Numéro 4514 du 16/10/2024
Ici un aperçu du numéro :
https://www.spirou.com/actualites/somma ... willy-woob
https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... iew-miroir
Et cette semaine, c’est au tour de
Willy Woob, de
Bernstein et
Moog, de vivre sa première histoire longue, à sa façon du moins, six pages seulement, mais dans un décor qui est l’archétype de toutes les aventures, le western. La couverture rend évidemment hommage à
Lucky Luke, mais plus encore, le nom de Willy Woob forme comme LL une allitération des initiales (et pas des rimes comme le soutient Spoirou dans
La malédiction de la page 13), l 'histoire de prospecteurs rappelle le premier album,
La mine d’or de Dick Digger (encore une allitération, ces jeux de mots dont raffolent les Étatsuniens et que
Morris a à juste titre transposé dans LL, comme Phil Defer, Cigarette Cæsar, Joss Jamon, Rantanplan, Jesse James ou Tumulte à Tumbleweed), par contre ce ne sont pas des pépites d’or qu’ils recherchent mais des croquettes, car c’est Kiki, le chien de Willy Woob, qui est le moteur de cette histoire, par toutes les contraintes qu’il impose (pas de morts, comme l’imposait la censure dans LL, et, poussant la parodie, pas d’exploitation animale, mais une exploitation agricole, pas de torture…), et c’est lui qui « tire à la baballe plus vite que son ombre ». Et l’interview miroir de Willy par Woob (et inversement) comme l’utile et amusant
Tuto dessiné pourvoient tout autant leur lot de poésie douce, graphique, verbale, et les deux imbriquées. Un peu comme dans
L’édito de
Fabcaro et
Fabrice Erre où ils rappellent justement que les auteurs respectifs se connaissent depuis longtemps, l’époque où, avant
Spirou, ils publiaient dans la revue
Jade de
Six pieds sous terre, en compagnie entre autres de
Bouzard, ce qui explique aussi la complicité qu’ils montrent avec celui-ci dans
Décalécatlàn. Dans cet épisode, on retrouve toujours les très drôles notations graphiques (le flot de Wolkswagen vertes, l’immeuble en forme de cactus, ces bâtiments « canards »typique d’une certaine architecture moderne du tiers-monde lorgnant sur les ÉUA, comme l’immeuble robot de Bangkok), mais les personnages passent au niveau supérieur dans la stupidité, avec leur machisme et leur mentalité coloniale condescendants. Suite de
Loucas, de
Bruno Dequier, où la coupe du Griffon a débuté sans lui, et que l’on retrouve, visage dissimulé sous une capuche, dans une tempête en pleine mer sur une...jonque (jolie idée du coloriste
Yoann Guillo, qui représente dans les mêmes tons les vagues et la houle de spectateurs dans le stade), conduite par un japonais qui semble tout droit sorti de l’équipage de
One piece. Grandiose finale pour
Les cavaliers de l’apocadispe, de
Libon, avec un...lave linge défonçant un car de police, et les cavaliers, ayant fait arrêter un gang de pollueurs, se retrouvent dans la position d’authentiques héros, ignorés de tous (leur maitresse leur colle la plus mauvaise note pour le devoir sur « il faut protéger la nature »), et inconscients d’eux-mêmes. Jolie finale aussi pour
El diablo, de
Trondheim et
Nesme, qui s’est révélée n’être pas tant une aventure du marsupilami qu'un récit d'initiation écologique dans lequel il a, en tant qu’esprit de la forêt, servi au jeune personnage principal, José Palombo, à grandir, comme l’illustre le
poster en supplément pour les abonnés, où le marsupilami disneyen (grands yeux humides, tout pelucheux) veille dans l’ombre sur le jeune couple de héros, l’espagnol et la chahutas. Suite enfin de
JKJ Bloche, dans une séquence quasi muette (quelques lignes de dialogues au début) en gauffrier de 4 puis 5 bandes,
Dodier donne leçon d’ambiance et de suspense mis en place uniquement avec la mise en scène (mais pour ceux pour qui le suspense serait insoutenable, une publicité informe que l’album est sorti depuis le 18 octobre).
Une histoire courte mais pas trop, 5 séries (à suivre), le reste en gags et rédactionnel (et de nouveau la pub pour une nouvelle saison des
Tortues ninjas), encore un numéro bien équilibré à mon goût, et les
Jeux de
Rich !, présentant le Musée Spirou dans toute la diversité des personnages, des plus connus aux plus oubliés (qui savait ou se souvenait que
Spirou avait publié
Popeye - version
Sagendorf – et ce non dans les années 30-40, l’âge d’or des BD US dans
Spirou, mais en 1981, lors de la sortie du film d’
Altman?), font écho à la diversité formelle de ce numéro.
Le
Kid Paddle de
Midam, Pujol, Dairin et
Angèle est sur le thème des origines gore que Kid invente périodiquement concernant les choses les plus banales (l’interdiction de marcher sur le gazon cette fois). Les strips de
Titan Inc. de
Paul Martin et
Manu Boisteau sont consacrés au cynisme du capitaine, involontaire, dû à son étroitesse d’esprit, pour ne pas dire sa stupidité. Deuxième planche de
La vie galactik, une nouvelle série par
Gallez et
Lecrenier, et si l’historiette comporte une scène amusante de rencontre entre un enfant ami avec un autre, gigantesque, je ne suis pas sûr en revanche qu’il y ait un gag final. Bons gags par contre de
Berth dans
Les gens et inversement, bien noir, et de
Dino pour
Tash et Trash sur la BD réalisée par IA. Gag original de
Ced et
Gorobei dans
Gary C. Neel, avec des tumbleweeds, rappel de
Gaston Lagaffe dans
Le bon d’abonnement de
Cromheecke et
Thiriet, et déjà le quatrième gag sur la grossesse de Jeanette, la (encore future) maman de Roxanne, dans
Dad flashbacks, de
Nob.
Les BD de ma vie sont celles de
Madd, le bon dessinateur de
Poltron minet, dont les influences sont le manga et les comics de super héros, ce qui n’est pas vraiment décelable dans son dessin à première vue. Mais il parle surtout de l’expressivité du dessin, ce qui fait plus sens. Visiblement, la couleur violette exerce aussi une fascination sur lui, puisqu’il souligne lui-même cette particularité de son personnage dans le dessin hommage de
Mafalda qu’il a réalisé (graphiquement à la perfection), ou que la couverture et les premières pages de
Vagabond de
Takehiko Inoue, qu’il admire, sont dans ces tons, tons qui se retrouvent également beaucoup dans
Toutes les morts de Laila Starr, de
Filipe Andrade (sur scénario de
Ram V, non mentionné), qu’il qualifie de géniale, et dont le dessin de ce dessinateur portugais travaillant surtout pour les comics US, mélant un style dur des comics (
Frank Miller) à celui de dessinateurs ibériques (pour le tracé élégant de
Victor De La Fuente ou de
Bernet) est effectivement impressionnant.
Enfin,
En direct du futur annonce pour le numéro 4519 une nouvelle série dessinée par
Stéphane Perger et scénarisée par « deux stars de la BD »,
Valérie Mangin et
Denis Bajram, qui vont y « rendre hommage à toutes les BD qui les ont construits, de
Yoko Tsuno (encore elle, à juste titre), à
Papyrus (et oui, les explorations de
De Gieter de l’ Égypte antique ont été précurseuses et envoûtantes pour des générations), et
Les petits Hommes (un univers également fascinant pour des enfants).