Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : lun. 5 août 2024 08:01
Numéro 4501 du 17/07/2024
Ici un aperçu du magazine: https://www.spirou.com/actualites/somma ... inattendue
Pour le début du deuxième épisode de Poltron Minet, Madd signe une belle couverture pastel, lumineuse, et intrigante dans l’opposition entre la mésange bleue réaliste et les animaux anthropomorphisés. L’entretien avec le scénariste Cédric Mayen est lui encore une fois pitoyable:
"Croyez-vous en la capacité de la BD à faire naître espoir ou humanisme chez de jeunes lecteurs ?
Cédric Mayen : Je ne ferais pas de la BD pour enfants sans en être persuadé. Pour moi, il est très important de faire passer des messages à nos jeunes lecteurs. Je ne voudrais pas qu'on puisse penser qu'on cherche à leur mettre en tête des idées politiques de manière détournée. Mon but est surtout de les pousser à réfléchir.
Poltron Minet est un cheval de Troie de vos idées militantes, en vrai !
C.M. Oui et non, car cette nouvelle aventure sera avant tout un prison movie, avec Poltron enfermé dans un étrange laboratoire scientifique... "
C’est un cheval de Troie pour son militantisme, tout en n’en n’étant pas un, bien qu’en en étant un. Il a l’air un peu perdu, ce garçon. D’ailleurs, peut-être que certains se font par sa harangue enfumer, mais on comprend bien que son militantisme est “antifa”, et pas contre tous les totalitarismes, pas contre ceux d’extrême gauche. Pourtant, il fait parler et se comporter les chasseurs comme de vrais beaufs ploucs. Prétendument ouvert et tolérant, mais promeut le racisme de classe https://nouvelles.univ-rennes2.fr/artic ... urs-patois Vraiment paumé, le pauvre. Heureusement qu’il a un éditeur et un dessinateur doués qui peuvent le recadrer dans son scénario et faire de Poltron Minet une intéressante série jeunesse, plus subtile que son discours de présentation.
Fin de Sans penser à demain (en 9ème semaine), troisième long (68 pages) épisode des Cœurs de ferraille, autre série militante symbolique aux
laïus et dialogues de Beka non issus d’un terreau de subtilité, mais sauvée par le terroir et l’engrais du dessin et couleurs de Munuera et Sedyas (ça peut vraiment être pénible et ridicule, hein, les métaphores? “Dans un vrai roman, on reste toujours dans le roman et on ne réclame pas d’être éclairé. Kafka, quant à lui, écrit des choses toutes simples, et cependant tout est d’une beauté extraordinaire, d’un pouvoir particulier de fascination, parce que c’est plein d’un sens singulier. Et plus on lit, plus tout devient plein de sens, sans jamais tomber dans le symbolisme, à Dieu ne plaise, dans l’allégorie.” Alfred Döblin, « Les romans de Kafka » (4 mars 1927), in L’art n’est pas libre, il agit. Écrits sur la littérature (1913- 1948). Traduit de l’allemand et présenté par Michel Vanoosthuyse.)
Fin aussi (en 12ème semaine) de Sedna, long également (72 pages) deuxième épisode des Enquêtes du Lieutenant Bertillon, série où les convictions des auteurices transparaissent aussi, mais dans laquelle l’histoire n’est pas qu’un véhicule pour celles-ci, où les personnages ont de vraies dimensions et les dialogues de Barth et Pomès sont exprimés et pas récités (hormis les délibérées platitudes grandiloquentes de Dylan dans ce dernier chapitre; dans Les cœurs de ferraille, quasi tous les dialogues ont l’air récités). Les auteurs y jouent par ailleurs à fond la carte des rebondissements improbables des feuilletons populaires, et ajoutent des territoires nouveaux au polar ethnographique (ou anthropologique?), genre pourtant bien exploré depuis Tony Hillerman et ses Navajos dans les années 70. Faire des récits bien plus longs que le traditionnel 44 pages permet aux lecteurices du magazine de passer un plus long temps avec elles, de mieux s’y plonger, tout en respectant la désormais nécessaire publication en maxi chapitres.
Discours clichés encore, mais volontairement de la part de Di Gregorio et Barbucci, pour la crise d’adolescence de Sarah, l’une des sœurs Grémillet, en pleine enquête tout aussi fantastique que celle du lieutenant Bertillon, également sur la découverte de soi mais sans passer par le biais policier, et où l’environnement naturel y joue un rôle aussi essentiel (c’est aussi ce qui aplati Les cœurs de ferraille, basé uniquement sur les rapports humains-robots, l’environnement naturel du sud-est américain n’y est pas mis en valeur, l'allégorie y gagnerait pourtant).
Le gag de Kid Paddle de Midam, Patelin, Dairin et Angèle me parle, où son père s’est planté une épine dans le doigt en taillant un buisson venimeux, moi qui me suis cette semaine fait piquer par un frelon en taillant des ronces et, bien qu’allergique, je n’ai pas dû arriver à l’extrémité de m’auto amputer…Le Game over de Midam, Patelin, Adam et BenBK est conçu sur des faux semblants graphiques, la collerette d’un naja en coiffe médiévale, un serpent pris pour une ceinture, et un troisième au corps copie d’une queue de marsupilami (renversement de la situation où c’est lui qui imite un serpent). L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre sur Spirou au lieu de Poltron Minet serait-il un message caché? Dans Annabelle Pirate Rebelle j’apprends par son scénariste Sti que les marins du XVIIIè siècle consommaient force navets (possible, le navet était alors un légume de base, les patates n’étant pas alors consommées en France avant la fin du siècle, à la différence de ce qui se faisait dans les territoires italiens ou germaniques; rigidité française…). Ou est-ce une fantaisie du dessinateur Cédric Ghorbani? De bons gags absurdes sur la subjectivité dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, Des gens et inversement de Berth, et Tash et Trash de Dino, et toujours imaginatif sur la pollution des océans dans Fish n Chips de Cerq et Tom. Mais du même scénariste Damien Cerq, je n’arrive toujours pas à rentrer dans Léon et Léna, car je n’arrive pas à croire à une telle autorité de ces gamins sur les adultes. Par contre, les commentaires de leur Tuto dessiné, par Cerq et Clémence Perrault, sont amusants. Imagination encore, tant dans les historiettes que la mise en scène qui permet aux cultivateurs Paul Martin et Manu Boisteau de rendre toujours fertile le terrain pourtant si labouré de Titan inc. (C’est la semaine des métaphores agricoles, et en haute mer cette fois qui plus est…). Bonne métaphore cette fois, mais visuelle et de saison dans le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet (brochettes et mille-feuilles de pages de Spirou au programme). Dans Dad flashbacks de Nob, la toute jeune Panda était déjà manipulatrice.
Dans le rédactionnel, l’invitée des BD de ma vie est Carbone, autrice jeunesse, scénariste de plusieurs BD publiées chez Dupuis, parues dans Spirou ou non (Rainbows Girls, avec Hélène Canac, des magical girls) et ailleurs, et romancière (ainsi Les secrets de Pandorient, illustré par Myrtille Tournefeuille, dérivé de la BD La boîte à musique, dessinée par Gijé). Elle y est caricaturée par Marko, son dessinateur pour La Brigade des souvenirs (une première histoire publiée dans Spirou, pas les suivantes), et, fidèle, y évoque des auteurices avec qui elle travaille (Julien Monnier, dessinateur des Sauveurs d’esprit, dont une histoire courte est passée dans Spirou, mais pas les histoires longues) ou qu’elle connait (Chaibi Oueslati, autrice d’une biographie d’Oum Kalthoum), ou des auteurices engagées comme Carole Maurel, qui a sorti récemment Bobigny 1972, affaire qui a permis à Gisèle Halimi (sur laquelle deux bios en BD sont aussi sorties l’an dernier, dont une dessinée par Marko justement) de faire dépénaliser l’avortement. En direct du futur est une pub pour un nouveau film de Largo Winch. Le deuxième était sorti 3 ans après le premier, et a moins bien marché, le troisième sort 13 ans plus tard, les producteurs escomptant ce temps pour que les spectateurs aient oublié leur déconvenue.
Les Jeux de Joann et Annie Pastor est un savoureux, inattendu et pertinent cross-over de la famille Marsupilami et de Capitaine Anchois.
Le supplément de Thomas Mathieu d’après Dad est présenté comme un popstatic, il s’agit en fait d’un puzzle multifacettes.
Ici un aperçu du magazine: https://www.spirou.com/actualites/somma ... inattendue
Pour le début du deuxième épisode de Poltron Minet, Madd signe une belle couverture pastel, lumineuse, et intrigante dans l’opposition entre la mésange bleue réaliste et les animaux anthropomorphisés. L’entretien avec le scénariste Cédric Mayen est lui encore une fois pitoyable:
"Croyez-vous en la capacité de la BD à faire naître espoir ou humanisme chez de jeunes lecteurs ?
Cédric Mayen : Je ne ferais pas de la BD pour enfants sans en être persuadé. Pour moi, il est très important de faire passer des messages à nos jeunes lecteurs. Je ne voudrais pas qu'on puisse penser qu'on cherche à leur mettre en tête des idées politiques de manière détournée. Mon but est surtout de les pousser à réfléchir.
Poltron Minet est un cheval de Troie de vos idées militantes, en vrai !
C.M. Oui et non, car cette nouvelle aventure sera avant tout un prison movie, avec Poltron enfermé dans un étrange laboratoire scientifique... "
C’est un cheval de Troie pour son militantisme, tout en n’en n’étant pas un, bien qu’en en étant un. Il a l’air un peu perdu, ce garçon. D’ailleurs, peut-être que certains se font par sa harangue enfumer, mais on comprend bien que son militantisme est “antifa”, et pas contre tous les totalitarismes, pas contre ceux d’extrême gauche. Pourtant, il fait parler et se comporter les chasseurs comme de vrais beaufs ploucs. Prétendument ouvert et tolérant, mais promeut le racisme de classe https://nouvelles.univ-rennes2.fr/artic ... urs-patois Vraiment paumé, le pauvre. Heureusement qu’il a un éditeur et un dessinateur doués qui peuvent le recadrer dans son scénario et faire de Poltron Minet une intéressante série jeunesse, plus subtile que son discours de présentation.
Fin de Sans penser à demain (en 9ème semaine), troisième long (68 pages) épisode des Cœurs de ferraille, autre série militante symbolique aux
laïus et dialogues de Beka non issus d’un terreau de subtilité, mais sauvée par le terroir et l’engrais du dessin et couleurs de Munuera et Sedyas (ça peut vraiment être pénible et ridicule, hein, les métaphores? “Dans un vrai roman, on reste toujours dans le roman et on ne réclame pas d’être éclairé. Kafka, quant à lui, écrit des choses toutes simples, et cependant tout est d’une beauté extraordinaire, d’un pouvoir particulier de fascination, parce que c’est plein d’un sens singulier. Et plus on lit, plus tout devient plein de sens, sans jamais tomber dans le symbolisme, à Dieu ne plaise, dans l’allégorie.” Alfred Döblin, « Les romans de Kafka » (4 mars 1927), in L’art n’est pas libre, il agit. Écrits sur la littérature (1913- 1948). Traduit de l’allemand et présenté par Michel Vanoosthuyse.)
Fin aussi (en 12ème semaine) de Sedna, long également (72 pages) deuxième épisode des Enquêtes du Lieutenant Bertillon, série où les convictions des auteurices transparaissent aussi, mais dans laquelle l’histoire n’est pas qu’un véhicule pour celles-ci, où les personnages ont de vraies dimensions et les dialogues de Barth et Pomès sont exprimés et pas récités (hormis les délibérées platitudes grandiloquentes de Dylan dans ce dernier chapitre; dans Les cœurs de ferraille, quasi tous les dialogues ont l’air récités). Les auteurs y jouent par ailleurs à fond la carte des rebondissements improbables des feuilletons populaires, et ajoutent des territoires nouveaux au polar ethnographique (ou anthropologique?), genre pourtant bien exploré depuis Tony Hillerman et ses Navajos dans les années 70. Faire des récits bien plus longs que le traditionnel 44 pages permet aux lecteurices du magazine de passer un plus long temps avec elles, de mieux s’y plonger, tout en respectant la désormais nécessaire publication en maxi chapitres.
Discours clichés encore, mais volontairement de la part de Di Gregorio et Barbucci, pour la crise d’adolescence de Sarah, l’une des sœurs Grémillet, en pleine enquête tout aussi fantastique que celle du lieutenant Bertillon, également sur la découverte de soi mais sans passer par le biais policier, et où l’environnement naturel y joue un rôle aussi essentiel (c’est aussi ce qui aplati Les cœurs de ferraille, basé uniquement sur les rapports humains-robots, l’environnement naturel du sud-est américain n’y est pas mis en valeur, l'allégorie y gagnerait pourtant).
Le gag de Kid Paddle de Midam, Patelin, Dairin et Angèle me parle, où son père s’est planté une épine dans le doigt en taillant un buisson venimeux, moi qui me suis cette semaine fait piquer par un frelon en taillant des ronces et, bien qu’allergique, je n’ai pas dû arriver à l’extrémité de m’auto amputer…Le Game over de Midam, Patelin, Adam et BenBK est conçu sur des faux semblants graphiques, la collerette d’un naja en coiffe médiévale, un serpent pris pour une ceinture, et un troisième au corps copie d’une queue de marsupilami (renversement de la situation où c’est lui qui imite un serpent). L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre sur Spirou au lieu de Poltron Minet serait-il un message caché? Dans Annabelle Pirate Rebelle j’apprends par son scénariste Sti que les marins du XVIIIè siècle consommaient force navets (possible, le navet était alors un légume de base, les patates n’étant pas alors consommées en France avant la fin du siècle, à la différence de ce qui se faisait dans les territoires italiens ou germaniques; rigidité française…). Ou est-ce une fantaisie du dessinateur Cédric Ghorbani? De bons gags absurdes sur la subjectivité dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, Des gens et inversement de Berth, et Tash et Trash de Dino, et toujours imaginatif sur la pollution des océans dans Fish n Chips de Cerq et Tom. Mais du même scénariste Damien Cerq, je n’arrive toujours pas à rentrer dans Léon et Léna, car je n’arrive pas à croire à une telle autorité de ces gamins sur les adultes. Par contre, les commentaires de leur Tuto dessiné, par Cerq et Clémence Perrault, sont amusants. Imagination encore, tant dans les historiettes que la mise en scène qui permet aux cultivateurs Paul Martin et Manu Boisteau de rendre toujours fertile le terrain pourtant si labouré de Titan inc. (C’est la semaine des métaphores agricoles, et en haute mer cette fois qui plus est…). Bonne métaphore cette fois, mais visuelle et de saison dans le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet (brochettes et mille-feuilles de pages de Spirou au programme). Dans Dad flashbacks de Nob, la toute jeune Panda était déjà manipulatrice.
Dans le rédactionnel, l’invitée des BD de ma vie est Carbone, autrice jeunesse, scénariste de plusieurs BD publiées chez Dupuis, parues dans Spirou ou non (Rainbows Girls, avec Hélène Canac, des magical girls) et ailleurs, et romancière (ainsi Les secrets de Pandorient, illustré par Myrtille Tournefeuille, dérivé de la BD La boîte à musique, dessinée par Gijé). Elle y est caricaturée par Marko, son dessinateur pour La Brigade des souvenirs (une première histoire publiée dans Spirou, pas les suivantes), et, fidèle, y évoque des auteurices avec qui elle travaille (Julien Monnier, dessinateur des Sauveurs d’esprit, dont une histoire courte est passée dans Spirou, mais pas les histoires longues) ou qu’elle connait (Chaibi Oueslati, autrice d’une biographie d’Oum Kalthoum), ou des auteurices engagées comme Carole Maurel, qui a sorti récemment Bobigny 1972, affaire qui a permis à Gisèle Halimi (sur laquelle deux bios en BD sont aussi sorties l’an dernier, dont une dessinée par Marko justement) de faire dépénaliser l’avortement. En direct du futur est une pub pour un nouveau film de Largo Winch. Le deuxième était sorti 3 ans après le premier, et a moins bien marché, le troisième sort 13 ans plus tard, les producteurs escomptant ce temps pour que les spectateurs aient oublié leur déconvenue.
Les Jeux de Joann et Annie Pastor est un savoureux, inattendu et pertinent cross-over de la famille Marsupilami et de Capitaine Anchois.
Le supplément de Thomas Mathieu d’après Dad est présenté comme un popstatic, il s’agit en fait d’un puzzle multifacettes.