Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : dim. 20 oct. 2024 19:06
Numéro 4509 du 11/09/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ans-elliot
Une couverture assombrie pour une ambiance de maison hantée, au titre doublement paradoxal : Elliot au collège (sans Elliot), pour les vacances d’ Églantine (narrées une semaine après le numéro spécial rentrée). Mallo, (le ou la) coloriste de cette histoire , utilise les bruns et oranges habituels d’Elliot au collège, mais sans les bleus les accompagnant usuellement. L’an dernier la couverture de l’histoire courte présentant les vacances d’Elliot était au contraire entièrement dans les tons bleus, dans une ambiance fantômatique aussi mais en pleine nature : jolie façon d’illuster les oppositions de caractère d’Elliot et d’ Églantine, que commente l’auteur Théo Grosjean dans l’intéressant entretien de présentation, où il discute également de son utilisation d’éléments de sa propre vie et de ses choix graphiques pour les angoisses incarnées de ses personnages : celle d’ Églantine dort comme un gros chat au pied de son lit. On apprend beaucoup dans cette histoire courte assez conséquente (six pages) sur la famille d’ Églantine, qui donne l’envie d’en savoir encore plus sur les nouveaux personnages (l’énigmatique grand-mère et la tante disparue). Le Tuto dessiné de Théo Grosjean pour dessiner Elliot est pour une fois découpé assez en détails pour être suivi, L’édito des Fabrice sur Elliot fait dans le running-gag du complotisme absurde (pléonasme – je conseille d’ailleurs le très drôle et bien vu Les complotistes, de Fabrice Erre et Jorge Bernstein, chez Dupuis, 2020), ce qui donne un bel ensemble sur cette série. Elliot apparaît même avec les autres personnages enfants du journal (et Spirou et Seccotine) dans les Jeux Skate-park de Vog. L’autre histoire courte (quatre pages) du numéro s’intitule « La tourte aux champignons », un nouvel épisode de Paupiette, la petite sorcière maladroite de Tofy (couleurs de Lisa Guisquier) , accompagnée de son lapin parlant familier.
Fin de La mémoire du futur, la suite de La mort de Spirou. Nous avions quitté la semaine précédente une Cyanure Goldorak déchainée détruisant tout sous sa colère, à la suite de Spip qui avait perçu l’illusion et nous avait entrainé rejoindre le vrai Spirou sous la mer, prisonnier d’une bulle. La fin de la Cyanure géante aurait pu être un morceaux de bravoure graphique, mais elle ne nous est pas montrée. Les limules géantes ressurgissent une fois de plus, sans que leur rôle ni même leur existence ne soit éclaircie. Enfin, Spirou dit n’avoir pas fait grand’chose dans cette histoire, ce qui est juste mais ne me dérange pas car du moins il n’est pas mort (je n’y ai jamais cru, mais autant jouer le jeu du tome un), il a été beaucoup présent (ce qui n’a pas été le cas du récent Spirou classique, et cela a libéré une place pour un beau rôle pour Seccotine. Si l’épisode se clos sur l’élucidation du mystère de Korallion, Cyanure est laissée prête à ressurgir, à la manière dont l’avaient laissé voir Tome et Janry, sans jamais avoir toutefois exploité cette possibilité, de même que Zorglub, qui promettait un rôle important lui aussi sous exploré. La bonne surprise de cette reprise aura surtout été pour moi, outre la redistribution des rôles, avantageuse pour Seccotine mais dommageable pour le comte de Champignac, dont le rôle, comme pour Zorglub, n’aura pas été au niveau de ce que le début de l’histoire semblait promettre, et est parfois évaporé, les transitions entre scènes, comme dans ce dernier chapitre qui débute dans les bulles sous la mer, se poursuit avec l’irruption des bulles hors de l’eau vues de la plage, et se termine par un retour vers Bruxelles de nuit sous la pluie, tout cela parfaitement agencé et mis en scène par Olivier Schwartz et magnifié par les couleurs la fois tranchées et nuancées dans leurs variations d’Alex Doucet.
Suite de El diablo, le marsupilami de Trondheim et Nesme, aux couleurs lumineuses, mais dont les personnages sont aussi raides et vivants que des figures de cire. Suite aussi de De l’or pour les bleus, de Lambil et Neidhart, dans un chapitre toujours riche en rebondissements et humour, mais où Blutch et Chesterfield sont, page 23, un peu trop soudainement démasqués du point de vue crédibilité de l'histoire.
Nombre de gags : Kid Paddle, de Midam, Patelin, Dairin et Angèle, dans le running gag du bal masqué, Gary C. Neel, mon papy à l’ouest, où Ced et Gorobei développent un gag sur la relation entre une petite fille et son grand-père, mais dans un esprit western, on est loin de Cédric et son grand-père. Je deviens de plus en plus sensible à l’univers particulier de Willy Woob de Moog et Bernstein, ses titres dessinés, ses jeux de mots absurdes, les situations légèrement décalées. Une nouvelle Méthode Raowl de Tebo, minimalisme de la mise en scène et maximalisme de détails amusants. Annabelle, pirate rebelle, de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, s’éloigne de la fougueuse Marine de Cortegianni et Tranchand à qui elle faisait inévitablement penser au début, puisque dans ce gag elle n’a plus qu’un rôle de figurante dans les deux dernières cases. Le gag anachronique de barbares assimilés à des touristes, déjà vu mais ici bien revu, de la Fifiche du Proprofesseur de Lécroart m’a bien fait rire, et Nob continue Dad flashbacks dans la relation entre Panda et Ondine jeunes enfants. Enfin Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau, avec l'équipe hollywoodienne dont le tournage du biopic-fiction sur et à propos du naufrage annoncé du navire redébute sans cesse.
Paul Martin est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, où il dit avoir voulu faire avec Titan Inc., qu’il pensait au départ dessiner lui-même, une métaphore du monde de l’entreprise. C’est intéressant de le voir ainsi, comme une entreprise fonçant dans le mur par son étroitesse d’esprit, son obsession de la performance, avec tous les employés, les consultants, les publicistes, et ce qui gravite autour. Pour ma part j’aime aussi voir cette série comme une préquelle des Naufragés de Bretécher et Cauvin, le même univers clos, le même noyau de personnages confrontés à des variations de situations sur le même thème (éviter (au sens propre et figuré) le naufrage pour les uns, et trouver une île accueillante après le naufrage pour les autres), avec toutes les contraintes que cela implique. Enfin En direct du futur annonce le retour de Natacha pour le dernier volet de la trilogie adaptée de L’Épervier bleu de Sirius.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ans-elliot
Une couverture assombrie pour une ambiance de maison hantée, au titre doublement paradoxal : Elliot au collège (sans Elliot), pour les vacances d’ Églantine (narrées une semaine après le numéro spécial rentrée). Mallo, (le ou la) coloriste de cette histoire , utilise les bruns et oranges habituels d’Elliot au collège, mais sans les bleus les accompagnant usuellement. L’an dernier la couverture de l’histoire courte présentant les vacances d’Elliot était au contraire entièrement dans les tons bleus, dans une ambiance fantômatique aussi mais en pleine nature : jolie façon d’illuster les oppositions de caractère d’Elliot et d’ Églantine, que commente l’auteur Théo Grosjean dans l’intéressant entretien de présentation, où il discute également de son utilisation d’éléments de sa propre vie et de ses choix graphiques pour les angoisses incarnées de ses personnages : celle d’ Églantine dort comme un gros chat au pied de son lit. On apprend beaucoup dans cette histoire courte assez conséquente (six pages) sur la famille d’ Églantine, qui donne l’envie d’en savoir encore plus sur les nouveaux personnages (l’énigmatique grand-mère et la tante disparue). Le Tuto dessiné de Théo Grosjean pour dessiner Elliot est pour une fois découpé assez en détails pour être suivi, L’édito des Fabrice sur Elliot fait dans le running-gag du complotisme absurde (pléonasme – je conseille d’ailleurs le très drôle et bien vu Les complotistes, de Fabrice Erre et Jorge Bernstein, chez Dupuis, 2020), ce qui donne un bel ensemble sur cette série. Elliot apparaît même avec les autres personnages enfants du journal (et Spirou et Seccotine) dans les Jeux Skate-park de Vog. L’autre histoire courte (quatre pages) du numéro s’intitule « La tourte aux champignons », un nouvel épisode de Paupiette, la petite sorcière maladroite de Tofy (couleurs de Lisa Guisquier) , accompagnée de son lapin parlant familier.
Fin de La mémoire du futur, la suite de La mort de Spirou. Nous avions quitté la semaine précédente une Cyanure Goldorak déchainée détruisant tout sous sa colère, à la suite de Spip qui avait perçu l’illusion et nous avait entrainé rejoindre le vrai Spirou sous la mer, prisonnier d’une bulle. La fin de la Cyanure géante aurait pu être un morceaux de bravoure graphique, mais elle ne nous est pas montrée. Les limules géantes ressurgissent une fois de plus, sans que leur rôle ni même leur existence ne soit éclaircie. Enfin, Spirou dit n’avoir pas fait grand’chose dans cette histoire, ce qui est juste mais ne me dérange pas car du moins il n’est pas mort (je n’y ai jamais cru, mais autant jouer le jeu du tome un), il a été beaucoup présent (ce qui n’a pas été le cas du récent Spirou classique, et cela a libéré une place pour un beau rôle pour Seccotine. Si l’épisode se clos sur l’élucidation du mystère de Korallion, Cyanure est laissée prête à ressurgir, à la manière dont l’avaient laissé voir Tome et Janry, sans jamais avoir toutefois exploité cette possibilité, de même que Zorglub, qui promettait un rôle important lui aussi sous exploré. La bonne surprise de cette reprise aura surtout été pour moi, outre la redistribution des rôles, avantageuse pour Seccotine mais dommageable pour le comte de Champignac, dont le rôle, comme pour Zorglub, n’aura pas été au niveau de ce que le début de l’histoire semblait promettre, et est parfois évaporé, les transitions entre scènes, comme dans ce dernier chapitre qui débute dans les bulles sous la mer, se poursuit avec l’irruption des bulles hors de l’eau vues de la plage, et se termine par un retour vers Bruxelles de nuit sous la pluie, tout cela parfaitement agencé et mis en scène par Olivier Schwartz et magnifié par les couleurs la fois tranchées et nuancées dans leurs variations d’Alex Doucet.
Suite de El diablo, le marsupilami de Trondheim et Nesme, aux couleurs lumineuses, mais dont les personnages sont aussi raides et vivants que des figures de cire. Suite aussi de De l’or pour les bleus, de Lambil et Neidhart, dans un chapitre toujours riche en rebondissements et humour, mais où Blutch et Chesterfield sont, page 23, un peu trop soudainement démasqués du point de vue crédibilité de l'histoire.
Nombre de gags : Kid Paddle, de Midam, Patelin, Dairin et Angèle, dans le running gag du bal masqué, Gary C. Neel, mon papy à l’ouest, où Ced et Gorobei développent un gag sur la relation entre une petite fille et son grand-père, mais dans un esprit western, on est loin de Cédric et son grand-père. Je deviens de plus en plus sensible à l’univers particulier de Willy Woob de Moog et Bernstein, ses titres dessinés, ses jeux de mots absurdes, les situations légèrement décalées. Une nouvelle Méthode Raowl de Tebo, minimalisme de la mise en scène et maximalisme de détails amusants. Annabelle, pirate rebelle, de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, s’éloigne de la fougueuse Marine de Cortegianni et Tranchand à qui elle faisait inévitablement penser au début, puisque dans ce gag elle n’a plus qu’un rôle de figurante dans les deux dernières cases. Le gag anachronique de barbares assimilés à des touristes, déjà vu mais ici bien revu, de la Fifiche du Proprofesseur de Lécroart m’a bien fait rire, et Nob continue Dad flashbacks dans la relation entre Panda et Ondine jeunes enfants. Enfin Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau, avec l'équipe hollywoodienne dont le tournage du biopic-fiction sur et à propos du naufrage annoncé du navire redébute sans cesse.
Paul Martin est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, où il dit avoir voulu faire avec Titan Inc., qu’il pensait au départ dessiner lui-même, une métaphore du monde de l’entreprise. C’est intéressant de le voir ainsi, comme une entreprise fonçant dans le mur par son étroitesse d’esprit, son obsession de la performance, avec tous les employés, les consultants, les publicistes, et ce qui gravite autour. Pour ma part j’aime aussi voir cette série comme une préquelle des Naufragés de Bretécher et Cauvin, le même univers clos, le même noyau de personnages confrontés à des variations de situations sur le même thème (éviter (au sens propre et figuré) le naufrage pour les uns, et trouver une île accueillante après le naufrage pour les autres), avec toutes les contraintes que cela implique. Enfin En direct du futur annonce le retour de Natacha pour le dernier volet de la trilogie adaptée de L’Épervier bleu de Sirius.