Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4506 du 21/08/2024
https://www.spirou.com/actualites/somma ... ues-bleues
Cela me fait toujours quelque chose de revoir les Tuniques bleues par Lambil en couverture, car c’est l’un des quelques dessinateurs, que l’on compte maintenant sur les doigts d’une main, une main de lépreux même, qui ont commencé à dessiner il y a plus de 70 ans, une carrière aussi longue qu’une vie. À l’échelle de la BD, c’est un peu comme si je voyais vivre un vrai dinosaure, et pas un ersatz à la Jurassic Parc. D’une telle vision, je n’attends rien d’autre qu’elle existe, c’est pourquoi les faiblesses graphiques ne me dérangent pas du tout. D’autant plus que les bases sont encore bonnes, seul l’encrage n’a plus ni force ni précision. Il est encore trop tôt pour parler du scénario, mais comme dit dans l’interview,
“-Willy, est-ce déroutant, après une soixantaine d'albums avec Raoul, de travailler avec un autre scénariste?
-WILLY LAMBIL C'est difficile à dire. J'étais sans doute un peu décontenancé au départ, mais, après un moment, je crois que les choses se sont mises à "rouler", tant avec Kris qu'avec Neidhardt.
-Neidhardt: Je partais avec un petit complexe : j'avais assez peu pratiqué le genre de l'aventure humoristique (à part le Spirou). J'ai toujours été plus à l'aise sur le court récit ou sur l'autofiction.”
J’ai déjà dit le bien que je pensais des scénarios de Kris. Neidhart est lui plus connu dans Spirou pour ses canulars (Spirou et les monstres, soi-disant de Rob-Vel) et ses parodies (Spouri et Fantaziz, illustrations des Aventures d’un journal) avec ou sans Fabrice Tarrin (qui l’a mis d’ailleurs mis en scène, voila pour l’auto-fiction), dont je ne suis personnellement pas si friand, mais il est capable d’histoires fines et sensibles, sans perdre son humour, et j’ai été aussi agréablement surpris par son "Les pieds-noirs à la mer" que Joann Sfar qui y écrit dans sa préface “Cher Fred Neidhardt, Je ne vous connaissais pas ainsi. Voilà plus de vingt ans que de loin en loin je vous croise, et je vous tenais pour un virtuose de la plaisanterie, un horloger de la blague inquiétante. En bandes dessinées, en textes, en caméras cachées et parfois pour le plaisir d'un seul spectateur, je vous ai vu pousser dans ses limites les plus poétiques et parfois les plus cruelles l'art de pincer sans rire.”
L’irrespect cache chez lui l’admiration et le regard juste, j’ai donc toute confiance à priori pour son histoire des Tuniques bleues. J’espère juste qu’il ne va pas trop d’enfoncer de portes ouvertes et faire des révélations qui n’en sont pas, car il dit
“-J’ai pas mal creusé la condition des Noirs américains durant la guerre de Sécession. L'histoire a un peu trop simplifié la chose: au Nord, il y avait les bons, les abolitionnistes, et au Sud, les méchants, les esclavagistes. La réalité est nettement moins tranchée: au Nord, les Noirs-même s'ils n'étaient plus techniquement des esclaves- se retrouvaient, par exemple, à faire les basses besognes, on l'évoquera dans l'album. “
Ce sujet a déjà été largement traité par Cauvin, en particulier dans Black Face, ceci dit, il est suffisamment important pour que l’on revienne dessus, d’autant plus qu’il sied particulièrement bien aux Tuniques bleues, dont les histoires tentent d’éviter le manichéisme.
Et ce retour permet un running gag pour La malédiction de la page 13 de Sti, où la couleur mûre écrasée qui fonctionnait avec les Schtroumpfs revient pour Les Tuniques bleues, ainsi qu’un Édito débile à souhaits, comme on les aime, et des Jeux Run,Blutch, run par Enzo Berkati, avec entre autres un labyrinthe complexe (relativement, pour de très jeunes enfants) mais agréable à faire car graphiquement réussi, entre vallées et cañons.
Dans la suite du Spirou et Fantasio La mémoire du futur, la Cyanure de Schwartz en robot géant a un petit côté Kirby, dont le hiératisme dans les nombreuses grandes cases (pleine page, demi-pages) fait passer le statisme. Séquence action et SF pour Poltron-Minet, et si le dialogue de Cédric Mayen entre le chaton et le scientifique est un peu pontifiant et prêcheur (et comporte une erreur: le fait qu’un chat mange une souris n’a rien à voir avec du cannibalisme, comment dans une œuvre traitant d’éthique envers les animaux peut-on figurer l’ensemble des animaux comme un tout homogène s’opposant aux humains?), la séquence en flash-back par Madd, en variations grenat et champs/contre-champs, est très réussie. Fin de la longue (70 pages) histoire des Sœurs Grémillet La villa des mystères, qui malgré son titre est bien plus terre à terre que les précédentes, centrée uniquement sur les relations entre les personnages, le mystère en question tournant un peu court par rapport aux autres aventures du trio, et l’histoire finalement assez délayée, comme sur les quatre dernières pages de l’histoire qui ne sont qu’un interminable “au revoir” sur fond de leçons de vie pour ado. Reste que les ambiances méditerranéennes, architecture, végétation, temps, sont très bien rendues.
L’histoire courte du numéro, "Prisonnier des Florkiens", est présentée comme un clin d'œil de Ced et Frantz Hofmann au Scrameustache de Gos. Plus qu’un clin d’œil, c’est visiblement une ultime(?) incarnation des hommages de L’année des héros, qui pourrait être une historiette du Scrameustache à part entière, version humoristique, loin toutefois des gags infantiles des Galaxiens.
Parmi les gags que j’ai appréciés, Le petit Spirou, encore avec Clara Cuadrado coscénariste, créditée par Janry en bas de planche mais pas dans le bandeau titre, et qui montre bien comment la conception par monsieur Mégot d’un “esprit libre” comme celui de quelqu’un “qui n’aime pas qu’on lui dise quoi penser”, faussée car parano, conduit au complotisme. Des gens et inversement de Berth (dans l’actualité des jeux paralympiques) et Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart (‘patalympiques, elles, comme la ‘pataphysique) tous deux aussi bons dans l’absurde. J’ai été aussi sensible à l’entre-deux qu’est Willy Woob, de Bernstein et Moog, entre deux tons par ses strips en bichromie, ses titres dessinés inventifs et pleins de charme, ses jeux de mot qui consistent à tout prendre au sens propre, cette indécidabilité entre l’adulte et l’enfantin. Dans Dad flashbacks de Nob, Ondine grandit, mais Panda ne semble pas changer, il faut dire qu’on a vu que déjà bébé elle avait pratiquement sa maturité actuelle, et Dad, quoique de 15 ans plus svelte, avait déjà des difficultés professionnelles, à se demander si le fameux premier rôle qui lui a valu une gloire épisodique dans sa jeunesse n’aurait pas que résulté d’un malentendu. Cette remarque est d’ailleurs valable pour toutes les vedettes d’un jour, et plus largement pour les personnages de Spirou lancés en fanfare et qui n’auront vécu que quelques numéros.
Bienvenue dans ma bibliothèque est consacré à Sophie Guerrive, la coscénariste de Spirou et Fantasio, qui a le mérite de ne pratiquement pas parler des sempiternelles œuvres fondatrices, et de plus le faire de façon personnelle: “J’ai trop de livres, et pas assez d'étagères. J'ai encore des cartons de bouquins de mon déménagement. Ça ressemble aux archives dans Gaston: si j'enlève un livre, tout s'écroule!”, ou sur son écriture: “Naturellement, en lisant beaucoup, on s'imprègne d'une écriture. Moi, je me rapproche pas mal de Tintin, une écriture un peu romanesque, à l'ancienne. Il faut que je fasse un effort pour écrire dans un style plus actuel.” Elle oriente de plus vers des pistes trop peu fréquentées, comme la (très bonne) série Gosse de Lucas Methé chez Dupuis, des maisons d'édition comme Biscoto, Misma, ou les Éditions Exemplaire, soit des maisons que l’on peut suivre car elles ont une vision éditoriale avant une financière. Par contre, je ne comprends pas sa remarque sur la cohérence de la série Spirou et Fantasio: “J’ai dû lire les albums plusieurs fois de façon anarchique, sans bien comprendre la cohérence de la série. Quand j'ai commencé à travailler dessus, je les ai relus dans l'ordre, ça a été une révélation. Tout est logique en fait.” De quelle logique peut-elle bien vouloir parler, en dehors d’une cohérence chronologique pour les relations entre S&F et le Marsupilami sous Franquin, et, plus lâche, avec Zorglub?
Elric Dufau, le dessinateur et coscénariste du Spirou et Fantasio classique, est l’invité de Spirou et moi, parle beaucoup de technique, d’application, et pas d’inspiration, ce qui reflète malheureusement ce que je pense de La baie des cochons, et fait que l’annonce par les même auteurs d’un Zorgrad, au titre trop aisément décryptable d’un Zorglub au delà du rideau de fer durant la guerre froide, me fait craindre autant de superficialité et d’artificialité.
Et ce numéro se termine avec une publicité pour le tome 9 d’Animal Jack, la série jeunesse à succès de Miss Prickly et Kid Toussaint publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou, sans doute parce que les séries de fantasy y sont déjà nombreuses, et l’annonce pour la semaine prochaine d’un Marsupilami’s origins.
https://www.spirou.com/actualites/somma ... ues-bleues
Cela me fait toujours quelque chose de revoir les Tuniques bleues par Lambil en couverture, car c’est l’un des quelques dessinateurs, que l’on compte maintenant sur les doigts d’une main, une main de lépreux même, qui ont commencé à dessiner il y a plus de 70 ans, une carrière aussi longue qu’une vie. À l’échelle de la BD, c’est un peu comme si je voyais vivre un vrai dinosaure, et pas un ersatz à la Jurassic Parc. D’une telle vision, je n’attends rien d’autre qu’elle existe, c’est pourquoi les faiblesses graphiques ne me dérangent pas du tout. D’autant plus que les bases sont encore bonnes, seul l’encrage n’a plus ni force ni précision. Il est encore trop tôt pour parler du scénario, mais comme dit dans l’interview,
“-Willy, est-ce déroutant, après une soixantaine d'albums avec Raoul, de travailler avec un autre scénariste?
-WILLY LAMBIL C'est difficile à dire. J'étais sans doute un peu décontenancé au départ, mais, après un moment, je crois que les choses se sont mises à "rouler", tant avec Kris qu'avec Neidhardt.
-Neidhardt: Je partais avec un petit complexe : j'avais assez peu pratiqué le genre de l'aventure humoristique (à part le Spirou). J'ai toujours été plus à l'aise sur le court récit ou sur l'autofiction.”
J’ai déjà dit le bien que je pensais des scénarios de Kris. Neidhart est lui plus connu dans Spirou pour ses canulars (Spirou et les monstres, soi-disant de Rob-Vel) et ses parodies (Spouri et Fantaziz, illustrations des Aventures d’un journal) avec ou sans Fabrice Tarrin (qui l’a mis d’ailleurs mis en scène, voila pour l’auto-fiction), dont je ne suis personnellement pas si friand, mais il est capable d’histoires fines et sensibles, sans perdre son humour, et j’ai été aussi agréablement surpris par son "Les pieds-noirs à la mer" que Joann Sfar qui y écrit dans sa préface “Cher Fred Neidhardt, Je ne vous connaissais pas ainsi. Voilà plus de vingt ans que de loin en loin je vous croise, et je vous tenais pour un virtuose de la plaisanterie, un horloger de la blague inquiétante. En bandes dessinées, en textes, en caméras cachées et parfois pour le plaisir d'un seul spectateur, je vous ai vu pousser dans ses limites les plus poétiques et parfois les plus cruelles l'art de pincer sans rire.”
L’irrespect cache chez lui l’admiration et le regard juste, j’ai donc toute confiance à priori pour son histoire des Tuniques bleues. J’espère juste qu’il ne va pas trop d’enfoncer de portes ouvertes et faire des révélations qui n’en sont pas, car il dit
“-J’ai pas mal creusé la condition des Noirs américains durant la guerre de Sécession. L'histoire a un peu trop simplifié la chose: au Nord, il y avait les bons, les abolitionnistes, et au Sud, les méchants, les esclavagistes. La réalité est nettement moins tranchée: au Nord, les Noirs-même s'ils n'étaient plus techniquement des esclaves- se retrouvaient, par exemple, à faire les basses besognes, on l'évoquera dans l'album. “
Ce sujet a déjà été largement traité par Cauvin, en particulier dans Black Face, ceci dit, il est suffisamment important pour que l’on revienne dessus, d’autant plus qu’il sied particulièrement bien aux Tuniques bleues, dont les histoires tentent d’éviter le manichéisme.
Et ce retour permet un running gag pour La malédiction de la page 13 de Sti, où la couleur mûre écrasée qui fonctionnait avec les Schtroumpfs revient pour Les Tuniques bleues, ainsi qu’un Édito débile à souhaits, comme on les aime, et des Jeux Run,Blutch, run par Enzo Berkati, avec entre autres un labyrinthe complexe (relativement, pour de très jeunes enfants) mais agréable à faire car graphiquement réussi, entre vallées et cañons.
Dans la suite du Spirou et Fantasio La mémoire du futur, la Cyanure de Schwartz en robot géant a un petit côté Kirby, dont le hiératisme dans les nombreuses grandes cases (pleine page, demi-pages) fait passer le statisme. Séquence action et SF pour Poltron-Minet, et si le dialogue de Cédric Mayen entre le chaton et le scientifique est un peu pontifiant et prêcheur (et comporte une erreur: le fait qu’un chat mange une souris n’a rien à voir avec du cannibalisme, comment dans une œuvre traitant d’éthique envers les animaux peut-on figurer l’ensemble des animaux comme un tout homogène s’opposant aux humains?), la séquence en flash-back par Madd, en variations grenat et champs/contre-champs, est très réussie. Fin de la longue (70 pages) histoire des Sœurs Grémillet La villa des mystères, qui malgré son titre est bien plus terre à terre que les précédentes, centrée uniquement sur les relations entre les personnages, le mystère en question tournant un peu court par rapport aux autres aventures du trio, et l’histoire finalement assez délayée, comme sur les quatre dernières pages de l’histoire qui ne sont qu’un interminable “au revoir” sur fond de leçons de vie pour ado. Reste que les ambiances méditerranéennes, architecture, végétation, temps, sont très bien rendues.
L’histoire courte du numéro, "Prisonnier des Florkiens", est présentée comme un clin d'œil de Ced et Frantz Hofmann au Scrameustache de Gos. Plus qu’un clin d’œil, c’est visiblement une ultime(?) incarnation des hommages de L’année des héros, qui pourrait être une historiette du Scrameustache à part entière, version humoristique, loin toutefois des gags infantiles des Galaxiens.
Parmi les gags que j’ai appréciés, Le petit Spirou, encore avec Clara Cuadrado coscénariste, créditée par Janry en bas de planche mais pas dans le bandeau titre, et qui montre bien comment la conception par monsieur Mégot d’un “esprit libre” comme celui de quelqu’un “qui n’aime pas qu’on lui dise quoi penser”, faussée car parano, conduit au complotisme. Des gens et inversement de Berth (dans l’actualité des jeux paralympiques) et Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart (‘patalympiques, elles, comme la ‘pataphysique) tous deux aussi bons dans l’absurde. J’ai été aussi sensible à l’entre-deux qu’est Willy Woob, de Bernstein et Moog, entre deux tons par ses strips en bichromie, ses titres dessinés inventifs et pleins de charme, ses jeux de mot qui consistent à tout prendre au sens propre, cette indécidabilité entre l’adulte et l’enfantin. Dans Dad flashbacks de Nob, Ondine grandit, mais Panda ne semble pas changer, il faut dire qu’on a vu que déjà bébé elle avait pratiquement sa maturité actuelle, et Dad, quoique de 15 ans plus svelte, avait déjà des difficultés professionnelles, à se demander si le fameux premier rôle qui lui a valu une gloire épisodique dans sa jeunesse n’aurait pas que résulté d’un malentendu. Cette remarque est d’ailleurs valable pour toutes les vedettes d’un jour, et plus largement pour les personnages de Spirou lancés en fanfare et qui n’auront vécu que quelques numéros.
Bienvenue dans ma bibliothèque est consacré à Sophie Guerrive, la coscénariste de Spirou et Fantasio, qui a le mérite de ne pratiquement pas parler des sempiternelles œuvres fondatrices, et de plus le faire de façon personnelle: “J’ai trop de livres, et pas assez d'étagères. J'ai encore des cartons de bouquins de mon déménagement. Ça ressemble aux archives dans Gaston: si j'enlève un livre, tout s'écroule!”, ou sur son écriture: “Naturellement, en lisant beaucoup, on s'imprègne d'une écriture. Moi, je me rapproche pas mal de Tintin, une écriture un peu romanesque, à l'ancienne. Il faut que je fasse un effort pour écrire dans un style plus actuel.” Elle oriente de plus vers des pistes trop peu fréquentées, comme la (très bonne) série Gosse de Lucas Methé chez Dupuis, des maisons d'édition comme Biscoto, Misma, ou les Éditions Exemplaire, soit des maisons que l’on peut suivre car elles ont une vision éditoriale avant une financière. Par contre, je ne comprends pas sa remarque sur la cohérence de la série Spirou et Fantasio: “J’ai dû lire les albums plusieurs fois de façon anarchique, sans bien comprendre la cohérence de la série. Quand j'ai commencé à travailler dessus, je les ai relus dans l'ordre, ça a été une révélation. Tout est logique en fait.” De quelle logique peut-elle bien vouloir parler, en dehors d’une cohérence chronologique pour les relations entre S&F et le Marsupilami sous Franquin, et, plus lâche, avec Zorglub?
Elric Dufau, le dessinateur et coscénariste du Spirou et Fantasio classique, est l’invité de Spirou et moi, parle beaucoup de technique, d’application, et pas d’inspiration, ce qui reflète malheureusement ce que je pense de La baie des cochons, et fait que l’annonce par les même auteurs d’un Zorgrad, au titre trop aisément décryptable d’un Zorglub au delà du rideau de fer durant la guerre froide, me fait craindre autant de superficialité et d’artificialité.
Et ce numéro se termine avec une publicité pour le tome 9 d’Animal Jack, la série jeunesse à succès de Miss Prickly et Kid Toussaint publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou, sans doute parce que les séries de fantasy y sont déjà nombreuses, et l’annonce pour la semaine prochaine d’un Marsupilami’s origins.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4507 du 28/08/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... arsupilami
En couverture, “El Diablo, Aux origines du Marsupilami”. Je n’aime pas ce marsupilami d’Alexis Nesme, car de la façon dont il dessine son pelage, on dirait une peluche qui vient de passer dans la machine à laver et dont les poils sont tout collés. Mais la composition, avec montagnes, jungle et eaux, et la lumière perçant les nuages et les arbres, laisse augurer de belles aventures tropicales, ce que confirme la belle première page de l’histoire, un navire sur fond de ciel doré avec une bonne utilisation d’un horizon courbe pour ajouter du dynamisme.
Il arrive trop fréquemment que les interviews de présentation, mal faites, ou aux idées confuses, désservent la BD qu’elles sont censées introduire, et celle-ci est l’interview de trop, je vais donc faire dans le détail, comme Dab's dans sa Leçon de BD. Toutefois, mieux vaut démolir la présentation et apprécier l’œuvre que le contraire.
“LEWIS TRONDHEIM: Alexis Nesme et moi avions déjà travaillé ensemble sur un Donjon et un Mickey. L'envie de continuer avec un nouvel animal héros de BD était grande. Mais lequel? La réponse a été immédiate: le Marsupilami. Les seules limites scénaristiques que je voyais au projet, c'est que le personnage est trop fort, difficile à mettre en danger. Et seul, le Marsupilami n'est pas facile à manier, car il ne parle pas...”
Je vois une autre limite: le style dessin animé d’Alexis Nesme fonctionne parfaitement avec l’esprit Donjon Parade qu’il a fait (et que j’ai trouvé vraiment drôle, pour peu que l’on aime l’humour aussi noir que débile), et pour les Mickey et les versions animalière de l’adaptation des Enfants du Capitaine Grant, d'après Jules Verne, cela fonctionne bien moins avec des personnages humains, et un marsupilami, qui n’est pas qu’un logo comme Mickey mais un personnage avec une tension interne permanente.
“LEWIS TRONDHEIM: Je suis donc parti sur une histoire avec UN Marsupilami plutôt qu'avec LE Marsupilami Ça me permettait d'être plus libre par rapport à tout ce qui s'était fait auparavant avec lui Le choix d'un récit historique est apparu naturellement ensuite. J'ai proposé El Diablo à Alexis. En ayant peur qu'il refuse parce que la queue du Marsupilami est tout de même un peu pénible à dessiner.”
UN marsupilami. Ce n’est pas ce qu’annonce la couverture (Aux origines DU marsupilami). Mettons cela sur le compte des visions antinomiques des créateurs et des commerciaux. Et si la remarque sur la queue de marsupilami n’est pas de l’humour (très léger), celle-ci est au contraire un rêve de dessinateur. Mais effectivement un cauchemar de coloriste, ce qu’est surtout Alexis Nesme. Et il aurait suffit de rebaptiser l’histoire El Diabolo pour que l’appendice rappelle le jeu, et lui donne un enjeu graphique.
“ALEXIS NESME: J'ai d'abord essayé de comprendre la nature de base du Marsu. S'agit-il d'un marsupial? D'un singe? En analysant les dessins de Franquin, j'ai compris qu'il avait inventé un mix inédit.”
Besoin d’une analyse pour découvrir ce qui est évident à la première lecture, que le marsupilami est une chimère tant graphique que naturaliste?
“A.N.: Pour ce qui est de la longueur de sa queue-qui paraît-il est très précise-, j'ai un peu triché en la laissant souvent dépasser du bord de case. Ainsi, impossible de savoir s’il reste un mètre ou un centimètre!”
D’où sort cette précision sur la longueur? Pas de chez Franquin, en tous cas…
“A.N.: Lewis et notre éditeur Frédéric Niffle voulaient que le Marsupilami d'El Diablo n'ait pas l'air trop méchant.”
C’est réussi (cf. mon commentaire sur la couverture). Mais pourquoi cette étrange demande, Spirou aurait-il finalement été bien racheté par Disney? Par ailleurs, le Marsupilami n’a jamais été “méchant” (Franquin n’est pas Disney, il n’y a pas chez lui de Grand Méchant Loup), par contre, ils son caractère, et il ne faut pas l’ennuyer.
“Ton dessin est plutôt éloigné de la "ligne claire" de Franquin...
A.N.: Oui, je dessine sans contours, sans ligne noire, et en essayant de mettre du réalisme dans mes images. Difficile, avec cette technique, de mettre de la hiérarchie dans les plans de dessins comme cela se fait dans les albums ligne claire.”
Que d’étranges remarques. Tout d’abord, son dessin contient bien des lignes noires, pour séparer les formes ton sur ton (chair sur chair essentiellement). Ensuite, ce n’est pas avec les contours que les dessinateurs de style ligne claire hiérarchisent leurs plans, le dessin ligne claire est d’ailleurs peu apte à hiérarchiser les plans, et les peintres classiques hiérarchisent bien leurs plans sans contours.
Sur les 11 premières planches de l’histoire elle-même, je retiens la jolie idée de mettre des cadres aux dessus des grands dessins (pleines et demi pages), qui mettent en valeur ceux-ci comme de grandes fenêtres sur l’histoire et l’Histoire.
Et pour accompagner le marsupilami, L’édito des Fabrice, le running gag de Sti sur les couleurs dans La malédiction de la page 13 continue, cette fois avec un (déjà vu mais de nouveau amusant car bien amené) marsupilami comparé à une banane, des Jeux de Jacques Lerouge dont le dessin foisonnant illustre à merveille son sujet de Panique dans la forêt amazonienne, et le Bulletin d’houbabonnement de Cromheecke et Thiriet.
Je retrouve par ailleurs avec plaisir Thiriet, avec au dessin Jean-Yves Duhoo (et son Oncle Ho), dans leur excellente série 100 instruments.
Le délire continue dans le Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan et Guerrive, avec Cyanure en Iron-woman, rendue encore plus énervée par les racines des plantes du château de Champignac communicant par mycélium interposé (bonne idée qui fait un lien entre le comte mycologue et ce que l’on sait de la communication végétale, mais qui tourne court) et s’en prennent à elle qui détruit tout , car dit-elle “Vous humains avez fait de moi un objet de souffrance!” Ce n’est pas ce que je connais d’elle. Est-ce un indice pour une future histoire sur le passé de Cyanure? Et le Marsupilami, d’habitude si vif, qui se laisse cueillir comme une fleur, n’est pas très crédible. Bref, une séquence violente et sanguinolente une peu gratuite car comportant des trous et surtout, se déroulant dans un monde virtuel, donc sans vrai danger de mort pour les protagonistes. Mais les couleurs d’Alex Doucet, en oppositions de brun, de rouge et de jaune, créent une vraie ambiance de fin du monde. Séquence aussi violente et sanguinolente pour le dernier chapitre de la deuxième partie de Poltron Minet, une spectaculaire scène d’évasion de laboratoire, bien menée. Quelques débuts de réponses aux questions soulevées sont apportées, mais les enjeux se multiplient, certains seront-ils sacrifiés tels des animaux de laboratoire, comme les activistes anti-spécistes, ou la suite de l’histoire sera-t-elle à la hauteur de ses ambitions? Je souligne encore la qualité de dessin, de mise en scène et de coloris de Madd. Suite de De l’or pour les Bleus, de Lambil, Neidhart et Léonardo. Après tant d’histoires des Tuniques bleues, tous les thèmes et situations semblent avoir été abordés, et bien que Neidhart soit un nouveau scénariste pour cette série, j’y ai des sentiments de déjà-vu: Blutch et Chesterfield déguisés en mexicains, espions chez les sudistes, Blutch devenant le supérieur de Chesterfield, huis-clos d’un petit groupe en mission, et même une réplique du capitaine Stillman chez les sudistes. Néanmoins, la façon nouvelle dont Neidhardt les agence, ainsi que les relations entre les différents personnages, bien typés y compris les nouveaux, rend cette histoire intéressante à suivre.
Pas d’histoire courte cette semaine, mais Les inventures, de Pascal Thivillon, lauréat du prix Atomium Spirou 2023, qui récompense des histoires non plus mettant en scène Spirou mais ayant “l’esprit Spirou”, ce qui est assez vague pour pouvoir récompenser pratiquement n’importe quelle BD grand public. Ici, ce sont trois gags en une page assez amusants d’un gamin s’imaginant vivre dans des films, les références sont assez connues pour n’exclure personne, et le dessin est du gros nez actualisé, proche de celui de Nicolas Moog.
Dans les gags, un Petit Spirou traditionnel de Janry seul cette fois (avec les couleurs de Cerise), une toujours drôle Leçon de BD par Dab’s, qui comme pour celles de Dutreix ou de Pascal Colpron, se met en scène avec humour, un original gag de Gary C. Neel de Ced et Gorobei, un peu mou, mais c’est le sujet du gag, et dont j’ai bien aimé le détail du gag sur l’affiche, une très bonne Fifiche du Proprofesseur préhistorique de Lécroart, et un Dad flashbacks de Nob qui annonce l’arrivée de Roxanne.
Les BD de ma vie sont celles de Tebo, certaines sont attendues, comme celles de Gotlib (qui semble décidément la référence absolue de la plupart des auteurs comiques, avec Gaston de Franquin), Édika, Margerin, d’autres plus inattendues, comme l’influence de Kirby pour son traitement du mouvement. Et En direct du futur annonce une énigmatique véritable aventure (à suivre) des Fabrice, en "vacances" de leur Édito...
Enfin, une pub pour une série enfance au Lombard, des enfants dans un monde féérique, une de plus, et une pour le troisième tome de Madeleine résistante de Morvan et Bertail, la biographie de la résistante Madeleine Riffaud, d’après son témoignage. Le supplément abonnés consiste en des autocollants Spirou et Fantasio par Schwartz, dont l’un les représente au volant de leur Turbotraction au design de Karmann Ghia, à mon grand plaisir.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... arsupilami
En couverture, “El Diablo, Aux origines du Marsupilami”. Je n’aime pas ce marsupilami d’Alexis Nesme, car de la façon dont il dessine son pelage, on dirait une peluche qui vient de passer dans la machine à laver et dont les poils sont tout collés. Mais la composition, avec montagnes, jungle et eaux, et la lumière perçant les nuages et les arbres, laisse augurer de belles aventures tropicales, ce que confirme la belle première page de l’histoire, un navire sur fond de ciel doré avec une bonne utilisation d’un horizon courbe pour ajouter du dynamisme.
Il arrive trop fréquemment que les interviews de présentation, mal faites, ou aux idées confuses, désservent la BD qu’elles sont censées introduire, et celle-ci est l’interview de trop, je vais donc faire dans le détail, comme Dab's dans sa Leçon de BD. Toutefois, mieux vaut démolir la présentation et apprécier l’œuvre que le contraire.
“LEWIS TRONDHEIM: Alexis Nesme et moi avions déjà travaillé ensemble sur un Donjon et un Mickey. L'envie de continuer avec un nouvel animal héros de BD était grande. Mais lequel? La réponse a été immédiate: le Marsupilami. Les seules limites scénaristiques que je voyais au projet, c'est que le personnage est trop fort, difficile à mettre en danger. Et seul, le Marsupilami n'est pas facile à manier, car il ne parle pas...”
Je vois une autre limite: le style dessin animé d’Alexis Nesme fonctionne parfaitement avec l’esprit Donjon Parade qu’il a fait (et que j’ai trouvé vraiment drôle, pour peu que l’on aime l’humour aussi noir que débile), et pour les Mickey et les versions animalière de l’adaptation des Enfants du Capitaine Grant, d'après Jules Verne, cela fonctionne bien moins avec des personnages humains, et un marsupilami, qui n’est pas qu’un logo comme Mickey mais un personnage avec une tension interne permanente.
“LEWIS TRONDHEIM: Je suis donc parti sur une histoire avec UN Marsupilami plutôt qu'avec LE Marsupilami Ça me permettait d'être plus libre par rapport à tout ce qui s'était fait auparavant avec lui Le choix d'un récit historique est apparu naturellement ensuite. J'ai proposé El Diablo à Alexis. En ayant peur qu'il refuse parce que la queue du Marsupilami est tout de même un peu pénible à dessiner.”
UN marsupilami. Ce n’est pas ce qu’annonce la couverture (Aux origines DU marsupilami). Mettons cela sur le compte des visions antinomiques des créateurs et des commerciaux. Et si la remarque sur la queue de marsupilami n’est pas de l’humour (très léger), celle-ci est au contraire un rêve de dessinateur. Mais effectivement un cauchemar de coloriste, ce qu’est surtout Alexis Nesme. Et il aurait suffit de rebaptiser l’histoire El Diabolo pour que l’appendice rappelle le jeu, et lui donne un enjeu graphique.
“ALEXIS NESME: J'ai d'abord essayé de comprendre la nature de base du Marsu. S'agit-il d'un marsupial? D'un singe? En analysant les dessins de Franquin, j'ai compris qu'il avait inventé un mix inédit.”
Besoin d’une analyse pour découvrir ce qui est évident à la première lecture, que le marsupilami est une chimère tant graphique que naturaliste?
“A.N.: Pour ce qui est de la longueur de sa queue-qui paraît-il est très précise-, j'ai un peu triché en la laissant souvent dépasser du bord de case. Ainsi, impossible de savoir s’il reste un mètre ou un centimètre!”
D’où sort cette précision sur la longueur? Pas de chez Franquin, en tous cas…
“A.N.: Lewis et notre éditeur Frédéric Niffle voulaient que le Marsupilami d'El Diablo n'ait pas l'air trop méchant.”
C’est réussi (cf. mon commentaire sur la couverture). Mais pourquoi cette étrange demande, Spirou aurait-il finalement été bien racheté par Disney? Par ailleurs, le Marsupilami n’a jamais été “méchant” (Franquin n’est pas Disney, il n’y a pas chez lui de Grand Méchant Loup), par contre, ils son caractère, et il ne faut pas l’ennuyer.
“Ton dessin est plutôt éloigné de la "ligne claire" de Franquin...
A.N.: Oui, je dessine sans contours, sans ligne noire, et en essayant de mettre du réalisme dans mes images. Difficile, avec cette technique, de mettre de la hiérarchie dans les plans de dessins comme cela se fait dans les albums ligne claire.”
Que d’étranges remarques. Tout d’abord, son dessin contient bien des lignes noires, pour séparer les formes ton sur ton (chair sur chair essentiellement). Ensuite, ce n’est pas avec les contours que les dessinateurs de style ligne claire hiérarchisent leurs plans, le dessin ligne claire est d’ailleurs peu apte à hiérarchiser les plans, et les peintres classiques hiérarchisent bien leurs plans sans contours.
Sur les 11 premières planches de l’histoire elle-même, je retiens la jolie idée de mettre des cadres aux dessus des grands dessins (pleines et demi pages), qui mettent en valeur ceux-ci comme de grandes fenêtres sur l’histoire et l’Histoire.
Et pour accompagner le marsupilami, L’édito des Fabrice, le running gag de Sti sur les couleurs dans La malédiction de la page 13 continue, cette fois avec un (déjà vu mais de nouveau amusant car bien amené) marsupilami comparé à une banane, des Jeux de Jacques Lerouge dont le dessin foisonnant illustre à merveille son sujet de Panique dans la forêt amazonienne, et le Bulletin d’houbabonnement de Cromheecke et Thiriet.
Je retrouve par ailleurs avec plaisir Thiriet, avec au dessin Jean-Yves Duhoo (et son Oncle Ho), dans leur excellente série 100 instruments.
Le délire continue dans le Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan et Guerrive, avec Cyanure en Iron-woman, rendue encore plus énervée par les racines des plantes du château de Champignac communicant par mycélium interposé (bonne idée qui fait un lien entre le comte mycologue et ce que l’on sait de la communication végétale, mais qui tourne court) et s’en prennent à elle qui détruit tout , car dit-elle “Vous humains avez fait de moi un objet de souffrance!” Ce n’est pas ce que je connais d’elle. Est-ce un indice pour une future histoire sur le passé de Cyanure? Et le Marsupilami, d’habitude si vif, qui se laisse cueillir comme une fleur, n’est pas très crédible. Bref, une séquence violente et sanguinolente une peu gratuite car comportant des trous et surtout, se déroulant dans un monde virtuel, donc sans vrai danger de mort pour les protagonistes. Mais les couleurs d’Alex Doucet, en oppositions de brun, de rouge et de jaune, créent une vraie ambiance de fin du monde. Séquence aussi violente et sanguinolente pour le dernier chapitre de la deuxième partie de Poltron Minet, une spectaculaire scène d’évasion de laboratoire, bien menée. Quelques débuts de réponses aux questions soulevées sont apportées, mais les enjeux se multiplient, certains seront-ils sacrifiés tels des animaux de laboratoire, comme les activistes anti-spécistes, ou la suite de l’histoire sera-t-elle à la hauteur de ses ambitions? Je souligne encore la qualité de dessin, de mise en scène et de coloris de Madd. Suite de De l’or pour les Bleus, de Lambil, Neidhart et Léonardo. Après tant d’histoires des Tuniques bleues, tous les thèmes et situations semblent avoir été abordés, et bien que Neidhart soit un nouveau scénariste pour cette série, j’y ai des sentiments de déjà-vu: Blutch et Chesterfield déguisés en mexicains, espions chez les sudistes, Blutch devenant le supérieur de Chesterfield, huis-clos d’un petit groupe en mission, et même une réplique du capitaine Stillman chez les sudistes. Néanmoins, la façon nouvelle dont Neidhardt les agence, ainsi que les relations entre les différents personnages, bien typés y compris les nouveaux, rend cette histoire intéressante à suivre.
Pas d’histoire courte cette semaine, mais Les inventures, de Pascal Thivillon, lauréat du prix Atomium Spirou 2023, qui récompense des histoires non plus mettant en scène Spirou mais ayant “l’esprit Spirou”, ce qui est assez vague pour pouvoir récompenser pratiquement n’importe quelle BD grand public. Ici, ce sont trois gags en une page assez amusants d’un gamin s’imaginant vivre dans des films, les références sont assez connues pour n’exclure personne, et le dessin est du gros nez actualisé, proche de celui de Nicolas Moog.
Dans les gags, un Petit Spirou traditionnel de Janry seul cette fois (avec les couleurs de Cerise), une toujours drôle Leçon de BD par Dab’s, qui comme pour celles de Dutreix ou de Pascal Colpron, se met en scène avec humour, un original gag de Gary C. Neel de Ced et Gorobei, un peu mou, mais c’est le sujet du gag, et dont j’ai bien aimé le détail du gag sur l’affiche, une très bonne Fifiche du Proprofesseur préhistorique de Lécroart, et un Dad flashbacks de Nob qui annonce l’arrivée de Roxanne.
Les BD de ma vie sont celles de Tebo, certaines sont attendues, comme celles de Gotlib (qui semble décidément la référence absolue de la plupart des auteurs comiques, avec Gaston de Franquin), Édika, Margerin, d’autres plus inattendues, comme l’influence de Kirby pour son traitement du mouvement. Et En direct du futur annonce une énigmatique véritable aventure (à suivre) des Fabrice, en "vacances" de leur Édito...
Enfin, une pub pour une série enfance au Lombard, des enfants dans un monde féérique, une de plus, et une pour le troisième tome de Madeleine résistante de Morvan et Bertail, la biographie de la résistante Madeleine Riffaud, d’après son témoignage. Le supplément abonnés consiste en des autocollants Spirou et Fantasio par Schwartz, dont l’un les représente au volant de leur Turbotraction au design de Karmann Ghia, à mon grand plaisir.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4508 du 04/09/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... la-rentree
Une belle couverture de Nob de teintes automnales avec une Panda se précipitant joyeuse dans la cour de l’école, détonnant parmi les autres enfants, son père et sa sœur, introduit ce numéro spécial rentrée qui, en dépit de son nombre de pages habituel, contient pas moins de cinq histoires courtes. Trois d'entre elles ne font que deux pages, certes, mais il faut saluer la performance de la rédaction d’avoir pu organiser et coordonner cela, performance d’autant plus appréciable que pas une des histoire, y compris dans les gags habituels, ne porte sur “la rentrée à l’école des sorciers et sorcières”. Les séries mettant en scène des enfants sont bien sûr au programme. Family Life, de Jacques Louis, dans laquelle certains gags sont attendus à cause de la forte caractérisation des personnages et surtout de leurs rapports, et d’autres, nouveaux, sont très drôles. Les cavaliers de l’apocadispe de Libon (pour lesquels dans le Spirou 4502 avait été annoncé qu’une histoire (à suivre) devait débuter dans le numéro 4505 et qu’on attend toujours), dont les personnages et leurs relations sont aussi très typés mais où l’imagination des gamins et leur don pour se mettre dans des situations rocambolesques, ainsi que le sens de l’expression de Libon (un “robot triste” qui panique les élèves) rend chaque nouvel épisode hilarant. D’autres sont plus inattendus, comme Une nouvelle année au lycée, qui reprend le blog autofictionnel que tenait Fabrice Erre, professeur d’histoire-géo dans le civil, sur cette fois un scénario de Fabcaro et des couleurs de Sandrine Greff, ou deux gags des Jumelles, d’un (ou une) nouveau-elle dessinateurice, Rizbo, dans lequel le papa porte le même chandail marin que Nob dans L’atelier Mastodonte ou Nicoby dans ses BD autobiographiques. D’où vient cette tendance vestimentaire chez ces dessinateurs? Enfin, deux pages d’une nouvelle histoire animalière de Tofy, un des spécialistes dans Spirou, d’humour cruel et aux belles couleurs aurorales puis crépusculaires de Maëla Cosson.
Surprise aussi dans les gags en une page ou en strips, avec les nombreux enfants de Titan inc., dont on découvre l’existence, qui font aussi leur rentrée. Rentrée aussi pour Kid Paddle, de Midam, Patelin et Angèle, en ouverture (deuxième page du magazine) mais pas pour Game Over, de Midam, Benz, Adam et Angèle, en fermeture (avant dernière page). Rentrée sous le signe des fournitures pour L’édito des Fabrice, rentrée scolaire pour Brad Rock, Crash Tex, Des gens et inversement, Fish n chips, Tash et Trash, le Bulletin d’abonnement, et même pour une publicité pour Cœur Collège (série à succès chez Dupuis mais non publiée dans Spirou) et bien sûr pour Dad et ses deux filles de Dad flashbacks, et Dad et ses quatre filles dans les Jeux de Mouk, où l’on retrouve les t-shirt de “groupes de vieux” (dixit Roxanne. J’ignorais que Boris fût si connu), rentrée au bureau pour Nelson, et rentrée des oiseaux migrateurs dans Les Fifiches du Proprofesseur, et le thème de ce numéro n’aurait pas pu ne pas inclure le supplément abonnés, des étiquettes de cahiers avec des héros de Spirou.
Suite des Tuniques bleues de Lambil et Neidhart, toujours drôle dans les relations entre les personnages, dont les nouveaux, le pathétique fils du général Lee, le soldat fayot et l’ambitieux, bien typés, et avec de nombreuses péripéties. Un point m’échappe: dans quel but le soldat esclave en fuite arrache-t-il une planche d’un pont à la main au lieu de rapidement s’enfuir? Pas encore convaincu par contre par le marsupilami de Trondheim, à l’humour un peu trop simple, et Nesme, au dessin manquant de souplesse et au marsupilami faisant trop artificiel: la tête est trop grosse pour ce corps semi réaliste, et l’animal est déséquilibré. Mais la mise en page met bien en valeur le traitement de la lumière et des couleurs. Ce n’est plus de la violence mais carrément un carnage dans les trois pages du Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan, Guerrive et Doucet: après Seccotine écrabouilée la semaine précédente, ce sont les corps des doubles virtuels de Fantasio et du comte, et incessamment du Marsupilami, qui baignent maintenant dans une marre de sang. Mais une bonne idée est utilisée pour donner ici un rôle important à Spip, qui sort de l’illusion virtuelle parce qu’il a faim.
Bienvenue dans mon atelier est consacré à celui d’Alexis Nesme, dont on aperçoit la palette de gouache dans trois photos sur quatre, dont sur une en gros plan: le rédacteur, Paul Satis, tenait vraiment à mettre en avant cette “façon très particulière de travailler, en couleur directe…montée en même temps que le dessin”, et Spirou et moi à Sandrine Martin, une autrice qui a découvert la BD avec Yoko Tsuno et à laquelle L’Association, avec ses auteurs parlant du réel et de l’intime, a donné envie d’en faire. Enfin, En direct du futur annonce que Pascal Jousselin est en train de travailler à une longue histoire (à suivre) d’Imbattable, à paraitre dans un futur incertain, et qu’en attendant sa finalisation, il travaille sur une nouvelle série avec Nicoby au dessin, sur des histoires courtes parlant de lui, et conseille La Maison-Bleue, une série dystopique du Québec dans laquelle celui-ci est devenu indépendant https://www.youtube.com/watch?v=lfwxhqIg_2w
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... la-rentree
Une belle couverture de Nob de teintes automnales avec une Panda se précipitant joyeuse dans la cour de l’école, détonnant parmi les autres enfants, son père et sa sœur, introduit ce numéro spécial rentrée qui, en dépit de son nombre de pages habituel, contient pas moins de cinq histoires courtes. Trois d'entre elles ne font que deux pages, certes, mais il faut saluer la performance de la rédaction d’avoir pu organiser et coordonner cela, performance d’autant plus appréciable que pas une des histoire, y compris dans les gags habituels, ne porte sur “la rentrée à l’école des sorciers et sorcières”. Les séries mettant en scène des enfants sont bien sûr au programme. Family Life, de Jacques Louis, dans laquelle certains gags sont attendus à cause de la forte caractérisation des personnages et surtout de leurs rapports, et d’autres, nouveaux, sont très drôles. Les cavaliers de l’apocadispe de Libon (pour lesquels dans le Spirou 4502 avait été annoncé qu’une histoire (à suivre) devait débuter dans le numéro 4505 et qu’on attend toujours), dont les personnages et leurs relations sont aussi très typés mais où l’imagination des gamins et leur don pour se mettre dans des situations rocambolesques, ainsi que le sens de l’expression de Libon (un “robot triste” qui panique les élèves) rend chaque nouvel épisode hilarant. D’autres sont plus inattendus, comme Une nouvelle année au lycée, qui reprend le blog autofictionnel que tenait Fabrice Erre, professeur d’histoire-géo dans le civil, sur cette fois un scénario de Fabcaro et des couleurs de Sandrine Greff, ou deux gags des Jumelles, d’un (ou une) nouveau-elle dessinateurice, Rizbo, dans lequel le papa porte le même chandail marin que Nob dans L’atelier Mastodonte ou Nicoby dans ses BD autobiographiques. D’où vient cette tendance vestimentaire chez ces dessinateurs? Enfin, deux pages d’une nouvelle histoire animalière de Tofy, un des spécialistes dans Spirou, d’humour cruel et aux belles couleurs aurorales puis crépusculaires de Maëla Cosson.
Surprise aussi dans les gags en une page ou en strips, avec les nombreux enfants de Titan inc., dont on découvre l’existence, qui font aussi leur rentrée. Rentrée aussi pour Kid Paddle, de Midam, Patelin et Angèle, en ouverture (deuxième page du magazine) mais pas pour Game Over, de Midam, Benz, Adam et Angèle, en fermeture (avant dernière page). Rentrée sous le signe des fournitures pour L’édito des Fabrice, rentrée scolaire pour Brad Rock, Crash Tex, Des gens et inversement, Fish n chips, Tash et Trash, le Bulletin d’abonnement, et même pour une publicité pour Cœur Collège (série à succès chez Dupuis mais non publiée dans Spirou) et bien sûr pour Dad et ses deux filles de Dad flashbacks, et Dad et ses quatre filles dans les Jeux de Mouk, où l’on retrouve les t-shirt de “groupes de vieux” (dixit Roxanne. J’ignorais que Boris fût si connu), rentrée au bureau pour Nelson, et rentrée des oiseaux migrateurs dans Les Fifiches du Proprofesseur, et le thème de ce numéro n’aurait pas pu ne pas inclure le supplément abonnés, des étiquettes de cahiers avec des héros de Spirou.
Suite des Tuniques bleues de Lambil et Neidhart, toujours drôle dans les relations entre les personnages, dont les nouveaux, le pathétique fils du général Lee, le soldat fayot et l’ambitieux, bien typés, et avec de nombreuses péripéties. Un point m’échappe: dans quel but le soldat esclave en fuite arrache-t-il une planche d’un pont à la main au lieu de rapidement s’enfuir? Pas encore convaincu par contre par le marsupilami de Trondheim, à l’humour un peu trop simple, et Nesme, au dessin manquant de souplesse et au marsupilami faisant trop artificiel: la tête est trop grosse pour ce corps semi réaliste, et l’animal est déséquilibré. Mais la mise en page met bien en valeur le traitement de la lumière et des couleurs. Ce n’est plus de la violence mais carrément un carnage dans les trois pages du Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan, Guerrive et Doucet: après Seccotine écrabouilée la semaine précédente, ce sont les corps des doubles virtuels de Fantasio et du comte, et incessamment du Marsupilami, qui baignent maintenant dans une marre de sang. Mais une bonne idée est utilisée pour donner ici un rôle important à Spip, qui sort de l’illusion virtuelle parce qu’il a faim.
Bienvenue dans mon atelier est consacré à celui d’Alexis Nesme, dont on aperçoit la palette de gouache dans trois photos sur quatre, dont sur une en gros plan: le rédacteur, Paul Satis, tenait vraiment à mettre en avant cette “façon très particulière de travailler, en couleur directe…montée en même temps que le dessin”, et Spirou et moi à Sandrine Martin, une autrice qui a découvert la BD avec Yoko Tsuno et à laquelle L’Association, avec ses auteurs parlant du réel et de l’intime, a donné envie d’en faire. Enfin, En direct du futur annonce que Pascal Jousselin est en train de travailler à une longue histoire (à suivre) d’Imbattable, à paraitre dans un futur incertain, et qu’en attendant sa finalisation, il travaille sur une nouvelle série avec Nicoby au dessin, sur des histoires courtes parlant de lui, et conseille La Maison-Bleue, une série dystopique du Québec dans laquelle celui-ci est devenu indépendant https://www.youtube.com/watch?v=lfwxhqIg_2w
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Concernant la version du marsu dans "El Diablo", de Trondheim & Nesme, si ce qu'ils proposent est de nous dire qu'il y avait déjà des marsupilami au moment de la conquête et de la colonisation de la Palombie, l'analyse suivante se pose : ... faut-il n'ont-ils pas pris en compte qu'aucun spécimen de cette espèce n'apparaît dans l'aventure "L'horloger de la comète" de Spirou & Fantasio, qui se déroule en Palombie dans ces années-là ...?!
Naturellement, je comprends que Franquin n'ait pas permis l'exploitation du personnage dans les périodes d'aventures que d'autres artistes poursuivaient, d'où l'absence jusqu'à sa réapparition avec Yoann & Vehlmann ... Mais cela génère cependant une légère incohérence avec la version de Trondheim/Nesme
...
Evidemment, et du fait de ces relances du Marsupilami dans Le Journal (comme "La Bête", de Zidrou/Frank Pé, pour donner un exemple), si l'on prend en compte que Zorglub - dans "Z comme..." - avait en pensant envoyer Marsu dans l'espace, il n'est pas surprenant que quelqu'un reprenne cette ligne et nous aurons bientôt des aventures spatiales de notre adorable créature palombienne, peut-être en la mettant à jour avec Elon Musk et son Spacex
!!
Naturellement, je comprends que Franquin n'ait pas permis l'exploitation du personnage dans les périodes d'aventures que d'autres artistes poursuivaient, d'où l'absence jusqu'à sa réapparition avec Yoann & Vehlmann ... Mais cela génère cependant une légère incohérence avec la version de Trondheim/Nesme


Evidemment, et du fait de ces relances du Marsupilami dans Le Journal (comme "La Bête", de Zidrou/Frank Pé, pour donner un exemple), si l'on prend en compte que Zorglub - dans "Z comme..." - avait en pensant envoyer Marsu dans l'espace, il n'est pas surprenant que quelqu'un reprenne cette ligne et nous aurons bientôt des aventures spatiales de notre adorable créature palombienne, peut-être en la mettant à jour avec Elon Musk et son Spacex

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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4509 du 11/09/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ans-elliot
Une couverture assombrie pour une ambiance de maison hantée, au titre doublement paradoxal : Elliot au collège (sans Elliot), pour les vacances d’ Églantine (narrées une semaine après le numéro spécial rentrée). Mallo, (le ou la) coloriste de cette histoire , utilise les bruns et oranges habituels d’Elliot au collège, mais sans les bleus les accompagnant usuellement. L’an dernier la couverture de l’histoire courte présentant les vacances d’Elliot était au contraire entièrement dans les tons bleus, dans une ambiance fantômatique aussi mais en pleine nature : jolie façon d’illuster les oppositions de caractère d’Elliot et d’ Églantine, que commente l’auteur Théo Grosjean dans l’intéressant entretien de présentation, où il discute également de son utilisation d’éléments de sa propre vie et de ses choix graphiques pour les angoisses incarnées de ses personnages : celle d’ Églantine dort comme un gros chat au pied de son lit. On apprend beaucoup dans cette histoire courte assez conséquente (six pages) sur la famille d’ Églantine, qui donne l’envie d’en savoir encore plus sur les nouveaux personnages (l’énigmatique grand-mère et la tante disparue). Le Tuto dessiné de Théo Grosjean pour dessiner Elliot est pour une fois découpé assez en détails pour être suivi, L’édito des Fabrice sur Elliot fait dans le running-gag du complotisme absurde (pléonasme – je conseille d’ailleurs le très drôle et bien vu Les complotistes, de Fabrice Erre et Jorge Bernstein, chez Dupuis, 2020), ce qui donne un bel ensemble sur cette série. Elliot apparaît même avec les autres personnages enfants du journal (et Spirou et Seccotine) dans les Jeux Skate-park de Vog. L’autre histoire courte (quatre pages) du numéro s’intitule « La tourte aux champignons », un nouvel épisode de Paupiette, la petite sorcière maladroite de Tofy (couleurs de Lisa Guisquier) , accompagnée de son lapin parlant familier.
Fin de La mémoire du futur, la suite de La mort de Spirou. Nous avions quitté la semaine précédente une Cyanure Goldorak déchainée détruisant tout sous sa colère, à la suite de Spip qui avait perçu l’illusion et nous avait entrainé rejoindre le vrai Spirou sous la mer, prisonnier d’une bulle. La fin de la Cyanure géante aurait pu être un morceaux de bravoure graphique, mais elle ne nous est pas montrée. Les limules géantes ressurgissent une fois de plus, sans que leur rôle ni même leur existence ne soit éclaircie. Enfin, Spirou dit n’avoir pas fait grand’chose dans cette histoire, ce qui est juste mais ne me dérange pas car du moins il n’est pas mort (je n’y ai jamais cru, mais autant jouer le jeu du tome un), il a été beaucoup présent (ce qui n’a pas été le cas du récent Spirou classique, et cela a libéré une place pour un beau rôle pour Seccotine. Si l’épisode se clos sur l’élucidation du mystère de Korallion, Cyanure est laissée prête à ressurgir, à la manière dont l’avaient laissé voir Tome et Janry, sans jamais avoir toutefois exploité cette possibilité, de même que Zorglub, qui promettait un rôle important lui aussi sous exploré. La bonne surprise de cette reprise aura surtout été pour moi, outre la redistribution des rôles, avantageuse pour Seccotine mais dommageable pour le comte de Champignac, dont le rôle, comme pour Zorglub, n’aura pas été au niveau de ce que le début de l’histoire semblait promettre, et est parfois évaporé, les transitions entre scènes, comme dans ce dernier chapitre qui débute dans les bulles sous la mer, se poursuit avec l’irruption des bulles hors de l’eau vues de la plage, et se termine par un retour vers Bruxelles de nuit sous la pluie, tout cela parfaitement agencé et mis en scène par Olivier Schwartz et magnifié par les couleurs la fois tranchées et nuancées dans leurs variations d’Alex Doucet.
Suite de El diablo, le marsupilami de Trondheim et Nesme, aux couleurs lumineuses, mais dont les personnages sont aussi raides et vivants que des figures de cire. Suite aussi de De l’or pour les bleus, de Lambil et Neidhart, dans un chapitre toujours riche en rebondissements et humour, mais où Blutch et Chesterfield sont, page 23, un peu trop soudainement démasqués du point de vue crédibilité de l'histoire.
Nombre de gags : Kid Paddle, de Midam, Patelin, Dairin et Angèle, dans le running gag du bal masqué, Gary C. Neel, mon papy à l’ouest, où Ced et Gorobei développent un gag sur la relation entre une petite fille et son grand-père, mais dans un esprit western, on est loin de Cédric et son grand-père. Je deviens de plus en plus sensible à l’univers particulier de Willy Woob de Moog et Bernstein, ses titres dessinés, ses jeux de mots absurdes, les situations légèrement décalées. Une nouvelle Méthode Raowl de Tebo, minimalisme de la mise en scène et maximalisme de détails amusants. Annabelle, pirate rebelle, de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, s’éloigne de la fougueuse Marine de Cortegianni et Tranchand à qui elle faisait inévitablement penser au début, puisque dans ce gag elle n’a plus qu’un rôle de figurante dans les deux dernières cases. Le gag anachronique de barbares assimilés à des touristes, déjà vu mais ici bien revu, de la Fifiche du Proprofesseur de Lécroart m’a bien fait rire, et Nob continue Dad flashbacks dans la relation entre Panda et Ondine jeunes enfants. Enfin Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau, avec l'équipe hollywoodienne dont le tournage du biopic-fiction sur et à propos du naufrage annoncé du navire redébute sans cesse.
Paul Martin est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, où il dit avoir voulu faire avec Titan Inc., qu’il pensait au départ dessiner lui-même, une métaphore du monde de l’entreprise. C’est intéressant de le voir ainsi, comme une entreprise fonçant dans le mur par son étroitesse d’esprit, son obsession de la performance, avec tous les employés, les consultants, les publicistes, et ce qui gravite autour. Pour ma part j’aime aussi voir cette série comme une préquelle des Naufragés de Bretécher et Cauvin, le même univers clos, le même noyau de personnages confrontés à des variations de situations sur le même thème (éviter (au sens propre et figuré) le naufrage pour les uns, et trouver une île accueillante après le naufrage pour les autres), avec toutes les contraintes que cela implique. Enfin En direct du futur annonce le retour de Natacha pour le dernier volet de la trilogie adaptée de L’Épervier bleu de Sirius.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ans-elliot
Une couverture assombrie pour une ambiance de maison hantée, au titre doublement paradoxal : Elliot au collège (sans Elliot), pour les vacances d’ Églantine (narrées une semaine après le numéro spécial rentrée). Mallo, (le ou la) coloriste de cette histoire , utilise les bruns et oranges habituels d’Elliot au collège, mais sans les bleus les accompagnant usuellement. L’an dernier la couverture de l’histoire courte présentant les vacances d’Elliot était au contraire entièrement dans les tons bleus, dans une ambiance fantômatique aussi mais en pleine nature : jolie façon d’illuster les oppositions de caractère d’Elliot et d’ Églantine, que commente l’auteur Théo Grosjean dans l’intéressant entretien de présentation, où il discute également de son utilisation d’éléments de sa propre vie et de ses choix graphiques pour les angoisses incarnées de ses personnages : celle d’ Églantine dort comme un gros chat au pied de son lit. On apprend beaucoup dans cette histoire courte assez conséquente (six pages) sur la famille d’ Églantine, qui donne l’envie d’en savoir encore plus sur les nouveaux personnages (l’énigmatique grand-mère et la tante disparue). Le Tuto dessiné de Théo Grosjean pour dessiner Elliot est pour une fois découpé assez en détails pour être suivi, L’édito des Fabrice sur Elliot fait dans le running-gag du complotisme absurde (pléonasme – je conseille d’ailleurs le très drôle et bien vu Les complotistes, de Fabrice Erre et Jorge Bernstein, chez Dupuis, 2020), ce qui donne un bel ensemble sur cette série. Elliot apparaît même avec les autres personnages enfants du journal (et Spirou et Seccotine) dans les Jeux Skate-park de Vog. L’autre histoire courte (quatre pages) du numéro s’intitule « La tourte aux champignons », un nouvel épisode de Paupiette, la petite sorcière maladroite de Tofy (couleurs de Lisa Guisquier) , accompagnée de son lapin parlant familier.
Fin de La mémoire du futur, la suite de La mort de Spirou. Nous avions quitté la semaine précédente une Cyanure Goldorak déchainée détruisant tout sous sa colère, à la suite de Spip qui avait perçu l’illusion et nous avait entrainé rejoindre le vrai Spirou sous la mer, prisonnier d’une bulle. La fin de la Cyanure géante aurait pu être un morceaux de bravoure graphique, mais elle ne nous est pas montrée. Les limules géantes ressurgissent une fois de plus, sans que leur rôle ni même leur existence ne soit éclaircie. Enfin, Spirou dit n’avoir pas fait grand’chose dans cette histoire, ce qui est juste mais ne me dérange pas car du moins il n’est pas mort (je n’y ai jamais cru, mais autant jouer le jeu du tome un), il a été beaucoup présent (ce qui n’a pas été le cas du récent Spirou classique, et cela a libéré une place pour un beau rôle pour Seccotine. Si l’épisode se clos sur l’élucidation du mystère de Korallion, Cyanure est laissée prête à ressurgir, à la manière dont l’avaient laissé voir Tome et Janry, sans jamais avoir toutefois exploité cette possibilité, de même que Zorglub, qui promettait un rôle important lui aussi sous exploré. La bonne surprise de cette reprise aura surtout été pour moi, outre la redistribution des rôles, avantageuse pour Seccotine mais dommageable pour le comte de Champignac, dont le rôle, comme pour Zorglub, n’aura pas été au niveau de ce que le début de l’histoire semblait promettre, et est parfois évaporé, les transitions entre scènes, comme dans ce dernier chapitre qui débute dans les bulles sous la mer, se poursuit avec l’irruption des bulles hors de l’eau vues de la plage, et se termine par un retour vers Bruxelles de nuit sous la pluie, tout cela parfaitement agencé et mis en scène par Olivier Schwartz et magnifié par les couleurs la fois tranchées et nuancées dans leurs variations d’Alex Doucet.
Suite de El diablo, le marsupilami de Trondheim et Nesme, aux couleurs lumineuses, mais dont les personnages sont aussi raides et vivants que des figures de cire. Suite aussi de De l’or pour les bleus, de Lambil et Neidhart, dans un chapitre toujours riche en rebondissements et humour, mais où Blutch et Chesterfield sont, page 23, un peu trop soudainement démasqués du point de vue crédibilité de l'histoire.
Nombre de gags : Kid Paddle, de Midam, Patelin, Dairin et Angèle, dans le running gag du bal masqué, Gary C. Neel, mon papy à l’ouest, où Ced et Gorobei développent un gag sur la relation entre une petite fille et son grand-père, mais dans un esprit western, on est loin de Cédric et son grand-père. Je deviens de plus en plus sensible à l’univers particulier de Willy Woob de Moog et Bernstein, ses titres dessinés, ses jeux de mots absurdes, les situations légèrement décalées. Une nouvelle Méthode Raowl de Tebo, minimalisme de la mise en scène et maximalisme de détails amusants. Annabelle, pirate rebelle, de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, s’éloigne de la fougueuse Marine de Cortegianni et Tranchand à qui elle faisait inévitablement penser au début, puisque dans ce gag elle n’a plus qu’un rôle de figurante dans les deux dernières cases. Le gag anachronique de barbares assimilés à des touristes, déjà vu mais ici bien revu, de la Fifiche du Proprofesseur de Lécroart m’a bien fait rire, et Nob continue Dad flashbacks dans la relation entre Panda et Ondine jeunes enfants. Enfin Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau, avec l'équipe hollywoodienne dont le tournage du biopic-fiction sur et à propos du naufrage annoncé du navire redébute sans cesse.
Paul Martin est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, où il dit avoir voulu faire avec Titan Inc., qu’il pensait au départ dessiner lui-même, une métaphore du monde de l’entreprise. C’est intéressant de le voir ainsi, comme une entreprise fonçant dans le mur par son étroitesse d’esprit, son obsession de la performance, avec tous les employés, les consultants, les publicistes, et ce qui gravite autour. Pour ma part j’aime aussi voir cette série comme une préquelle des Naufragés de Bretécher et Cauvin, le même univers clos, le même noyau de personnages confrontés à des variations de situations sur le même thème (éviter (au sens propre et figuré) le naufrage pour les uns, et trouver une île accueillante après le naufrage pour les autres), avec toutes les contraintes que cela implique. Enfin En direct du futur annonce le retour de Natacha pour le dernier volet de la trilogie adaptée de L’Épervier bleu de Sirius.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Je ne sais plus si je l'ai déjà évoqué, mais le passage concerné pourra faire l'objet d'un mini-article sur les lieux réels, puisque l'échangeur proche de Reims où l'on peut prendre une direction Charleroi existe vraiment. Je pense que Schwartz l'a dessiné de tête car il n'est pas exact, sans être fait n'importe comment. La case où ils sont sur une autoroute urbaine se passe peut-être à proximité de Reims mais n'existe pas dans la vraie vie. J'ai eu l'impression que c'était Charleroi mais ça ne colle pas, vu la durée du dialogue entre les personnages.heijingling a écrit : ↑dim. 20 oct. 2024 19:06
et se termine par un retour vers Bruxelles de nuit sous la pluie, tout cela parfaitement agencé et mis en scène par Olivier Schwartz et magnifié par les couleurs la fois tranchées et nuancées dans leurs variations d’Alex Doucet.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4510 du 18/10/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... -la-nature
Les Cavaliers de l’apocadispe dans une grande histoire (5 semaines de parution), « sauvons la nature »(sic pour l'absence de majuscules), Libon seul aux commandes (scénario, dessin, couleur) pour la première fois (sauf erreur) dans une longue histoire (à suivre) fera-t-il oublier le ratage (les longueeeeeeurs, les répétitions) de son Spirou chez les fous sur scénario de Jul ? Ces 6 premières pages démarrant sur les chapeaux de roue (au sens figuré, les Cavaliers ayant trouvé une carcasse de voiture à laquelle il manque justement les roues. Et le moteur. Et les portes. ) le portent à croire, lesdits cavaliers n’ayant pas du tout la même notion du recyclage et de la protection de la nature que la professeure qui leur donne un devoir de groupe à faire sur ce thème en les associant, à son désespoir, au premier de la classe… Le sens de l’ellipse de Libon (montrer le résultat d’une gaffe uniquement par la réaction de ceux qui l’ont causée, planche 3), ses idées de mise en scène (case plan large sans personnages avec une bulle sans trait de direction, pour marquer l’entrée des personnages en scène, première case de la planche 3) et de rythme avec la gestion des silences (Olive raconte affolé sur une bande de 5 dessins sans case, le dernier muet, planche 5) font merveille. Par contre, Lambil, dans De l’or pour les bleus, s’il maitrise toujours les bases de son dessin, y compris de bons plans généraux (planche 29), devient maladroit lorsqu’il lui faut représenter des scènes nouvelles pour lui, surtout avec du mouvement (la fusillade planche 31, la tenture planche 32), mais l’histoire de Fred Neidhart apporte toujours son content d’humour et de rebondissements. Quant à El Diablo, le dessin figé d’Alexis Nesme peut considérer être transcendé par sa mise en planches, dont les encadrements (planches 27 et 31) et la dissolution des limites des cases dans un fond de couleur (planche 32), ainsi que par les couleurs outrées dans leur contrastes de tons (verts, ors, rouges) et de luminosité, irréalismes revendiqués qui poussent cette histoire vers un théatre de marionnettes, vision accentuée par le jeu des dialogues de Trondheim.
L’entretien avec l’auteur de la semaine est remplacé par L’interro de l’apocadispe, à laquelle les réponses d’Olive, si elles sont peu orthodoxes du point de vue SVT, montrent une imagination impressionnante et fort à propos, aussi drôles que sont désespérés les commentaires de la prof. Joan et Annie Pastor ont eux fait de très bons Jeux tout à fait dans l’esprit, L’apocadistique park, et Sti fait une très amusante version de La malédiction de la page 13 en la présentant comme le dernier des 4 cavaliers de l’apocalypse. Seuls les Fabrice dans leur Édito se plaignent du plagiat que leur fait Libon avec son long récit « juste avant qu’eux ne lancent leur long récit »... (teasing inside).
Dans les gags, Kid Paddle de Midam, Dairin et Angèle dans une amusante variation du thème du père héros caché, qui se termine mal pour celui-ci, “pour une fois que c’était pas un rêve”, commente Kid. 3 infos 2 vraies 1 fausse de Bercovici et Bernstein (couleurs de Dominique Thomas) maintient bien la balance entre l’anecdotique et l’informatif. Le dessin géométriquement simplifié de Maria-Paz sert bien les strips de la semaine de Otaku (scénario de Nena) sur les jeux vidéos vintage. Mais où donc se passe cette série dans laquelle les ronds-points sont agrémentés de Totoro? C’est cette fois Renaud Collin, en jardinier, qui donne d’utiles conseils sur le décor et la couleur dans La leçon de BD. Très amusant et original Crash Tex, de Dab’s et Gom, sur une “recette maison de guacamole aux herbes du jardin”. Délaissant la métaphore du monde de l’entreprise mentionnée dans le numéro précédent, Paul Martin et Manu Boisteau écrasent enfin leur Titan Inc. sur l’iceberg, après des mois de temps figé, qui pousse à l’extrême le (plus ou moins) non-dit sur « les personnages de BD – et culture populaire en générale- qui ne vieillissent pas » mais celui-ci sera sauvé par la magie de la fiction, en de très bonnes et amusantes remarques sur cette magie. Nob dans Dad flashbacks présente enfin les circonstances de la rencontre de Dad avec l’une de ses ex compagnes, la maman de Roxane . Bref, nombre de très bons gags cette semaine. Même Léon et Léna de Damien Cerq et Clémence (couleurs de Ludwig Alizon) sont pour une fois désemparés, les adultes se montrant aussi extrêmes qu’eux dans leurs moyens de défense.
Damien Cerq signe par ailleurs le scénario d’un nouvel épisode de La clairière s’amuse, dessiné par Thomas Priou, délicieux d’humour idiot et cruel sur une taupe espionne dans une campagne électorale, insoupçonnée car les protagonistes ignorent la polysémie. Deux autres histoires complètes complètent les BD de ce numéro : Contrairement au minimalisme de la mise en scène et l’absence de décors de la précédente, Tebo réalise une Méthode Raowl où les personnages se déplacent dans un fond s’étalant sur les deux pages qui constituent un labyrinthe forestier rempli de pièges, sur le principe déjà vu chez lui ou dans Les trois chemin, de Trondheim et Sergio Garcia. Je note juste que la bifurcation entre l’avant dernier et le dernier niveau n’est pas très claire. Et Capitaine Anchois, de Floris, amusant mais au scénario assez linéaire pour une fois.
Enfin dans le rédactionnel, Les BD de ma vie sont celles d’Alfred (qui dessine sur scénario de Zabus la prochaine histoire des Petits métiers méconnus, annoncée dans En direct du futur, qui sera la dernière de l’album à paraitre), qui parle bien de bons livres, aussi bien des classiques, Gaston, sa “BD doudou” ou Philémon de Fred, que de “la synthèse folle d’un dessin complètement maitrisé et du lacher-prise” de Pascal Rabaté dans Ibicus (belle adaptation d’Alexis Tolstoï) ou de L’expert, de Jennifer Daniel, que je trouve également brillant (pour reprendre ses termes, brillante synthèse du lumineux et du sombre, par le dessin, le ton et le fond, dirais-je).
Et le supplément abonnés est un livret La vie galactik, mode d’emploi, d’une nouvelle série de nouveaux auteurs, Véronique Gallez et Pierre Lecrenier, à paraitre dans le journal. Présentation de l’univers d’une série avant son développement, comme l’avait fait le premier épisode des Shadocks, auxquels cette SF parodie absurde de notre monde fait penser.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... -la-nature
Les Cavaliers de l’apocadispe dans une grande histoire (5 semaines de parution), « sauvons la nature »(sic pour l'absence de majuscules), Libon seul aux commandes (scénario, dessin, couleur) pour la première fois (sauf erreur) dans une longue histoire (à suivre) fera-t-il oublier le ratage (les longueeeeeeurs, les répétitions) de son Spirou chez les fous sur scénario de Jul ? Ces 6 premières pages démarrant sur les chapeaux de roue (au sens figuré, les Cavaliers ayant trouvé une carcasse de voiture à laquelle il manque justement les roues. Et le moteur. Et les portes. ) le portent à croire, lesdits cavaliers n’ayant pas du tout la même notion du recyclage et de la protection de la nature que la professeure qui leur donne un devoir de groupe à faire sur ce thème en les associant, à son désespoir, au premier de la classe… Le sens de l’ellipse de Libon (montrer le résultat d’une gaffe uniquement par la réaction de ceux qui l’ont causée, planche 3), ses idées de mise en scène (case plan large sans personnages avec une bulle sans trait de direction, pour marquer l’entrée des personnages en scène, première case de la planche 3) et de rythme avec la gestion des silences (Olive raconte affolé sur une bande de 5 dessins sans case, le dernier muet, planche 5) font merveille. Par contre, Lambil, dans De l’or pour les bleus, s’il maitrise toujours les bases de son dessin, y compris de bons plans généraux (planche 29), devient maladroit lorsqu’il lui faut représenter des scènes nouvelles pour lui, surtout avec du mouvement (la fusillade planche 31, la tenture planche 32), mais l’histoire de Fred Neidhart apporte toujours son content d’humour et de rebondissements. Quant à El Diablo, le dessin figé d’Alexis Nesme peut considérer être transcendé par sa mise en planches, dont les encadrements (planches 27 et 31) et la dissolution des limites des cases dans un fond de couleur (planche 32), ainsi que par les couleurs outrées dans leur contrastes de tons (verts, ors, rouges) et de luminosité, irréalismes revendiqués qui poussent cette histoire vers un théatre de marionnettes, vision accentuée par le jeu des dialogues de Trondheim.
L’entretien avec l’auteur de la semaine est remplacé par L’interro de l’apocadispe, à laquelle les réponses d’Olive, si elles sont peu orthodoxes du point de vue SVT, montrent une imagination impressionnante et fort à propos, aussi drôles que sont désespérés les commentaires de la prof. Joan et Annie Pastor ont eux fait de très bons Jeux tout à fait dans l’esprit, L’apocadistique park, et Sti fait une très amusante version de La malédiction de la page 13 en la présentant comme le dernier des 4 cavaliers de l’apocalypse. Seuls les Fabrice dans leur Édito se plaignent du plagiat que leur fait Libon avec son long récit « juste avant qu’eux ne lancent leur long récit »... (teasing inside).
Dans les gags, Kid Paddle de Midam, Dairin et Angèle dans une amusante variation du thème du père héros caché, qui se termine mal pour celui-ci, “pour une fois que c’était pas un rêve”, commente Kid. 3 infos 2 vraies 1 fausse de Bercovici et Bernstein (couleurs de Dominique Thomas) maintient bien la balance entre l’anecdotique et l’informatif. Le dessin géométriquement simplifié de Maria-Paz sert bien les strips de la semaine de Otaku (scénario de Nena) sur les jeux vidéos vintage. Mais où donc se passe cette série dans laquelle les ronds-points sont agrémentés de Totoro? C’est cette fois Renaud Collin, en jardinier, qui donne d’utiles conseils sur le décor et la couleur dans La leçon de BD. Très amusant et original Crash Tex, de Dab’s et Gom, sur une “recette maison de guacamole aux herbes du jardin”. Délaissant la métaphore du monde de l’entreprise mentionnée dans le numéro précédent, Paul Martin et Manu Boisteau écrasent enfin leur Titan Inc. sur l’iceberg, après des mois de temps figé, qui pousse à l’extrême le (plus ou moins) non-dit sur « les personnages de BD – et culture populaire en générale- qui ne vieillissent pas » mais celui-ci sera sauvé par la magie de la fiction, en de très bonnes et amusantes remarques sur cette magie. Nob dans Dad flashbacks présente enfin les circonstances de la rencontre de Dad avec l’une de ses ex compagnes, la maman de Roxane . Bref, nombre de très bons gags cette semaine. Même Léon et Léna de Damien Cerq et Clémence (couleurs de Ludwig Alizon) sont pour une fois désemparés, les adultes se montrant aussi extrêmes qu’eux dans leurs moyens de défense.
Damien Cerq signe par ailleurs le scénario d’un nouvel épisode de La clairière s’amuse, dessiné par Thomas Priou, délicieux d’humour idiot et cruel sur une taupe espionne dans une campagne électorale, insoupçonnée car les protagonistes ignorent la polysémie. Deux autres histoires complètes complètent les BD de ce numéro : Contrairement au minimalisme de la mise en scène et l’absence de décors de la précédente, Tebo réalise une Méthode Raowl où les personnages se déplacent dans un fond s’étalant sur les deux pages qui constituent un labyrinthe forestier rempli de pièges, sur le principe déjà vu chez lui ou dans Les trois chemin, de Trondheim et Sergio Garcia. Je note juste que la bifurcation entre l’avant dernier et le dernier niveau n’est pas très claire. Et Capitaine Anchois, de Floris, amusant mais au scénario assez linéaire pour une fois.
Enfin dans le rédactionnel, Les BD de ma vie sont celles d’Alfred (qui dessine sur scénario de Zabus la prochaine histoire des Petits métiers méconnus, annoncée dans En direct du futur, qui sera la dernière de l’album à paraitre), qui parle bien de bons livres, aussi bien des classiques, Gaston, sa “BD doudou” ou Philémon de Fred, que de “la synthèse folle d’un dessin complètement maitrisé et du lacher-prise” de Pascal Rabaté dans Ibicus (belle adaptation d’Alexis Tolstoï) ou de L’expert, de Jennifer Daniel, que je trouve également brillant (pour reprendre ses termes, brillante synthèse du lumineux et du sombre, par le dessin, le ton et le fond, dirais-je).
Et le supplément abonnés est un livret La vie galactik, mode d’emploi, d’une nouvelle série de nouveaux auteurs, Véronique Gallez et Pierre Lecrenier, à paraitre dans le journal. Présentation de l’univers d’une série avant son développement, comme l’avait fait le premier épisode des Shadocks, auxquels cette SF parodie absurde de notre monde fait penser.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4511 du 25/09/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... perpetuite
Belle couverture de Dodier pour le retour de JKJ Bloche, dans laquelle celui-ci éclaire avec son portable une statue ancienne dans des combles (dans d'autres séries, ce serait anodin, mais ici, cela montre vraisemblablement la volonté de l'auteur de faire se rencontrer l'ancien et le nouveau) . Et l’histoire commence bien, dès la première page dans la tradition des bons polars où le mystère policier sert à révéler les problèmes de la société, surtout humains et sociaux dans JKJ Bloche : une jeune femme d’origine immigrée vient avec sa petite fille faire le ménage chez une grande bourgeoise revèche. Le talent de Dodier consiste ici à utiliser ce genre de clichés à bon escient. Les clichés ont toujours une base réelle, l’important est la façon dont un auteur les utilise.
Les Fabrice font un Édito de circonstance, pas hors sujet pour une fois, et les Jeux de Pauline Casters et Emerich sont une jolie et amusante BD mettant en scène dans une mise en pages ingénieuse une enquête de ce Cher Lockholmes et du Doc’Teurwatson.
Cliché aussi pour Trondheim et Alexis Nesme dans El Diablo, avec les conquistadores à la recherche d’or découvrant un temple indien perdu dans la jungle. La technique de Nesme en couleurs directes rend bien la texture du temple, mais son dessin fait que celui-ci n’a rien d’effrayant. Chapitre politique et psychologique dans l’avant dernier épisode des Tuniques bleues de Lambil et Neidhardt, avec cette touche d’humour noir qui ancre si bien cette série dans le réel et évite le préchi-précha tout en gardant un vrai regard moral. Deuxième chapitre de l’histoire (à suivre) des Cavaliers de l’apocadispe, toujours aussi bon grâce à l’intelligence sensible de Libon pour mettre en scène des enfants psychologiquement crédibles dans des situations abracadabrantes : cette semaine , ils utilisent un téléphone en yaourts pour une mission d’espionnage, et la manière dont celui-ci est amené dans l’histoire montre tout le talent narratif de Libon.
La surprise du numéro est une nouvelle histoire de Spirou et Fantasio, courte certes, mais c’est tout de même plaisant de retrouver relativemment fréquemment Spirou dans son journal. Manque plus que des animations avec lui pour retrouver un goût d’âge d’or du magazine. L’histoire, courte, est assez anodine, mais pour cela plus réussie que l’histoire longue des auteurs Elric, Lemoine et Baril qui n’avaient pas été à la hauteur de leurs ambitions de faire un récit d’aventures comique et géopolitique. Ici, dans cette historiette en huis-clos par lequel le dessinateur n’est pas dépassé par l’ampleur des décors et personnages, intitulée de manière fort à-propos La brosse à dents, on apprend comment Spirou et Fantasio ont emménagé ensemble dans la fameuse villa (grâce à une agence immobilière du nom de André et Willy, du prénom du concepteur de cette maison). Sympathique historiette aux sous-entendus de rigueur mais véniels et amusants sur deux célibataires adultes emménageant ensemble.
Quatre histoires (à suivre), une histoire courte, et quelques pages de gags est à mon goût d’un assez bon équilibre pour ce magazine. Un amusant 3 infos 2 vraies 1 fausse de Bercovici, Bernstein et Robin Le Gall, avec un complotiste et un vieux Japonais inventif; Brad Rock the gold digger, de Jilème et Sophie David, voit l’arrivée d’une orpailleuse balinaise qui va semer la perturbation dans le petit monde bien masculin des chercheurs d’or de Nouvelle Zélande; un gag de Pernille (du moins, celle-ci apparaît dans l’arrière plan d’une case) de Dav, Cyril Trichet et Esteban, qui aurait pu être plus amusant avec une narration et une mise en scène plus inventive; Léon et Léna de Damien Cerq, Clémence et Ludwig Alizon, toujours en difficultés et près à tous les compromis (les personnages, pas les auteurices…), Dad flashbacks qui somatise face à la grossesse de la future maman de Roxane, et enfin de bons Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, Des gens et inversement de Berth, tous deux animaliers, et Fish n Chips de Tom.
Ce dernier est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, où il parle des aspects de son strip concernants l’histoire de l’art mais étonnament pas de la pollution, pourtant largement présents. Dans le reste du rédactionnel, Émilie Plateau nous parle de Spirou et moi, une autrice nourrie enfant aux magazines BD, qui fait maintenant , chez de grands éditeurs comme de plus petits, des livres féministes, sur des « figures de femmes » précise l’intervieweur, mais également, et cela l’intervieweur (qui a longtemps été Hugues Dayez, puis Morgan Di Salvia, mais ceux-ci ne travaillent plus au journal, et le nouvel intervieweur n’est pas indiqué) ne le dit pas, politique, comme son livre sur Claudette Colvin, une Afro-Américaine qui a lutté contre la ségrégation mais « était une adolescente issue d’un milieu défavorisé et a disparu des livres d’histoire ». En direct du futur annonce le retour de Lucky Luke, 10 ans après sa dernière histoire (à suivre) dans le journal, 8 ans après avoir fait sa précedente couverture pour le numéro spécial pour ses 70 ans, toujours sur dessin de Achdé, et dorénavant sur scénario de Jul. Cette histoire se déroulera en ville, à Milwaukee.
Deux pages de publicité enfin, pour le dernier tome d’une série jeunesse sortant chez Dupuis mais pas dans Spirou (Sofia, de Davide Tosello), et pour une nouvelle saison des Tortues ninjas, et le supplément abonné est un Popstatic de Spirou et Fantasio à Korallion et dans un train fantôme, conçu et dessiné par Thomas Mathieu (auteur de nombreux popstatics depuis 2020).
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... perpetuite
Belle couverture de Dodier pour le retour de JKJ Bloche, dans laquelle celui-ci éclaire avec son portable une statue ancienne dans des combles (dans d'autres séries, ce serait anodin, mais ici, cela montre vraisemblablement la volonté de l'auteur de faire se rencontrer l'ancien et le nouveau) . Et l’histoire commence bien, dès la première page dans la tradition des bons polars où le mystère policier sert à révéler les problèmes de la société, surtout humains et sociaux dans JKJ Bloche : une jeune femme d’origine immigrée vient avec sa petite fille faire le ménage chez une grande bourgeoise revèche. Le talent de Dodier consiste ici à utiliser ce genre de clichés à bon escient. Les clichés ont toujours une base réelle, l’important est la façon dont un auteur les utilise.
Les Fabrice font un Édito de circonstance, pas hors sujet pour une fois, et les Jeux de Pauline Casters et Emerich sont une jolie et amusante BD mettant en scène dans une mise en pages ingénieuse une enquête de ce Cher Lockholmes et du Doc’Teurwatson.
Cliché aussi pour Trondheim et Alexis Nesme dans El Diablo, avec les conquistadores à la recherche d’or découvrant un temple indien perdu dans la jungle. La technique de Nesme en couleurs directes rend bien la texture du temple, mais son dessin fait que celui-ci n’a rien d’effrayant. Chapitre politique et psychologique dans l’avant dernier épisode des Tuniques bleues de Lambil et Neidhardt, avec cette touche d’humour noir qui ancre si bien cette série dans le réel et évite le préchi-précha tout en gardant un vrai regard moral. Deuxième chapitre de l’histoire (à suivre) des Cavaliers de l’apocadispe, toujours aussi bon grâce à l’intelligence sensible de Libon pour mettre en scène des enfants psychologiquement crédibles dans des situations abracadabrantes : cette semaine , ils utilisent un téléphone en yaourts pour une mission d’espionnage, et la manière dont celui-ci est amené dans l’histoire montre tout le talent narratif de Libon.
La surprise du numéro est une nouvelle histoire de Spirou et Fantasio, courte certes, mais c’est tout de même plaisant de retrouver relativemment fréquemment Spirou dans son journal. Manque plus que des animations avec lui pour retrouver un goût d’âge d’or du magazine. L’histoire, courte, est assez anodine, mais pour cela plus réussie que l’histoire longue des auteurs Elric, Lemoine et Baril qui n’avaient pas été à la hauteur de leurs ambitions de faire un récit d’aventures comique et géopolitique. Ici, dans cette historiette en huis-clos par lequel le dessinateur n’est pas dépassé par l’ampleur des décors et personnages, intitulée de manière fort à-propos La brosse à dents, on apprend comment Spirou et Fantasio ont emménagé ensemble dans la fameuse villa (grâce à une agence immobilière du nom de André et Willy, du prénom du concepteur de cette maison). Sympathique historiette aux sous-entendus de rigueur mais véniels et amusants sur deux célibataires adultes emménageant ensemble.
Quatre histoires (à suivre), une histoire courte, et quelques pages de gags est à mon goût d’un assez bon équilibre pour ce magazine. Un amusant 3 infos 2 vraies 1 fausse de Bercovici, Bernstein et Robin Le Gall, avec un complotiste et un vieux Japonais inventif; Brad Rock the gold digger, de Jilème et Sophie David, voit l’arrivée d’une orpailleuse balinaise qui va semer la perturbation dans le petit monde bien masculin des chercheurs d’or de Nouvelle Zélande; un gag de Pernille (du moins, celle-ci apparaît dans l’arrière plan d’une case) de Dav, Cyril Trichet et Esteban, qui aurait pu être plus amusant avec une narration et une mise en scène plus inventive; Léon et Léna de Damien Cerq, Clémence et Ludwig Alizon, toujours en difficultés et près à tous les compromis (les personnages, pas les auteurices…), Dad flashbacks qui somatise face à la grossesse de la future maman de Roxane, et enfin de bons Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, Des gens et inversement de Berth, tous deux animaliers, et Fish n Chips de Tom.
Ce dernier est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, où il parle des aspects de son strip concernants l’histoire de l’art mais étonnament pas de la pollution, pourtant largement présents. Dans le reste du rédactionnel, Émilie Plateau nous parle de Spirou et moi, une autrice nourrie enfant aux magazines BD, qui fait maintenant , chez de grands éditeurs comme de plus petits, des livres féministes, sur des « figures de femmes » précise l’intervieweur, mais également, et cela l’intervieweur (qui a longtemps été Hugues Dayez, puis Morgan Di Salvia, mais ceux-ci ne travaillent plus au journal, et le nouvel intervieweur n’est pas indiqué) ne le dit pas, politique, comme son livre sur Claudette Colvin, une Afro-Américaine qui a lutté contre la ségrégation mais « était une adolescente issue d’un milieu défavorisé et a disparu des livres d’histoire ». En direct du futur annonce le retour de Lucky Luke, 10 ans après sa dernière histoire (à suivre) dans le journal, 8 ans après avoir fait sa précedente couverture pour le numéro spécial pour ses 70 ans, toujours sur dessin de Achdé, et dorénavant sur scénario de Jul. Cette histoire se déroulera en ville, à Milwaukee.
Deux pages de publicité enfin, pour le dernier tome d’une série jeunesse sortant chez Dupuis mais pas dans Spirou (Sofia, de Davide Tosello), et pour une nouvelle saison des Tortues ninjas, et le supplément abonné est un Popstatic de Spirou et Fantasio à Korallion et dans un train fantôme, conçu et dessiné par Thomas Mathieu (auteur de nombreux popstatics depuis 2020).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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- Messages : 1661
- Enregistré le : ven. 13 déc. 2019 13:46
Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4512 du 02/10/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... pour-niort
Deux semaines après Les Cavaliers de l’apocadispe, c’est au tour des Fabrice de partir pour leur première grande aventure (à suivre), la différence étant que les Cavaliers sont toujours partants pour ce qu’ils s’imaginent être l’aventure, alors que les Fabrice, titulaires casaniers de L’ Édito, le font à leur corps défendant, se trompant de porte d’embarquement et débarquant au Mexique puis au Yucatán au lieu d’un festival BD à Niort. Le point commun est qu’ils sont aussi lucides et responsables que les enfants de 7-8 ans que sont les Cavaliers, et leur histoire est donc bien justement intitulée Décalécatàn. Comme on peut le voir sur la couverture, le fait de s’évader du carcan des bureaux de la rédaction de Dupuis permet au dessinateur, Fabrice Erre donc, de truffer ses dessins de détails cocasses, comme dans la grande première case évidemment, mais même dans de petites cases, comme celles avec les avions volant en tous sens. Les Fabrice partent donc pour un grand voyage, et dans L' Édito, Frédéric Niffle (qui était à l’aéroport en première case, avec Morgan Di Salvia et d’autres ex-membres de la rédaction) vient aussi leur annoncer son départ, du journal à priori. Wait and see.
L’interview des auteurs est cette fois celle des personnages, et elle prend la forme d’un quizz absurde.
Les Tuniques bleues se terminent quand commence une nouvelle histoire, ce qui fait cette semaine 5 séries (à suivre) sur 32 pages sur 52 que compte le magazine, un déséquilibre rare. De l'or pour les Bleus aura été un relativement bon cru du nouveau venu sur la série (et pratiquement dans la BD d’aventures comiques) Fred Neidhart, avec suffisament d’humour et de retournements de situations, un récit moins original cependant que les précédents de Kriss, les thèmes abordés l’ayant déjà été dans cette série, et le personnage du prêtre tueur aurait pû être un peu plus développé. Mais l’osmose entre Neidhart et Lambil s’est bien faite, dommage que, en particulier dans les dernières planches, la sureté de trait de l’encrage ne soit plus là, mais Lambil nous offre dorénavant beaucoup de ce qu’il aime le plus, des images décadrées avec un animal en avant plan, souvent pour clore une planche de belle façon (planches 39, 40), moins souvent en milieu de planche (42), enfin dans l’ultime case gag, où les animaux sauvages reprennent leurs droits, et même deux plans relativement audacieux planche 43, où des chevaux cadrés sur les jambes emplissent toute la case, belles cases muettes placées là pour créer du suspens et où le simple regard étonné d’un cheval résume l’absurdité de la situation dans laquelle se retrouvent les héros-anti héros de l’histoire. Suite de JKJ Bloche pour une séquence nocturne à Paris, dans la grande tradition du polar, mais toujours avec l’attention que prête Dodier par petites touches aux personnalités et aux relations entre ses personnages, y compris les plus secondaires. Suite aussi des Cavaliers de l’apocadispe, Libon plaçant ses personnages en ville de la même manière qu’en forêt, tout décor étant un terrain de jeux et d’aventures pour eux. Si les personnages y sont bien plus excités que dans JKJ Bloche (de même dans Décalécatàn), la narration y prend également le temps qui lui est nécessaire, et il faudrait qu’un jour je ou un autre regarde de plus près le rythme narratif dans la BD de genre (comique, série noire, SF…), qui peut s’offrir des déséquilibres que peut difficilement la BD d’aventure traditionnelle, de Spirou aux Tuniques bleues en passant par Thorgal ou Khéna et le Scrameustache. Trondheim et Nesme font sortir El diablo de la jungle pour des paysages nocturnes et enneigés, toujours aussi lumineusement beaux, mais où le marsupilami est paradoxalement plus présent que dans son cadre naturel. Par contre, s’il ne s’y nourrit que de puces, comme les auteurs semblent le dire, il est mal barré. Mais au-delà des gags sur la bétise et la cupidité des conquistadores (et de nombre d’ humains en général), la relation entre l’adolescent et le marsupilami « esprit de la forêt », originalité de ce récit, semble commencer à vraiment être développée.
Dans les gags, on retrouve dans Kid Paddle de Midam, Dairin et Angèle le goût de Midam, cette semaine seul scénariste, pour les caricatures outrées et absurdes, en l’occurence des avocats et une banane (très relativement) anthropomorphes. Un gag en une page des plus en plus rares Kalh et Pörth, de Frantz Hofman, Ced et Annelise Sauvêtre. Annabelle, Pirate Rebelle, de Cédric Ghorbani, Sti et Cerise, a beau donner son nom à la série, elle n’est qu’une membre de l’équipage parmi les autres. Absurdité encore dans Des gens et inversement, de Berth, et le commandant Cousteau invité (à son corps défendant) de Fish n Chips, de Tom, Marko dans La leçon de BD donne des conseils techniques pertinents et utiles, et suite de l’arc sur la maman de Roxanne enceinte dans Dad flashbacks de Nob. Les Jeux de Casters proposent une course folle des "légendes" du journal. La première planche de La vie galactik, une nouvelle série de Gallez et Lecrenier annoncée par un mini livre de présentation deux semaines auparavant, avec un astronaute et des extra terrestres à la plage, qui aurait pu se passer avec des humains lambda en vacances sans rien changer au fond. Enfin, un stéréotype de cannibale à peau sombre et pagne dans Tash et Trash de Dino posera-t-il problème ?
Pour le rédactionnel, Les BD de ma vie est consacré à Batem, avec un B comme Benoît Brisefer et un M comme Marsupilami, et quelques autres séries classiques du franco-belges, et l’annonce dans En direct du futur d’une nouvelle série survivaliste avec des enfants de Nicolas Grebil et Lylian, dont le nom même, L’île de Minuit, rappelle Seuls et l’histoire Avant l’enfant minuit. Pour finir, une publicité pour le thème Halloween du Parc Spirou, avec une marsupilamie déguisée en sorcière et un bébé marsupilami en démon, que je m’abstiens de commenter, pour me réserver pour une publicité pour Julia, une série jeunesse publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou (une de plus), qui me fait me demander s’il n’est dorénavant plus possible de faire chez Dupuis une série avec des enfants sans paranormal ?
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... pour-niort
Deux semaines après Les Cavaliers de l’apocadispe, c’est au tour des Fabrice de partir pour leur première grande aventure (à suivre), la différence étant que les Cavaliers sont toujours partants pour ce qu’ils s’imaginent être l’aventure, alors que les Fabrice, titulaires casaniers de L’ Édito, le font à leur corps défendant, se trompant de porte d’embarquement et débarquant au Mexique puis au Yucatán au lieu d’un festival BD à Niort. Le point commun est qu’ils sont aussi lucides et responsables que les enfants de 7-8 ans que sont les Cavaliers, et leur histoire est donc bien justement intitulée Décalécatàn. Comme on peut le voir sur la couverture, le fait de s’évader du carcan des bureaux de la rédaction de Dupuis permet au dessinateur, Fabrice Erre donc, de truffer ses dessins de détails cocasses, comme dans la grande première case évidemment, mais même dans de petites cases, comme celles avec les avions volant en tous sens. Les Fabrice partent donc pour un grand voyage, et dans L' Édito, Frédéric Niffle (qui était à l’aéroport en première case, avec Morgan Di Salvia et d’autres ex-membres de la rédaction) vient aussi leur annoncer son départ, du journal à priori. Wait and see.
L’interview des auteurs est cette fois celle des personnages, et elle prend la forme d’un quizz absurde.
Les Tuniques bleues se terminent quand commence une nouvelle histoire, ce qui fait cette semaine 5 séries (à suivre) sur 32 pages sur 52 que compte le magazine, un déséquilibre rare. De l'or pour les Bleus aura été un relativement bon cru du nouveau venu sur la série (et pratiquement dans la BD d’aventures comiques) Fred Neidhart, avec suffisament d’humour et de retournements de situations, un récit moins original cependant que les précédents de Kriss, les thèmes abordés l’ayant déjà été dans cette série, et le personnage du prêtre tueur aurait pû être un peu plus développé. Mais l’osmose entre Neidhart et Lambil s’est bien faite, dommage que, en particulier dans les dernières planches, la sureté de trait de l’encrage ne soit plus là, mais Lambil nous offre dorénavant beaucoup de ce qu’il aime le plus, des images décadrées avec un animal en avant plan, souvent pour clore une planche de belle façon (planches 39, 40), moins souvent en milieu de planche (42), enfin dans l’ultime case gag, où les animaux sauvages reprennent leurs droits, et même deux plans relativement audacieux planche 43, où des chevaux cadrés sur les jambes emplissent toute la case, belles cases muettes placées là pour créer du suspens et où le simple regard étonné d’un cheval résume l’absurdité de la situation dans laquelle se retrouvent les héros-anti héros de l’histoire. Suite de JKJ Bloche pour une séquence nocturne à Paris, dans la grande tradition du polar, mais toujours avec l’attention que prête Dodier par petites touches aux personnalités et aux relations entre ses personnages, y compris les plus secondaires. Suite aussi des Cavaliers de l’apocadispe, Libon plaçant ses personnages en ville de la même manière qu’en forêt, tout décor étant un terrain de jeux et d’aventures pour eux. Si les personnages y sont bien plus excités que dans JKJ Bloche (de même dans Décalécatàn), la narration y prend également le temps qui lui est nécessaire, et il faudrait qu’un jour je ou un autre regarde de plus près le rythme narratif dans la BD de genre (comique, série noire, SF…), qui peut s’offrir des déséquilibres que peut difficilement la BD d’aventure traditionnelle, de Spirou aux Tuniques bleues en passant par Thorgal ou Khéna et le Scrameustache. Trondheim et Nesme font sortir El diablo de la jungle pour des paysages nocturnes et enneigés, toujours aussi lumineusement beaux, mais où le marsupilami est paradoxalement plus présent que dans son cadre naturel. Par contre, s’il ne s’y nourrit que de puces, comme les auteurs semblent le dire, il est mal barré. Mais au-delà des gags sur la bétise et la cupidité des conquistadores (et de nombre d’ humains en général), la relation entre l’adolescent et le marsupilami « esprit de la forêt », originalité de ce récit, semble commencer à vraiment être développée.
Dans les gags, on retrouve dans Kid Paddle de Midam, Dairin et Angèle le goût de Midam, cette semaine seul scénariste, pour les caricatures outrées et absurdes, en l’occurence des avocats et une banane (très relativement) anthropomorphes. Un gag en une page des plus en plus rares Kalh et Pörth, de Frantz Hofman, Ced et Annelise Sauvêtre. Annabelle, Pirate Rebelle, de Cédric Ghorbani, Sti et Cerise, a beau donner son nom à la série, elle n’est qu’une membre de l’équipage parmi les autres. Absurdité encore dans Des gens et inversement, de Berth, et le commandant Cousteau invité (à son corps défendant) de Fish n Chips, de Tom, Marko dans La leçon de BD donne des conseils techniques pertinents et utiles, et suite de l’arc sur la maman de Roxanne enceinte dans Dad flashbacks de Nob. Les Jeux de Casters proposent une course folle des "légendes" du journal. La première planche de La vie galactik, une nouvelle série de Gallez et Lecrenier annoncée par un mini livre de présentation deux semaines auparavant, avec un astronaute et des extra terrestres à la plage, qui aurait pu se passer avec des humains lambda en vacances sans rien changer au fond. Enfin, un stéréotype de cannibale à peau sombre et pagne dans Tash et Trash de Dino posera-t-il problème ?
Pour le rédactionnel, Les BD de ma vie est consacré à Batem, avec un B comme Benoît Brisefer et un M comme Marsupilami, et quelques autres séries classiques du franco-belges, et l’annonce dans En direct du futur d’une nouvelle série survivaliste avec des enfants de Nicolas Grebil et Lylian, dont le nom même, L’île de Minuit, rappelle Seuls et l’histoire Avant l’enfant minuit. Pour finir, une publicité pour le thème Halloween du Parc Spirou, avec une marsupilamie déguisée en sorcière et un bébé marsupilami en démon, que je m’abstiens de commenter, pour me réserver pour une publicité pour Julia, une série jeunesse publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou (une de plus), qui me fait me demander s’il n’est dorénavant plus possible de faire chez Dupuis une série avec des enfants sans paranormal ?
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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- Enregistré le : ven. 13 déc. 2019 13:46
Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4513 du 09/10/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... b-de-louca
Retour de Louca, en mode décalé, car ce n’est pas lui en couverture mais son fan-club qui l’accueille. Car Louca aura bien grandi depuis sa dernière histoire dans Spirou en l’été 2022, et si les héros de BD qui vieillissent ne sont plus aussi rares que quand Buddy Longway était une des seules exceptions, ce sera une des premières fois que cela se passe en temps réel : comme le dit Bruno Dequier dans l’entretien de présentation, « l’exil de Louca est arrivé au moment où son auteur avait envie de faire un break dans la BD », et Louca revient vieilli de quelques années, soit plus encore que ses deux ans d’absence dans le journal. Et, pour maintenir le suspense au maximum, Bruno Dequier fait réapparaitre dans ce premier chapitre pratiquement tous ses amis et sa famile, tous plus agés, mais pas Louca, pourtant attendu par tous. Suite de Décalécatàn, toujours truffé de dtails cocasses, comme les grooms en costume de Spirou à grosse moustache de l’hôtel mexicain, ou la pancarte Hola placardée au milieu de l’inscription Gran Hotel...Et pour accentuer visuellement le fond de l’histoire basée sur d’invraisemblables quiproquos et confusions, les aplats de couleurs tranchées (verdâtre pour les bas-fonds, violacé pour le Gran Hotel) de Sandrine Greff font merveille. Ne s’embarassant pas de vraissemblance, les Fabrice vivent leur aventure en Amérique tout en étant toujours présents à la rédaction, où ils accueillent à leur façon le nouveau rédacteur en chef de Spirou, Jonathan Dellicour, un roux à grande mèche sur le front (et grosse moustache, pour ne pas qu’on le confonde avec le héros titulaire du magazine). Frédéric Niffle est bien parti, comme annoncé la semaine précédente, et son poste de directeur de la publication a également disparu de l’ours (mais il est toujours indiqué comme graphiste). Et qui est donc le spectre qui hante le journal dans La malédiction de la page 13 (déplacée pages 10 et 11 pour cause de publicité pleine page pour Les mondes perdus, une nouvelle série jeunesse fantastique publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou. La malédiction est elle-même maudite, comble de la mise en abyme – que l’on appelle méta dorénavant) ? « Juste le fantôme de l’ancien rédac’chef », dit-il. Il y a décidemment un mystère à la rédaction Spirou. Quand donc reviendront Tif et Tondu pour l’élucider, vu que JKJ Boche ne s’occupe pas de paranormal? Il est de plein pied dans le réel, le lieu où se mèlent présent et passé (solex et mobylette vs. Scooter, la supérette de Burhan, Wikipédia, l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville où le prêtre et la paroissienne sont d’origine africaine – à propos d’église parisienne, les authentiques spiroutistes se doivent de connaître la superbe église art déco Saint-Jean Bosco). Belle illustration pleine page dans El Diablo, de Trondheim et Nesme, où les conquistadores découvrent le fameux temple de la vallée perdue (après Tintin, Marc Dacier, Jeannette Pointu et tant d’autres), et le marsupilami ne sort pas du rôle d’animal schizophrène à la Disney, alternativement bête féroce et gentillette. Quant aux Cavaliers de l’apocadispe, Libon les débarque dans une décharge sauvage, terrain de jeux idéal pour eux, avec un très bon gag graphique en 4 bandes où ils se déplacent d’un bout à l’autre de la bande.
Dans les gags, Bercovici, Bernstein et Le Gall nous informent de l’existence d’un parti animaliste albanais jusqu’auboutiste dans son anti spécisme, mais venant de 3 infos 2 vraies 1 fausse, c’est à prendre avec les pincettes d’usage. Ced et Gorobei nous montrent un aspect surprenant de Gary C. Neel, s’humiliant pour « sauver les miches » du Bigfoot. Le gag de Pernille aurait pu se retrouver à l’identique dans Mélusine.
Les Jeux de Gyom sont bien sûr consacrés à Loucas, version foot, sport aussi présent dans le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet. On apprend dans Bienvenue dans ma bibliothèque que celle de Clémence Perrault, dessinatrice de Léon et Léna, est « plutôt une grande boite à souvenirs », où figurines, jeux vidéos de son enfance et artbooks prennent autant de place que les BD. Dans Spirou et moi, Éric Chabert est un auteur de plus à témoigner de l’importance qu’a eue Yoko Tsuno pour sa génération, et du statut de référence de Gil Jourdan, et En direct du futur reproduit l’affiche qu’a réalisée Lisa Mandel pour le festival Quai des bulles. Deux autres publicités pour des BD, la série animalière Klaw (au Lombard), et le dernier Tuniques bleues , le 68ème, et le supplément abonnés est des autocollants Poltron Minet, série visiblement poussée par l’éditeur.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... b-de-louca
Retour de Louca, en mode décalé, car ce n’est pas lui en couverture mais son fan-club qui l’accueille. Car Louca aura bien grandi depuis sa dernière histoire dans Spirou en l’été 2022, et si les héros de BD qui vieillissent ne sont plus aussi rares que quand Buddy Longway était une des seules exceptions, ce sera une des premières fois que cela se passe en temps réel : comme le dit Bruno Dequier dans l’entretien de présentation, « l’exil de Louca est arrivé au moment où son auteur avait envie de faire un break dans la BD », et Louca revient vieilli de quelques années, soit plus encore que ses deux ans d’absence dans le journal. Et, pour maintenir le suspense au maximum, Bruno Dequier fait réapparaitre dans ce premier chapitre pratiquement tous ses amis et sa famile, tous plus agés, mais pas Louca, pourtant attendu par tous. Suite de Décalécatàn, toujours truffé de dtails cocasses, comme les grooms en costume de Spirou à grosse moustache de l’hôtel mexicain, ou la pancarte Hola placardée au milieu de l’inscription Gran Hotel...Et pour accentuer visuellement le fond de l’histoire basée sur d’invraisemblables quiproquos et confusions, les aplats de couleurs tranchées (verdâtre pour les bas-fonds, violacé pour le Gran Hotel) de Sandrine Greff font merveille. Ne s’embarassant pas de vraissemblance, les Fabrice vivent leur aventure en Amérique tout en étant toujours présents à la rédaction, où ils accueillent à leur façon le nouveau rédacteur en chef de Spirou, Jonathan Dellicour, un roux à grande mèche sur le front (et grosse moustache, pour ne pas qu’on le confonde avec le héros titulaire du magazine). Frédéric Niffle est bien parti, comme annoncé la semaine précédente, et son poste de directeur de la publication a également disparu de l’ours (mais il est toujours indiqué comme graphiste). Et qui est donc le spectre qui hante le journal dans La malédiction de la page 13 (déplacée pages 10 et 11 pour cause de publicité pleine page pour Les mondes perdus, une nouvelle série jeunesse fantastique publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou. La malédiction est elle-même maudite, comble de la mise en abyme – que l’on appelle méta dorénavant) ? « Juste le fantôme de l’ancien rédac’chef », dit-il. Il y a décidemment un mystère à la rédaction Spirou. Quand donc reviendront Tif et Tondu pour l’élucider, vu que JKJ Boche ne s’occupe pas de paranormal? Il est de plein pied dans le réel, le lieu où se mèlent présent et passé (solex et mobylette vs. Scooter, la supérette de Burhan, Wikipédia, l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville où le prêtre et la paroissienne sont d’origine africaine – à propos d’église parisienne, les authentiques spiroutistes se doivent de connaître la superbe église art déco Saint-Jean Bosco). Belle illustration pleine page dans El Diablo, de Trondheim et Nesme, où les conquistadores découvrent le fameux temple de la vallée perdue (après Tintin, Marc Dacier, Jeannette Pointu et tant d’autres), et le marsupilami ne sort pas du rôle d’animal schizophrène à la Disney, alternativement bête féroce et gentillette. Quant aux Cavaliers de l’apocadispe, Libon les débarque dans une décharge sauvage, terrain de jeux idéal pour eux, avec un très bon gag graphique en 4 bandes où ils se déplacent d’un bout à l’autre de la bande.
Dans les gags, Bercovici, Bernstein et Le Gall nous informent de l’existence d’un parti animaliste albanais jusqu’auboutiste dans son anti spécisme, mais venant de 3 infos 2 vraies 1 fausse, c’est à prendre avec les pincettes d’usage. Ced et Gorobei nous montrent un aspect surprenant de Gary C. Neel, s’humiliant pour « sauver les miches » du Bigfoot. Le gag de Pernille aurait pu se retrouver à l’identique dans Mélusine.
Les Jeux de Gyom sont bien sûr consacrés à Loucas, version foot, sport aussi présent dans le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet. On apprend dans Bienvenue dans ma bibliothèque que celle de Clémence Perrault, dessinatrice de Léon et Léna, est « plutôt une grande boite à souvenirs », où figurines, jeux vidéos de son enfance et artbooks prennent autant de place que les BD. Dans Spirou et moi, Éric Chabert est un auteur de plus à témoigner de l’importance qu’a eue Yoko Tsuno pour sa génération, et du statut de référence de Gil Jourdan, et En direct du futur reproduit l’affiche qu’a réalisée Lisa Mandel pour le festival Quai des bulles. Deux autres publicités pour des BD, la série animalière Klaw (au Lombard), et le dernier Tuniques bleues , le 68ème, et le supplément abonnés est des autocollants Poltron Minet, série visiblement poussée par l’éditeur.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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- Enregistré le : ven. 13 déc. 2019 13:46
Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4514 du 16/10/2024
Ici un aperçu du numéro : https://www.spirou.com/actualites/somma ... willy-woob
https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... iew-miroir
Et cette semaine, c’est au tour de Willy Woob, de Bernstein et Moog, de vivre sa première histoire longue, à sa façon du moins, six pages seulement, mais dans un décor qui est l’archétype de toutes les aventures, le western. La couverture rend évidemment hommage à Lucky Luke, mais plus encore, le nom de Willy Woob forme comme LL une allitération des initiales (et pas des rimes comme le soutient Spoirou dans La malédiction de la page 13), l 'histoire de prospecteurs rappelle le premier album, La mine d’or de Dick Digger (encore une allitération, ces jeux de mots dont raffolent les Étatsuniens et que Morris a à juste titre transposé dans LL, comme Phil Defer, Cigarette Cæsar, Joss Jamon, Rantanplan, Jesse James ou Tumulte à Tumbleweed), par contre ce ne sont pas des pépites d’or qu’ils recherchent mais des croquettes, car c’est Kiki, le chien de Willy Woob, qui est le moteur de cette histoire, par toutes les contraintes qu’il impose (pas de morts, comme l’imposait la censure dans LL, et, poussant la parodie, pas d’exploitation animale, mais une exploitation agricole, pas de torture…), et c’est lui qui « tire à la baballe plus vite que son ombre ». Et l’interview miroir de Willy par Woob (et inversement) comme l’utile et amusant Tuto dessiné pourvoient tout autant leur lot de poésie douce, graphique, verbale, et les deux imbriquées. Un peu comme dans L’édito de Fabcaro et Fabrice Erre où ils rappellent justement que les auteurs respectifs se connaissent depuis longtemps, l’époque où, avant Spirou, ils publiaient dans la revue Jade de Six pieds sous terre, en compagnie entre autres de Bouzard, ce qui explique aussi la complicité qu’ils montrent avec celui-ci dans Décalécatlàn. Dans cet épisode, on retrouve toujours les très drôles notations graphiques (le flot de Wolkswagen vertes, l’immeuble en forme de cactus, ces bâtiments « canards »typique d’une certaine architecture moderne du tiers-monde lorgnant sur les ÉUA, comme l’immeuble robot de Bangkok), mais les personnages passent au niveau supérieur dans la stupidité, avec leur machisme et leur mentalité coloniale condescendants. Suite de Loucas, de Bruno Dequier, où la coupe du Griffon a débuté sans lui, et que l’on retrouve, visage dissimulé sous une capuche, dans une tempête en pleine mer sur une...jonque (jolie idée du coloriste Yoann Guillo, qui représente dans les mêmes tons les vagues et la houle de spectateurs dans le stade), conduite par un japonais qui semble tout droit sorti de l’équipage de One piece. Grandiose finale pour Les cavaliers de l’apocadispe, de Libon, avec un...lave linge défonçant un car de police, et les cavaliers, ayant fait arrêter un gang de pollueurs, se retrouvent dans la position d’authentiques héros, ignorés de tous (leur maitresse leur colle la plus mauvaise note pour le devoir sur « il faut protéger la nature »), et inconscients d’eux-mêmes. Jolie finale aussi pour El diablo, de Trondheim et Nesme, qui s’est révélée n’être pas tant une aventure du marsupilami qu'un récit d'initiation écologique dans lequel il a, en tant qu’esprit de la forêt, servi au jeune personnage principal, José Palombo, à grandir, comme l’illustre le poster en supplément pour les abonnés, où le marsupilami disneyen (grands yeux humides, tout pelucheux) veille dans l’ombre sur le jeune couple de héros, l’espagnol et la chahutas. Suite enfin de JKJ Bloche, dans une séquence quasi muette (quelques lignes de dialogues au début) en gauffrier de 4 puis 5 bandes, Dodier donne leçon d’ambiance et de suspense mis en place uniquement avec la mise en scène (mais pour ceux pour qui le suspense serait insoutenable, une publicité informe que l’album est sorti depuis le 18 octobre).
Une histoire courte mais pas trop, 5 séries (à suivre), le reste en gags et rédactionnel (et de nouveau la pub pour une nouvelle saison des Tortues ninjas), encore un numéro bien équilibré à mon goût, et les Jeux de Rich !, présentant le Musée Spirou dans toute la diversité des personnages, des plus connus aux plus oubliés (qui savait ou se souvenait que Spirou avait publié Popeye - version Sagendorf – et ce non dans les années 30-40, l’âge d’or des BD US dans Spirou, mais en 1981, lors de la sortie du film d’Altman?), font écho à la diversité formelle de ce numéro.
Le Kid Paddle de Midam, Pujol, Dairin et Angèle est sur le thème des origines gore que Kid invente périodiquement concernant les choses les plus banales (l’interdiction de marcher sur le gazon cette fois). Les strips de Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau sont consacrés au cynisme du capitaine, involontaire, dû à son étroitesse d’esprit, pour ne pas dire sa stupidité. Deuxième planche de La vie galactik, une nouvelle série par Gallez et Lecrenier, et si l’historiette comporte une scène amusante de rencontre entre un enfant ami avec un autre, gigantesque, je ne suis pas sûr en revanche qu’il y ait un gag final. Bons gags par contre de Berth dans Les gens et inversement, bien noir, et de Dino pour Tash et Trash sur la BD réalisée par IA. Gag original de Ced et Gorobei dans Gary C. Neel, avec des tumbleweeds, rappel de Gaston Lagaffe dans Le bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, et déjà le quatrième gag sur la grossesse de Jeanette, la (encore future) maman de Roxanne, dans Dad flashbacks, de Nob.
Les BD de ma vie sont celles de Madd, le bon dessinateur de Poltron minet, dont les influences sont le manga et les comics de super héros, ce qui n’est pas vraiment décelable dans son dessin à première vue. Mais il parle surtout de l’expressivité du dessin, ce qui fait plus sens. Visiblement, la couleur violette exerce aussi une fascination sur lui, puisqu’il souligne lui-même cette particularité de son personnage dans le dessin hommage de Mafalda qu’il a réalisé (graphiquement à la perfection), ou que la couverture et les premières pages de Vagabond de Takehiko Inoue, qu’il admire, sont dans ces tons, tons qui se retrouvent également beaucoup dans Toutes les morts de Laila Starr, de Filipe Andrade (sur scénario de Ram V, non mentionné), qu’il qualifie de géniale, et dont le dessin de ce dessinateur portugais travaillant surtout pour les comics US, mélant un style dur des comics (Frank Miller) à celui de dessinateurs ibériques (pour le tracé élégant de Victor De La Fuente ou de Bernet) est effectivement impressionnant.
Enfin, En direct du futur annonce pour le numéro 4519 une nouvelle série dessinée par Stéphane Perger et scénarisée par « deux stars de la BD », Valérie Mangin et Denis Bajram, qui vont y « rendre hommage à toutes les BD qui les ont construits, de Yoko Tsuno (encore elle, à juste titre), à Papyrus (et oui, les explorations de De Gieter de l’ Égypte antique ont été précurseuses et envoûtantes pour des générations), et Les petits Hommes (un univers également fascinant pour des enfants).
Ici un aperçu du numéro : https://www.spirou.com/actualites/somma ... willy-woob
https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... iew-miroir
Et cette semaine, c’est au tour de Willy Woob, de Bernstein et Moog, de vivre sa première histoire longue, à sa façon du moins, six pages seulement, mais dans un décor qui est l’archétype de toutes les aventures, le western. La couverture rend évidemment hommage à Lucky Luke, mais plus encore, le nom de Willy Woob forme comme LL une allitération des initiales (et pas des rimes comme le soutient Spoirou dans La malédiction de la page 13), l 'histoire de prospecteurs rappelle le premier album, La mine d’or de Dick Digger (encore une allitération, ces jeux de mots dont raffolent les Étatsuniens et que Morris a à juste titre transposé dans LL, comme Phil Defer, Cigarette Cæsar, Joss Jamon, Rantanplan, Jesse James ou Tumulte à Tumbleweed), par contre ce ne sont pas des pépites d’or qu’ils recherchent mais des croquettes, car c’est Kiki, le chien de Willy Woob, qui est le moteur de cette histoire, par toutes les contraintes qu’il impose (pas de morts, comme l’imposait la censure dans LL, et, poussant la parodie, pas d’exploitation animale, mais une exploitation agricole, pas de torture…), et c’est lui qui « tire à la baballe plus vite que son ombre ». Et l’interview miroir de Willy par Woob (et inversement) comme l’utile et amusant Tuto dessiné pourvoient tout autant leur lot de poésie douce, graphique, verbale, et les deux imbriquées. Un peu comme dans L’édito de Fabcaro et Fabrice Erre où ils rappellent justement que les auteurs respectifs se connaissent depuis longtemps, l’époque où, avant Spirou, ils publiaient dans la revue Jade de Six pieds sous terre, en compagnie entre autres de Bouzard, ce qui explique aussi la complicité qu’ils montrent avec celui-ci dans Décalécatlàn. Dans cet épisode, on retrouve toujours les très drôles notations graphiques (le flot de Wolkswagen vertes, l’immeuble en forme de cactus, ces bâtiments « canards »typique d’une certaine architecture moderne du tiers-monde lorgnant sur les ÉUA, comme l’immeuble robot de Bangkok), mais les personnages passent au niveau supérieur dans la stupidité, avec leur machisme et leur mentalité coloniale condescendants. Suite de Loucas, de Bruno Dequier, où la coupe du Griffon a débuté sans lui, et que l’on retrouve, visage dissimulé sous une capuche, dans une tempête en pleine mer sur une...jonque (jolie idée du coloriste Yoann Guillo, qui représente dans les mêmes tons les vagues et la houle de spectateurs dans le stade), conduite par un japonais qui semble tout droit sorti de l’équipage de One piece. Grandiose finale pour Les cavaliers de l’apocadispe, de Libon, avec un...lave linge défonçant un car de police, et les cavaliers, ayant fait arrêter un gang de pollueurs, se retrouvent dans la position d’authentiques héros, ignorés de tous (leur maitresse leur colle la plus mauvaise note pour le devoir sur « il faut protéger la nature »), et inconscients d’eux-mêmes. Jolie finale aussi pour El diablo, de Trondheim et Nesme, qui s’est révélée n’être pas tant une aventure du marsupilami qu'un récit d'initiation écologique dans lequel il a, en tant qu’esprit de la forêt, servi au jeune personnage principal, José Palombo, à grandir, comme l’illustre le poster en supplément pour les abonnés, où le marsupilami disneyen (grands yeux humides, tout pelucheux) veille dans l’ombre sur le jeune couple de héros, l’espagnol et la chahutas. Suite enfin de JKJ Bloche, dans une séquence quasi muette (quelques lignes de dialogues au début) en gauffrier de 4 puis 5 bandes, Dodier donne leçon d’ambiance et de suspense mis en place uniquement avec la mise en scène (mais pour ceux pour qui le suspense serait insoutenable, une publicité informe que l’album est sorti depuis le 18 octobre).
Une histoire courte mais pas trop, 5 séries (à suivre), le reste en gags et rédactionnel (et de nouveau la pub pour une nouvelle saison des Tortues ninjas), encore un numéro bien équilibré à mon goût, et les Jeux de Rich !, présentant le Musée Spirou dans toute la diversité des personnages, des plus connus aux plus oubliés (qui savait ou se souvenait que Spirou avait publié Popeye - version Sagendorf – et ce non dans les années 30-40, l’âge d’or des BD US dans Spirou, mais en 1981, lors de la sortie du film d’Altman?), font écho à la diversité formelle de ce numéro.
Le Kid Paddle de Midam, Pujol, Dairin et Angèle est sur le thème des origines gore que Kid invente périodiquement concernant les choses les plus banales (l’interdiction de marcher sur le gazon cette fois). Les strips de Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau sont consacrés au cynisme du capitaine, involontaire, dû à son étroitesse d’esprit, pour ne pas dire sa stupidité. Deuxième planche de La vie galactik, une nouvelle série par Gallez et Lecrenier, et si l’historiette comporte une scène amusante de rencontre entre un enfant ami avec un autre, gigantesque, je ne suis pas sûr en revanche qu’il y ait un gag final. Bons gags par contre de Berth dans Les gens et inversement, bien noir, et de Dino pour Tash et Trash sur la BD réalisée par IA. Gag original de Ced et Gorobei dans Gary C. Neel, avec des tumbleweeds, rappel de Gaston Lagaffe dans Le bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, et déjà le quatrième gag sur la grossesse de Jeanette, la (encore future) maman de Roxanne, dans Dad flashbacks, de Nob.
Les BD de ma vie sont celles de Madd, le bon dessinateur de Poltron minet, dont les influences sont le manga et les comics de super héros, ce qui n’est pas vraiment décelable dans son dessin à première vue. Mais il parle surtout de l’expressivité du dessin, ce qui fait plus sens. Visiblement, la couleur violette exerce aussi une fascination sur lui, puisqu’il souligne lui-même cette particularité de son personnage dans le dessin hommage de Mafalda qu’il a réalisé (graphiquement à la perfection), ou que la couverture et les premières pages de Vagabond de Takehiko Inoue, qu’il admire, sont dans ces tons, tons qui se retrouvent également beaucoup dans Toutes les morts de Laila Starr, de Filipe Andrade (sur scénario de Ram V, non mentionné), qu’il qualifie de géniale, et dont le dessin de ce dessinateur portugais travaillant surtout pour les comics US, mélant un style dur des comics (Frank Miller) à celui de dessinateurs ibériques (pour le tracé élégant de Victor De La Fuente ou de Bernet) est effectivement impressionnant.
Enfin, En direct du futur annonce pour le numéro 4519 une nouvelle série dessinée par Stéphane Perger et scénarisée par « deux stars de la BD », Valérie Mangin et Denis Bajram, qui vont y « rendre hommage à toutes les BD qui les ont construits, de Yoko Tsuno (encore elle, à juste titre), à Papyrus (et oui, les explorations de De Gieter de l’ Égypte antique ont été précurseuses et envoûtantes pour des générations), et Les petits Hommes (un univers également fascinant pour des enfants).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4415 du 23/10/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... les-livres
En octobre est sorti l’album Les petits métiers méconnus “imaginés par Vincent Zabus, mis en images par » de nombreux dessinateurices, un(e) par histoire. Vincent Zabus expliquait (Spirou 4410) que des histoires courtes lui ont permis de travailler « avec des auteurs qui n’étaient pas disponibles pour un album entier », et c’est Alfred qui a réalisé l’histoire de cette semaine, qui a servi à compléter l’album. Sa couverture pour ce numéro de Spirou est tant romantique que romanesque, pour une des meilleures histoires de cette série née, expliquait Zabus, en 2022 du confinement dû au Covid : une libraire y est « vendeuse d’invendus », insérant à la sauvette des pages de ceux-ci dans des best-sellers, leur donnant une seconde chance inespérée. J’ajoute que travailler avec de multiples auteurices est un procédé qui sied bien au dramaturge et metteur en scène de théatre qu’est aussi Vincent Zabus, qui par ailleurs précisait (Spirou 4349) que sa première émotion en BD a été deux histoires de Spirou de Franquin, fondamentalement dissemblables et pourtant réunies dans le même album, Sur le ring « avec Poildur », et la teintée de racisme (plus exactement de paternalisme) mais foncièrement humaine Chez les pygmées, comme quoi les œuvres mêmes anecdotiques des grands auteurs offrent des ressources inépuisables. D'Alfred, je soulignerai sa façon d’utiliser la couleur comme dessin, qui lui permet entre autres de créer des liens inattendus, comme ici entre deux personnages dont le nez est fait d’un trait rouge, et me permet d’attirer l’attention sur la touchante note de bas de page de la seconde histoire courte du numéro, Plus blanc que blanc de Marc et Pep, de Nicoby, qui rend hommage à Philippe Oiry, son coloriste (et celui de Bouzard, Fabcaro, et bien d’autres, dont son propre fils Pierre Jeanneau pour Connexions, sélectionné à Angoulême), décédé en août dernier. Dans cette histoire des détectives privés, l’enquête n’apparait que dans la dernière page, et n’est de plus en plus dans cette série qu’un révélateur des relations entre les personnages et la société (Marc et Pep sont vus par un responsable de supermarché comme un « petit couple de mecs »). Tout le contraire, et ce serait a priori surprenant selon ce à quoi Dodier nous a habitué, du cinquième chapitre de Perpétuité, l'histoire en cours de JKJ Bloche, qui consiste en la recherche sur cinq pages quasi muettes d’un homme dans un immense maison quasi déserte, structure éminemment angoissante. Mais JKJ Bloche, comme toutes les bonnes séries noires, sait alterner et méler véritable récit et chronique sociale. Si Dodier peut se situer dans la tradition du polar, car ce genre se doit toujours de refléter la société, ce n’est pas le cas du récit d’aventure classique, qui ne marche plus que difficilement au premier degré, mais Fabcaro et Fabrice Erre dépassent dans Décalécatlàn par leur humour la trop souvent vue parodie de l’aventure exotique contaminée par la civilisation. Louca est toujours absent de ce troisième chapitre de La coupe du Griffon, où Bruno Dequier continue à présenter comment les autres personnages ont évolué durant ces années. Faire vieillir les personnages est en effet une des meilleures voies qu’ont trouvées les auteurs de séries d’aventures pour renouveler l’intérêt des lecteurices. La dernière histoire courte du numéro est un Capitaine Anchois où Floris réussit à fourrer dans trois pages piraterie, mythologie antique, arthurienne, et junk food, avec de plus un clin d’œil (volontaire, ou défaut de traduction?) aux jeux de rôle, la wyverne y apparaissant sous ce nom n’étant que le nom anglais ou des jeux de rôle HF de la vouivre.
Dans les gags, le Kid Paddle numéro 742 serait un gag de Game over ne serait l’apparition muette de Kid en dernière case, je me demande ce qui a décidé les auteurs Midam, Venet, Adam et Angèle à en faire un gag de Kid Paddle. Muet aussi le Crash Tex de Dab’s et Gom pour une version dégénérée de Guillaume Tell. Nena et Maria-Paz font une belle planche d’Otaku où les quatre strips sont en plan fixe pour faire ressortir le jeu de mise en page et le gag final, Zimra et Romain Pujol font une version accélérée du vieillissement des personnages dans Psychotine, quant à Ced, Frantz Hofmann et Annelise, ils font un gag de Kahl et Pörth entièrement basé sur le cadrage, réussi car la scène précédant la chute tient en elle-même par les dialogues et le dessin et ne fait pas artificiellement jouée ou étirée uniquement pour amener le gag. Toujours de bons conseils techniques dans La leçon de BD de Marko, amusante parodie de Lucky Luke chez Gary C. Neel de Gorobei et encore Ced, rappel nostalgique du libraire de Animal lecteur ! dans Le strip dont vous êtes la star de Libon et Sergio Salma, et suite de la série de Titan Inc. sur le cynisme rétrograde du capitaine, auquel Paul Martin et Manu Boisteau ajoutent cette semaine celui sardonique de Kata, la DRH. Humour noir dans Fish n chips de Tom, jeux de mots absurdes dans Des gens et inversement de Berth et dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, celui-ci touchant juste sur un des plus importants débats de société actuels. Dans Dad flashbacks de Nob, Roxanne, à peine née, montre déjà sa personnalité ; paradoxe de la BD en magazine : cinq semaines d’attente est long pour qu’un personnage naisse enfin, mais est vraiment court pour une grossesse…Et on ne verra sans doute pas la maman de Bébérénice puisque la publicité pour l’album Dad flashbacks ne montre en couverture que les trois filles ainées. Autre publicité intéressante, pour La mémoire du futur, le Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan et Guerrive, avec Spirou et fantasio se reflétant dans un globe sur fond rouge, dessin bien plus réussi car à la fois plus révélateur et plus intrigant, y compris graphiquement avec ses ombres, que la couverture définitive fourre-tout (sauf Seccotine, pourtant autant si pas plus essentielle que Spirou et Fantasio).
Dans le rédactionnel, Fred Neidhart se révèle un scénariste très rigoureux dans Bienvenue dans mon atelier, à l’opposé de ce que pourrait laisser croire la réputation de fumiste qu’il joue à laisser trainer dans Spirou depuis quelques années, montre une relation forte avec Spirou, « dans l’ADN familial », en dépit de ses parodies et canulars d’apparence irrespectueuse, et annonce une nouvelle histoire des Tuniques bleues toujours avec Lambil. En direct du futur annonce la suite du Soda Résurrection, dix ans après la première partie, attente due au décès de Tome, toujours dessiné par Dan, et scénarisé pour la fin par deux scénaristes vedettes de Spirou période Tinlot, Zidrou et Falzar.
Enfin, L’édito des Fabrice et leur délire verbal, les Jeux de Lerouge, sur « la panique dans un magasin où la bande à Spirou (une multitude de personnages) veut trouver chaussure à son pied» tandis que l’inspecteur mène son enquête, et les témoignages de différents auteurs imaginant d’« inattendus gagne-pain » en marge des Petits métiers méconnus répondent tous à la fantaisie poétique qui baigne ce numéro : en dehors de Lucy Mazel, Carbone et Damien Cerq, qui imaginent des métiers impossibles dans l’esprit de la série, les autres auteurs, Libon, Alfred, Nob, Jousselin, ne font qu’exprimer ce qu’ils font dans leur vie quotidienne, et retranscrivent dans leurs BD (lire ici: https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... os-auteurs)
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... les-livres
En octobre est sorti l’album Les petits métiers méconnus “imaginés par Vincent Zabus, mis en images par » de nombreux dessinateurices, un(e) par histoire. Vincent Zabus expliquait (Spirou 4410) que des histoires courtes lui ont permis de travailler « avec des auteurs qui n’étaient pas disponibles pour un album entier », et c’est Alfred qui a réalisé l’histoire de cette semaine, qui a servi à compléter l’album. Sa couverture pour ce numéro de Spirou est tant romantique que romanesque, pour une des meilleures histoires de cette série née, expliquait Zabus, en 2022 du confinement dû au Covid : une libraire y est « vendeuse d’invendus », insérant à la sauvette des pages de ceux-ci dans des best-sellers, leur donnant une seconde chance inespérée. J’ajoute que travailler avec de multiples auteurices est un procédé qui sied bien au dramaturge et metteur en scène de théatre qu’est aussi Vincent Zabus, qui par ailleurs précisait (Spirou 4349) que sa première émotion en BD a été deux histoires de Spirou de Franquin, fondamentalement dissemblables et pourtant réunies dans le même album, Sur le ring « avec Poildur », et la teintée de racisme (plus exactement de paternalisme) mais foncièrement humaine Chez les pygmées, comme quoi les œuvres mêmes anecdotiques des grands auteurs offrent des ressources inépuisables. D'Alfred, je soulignerai sa façon d’utiliser la couleur comme dessin, qui lui permet entre autres de créer des liens inattendus, comme ici entre deux personnages dont le nez est fait d’un trait rouge, et me permet d’attirer l’attention sur la touchante note de bas de page de la seconde histoire courte du numéro, Plus blanc que blanc de Marc et Pep, de Nicoby, qui rend hommage à Philippe Oiry, son coloriste (et celui de Bouzard, Fabcaro, et bien d’autres, dont son propre fils Pierre Jeanneau pour Connexions, sélectionné à Angoulême), décédé en août dernier. Dans cette histoire des détectives privés, l’enquête n’apparait que dans la dernière page, et n’est de plus en plus dans cette série qu’un révélateur des relations entre les personnages et la société (Marc et Pep sont vus par un responsable de supermarché comme un « petit couple de mecs »). Tout le contraire, et ce serait a priori surprenant selon ce à quoi Dodier nous a habitué, du cinquième chapitre de Perpétuité, l'histoire en cours de JKJ Bloche, qui consiste en la recherche sur cinq pages quasi muettes d’un homme dans un immense maison quasi déserte, structure éminemment angoissante. Mais JKJ Bloche, comme toutes les bonnes séries noires, sait alterner et méler véritable récit et chronique sociale. Si Dodier peut se situer dans la tradition du polar, car ce genre se doit toujours de refléter la société, ce n’est pas le cas du récit d’aventure classique, qui ne marche plus que difficilement au premier degré, mais Fabcaro et Fabrice Erre dépassent dans Décalécatlàn par leur humour la trop souvent vue parodie de l’aventure exotique contaminée par la civilisation. Louca est toujours absent de ce troisième chapitre de La coupe du Griffon, où Bruno Dequier continue à présenter comment les autres personnages ont évolué durant ces années. Faire vieillir les personnages est en effet une des meilleures voies qu’ont trouvées les auteurs de séries d’aventures pour renouveler l’intérêt des lecteurices. La dernière histoire courte du numéro est un Capitaine Anchois où Floris réussit à fourrer dans trois pages piraterie, mythologie antique, arthurienne, et junk food, avec de plus un clin d’œil (volontaire, ou défaut de traduction?) aux jeux de rôle, la wyverne y apparaissant sous ce nom n’étant que le nom anglais ou des jeux de rôle HF de la vouivre.
Dans les gags, le Kid Paddle numéro 742 serait un gag de Game over ne serait l’apparition muette de Kid en dernière case, je me demande ce qui a décidé les auteurs Midam, Venet, Adam et Angèle à en faire un gag de Kid Paddle. Muet aussi le Crash Tex de Dab’s et Gom pour une version dégénérée de Guillaume Tell. Nena et Maria-Paz font une belle planche d’Otaku où les quatre strips sont en plan fixe pour faire ressortir le jeu de mise en page et le gag final, Zimra et Romain Pujol font une version accélérée du vieillissement des personnages dans Psychotine, quant à Ced, Frantz Hofmann et Annelise, ils font un gag de Kahl et Pörth entièrement basé sur le cadrage, réussi car la scène précédant la chute tient en elle-même par les dialogues et le dessin et ne fait pas artificiellement jouée ou étirée uniquement pour amener le gag. Toujours de bons conseils techniques dans La leçon de BD de Marko, amusante parodie de Lucky Luke chez Gary C. Neel de Gorobei et encore Ced, rappel nostalgique du libraire de Animal lecteur ! dans Le strip dont vous êtes la star de Libon et Sergio Salma, et suite de la série de Titan Inc. sur le cynisme rétrograde du capitaine, auquel Paul Martin et Manu Boisteau ajoutent cette semaine celui sardonique de Kata, la DRH. Humour noir dans Fish n chips de Tom, jeux de mots absurdes dans Des gens et inversement de Berth et dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, celui-ci touchant juste sur un des plus importants débats de société actuels. Dans Dad flashbacks de Nob, Roxanne, à peine née, montre déjà sa personnalité ; paradoxe de la BD en magazine : cinq semaines d’attente est long pour qu’un personnage naisse enfin, mais est vraiment court pour une grossesse…Et on ne verra sans doute pas la maman de Bébérénice puisque la publicité pour l’album Dad flashbacks ne montre en couverture que les trois filles ainées. Autre publicité intéressante, pour La mémoire du futur, le Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan et Guerrive, avec Spirou et fantasio se reflétant dans un globe sur fond rouge, dessin bien plus réussi car à la fois plus révélateur et plus intrigant, y compris graphiquement avec ses ombres, que la couverture définitive fourre-tout (sauf Seccotine, pourtant autant si pas plus essentielle que Spirou et Fantasio).
Dans le rédactionnel, Fred Neidhart se révèle un scénariste très rigoureux dans Bienvenue dans mon atelier, à l’opposé de ce que pourrait laisser croire la réputation de fumiste qu’il joue à laisser trainer dans Spirou depuis quelques années, montre une relation forte avec Spirou, « dans l’ADN familial », en dépit de ses parodies et canulars d’apparence irrespectueuse, et annonce une nouvelle histoire des Tuniques bleues toujours avec Lambil. En direct du futur annonce la suite du Soda Résurrection, dix ans après la première partie, attente due au décès de Tome, toujours dessiné par Dan, et scénarisé pour la fin par deux scénaristes vedettes de Spirou période Tinlot, Zidrou et Falzar.
Enfin, L’édito des Fabrice et leur délire verbal, les Jeux de Lerouge, sur « la panique dans un magasin où la bande à Spirou (une multitude de personnages) veut trouver chaussure à son pied» tandis que l’inspecteur mène son enquête, et les témoignages de différents auteurs imaginant d’« inattendus gagne-pain » en marge des Petits métiers méconnus répondent tous à la fantaisie poétique qui baigne ce numéro : en dehors de Lucy Mazel, Carbone et Damien Cerq, qui imaginent des métiers impossibles dans l’esprit de la série, les autres auteurs, Libon, Alfred, Nob, Jousselin, ne font qu’exprimer ce qu’ils font dans leur vie quotidienne, et retranscrivent dans leurs BD (lire ici: https://www.spirou.com/bonus-de-la-reda ... os-auteurs)
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.