui hante le journal dans La malédiction de la page 13 (déplacée pages 10 et 11 pour cause de publicité pleine page pour Les mondes perdus, une nouvelle série jeunesse fantastique publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou. La malédiction est elle-même maudite, comble de la mise en abyme – que l’on appelle méta dorénavant) ? « Juste le fantôme de l’ancien rédac’chef », dit-il. Il y a décidemment un mystère à la rédaction Spirou. Quand donc reviendront Tif et Tondu pour l’élucider, vu que JKJ Boche ne s’occupe pas de paranormal? Il est de plein pied dans le réel, le lieu où se mèlent présent et passé (solex et mobylette vs. Scooter, la supérette de Burhan, Wikipédia, l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville où le prêtre et la paroissienne sont d’origine africaine – à propos d’église parisienne, les authentiques spiroutistes se doivent de connaître la superbe église art déco Saint-Jean Bosco). Belle illustration pleine page dans El Diablo, de Trondheim et Nesme, où les conquistadores découvrent le fameux temple de la vallée perdue (après Tintin, Marc Dacier, Jeannette Pointu et tant d’autres), et le marsupilami ne sort pas du rôle d’animal schizophrène à la Disney, alternativement bête féroce et gentillette. Quant aux Cavaliers de l’apocadispe, Libon les débarque dans une décharge sauvage, terrain de jeux idéal pour eux, avec un très bon gag graphique en 4 bandes où ils se déplacent d’un bout à l’autre de la bande.
Dans les gags, Bercovici, Bernstein et Le Gall nous informent de l’existence d’un parti animaliste albanais jusqu’auboutiste dans son anti spécisme, mais venant de 3 infos 2 vraies 1 fausse, c’est à prendre avec les pincettes d’usage. Ced et Gorobei nous montrent un aspect surprenant de Gary C. Neel, s’humiliant pour « sauver les miches » du Bigfoot. Le gag de Pernille aurait pu se retrouver à l’identique dans Mélusine.
Les Jeux de Gyom sont bien sûr consacrés à Loucas, version foot, sport aussi présent dans le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet. On apprend dans Bienvenue dans ma bibliothèque que celle de Clémence Perrault, dessinatrice de Léon et Léna, est « plutôt une grande boite à souvenirs », où figurines, jeux vidéos de son enfance et artbooks prennent autant de place que les BD. Dans Spirou et moi, Éric Chabert est un auteur de plus à témoigner de l’importance qu’a eue Yoko Tsuno pour sa génération, et du statut de référence de Gil Jourdan, et En direct du futur reproduit l’affiche qu’a réalisée Lisa Mandel pour le festival Quai des bulles. Deux autres publicités pour des BD, la série animalière Klaw (au Lombard), et le dernier Tuniques bleues , le 68ème, et le supplément abonnés est des autocollants Poltron Minet, série visiblement poussée par l’éditeur.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4514 du 16/10/2024
Ici un aperçu du numéro : https://www.spirou.com/actualites/somma ... willy-woob
https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... iew-miroir
Et cette semaine, c’est au tour de Willy Woob, de Bernstein et Moog, de vivre sa première histoire longue, à sa façon du moins, six pages seulement, mais dans un décor qui est l’archétype de toutes les aventures, le western. La couverture rend évidemment hommage à Lucky Luke, mais plus encore, le nom de Willy Woob forme comme LL une allitération des initiales (et pas des rimes comme le soutient Spoirou dans La malédiction de la page 13), l 'histoire de prospecteurs rappelle le premier album, La mine d’or de Dick Digger (encore une allitération, ces jeux de mots dont raffolent les Étatsuniens et que Morris a à juste titre transposé dans LL, comme Phil Defer, Cigarette Cæsar, Joss Jamon, Rantanplan, Jesse James ou Tumulte à Tumbleweed), par contre ce ne sont pas des pépites d’or qu’ils recherchent mais des croquettes, car c’est Kiki, le chien de Willy Woob, qui est le moteur de cette histoire, par toutes les contraintes qu’il impose (pas de morts, comme l’imposait la censure dans LL, et, poussant la parodie, pas d’exploitation animale, mais une exploitation agricole, pas de torture…), et c’est lui qui « tire à la baballe plus vite que son ombre ». Et l’interview miroir de Willy par Woob (et inversement) comme l’utile et amusant Tuto dessiné pourvoient tout autant leur lot de poésie douce, graphique, verbale, et les deux imbriquées. Un peu comme dans L’édito de Fabcaro et Fabrice Erre où ils rappellent justement que les auteurs respectifs se connaissent depuis longtemps, l’époque où, avant Spirou, ils publiaient dans la revue Jade de Six pieds sous terre, en compagnie entre autres de Bouzard, ce qui explique aussi la complicité qu’ils montrent avec celui-ci dans Décalécatlàn. Dans cet épisode, on retrouve toujours les très drôles notations graphiques (le flot de Wolkswagen vertes, l’immeuble en forme de cactus, ces bâtiments « canards »typique d’une certaine architecture moderne du tiers-monde lorgnant sur les ÉUA, comme l’immeuble robot de Bangkok), mais les personnages passent au niveau supérieur dans la stupidité, avec leur machisme et leur mentalité coloniale condescendants. Suite de Loucas, de Bruno Dequier, où la coupe du Griffon a débuté sans lui, et que l’on retrouve, visage dissimulé sous une capuche, dans une tempête en pleine mer sur une...jonque (jolie idée du coloriste Yoann Guillo, qui représente dans les mêmes tons les vagues et la houle de spectateurs dans le stade), conduite par un japonais qui semble tout droit sorti de l’équipage de One piece. Grandiose finale pour Les cavaliers de l’apocadispe, de Libon, avec un...lave linge défonçant un car de police, et les cavaliers, ayant fait arrêter un gang de pollueurs, se retrouvent dans la position d’authentiques héros, ignorés de tous (leur maitresse leur colle la plus mauvaise note pour le devoir sur « il faut protéger la nature »), et inconscients d’eux-mêmes. Jolie finale aussi pour El diablo, de Trondheim et Nesme, qui s’est révélée n’être pas tant une aventure du marsupilami qu'un récit d'initiation écologique dans lequel il a, en tant qu’esprit de la forêt, servi au jeune personnage principal, José Palombo, à grandir, comme l’illustre le poster en supplément pour les abonnés, où le marsupilami disneyen (grands yeux humides, tout pelucheux) veille dans l’ombre sur le jeune couple de héros, l’espagnol et la chahutas. Suite enfin de JKJ Bloche, dans une séquence quasi muette (quelques lignes de dialogues au début) en gauffrier de 4 puis 5 bandes, Dodier donne leçon d’ambiance et de suspense mis en place uniquement avec la mise en scène (mais pour ceux pour qui le suspense serait insoutenable, une publicité informe que l’album est sorti depuis le 18 octobre).
Une histoire courte mais pas trop, 5 séries (à suivre), le reste en gags et rédactionnel (et de nouveau la pub pour une nouvelle saison des Tortues ninjas), encore un numéro bien équilibré à mon goût, et les Jeux de Rich !, présentant le Musée Spirou dans toute la diversité des personnages, des plus connus aux plus oubliés (qui savait ou se souvenait que Spirou avait publié Popeye - version Sagendorf – et ce non dans les années 30-40, l’âge d’or des BD US dans Spirou, mais en 1981, lors de la sortie du film d’Altman?), font écho à la diversité formelle de ce numéro.
Le Kid Paddle de Midam, Pujol, Dairin et Angèle est sur le thème des origines gore que Kid invente périodiquement concernant les choses les plus banales (l’interdiction de marcher sur le gazon cette fois). Les strips de Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau sont consacrés au cynisme du capitaine, involontaire, dû à son étroitesse d’esprit, pour ne pas dire sa stupidité. Deuxième planche de La vie galactik, une nouvelle série par Gallez et Lecrenier, et si l’historiette comporte une scène amusante de rencontre entre un enfant ami avec un autre, gigantesque, je ne suis pas sûr en revanche qu’il y ait un gag final. Bons gags par contre de Berth dans Les gens et inversement, bien noir, et de Dino pour Tash et Trash sur la BD réalisée par IA. Gag original de Ced et Gorobei dans Gary C. Neel, avec des tumbleweeds, rappel de Gaston Lagaffe dans Le bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, et déjà le quatrième gag sur la grossesse de Jeanette, la (encore future) maman de Roxanne, dans Dad flashbacks, de Nob.
Les BD de ma vie sont celles de Madd, le bon dessinateur de Poltron minet, dont les influences sont le manga et les comics de super héros, ce qui n’est pas vraiment décelable dans son dessin à première vue. Mais il parle surtout de l’expressivité du dessin, ce qui fait plus sens. Visiblement, la couleur violette exerce aussi une fascination sur lui, puisqu’il souligne lui-même cette particularité de son personnage dans le dessin hommage de Mafalda qu’il a réalisé (graphiquement à la perfection), ou que la couverture et les premières pages de Vagabond de Takehiko Inoue, qu’il admire, sont dans ces tons, tons qui se retrouvent également beaucoup dans Toutes les morts de Laila Starr, de Filipe Andrade (sur scénario de Ram V, non mentionné), qu’il qualifie de géniale, et dont le dessin de ce dessinateur portugais travaillant surtout pour les comics US, mélant un style dur des comics (Frank Miller) à celui de dessinateurs ibériques (pour le tracé élégant de Victor De La Fuente ou de Bernet) est effectivement impressionnant.
Enfin, En direct du futur annonce pour le numéro 4519 une nouvelle série dessinée par Stéphane Perger et scénarisée par « deux stars de la BD », Valérie Mangin et Denis Bajram, qui vont y « rendre hommage à toutes les BD qui les ont construits, de Yoko Tsuno (encore elle, à juste titre), à Papyrus (et oui, les explorations de De Gieter de l’ Égypte antique ont été précurseuses et envoûtantes pour des générations), et Les petits Hommes (un univers également fascinant pour des enfants).
Ici un aperçu du numéro : https://www.spirou.com/actualites/somma ... willy-woob
https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... iew-miroir
Et cette semaine, c’est au tour de Willy Woob, de Bernstein et Moog, de vivre sa première histoire longue, à sa façon du moins, six pages seulement, mais dans un décor qui est l’archétype de toutes les aventures, le western. La couverture rend évidemment hommage à Lucky Luke, mais plus encore, le nom de Willy Woob forme comme LL une allitération des initiales (et pas des rimes comme le soutient Spoirou dans La malédiction de la page 13), l 'histoire de prospecteurs rappelle le premier album, La mine d’or de Dick Digger (encore une allitération, ces jeux de mots dont raffolent les Étatsuniens et que Morris a à juste titre transposé dans LL, comme Phil Defer, Cigarette Cæsar, Joss Jamon, Rantanplan, Jesse James ou Tumulte à Tumbleweed), par contre ce ne sont pas des pépites d’or qu’ils recherchent mais des croquettes, car c’est Kiki, le chien de Willy Woob, qui est le moteur de cette histoire, par toutes les contraintes qu’il impose (pas de morts, comme l’imposait la censure dans LL, et, poussant la parodie, pas d’exploitation animale, mais une exploitation agricole, pas de torture…), et c’est lui qui « tire à la baballe plus vite que son ombre ». Et l’interview miroir de Willy par Woob (et inversement) comme l’utile et amusant Tuto dessiné pourvoient tout autant leur lot de poésie douce, graphique, verbale, et les deux imbriquées. Un peu comme dans L’édito de Fabcaro et Fabrice Erre où ils rappellent justement que les auteurs respectifs se connaissent depuis longtemps, l’époque où, avant Spirou, ils publiaient dans la revue Jade de Six pieds sous terre, en compagnie entre autres de Bouzard, ce qui explique aussi la complicité qu’ils montrent avec celui-ci dans Décalécatlàn. Dans cet épisode, on retrouve toujours les très drôles notations graphiques (le flot de Wolkswagen vertes, l’immeuble en forme de cactus, ces bâtiments « canards »typique d’une certaine architecture moderne du tiers-monde lorgnant sur les ÉUA, comme l’immeuble robot de Bangkok), mais les personnages passent au niveau supérieur dans la stupidité, avec leur machisme et leur mentalité coloniale condescendants. Suite de Loucas, de Bruno Dequier, où la coupe du Griffon a débuté sans lui, et que l’on retrouve, visage dissimulé sous une capuche, dans une tempête en pleine mer sur une...jonque (jolie idée du coloriste Yoann Guillo, qui représente dans les mêmes tons les vagues et la houle de spectateurs dans le stade), conduite par un japonais qui semble tout droit sorti de l’équipage de One piece. Grandiose finale pour Les cavaliers de l’apocadispe, de Libon, avec un...lave linge défonçant un car de police, et les cavaliers, ayant fait arrêter un gang de pollueurs, se retrouvent dans la position d’authentiques héros, ignorés de tous (leur maitresse leur colle la plus mauvaise note pour le devoir sur « il faut protéger la nature »), et inconscients d’eux-mêmes. Jolie finale aussi pour El diablo, de Trondheim et Nesme, qui s’est révélée n’être pas tant une aventure du marsupilami qu'un récit d'initiation écologique dans lequel il a, en tant qu’esprit de la forêt, servi au jeune personnage principal, José Palombo, à grandir, comme l’illustre le poster en supplément pour les abonnés, où le marsupilami disneyen (grands yeux humides, tout pelucheux) veille dans l’ombre sur le jeune couple de héros, l’espagnol et la chahutas. Suite enfin de JKJ Bloche, dans une séquence quasi muette (quelques lignes de dialogues au début) en gauffrier de 4 puis 5 bandes, Dodier donne leçon d’ambiance et de suspense mis en place uniquement avec la mise en scène (mais pour ceux pour qui le suspense serait insoutenable, une publicité informe que l’album est sorti depuis le 18 octobre).
Une histoire courte mais pas trop, 5 séries (à suivre), le reste en gags et rédactionnel (et de nouveau la pub pour une nouvelle saison des Tortues ninjas), encore un numéro bien équilibré à mon goût, et les Jeux de Rich !, présentant le Musée Spirou dans toute la diversité des personnages, des plus connus aux plus oubliés (qui savait ou se souvenait que Spirou avait publié Popeye - version Sagendorf – et ce non dans les années 30-40, l’âge d’or des BD US dans Spirou, mais en 1981, lors de la sortie du film d’Altman?), font écho à la diversité formelle de ce numéro.
Le Kid Paddle de Midam, Pujol, Dairin et Angèle est sur le thème des origines gore que Kid invente périodiquement concernant les choses les plus banales (l’interdiction de marcher sur le gazon cette fois). Les strips de Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau sont consacrés au cynisme du capitaine, involontaire, dû à son étroitesse d’esprit, pour ne pas dire sa stupidité. Deuxième planche de La vie galactik, une nouvelle série par Gallez et Lecrenier, et si l’historiette comporte une scène amusante de rencontre entre un enfant ami avec un autre, gigantesque, je ne suis pas sûr en revanche qu’il y ait un gag final. Bons gags par contre de Berth dans Les gens et inversement, bien noir, et de Dino pour Tash et Trash sur la BD réalisée par IA. Gag original de Ced et Gorobei dans Gary C. Neel, avec des tumbleweeds, rappel de Gaston Lagaffe dans Le bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, et déjà le quatrième gag sur la grossesse de Jeanette, la (encore future) maman de Roxanne, dans Dad flashbacks, de Nob.
Les BD de ma vie sont celles de Madd, le bon dessinateur de Poltron minet, dont les influences sont le manga et les comics de super héros, ce qui n’est pas vraiment décelable dans son dessin à première vue. Mais il parle surtout de l’expressivité du dessin, ce qui fait plus sens. Visiblement, la couleur violette exerce aussi une fascination sur lui, puisqu’il souligne lui-même cette particularité de son personnage dans le dessin hommage de Mafalda qu’il a réalisé (graphiquement à la perfection), ou que la couverture et les premières pages de Vagabond de Takehiko Inoue, qu’il admire, sont dans ces tons, tons qui se retrouvent également beaucoup dans Toutes les morts de Laila Starr, de Filipe Andrade (sur scénario de Ram V, non mentionné), qu’il qualifie de géniale, et dont le dessin de ce dessinateur portugais travaillant surtout pour les comics US, mélant un style dur des comics (Frank Miller) à celui de dessinateurs ibériques (pour le tracé élégant de Victor De La Fuente ou de Bernet) est effectivement impressionnant.
Enfin, En direct du futur annonce pour le numéro 4519 une nouvelle série dessinée par Stéphane Perger et scénarisée par « deux stars de la BD », Valérie Mangin et Denis Bajram, qui vont y « rendre hommage à toutes les BD qui les ont construits, de Yoko Tsuno (encore elle, à juste titre), à Papyrus (et oui, les explorations de De Gieter de l’ Égypte antique ont été précurseuses et envoûtantes pour des générations), et Les petits Hommes (un univers également fascinant pour des enfants).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4415 du 23/10/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... les-livres
En octobre est sorti l’album Les petits métiers méconnus “imaginés par Vincent Zabus, mis en images par » de nombreux dessinateurices, un(e) par histoire. Vincent Zabus expliquait (Spirou 4410) que des histoires courtes lui ont permis de travailler « avec des auteurs qui n’étaient pas disponibles pour un album entier », et c’est Alfred qui a réalisé l’histoire de cette semaine, qui a servi à compléter l’album. Sa couverture pour ce numéro de Spirou est tant romantique que romanesque, pour une des meilleures histoires de cette série née, expliquait Zabus, en 2022 du confinement dû au Covid : une libraire y est « vendeuse d’invendus », insérant à la sauvette des pages de ceux-ci dans des best-sellers, leur donnant une seconde chance inespérée. J’ajoute que travailler avec de multiples auteurices est un procédé qui sied bien au dramaturge et metteur en scène de théatre qu’est aussi Vincent Zabus, qui par ailleurs précisait (Spirou 4349) que sa première émotion en BD a été deux histoires de Spirou de Franquin, fondamentalement dissemblables et pourtant réunies dans le même album, Sur le ring « avec Poildur », et la teintée de racisme (plus exactement de paternalisme) mais foncièrement humaine Chez les pygmées, comme quoi les œuvres mêmes anecdotiques des grands auteurs offrent des ressources inépuisables. D'Alfred, je soulignerai sa façon d’utiliser la couleur comme dessin, qui lui permet entre autres de créer des liens inattendus, comme ici entre deux personnages dont le nez est fait d’un trait rouge, et me permet d’attirer l’attention sur la touchante note de bas de page de la seconde histoire courte du numéro, Plus blanc que blanc de Marc et Pep, de Nicoby, qui rend hommage à Philippe Oiry, son coloriste (et celui de Bouzard, Fabcaro, et bien d’autres, dont son propre fils Pierre Jeanneau pour Connexions, sélectionné à Angoulême), décédé en août dernier. Dans cette histoire des détectives privés, l’enquête n’apparait que dans la dernière page, et n’est de plus en plus dans cette série qu’un révélateur des relations entre les personnages et la société (Marc et Pep sont vus par un responsable de supermarché comme un « petit couple de mecs »). Tout le contraire, et ce serait a priori surprenant selon ce à quoi Dodier nous a habitué, du cinquième chapitre de Perpétuité, l'histoire en cours de JKJ Bloche, qui consiste en la recherche sur cinq pages quasi muettes d’un homme dans un immense maison quasi déserte, structure éminemment angoissante. Mais JKJ Bloche, comme toutes les bonnes séries noires, sait alterner et méler véritable récit et chronique sociale. Si Dodier peut se situer dans la tradition du polar, car ce genre se doit toujours de refléter la société, ce n’est pas le cas du récit d’aventure classique, qui ne marche plus que difficilement au premier degré, mais Fabcaro et Fabrice Erre dépassent dans Décalécatlàn par leur humour la trop souvent vue parodie de l’aventure exotique contaminée par la civilisation. Louca est toujours absent de ce troisième chapitre de La coupe du Griffon, où Bruno Dequier continue à présenter comment les autres personnages ont évolué durant ces années. Faire vieillir les personnages est en effet une des meilleures voies qu’ont trouvées les auteurs de séries d’aventures pour renouveler l’intérêt des lecteurices. La dernière histoire courte du numéro est un Capitaine Anchois où Floris réussit à fourrer dans trois pages piraterie, mythologie antique, arthurienne, et junk food, avec de plus un clin d’œil (volontaire, ou défaut de traduction?) aux jeux de rôle, la wyverne y apparaissant sous ce nom n’étant que le nom anglais ou des jeux de rôle HF de la vouivre.
Dans les gags, le Kid Paddle numéro 742 serait un gag de Game over ne serait l’apparition muette de Kid en dernière case, je me demande ce qui a décidé les auteurs Midam, Venet, Adam et Angèle à en faire un gag de Kid Paddle. Muet aussi le Crash Tex de Dab’s et Gom pour une version dégénérée de Guillaume Tell. Nena et Maria-Paz font une belle planche d’Otaku où les quatre strips sont en plan fixe pour faire ressortir le jeu de mise en page et le gag final, Zimra et Romain Pujol font une version accélérée du vieillissement des personnages dans Psychotine, quant à Ced, Frantz Hofmann et Annelise, ils font un gag de Kahl et Pörth entièrement basé sur le cadrage, réussi car la scène précédant la chute tient en elle-même par les dialogues et le dessin et ne fait pas artificiellement jouée ou étirée uniquement pour amener le gag. Toujours de bons conseils techniques dans La leçon de BD de Marko, amusante parodie de Lucky Luke chez Gary C. Neel de Gorobei et encore Ced, rappel nostalgique du libraire de Animal lecteur ! dans Le strip dont vous êtes la star de Libon et Sergio Salma, et suite de la série de Titan Inc. sur le cynisme rétrograde du capitaine, auquel Paul Martin et Manu Boisteau ajoutent cette semaine celui sardonique de Kata, la DRH. Humour noir dans Fish n chips de Tom, jeux de mots absurdes dans Des gens et inversement de Berth et dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, celui-ci touchant juste sur un des plus importants débats de société actuels. Dans Dad flashbacks de Nob, Roxanne, à peine née, montre déjà sa personnalité ; paradoxe de la BD en magazine : cinq semaines d’attente est long pour qu’un personnage naisse enfin, mais est vraiment court pour une grossesse…Et on ne verra sans doute pas la maman de Bébérénice puisque la publicité pour l’album Dad flashbacks ne montre en couverture que les trois filles ainées. Autre publicité intéressante, pour La mémoire du futur, le Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan et Guerrive, avec Spirou et fantasio se reflétant dans un globe sur fond rouge, dessin bien plus réussi car à la fois plus révélateur et plus intrigant, y compris graphiquement avec ses ombres, que la couverture définitive fourre-tout (sauf Seccotine, pourtant autant si pas plus essentielle que Spirou et Fantasio).
Dans le rédactionnel, Fred Neidhart se révèle un scénariste très rigoureux dans Bienvenue dans mon atelier, à l’opposé de ce que pourrait laisser croire la réputation de fumiste qu’il joue à laisser trainer dans Spirou depuis quelques années, montre une relation forte avec Spirou, « dans l’ADN familial », en dépit de ses parodies et canulars d’apparence irrespectueuse, et annonce une nouvelle histoire des Tuniques bleues toujours avec Lambil. En direct du futur annonce la suite du Soda Résurrection, dix ans après la première partie, attente due au décès de Tome, toujours dessiné par Dan, et scénarisé pour la fin par deux scénaristes vedettes de Spirou période Tinlot, Zidrou et Falzar.
Enfin, L’édito des Fabrice et leur délire verbal, les Jeux de Lerouge, sur « la panique dans un magasin où la bande à Spirou (une multitude de personnages) veut trouver chaussure à son pied» tandis que l’inspecteur mène son enquête, et les témoignages de différents auteurs imaginant d’« inattendus gagne-pain » en marge des Petits métiers méconnus répondent tous à la fantaisie poétique qui baigne ce numéro : en dehors de Lucy Mazel, Carbone et Damien Cerq, qui imaginent des métiers impossibles dans l’esprit de la série, les autres auteurs, Libon, Alfred, Nob, Jousselin, ne font qu’exprimer ce qu’ils font dans leur vie quotidienne, et retranscrivent dans leurs BD (lire ici: https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... os-auteurs)
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... les-livres
En octobre est sorti l’album Les petits métiers méconnus “imaginés par Vincent Zabus, mis en images par » de nombreux dessinateurices, un(e) par histoire. Vincent Zabus expliquait (Spirou 4410) que des histoires courtes lui ont permis de travailler « avec des auteurs qui n’étaient pas disponibles pour un album entier », et c’est Alfred qui a réalisé l’histoire de cette semaine, qui a servi à compléter l’album. Sa couverture pour ce numéro de Spirou est tant romantique que romanesque, pour une des meilleures histoires de cette série née, expliquait Zabus, en 2022 du confinement dû au Covid : une libraire y est « vendeuse d’invendus », insérant à la sauvette des pages de ceux-ci dans des best-sellers, leur donnant une seconde chance inespérée. J’ajoute que travailler avec de multiples auteurices est un procédé qui sied bien au dramaturge et metteur en scène de théatre qu’est aussi Vincent Zabus, qui par ailleurs précisait (Spirou 4349) que sa première émotion en BD a été deux histoires de Spirou de Franquin, fondamentalement dissemblables et pourtant réunies dans le même album, Sur le ring « avec Poildur », et la teintée de racisme (plus exactement de paternalisme) mais foncièrement humaine Chez les pygmées, comme quoi les œuvres mêmes anecdotiques des grands auteurs offrent des ressources inépuisables. D'Alfred, je soulignerai sa façon d’utiliser la couleur comme dessin, qui lui permet entre autres de créer des liens inattendus, comme ici entre deux personnages dont le nez est fait d’un trait rouge, et me permet d’attirer l’attention sur la touchante note de bas de page de la seconde histoire courte du numéro, Plus blanc que blanc de Marc et Pep, de Nicoby, qui rend hommage à Philippe Oiry, son coloriste (et celui de Bouzard, Fabcaro, et bien d’autres, dont son propre fils Pierre Jeanneau pour Connexions, sélectionné à Angoulême), décédé en août dernier. Dans cette histoire des détectives privés, l’enquête n’apparait que dans la dernière page, et n’est de plus en plus dans cette série qu’un révélateur des relations entre les personnages et la société (Marc et Pep sont vus par un responsable de supermarché comme un « petit couple de mecs »). Tout le contraire, et ce serait a priori surprenant selon ce à quoi Dodier nous a habitué, du cinquième chapitre de Perpétuité, l'histoire en cours de JKJ Bloche, qui consiste en la recherche sur cinq pages quasi muettes d’un homme dans un immense maison quasi déserte, structure éminemment angoissante. Mais JKJ Bloche, comme toutes les bonnes séries noires, sait alterner et méler véritable récit et chronique sociale. Si Dodier peut se situer dans la tradition du polar, car ce genre se doit toujours de refléter la société, ce n’est pas le cas du récit d’aventure classique, qui ne marche plus que difficilement au premier degré, mais Fabcaro et Fabrice Erre dépassent dans Décalécatlàn par leur humour la trop souvent vue parodie de l’aventure exotique contaminée par la civilisation. Louca est toujours absent de ce troisième chapitre de La coupe du Griffon, où Bruno Dequier continue à présenter comment les autres personnages ont évolué durant ces années. Faire vieillir les personnages est en effet une des meilleures voies qu’ont trouvées les auteurs de séries d’aventures pour renouveler l’intérêt des lecteurices. La dernière histoire courte du numéro est un Capitaine Anchois où Floris réussit à fourrer dans trois pages piraterie, mythologie antique, arthurienne, et junk food, avec de plus un clin d’œil (volontaire, ou défaut de traduction?) aux jeux de rôle, la wyverne y apparaissant sous ce nom n’étant que le nom anglais ou des jeux de rôle HF de la vouivre.
Dans les gags, le Kid Paddle numéro 742 serait un gag de Game over ne serait l’apparition muette de Kid en dernière case, je me demande ce qui a décidé les auteurs Midam, Venet, Adam et Angèle à en faire un gag de Kid Paddle. Muet aussi le Crash Tex de Dab’s et Gom pour une version dégénérée de Guillaume Tell. Nena et Maria-Paz font une belle planche d’Otaku où les quatre strips sont en plan fixe pour faire ressortir le jeu de mise en page et le gag final, Zimra et Romain Pujol font une version accélérée du vieillissement des personnages dans Psychotine, quant à Ced, Frantz Hofmann et Annelise, ils font un gag de Kahl et Pörth entièrement basé sur le cadrage, réussi car la scène précédant la chute tient en elle-même par les dialogues et le dessin et ne fait pas artificiellement jouée ou étirée uniquement pour amener le gag. Toujours de bons conseils techniques dans La leçon de BD de Marko, amusante parodie de Lucky Luke chez Gary C. Neel de Gorobei et encore Ced, rappel nostalgique du libraire de Animal lecteur ! dans Le strip dont vous êtes la star de Libon et Sergio Salma, et suite de la série de Titan Inc. sur le cynisme rétrograde du capitaine, auquel Paul Martin et Manu Boisteau ajoutent cette semaine celui sardonique de Kata, la DRH. Humour noir dans Fish n chips de Tom, jeux de mots absurdes dans Des gens et inversement de Berth et dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, celui-ci touchant juste sur un des plus importants débats de société actuels. Dans Dad flashbacks de Nob, Roxanne, à peine née, montre déjà sa personnalité ; paradoxe de la BD en magazine : cinq semaines d’attente est long pour qu’un personnage naisse enfin, mais est vraiment court pour une grossesse…Et on ne verra sans doute pas la maman de Bébérénice puisque la publicité pour l’album Dad flashbacks ne montre en couverture que les trois filles ainées. Autre publicité intéressante, pour La mémoire du futur, le Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan et Guerrive, avec Spirou et fantasio se reflétant dans un globe sur fond rouge, dessin bien plus réussi car à la fois plus révélateur et plus intrigant, y compris graphiquement avec ses ombres, que la couverture définitive fourre-tout (sauf Seccotine, pourtant autant si pas plus essentielle que Spirou et Fantasio).
Dans le rédactionnel, Fred Neidhart se révèle un scénariste très rigoureux dans Bienvenue dans mon atelier, à l’opposé de ce que pourrait laisser croire la réputation de fumiste qu’il joue à laisser trainer dans Spirou depuis quelques années, montre une relation forte avec Spirou, « dans l’ADN familial », en dépit de ses parodies et canulars d’apparence irrespectueuse, et annonce une nouvelle histoire des Tuniques bleues toujours avec Lambil. En direct du futur annonce la suite du Soda Résurrection, dix ans après la première partie, attente due au décès de Tome, toujours dessiné par Dan, et scénarisé pour la fin par deux scénaristes vedettes de Spirou période Tinlot, Zidrou et Falzar.
Enfin, L’édito des Fabrice et leur délire verbal, les Jeux de Lerouge, sur « la panique dans un magasin où la bande à Spirou (une multitude de personnages) veut trouver chaussure à son pied» tandis que l’inspecteur mène son enquête, et les témoignages de différents auteurs imaginant d’« inattendus gagne-pain » en marge des Petits métiers méconnus répondent tous à la fantaisie poétique qui baigne ce numéro : en dehors de Lucy Mazel, Carbone et Damien Cerq, qui imaginent des métiers impossibles dans l’esprit de la série, les autres auteurs, Libon, Alfred, Nob, Jousselin, ne font qu’exprimer ce qu’ils font dans leur vie quotidienne, et retranscrivent dans leurs BD (lire ici: https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... os-auteurs)
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4516 du 30 /10/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... alloween-2
Numéro spécial Halloween, une tradition récente du journal, depuis le 4255 en 2019, qui avait eu bien évidemment une couverture avec Kid Paddle. Cette année c’est Goum (dessinateur de la série Comme des bêtes dans Spirou de 2019 à 2021) qui la réalise, assez réussie dans le ton graphique des Studios UPA des années 60 pour les membres filiformes. Dans les gags, tous les garnements du journal répondent bien sûr à l’appel, et c’est là qu’on se rend compte qu’ils sont nombreux : Kid Paddle, Crash Tex, Léon et Léna, Psychotine, Nelson, Pernille. Manque juste le Petit Spirou ( et Cédric, bien que je ne puisse le considérer comme un garnement, en dépit de son mauvais caractère). Les héritiers du premier Spirou, l’espiègle au grand cœur des débuts de Rob-Vel, qui paraissait en gags hebdomadaires, sont décidemment bien nombreux, avec l’accent mis sur l’espièglerie.
Avec les trois autres séries dont les enfants sont les personnages principaux (mais que je ne qualifie pas de garnements, et qui d’ailleurs ne célèbrent pas Halloween), seuls ou en famille (Dad et ses filles, le petit barbare de Game over, pour un gag amusant en Superman où il ne déparerait pas Crash Tex, et Louca, toujours absent sauf de dos sur quelques cases, pour un chapitre sur le versant criminel tragique), on se rend bien compte de leur prééminence dans le journal, et donc du public visé, alors que les adultes nostagiques constituent une large part du lectorat. Difficile de satisfaire un public si scindé, comme le montrent les Jeux de Frédéric Antoine et Rich, un Monstrueux pique-nique auquel participent tant le chaton Poltron Minet et Kid Paddle que JKJ Bloche et Tif et Tondu (personnages devenus patrimoniaux, ce qu'indique leur reprise par Blutch).
Dans les autres gags, les Fabrice sont comme de juste dans leur Édito infantiles, entendre inconséquents, par contre, dans la satire qu’est Titan Inc., de Paul Martin et Manu Boisteau, ce sont les enfants qui se montrent responsables tandis que le capitaine se vautre avec joie dans la part de fuite que recèle Halloween, Renaud Collin donne de bons conseils graphiques (expressions et onomatopées) dans La leçon de BD, et Sergio Salma et Libon inventent dans Le strip dont vous êtes la star un bon jeu pour les plus petits.
Dans les histoires courtes, Moustage est celle d’un stagiaire de 3ème faisant un stage dans une entreprise émule de Zombillénium, pour laquelle Hervé Bourhis a adopté un encrage et une colorisation vaporeux de circonstance, Gorobei et David Boriau racontent dans Copains comme citrouilles une histoire d’amitié fortuite, charmante avec la surprise de qui est le gamin déguisé en Spirou zombie, jusqu’à la fin halloweenesque où le monstre n’est pas celui qu’on croyait. Enfin dans Raowl Tebo présente une série de malédictions toutes plus inédites et (relativement) pénibles les unes que les autres.
Dodier poursuit dans JKJ Bloche sa narration en gaufrier de cinq bandes avec un minimum de paroles, cette fois pour un long flashback, cette technique faisant ressortir gestes et regards pour faire ressentir toute la détresse de la femme bafouée. Coïncidence, dans Décalécatàn, Fabcaro et Fabrice Erre élident eux le cliché narratif du flashback des séries d’aventures exotiques : « Ho nooon, pas un flashback ...ça va être hyper ennuyeux ...»« Ah, bon ben, je me suis plu ici et les Acahualpas m’ont adopté, voila. »
Pour le reste,Jorge Bernstein propose Les bonbons de l’angoisse, un test éducatif explicant que les bonbons sont mauvais pour la santé, sur un fond joliment illustré par l’auteur de la couverture, Goum, qui a également réalisé les mignons autocollants d’Halloween en supplément, et Bernstein est aussi l’invité des BD de ma vie, où ce scénariste parle aussi bien de classiques attendus (Gotlib, Margerin, Bill Watterson) que plus oubliés (le grand Mordillo), de classiques modernes (Fabcaro, Emmanuel Guibert) et de bons auteurices actuels relativement peu connus (Anouk Ricard), deux pages présentent les dessins gagnants du concours Les monstres sous votre lit, et En direct du futur annonce enfin la suite de Les Amis de Spirou, par Morvan, Evrard et Ben BK pour début 2025.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... alloween-2
Numéro spécial Halloween, une tradition récente du journal, depuis le 4255 en 2019, qui avait eu bien évidemment une couverture avec Kid Paddle. Cette année c’est Goum (dessinateur de la série Comme des bêtes dans Spirou de 2019 à 2021) qui la réalise, assez réussie dans le ton graphique des Studios UPA des années 60 pour les membres filiformes. Dans les gags, tous les garnements du journal répondent bien sûr à l’appel, et c’est là qu’on se rend compte qu’ils sont nombreux : Kid Paddle, Crash Tex, Léon et Léna, Psychotine, Nelson, Pernille. Manque juste le Petit Spirou ( et Cédric, bien que je ne puisse le considérer comme un garnement, en dépit de son mauvais caractère). Les héritiers du premier Spirou, l’espiègle au grand cœur des débuts de Rob-Vel, qui paraissait en gags hebdomadaires, sont décidemment bien nombreux, avec l’accent mis sur l’espièglerie.
Avec les trois autres séries dont les enfants sont les personnages principaux (mais que je ne qualifie pas de garnements, et qui d’ailleurs ne célèbrent pas Halloween), seuls ou en famille (Dad et ses filles, le petit barbare de Game over, pour un gag amusant en Superman où il ne déparerait pas Crash Tex, et Louca, toujours absent sauf de dos sur quelques cases, pour un chapitre sur le versant criminel tragique), on se rend bien compte de leur prééminence dans le journal, et donc du public visé, alors que les adultes nostagiques constituent une large part du lectorat. Difficile de satisfaire un public si scindé, comme le montrent les Jeux de Frédéric Antoine et Rich, un Monstrueux pique-nique auquel participent tant le chaton Poltron Minet et Kid Paddle que JKJ Bloche et Tif et Tondu (personnages devenus patrimoniaux, ce qu'indique leur reprise par Blutch).
Dans les autres gags, les Fabrice sont comme de juste dans leur Édito infantiles, entendre inconséquents, par contre, dans la satire qu’est Titan Inc., de Paul Martin et Manu Boisteau, ce sont les enfants qui se montrent responsables tandis que le capitaine se vautre avec joie dans la part de fuite que recèle Halloween, Renaud Collin donne de bons conseils graphiques (expressions et onomatopées) dans La leçon de BD, et Sergio Salma et Libon inventent dans Le strip dont vous êtes la star un bon jeu pour les plus petits.
Dans les histoires courtes, Moustage est celle d’un stagiaire de 3ème faisant un stage dans une entreprise émule de Zombillénium, pour laquelle Hervé Bourhis a adopté un encrage et une colorisation vaporeux de circonstance, Gorobei et David Boriau racontent dans Copains comme citrouilles une histoire d’amitié fortuite, charmante avec la surprise de qui est le gamin déguisé en Spirou zombie, jusqu’à la fin halloweenesque où le monstre n’est pas celui qu’on croyait. Enfin dans Raowl Tebo présente une série de malédictions toutes plus inédites et (relativement) pénibles les unes que les autres.
Dodier poursuit dans JKJ Bloche sa narration en gaufrier de cinq bandes avec un minimum de paroles, cette fois pour un long flashback, cette technique faisant ressortir gestes et regards pour faire ressentir toute la détresse de la femme bafouée. Coïncidence, dans Décalécatàn, Fabcaro et Fabrice Erre élident eux le cliché narratif du flashback des séries d’aventures exotiques : « Ho nooon, pas un flashback ...ça va être hyper ennuyeux ...»« Ah, bon ben, je me suis plu ici et les Acahualpas m’ont adopté, voila. »
Pour le reste,Jorge Bernstein propose Les bonbons de l’angoisse, un test éducatif explicant que les bonbons sont mauvais pour la santé, sur un fond joliment illustré par l’auteur de la couverture, Goum, qui a également réalisé les mignons autocollants d’Halloween en supplément, et Bernstein est aussi l’invité des BD de ma vie, où ce scénariste parle aussi bien de classiques attendus (Gotlib, Margerin, Bill Watterson) que plus oubliés (le grand Mordillo), de classiques modernes (Fabcaro, Emmanuel Guibert) et de bons auteurices actuels relativement peu connus (Anouk Ricard), deux pages présentent les dessins gagnants du concours Les monstres sous votre lit, et En direct du futur annonce enfin la suite de Les Amis de Spirou, par Morvan, Evrard et Ben BK pour début 2025.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4517 du 06/11/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... z-jeunesse
Les histoires courtes du Petit Spirou évoquent souvent un pan caché des personnages, et celle-ci, comme l’indique le dessin de couverture et son excellent jeu de mots, est sur la jeunesse de son grand-père qui refuse de vieillir (il donne une idée de Peter Pan vieux...), la précédente (Spirou 4500) ayant révélé l’enfance de ConstanTIN BrouTIN. Janry a encore une fois indiqué en bas de dernière planche qu’il a réalisé cette histoire, variation sur Les vieux fourneaux, « avec un joli coup de main de Jacques Louis » , précision importante non indiquée dans le bandeau titre, où figure seule la collaboration de Cerise aux couleurs. Suivent les résultats du concours du gag à imaginer pour le dernier album du Petit Spirou, commentés par Janry, et en fin de magazine des Jeux d’Enzo Berkati sur la bande au Petit Spirou dans un étrange supermarché au démesuré rayon presse pour adultes où rodent l’œil badaud du grand’père et celui désaprobateur de l’abbé L’angélusse.
Énigmatique conclusion de Perpétuité de JKJ Bloche, sans réel crime ni criminel, mais ce n’est pas la première fois, et Jérome a tout de même mené un enquête pleine de dangers et de rebondissements, ce qui est l’essentiel dans ce genre de récits de genre, et fini par retrouver les disparus. Ce qui est plus inhabituel est l’incessante présence de fantômes du présents (Babette venant hanter les rêves de Jérome) et du passé (le long flash back). Encore une fois, ce thème est un classique chez JKJ Bloche, et ce dès ses premières histoires, mais ici leur découverte ne vient pas apaiser, comme en témoigne le regard vide du personnage en dernière case à l’arrivée de son fils surgi de nulle part. Suite de Décalécatàn, où le comique des dialogues (planche 27), visuel (la scène dans les rapides) et les ellipses (la jambe tranchée par les crocodiles – les caïmans, plutôt, vu le pays de l’action, mais ce ne serait pas la première incongruïté volontaire de cette histoire parodique, ne serait-ce que le titre, Décalécatàn, un Yucatán si décalé que l’accent sur le a s’en trouve retourné...– sont terriblement efficaces, au contraire de Fabcaro et Fabrice Erre, héros plus qu’involontaires. Louca arrive enfin, en 34e minute de match à la 34e planche, dans ce cinquième chapitre sur huit de La coupe du Griffon, avec deux belles ellipses narratives, le match de demi finale dont Bruno Dequier ne représente que le début, à l’avantage des Phœnix, et la fin, où ils se trouvent menés, et l’arrivée de Louca à l’aéroport, vu de loin, semblant le gamin toujours aussi maladroit, et son entrée sur le stade en triomphant jeune homme en pieds sur une pleine page.
Dans les gags, un Game over de Midam, Benz, Adam et Angèle, sur le gag déjà vu des inconvénients dus aux changements brusque de taille, mais graphiquement amusant, et un autre Kid Paddle de Midam, Patelin, Adam et Angèle qui serait aussi un Game over ne serait le Kid en dernière case : une nouvelle occurrence du personnage échappant à son créateur ? Bernstein et Moog font une boucle narrative, Willy Woob disant dans le premier strip, en photographiant son chien Kiki, vouloir « capter l’instant présent avant qu’il ne s’échappe à jamais dans la grande farandole de la vie », mais veut finalement dans le dernier strip s’oublier dans cette grande farandole de la vie. Léna dit ne « pas beaucoup aimer cette période », car depuis quelque temps en effet Damien Cerq, Clémence Perrault et Ludwig Alizon ont fait passer Léon et Léna de diablotins à brimés. Nouveaux personnages secondaires visiblement dans Annabelle Pirate Rebelle de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, des marins anglais, Dav, Cyril Trichet et Esteban invitent un clone elfique d’Hayao Miyazaki dans Pernille, et Floris fait de Capitaine Anchois un remake comique de La mouche (la nouvelle de George Langelaan, ou l’un des films qui en ont été tirés), Paul Martin et Manu Boisteau font apparaître un nouveau travers de la société dans Titan Inc. à travers une secte millénariste, et les poissons de Fish n chips de Tom tentent de recycler pour Halloween les déchets consumériste qu’elle a produits. Quand à Roxanne, la dernière née de Dad, elle grandit vite et se prépare déjà à faire ses dents, et Jonathan Delicour, le 12e rédacteur en chef depuis la création du journal, échappe ainsi de peu à La malédiction de la page 13.
Achdé est l’invité de Bienvenue dans mon atelier, qu’il qualifie de capharnaüm organisé, et ou il conserve ses crayonnés, qu’il relie lui-même, et Aude Mermilliod, qui a travaillé avec Martin Winckler, ex Docteur je sais tout dans Spirou, et actuellement avec Tripp pour Dupuis, dit que Luna Fatale lui a servi à apprendre à dessiner en la décalquant « un nombre incalculable de fois », tandis que sur sa fiche Wikipédia, elle se dit profondément influencée par Edmond Baudoin, qui serait donc plus respectable...Enfin dans Concours du futur est annoncé le spécial Noël, avec des « auteurs majeurs du journal » , dont Kox, présent depuis 50 ans, mais aussi, plus étonnant, Théo Grosjean, Damien Cerq, Thomas Priou ou Jorge Bernstein, dont les séries ne datent que de 4 ou 5 ans et pour certains n’ont pas (encore?) d’albums qui en seraient issus, ce qui ne préjuge pas de leur qualité, mais les qualifier ainsi me semble pour le moins hâtif... Sur la même page, très drôle annonce par Bercovici du retour de Soda qui tente une fois de plus d’avouer sa double vie à sa mère, et cruel Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, Spirou y concurrençant le cinéma, deux modes d’expression en large perte d’influence par rapport aux nouveaux médias. Enfin, l’image de Alexis Nesme choisie pour illustrer la publicité pour El Diablo, avec le marsupilami en avant plan dans les frondaisons et la mature d’un navire leur faisant écho sur fond de fleuve doré reflétant un ciel éblouissant, elle est plus belle, du moins plus inspirée, que l’image choisie pour la couverture, mais certes moins suggestive.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... z-jeunesse
Les histoires courtes du Petit Spirou évoquent souvent un pan caché des personnages, et celle-ci, comme l’indique le dessin de couverture et son excellent jeu de mots, est sur la jeunesse de son grand-père qui refuse de vieillir (il donne une idée de Peter Pan vieux...), la précédente (Spirou 4500) ayant révélé l’enfance de ConstanTIN BrouTIN. Janry a encore une fois indiqué en bas de dernière planche qu’il a réalisé cette histoire, variation sur Les vieux fourneaux, « avec un joli coup de main de Jacques Louis » , précision importante non indiquée dans le bandeau titre, où figure seule la collaboration de Cerise aux couleurs. Suivent les résultats du concours du gag à imaginer pour le dernier album du Petit Spirou, commentés par Janry, et en fin de magazine des Jeux d’Enzo Berkati sur la bande au Petit Spirou dans un étrange supermarché au démesuré rayon presse pour adultes où rodent l’œil badaud du grand’père et celui désaprobateur de l’abbé L’angélusse.
Énigmatique conclusion de Perpétuité de JKJ Bloche, sans réel crime ni criminel, mais ce n’est pas la première fois, et Jérome a tout de même mené un enquête pleine de dangers et de rebondissements, ce qui est l’essentiel dans ce genre de récits de genre, et fini par retrouver les disparus. Ce qui est plus inhabituel est l’incessante présence de fantômes du présents (Babette venant hanter les rêves de Jérome) et du passé (le long flash back). Encore une fois, ce thème est un classique chez JKJ Bloche, et ce dès ses premières histoires, mais ici leur découverte ne vient pas apaiser, comme en témoigne le regard vide du personnage en dernière case à l’arrivée de son fils surgi de nulle part. Suite de Décalécatàn, où le comique des dialogues (planche 27), visuel (la scène dans les rapides) et les ellipses (la jambe tranchée par les crocodiles – les caïmans, plutôt, vu le pays de l’action, mais ce ne serait pas la première incongruïté volontaire de cette histoire parodique, ne serait-ce que le titre, Décalécatàn, un Yucatán si décalé que l’accent sur le a s’en trouve retourné...– sont terriblement efficaces, au contraire de Fabcaro et Fabrice Erre, héros plus qu’involontaires. Louca arrive enfin, en 34e minute de match à la 34e planche, dans ce cinquième chapitre sur huit de La coupe du Griffon, avec deux belles ellipses narratives, le match de demi finale dont Bruno Dequier ne représente que le début, à l’avantage des Phœnix, et la fin, où ils se trouvent menés, et l’arrivée de Louca à l’aéroport, vu de loin, semblant le gamin toujours aussi maladroit, et son entrée sur le stade en triomphant jeune homme en pieds sur une pleine page.
Dans les gags, un Game over de Midam, Benz, Adam et Angèle, sur le gag déjà vu des inconvénients dus aux changements brusque de taille, mais graphiquement amusant, et un autre Kid Paddle de Midam, Patelin, Adam et Angèle qui serait aussi un Game over ne serait le Kid en dernière case : une nouvelle occurrence du personnage échappant à son créateur ? Bernstein et Moog font une boucle narrative, Willy Woob disant dans le premier strip, en photographiant son chien Kiki, vouloir « capter l’instant présent avant qu’il ne s’échappe à jamais dans la grande farandole de la vie », mais veut finalement dans le dernier strip s’oublier dans cette grande farandole de la vie. Léna dit ne « pas beaucoup aimer cette période », car depuis quelque temps en effet Damien Cerq, Clémence Perrault et Ludwig Alizon ont fait passer Léon et Léna de diablotins à brimés. Nouveaux personnages secondaires visiblement dans Annabelle Pirate Rebelle de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, des marins anglais, Dav, Cyril Trichet et Esteban invitent un clone elfique d’Hayao Miyazaki dans Pernille, et Floris fait de Capitaine Anchois un remake comique de La mouche (la nouvelle de George Langelaan, ou l’un des films qui en ont été tirés), Paul Martin et Manu Boisteau font apparaître un nouveau travers de la société dans Titan Inc. à travers une secte millénariste, et les poissons de Fish n chips de Tom tentent de recycler pour Halloween les déchets consumériste qu’elle a produits. Quand à Roxanne, la dernière née de Dad, elle grandit vite et se prépare déjà à faire ses dents, et Jonathan Delicour, le 12e rédacteur en chef depuis la création du journal, échappe ainsi de peu à La malédiction de la page 13.
Achdé est l’invité de Bienvenue dans mon atelier, qu’il qualifie de capharnaüm organisé, et ou il conserve ses crayonnés, qu’il relie lui-même, et Aude Mermilliod, qui a travaillé avec Martin Winckler, ex Docteur je sais tout dans Spirou, et actuellement avec Tripp pour Dupuis, dit que Luna Fatale lui a servi à apprendre à dessiner en la décalquant « un nombre incalculable de fois », tandis que sur sa fiche Wikipédia, elle se dit profondément influencée par Edmond Baudoin, qui serait donc plus respectable...Enfin dans Concours du futur est annoncé le spécial Noël, avec des « auteurs majeurs du journal » , dont Kox, présent depuis 50 ans, mais aussi, plus étonnant, Théo Grosjean, Damien Cerq, Thomas Priou ou Jorge Bernstein, dont les séries ne datent que de 4 ou 5 ans et pour certains n’ont pas (encore?) d’albums qui en seraient issus, ce qui ne préjuge pas de leur qualité, mais les qualifier ainsi me semble pour le moins hâtif... Sur la même page, très drôle annonce par Bercovici du retour de Soda qui tente une fois de plus d’avouer sa double vie à sa mère, et cruel Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, Spirou y concurrençant le cinéma, deux modes d’expression en large perte d’influence par rapport aux nouveaux médias. Enfin, l’image de Alexis Nesme choisie pour illustrer la publicité pour El Diablo, avec le marsupilami en avant plan dans les frondaisons et la mature d’un navire leur faisant écho sur fond de fleuve doré reflétant un ciel éblouissant, elle est plus belle, du moins plus inspirée, que l’image choisie pour la couverture, mais certes moins suggestive.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4518 du 13/11/2024
ici un aperçu du numero: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ur-de-soda
Couverture schizo (mais la vie de Soda l’est), avec les gros flingues en gros plan chers à Tome et Janry (on en voit sur 5 des 13 couvertures de Spirou et Fantasio qu’ils ont réalisées, pratiquement jamais chez tous les autres auteurs), brandis par ce qui pourrait apparaitre comme des tueurs psychopathes (un prêtre, un gros cigare dans une telle situation), impression désamorcée pour ceux qui connaissent ces trois personnages, par le style de dessin de Dan, et surtout quand on sait que c’est une scène tirée du tome un, dans laquelle ces personnages s’amusent à abattre un drone, et ne sont donc pas des tueurs venant frapper à la porte. Mais, hors contexte... Le malaise persiste dans l’interview de Dan, où lui (et Tome par sa voix) se revendiquent du complotisme en en recusant le terme. https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... e-toujours
-Dans « Révélations », Pronzini, l'ancien ami de Soda, lui donnera de troublantes informations sur le 11 Septembre. Un angle scénaristique que certains jugeront complotiste.
-Dan: C'est le point de vue de Pronzini. Philippe tenait avant tout à faire de Soda une fiction. Si ça fait réfléchir le lecteur, c'est du dommage collatéral ! Tome n'adhérait clairement pas à 100 % aux théories officielles concernant les attentats du 11 Septembre, mais il ne pensait pas détenir pour autant la vérité. Il s'était lourdement informé sur le sujet, arrivant à la conclusion qu'il subsistait des zones d'ombre et de coïncidences tenant du paranormal. Philippe avait une bonne connaissance de l'histoire, des agissements occultes de la CIA, mais aussi des méthodologies terroristes de tous bords. On ne saura jamais ce qui s'est exactement passé le 11 Septembre. On sait par contre que l'invasion de l'Irak par les USA repose bel et bien sur un mensonge "officiel". Il y a donc un précédent. Pour moi, le terme de "complotiste" pro-ci ou anti-ça stoppe souvent toute possibilité de débat, ce qui me semble dangereux.
Le premier tome, Résurrection, datant d’il y a dix ans, appelait-il une suite ? La mort de Mary aurait pu signifier la fin des aventures de Soda, celui-ci n’ayant dès lors plus de raison de dissimuler son identité. Mais visiblement, comme l’indique le titre parfaitement approprié de cette suite, les auteurs avaient des révélations à faire sur le 11 septembre.
L’histoire commence très classiquement comme dans plusieurs films hollywoodiens par une mort suivie d’un flash back l’expliquant (Sunset Bld., The Barefoot Contessa). Comme pour la couverture, le dessin de Dan contrebalance la violence de l’histoire, par contre le dessin pleine page expressioniste en rouge et noir servant de fond à l’interview (et à la couverture de l'album, qui ne vise donc pas le gros du lectorat de Spirou) est inquiétant à souhaits.
Retour aussi de Louca dans sa propre série, amorcé la semaine précédente, mais sa proverbiale malchance le poursuivant toujours, son entrée qu’il avait rêvée triomphale se tranforme en catastrophe. L’auteur Bruno Dequier parle d’ailleurs sans surprise dans Les BD de ma vie de sa double formation par le dessin des Spirou (le grand et le petit) de Janry et les mangas initiatiques pour garçons que sont les shōnen de sport ou Dragon Ball d’Akira Toriyama, et de l’influence de Peter Parker, le super-héros adolescent complexé, sur Louca. Suite de Décalécatàn, où nos héros continuent leur exploration des passages obligés des séries d’aventure, avec, « ça alors ! Des kilomètres de galeries creusées sous la cité maya, c’est incroyable ! », et révèlent que la crapuleuse Palmatec est la productrice du fameux MutellaⓇ. Dans L’édito toutefois les Fabrice se permettent de citer de vraies marques, et bien qu’au grand dam du nouveau rédac chef (qui semble un peu trop sensible pour ce poste en face des Fabrice), pourrait-on donc se permettre des choses dans le magazine qui seraient trop sensibles pour un album? On apprend également qu’aux deux Fabrice de L’édito, Fabcaro et Fabrice Erre, a failli s’en adjoindre un troisième, Lucchini, heureusement, c’était un gag de 3 infos, 2 vraies, 1 fausse de Bernstein, Bercovici et Le Gall. Par contre le nouveau rédac’chef est aussi, et encore une fois, présent dans les marges de La malédiction de la page 13 de Sti. Cela fait longtemps que les rédac’chefs de Spirou sont des personnages de BD à part entière du journal, mais c’est la première fois qu’un à peine intronisé est si présent...
Trois histoires courtes, La clinique des mauvais rêves, où une jeune fille se retrouve après un accident de foot dans une clinique pour créatures de mauvais rêves, en fait issues de films d’horreur, par Rubén del Rincón et Darlot, auteurs épisodiques d’histoires courtes dans Spirou depuis plus d’une dizaine d’années, deux pages du Capitaine Anchois de Floris, invité à un mariage, où Louis a la vedette, ce personnage qui y a encore une fois du succès auprès des filles alors que d’ordinaire les nerds comme lui sont plutôt balourds relationnellement, et un mini-récit de Léon et Léna, où leur cousin Jacques devient une vedette des réseaux sociaux grâce à ses talents de cuisiniers, les auteurs Damien Cerq et Clémence Perrault montrant au final la versatilité de ceux-ci.
Dans les autres gags, Midam, Patelin, Dairin et Angèle ont construit un Kid Paddle fait d’amusantes parodies des strips (à suivre) des quotidiens US, dorénavant lus sur portable indépendamment du journal. Suite de l’arc de Titan Inc. sur la secte millénariste, gag de Nelson de Bertshy sans Nelson, avec le chien robot, gag muet de Gary C. Neel de Ced et Gorobei, amusante variation sur le laboureur et ses enfants de La Fontaine, Tom montre dans Fish n chips que la superficialité existe, ô paradoxe, même au fond des mers, et Lécroart dans Les Fifiches du Proprofesseur que les révolutions ne font (parfois?) qu’inverser les rapports de domination. Le fait que les planches de Pernille et d'Annabelle soient placées recto-verso permet de se rendre compte de la forte proximité graphique entre les deux héroïnes, jeunes filles blondes pourvues d’une grande mèche, entre celle de Spirou et celle de Titeuf. Quant à Roxanne, la dernière née dans Dad flashback, elle grandit vite, sa personnalité est déjà là, à quatre pattes, elle bat son père à la course, et sait même grimper aux arbres.
Pour le reste, les Jeux, réalisés par Schmitt, ne concernent pas la série vedette de la semaine mais les mésaventures d’un Fantasio trop curieux dans le laboratoire du comte de Champignac, Midam propose un Tuto pour dessiner Horace, les deux publicités sont pour des albums de séries de Spirou, le tome 20 du petit Spirou, avec une vieille peluche de marsupilami en couverture, et une jolie pour Les petits métiers méconnus, illustrée de vignettes par chacun des dessinateurices, tous cités en marge. Enfin, depuis peu, En direct du futur est rédigé sur un ton résolument humoristique, comme cet avis de parution du Giga Spirou d’hiver, qui sort le 6 décembre en librairie, pour la saint Nicolas (mais cette coïncidence n’est pas précisée dans l’annonce).
ici un aperçu du numero: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ur-de-soda
Couverture schizo (mais la vie de Soda l’est), avec les gros flingues en gros plan chers à Tome et Janry (on en voit sur 5 des 13 couvertures de Spirou et Fantasio qu’ils ont réalisées, pratiquement jamais chez tous les autres auteurs), brandis par ce qui pourrait apparaitre comme des tueurs psychopathes (un prêtre, un gros cigare dans une telle situation), impression désamorcée pour ceux qui connaissent ces trois personnages, par le style de dessin de Dan, et surtout quand on sait que c’est une scène tirée du tome un, dans laquelle ces personnages s’amusent à abattre un drone, et ne sont donc pas des tueurs venant frapper à la porte. Mais, hors contexte... Le malaise persiste dans l’interview de Dan, où lui (et Tome par sa voix) se revendiquent du complotisme en en recusant le terme. https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... e-toujours
-Dans « Révélations », Pronzini, l'ancien ami de Soda, lui donnera de troublantes informations sur le 11 Septembre. Un angle scénaristique que certains jugeront complotiste.
-Dan: C'est le point de vue de Pronzini. Philippe tenait avant tout à faire de Soda une fiction. Si ça fait réfléchir le lecteur, c'est du dommage collatéral ! Tome n'adhérait clairement pas à 100 % aux théories officielles concernant les attentats du 11 Septembre, mais il ne pensait pas détenir pour autant la vérité. Il s'était lourdement informé sur le sujet, arrivant à la conclusion qu'il subsistait des zones d'ombre et de coïncidences tenant du paranormal. Philippe avait une bonne connaissance de l'histoire, des agissements occultes de la CIA, mais aussi des méthodologies terroristes de tous bords. On ne saura jamais ce qui s'est exactement passé le 11 Septembre. On sait par contre que l'invasion de l'Irak par les USA repose bel et bien sur un mensonge "officiel". Il y a donc un précédent. Pour moi, le terme de "complotiste" pro-ci ou anti-ça stoppe souvent toute possibilité de débat, ce qui me semble dangereux.
Le premier tome, Résurrection, datant d’il y a dix ans, appelait-il une suite ? La mort de Mary aurait pu signifier la fin des aventures de Soda, celui-ci n’ayant dès lors plus de raison de dissimuler son identité. Mais visiblement, comme l’indique le titre parfaitement approprié de cette suite, les auteurs avaient des révélations à faire sur le 11 septembre.
L’histoire commence très classiquement comme dans plusieurs films hollywoodiens par une mort suivie d’un flash back l’expliquant (Sunset Bld., The Barefoot Contessa). Comme pour la couverture, le dessin de Dan contrebalance la violence de l’histoire, par contre le dessin pleine page expressioniste en rouge et noir servant de fond à l’interview (et à la couverture de l'album, qui ne vise donc pas le gros du lectorat de Spirou) est inquiétant à souhaits.
Retour aussi de Louca dans sa propre série, amorcé la semaine précédente, mais sa proverbiale malchance le poursuivant toujours, son entrée qu’il avait rêvée triomphale se tranforme en catastrophe. L’auteur Bruno Dequier parle d’ailleurs sans surprise dans Les BD de ma vie de sa double formation par le dessin des Spirou (le grand et le petit) de Janry et les mangas initiatiques pour garçons que sont les shōnen de sport ou Dragon Ball d’Akira Toriyama, et de l’influence de Peter Parker, le super-héros adolescent complexé, sur Louca. Suite de Décalécatàn, où nos héros continuent leur exploration des passages obligés des séries d’aventure, avec, « ça alors ! Des kilomètres de galeries creusées sous la cité maya, c’est incroyable ! », et révèlent que la crapuleuse Palmatec est la productrice du fameux MutellaⓇ. Dans L’édito toutefois les Fabrice se permettent de citer de vraies marques, et bien qu’au grand dam du nouveau rédac chef (qui semble un peu trop sensible pour ce poste en face des Fabrice), pourrait-on donc se permettre des choses dans le magazine qui seraient trop sensibles pour un album? On apprend également qu’aux deux Fabrice de L’édito, Fabcaro et Fabrice Erre, a failli s’en adjoindre un troisième, Lucchini, heureusement, c’était un gag de 3 infos, 2 vraies, 1 fausse de Bernstein, Bercovici et Le Gall. Par contre le nouveau rédac’chef est aussi, et encore une fois, présent dans les marges de La malédiction de la page 13 de Sti. Cela fait longtemps que les rédac’chefs de Spirou sont des personnages de BD à part entière du journal, mais c’est la première fois qu’un à peine intronisé est si présent...
Trois histoires courtes, La clinique des mauvais rêves, où une jeune fille se retrouve après un accident de foot dans une clinique pour créatures de mauvais rêves, en fait issues de films d’horreur, par Rubén del Rincón et Darlot, auteurs épisodiques d’histoires courtes dans Spirou depuis plus d’une dizaine d’années, deux pages du Capitaine Anchois de Floris, invité à un mariage, où Louis a la vedette, ce personnage qui y a encore une fois du succès auprès des filles alors que d’ordinaire les nerds comme lui sont plutôt balourds relationnellement, et un mini-récit de Léon et Léna, où leur cousin Jacques devient une vedette des réseaux sociaux grâce à ses talents de cuisiniers, les auteurs Damien Cerq et Clémence Perrault montrant au final la versatilité de ceux-ci.
Dans les autres gags, Midam, Patelin, Dairin et Angèle ont construit un Kid Paddle fait d’amusantes parodies des strips (à suivre) des quotidiens US, dorénavant lus sur portable indépendamment du journal. Suite de l’arc de Titan Inc. sur la secte millénariste, gag de Nelson de Bertshy sans Nelson, avec le chien robot, gag muet de Gary C. Neel de Ced et Gorobei, amusante variation sur le laboureur et ses enfants de La Fontaine, Tom montre dans Fish n chips que la superficialité existe, ô paradoxe, même au fond des mers, et Lécroart dans Les Fifiches du Proprofesseur que les révolutions ne font (parfois?) qu’inverser les rapports de domination. Le fait que les planches de Pernille et d'Annabelle soient placées recto-verso permet de se rendre compte de la forte proximité graphique entre les deux héroïnes, jeunes filles blondes pourvues d’une grande mèche, entre celle de Spirou et celle de Titeuf. Quant à Roxanne, la dernière née dans Dad flashback, elle grandit vite, sa personnalité est déjà là, à quatre pattes, elle bat son père à la course, et sait même grimper aux arbres.
Pour le reste, les Jeux, réalisés par Schmitt, ne concernent pas la série vedette de la semaine mais les mésaventures d’un Fantasio trop curieux dans le laboratoire du comte de Champignac, Midam propose un Tuto pour dessiner Horace, les deux publicités sont pour des albums de séries de Spirou, le tome 20 du petit Spirou, avec une vieille peluche de marsupilami en couverture, et une jolie pour Les petits métiers méconnus, illustrée de vignettes par chacun des dessinateurices, tous cités en marge. Enfin, depuis peu, En direct du futur est rédigé sur un ton résolument humoristique, comme cet avis de parution du Giga Spirou d’hiver, qui sort le 6 décembre en librairie, pour la saint Nicolas (mais cette coïncidence n’est pas précisée dans l’annonce).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4519 du 20/11/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... erie-tanis
Couverture sur une nouvelle série, Tanis, se déroulant dans l’ Égypte ancienne, mais bien que, ou parce que, la coscénariste Valérie Mangin soit une historienne chartiste, déjà autrice de Alix senator, ce n’est pas une série historique mais tant préhistorique que légendaire, puisque se passant « il y a douze millénaire, après la chute d’Atlantis, avant que l’ Égypte ne soit l’ Égypte ». Le couple de scénaristes Valérie Mangin et Denis Bajram reconstruisent une époque datant d’avant l’écriture, sur laquelle les historiens n’ont donc aucun document autre qu’archéologque et mythologique, et s’amusent à méler les époques, vraiment toutes les époques, et les légendes, en inventant même, mais toujours sur une base de plaisir et de raison. Bajram et Mangin, dans l’interview de présentation : "-Bien sûr, nous ne croyons pas à ce mythe d'un continent perdu, qui n'est qu'une métaphore politique inventée par Platon pour parler d'Athènes. Cela dit, lorsque nous écrivons Tanis, nous croyons à nos fictions avec la passion de complotistes cherchant à convaincre de leurs thèses ! Afin de ne pas rajouter de fake news dans une époque où il y en a déjà beaucoup, nous distinguerons ce qui est vrai de ce qui est faux dans un dossier à la fin de chaque album de Tanis." Stéphane Perger, dessinateur : "-Pour le casque d'Osiris, je me suis inspiré de représentations du dieu sur des sculptures égyptiennes et j'ai aussi puisé dans mes souvenirs de dessins animés, tels Les mystérieuses cités d'or et Ulysse 31. Nous avions envie de nous rapprocher de ces références de notre enfance où l'historique et l'imaginaire étaient fortement liés. » L’histoire est voulue aussi impressionnante que sensible et réflexive: « Stéphane, qui a travaillé dans le comics [note :Avengers en particulier], amène son sens de la mise en scène à grand spectacle. Nous, scénaristes, donnons à Tanis un côté "feuilleton" inspiré du manga, tout en gardant le côté structuré et culturel de l'écriture "à la franco-belge".Tanis, c'est notre Schtroumpfissime à nous. On n'y critique pas précisément la religion, mais plutôt toutes les formes de pouvoir. » Les premières planches sont très prometteuses, éclatées sur dégradés de feux, puis resserrées sur dégradés de bleu nuit, pour méler en fin de chapitre les tons lorsque la jeune héroïne, Tanis, remonte dans la légende avec son vieux père adoptif. Les planches de Stéphane Perger sont sur fond de couleur, pour mieux immerger dans l’univers légendaire de Tanis, Dan fait de même pour Soda, mais uniquement sur fond noir, pour une légende moderne : on apprend que le 11 septembre était un coup d’état, qu'un caucasien qui en fait partie se fait passer pour un radical islamiste, et que Soda semble lui aussi passé du côté obscur, s’appretant à faire subir un mauvais sort à « celui qui a buté » le chat de sa mère...A rebours des élipses précédentes, Bruno Dequier s’attarde longuement sur les dernières minutes de la demi finale de la coupe du Griffon, puisque Louca entre enfin sur le terrain, on a donc un chapitre très dynamique, où « Louca est bien resté...Louca », tant héroïque et performant que maladroit. La tension accumulée par la petite équipe dans les mystérieux souterrains mayas de Décalécatàn explose, avec l’archéologue mexicaine mettant les pieds réflexifs dans le plat méta en criant sur les Fabrice « Vous vous croyez dans une comédie d’aventure des années 80 ? »
Mise en abyme aussi dans l’histoire courte du numéro, Cédric rangeant sa chambre en suivant un tuto de la méthode organisationnelle de Marie Tango (sic), dans une histoire où Laudec a lui aussi visiblement agencé et imbriqué ses cases comme un puzzle virtuel, et incrustant des images de personnages de Spirou dans la chambre de Cédric, du dernier Tuniques bleues aux Fabrice, à Natacha et au vrai Gaston Lagaffe.
Pas de Kid Paddle cette semaine, et c’est Dab’s avec Crash Tex, qui arrête un but d’une façon aussi incongrue (et douloureuse) que Louca, qui a les honneurs de la page deux. Les Fabrice, confondant les civilisations, présentent dans leur Édito un origami de pyramide, les Jeux de Casters sont aussi sur le thème de la semaine, avec les personnages du journal dans l’Égypte des pyramides ( mais Papyrus et Hapinès en sont étrangement absents), et le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet offre une mythologie personnelle avec Abo, le dieu des abonnés. Légende aussi dans Raowl, où Tebo raconte sa version propre de l’origine de Peau d’âne. Humour référentiel dans Brad Rock the golddigger, de Jilème et Sophie David, avec un brocanteur nommé Brolwinkel, et humour graphique dans Gary C. Neel de Ced et Gorobei. Si dans Titan Inc. la secte n’apparait plus, le bon sens de Ned le marin ne peut rien face à l’aveuglement en fin de compte tout aussi fanatique du capitaine et de la DRH. Enfin, dans Dad flashback, Panda entre dans la préadolescence et a son premier portable, car, dit son père « elle arrive à un âge où toutes ses copines en ont déjà un. » Je préciserai « en ont déjà un depuis des années », car de plus en plus d’enfants ont dorénavant un portable bien avant l’entrée au collège, Nob n’exprime donc pas ici les dernières errances de la société, volontairement sans doute.
Les BD de ma vie sont celles de Dodier, qui a commencé la BD par les petits formats, de [Kiwi à Blek le roc et Zembla, saveur populaire que l’on trouve encore dans JKJ Bloche, et l’auteur rappelle qu’il a débuté avec son ami de toujours Pierre Makyo dans Pistil, le seul magazine BD réellement écologiste, à la fin des années 70. En direct du futur annonce une nouvelle série de fantasy, en précisant que « ce n’est pas la spécialité de Dupuis. « Non, c’est vrai, confie Benoit Fripiat, éditeur de la série, je me méfie du genre. Un coup de baguette magique et, hop, tout s’arrange. Un peu facile. » La justification serait plus crédible si Dupuis ne publiait pas des séries SF où les multivers et le virtuel tiennent lieu de la facilité de la baguette magique, et surtout la remarque n’aurait pas l’air d’une plaisanterie involontaire si Spirou ne publiait pas déjà tant de séries de fantasy pure ou de SF fantasy, de Créatures à Zombillénium, en passant par Poltron-Minet, Trésor, les Cœurs de ferraille, le Roi louve ou Les sœurs Grémillet ou Tanis dans ce numéro même et pendant longtemps Seuls. Enfin, intéressant témoignage dans Spirou et moi de Gerrit de Jager, auteur néerlandais qui a publié Aristote et ses potes dans Spirou entre 1985 et 1995, des gags dans un restaurant végétarien, signe de l'avancement de la société néerlandaise par rapport à la franco-belge à l’époque, où prendre un tel lieu pour sujet de gags aurait été peu imaginable. Il dit comment il a été viré « avec la plus grande correction » pour des chiffres de vente qui ne décollaient pas, alors qu’aujourd’hui pour de tels chiffres « on lui embrasserait les pieds », sa joie d’avoir été publié dans Spirou et Robbedoes, le seul auteur néerlandais à avoir réussi cela, et le statut peu considéré de la BD aux Pays-bas, où il est pourtant une vedette, par rapport à la France et la Belgique.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... erie-tanis
Couverture sur une nouvelle série, Tanis, se déroulant dans l’ Égypte ancienne, mais bien que, ou parce que, la coscénariste Valérie Mangin soit une historienne chartiste, déjà autrice de Alix senator, ce n’est pas une série historique mais tant préhistorique que légendaire, puisque se passant « il y a douze millénaire, après la chute d’Atlantis, avant que l’ Égypte ne soit l’ Égypte ». Le couple de scénaristes Valérie Mangin et Denis Bajram reconstruisent une époque datant d’avant l’écriture, sur laquelle les historiens n’ont donc aucun document autre qu’archéologque et mythologique, et s’amusent à méler les époques, vraiment toutes les époques, et les légendes, en inventant même, mais toujours sur une base de plaisir et de raison. Bajram et Mangin, dans l’interview de présentation : "-Bien sûr, nous ne croyons pas à ce mythe d'un continent perdu, qui n'est qu'une métaphore politique inventée par Platon pour parler d'Athènes. Cela dit, lorsque nous écrivons Tanis, nous croyons à nos fictions avec la passion de complotistes cherchant à convaincre de leurs thèses ! Afin de ne pas rajouter de fake news dans une époque où il y en a déjà beaucoup, nous distinguerons ce qui est vrai de ce qui est faux dans un dossier à la fin de chaque album de Tanis." Stéphane Perger, dessinateur : "-Pour le casque d'Osiris, je me suis inspiré de représentations du dieu sur des sculptures égyptiennes et j'ai aussi puisé dans mes souvenirs de dessins animés, tels Les mystérieuses cités d'or et Ulysse 31. Nous avions envie de nous rapprocher de ces références de notre enfance où l'historique et l'imaginaire étaient fortement liés. » L’histoire est voulue aussi impressionnante que sensible et réflexive: « Stéphane, qui a travaillé dans le comics [note :Avengers en particulier], amène son sens de la mise en scène à grand spectacle. Nous, scénaristes, donnons à Tanis un côté "feuilleton" inspiré du manga, tout en gardant le côté structuré et culturel de l'écriture "à la franco-belge".Tanis, c'est notre Schtroumpfissime à nous. On n'y critique pas précisément la religion, mais plutôt toutes les formes de pouvoir. » Les premières planches sont très prometteuses, éclatées sur dégradés de feux, puis resserrées sur dégradés de bleu nuit, pour méler en fin de chapitre les tons lorsque la jeune héroïne, Tanis, remonte dans la légende avec son vieux père adoptif. Les planches de Stéphane Perger sont sur fond de couleur, pour mieux immerger dans l’univers légendaire de Tanis, Dan fait de même pour Soda, mais uniquement sur fond noir, pour une légende moderne : on apprend que le 11 septembre était un coup d’état, qu'un caucasien qui en fait partie se fait passer pour un radical islamiste, et que Soda semble lui aussi passé du côté obscur, s’appretant à faire subir un mauvais sort à « celui qui a buté » le chat de sa mère...A rebours des élipses précédentes, Bruno Dequier s’attarde longuement sur les dernières minutes de la demi finale de la coupe du Griffon, puisque Louca entre enfin sur le terrain, on a donc un chapitre très dynamique, où « Louca est bien resté...Louca », tant héroïque et performant que maladroit. La tension accumulée par la petite équipe dans les mystérieux souterrains mayas de Décalécatàn explose, avec l’archéologue mexicaine mettant les pieds réflexifs dans le plat méta en criant sur les Fabrice « Vous vous croyez dans une comédie d’aventure des années 80 ? »
Mise en abyme aussi dans l’histoire courte du numéro, Cédric rangeant sa chambre en suivant un tuto de la méthode organisationnelle de Marie Tango (sic), dans une histoire où Laudec a lui aussi visiblement agencé et imbriqué ses cases comme un puzzle virtuel, et incrustant des images de personnages de Spirou dans la chambre de Cédric, du dernier Tuniques bleues aux Fabrice, à Natacha et au vrai Gaston Lagaffe.
Pas de Kid Paddle cette semaine, et c’est Dab’s avec Crash Tex, qui arrête un but d’une façon aussi incongrue (et douloureuse) que Louca, qui a les honneurs de la page deux. Les Fabrice, confondant les civilisations, présentent dans leur Édito un origami de pyramide, les Jeux de Casters sont aussi sur le thème de la semaine, avec les personnages du journal dans l’Égypte des pyramides ( mais Papyrus et Hapinès en sont étrangement absents), et le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet offre une mythologie personnelle avec Abo, le dieu des abonnés. Légende aussi dans Raowl, où Tebo raconte sa version propre de l’origine de Peau d’âne. Humour référentiel dans Brad Rock the golddigger, de Jilème et Sophie David, avec un brocanteur nommé Brolwinkel, et humour graphique dans Gary C. Neel de Ced et Gorobei. Si dans Titan Inc. la secte n’apparait plus, le bon sens de Ned le marin ne peut rien face à l’aveuglement en fin de compte tout aussi fanatique du capitaine et de la DRH. Enfin, dans Dad flashback, Panda entre dans la préadolescence et a son premier portable, car, dit son père « elle arrive à un âge où toutes ses copines en ont déjà un. » Je préciserai « en ont déjà un depuis des années », car de plus en plus d’enfants ont dorénavant un portable bien avant l’entrée au collège, Nob n’exprime donc pas ici les dernières errances de la société, volontairement sans doute.
Les BD de ma vie sont celles de Dodier, qui a commencé la BD par les petits formats, de [Kiwi à Blek le roc et Zembla, saveur populaire que l’on trouve encore dans JKJ Bloche, et l’auteur rappelle qu’il a débuté avec son ami de toujours Pierre Makyo dans Pistil, le seul magazine BD réellement écologiste, à la fin des années 70. En direct du futur annonce une nouvelle série de fantasy, en précisant que « ce n’est pas la spécialité de Dupuis. « Non, c’est vrai, confie Benoit Fripiat, éditeur de la série, je me méfie du genre. Un coup de baguette magique et, hop, tout s’arrange. Un peu facile. » La justification serait plus crédible si Dupuis ne publiait pas des séries SF où les multivers et le virtuel tiennent lieu de la facilité de la baguette magique, et surtout la remarque n’aurait pas l’air d’une plaisanterie involontaire si Spirou ne publiait pas déjà tant de séries de fantasy pure ou de SF fantasy, de Créatures à Zombillénium, en passant par Poltron-Minet, Trésor, les Cœurs de ferraille, le Roi louve ou Les sœurs Grémillet ou Tanis dans ce numéro même et pendant longtemps Seuls. Enfin, intéressant témoignage dans Spirou et moi de Gerrit de Jager, auteur néerlandais qui a publié Aristote et ses potes dans Spirou entre 1985 et 1995, des gags dans un restaurant végétarien, signe de l'avancement de la société néerlandaise par rapport à la franco-belge à l’époque, où prendre un tel lieu pour sujet de gags aurait été peu imaginable. Il dit comment il a été viré « avec la plus grande correction » pour des chiffres de vente qui ne décollaient pas, alors qu’aujourd’hui pour de tels chiffres « on lui embrasserait les pieds », sa joie d’avoir été publié dans Spirou et Robbedoes, le seul auteur néerlandais à avoir réussi cela, et le statut peu considéré de la BD aux Pays-bas, où il est pourtant une vedette, par rapport à la France et la Belgique.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4520 du 27/11/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -de-retour
Lucky Luke avance d’un pas décidé en couverture pour son retour après 10 ans d’absence du journal, pour un dessin sur fond uniforme, sans décor, en dehors des Dalton, qui reviennent « eux aussi », précision confirmant une fois de plus leur importance quasi égale au héros (les Jeux de Priou et Maëlys sont d’ailleurs consacrés à L’évasion des Dalton), et d'un signal de circulation qui semblerait anachronique au far-west, vus le lieu et l’époque. Mais les premiers signaux, bicolores et à gaz, datent bien de la fin du XIXè siècle, et surtout, cette histoire ne se passe pas au far-west mais à Milwaukee sur les bords du lac Michigan (dont la vue plongeante planche 9 fait inévitablement penser à celle sur les monstrueux parcs à bestiaux de Chicago dans Little Nemo de Winsor McCay, où les protagonistes précisent, amusante coïncidence, qu’ils vont ensuite se rendre précisément à Milwaukee https://www.comicstriplibrary.org/display/648) , et Jul, le scénariste, connu pour amener de la politique dans Lucky Luke, va l’y confronter aux syndicats de brasseurs de bière d’origine allemande, car, précise-t-il « on a du mal à imaginer que les premières usines et le premier travail à la chaîne étaient contemporains de Lucky Luke.» En fait, en parlant d’usines et de travail à la chaîne, les colts ont historiquement été parmi les premiers objets industriellement standardisés, pour la fabrication de leurs pièces interchangeables. L’humanité a toujours su choisir ses priorités. Autre anecdote, de même que ce sont des Allemands qui ont importé la bière aux États-Unis d’Amérique, la bière chinoise la plus fameuse, la Tsingtao, a aussi été créée par des Allemands, dans cette ville chinoise alors concession allemande. Autre nouveauté, déjà signalée ailleurs, qu’apporte Jul à Lucky Luke, est les jeux de mots (le titre de l’histoire, la pancarte à l’entrée de New München « Les desperados ? Ici, on les mets en bière »), absents de Lucky Luke sous Morris. Et de même qu’encore une fois En direct du futur, annonçant la parution de la deuxième partie de Supermarsu, intitulée Marsu club, de Colman et Batem, est résolument placée sous le signe de l’humour, l’interview de Jul et Achdé l’est aussi, entre le préavis de grêve soi-disant déposé par Achdé et la bière recommandée à Jul par son médecin (d’autres ici :https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... s-pression). Influence du nouveau rédacteur en chef, que cette semaine Sti fait carrément remplacer Spoirou et Fantasperge dans La malédiction de la page 13 ?
Fin de l 'épisode (à suivre, donc) La coupe du Griffon en pleines prolongations du match, dont on ne verra donc la fin que dans le prochain épisode, (quel suspens, d’autant plus que l’on apprend que Louca…mais j’en ai déjà trop dit, huhu), dans un chapitre que Bruno Dequier à graphiquement très découpé, suivant les mouvements des joueurs. Fin également, qui ne me déçoit pas, de Décalécatàn, car toujours écrit ainsi dans le bandeau titre, mais par contre écrit correctement Décalécatán en dernière planche. S’ajoute un final où tous les personnages se retrouvent, l’histoire se révélant une aventure chorale, mais entassés dans la salle du condor d’or, et Fabrice Erre et Fabcaro s’envolent, mission accomplie (à leur corps défendant) pour de nouvelles aventures (idem). Une question demeure cependant, au milieu de toutes les aneries faites et dites par les Fabrice, se pourrait-il que la langue que parlent les indiens Acahualpas (au nom inventé) soit réelle ? Suite de Tanis, où les deux jeunes héros (on peut déjà les qualifier de tels, car ils refusent de se soumettre aux conventions et superstitions étouffantes) se retrouvent prisonniers d’une pyramide aux paroies décorées de représentation de cartouches écrits et de dieux égyptiens (il y a douze millénaires?) mais aussi de signes cunéïformes et de dragons: intrigante mythologie que les auteurices, Valérie Mangin et Denis Bajram, sont en train d’exposer, et pour laquelle le dessinateur Stéphane Perger nous gratifie de vues en plongée impressionnantes, lorsque que le feu du ciel s’abat sur les pyramides, et dans d’immenses salles dans la pyramide, avec les planches passant d’un fond bleu ciel à noir. Fond noir aussi et toujours pour Soda, auquel le dessin de Dan, un encrage ferme sur une base nerveuse, et le goût pour les trognes marquantes, comme les caricatures outrées des maffieux (et, si je ne me trompe, celles de Janry et Stuff planche 15), correspond parfaitement.
Pas d’histoires courtes cette semaine, donc plus de gags. Les Fabrice dans leur Édito sur Lucky Luke se disputent sur qui fera Averell, qui fera Rantanplan (tiens, ils semblent connaître leurs classiques, pour une fois. Et pour en finir avec Lucky Luke dans ce numéro, Cromheecke et Thiriet font dans Le bulletin d’abonnement un bon gag sur les vicissitudes du pauvre cow-boy solitaire loin de son foyer). Chez les nombreux personnages enfants, une amusante variation des subterfuges du papa pour faire manger des légumes à Kid Paddle (Question aux auteurices Midam, Dairin et Angèle : pourquoi les serviteurs des savants fous s’appellent-ils toujours Igor?), un gag amusant aussi de Pernille, où son beau-père ogre sème (au sens propre) des cadavres, Romain Pujol et Zimra envoient eux leur Psychotine chez une nouvele psy, alors que son comportement n’est pas pire, loin de là, que certains enfants terribles du magazine, mais c’est le dessin de Zimra, en couleurs acidulées délavées, qui donne un ton inquiètant à cet univers tout enfantin joufflu, qui justifie tout autant que les actes de leur fille cette préoccupation des parents. Enfin les Otaku de Nena et Maria-Praz goûtent pour la première fois (étonnant de leur part, eux si branchés extrème orient) un bubble tea, qu’ils apprécient peu. À 7 euros le verre de thé au lait en poudre et parfums artificiels, agrémenté de boulettes gluantes, je me demande bien ce qui séduit tant les occidentaux là-dedans, en dehors du suivisme de la mode. Suivisme aussi en scène dans Fish n chips de Tom, tandis que les passagers lucides de Titan Inc. affrontent une nouvelle version du savant fou, la professeur Chicks, que Berth fait dans Des gens et inversement une réjouissante et originale variante des extra-terrestres capturant des specimens terrestres, avec des sous-marins en guise de poissons, et que dans Dad flashbacks, Panda entre dans l’adolescence teigneuse. Dans La leçon de BD, Laurel donne des conseils bienvenus, comme sur les nœuds graphiques, sans toutefois expliquer ce que c’est, et d’autres moins pertinents, sur « le bon p’tit truc » de faire des planches en format carré, le meilleur pour poster sur les réseaux sociaux. C’est en gros juste pour Instagram, par contre, l’un des intérêts des webtoons est justement de n’avoir pas de limitation de taille ou de format par rapport à la page de livre ou magazine, d’où le fait qu’il faille en général adapter les webtoons pour les publier sur papier. Ce numéro de Spirou contient d’ailleurs une publicité pour Les combats invisibles, une BD engagée contre le harcelement qui paraît sur Kfactory, le label des éditions Dupuis destiné aux webtoons.
Enfin Goum, l’auteur dans Spirou de l’adaptation en BD du DA Comme des bêtes parle dans Les BD de ma vie de beaucoup d’auteurs de DA, et d’auteurs de BD comme Gijé et Benjamin Renner, qui sont tout autant animateurs ; on ne se refait pas…même s’il cite aussi des auteurices uniquement BD.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -de-retour
Lucky Luke avance d’un pas décidé en couverture pour son retour après 10 ans d’absence du journal, pour un dessin sur fond uniforme, sans décor, en dehors des Dalton, qui reviennent « eux aussi », précision confirmant une fois de plus leur importance quasi égale au héros (les Jeux de Priou et Maëlys sont d’ailleurs consacrés à L’évasion des Dalton), et d'un signal de circulation qui semblerait anachronique au far-west, vus le lieu et l’époque. Mais les premiers signaux, bicolores et à gaz, datent bien de la fin du XIXè siècle, et surtout, cette histoire ne se passe pas au far-west mais à Milwaukee sur les bords du lac Michigan (dont la vue plongeante planche 9 fait inévitablement penser à celle sur les monstrueux parcs à bestiaux de Chicago dans Little Nemo de Winsor McCay, où les protagonistes précisent, amusante coïncidence, qu’ils vont ensuite se rendre précisément à Milwaukee https://www.comicstriplibrary.org/display/648) , et Jul, le scénariste, connu pour amener de la politique dans Lucky Luke, va l’y confronter aux syndicats de brasseurs de bière d’origine allemande, car, précise-t-il « on a du mal à imaginer que les premières usines et le premier travail à la chaîne étaient contemporains de Lucky Luke.» En fait, en parlant d’usines et de travail à la chaîne, les colts ont historiquement été parmi les premiers objets industriellement standardisés, pour la fabrication de leurs pièces interchangeables. L’humanité a toujours su choisir ses priorités. Autre anecdote, de même que ce sont des Allemands qui ont importé la bière aux États-Unis d’Amérique, la bière chinoise la plus fameuse, la Tsingtao, a aussi été créée par des Allemands, dans cette ville chinoise alors concession allemande. Autre nouveauté, déjà signalée ailleurs, qu’apporte Jul à Lucky Luke, est les jeux de mots (le titre de l’histoire, la pancarte à l’entrée de New München « Les desperados ? Ici, on les mets en bière »), absents de Lucky Luke sous Morris. Et de même qu’encore une fois En direct du futur, annonçant la parution de la deuxième partie de Supermarsu, intitulée Marsu club, de Colman et Batem, est résolument placée sous le signe de l’humour, l’interview de Jul et Achdé l’est aussi, entre le préavis de grêve soi-disant déposé par Achdé et la bière recommandée à Jul par son médecin (d’autres ici :https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... s-pression). Influence du nouveau rédacteur en chef, que cette semaine Sti fait carrément remplacer Spoirou et Fantasperge dans La malédiction de la page 13 ?
Fin de l 'épisode (à suivre, donc) La coupe du Griffon en pleines prolongations du match, dont on ne verra donc la fin que dans le prochain épisode, (quel suspens, d’autant plus que l’on apprend que Louca…mais j’en ai déjà trop dit, huhu), dans un chapitre que Bruno Dequier à graphiquement très découpé, suivant les mouvements des joueurs. Fin également, qui ne me déçoit pas, de Décalécatàn, car toujours écrit ainsi dans le bandeau titre, mais par contre écrit correctement Décalécatán en dernière planche. S’ajoute un final où tous les personnages se retrouvent, l’histoire se révélant une aventure chorale, mais entassés dans la salle du condor d’or, et Fabrice Erre et Fabcaro s’envolent, mission accomplie (à leur corps défendant) pour de nouvelles aventures (idem). Une question demeure cependant, au milieu de toutes les aneries faites et dites par les Fabrice, se pourrait-il que la langue que parlent les indiens Acahualpas (au nom inventé) soit réelle ? Suite de Tanis, où les deux jeunes héros (on peut déjà les qualifier de tels, car ils refusent de se soumettre aux conventions et superstitions étouffantes) se retrouvent prisonniers d’une pyramide aux paroies décorées de représentation de cartouches écrits et de dieux égyptiens (il y a douze millénaires?) mais aussi de signes cunéïformes et de dragons: intrigante mythologie que les auteurices, Valérie Mangin et Denis Bajram, sont en train d’exposer, et pour laquelle le dessinateur Stéphane Perger nous gratifie de vues en plongée impressionnantes, lorsque que le feu du ciel s’abat sur les pyramides, et dans d’immenses salles dans la pyramide, avec les planches passant d’un fond bleu ciel à noir. Fond noir aussi et toujours pour Soda, auquel le dessin de Dan, un encrage ferme sur une base nerveuse, et le goût pour les trognes marquantes, comme les caricatures outrées des maffieux (et, si je ne me trompe, celles de Janry et Stuff planche 15), correspond parfaitement.
Pas d’histoires courtes cette semaine, donc plus de gags. Les Fabrice dans leur Édito sur Lucky Luke se disputent sur qui fera Averell, qui fera Rantanplan (tiens, ils semblent connaître leurs classiques, pour une fois. Et pour en finir avec Lucky Luke dans ce numéro, Cromheecke et Thiriet font dans Le bulletin d’abonnement un bon gag sur les vicissitudes du pauvre cow-boy solitaire loin de son foyer). Chez les nombreux personnages enfants, une amusante variation des subterfuges du papa pour faire manger des légumes à Kid Paddle (Question aux auteurices Midam, Dairin et Angèle : pourquoi les serviteurs des savants fous s’appellent-ils toujours Igor?), un gag amusant aussi de Pernille, où son beau-père ogre sème (au sens propre) des cadavres, Romain Pujol et Zimra envoient eux leur Psychotine chez une nouvele psy, alors que son comportement n’est pas pire, loin de là, que certains enfants terribles du magazine, mais c’est le dessin de Zimra, en couleurs acidulées délavées, qui donne un ton inquiètant à cet univers tout enfantin joufflu, qui justifie tout autant que les actes de leur fille cette préoccupation des parents. Enfin les Otaku de Nena et Maria-Praz goûtent pour la première fois (étonnant de leur part, eux si branchés extrème orient) un bubble tea, qu’ils apprécient peu. À 7 euros le verre de thé au lait en poudre et parfums artificiels, agrémenté de boulettes gluantes, je me demande bien ce qui séduit tant les occidentaux là-dedans, en dehors du suivisme de la mode. Suivisme aussi en scène dans Fish n chips de Tom, tandis que les passagers lucides de Titan Inc. affrontent une nouvelle version du savant fou, la professeur Chicks, que Berth fait dans Des gens et inversement une réjouissante et originale variante des extra-terrestres capturant des specimens terrestres, avec des sous-marins en guise de poissons, et que dans Dad flashbacks, Panda entre dans l’adolescence teigneuse. Dans La leçon de BD, Laurel donne des conseils bienvenus, comme sur les nœuds graphiques, sans toutefois expliquer ce que c’est, et d’autres moins pertinents, sur « le bon p’tit truc » de faire des planches en format carré, le meilleur pour poster sur les réseaux sociaux. C’est en gros juste pour Instagram, par contre, l’un des intérêts des webtoons est justement de n’avoir pas de limitation de taille ou de format par rapport à la page de livre ou magazine, d’où le fait qu’il faille en général adapter les webtoons pour les publier sur papier. Ce numéro de Spirou contient d’ailleurs une publicité pour Les combats invisibles, une BD engagée contre le harcelement qui paraît sur Kfactory, le label des éditions Dupuis destiné aux webtoons.
Enfin Goum, l’auteur dans Spirou de l’adaptation en BD du DA Comme des bêtes parle dans Les BD de ma vie de beaucoup d’auteurs de DA, et d’auteurs de BD comme Gijé et Benjamin Renner, qui sont tout autant animateurs ; on ne se refait pas…même s’il cite aussi des auteurices uniquement BD.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro double 4521/4522 spécial Noël du 04/12/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ial-noel-1
Le traditionnel numéro double de fin d’année, sous une joyeuse couverture de Nob, qui annonce un Noël inattendu, qualificatif surprenant ici. Si représenter le père Noël en tenue hawaïenne et jouant du ukulele, comme l’a fait Nob, est sympathique, le paradoxe de Noël sous les tropiques n’est pas une nouveauté, même pour Spirou, puisque la couverture du spécial Noël de 2017 représentait et titrait "Théodore Poussin vous emmène dans les îles !", et celle de l’année précédente était sur Spirou et Fantasio fêtant Noël en Afrique. Spirou avait auparavant conçu sous la direction d'Alain De Kuyssche un spécial inattendu qui l’était vraiment, le 2139 de 1979, puisque les auteurs y avaient réalisé des histoires courtes dans des styles et des tons inhabituels (et historiquement, ce fut le premier spécial tout en couleurs, et non plus en partiellement en bichromie. Voyez vous-mêmes ici https://patribdanc.wixsite.com/archives ... 1978/f2139)
Ici, l’inattendu vient de Nob, qui a réalisé une histoire de Mamette, la série de Tchô où il avait trouvé son ton et son premier grand succès critique et public. Peut-être le retour de ce personnage et son univers si attachant, dont les séries dérivées, Les souvenirs de Mamette et La cuisine de Mamette ont une vraie raison d’être, pas seulement commerciale, et dont le dernier album date de 10 ans, car un nouveau est annoncé pour cette fin de mois de décembre. Cette histoire est une excellente introduction à ce personnage pour les lecteurs de Spirou, touchant avec humour et délicatesse le thème de la vieillesse et de la mort solitaires, ceci dans le cadre chaleureux de Noël, une vraie réussite inattendue.
Deux nouveautés toutefois dans ce spécial. La mise en avant des auteurs (et pas des autrices...), du moins en couverture, dont le quatrième annonce que « plus de 25 AUTEURS vous proposent des histoires inédites », et la disparition du cahier central de jeux, ce qui fait que formellement ce spécial n’a rien qui le différencie des numéros hebdomadaires en dehors de sa numérotation, sa pagination et sa couverture doubles.
Comme de bien entendu, tous les gags et histoires courtes du numéro sont consacrées à Noël. Certains auteurs y sont allés à reculons, ou avec un certain humour, comme Kox qui fait regarder à L’agent 212 « Noël à la tronçonneuse » à la télé. À l’inverse, d’autres jouent pleinement le jeu du miracle de Noël, comme Théo Grosjean et Mallo(couleurs). On avait quitté Elliot au collège en septembre, il revient bien grandi (comme Louca), avec les cheveux mi-longs, et dans cette histoire courte les auteurs réussissent le tour de force d’intégrer avec humour un moderne miracle de Noël dans l’univers des tourments adolescents, des familles disfonctionnelles, et des HLM, ce au grand dam des angoisses d’Elliot et de Bastien, ne comprenant pas que ceux-ci passent leur plus heureux Noël alors que « le père de Bastien leur a offert les pistolets à eau qu’on trouve dans le menu enfant du Burger Queen ». Plus attendu, mais néanmoins très drôle, le père Noël de Bouzard devant se débrouiller avec ses lutins ... pas très fufute (les seuls non idiots, Tim Tim et Doom Doom, étant en grève). Et paradoxalement, on a tellement été habitués a voir depuis des années, dans Spirou comme ailleurs, des histoires de Noël ironiques/critiques/impertinentes/déconstruites/post-modernes, qu’une histoire traitant de l’esprit de Noël sans cynisme ni niaiserie, avec humour et pertinence, est devenu l’exception, et c’est en celles-ci que réside ainsi maintenant l’inattendu. Témoins les histoires de La clairière s’amuse de Damien Cerq, Thomas Priou et Sophie David (couleurs) et Family life de Jacques Louis, qui sont sur la difficulté de pratiquer ou même définir ce que serait cet esprit de Noël, de même que Des gens et inversement de Berth et Tash et Trash de Dino, dans le registre de l’absurde, ou Fish n chips, de Tom, qui tente d’introduire de nouvelles valeurs, le réemploi et le recyclage, et Pernille, de Dav, Cyril Trichet et Esteban (couleurs), dans la tradition de la soupe populaire de Noël, et même dans Léon et Léna, de Damien Cerq encore, Clémence Perrault et Ludwig Alizon(couleurs).
D’autres se situent résolument sur le registre de l’humour, cruel dans Le bonnet de Noël, une histoire animalière de Tofy et Maëla Cosson (couleurs), qui rappelle d’où peut venir la fourrure du bonnet du père Noël, habituellement catastrophique dans Crash Tex de Dab’s et Gom (couleurs), absurde dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, qui téléscope le sérieux du petit cochon à la maison en brique et la magie du père Noël, tout comme Lorrain Oiseau et Dara Nabati dans (l’auto ironique?) Cervelle d’oiseau, font un étrange mélange de Noël, du Petit Chaperon rouge, et de leur univers particulier. Cynique dans Psychotine de Romain Pujol et Zimra, gaffeur avec l’histoire à rebondissement sur trois planches disséminées dans le numéro des Fabrice de L’édito, contemporain avec Noël mais presque, de Samuel Pereira, lauréat du Prix Atomium Spirou 2024. Bernstein et Moog font passer à Willy Woob et sa bande leur Noël décalé, le capitaine de Titan Inc. utilise Noël pour tenter, comme d’habitude, de tromper son monde, Benoît Ferroumont utilise la technologie pour faire revenir De la neige à Noël, elle qui se fait si rare à cause du dérèglement climatique, et Ced et Gorobei font inventer à Gary C. Neel une nouvelle légende de l’ouest enneigé, comme dans ce que Ced révèle être l’inspiration du personnage, la série western The lonesome dove, de Larry McMurtry. Dans Bienvenue dans ma bibliothèque, le scénariste (dans Spirou) et dessinateur (ailleurs), Ced dit aussi être un grand lecteur de polars et de comics, loin de ce qu’il fait dans Spirou, mais aussi de fantasy.
Dans le reste du rédactionnel, Achdé dans Spirou et moi parle et dessine avec humour et humilité de ses rêves d’enfance d’être publié dans Spirou, et de dessiner Lucky Luke, tous deux réalisés, il peut donc, dit-il, mourir heureux. On retrouve chez lui encore l’importance qu’ont eue, comme pour nombre d’auteurices, les recueils du journal, et j’ apprends avec un sourire que lorsqu’il travaillait avec Cauvin, celui-ci lui « délégait toutes les injures dans un scénario, car il [le] savait très imaginatif sur le sujet », mais aussi que Mel Acryl’ink, qui réalise les couleurs de son Lucky Luke, est son fils… Humour encore dans En direct du futur, où Émile Bravo esquive la question de ce sur quoi il travaille actuellement, et j’approuve pleinement son conseil de lecture de L’incroyable Mademoiselle Bang, de Yoon-sun Park, dans la collection dite jeunesse de Dupuis, Les Ondines, qui publie peu mais de qualité, et n’est pas si jeunesse qu’elle prétend l’être. Un numéro de Noël ne serait pas complet sans son conte de Noël, et c’est de nouveau Maxime Gillio, un écrivain dunkerquois auteur de polars (qui avait donc inéluctablement écrit une nouvelle de JKJ Bloche) qui s’y colle, conte étrange, sans chute, dont le miracle de Noël infuse toute l’histoire, et illustré par Jacques Louis.
Suite de Tanis, où Valérie Mangin et Denis Bajram précipitent l’action avec un retournement de situation, le copain quelque peu pusillanime de Tanis et non elle-même se retrouvant l’incarnation d’Osiris, sur des planches sur fond doré de Stéphane Perger. Deuxième chapitre de Un cow-boy sous pression, qui traine un peu sur l’humour référentiel (les immigrés allemands et les ÉUA), même si certains gags sont amusants (faciles, mais bien mis en situation, tels qu’enduire de houblon et de plumes), et Achdé arrive bien à faire ressentir une grande ville avec un minimum de décors, retenant la leçon de Morris. Suite de Soda, avec une scène (à suivre), où il torture celui qui cherche à assassiner sa mère, pour laquelle Dan traite parfaitement l’atmosphère lourde dans les docks et les brusques explosions de violence. Enfin, une nouvelle série jeunesse débute sur un maxi chapitre de 14 pages, L’île de Minuit, de Lylian (scénario) et Grebil (dessin et couleur), qui s’ouvre sur la même scène que l’adaptation sortie cette année de Sa majesté des mouches de William Golding par Aimée de Jongh (cela tombe bien, les auteurs se réclament de ce livre, entre autres), se prolonge comme Seuls, avec même une jeune fille du nom de Maya dans le rôle exact, au mental comme au physique, de Leïla. Rien à dire de plus sur l’histoire pour le moment, quant au dessin, il est du type Marcinelle édulcoré mâtiné de manga et Disney (pas de gros nez, mais de grands yeux), que l’on trouve un peu partout, de Cœur collège de Maya à Trésor de Pauline de La Provôté dans Spirou, et encore chez Yuna Park, une autrice coréenne publiée chez Dupuis dont Goum parlait dans le numéro précédent.
Le numéro se clôt sur un grand concours (qui remplace le dessin de Cromheecke et Thiriet pour le bulletin d’abonnement), dont le détail est donné en ouverture, et comprend également une publicité pour le dernier Lucky Luke (en cours de parution) et une double page pour les récents albums Dupuis à offrir, classés « pour les jeunes lecteurs, à lire en famille, pour les plus grands », ainsi qu’une double page de Jeux (pas de cahier central, donc) de Romain Garouste sur les Fabrice qui « fêtent Noël autrement», en compagnie d’autres personnages du journal, avec un Fabrice Erre curieusement efféminé (position déhanchée, lèvres pulpeuses).
Enfin, Spirou ne pouvait pas ne pas être présent, et c'est sous la bonne surprise d’un excellent Tuto d’Olivier Schwartz, plein d’humour, d’imagination et de dynamisme.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ial-noel-1
Le traditionnel numéro double de fin d’année, sous une joyeuse couverture de Nob, qui annonce un Noël inattendu, qualificatif surprenant ici. Si représenter le père Noël en tenue hawaïenne et jouant du ukulele, comme l’a fait Nob, est sympathique, le paradoxe de Noël sous les tropiques n’est pas une nouveauté, même pour Spirou, puisque la couverture du spécial Noël de 2017 représentait et titrait "Théodore Poussin vous emmène dans les îles !", et celle de l’année précédente était sur Spirou et Fantasio fêtant Noël en Afrique. Spirou avait auparavant conçu sous la direction d'Alain De Kuyssche un spécial inattendu qui l’était vraiment, le 2139 de 1979, puisque les auteurs y avaient réalisé des histoires courtes dans des styles et des tons inhabituels (et historiquement, ce fut le premier spécial tout en couleurs, et non plus en partiellement en bichromie. Voyez vous-mêmes ici https://patribdanc.wixsite.com/archives ... 1978/f2139)
Ici, l’inattendu vient de Nob, qui a réalisé une histoire de Mamette, la série de Tchô où il avait trouvé son ton et son premier grand succès critique et public. Peut-être le retour de ce personnage et son univers si attachant, dont les séries dérivées, Les souvenirs de Mamette et La cuisine de Mamette ont une vraie raison d’être, pas seulement commerciale, et dont le dernier album date de 10 ans, car un nouveau est annoncé pour cette fin de mois de décembre. Cette histoire est une excellente introduction à ce personnage pour les lecteurs de Spirou, touchant avec humour et délicatesse le thème de la vieillesse et de la mort solitaires, ceci dans le cadre chaleureux de Noël, une vraie réussite inattendue.
Deux nouveautés toutefois dans ce spécial. La mise en avant des auteurs (et pas des autrices...), du moins en couverture, dont le quatrième annonce que « plus de 25 AUTEURS vous proposent des histoires inédites », et la disparition du cahier central de jeux, ce qui fait que formellement ce spécial n’a rien qui le différencie des numéros hebdomadaires en dehors de sa numérotation, sa pagination et sa couverture doubles.
Comme de bien entendu, tous les gags et histoires courtes du numéro sont consacrées à Noël. Certains auteurs y sont allés à reculons, ou avec un certain humour, comme Kox qui fait regarder à L’agent 212 « Noël à la tronçonneuse » à la télé. À l’inverse, d’autres jouent pleinement le jeu du miracle de Noël, comme Théo Grosjean et Mallo(couleurs). On avait quitté Elliot au collège en septembre, il revient bien grandi (comme Louca), avec les cheveux mi-longs, et dans cette histoire courte les auteurs réussissent le tour de force d’intégrer avec humour un moderne miracle de Noël dans l’univers des tourments adolescents, des familles disfonctionnelles, et des HLM, ce au grand dam des angoisses d’Elliot et de Bastien, ne comprenant pas que ceux-ci passent leur plus heureux Noël alors que « le père de Bastien leur a offert les pistolets à eau qu’on trouve dans le menu enfant du Burger Queen ». Plus attendu, mais néanmoins très drôle, le père Noël de Bouzard devant se débrouiller avec ses lutins ... pas très fufute (les seuls non idiots, Tim Tim et Doom Doom, étant en grève). Et paradoxalement, on a tellement été habitués a voir depuis des années, dans Spirou comme ailleurs, des histoires de Noël ironiques/critiques/impertinentes/déconstruites/post-modernes, qu’une histoire traitant de l’esprit de Noël sans cynisme ni niaiserie, avec humour et pertinence, est devenu l’exception, et c’est en celles-ci que réside ainsi maintenant l’inattendu. Témoins les histoires de La clairière s’amuse de Damien Cerq, Thomas Priou et Sophie David (couleurs) et Family life de Jacques Louis, qui sont sur la difficulté de pratiquer ou même définir ce que serait cet esprit de Noël, de même que Des gens et inversement de Berth et Tash et Trash de Dino, dans le registre de l’absurde, ou Fish n chips, de Tom, qui tente d’introduire de nouvelles valeurs, le réemploi et le recyclage, et Pernille, de Dav, Cyril Trichet et Esteban (couleurs), dans la tradition de la soupe populaire de Noël, et même dans Léon et Léna, de Damien Cerq encore, Clémence Perrault et Ludwig Alizon(couleurs).
D’autres se situent résolument sur le registre de l’humour, cruel dans Le bonnet de Noël, une histoire animalière de Tofy et Maëla Cosson (couleurs), qui rappelle d’où peut venir la fourrure du bonnet du père Noël, habituellement catastrophique dans Crash Tex de Dab’s et Gom (couleurs), absurde dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, qui téléscope le sérieux du petit cochon à la maison en brique et la magie du père Noël, tout comme Lorrain Oiseau et Dara Nabati dans (l’auto ironique?) Cervelle d’oiseau, font un étrange mélange de Noël, du Petit Chaperon rouge, et de leur univers particulier. Cynique dans Psychotine de Romain Pujol et Zimra, gaffeur avec l’histoire à rebondissement sur trois planches disséminées dans le numéro des Fabrice de L’édito, contemporain avec Noël mais presque, de Samuel Pereira, lauréat du Prix Atomium Spirou 2024. Bernstein et Moog font passer à Willy Woob et sa bande leur Noël décalé, le capitaine de Titan Inc. utilise Noël pour tenter, comme d’habitude, de tromper son monde, Benoît Ferroumont utilise la technologie pour faire revenir De la neige à Noël, elle qui se fait si rare à cause du dérèglement climatique, et Ced et Gorobei font inventer à Gary C. Neel une nouvelle légende de l’ouest enneigé, comme dans ce que Ced révèle être l’inspiration du personnage, la série western The lonesome dove, de Larry McMurtry. Dans Bienvenue dans ma bibliothèque, le scénariste (dans Spirou) et dessinateur (ailleurs), Ced dit aussi être un grand lecteur de polars et de comics, loin de ce qu’il fait dans Spirou, mais aussi de fantasy.
Dans le reste du rédactionnel, Achdé dans Spirou et moi parle et dessine avec humour et humilité de ses rêves d’enfance d’être publié dans Spirou, et de dessiner Lucky Luke, tous deux réalisés, il peut donc, dit-il, mourir heureux. On retrouve chez lui encore l’importance qu’ont eue, comme pour nombre d’auteurices, les recueils du journal, et j’ apprends avec un sourire que lorsqu’il travaillait avec Cauvin, celui-ci lui « délégait toutes les injures dans un scénario, car il [le] savait très imaginatif sur le sujet », mais aussi que Mel Acryl’ink, qui réalise les couleurs de son Lucky Luke, est son fils… Humour encore dans En direct du futur, où Émile Bravo esquive la question de ce sur quoi il travaille actuellement, et j’approuve pleinement son conseil de lecture de L’incroyable Mademoiselle Bang, de Yoon-sun Park, dans la collection dite jeunesse de Dupuis, Les Ondines, qui publie peu mais de qualité, et n’est pas si jeunesse qu’elle prétend l’être. Un numéro de Noël ne serait pas complet sans son conte de Noël, et c’est de nouveau Maxime Gillio, un écrivain dunkerquois auteur de polars (qui avait donc inéluctablement écrit une nouvelle de JKJ Bloche) qui s’y colle, conte étrange, sans chute, dont le miracle de Noël infuse toute l’histoire, et illustré par Jacques Louis.
Suite de Tanis, où Valérie Mangin et Denis Bajram précipitent l’action avec un retournement de situation, le copain quelque peu pusillanime de Tanis et non elle-même se retrouvant l’incarnation d’Osiris, sur des planches sur fond doré de Stéphane Perger. Deuxième chapitre de Un cow-boy sous pression, qui traine un peu sur l’humour référentiel (les immigrés allemands et les ÉUA), même si certains gags sont amusants (faciles, mais bien mis en situation, tels qu’enduire de houblon et de plumes), et Achdé arrive bien à faire ressentir une grande ville avec un minimum de décors, retenant la leçon de Morris. Suite de Soda, avec une scène (à suivre), où il torture celui qui cherche à assassiner sa mère, pour laquelle Dan traite parfaitement l’atmosphère lourde dans les docks et les brusques explosions de violence. Enfin, une nouvelle série jeunesse débute sur un maxi chapitre de 14 pages, L’île de Minuit, de Lylian (scénario) et Grebil (dessin et couleur), qui s’ouvre sur la même scène que l’adaptation sortie cette année de Sa majesté des mouches de William Golding par Aimée de Jongh (cela tombe bien, les auteurs se réclament de ce livre, entre autres), se prolonge comme Seuls, avec même une jeune fille du nom de Maya dans le rôle exact, au mental comme au physique, de Leïla. Rien à dire de plus sur l’histoire pour le moment, quant au dessin, il est du type Marcinelle édulcoré mâtiné de manga et Disney (pas de gros nez, mais de grands yeux), que l’on trouve un peu partout, de Cœur collège de Maya à Trésor de Pauline de La Provôté dans Spirou, et encore chez Yuna Park, une autrice coréenne publiée chez Dupuis dont Goum parlait dans le numéro précédent.
Le numéro se clôt sur un grand concours (qui remplace le dessin de Cromheecke et Thiriet pour le bulletin d’abonnement), dont le détail est donné en ouverture, et comprend également une publicité pour le dernier Lucky Luke (en cours de parution) et une double page pour les récents albums Dupuis à offrir, classés « pour les jeunes lecteurs, à lire en famille, pour les plus grands », ainsi qu’une double page de Jeux (pas de cahier central, donc) de Romain Garouste sur les Fabrice qui « fêtent Noël autrement», en compagnie d’autres personnages du journal, avec un Fabrice Erre curieusement efféminé (position déhanchée, lèvres pulpeuses).
Enfin, Spirou ne pouvait pas ne pas être présent, et c'est sous la bonne surprise d’un excellent Tuto d’Olivier Schwartz, plein d’humour, d’imagination et de dynamisme.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
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Modifié en dernier par heijingling le sam. 4 janv. 2025 13:17, modifié 1 fois.
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