Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4501 du 17/07/2024
Ici un aperçu du magazine: https://www.spirou.com/actualites/somma ... inattendue
Pour le début du deuxième épisode de Poltron Minet, Madd signe une belle couverture pastel, lumineuse, et intrigante dans l’opposition entre la mésange bleue réaliste et les animaux anthropomorphisés. L’entretien avec le scénariste Cédric Mayen est lui encore une fois pitoyable:
"Croyez-vous en la capacité de la BD à faire naître espoir ou humanisme chez de jeunes lecteurs ?
Cédric Mayen : Je ne ferais pas de la BD pour enfants sans en être persuadé. Pour moi, il est très important de faire passer des messages à nos jeunes lecteurs. Je ne voudrais pas qu'on puisse penser qu'on cherche à leur mettre en tête des idées politiques de manière détournée. Mon but est surtout de les pousser à réfléchir.
Poltron Minet est un cheval de Troie de vos idées militantes, en vrai !
C.M. Oui et non, car cette nouvelle aventure sera avant tout un prison movie, avec Poltron enfermé dans un étrange laboratoire scientifique... "
C’est un cheval de Troie pour son militantisme, tout en n’en n’étant pas un, bien qu’en en étant un. Il a l’air un peu perdu, ce garçon. D’ailleurs, peut-être que certains se font par sa harangue enfumer, mais on comprend bien que son militantisme est “antifa”, et pas contre tous les totalitarismes, pas contre ceux d’extrême gauche. Pourtant, il fait parler et se comporter les chasseurs comme de vrais beaufs ploucs. Prétendument ouvert et tolérant, mais promeut le racisme de classe https://nouvelles.univ-rennes2.fr/artic ... urs-patois Vraiment paumé, le pauvre. Heureusement qu’il a un éditeur et un dessinateur doués qui peuvent le recadrer dans son scénario et faire de Poltron Minet une intéressante série jeunesse, plus subtile que son discours de présentation.
Fin de Sans penser à demain (en 9ème semaine), troisième long (68 pages) épisode des Cœurs de ferraille, autre série militante symbolique aux
laïus et dialogues de Beka non issus d’un terreau de subtilité, mais sauvée par le terroir et l’engrais du dessin et couleurs de Munuera et Sedyas (ça peut vraiment être pénible et ridicule, hein, les métaphores? “Dans un vrai roman, on reste toujours dans le roman et on ne réclame pas d’être éclairé. Kafka, quant à lui, écrit des choses toutes simples, et cependant tout est d’une beauté extraordinaire, d’un pouvoir particulier de fascination, parce que c’est plein d’un sens singulier. Et plus on lit, plus tout devient plein de sens, sans jamais tomber dans le symbolisme, à Dieu ne plaise, dans l’allégorie.” Alfred Döblin, « Les romans de Kafka » (4 mars 1927), in L’art n’est pas libre, il agit. Écrits sur la littérature (1913- 1948). Traduit de l’allemand et présenté par Michel Vanoosthuyse.)
Fin aussi (en 12ème semaine) de Sedna, long également (72 pages) deuxième épisode des Enquêtes du Lieutenant Bertillon, série où les convictions des auteurices transparaissent aussi, mais dans laquelle l’histoire n’est pas qu’un véhicule pour celles-ci, où les personnages ont de vraies dimensions et les dialogues de Barth et Pomès sont exprimés et pas récités (hormis les délibérées platitudes grandiloquentes de Dylan dans ce dernier chapitre; dans Les cœurs de ferraille, quasi tous les dialogues ont l’air récités). Les auteurs y jouent par ailleurs à fond la carte des rebondissements improbables des feuilletons populaires, et ajoutent des territoires nouveaux au polar ethnographique (ou anthropologique?), genre pourtant bien exploré depuis Tony Hillerman et ses Navajos dans les années 70. Faire des récits bien plus longs que le traditionnel 44 pages permet aux lecteurices du magazine de passer un plus long temps avec elles, de mieux s’y plonger, tout en respectant la désormais nécessaire publication en maxi chapitres.
Discours clichés encore, mais volontairement de la part de Di Gregorio et Barbucci, pour la crise d’adolescence de Sarah, l’une des sœurs Grémillet, en pleine enquête tout aussi fantastique que celle du lieutenant Bertillon, également sur la découverte de soi mais sans passer par le biais policier, et où l’environnement naturel y joue un rôle aussi essentiel (c’est aussi ce qui aplati Les cœurs de ferraille, basé uniquement sur les rapports humains-robots, l’environnement naturel du sud-est américain n’y est pas mis en valeur, l'allégorie y gagnerait pourtant).
Le gag de Kid Paddle de Midam, Patelin, Dairin et Angèle me parle, où son père s’est planté une épine dans le doigt en taillant un buisson venimeux, moi qui me suis cette semaine fait piquer par un frelon en taillant des ronces et, bien qu’allergique, je n’ai pas dû arriver à l’extrémité de m’auto amputer…Le Game over de Midam, Patelin, Adam et BenBK est conçu sur des faux semblants graphiques, la collerette d’un naja en coiffe médiévale, un serpent pris pour une ceinture, et un troisième au corps copie d’une queue de marsupilami (renversement de la situation où c’est lui qui imite un serpent). L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre sur Spirou au lieu de Poltron Minet serait-il un message caché? Dans Annabelle Pirate Rebelle j’apprends par son scénariste Sti que les marins du XVIIIè siècle consommaient force navets (possible, le navet était alors un légume de base, les patates n’étant pas alors consommées en France avant la fin du siècle, à la différence de ce qui se faisait dans les territoires italiens ou germaniques; rigidité française…). Ou est-ce une fantaisie du dessinateur Cédric Ghorbani? De bons gags absurdes sur la subjectivité dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, Des gens et inversement de Berth, et Tash et Trash de Dino, et toujours imaginatif sur la pollution des océans dans Fish n Chips de Cerq et Tom. Mais du même scénariste Damien Cerq, je n’arrive toujours pas à rentrer dans Léon et Léna, car je n’arrive pas à croire à une telle autorité de ces gamins sur les adultes. Par contre, les commentaires de leur Tuto dessiné, par Cerq et Clémence Perrault, sont amusants. Imagination encore, tant dans les historiettes que la mise en scène qui permet aux cultivateurs Paul Martin et Manu Boisteau de rendre toujours fertile le terrain pourtant si labouré de Titan inc. (C’est la semaine des métaphores agricoles, et en haute mer cette fois qui plus est…). Bonne métaphore cette fois, mais visuelle et de saison dans le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet (brochettes et mille-feuilles de pages de Spirou au programme). Dans Dad flashbacks de Nob, la toute jeune Panda était déjà manipulatrice.
Dans le rédactionnel, l’invitée des BD de ma vie est Carbone, autrice jeunesse, scénariste de plusieurs BD publiées chez Dupuis, parues dans Spirou ou non (Rainbows Girls, avec Hélène Canac, des magical girls) et ailleurs, et romancière (ainsi Les secrets de Pandorient, illustré par Myrtille Tournefeuille, dérivé de la BD La boîte à musique, dessinée par Gijé). Elle y est caricaturée par Marko, son dessinateur pour La Brigade des souvenirs (une première histoire publiée dans Spirou, pas les suivantes), et, fidèle, y évoque des auteurices avec qui elle travaille (Julien Monnier, dessinateur des Sauveurs d’esprit, dont une histoire courte est passée dans Spirou, mais pas les histoires longues) ou qu’elle connait (Chaibi Oueslati, autrice d’une biographie d’Oum Kalthoum), ou des auteurices engagées comme Carole Maurel, qui a sorti récemment Bobigny 1972, affaire qui a permis à Gisèle Halimi (sur laquelle deux bios en BD sont aussi sorties l’an dernier, dont une dessinée par Marko justement) de faire dépénaliser l’avortement. En direct du futur est une pub pour un nouveau film de Largo Winch. Le deuxième était sorti 3 ans après le premier, et a moins bien marché, le troisième sort 13 ans plus tard, les producteurs escomptant ce temps pour que les spectateurs aient oublié leur déconvenue.
Les Jeux de Joann et Annie Pastor est un savoureux, inattendu et pertinent cross-over de la famille Marsupilami et de Capitaine Anchois.
Le supplément de Thomas Mathieu d’après Dad est présenté comme un popstatic, il s’agit en fait d’un puzzle multifacettes.
Ici un aperçu du magazine: https://www.spirou.com/actualites/somma ... inattendue
Pour le début du deuxième épisode de Poltron Minet, Madd signe une belle couverture pastel, lumineuse, et intrigante dans l’opposition entre la mésange bleue réaliste et les animaux anthropomorphisés. L’entretien avec le scénariste Cédric Mayen est lui encore une fois pitoyable:
"Croyez-vous en la capacité de la BD à faire naître espoir ou humanisme chez de jeunes lecteurs ?
Cédric Mayen : Je ne ferais pas de la BD pour enfants sans en être persuadé. Pour moi, il est très important de faire passer des messages à nos jeunes lecteurs. Je ne voudrais pas qu'on puisse penser qu'on cherche à leur mettre en tête des idées politiques de manière détournée. Mon but est surtout de les pousser à réfléchir.
Poltron Minet est un cheval de Troie de vos idées militantes, en vrai !
C.M. Oui et non, car cette nouvelle aventure sera avant tout un prison movie, avec Poltron enfermé dans un étrange laboratoire scientifique... "
C’est un cheval de Troie pour son militantisme, tout en n’en n’étant pas un, bien qu’en en étant un. Il a l’air un peu perdu, ce garçon. D’ailleurs, peut-être que certains se font par sa harangue enfumer, mais on comprend bien que son militantisme est “antifa”, et pas contre tous les totalitarismes, pas contre ceux d’extrême gauche. Pourtant, il fait parler et se comporter les chasseurs comme de vrais beaufs ploucs. Prétendument ouvert et tolérant, mais promeut le racisme de classe https://nouvelles.univ-rennes2.fr/artic ... urs-patois Vraiment paumé, le pauvre. Heureusement qu’il a un éditeur et un dessinateur doués qui peuvent le recadrer dans son scénario et faire de Poltron Minet une intéressante série jeunesse, plus subtile que son discours de présentation.
Fin de Sans penser à demain (en 9ème semaine), troisième long (68 pages) épisode des Cœurs de ferraille, autre série militante symbolique aux
laïus et dialogues de Beka non issus d’un terreau de subtilité, mais sauvée par le terroir et l’engrais du dessin et couleurs de Munuera et Sedyas (ça peut vraiment être pénible et ridicule, hein, les métaphores? “Dans un vrai roman, on reste toujours dans le roman et on ne réclame pas d’être éclairé. Kafka, quant à lui, écrit des choses toutes simples, et cependant tout est d’une beauté extraordinaire, d’un pouvoir particulier de fascination, parce que c’est plein d’un sens singulier. Et plus on lit, plus tout devient plein de sens, sans jamais tomber dans le symbolisme, à Dieu ne plaise, dans l’allégorie.” Alfred Döblin, « Les romans de Kafka » (4 mars 1927), in L’art n’est pas libre, il agit. Écrits sur la littérature (1913- 1948). Traduit de l’allemand et présenté par Michel Vanoosthuyse.)
Fin aussi (en 12ème semaine) de Sedna, long également (72 pages) deuxième épisode des Enquêtes du Lieutenant Bertillon, série où les convictions des auteurices transparaissent aussi, mais dans laquelle l’histoire n’est pas qu’un véhicule pour celles-ci, où les personnages ont de vraies dimensions et les dialogues de Barth et Pomès sont exprimés et pas récités (hormis les délibérées platitudes grandiloquentes de Dylan dans ce dernier chapitre; dans Les cœurs de ferraille, quasi tous les dialogues ont l’air récités). Les auteurs y jouent par ailleurs à fond la carte des rebondissements improbables des feuilletons populaires, et ajoutent des territoires nouveaux au polar ethnographique (ou anthropologique?), genre pourtant bien exploré depuis Tony Hillerman et ses Navajos dans les années 70. Faire des récits bien plus longs que le traditionnel 44 pages permet aux lecteurices du magazine de passer un plus long temps avec elles, de mieux s’y plonger, tout en respectant la désormais nécessaire publication en maxi chapitres.
Discours clichés encore, mais volontairement de la part de Di Gregorio et Barbucci, pour la crise d’adolescence de Sarah, l’une des sœurs Grémillet, en pleine enquête tout aussi fantastique que celle du lieutenant Bertillon, également sur la découverte de soi mais sans passer par le biais policier, et où l’environnement naturel y joue un rôle aussi essentiel (c’est aussi ce qui aplati Les cœurs de ferraille, basé uniquement sur les rapports humains-robots, l’environnement naturel du sud-est américain n’y est pas mis en valeur, l'allégorie y gagnerait pourtant).
Le gag de Kid Paddle de Midam, Patelin, Dairin et Angèle me parle, où son père s’est planté une épine dans le doigt en taillant un buisson venimeux, moi qui me suis cette semaine fait piquer par un frelon en taillant des ronces et, bien qu’allergique, je n’ai pas dû arriver à l’extrémité de m’auto amputer…Le Game over de Midam, Patelin, Adam et BenBK est conçu sur des faux semblants graphiques, la collerette d’un naja en coiffe médiévale, un serpent pris pour une ceinture, et un troisième au corps copie d’une queue de marsupilami (renversement de la situation où c’est lui qui imite un serpent). L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre sur Spirou au lieu de Poltron Minet serait-il un message caché? Dans Annabelle Pirate Rebelle j’apprends par son scénariste Sti que les marins du XVIIIè siècle consommaient force navets (possible, le navet était alors un légume de base, les patates n’étant pas alors consommées en France avant la fin du siècle, à la différence de ce qui se faisait dans les territoires italiens ou germaniques; rigidité française…). Ou est-ce une fantaisie du dessinateur Cédric Ghorbani? De bons gags absurdes sur la subjectivité dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, Des gens et inversement de Berth, et Tash et Trash de Dino, et toujours imaginatif sur la pollution des océans dans Fish n Chips de Cerq et Tom. Mais du même scénariste Damien Cerq, je n’arrive toujours pas à rentrer dans Léon et Léna, car je n’arrive pas à croire à une telle autorité de ces gamins sur les adultes. Par contre, les commentaires de leur Tuto dessiné, par Cerq et Clémence Perrault, sont amusants. Imagination encore, tant dans les historiettes que la mise en scène qui permet aux cultivateurs Paul Martin et Manu Boisteau de rendre toujours fertile le terrain pourtant si labouré de Titan inc. (C’est la semaine des métaphores agricoles, et en haute mer cette fois qui plus est…). Bonne métaphore cette fois, mais visuelle et de saison dans le Bon d’abonnement de Cromheecke et Thiriet (brochettes et mille-feuilles de pages de Spirou au programme). Dans Dad flashbacks de Nob, la toute jeune Panda était déjà manipulatrice.
Dans le rédactionnel, l’invitée des BD de ma vie est Carbone, autrice jeunesse, scénariste de plusieurs BD publiées chez Dupuis, parues dans Spirou ou non (Rainbows Girls, avec Hélène Canac, des magical girls) et ailleurs, et romancière (ainsi Les secrets de Pandorient, illustré par Myrtille Tournefeuille, dérivé de la BD La boîte à musique, dessinée par Gijé). Elle y est caricaturée par Marko, son dessinateur pour La Brigade des souvenirs (une première histoire publiée dans Spirou, pas les suivantes), et, fidèle, y évoque des auteurices avec qui elle travaille (Julien Monnier, dessinateur des Sauveurs d’esprit, dont une histoire courte est passée dans Spirou, mais pas les histoires longues) ou qu’elle connait (Chaibi Oueslati, autrice d’une biographie d’Oum Kalthoum), ou des auteurices engagées comme Carole Maurel, qui a sorti récemment Bobigny 1972, affaire qui a permis à Gisèle Halimi (sur laquelle deux bios en BD sont aussi sorties l’an dernier, dont une dessinée par Marko justement) de faire dépénaliser l’avortement. En direct du futur est une pub pour un nouveau film de Largo Winch. Le deuxième était sorti 3 ans après le premier, et a moins bien marché, le troisième sort 13 ans plus tard, les producteurs escomptant ce temps pour que les spectateurs aient oublié leur déconvenue.
Les Jeux de Joann et Annie Pastor est un savoureux, inattendu et pertinent cross-over de la famille Marsupilami et de Capitaine Anchois.
Le supplément de Thomas Mathieu d’après Dad est présenté comme un popstatic, il s’agit en fait d’un puzzle multifacettes.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4502 du 24/07/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... special-jo
Encore un numéro sur les JO, parce qu’ils se passent à Paris. Aura-t-on toute une année de numéros spéciaux JO lorsque ceux-ci se tiendront à Marcinelle?
Sur la couverture de Munuera, le marsupilami devant la Tour Eiffel, porteur de la mascotte des jeux, un bonnet phrygien, symbolise-t-il des jeux républicains? Il annonce aussi Marsu aux J.O., un reportage écrit de Maxime Gillio (auteur de polar dunkerquois, comme Alain Dodier, dont le héros est le capitaine Dacié, comme Marc Dacier, auteur prédestiné à écrire dans Spirou donc) illustré par Munuera. Le Marsupilami avait déjà perturbé des attractions sportives à Champignac, en 1970, sous le pinceau de Franquin. Et justement, l’une des historiettes de ce reportage reprend textuellement une phrase d’une des planches de Franquin, sans indiquer l’auteur, ni même que c’est un emprunt (peu délicat). Le marsupilami est par ailleurs présent dans une autre histoire, une courte BD intitulée La chasse, qui n’a aucun rapport avec le thème du numéro (même si la chasse est considérée par certains comme un sport, elle n’est pas une discipline olympique. Dommage, cela provoquerait des remous bien plus forts que la cérémonie d’ouverture des JO de cette année…). L’histoire des Beka, une nouvelle confrontation entre Bring M. Backalive et un marsupilami sans nouveau gags (reprise de la branche tendue en catapulte) et la voix-off décalque des discours de monsieur Mégot, le prof de gym du Petit Spirou, n’ont pas d’intérêt, mais le dessin de Marko, avec les décors simplement esquissés, noyés dans une masse de dégradés verts, à l’opposé de la luxuriance de la jungle de Franquin, et les personnages simplifiés, dans la technique de Benjamin Renner, sont expressifs et dynamiques.
Les Fabrice, bien qu’ayant une fois de plus démontré leur incompétence dans L’Édito, sont envoyé en reportage sur les JO, celui-ci est calamiteux évidemment. Les couleurs de Sandrine Greff, en nuanciers de rouge et bleu, font bien ressortir la succession des situations. De nouveaux venus dans le journal, qui ont réalisé ensemble Sven et Tanka (un viking et un indien, album jeunesse chez Dupuis), Rémy Benjamin au scénario et Brice Follet (encore un dessinateur homonyme chez Spirou…) aux dessin et couleurs, deux historiettes sur le thème des JO et de la tolérance à la différence, mais qui autrement n’ont rien à voir: Pépé olympique, dans l’esprit du sport, avec la Tour Eiffel en fond, au dessin Marcinelle simplifié, et Le tournoi galactique, plus gag, dans l’espace, au dessin Marcinelle plus nerveux. L’important, c’est de ne pas zapper, une double page gag de Bernstein, Bercovici et Dominique Thomas (couleurs) sur des sportifs en pantoufles qui ont revêtu une tenue de sport, et Le message, de Sti, aussi sur les sportifs en chambre, témoigne de la sédentarité légendaire des auteurs de BD, à laquelle Morgan Di Salvia, rédacteur en chef et coach, Bernstein, et Julien Marlière, photo-monteur, ont décidé de remédier dans un roman-photo mettant en scène la rédaction intitulé Le Running…Gag! (au sens propre donc). Le moustachu de la rédaction apparu dans le numéro 4498/99 et qui m’était inconnu serait donc Julien Marlière, indiqué dans l’ours comme graphiste. J’ai un problème avec les romans photos, statiques par le fait que les dessins de BD doivent être conçus dans un ensemble narratif, ce qu’une photo ne peut pas faire, et le fait que les acteurs surjouent pour compenser cette absence de dynamisme n’arrange rien. Enfin, un quiz, illustré par Midam, pour déterminer si on est “plutôt cardio ou muscu”. Selon moi, c’est un test, pas un quiz, m’enfin…
Les séries habituelles sont aussi sur le thème des JO: Kid Paddle, de Midam, Dairin et Angèle (“Rome et ses fameux combats de radiateurs" m’ont fait bien rire. Évidemment, c’est moins drôle hors contexte). Willy Woob, de Bernstein et Moog, et ses jeux de mots douteux et rafraichissants sur les compétitions sportives, ce sont les JO de la candeur. Deux gags de Crash Tex, de Dab’s et Gom, dont un sur le kayak, attendu mais amusant dans sa mise en forme (le kayak jaune qui, écrasé sur et par un rocher, se déforme en banane). Dad flashbacks de Nob et les jeux de plage, “champion olympique de la flemme” . Tash et Trash de Dino, Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, sur un match entre cigales et fourmis, Des gens et inversement de Berth, sur la discipline de contre-plongée, Fish n chips de Cerq et Tom, jeu de filet (de pêche), le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, Spoirou et Fantasperge de Sti, qui ont reçu une médaille d’or et une d’argent, ce qui les met aux places 1-3, et enfin des Jeux ©Studio Peyo sur les Schtroumpfs aux Jeux olympiques™, et Bienvenue dans ma compétition, sur l’autrice allemande Zelba (plusieurs ouvrage publiés en français), qui a gagné un titre mondial en aviron avant de passer à la BD, où elle estime que la réussite est plus difficile car “le mental ne suffit pas”, assertion qui porte un coup à la légende précitée.
Dans les (à suivre), Poltron Minet arrive prisonnier dans un laboratoire pharmaceutique, où il rencontre un rat brun, mais noir d’esprit (est-ce lui qui est censé être inspiré d’Anthracite, l’ennemi de Chlorophylle de Macherot?). Problème de scénario à priori: tous les animaux parlant communiquent entre eux, ce qui passerait en tant que convention scénaristique, comme les personnages globe-trotter qui savent parler toutes les langues, mais ici c’est voulu être justifié scientifiquement sous le terme de communication interespèces, qui ne fonctionne pas du tout ainsi. Peut-être l’explication viendra-t-elle plus tard (même si l’album est déjà paru, je joue le jeu de la lecture hebdomadaire). Séquence de transition pour les Sœurs Grémillet, qui explorent le parc néo-classique de la villa, durant les ultimes préparatifs du mariage.
Enfin, dans La leçon de BD, Dutreix donne de bons conseils sur la gestion de la mise en page, et sur l’utilisation et l’importance des informations données dans une BD, du point de vue de l’histoire, et En direct du futur annonce une nouvelle histoire (à suivre) des Cavaliers de l’apocadispe, de Libon.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... special-jo
Encore un numéro sur les JO, parce qu’ils se passent à Paris. Aura-t-on toute une année de numéros spéciaux JO lorsque ceux-ci se tiendront à Marcinelle?
Sur la couverture de Munuera, le marsupilami devant la Tour Eiffel, porteur de la mascotte des jeux, un bonnet phrygien, symbolise-t-il des jeux républicains? Il annonce aussi Marsu aux J.O., un reportage écrit de Maxime Gillio (auteur de polar dunkerquois, comme Alain Dodier, dont le héros est le capitaine Dacié, comme Marc Dacier, auteur prédestiné à écrire dans Spirou donc) illustré par Munuera. Le Marsupilami avait déjà perturbé des attractions sportives à Champignac, en 1970, sous le pinceau de Franquin. Et justement, l’une des historiettes de ce reportage reprend textuellement une phrase d’une des planches de Franquin, sans indiquer l’auteur, ni même que c’est un emprunt (peu délicat). Le marsupilami est par ailleurs présent dans une autre histoire, une courte BD intitulée La chasse, qui n’a aucun rapport avec le thème du numéro (même si la chasse est considérée par certains comme un sport, elle n’est pas une discipline olympique. Dommage, cela provoquerait des remous bien plus forts que la cérémonie d’ouverture des JO de cette année…). L’histoire des Beka, une nouvelle confrontation entre Bring M. Backalive et un marsupilami sans nouveau gags (reprise de la branche tendue en catapulte) et la voix-off décalque des discours de monsieur Mégot, le prof de gym du Petit Spirou, n’ont pas d’intérêt, mais le dessin de Marko, avec les décors simplement esquissés, noyés dans une masse de dégradés verts, à l’opposé de la luxuriance de la jungle de Franquin, et les personnages simplifiés, dans la technique de Benjamin Renner, sont expressifs et dynamiques.
Les Fabrice, bien qu’ayant une fois de plus démontré leur incompétence dans L’Édito, sont envoyé en reportage sur les JO, celui-ci est calamiteux évidemment. Les couleurs de Sandrine Greff, en nuanciers de rouge et bleu, font bien ressortir la succession des situations. De nouveaux venus dans le journal, qui ont réalisé ensemble Sven et Tanka (un viking et un indien, album jeunesse chez Dupuis), Rémy Benjamin au scénario et Brice Follet (encore un dessinateur homonyme chez Spirou…) aux dessin et couleurs, deux historiettes sur le thème des JO et de la tolérance à la différence, mais qui autrement n’ont rien à voir: Pépé olympique, dans l’esprit du sport, avec la Tour Eiffel en fond, au dessin Marcinelle simplifié, et Le tournoi galactique, plus gag, dans l’espace, au dessin Marcinelle plus nerveux. L’important, c’est de ne pas zapper, une double page gag de Bernstein, Bercovici et Dominique Thomas (couleurs) sur des sportifs en pantoufles qui ont revêtu une tenue de sport, et Le message, de Sti, aussi sur les sportifs en chambre, témoigne de la sédentarité légendaire des auteurs de BD, à laquelle Morgan Di Salvia, rédacteur en chef et coach, Bernstein, et Julien Marlière, photo-monteur, ont décidé de remédier dans un roman-photo mettant en scène la rédaction intitulé Le Running…Gag! (au sens propre donc). Le moustachu de la rédaction apparu dans le numéro 4498/99 et qui m’était inconnu serait donc Julien Marlière, indiqué dans l’ours comme graphiste. J’ai un problème avec les romans photos, statiques par le fait que les dessins de BD doivent être conçus dans un ensemble narratif, ce qu’une photo ne peut pas faire, et le fait que les acteurs surjouent pour compenser cette absence de dynamisme n’arrange rien. Enfin, un quiz, illustré par Midam, pour déterminer si on est “plutôt cardio ou muscu”. Selon moi, c’est un test, pas un quiz, m’enfin…
Les séries habituelles sont aussi sur le thème des JO: Kid Paddle, de Midam, Dairin et Angèle (“Rome et ses fameux combats de radiateurs" m’ont fait bien rire. Évidemment, c’est moins drôle hors contexte). Willy Woob, de Bernstein et Moog, et ses jeux de mots douteux et rafraichissants sur les compétitions sportives, ce sont les JO de la candeur. Deux gags de Crash Tex, de Dab’s et Gom, dont un sur le kayak, attendu mais amusant dans sa mise en forme (le kayak jaune qui, écrasé sur et par un rocher, se déforme en banane). Dad flashbacks de Nob et les jeux de plage, “champion olympique de la flemme” . Tash et Trash de Dino, Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, sur un match entre cigales et fourmis, Des gens et inversement de Berth, sur la discipline de contre-plongée, Fish n chips de Cerq et Tom, jeu de filet (de pêche), le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, Spoirou et Fantasperge de Sti, qui ont reçu une médaille d’or et une d’argent, ce qui les met aux places 1-3, et enfin des Jeux ©Studio Peyo sur les Schtroumpfs aux Jeux olympiques™, et Bienvenue dans ma compétition, sur l’autrice allemande Zelba (plusieurs ouvrage publiés en français), qui a gagné un titre mondial en aviron avant de passer à la BD, où elle estime que la réussite est plus difficile car “le mental ne suffit pas”, assertion qui porte un coup à la légende précitée.
Dans les (à suivre), Poltron Minet arrive prisonnier dans un laboratoire pharmaceutique, où il rencontre un rat brun, mais noir d’esprit (est-ce lui qui est censé être inspiré d’Anthracite, l’ennemi de Chlorophylle de Macherot?). Problème de scénario à priori: tous les animaux parlant communiquent entre eux, ce qui passerait en tant que convention scénaristique, comme les personnages globe-trotter qui savent parler toutes les langues, mais ici c’est voulu être justifié scientifiquement sous le terme de communication interespèces, qui ne fonctionne pas du tout ainsi. Peut-être l’explication viendra-t-elle plus tard (même si l’album est déjà paru, je joue le jeu de la lecture hebdomadaire). Séquence de transition pour les Sœurs Grémillet, qui explorent le parc néo-classique de la villa, durant les ultimes préparatifs du mariage.
Enfin, dans La leçon de BD, Dutreix donne de bons conseils sur la gestion de la mise en page, et sur l’utilisation et l’importance des informations données dans une BD, du point de vue de l’histoire, et En direct du futur annonce une nouvelle histoire (à suivre) des Cavaliers de l’apocadispe, de Libon.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
-
- Maître Spiroutiste
- Messages : 1661
- Enregistré le : ven. 13 déc. 2019 13:46
Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4503 du 31/07/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... sieme-fish
Bonne couverture de Midam, son petit barbare dans un sous-marin zoomorphe, provoquant la surprise du modèle comme de la copie. On retrouve dispersés dans ce numéro trois gags de Game over, signés Midam, Benz ou Patelin au scénario, Midam et Adam au dessin, et Angèle aux couleurs, dont deux en deux pages, dont un présentant des robots d’apparence déglinguée qui pourraient être issus du pinceau de Bottaro, qui se recomposent dans un dessin pleine page en un monstrueux cyber dont j’ai du mal à identifier l’origine, ni vraiment japonaise, ni vraiment étatsunienne, une chimère réussie. Les Jeux de Romain Garouste présentent le petit barbare et sa princesse dans un paysage désertique traversé de fleuves de lave, Spirou et Fantasperge de Sti font appel pour résoudre le Mystère de la page 13 à Jérôme K. Jérôme Blork, Cromheecke et Thiriet illustrent le jeu World of abonnement, et les Fabrice en profitent pour construire un Tetris 3D grandeur nature, ce qui ne signifie rien pour ce jeu vidéo, mais leur permet d’élever un mur de briques colorées (par une secrétaire de rédaction aux cheveux gris, et par Sandrine Greff en réalité).
Le fait qu’il n’y ait que deux séries (à suivre) dans ce numéro a permis la plaisante surprise d’y trouver plusieurs histoires courtes. Une de Raowl, superbement mise en scène par Tebo sur une double page, sur le sujet de “Comment faire le ménage en s’amusant?”, et la double planche est découpée en trois zones s’interpénétrant, une sur fond rose, avec des empilements de vaisselle grise et moisie, rappelant eux aussi les robots de Bottaro, une autre sur fond blanc, noyée sous la mousse des produits vaisselle, et une autre sur fond bleu, Raowl et son apprenti plongeant pour déboucher l’évier. Une enquête de Marc et Pep, de Nicoby et Ory, qui se présente délibérément comme une énigme à résoudre, Marc interpellant le lecteur sur 3 preuves à trouver, mais ces quatre pages exposent un autre niveau de lecture sur les préjugés sociaux, pour se conclure comme souvent sur un jeu de mots jouant sur les apparences, bien dans l’esprit de l’enquête. Six pages pour la 14è histoire des Petits métiers méconnus de Vincent Zabus, cette fois très joliment mise en scène et en couleurs (remarquables, faisant partie du dessin et de la mise en page) par Charles Berberian. Pour une fois, ce petit métier ne préexiste pas à l’histoire mais s’y créé, c'est un guide du musée des anonymes, consacré aux objets retraçant la vie des gens ordinaires, La vie mode d’emploi de Perec y figurant en bonne place. Enfin, quatre pages réussies des Histoires naturelles de Fred Bernard et Thomas Baas, le sujet des espèces endémiques s’accordant parfaitement au cadre choisi des gorges de Daluis, dans les Alpes-Maritimes, pour présenter ces espèces discrètes et menacées. Pour info, le nombre cité de 100 espèces disparaissant en moyenne chaque jour, controversé, vient du Programme des Nations Unies pour l’environnement https://www.un.org/french/pubs/chroniqu ... agile.html
Pour le reste, d’amusants gags de Crash Tex, Fifiches du Proprofesseur, des Gens et inversement (assez peu ragoutant), Fish n chips, Tash et Trash, du cow-boy retraité Gary C. Neel, de Titan inc., avec l’arrivée de la cinéaste Jane Kamron et sa star Tom Flouz, venus faire un film sur le naufrage, Paul Martin et Manu Boistau parvenant à traiter toujours de nouveaux thèmes par leur univers pourtant si contraint, et dans Dad flashbacks de Nob, Ondine à la plage s’est mise en tête de trouver une copine à Dad.
Chapitre annonçant une catastrophe lors du mariage de l’amie de leur mère à laquelle elles sont venues assister par les sœurs Grémillet qui n’en font chacune qu’à leur tête séparément et, après l’ambiance SF du chapitre précédent, ambiance fantasy avec massacre et luttes de pouvoir dans Poltron Minet.
Bienvenue dans ma bibliothèque est consacré à Laudec, le Liègeois qui connait le mieux Paris apprend-on, et qui lit surtout des classiques, comme on peut le voir sur la photo de sa bibliothèque, où dominent largement les 48CC. Spirou et moi est de Brice Follet, auteur jeunesse dont on a lu deux histoires dans Spirou la semaine précédente, En direct du futur annonce le prochain Tokyo Mystery Café (en 2025) et la sortie du premier album dans une nouvelle collection de polar de Dupuis, aux côtés de Lieutenant Bertillon, et d'American Parano, d'Hervé Bourhis et Lucas Varela, non publiable dans Spirou, et le supplément abonné est une affiche romantique des Cœurs de ferraille, par Munuera, pour conclure l’histoire terminée dans le numéro précédent.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... sieme-fish
Bonne couverture de Midam, son petit barbare dans un sous-marin zoomorphe, provoquant la surprise du modèle comme de la copie. On retrouve dispersés dans ce numéro trois gags de Game over, signés Midam, Benz ou Patelin au scénario, Midam et Adam au dessin, et Angèle aux couleurs, dont deux en deux pages, dont un présentant des robots d’apparence déglinguée qui pourraient être issus du pinceau de Bottaro, qui se recomposent dans un dessin pleine page en un monstrueux cyber dont j’ai du mal à identifier l’origine, ni vraiment japonaise, ni vraiment étatsunienne, une chimère réussie. Les Jeux de Romain Garouste présentent le petit barbare et sa princesse dans un paysage désertique traversé de fleuves de lave, Spirou et Fantasperge de Sti font appel pour résoudre le Mystère de la page 13 à Jérôme K. Jérôme Blork, Cromheecke et Thiriet illustrent le jeu World of abonnement, et les Fabrice en profitent pour construire un Tetris 3D grandeur nature, ce qui ne signifie rien pour ce jeu vidéo, mais leur permet d’élever un mur de briques colorées (par une secrétaire de rédaction aux cheveux gris, et par Sandrine Greff en réalité).
Le fait qu’il n’y ait que deux séries (à suivre) dans ce numéro a permis la plaisante surprise d’y trouver plusieurs histoires courtes. Une de Raowl, superbement mise en scène par Tebo sur une double page, sur le sujet de “Comment faire le ménage en s’amusant?”, et la double planche est découpée en trois zones s’interpénétrant, une sur fond rose, avec des empilements de vaisselle grise et moisie, rappelant eux aussi les robots de Bottaro, une autre sur fond blanc, noyée sous la mousse des produits vaisselle, et une autre sur fond bleu, Raowl et son apprenti plongeant pour déboucher l’évier. Une enquête de Marc et Pep, de Nicoby et Ory, qui se présente délibérément comme une énigme à résoudre, Marc interpellant le lecteur sur 3 preuves à trouver, mais ces quatre pages exposent un autre niveau de lecture sur les préjugés sociaux, pour se conclure comme souvent sur un jeu de mots jouant sur les apparences, bien dans l’esprit de l’enquête. Six pages pour la 14è histoire des Petits métiers méconnus de Vincent Zabus, cette fois très joliment mise en scène et en couleurs (remarquables, faisant partie du dessin et de la mise en page) par Charles Berberian. Pour une fois, ce petit métier ne préexiste pas à l’histoire mais s’y créé, c'est un guide du musée des anonymes, consacré aux objets retraçant la vie des gens ordinaires, La vie mode d’emploi de Perec y figurant en bonne place. Enfin, quatre pages réussies des Histoires naturelles de Fred Bernard et Thomas Baas, le sujet des espèces endémiques s’accordant parfaitement au cadre choisi des gorges de Daluis, dans les Alpes-Maritimes, pour présenter ces espèces discrètes et menacées. Pour info, le nombre cité de 100 espèces disparaissant en moyenne chaque jour, controversé, vient du Programme des Nations Unies pour l’environnement https://www.un.org/french/pubs/chroniqu ... agile.html
Pour le reste, d’amusants gags de Crash Tex, Fifiches du Proprofesseur, des Gens et inversement (assez peu ragoutant), Fish n chips, Tash et Trash, du cow-boy retraité Gary C. Neel, de Titan inc., avec l’arrivée de la cinéaste Jane Kamron et sa star Tom Flouz, venus faire un film sur le naufrage, Paul Martin et Manu Boistau parvenant à traiter toujours de nouveaux thèmes par leur univers pourtant si contraint, et dans Dad flashbacks de Nob, Ondine à la plage s’est mise en tête de trouver une copine à Dad.
Chapitre annonçant une catastrophe lors du mariage de l’amie de leur mère à laquelle elles sont venues assister par les sœurs Grémillet qui n’en font chacune qu’à leur tête séparément et, après l’ambiance SF du chapitre précédent, ambiance fantasy avec massacre et luttes de pouvoir dans Poltron Minet.
Bienvenue dans ma bibliothèque est consacré à Laudec, le Liègeois qui connait le mieux Paris apprend-on, et qui lit surtout des classiques, comme on peut le voir sur la photo de sa bibliothèque, où dominent largement les 48CC. Spirou et moi est de Brice Follet, auteur jeunesse dont on a lu deux histoires dans Spirou la semaine précédente, En direct du futur annonce le prochain Tokyo Mystery Café (en 2025) et la sortie du premier album dans une nouvelle collection de polar de Dupuis, aux côtés de Lieutenant Bertillon, et d'American Parano, d'Hervé Bourhis et Lucas Varela, non publiable dans Spirou, et le supplément abonné est une affiche romantique des Cœurs de ferraille, par Munuera, pour conclure l’histoire terminée dans le numéro précédent.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4504 du 07/08/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... u-suspense
Couverture très réussie pour la suite de Spirou et Fantasio: un grand cercle sur fond uniforme est très évocateur de l’univers SF, comme déjà les couvertures de la collection Présence du futur dans les années 70 https://www.le-rayon-populaire.com/node/28129, ou le design bulbeux de la zurglomobile, et les personnages au regard halluciné dans la bulle fixant leurs sosies dans l’ombre sont inquiétants à souhait (mention au coloriste Fabien Alquier, qui n’est pas celui de cet épisode, mais celui de Supergroom et du Métier le plus dangereux du monde, spécialisé dans la SF dans Spirou donc. Et je relève sur ce sujet une remarque pleine de sel d’Olivier Schwartz, toujours aussi franc et direct dans ses interviews: "Personnellement, j'estime que le noir et blanc devrait se suffire à lui-même. Mais comme il paraît que les lecteurs préfèrent la couleur, pourquoi pas !" ). L’entretien de présentation avec Benjamin Abitan et Olivier Schwartz https://www.spirou.com/actualites/somma ... -gallery-3 est trop référencé (citer sept œuvres et auteurs, sans compter Franquin et Tome et Janry, sur quelques lignes, ne rime à rien, seul le rappel de l’assonance entre Franquin et Frankenstein est stimulant. Dans ces quelques pages, on se rend compte que le parti pris des auteurices est de faire un Comte de Champignac aussi foufou et instable qu’en ses débuts, que Seccotine aura eu un rôle aussi important que Spirou et Fantasio, mais que celui des limules est bien parti pour rester énigmatique. Selon moi, une très belle mise en page plein de détails amusants et pertinents et un beau graphisme pour la grande fête de Champignac pages 33-34, alors que Schwartz lui-même se les reproche: "Ma maladie chronique du détail me rattrapant, je me suis retrouvé à faire mille et un petits dessins d'arrière-plan, même sur des compositions pleine page où j'aurais pu aérer un peu..." Dans Les sœurs Grémillet, 4 pages en crescendo pour la catastrophe annoncée du ravage du luxueux mariage, et Madd par l’inventivité de ses cadrages et de ses coloris réussit une séquence difficile dans un laboratoire sans décor dans ce quatrième chapitre du Protocole Seth, deuxième épisode de Poltron Minet.
Seulement trois histoires (à suivre) laissent une fois de plus place à plus d’histoires courtes, Songe d’une nuit d’été de Guillaume Bianco, dans son nouveau style pastel, moins maniéré, plein de petits vampires et autres monstres charmants, et les cinq planches publiées d’un bloc de ce qui sera vraisemblablement les dernières pages du troisième album d’Elliott au collège, de Théo Grosjean, couleurs de Mallo. Pages qui réservent leur lot de retournements de situation, tant sur le plan sentimental (une rupture attendue, mais pas dans ces conditions inattendues) qu’amical (une amitié probable, mais advenue dans un retournement des positions des protagonistes) , avec un monstrueux suspens, au sens propre comme au figuré, dans la planche pleine page de fin.
Dans les gags, Fabcaro fait dans l’Édito une amusante variation sur des titres, de Maman, j’ai rétréci Spirou aux Aventures de rabbi Spirou, tandis que Fabrice Erre fait une nouvelle démonstration de fusion et distorsion graphique (personnages totalement désarticulés, ayant trois ou quatre mains). Dans Pernille, Dav et Cyrille Trichet (et Esteban aux couleurs) font, comme dans le numéro 4500, un gag en gaufrier où une suite de cases énigmatiques révèlent leur signification en un gag final. Des gags de Léon et Léna sans l’un ni l’autre, mais ils sont présents dans le numéro sous forme d’autocollants en supplément. Manu Boisteau et Paul Martin continuent leur série de gags de Titan inc. sur la vedette Tom Flouz, dont l’imposture (son incompétence) commence à se révéler. Bon gag noir de Tom pour Fish n chips, où les poissons (un requin, plus précisément) prend sa revanche sur les humains et leur destruction des océans, et fin nostalgique de vacances pour Dad, devant un soleil se couchant lentement en bord de mer tout au long de la planche. Un Jeu de Bataillon, grouillant comme d’habitude, cette fois de drôles de petites momies . Une Leçon de BD de Marko, de bons petits conseils précis, et avec, comme souvent, une référence inattendue (Gaston cette fois-ci, pour une BD sur une super héroïne). Bienvenue dans mon atelier est consacré a Maria-Praz, illustratrice jeunesse, prof de dessin et dessinatrice, sur scénario de Nena, de Otaku, en vis-à-vis dans ce numéro, où elle fait une belle démonstration de son inventivité graphique dans la mise en page et les expressions physiques des personnages. En direct du futur annonce le Festival Spirou à Bruxelles en septembre, sur le thème du cirque, en hommage au Cirque Spirou des années 50-60, et une belle page de pub sur ce thème, avec un marsupilami acrobate, faite par Miss Prickly, et en bonus pour les abonnés une invitation pour le festival.
Enfin, Patrick Gaumer rend sur deux pages hommage à Luc Mazel, décédé en juin dernier à l’âge de 93 ans, avec une reproduction d’une demi planche de Jessy Jane, datant du début des années 80, alors que pour moi son encrage trop léger affaiblissait alors son dessin, qui a été à son meilleur dans les années 60-70. Impressionnants aussi étaient ses décors, foisonnants et vivants, alors qu’on aurait pu attendre plus de rigidité sur ce point de la part de cet ancien architecte (un numéro du Spirou belge de 1969 parle d’ailleurs d’une école qu’il a réalisée).
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... u-suspense
Couverture très réussie pour la suite de Spirou et Fantasio: un grand cercle sur fond uniforme est très évocateur de l’univers SF, comme déjà les couvertures de la collection Présence du futur dans les années 70 https://www.le-rayon-populaire.com/node/28129, ou le design bulbeux de la zurglomobile, et les personnages au regard halluciné dans la bulle fixant leurs sosies dans l’ombre sont inquiétants à souhait (mention au coloriste Fabien Alquier, qui n’est pas celui de cet épisode, mais celui de Supergroom et du Métier le plus dangereux du monde, spécialisé dans la SF dans Spirou donc. Et je relève sur ce sujet une remarque pleine de sel d’Olivier Schwartz, toujours aussi franc et direct dans ses interviews: "Personnellement, j'estime que le noir et blanc devrait se suffire à lui-même. Mais comme il paraît que les lecteurs préfèrent la couleur, pourquoi pas !" ). L’entretien de présentation avec Benjamin Abitan et Olivier Schwartz https://www.spirou.com/actualites/somma ... -gallery-3 est trop référencé (citer sept œuvres et auteurs, sans compter Franquin et Tome et Janry, sur quelques lignes, ne rime à rien, seul le rappel de l’assonance entre Franquin et Frankenstein est stimulant. Dans ces quelques pages, on se rend compte que le parti pris des auteurices est de faire un Comte de Champignac aussi foufou et instable qu’en ses débuts, que Seccotine aura eu un rôle aussi important que Spirou et Fantasio, mais que celui des limules est bien parti pour rester énigmatique. Selon moi, une très belle mise en page plein de détails amusants et pertinents et un beau graphisme pour la grande fête de Champignac pages 33-34, alors que Schwartz lui-même se les reproche: "Ma maladie chronique du détail me rattrapant, je me suis retrouvé à faire mille et un petits dessins d'arrière-plan, même sur des compositions pleine page où j'aurais pu aérer un peu..." Dans Les sœurs Grémillet, 4 pages en crescendo pour la catastrophe annoncée du ravage du luxueux mariage, et Madd par l’inventivité de ses cadrages et de ses coloris réussit une séquence difficile dans un laboratoire sans décor dans ce quatrième chapitre du Protocole Seth, deuxième épisode de Poltron Minet.
Seulement trois histoires (à suivre) laissent une fois de plus place à plus d’histoires courtes, Songe d’une nuit d’été de Guillaume Bianco, dans son nouveau style pastel, moins maniéré, plein de petits vampires et autres monstres charmants, et les cinq planches publiées d’un bloc de ce qui sera vraisemblablement les dernières pages du troisième album d’Elliott au collège, de Théo Grosjean, couleurs de Mallo. Pages qui réservent leur lot de retournements de situation, tant sur le plan sentimental (une rupture attendue, mais pas dans ces conditions inattendues) qu’amical (une amitié probable, mais advenue dans un retournement des positions des protagonistes) , avec un monstrueux suspens, au sens propre comme au figuré, dans la planche pleine page de fin.
Dans les gags, Fabcaro fait dans l’Édito une amusante variation sur des titres, de Maman, j’ai rétréci Spirou aux Aventures de rabbi Spirou, tandis que Fabrice Erre fait une nouvelle démonstration de fusion et distorsion graphique (personnages totalement désarticulés, ayant trois ou quatre mains). Dans Pernille, Dav et Cyrille Trichet (et Esteban aux couleurs) font, comme dans le numéro 4500, un gag en gaufrier où une suite de cases énigmatiques révèlent leur signification en un gag final. Des gags de Léon et Léna sans l’un ni l’autre, mais ils sont présents dans le numéro sous forme d’autocollants en supplément. Manu Boisteau et Paul Martin continuent leur série de gags de Titan inc. sur la vedette Tom Flouz, dont l’imposture (son incompétence) commence à se révéler. Bon gag noir de Tom pour Fish n chips, où les poissons (un requin, plus précisément) prend sa revanche sur les humains et leur destruction des océans, et fin nostalgique de vacances pour Dad, devant un soleil se couchant lentement en bord de mer tout au long de la planche. Un Jeu de Bataillon, grouillant comme d’habitude, cette fois de drôles de petites momies . Une Leçon de BD de Marko, de bons petits conseils précis, et avec, comme souvent, une référence inattendue (Gaston cette fois-ci, pour une BD sur une super héroïne). Bienvenue dans mon atelier est consacré a Maria-Praz, illustratrice jeunesse, prof de dessin et dessinatrice, sur scénario de Nena, de Otaku, en vis-à-vis dans ce numéro, où elle fait une belle démonstration de son inventivité graphique dans la mise en page et les expressions physiques des personnages. En direct du futur annonce le Festival Spirou à Bruxelles en septembre, sur le thème du cirque, en hommage au Cirque Spirou des années 50-60, et une belle page de pub sur ce thème, avec un marsupilami acrobate, faite par Miss Prickly, et en bonus pour les abonnés une invitation pour le festival.
Enfin, Patrick Gaumer rend sur deux pages hommage à Luc Mazel, décédé en juin dernier à l’âge de 93 ans, avec une reproduction d’une demi planche de Jessy Jane, datant du début des années 80, alors que pour moi son encrage trop léger affaiblissait alors son dessin, qui a été à son meilleur dans les années 60-70. Impressionnants aussi étaient ses décors, foisonnants et vivants, alors qu’on aurait pu attendre plus de rigidité sur ce point de la part de cet ancien architecte (un numéro du Spirou belge de 1969 parle d’ailleurs d’une école qu’il a réalisée).
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4505 du 14/08/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... e-vacances
Le retour du Schtroumpf qui schtroumpfe du schtroumpf, dans une histoire courte des Schtroumpfs, Les Schtroumpfs et Robinson, avec la présence d’un paradoxal monstre qui, bien que marin, est cracheur de feu. On a pourtant bien vu dans Le pays maudit, avec le dragon Fafnir, que feu et eau sont antinomiques. Et ce feu n’a pas l’air de ressembler non plus au souffle atomique de Godzilla. Et que signifie ce titre énigmatique en couverture: dernières semaines de vacances? Ce serait un peu cruel. Dernières aventures? Alors, pourquoi dernières plutôt que nouvelles? Bref, tout est à l’avenant, rien à sauver dans ce scénario non signé, où rien n’a été pensé. Par contre, la mini histoire en marge l’accompagnant, par Sti, est aussi drôle qu’irrévérencieuse. L’Édito montre un aspect des Fabrice, leur unidimensionnalité, le fait qu’ils n’aient aucun recul sur eux-mêmes, qui est source de nombreux gags, mais est aussi une limite. Les Jeux schtroumpfs, ©Peyo, sont acceptables, mais ce numéro est bien en deçà de ce qu’on attend d’un spécial Schtroumpfs. Même la couverture ©Peyo, par ses maladresses, donne la nostalgie de ce qu’étaient les Schtroumpfs à leur grande époque.
Une fois de plus, je ne suis pas déçu par Tebo, qui exprime par la bouche de Raowl l’un de mes deux principaux griefs envers les super-héros: à “Je suis un scientifique mordu par une botte radioactive” ou “j’ai été élevé par des mygales radioactives”, il rétorque “Mais pourquoi me racontez-vous vos vies?” , pour s’entendre répondre “Les lecteurs aiment tout savoir sur les super-héros!” C’est hélas vrai, plus un personnage est improbable, plus il semble qu’il faille le noyer sous une masse d’informations absurdes dans l’espoir que leur accumulation finira par faire sens. Tous les reboots participent de cette même logique stupide dont le seul avantage est financier.
Si les vacances sont finies pour Dad flashbacks, qui continue à raconter la petite enfance et les relations complexes de Panda et Ondine, dans lesquelles Dad joue un rôle un peu effacé, plusieurs gags d’autres séries ont pour cadre les vacances, encore et toujours à la plage: Nelson, Brad Rock, the gold digger, Des gens et inversement, le Bulletin d’abonnement. À l’inverse, on a deux pages de gags de Pernille qui se passent à l’école (ainsi qu’un tuto dessiné de ce personnage par Cyrille Trichet), de même que le Petit Spirou, qui envoute le prof de gym (encore une fois “sur une idée de Clara Cuadrado”). Quatre nouveaux strips de Léon et Léna, toujours sans eux, où l’on se rend compte que la plupart des adultes les entourant sont aussi mauvais qu’eux, sans avoir l’excuse de l’inconscience enfantine. Pascal Martin et Manu Boisteau poursuivent leur arc de Titan inc. avec la vedette Tom Flouz, toujours énigmatiquement idolâtré alors que tous les passagers ont vu que le roi était nu: c’est “un imbécile au QI d’une huître et un incompétent total!” Morgan Di Salvia apparait une nouvelle fois quittant son poste de rédacteur en chef, dans 3 infos 2 vraies 1 fausse (il n’est pas parti avec son groupe de rock en emportant sa collection de Spirou, apprend-on), alors que son nom a disparu de l’ours depuis le numéro 4503, Spirou n’a officiellement plus de rédacteur en chef depuis lors, seulement un directeur éditorial, Stéphane Beaujean, et un directeur de la publication, Frédéric Niffle. Ce n'est dans doute pas un problème, la Belgique a bien tenu des mois sans premier ministre, sans vrai préjudice. Le supplément est un mini-récit de SF comique du dessinateur Dara Nabati, dont j’avais souligné la proximité avec Lewis Trondheim, et du scénariste Lorrain Oiseau, proche aussi de l’humour de Trondheim, qui pousse la logique jusqu’à l’absurde, mais avec moins de rigueur.
Les BD de ma vie sont celles de Gorobei, admirateur de Dragonball (peu étonnant vu sa passion pour le Japon) et de Mike Mignola, dont j’ai du mal à retrouver une trace dans son œuvre même à dose homéopathique, mais c’est peut-être ce grand écart qui rend son style personnel.
Suite du Protocole Seth de Poltron Minet, dont on commence à deviner ce qu’il peut être, dans un chapitre mêlant résolument Fantasy traditionnelle et SF dure. Avant dernier chapitre de La villa des mystères des sœurs Grémillet, avec une morale assénée avec un peu plus de brusquerie (la tante handicapée écrivaine surgissant à point nommé) et de lourdeur que ce à quoi nous avaient habitué les précédents épisodes.
Enfin, quelques approches qui sont pour moi étranges dans ce chapitre de La mémoire du futur, suite de La mort de Spirou. L’action est censée se passer dans des années 50 virtuelles, un personnage utilise donc le langage de l’époque, mais les auteurs ont fait une erreur. À Seccotine lui demandant de monter le son, un DJ répond “T’es bath, toi!”, qui signifie super, mais ici semble exprimer qu’elle est folle, puisque, s’il fait cela “les coupes de champ’ vont exploser!”, ce envers quoi elle dit “en prendre la responsabilité!”. Houla, prendre une telle responsabilité, ne préjuge-t-elle pas de sa force? Par ailleurs, pour faire buguer Cyanure, elle demande à tous les participants de la fête virtuelle “Du désordre! Du chaos!”, ce qui concrètement se traduit par faire la fête et danser…Surprenante vision du chaos…
Une dernière note: le nouveau papier du magazine, outre qu’il est plus écolo, et agréable au toucher, est plus réceptif aux feutres et crayons que ma fille emploie pour faire les jeux, alors qu’ils marquaient à peine et étaient peu visibles sur le précédent. Un bon choix des responsables, sur un point inattendu.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... e-vacances
Le retour du Schtroumpf qui schtroumpfe du schtroumpf, dans une histoire courte des Schtroumpfs, Les Schtroumpfs et Robinson, avec la présence d’un paradoxal monstre qui, bien que marin, est cracheur de feu. On a pourtant bien vu dans Le pays maudit, avec le dragon Fafnir, que feu et eau sont antinomiques. Et ce feu n’a pas l’air de ressembler non plus au souffle atomique de Godzilla. Et que signifie ce titre énigmatique en couverture: dernières semaines de vacances? Ce serait un peu cruel. Dernières aventures? Alors, pourquoi dernières plutôt que nouvelles? Bref, tout est à l’avenant, rien à sauver dans ce scénario non signé, où rien n’a été pensé. Par contre, la mini histoire en marge l’accompagnant, par Sti, est aussi drôle qu’irrévérencieuse. L’Édito montre un aspect des Fabrice, leur unidimensionnalité, le fait qu’ils n’aient aucun recul sur eux-mêmes, qui est source de nombreux gags, mais est aussi une limite. Les Jeux schtroumpfs, ©Peyo, sont acceptables, mais ce numéro est bien en deçà de ce qu’on attend d’un spécial Schtroumpfs. Même la couverture ©Peyo, par ses maladresses, donne la nostalgie de ce qu’étaient les Schtroumpfs à leur grande époque.
Une fois de plus, je ne suis pas déçu par Tebo, qui exprime par la bouche de Raowl l’un de mes deux principaux griefs envers les super-héros: à “Je suis un scientifique mordu par une botte radioactive” ou “j’ai été élevé par des mygales radioactives”, il rétorque “Mais pourquoi me racontez-vous vos vies?” , pour s’entendre répondre “Les lecteurs aiment tout savoir sur les super-héros!” C’est hélas vrai, plus un personnage est improbable, plus il semble qu’il faille le noyer sous une masse d’informations absurdes dans l’espoir que leur accumulation finira par faire sens. Tous les reboots participent de cette même logique stupide dont le seul avantage est financier.
Si les vacances sont finies pour Dad flashbacks, qui continue à raconter la petite enfance et les relations complexes de Panda et Ondine, dans lesquelles Dad joue un rôle un peu effacé, plusieurs gags d’autres séries ont pour cadre les vacances, encore et toujours à la plage: Nelson, Brad Rock, the gold digger, Des gens et inversement, le Bulletin d’abonnement. À l’inverse, on a deux pages de gags de Pernille qui se passent à l’école (ainsi qu’un tuto dessiné de ce personnage par Cyrille Trichet), de même que le Petit Spirou, qui envoute le prof de gym (encore une fois “sur une idée de Clara Cuadrado”). Quatre nouveaux strips de Léon et Léna, toujours sans eux, où l’on se rend compte que la plupart des adultes les entourant sont aussi mauvais qu’eux, sans avoir l’excuse de l’inconscience enfantine. Pascal Martin et Manu Boisteau poursuivent leur arc de Titan inc. avec la vedette Tom Flouz, toujours énigmatiquement idolâtré alors que tous les passagers ont vu que le roi était nu: c’est “un imbécile au QI d’une huître et un incompétent total!” Morgan Di Salvia apparait une nouvelle fois quittant son poste de rédacteur en chef, dans 3 infos 2 vraies 1 fausse (il n’est pas parti avec son groupe de rock en emportant sa collection de Spirou, apprend-on), alors que son nom a disparu de l’ours depuis le numéro 4503, Spirou n’a officiellement plus de rédacteur en chef depuis lors, seulement un directeur éditorial, Stéphane Beaujean, et un directeur de la publication, Frédéric Niffle. Ce n'est dans doute pas un problème, la Belgique a bien tenu des mois sans premier ministre, sans vrai préjudice. Le supplément est un mini-récit de SF comique du dessinateur Dara Nabati, dont j’avais souligné la proximité avec Lewis Trondheim, et du scénariste Lorrain Oiseau, proche aussi de l’humour de Trondheim, qui pousse la logique jusqu’à l’absurde, mais avec moins de rigueur.
Les BD de ma vie sont celles de Gorobei, admirateur de Dragonball (peu étonnant vu sa passion pour le Japon) et de Mike Mignola, dont j’ai du mal à retrouver une trace dans son œuvre même à dose homéopathique, mais c’est peut-être ce grand écart qui rend son style personnel.
Suite du Protocole Seth de Poltron Minet, dont on commence à deviner ce qu’il peut être, dans un chapitre mêlant résolument Fantasy traditionnelle et SF dure. Avant dernier chapitre de La villa des mystères des sœurs Grémillet, avec une morale assénée avec un peu plus de brusquerie (la tante handicapée écrivaine surgissant à point nommé) et de lourdeur que ce à quoi nous avaient habitué les précédents épisodes.
Enfin, quelques approches qui sont pour moi étranges dans ce chapitre de La mémoire du futur, suite de La mort de Spirou. L’action est censée se passer dans des années 50 virtuelles, un personnage utilise donc le langage de l’époque, mais les auteurs ont fait une erreur. À Seccotine lui demandant de monter le son, un DJ répond “T’es bath, toi!”, qui signifie super, mais ici semble exprimer qu’elle est folle, puisque, s’il fait cela “les coupes de champ’ vont exploser!”, ce envers quoi elle dit “en prendre la responsabilité!”. Houla, prendre une telle responsabilité, ne préjuge-t-elle pas de sa force? Par ailleurs, pour faire buguer Cyanure, elle demande à tous les participants de la fête virtuelle “Du désordre! Du chaos!”, ce qui concrètement se traduit par faire la fête et danser…Surprenante vision du chaos…
Une dernière note: le nouveau papier du magazine, outre qu’il est plus écolo, et agréable au toucher, est plus réceptif aux feutres et crayons que ma fille emploie pour faire les jeux, alors qu’ils marquaient à peine et étaient peu visibles sur le précédent. Un bon choix des responsables, sur un point inattendu.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4506 du 21/08/2024
https://www.spirou.com/actualites/somma ... ues-bleues
Cela me fait toujours quelque chose de revoir les Tuniques bleues par Lambil en couverture, car c’est l’un des quelques dessinateurs, que l’on compte maintenant sur les doigts d’une main, une main de lépreux même, qui ont commencé à dessiner il y a plus de 70 ans, une carrière aussi longue qu’une vie. À l’échelle de la BD, c’est un peu comme si je voyais vivre un vrai dinosaure, et pas un ersatz à la Jurassic Parc. D’une telle vision, je n’attends rien d’autre qu’elle existe, c’est pourquoi les faiblesses graphiques ne me dérangent pas du tout. D’autant plus que les bases sont encore bonnes, seul l’encrage n’a plus ni force ni précision. Il est encore trop tôt pour parler du scénario, mais comme dit dans l’interview,
“-Willy, est-ce déroutant, après une soixantaine d'albums avec Raoul, de travailler avec un autre scénariste?
-WILLY LAMBIL C'est difficile à dire. J'étais sans doute un peu décontenancé au départ, mais, après un moment, je crois que les choses se sont mises à "rouler", tant avec Kris qu'avec Neidhardt.
-Neidhardt: Je partais avec un petit complexe : j'avais assez peu pratiqué le genre de l'aventure humoristique (à part le Spirou). J'ai toujours été plus à l'aise sur le court récit ou sur l'autofiction.”
J’ai déjà dit le bien que je pensais des scénarios de Kris. Neidhart est lui plus connu dans Spirou pour ses canulars (Spirou et les monstres, soi-disant de Rob-Vel) et ses parodies (Spouri et Fantaziz, illustrations des Aventures d’un journal) avec ou sans Fabrice Tarrin (qui l’a mis d’ailleurs mis en scène, voila pour l’auto-fiction), dont je ne suis personnellement pas si friand, mais il est capable d’histoires fines et sensibles, sans perdre son humour, et j’ai été aussi agréablement surpris par son "Les pieds-noirs à la mer" que Joann Sfar qui y écrit dans sa préface “Cher Fred Neidhardt, Je ne vous connaissais pas ainsi. Voilà plus de vingt ans que de loin en loin je vous croise, et je vous tenais pour un virtuose de la plaisanterie, un horloger de la blague inquiétante. En bandes dessinées, en textes, en caméras cachées et parfois pour le plaisir d'un seul spectateur, je vous ai vu pousser dans ses limites les plus poétiques et parfois les plus cruelles l'art de pincer sans rire.”
L’irrespect cache chez lui l’admiration et le regard juste, j’ai donc toute confiance à priori pour son histoire des Tuniques bleues. J’espère juste qu’il ne va pas trop d’enfoncer de portes ouvertes et faire des révélations qui n’en sont pas, car il dit
“-J’ai pas mal creusé la condition des Noirs américains durant la guerre de Sécession. L'histoire a un peu trop simplifié la chose: au Nord, il y avait les bons, les abolitionnistes, et au Sud, les méchants, les esclavagistes. La réalité est nettement moins tranchée: au Nord, les Noirs-même s'ils n'étaient plus techniquement des esclaves- se retrouvaient, par exemple, à faire les basses besognes, on l'évoquera dans l'album. “
Ce sujet a déjà été largement traité par Cauvin, en particulier dans Black Face, ceci dit, il est suffisamment important pour que l’on revienne dessus, d’autant plus qu’il sied particulièrement bien aux Tuniques bleues, dont les histoires tentent d’éviter le manichéisme.
Et ce retour permet un running gag pour La malédiction de la page 13 de Sti, où la couleur mûre écrasée qui fonctionnait avec les Schtroumpfs revient pour Les Tuniques bleues, ainsi qu’un Édito débile à souhaits, comme on les aime, et des Jeux Run,Blutch, run par Enzo Berkati, avec entre autres un labyrinthe complexe (relativement, pour de très jeunes enfants) mais agréable à faire car graphiquement réussi, entre vallées et cañons.
Dans la suite du Spirou et Fantasio La mémoire du futur, la Cyanure de Schwartz en robot géant a un petit côté Kirby, dont le hiératisme dans les nombreuses grandes cases (pleine page, demi-pages) fait passer le statisme. Séquence action et SF pour Poltron-Minet, et si le dialogue de Cédric Mayen entre le chaton et le scientifique est un peu pontifiant et prêcheur (et comporte une erreur: le fait qu’un chat mange une souris n’a rien à voir avec du cannibalisme, comment dans une œuvre traitant d’éthique envers les animaux peut-on figurer l’ensemble des animaux comme un tout homogène s’opposant aux humains?), la séquence en flash-back par Madd, en variations grenat et champs/contre-champs, est très réussie. Fin de la longue (70 pages) histoire des Sœurs Grémillet La villa des mystères, qui malgré son titre est bien plus terre à terre que les précédentes, centrée uniquement sur les relations entre les personnages, le mystère en question tournant un peu court par rapport aux autres aventures du trio, et l’histoire finalement assez délayée, comme sur les quatre dernières pages de l’histoire qui ne sont qu’un interminable “au revoir” sur fond de leçons de vie pour ado. Reste que les ambiances méditerranéennes, architecture, végétation, temps, sont très bien rendues.
L’histoire courte du numéro, "Prisonnier des Florkiens", est présentée comme un clin d'œil de Ced et Frantz Hofmann au Scrameustache de Gos. Plus qu’un clin d’œil, c’est visiblement une ultime(?) incarnation des hommages de L’année des héros, qui pourrait être une historiette du Scrameustache à part entière, version humoristique, loin toutefois des gags infantiles des Galaxiens.
Parmi les gags que j’ai appréciés, Le petit Spirou, encore avec Clara Cuadrado coscénariste, créditée par Janry en bas de planche mais pas dans le bandeau titre, et qui montre bien comment la conception par monsieur Mégot d’un “esprit libre” comme celui de quelqu’un “qui n’aime pas qu’on lui dise quoi penser”, faussée car parano, conduit au complotisme. Des gens et inversement de Berth (dans l’actualité des jeux paralympiques) et Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart (‘patalympiques, elles, comme la ‘pataphysique) tous deux aussi bons dans l’absurde. J’ai été aussi sensible à l’entre-deux qu’est Willy Woob, de Bernstein et Moog, entre deux tons par ses strips en bichromie, ses titres dessinés inventifs et pleins de charme, ses jeux de mot qui consistent à tout prendre au sens propre, cette indécidabilité entre l’adulte et l’enfantin. Dans Dad flashbacks de Nob, Ondine grandit, mais Panda ne semble pas changer, il faut dire qu’on a vu que déjà bébé elle avait pratiquement sa maturité actuelle, et Dad, quoique de 15 ans plus svelte, avait déjà des difficultés professionnelles, à se demander si le fameux premier rôle qui lui a valu une gloire épisodique dans sa jeunesse n’aurait pas que résulté d’un malentendu. Cette remarque est d’ailleurs valable pour toutes les vedettes d’un jour, et plus largement pour les personnages de Spirou lancés en fanfare et qui n’auront vécu que quelques numéros.
Bienvenue dans ma bibliothèque est consacré à Sophie Guerrive, la coscénariste de Spirou et Fantasio, qui a le mérite de ne pratiquement pas parler des sempiternelles œuvres fondatrices, et de plus le faire de façon personnelle: “J’ai trop de livres, et pas assez d'étagères. J'ai encore des cartons de bouquins de mon déménagement. Ça ressemble aux archives dans Gaston: si j'enlève un livre, tout s'écroule!”, ou sur son écriture: “Naturellement, en lisant beaucoup, on s'imprègne d'une écriture. Moi, je me rapproche pas mal de Tintin, une écriture un peu romanesque, à l'ancienne. Il faut que je fasse un effort pour écrire dans un style plus actuel.” Elle oriente de plus vers des pistes trop peu fréquentées, comme la (très bonne) série Gosse de Lucas Methé chez Dupuis, des maisons d'édition comme Biscoto, Misma, ou les Éditions Exemplaire, soit des maisons que l’on peut suivre car elles ont une vision éditoriale avant une financière. Par contre, je ne comprends pas sa remarque sur la cohérence de la série Spirou et Fantasio: “J’ai dû lire les albums plusieurs fois de façon anarchique, sans bien comprendre la cohérence de la série. Quand j'ai commencé à travailler dessus, je les ai relus dans l'ordre, ça a été une révélation. Tout est logique en fait.” De quelle logique peut-elle bien vouloir parler, en dehors d’une cohérence chronologique pour les relations entre S&F et le Marsupilami sous Franquin, et, plus lâche, avec Zorglub?
Elric Dufau, le dessinateur et coscénariste du Spirou et Fantasio classique, est l’invité de Spirou et moi, parle beaucoup de technique, d’application, et pas d’inspiration, ce qui reflète malheureusement ce que je pense de La baie des cochons, et fait que l’annonce par les même auteurs d’un Zorgrad, au titre trop aisément décryptable d’un Zorglub au delà du rideau de fer durant la guerre froide, me fait craindre autant de superficialité et d’artificialité.
Et ce numéro se termine avec une publicité pour le tome 9 d’Animal Jack, la série jeunesse à succès de Miss Prickly et Kid Toussaint publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou, sans doute parce que les séries de fantasy y sont déjà nombreuses, et l’annonce pour la semaine prochaine d’un Marsupilami’s origins.
https://www.spirou.com/actualites/somma ... ues-bleues
Cela me fait toujours quelque chose de revoir les Tuniques bleues par Lambil en couverture, car c’est l’un des quelques dessinateurs, que l’on compte maintenant sur les doigts d’une main, une main de lépreux même, qui ont commencé à dessiner il y a plus de 70 ans, une carrière aussi longue qu’une vie. À l’échelle de la BD, c’est un peu comme si je voyais vivre un vrai dinosaure, et pas un ersatz à la Jurassic Parc. D’une telle vision, je n’attends rien d’autre qu’elle existe, c’est pourquoi les faiblesses graphiques ne me dérangent pas du tout. D’autant plus que les bases sont encore bonnes, seul l’encrage n’a plus ni force ni précision. Il est encore trop tôt pour parler du scénario, mais comme dit dans l’interview,
“-Willy, est-ce déroutant, après une soixantaine d'albums avec Raoul, de travailler avec un autre scénariste?
-WILLY LAMBIL C'est difficile à dire. J'étais sans doute un peu décontenancé au départ, mais, après un moment, je crois que les choses se sont mises à "rouler", tant avec Kris qu'avec Neidhardt.
-Neidhardt: Je partais avec un petit complexe : j'avais assez peu pratiqué le genre de l'aventure humoristique (à part le Spirou). J'ai toujours été plus à l'aise sur le court récit ou sur l'autofiction.”
J’ai déjà dit le bien que je pensais des scénarios de Kris. Neidhart est lui plus connu dans Spirou pour ses canulars (Spirou et les monstres, soi-disant de Rob-Vel) et ses parodies (Spouri et Fantaziz, illustrations des Aventures d’un journal) avec ou sans Fabrice Tarrin (qui l’a mis d’ailleurs mis en scène, voila pour l’auto-fiction), dont je ne suis personnellement pas si friand, mais il est capable d’histoires fines et sensibles, sans perdre son humour, et j’ai été aussi agréablement surpris par son "Les pieds-noirs à la mer" que Joann Sfar qui y écrit dans sa préface “Cher Fred Neidhardt, Je ne vous connaissais pas ainsi. Voilà plus de vingt ans que de loin en loin je vous croise, et je vous tenais pour un virtuose de la plaisanterie, un horloger de la blague inquiétante. En bandes dessinées, en textes, en caméras cachées et parfois pour le plaisir d'un seul spectateur, je vous ai vu pousser dans ses limites les plus poétiques et parfois les plus cruelles l'art de pincer sans rire.”
L’irrespect cache chez lui l’admiration et le regard juste, j’ai donc toute confiance à priori pour son histoire des Tuniques bleues. J’espère juste qu’il ne va pas trop d’enfoncer de portes ouvertes et faire des révélations qui n’en sont pas, car il dit
“-J’ai pas mal creusé la condition des Noirs américains durant la guerre de Sécession. L'histoire a un peu trop simplifié la chose: au Nord, il y avait les bons, les abolitionnistes, et au Sud, les méchants, les esclavagistes. La réalité est nettement moins tranchée: au Nord, les Noirs-même s'ils n'étaient plus techniquement des esclaves- se retrouvaient, par exemple, à faire les basses besognes, on l'évoquera dans l'album. “
Ce sujet a déjà été largement traité par Cauvin, en particulier dans Black Face, ceci dit, il est suffisamment important pour que l’on revienne dessus, d’autant plus qu’il sied particulièrement bien aux Tuniques bleues, dont les histoires tentent d’éviter le manichéisme.
Et ce retour permet un running gag pour La malédiction de la page 13 de Sti, où la couleur mûre écrasée qui fonctionnait avec les Schtroumpfs revient pour Les Tuniques bleues, ainsi qu’un Édito débile à souhaits, comme on les aime, et des Jeux Run,Blutch, run par Enzo Berkati, avec entre autres un labyrinthe complexe (relativement, pour de très jeunes enfants) mais agréable à faire car graphiquement réussi, entre vallées et cañons.
Dans la suite du Spirou et Fantasio La mémoire du futur, la Cyanure de Schwartz en robot géant a un petit côté Kirby, dont le hiératisme dans les nombreuses grandes cases (pleine page, demi-pages) fait passer le statisme. Séquence action et SF pour Poltron-Minet, et si le dialogue de Cédric Mayen entre le chaton et le scientifique est un peu pontifiant et prêcheur (et comporte une erreur: le fait qu’un chat mange une souris n’a rien à voir avec du cannibalisme, comment dans une œuvre traitant d’éthique envers les animaux peut-on figurer l’ensemble des animaux comme un tout homogène s’opposant aux humains?), la séquence en flash-back par Madd, en variations grenat et champs/contre-champs, est très réussie. Fin de la longue (70 pages) histoire des Sœurs Grémillet La villa des mystères, qui malgré son titre est bien plus terre à terre que les précédentes, centrée uniquement sur les relations entre les personnages, le mystère en question tournant un peu court par rapport aux autres aventures du trio, et l’histoire finalement assez délayée, comme sur les quatre dernières pages de l’histoire qui ne sont qu’un interminable “au revoir” sur fond de leçons de vie pour ado. Reste que les ambiances méditerranéennes, architecture, végétation, temps, sont très bien rendues.
L’histoire courte du numéro, "Prisonnier des Florkiens", est présentée comme un clin d'œil de Ced et Frantz Hofmann au Scrameustache de Gos. Plus qu’un clin d’œil, c’est visiblement une ultime(?) incarnation des hommages de L’année des héros, qui pourrait être une historiette du Scrameustache à part entière, version humoristique, loin toutefois des gags infantiles des Galaxiens.
Parmi les gags que j’ai appréciés, Le petit Spirou, encore avec Clara Cuadrado coscénariste, créditée par Janry en bas de planche mais pas dans le bandeau titre, et qui montre bien comment la conception par monsieur Mégot d’un “esprit libre” comme celui de quelqu’un “qui n’aime pas qu’on lui dise quoi penser”, faussée car parano, conduit au complotisme. Des gens et inversement de Berth (dans l’actualité des jeux paralympiques) et Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart (‘patalympiques, elles, comme la ‘pataphysique) tous deux aussi bons dans l’absurde. J’ai été aussi sensible à l’entre-deux qu’est Willy Woob, de Bernstein et Moog, entre deux tons par ses strips en bichromie, ses titres dessinés inventifs et pleins de charme, ses jeux de mot qui consistent à tout prendre au sens propre, cette indécidabilité entre l’adulte et l’enfantin. Dans Dad flashbacks de Nob, Ondine grandit, mais Panda ne semble pas changer, il faut dire qu’on a vu que déjà bébé elle avait pratiquement sa maturité actuelle, et Dad, quoique de 15 ans plus svelte, avait déjà des difficultés professionnelles, à se demander si le fameux premier rôle qui lui a valu une gloire épisodique dans sa jeunesse n’aurait pas que résulté d’un malentendu. Cette remarque est d’ailleurs valable pour toutes les vedettes d’un jour, et plus largement pour les personnages de Spirou lancés en fanfare et qui n’auront vécu que quelques numéros.
Bienvenue dans ma bibliothèque est consacré à Sophie Guerrive, la coscénariste de Spirou et Fantasio, qui a le mérite de ne pratiquement pas parler des sempiternelles œuvres fondatrices, et de plus le faire de façon personnelle: “J’ai trop de livres, et pas assez d'étagères. J'ai encore des cartons de bouquins de mon déménagement. Ça ressemble aux archives dans Gaston: si j'enlève un livre, tout s'écroule!”, ou sur son écriture: “Naturellement, en lisant beaucoup, on s'imprègne d'une écriture. Moi, je me rapproche pas mal de Tintin, une écriture un peu romanesque, à l'ancienne. Il faut que je fasse un effort pour écrire dans un style plus actuel.” Elle oriente de plus vers des pistes trop peu fréquentées, comme la (très bonne) série Gosse de Lucas Methé chez Dupuis, des maisons d'édition comme Biscoto, Misma, ou les Éditions Exemplaire, soit des maisons que l’on peut suivre car elles ont une vision éditoriale avant une financière. Par contre, je ne comprends pas sa remarque sur la cohérence de la série Spirou et Fantasio: “J’ai dû lire les albums plusieurs fois de façon anarchique, sans bien comprendre la cohérence de la série. Quand j'ai commencé à travailler dessus, je les ai relus dans l'ordre, ça a été une révélation. Tout est logique en fait.” De quelle logique peut-elle bien vouloir parler, en dehors d’une cohérence chronologique pour les relations entre S&F et le Marsupilami sous Franquin, et, plus lâche, avec Zorglub?
Elric Dufau, le dessinateur et coscénariste du Spirou et Fantasio classique, est l’invité de Spirou et moi, parle beaucoup de technique, d’application, et pas d’inspiration, ce qui reflète malheureusement ce que je pense de La baie des cochons, et fait que l’annonce par les même auteurs d’un Zorgrad, au titre trop aisément décryptable d’un Zorglub au delà du rideau de fer durant la guerre froide, me fait craindre autant de superficialité et d’artificialité.
Et ce numéro se termine avec une publicité pour le tome 9 d’Animal Jack, la série jeunesse à succès de Miss Prickly et Kid Toussaint publiée chez Dupuis mais pas dans Spirou, sans doute parce que les séries de fantasy y sont déjà nombreuses, et l’annonce pour la semaine prochaine d’un Marsupilami’s origins.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4507 du 28/08/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... arsupilami
En couverture, “El Diablo, Aux origines du Marsupilami”. Je n’aime pas ce marsupilami d’Alexis Nesme, car de la façon dont il dessine son pelage, on dirait une peluche qui vient de passer dans la machine à laver et dont les poils sont tout collés. Mais la composition, avec montagnes, jungle et eaux, et la lumière perçant les nuages et les arbres, laisse augurer de belles aventures tropicales, ce que confirme la belle première page de l’histoire, un navire sur fond de ciel doré avec une bonne utilisation d’un horizon courbe pour ajouter du dynamisme.
Il arrive trop fréquemment que les interviews de présentation, mal faites, ou aux idées confuses, désservent la BD qu’elles sont censées introduire, et celle-ci est l’interview de trop, je vais donc faire dans le détail, comme Dab's dans sa Leçon de BD. Toutefois, mieux vaut démolir la présentation et apprécier l’œuvre que le contraire.
“LEWIS TRONDHEIM: Alexis Nesme et moi avions déjà travaillé ensemble sur un Donjon et un Mickey. L'envie de continuer avec un nouvel animal héros de BD était grande. Mais lequel? La réponse a été immédiate: le Marsupilami. Les seules limites scénaristiques que je voyais au projet, c'est que le personnage est trop fort, difficile à mettre en danger. Et seul, le Marsupilami n'est pas facile à manier, car il ne parle pas...”
Je vois une autre limite: le style dessin animé d’Alexis Nesme fonctionne parfaitement avec l’esprit Donjon Parade qu’il a fait (et que j’ai trouvé vraiment drôle, pour peu que l’on aime l’humour aussi noir que débile), et pour les Mickey et les versions animalière de l’adaptation des Enfants du Capitaine Grant, d'après Jules Verne, cela fonctionne bien moins avec des personnages humains, et un marsupilami, qui n’est pas qu’un logo comme Mickey mais un personnage avec une tension interne permanente.
“LEWIS TRONDHEIM: Je suis donc parti sur une histoire avec UN Marsupilami plutôt qu'avec LE Marsupilami Ça me permettait d'être plus libre par rapport à tout ce qui s'était fait auparavant avec lui Le choix d'un récit historique est apparu naturellement ensuite. J'ai proposé El Diablo à Alexis. En ayant peur qu'il refuse parce que la queue du Marsupilami est tout de même un peu pénible à dessiner.”
UN marsupilami. Ce n’est pas ce qu’annonce la couverture (Aux origines DU marsupilami). Mettons cela sur le compte des visions antinomiques des créateurs et des commerciaux. Et si la remarque sur la queue de marsupilami n’est pas de l’humour (très léger), celle-ci est au contraire un rêve de dessinateur. Mais effectivement un cauchemar de coloriste, ce qu’est surtout Alexis Nesme. Et il aurait suffit de rebaptiser l’histoire El Diabolo pour que l’appendice rappelle le jeu, et lui donne un enjeu graphique.
“ALEXIS NESME: J'ai d'abord essayé de comprendre la nature de base du Marsu. S'agit-il d'un marsupial? D'un singe? En analysant les dessins de Franquin, j'ai compris qu'il avait inventé un mix inédit.”
Besoin d’une analyse pour découvrir ce qui est évident à la première lecture, que le marsupilami est une chimère tant graphique que naturaliste?
“A.N.: Pour ce qui est de la longueur de sa queue-qui paraît-il est très précise-, j'ai un peu triché en la laissant souvent dépasser du bord de case. Ainsi, impossible de savoir s’il reste un mètre ou un centimètre!”
D’où sort cette précision sur la longueur? Pas de chez Franquin, en tous cas…
“A.N.: Lewis et notre éditeur Frédéric Niffle voulaient que le Marsupilami d'El Diablo n'ait pas l'air trop méchant.”
C’est réussi (cf. mon commentaire sur la couverture). Mais pourquoi cette étrange demande, Spirou aurait-il finalement été bien racheté par Disney? Par ailleurs, le Marsupilami n’a jamais été “méchant” (Franquin n’est pas Disney, il n’y a pas chez lui de Grand Méchant Loup), par contre, ils son caractère, et il ne faut pas l’ennuyer.
“Ton dessin est plutôt éloigné de la "ligne claire" de Franquin...
A.N.: Oui, je dessine sans contours, sans ligne noire, et en essayant de mettre du réalisme dans mes images. Difficile, avec cette technique, de mettre de la hiérarchie dans les plans de dessins comme cela se fait dans les albums ligne claire.”
Que d’étranges remarques. Tout d’abord, son dessin contient bien des lignes noires, pour séparer les formes ton sur ton (chair sur chair essentiellement). Ensuite, ce n’est pas avec les contours que les dessinateurs de style ligne claire hiérarchisent leurs plans, le dessin ligne claire est d’ailleurs peu apte à hiérarchiser les plans, et les peintres classiques hiérarchisent bien leurs plans sans contours.
Sur les 11 premières planches de l’histoire elle-même, je retiens la jolie idée de mettre des cadres aux dessus des grands dessins (pleines et demi pages), qui mettent en valeur ceux-ci comme de grandes fenêtres sur l’histoire et l’Histoire.
Et pour accompagner le marsupilami, L’édito des Fabrice, le running gag de Sti sur les couleurs dans La malédiction de la page 13 continue, cette fois avec un (déjà vu mais de nouveau amusant car bien amené) marsupilami comparé à une banane, des Jeux de Jacques Lerouge dont le dessin foisonnant illustre à merveille son sujet de Panique dans la forêt amazonienne, et le Bulletin d’houbabonnement de Cromheecke et Thiriet.
Je retrouve par ailleurs avec plaisir Thiriet, avec au dessin Jean-Yves Duhoo (et son Oncle Ho), dans leur excellente série 100 instruments.
Le délire continue dans le Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan et Guerrive, avec Cyanure en Iron-woman, rendue encore plus énervée par les racines des plantes du château de Champignac communicant par mycélium interposé (bonne idée qui fait un lien entre le comte mycologue et ce que l’on sait de la communication végétale, mais qui tourne court) et s’en prennent à elle qui détruit tout , car dit-elle “Vous humains avez fait de moi un objet de souffrance!” Ce n’est pas ce que je connais d’elle. Est-ce un indice pour une future histoire sur le passé de Cyanure? Et le Marsupilami, d’habitude si vif, qui se laisse cueillir comme une fleur, n’est pas très crédible. Bref, une séquence violente et sanguinolente une peu gratuite car comportant des trous et surtout, se déroulant dans un monde virtuel, donc sans vrai danger de mort pour les protagonistes. Mais les couleurs d’Alex Doucet, en oppositions de brun, de rouge et de jaune, créent une vraie ambiance de fin du monde. Séquence aussi violente et sanguinolente pour le dernier chapitre de la deuxième partie de Poltron Minet, une spectaculaire scène d’évasion de laboratoire, bien menée. Quelques débuts de réponses aux questions soulevées sont apportées, mais les enjeux se multiplient, certains seront-ils sacrifiés tels des animaux de laboratoire, comme les activistes anti-spécistes, ou la suite de l’histoire sera-t-elle à la hauteur de ses ambitions? Je souligne encore la qualité de dessin, de mise en scène et de coloris de Madd. Suite de De l’or pour les Bleus, de Lambil, Neidhart et Léonardo. Après tant d’histoires des Tuniques bleues, tous les thèmes et situations semblent avoir été abordés, et bien que Neidhart soit un nouveau scénariste pour cette série, j’y ai des sentiments de déjà-vu: Blutch et Chesterfield déguisés en mexicains, espions chez les sudistes, Blutch devenant le supérieur de Chesterfield, huis-clos d’un petit groupe en mission, et même une réplique du capitaine Stillman chez les sudistes. Néanmoins, la façon nouvelle dont Neidhardt les agence, ainsi que les relations entre les différents personnages, bien typés y compris les nouveaux, rend cette histoire intéressante à suivre.
Pas d’histoire courte cette semaine, mais Les inventures, de Pascal Thivillon, lauréat du prix Atomium Spirou 2023, qui récompense des histoires non plus mettant en scène Spirou mais ayant “l’esprit Spirou”, ce qui est assez vague pour pouvoir récompenser pratiquement n’importe quelle BD grand public. Ici, ce sont trois gags en une page assez amusants d’un gamin s’imaginant vivre dans des films, les références sont assez connues pour n’exclure personne, et le dessin est du gros nez actualisé, proche de celui de Nicolas Moog.
Dans les gags, un Petit Spirou traditionnel de Janry seul cette fois (avec les couleurs de Cerise), une toujours drôle Leçon de BD par Dab’s, qui comme pour celles de Dutreix ou de Pascal Colpron, se met en scène avec humour, un original gag de Gary C. Neel de Ced et Gorobei, un peu mou, mais c’est le sujet du gag, et dont j’ai bien aimé le détail du gag sur l’affiche, une très bonne Fifiche du Proprofesseur préhistorique de Lécroart, et un Dad flashbacks de Nob qui annonce l’arrivée de Roxanne.
Les BD de ma vie sont celles de Tebo, certaines sont attendues, comme celles de Gotlib (qui semble décidément la référence absolue de la plupart des auteurs comiques, avec Gaston de Franquin), Édika, Margerin, d’autres plus inattendues, comme l’influence de Kirby pour son traitement du mouvement. Et En direct du futur annonce une énigmatique véritable aventure (à suivre) des Fabrice, en "vacances" de leur Édito...
Enfin, une pub pour une série enfance au Lombard, des enfants dans un monde féérique, une de plus, et une pour le troisième tome de Madeleine résistante de Morvan et Bertail, la biographie de la résistante Madeleine Riffaud, d’après son témoignage. Le supplément abonnés consiste en des autocollants Spirou et Fantasio par Schwartz, dont l’un les représente au volant de leur Turbotraction au design de Karmann Ghia, à mon grand plaisir.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... arsupilami
En couverture, “El Diablo, Aux origines du Marsupilami”. Je n’aime pas ce marsupilami d’Alexis Nesme, car de la façon dont il dessine son pelage, on dirait une peluche qui vient de passer dans la machine à laver et dont les poils sont tout collés. Mais la composition, avec montagnes, jungle et eaux, et la lumière perçant les nuages et les arbres, laisse augurer de belles aventures tropicales, ce que confirme la belle première page de l’histoire, un navire sur fond de ciel doré avec une bonne utilisation d’un horizon courbe pour ajouter du dynamisme.
Il arrive trop fréquemment que les interviews de présentation, mal faites, ou aux idées confuses, désservent la BD qu’elles sont censées introduire, et celle-ci est l’interview de trop, je vais donc faire dans le détail, comme Dab's dans sa Leçon de BD. Toutefois, mieux vaut démolir la présentation et apprécier l’œuvre que le contraire.
“LEWIS TRONDHEIM: Alexis Nesme et moi avions déjà travaillé ensemble sur un Donjon et un Mickey. L'envie de continuer avec un nouvel animal héros de BD était grande. Mais lequel? La réponse a été immédiate: le Marsupilami. Les seules limites scénaristiques que je voyais au projet, c'est que le personnage est trop fort, difficile à mettre en danger. Et seul, le Marsupilami n'est pas facile à manier, car il ne parle pas...”
Je vois une autre limite: le style dessin animé d’Alexis Nesme fonctionne parfaitement avec l’esprit Donjon Parade qu’il a fait (et que j’ai trouvé vraiment drôle, pour peu que l’on aime l’humour aussi noir que débile), et pour les Mickey et les versions animalière de l’adaptation des Enfants du Capitaine Grant, d'après Jules Verne, cela fonctionne bien moins avec des personnages humains, et un marsupilami, qui n’est pas qu’un logo comme Mickey mais un personnage avec une tension interne permanente.
“LEWIS TRONDHEIM: Je suis donc parti sur une histoire avec UN Marsupilami plutôt qu'avec LE Marsupilami Ça me permettait d'être plus libre par rapport à tout ce qui s'était fait auparavant avec lui Le choix d'un récit historique est apparu naturellement ensuite. J'ai proposé El Diablo à Alexis. En ayant peur qu'il refuse parce que la queue du Marsupilami est tout de même un peu pénible à dessiner.”
UN marsupilami. Ce n’est pas ce qu’annonce la couverture (Aux origines DU marsupilami). Mettons cela sur le compte des visions antinomiques des créateurs et des commerciaux. Et si la remarque sur la queue de marsupilami n’est pas de l’humour (très léger), celle-ci est au contraire un rêve de dessinateur. Mais effectivement un cauchemar de coloriste, ce qu’est surtout Alexis Nesme. Et il aurait suffit de rebaptiser l’histoire El Diabolo pour que l’appendice rappelle le jeu, et lui donne un enjeu graphique.
“ALEXIS NESME: J'ai d'abord essayé de comprendre la nature de base du Marsu. S'agit-il d'un marsupial? D'un singe? En analysant les dessins de Franquin, j'ai compris qu'il avait inventé un mix inédit.”
Besoin d’une analyse pour découvrir ce qui est évident à la première lecture, que le marsupilami est une chimère tant graphique que naturaliste?
“A.N.: Pour ce qui est de la longueur de sa queue-qui paraît-il est très précise-, j'ai un peu triché en la laissant souvent dépasser du bord de case. Ainsi, impossible de savoir s’il reste un mètre ou un centimètre!”
D’où sort cette précision sur la longueur? Pas de chez Franquin, en tous cas…
“A.N.: Lewis et notre éditeur Frédéric Niffle voulaient que le Marsupilami d'El Diablo n'ait pas l'air trop méchant.”
C’est réussi (cf. mon commentaire sur la couverture). Mais pourquoi cette étrange demande, Spirou aurait-il finalement été bien racheté par Disney? Par ailleurs, le Marsupilami n’a jamais été “méchant” (Franquin n’est pas Disney, il n’y a pas chez lui de Grand Méchant Loup), par contre, ils son caractère, et il ne faut pas l’ennuyer.
“Ton dessin est plutôt éloigné de la "ligne claire" de Franquin...
A.N.: Oui, je dessine sans contours, sans ligne noire, et en essayant de mettre du réalisme dans mes images. Difficile, avec cette technique, de mettre de la hiérarchie dans les plans de dessins comme cela se fait dans les albums ligne claire.”
Que d’étranges remarques. Tout d’abord, son dessin contient bien des lignes noires, pour séparer les formes ton sur ton (chair sur chair essentiellement). Ensuite, ce n’est pas avec les contours que les dessinateurs de style ligne claire hiérarchisent leurs plans, le dessin ligne claire est d’ailleurs peu apte à hiérarchiser les plans, et les peintres classiques hiérarchisent bien leurs plans sans contours.
Sur les 11 premières planches de l’histoire elle-même, je retiens la jolie idée de mettre des cadres aux dessus des grands dessins (pleines et demi pages), qui mettent en valeur ceux-ci comme de grandes fenêtres sur l’histoire et l’Histoire.
Et pour accompagner le marsupilami, L’édito des Fabrice, le running gag de Sti sur les couleurs dans La malédiction de la page 13 continue, cette fois avec un (déjà vu mais de nouveau amusant car bien amené) marsupilami comparé à une banane, des Jeux de Jacques Lerouge dont le dessin foisonnant illustre à merveille son sujet de Panique dans la forêt amazonienne, et le Bulletin d’houbabonnement de Cromheecke et Thiriet.
Je retrouve par ailleurs avec plaisir Thiriet, avec au dessin Jean-Yves Duhoo (et son Oncle Ho), dans leur excellente série 100 instruments.
Le délire continue dans le Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan et Guerrive, avec Cyanure en Iron-woman, rendue encore plus énervée par les racines des plantes du château de Champignac communicant par mycélium interposé (bonne idée qui fait un lien entre le comte mycologue et ce que l’on sait de la communication végétale, mais qui tourne court) et s’en prennent à elle qui détruit tout , car dit-elle “Vous humains avez fait de moi un objet de souffrance!” Ce n’est pas ce que je connais d’elle. Est-ce un indice pour une future histoire sur le passé de Cyanure? Et le Marsupilami, d’habitude si vif, qui se laisse cueillir comme une fleur, n’est pas très crédible. Bref, une séquence violente et sanguinolente une peu gratuite car comportant des trous et surtout, se déroulant dans un monde virtuel, donc sans vrai danger de mort pour les protagonistes. Mais les couleurs d’Alex Doucet, en oppositions de brun, de rouge et de jaune, créent une vraie ambiance de fin du monde. Séquence aussi violente et sanguinolente pour le dernier chapitre de la deuxième partie de Poltron Minet, une spectaculaire scène d’évasion de laboratoire, bien menée. Quelques débuts de réponses aux questions soulevées sont apportées, mais les enjeux se multiplient, certains seront-ils sacrifiés tels des animaux de laboratoire, comme les activistes anti-spécistes, ou la suite de l’histoire sera-t-elle à la hauteur de ses ambitions? Je souligne encore la qualité de dessin, de mise en scène et de coloris de Madd. Suite de De l’or pour les Bleus, de Lambil, Neidhart et Léonardo. Après tant d’histoires des Tuniques bleues, tous les thèmes et situations semblent avoir été abordés, et bien que Neidhart soit un nouveau scénariste pour cette série, j’y ai des sentiments de déjà-vu: Blutch et Chesterfield déguisés en mexicains, espions chez les sudistes, Blutch devenant le supérieur de Chesterfield, huis-clos d’un petit groupe en mission, et même une réplique du capitaine Stillman chez les sudistes. Néanmoins, la façon nouvelle dont Neidhardt les agence, ainsi que les relations entre les différents personnages, bien typés y compris les nouveaux, rend cette histoire intéressante à suivre.
Pas d’histoire courte cette semaine, mais Les inventures, de Pascal Thivillon, lauréat du prix Atomium Spirou 2023, qui récompense des histoires non plus mettant en scène Spirou mais ayant “l’esprit Spirou”, ce qui est assez vague pour pouvoir récompenser pratiquement n’importe quelle BD grand public. Ici, ce sont trois gags en une page assez amusants d’un gamin s’imaginant vivre dans des films, les références sont assez connues pour n’exclure personne, et le dessin est du gros nez actualisé, proche de celui de Nicolas Moog.
Dans les gags, un Petit Spirou traditionnel de Janry seul cette fois (avec les couleurs de Cerise), une toujours drôle Leçon de BD par Dab’s, qui comme pour celles de Dutreix ou de Pascal Colpron, se met en scène avec humour, un original gag de Gary C. Neel de Ced et Gorobei, un peu mou, mais c’est le sujet du gag, et dont j’ai bien aimé le détail du gag sur l’affiche, une très bonne Fifiche du Proprofesseur préhistorique de Lécroart, et un Dad flashbacks de Nob qui annonce l’arrivée de Roxanne.
Les BD de ma vie sont celles de Tebo, certaines sont attendues, comme celles de Gotlib (qui semble décidément la référence absolue de la plupart des auteurs comiques, avec Gaston de Franquin), Édika, Margerin, d’autres plus inattendues, comme l’influence de Kirby pour son traitement du mouvement. Et En direct du futur annonce une énigmatique véritable aventure (à suivre) des Fabrice, en "vacances" de leur Édito...
Enfin, une pub pour une série enfance au Lombard, des enfants dans un monde féérique, une de plus, et une pour le troisième tome de Madeleine résistante de Morvan et Bertail, la biographie de la résistante Madeleine Riffaud, d’après son témoignage. Le supplément abonnés consiste en des autocollants Spirou et Fantasio par Schwartz, dont l’un les représente au volant de leur Turbotraction au design de Karmann Ghia, à mon grand plaisir.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4508 du 04/09/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... la-rentree
Une belle couverture de Nob de teintes automnales avec une Panda se précipitant joyeuse dans la cour de l’école, détonnant parmi les autres enfants, son père et sa sœur, introduit ce numéro spécial rentrée qui, en dépit de son nombre de pages habituel, contient pas moins de cinq histoires courtes. Trois d'entre elles ne font que deux pages, certes, mais il faut saluer la performance de la rédaction d’avoir pu organiser et coordonner cela, performance d’autant plus appréciable que pas une des histoire, y compris dans les gags habituels, ne porte sur “la rentrée à l’école des sorciers et sorcières”. Les séries mettant en scène des enfants sont bien sûr au programme. Family Life, de Jacques Louis, dans laquelle certains gags sont attendus à cause de la forte caractérisation des personnages et surtout de leurs rapports, et d’autres, nouveaux, sont très drôles. Les cavaliers de l’apocadispe de Libon (pour lesquels dans le Spirou 4502 avait été annoncé qu’une histoire (à suivre) devait débuter dans le numéro 4505 et qu’on attend toujours), dont les personnages et leurs relations sont aussi très typés mais où l’imagination des gamins et leur don pour se mettre dans des situations rocambolesques, ainsi que le sens de l’expression de Libon (un “robot triste” qui panique les élèves) rend chaque nouvel épisode hilarant. D’autres sont plus inattendus, comme Une nouvelle année au lycée, qui reprend le blog autofictionnel que tenait Fabrice Erre, professeur d’histoire-géo dans le civil, sur cette fois un scénario de Fabcaro et des couleurs de Sandrine Greff, ou deux gags des Jumelles, d’un (ou une) nouveau-elle dessinateurice, Rizbo, dans lequel le papa porte le même chandail marin que Nob dans L’atelier Mastodonte ou Nicoby dans ses BD autobiographiques. D’où vient cette tendance vestimentaire chez ces dessinateurs? Enfin, deux pages d’une nouvelle histoire animalière de Tofy, un des spécialistes dans Spirou, d’humour cruel et aux belles couleurs aurorales puis crépusculaires de Maëla Cosson.
Surprise aussi dans les gags en une page ou en strips, avec les nombreux enfants de Titan inc., dont on découvre l’existence, qui font aussi leur rentrée. Rentrée aussi pour Kid Paddle, de Midam, Patelin et Angèle, en ouverture (deuxième page du magazine) mais pas pour Game Over, de Midam, Benz, Adam et Angèle, en fermeture (avant dernière page). Rentrée sous le signe des fournitures pour L’édito des Fabrice, rentrée scolaire pour Brad Rock, Crash Tex, Des gens et inversement, Fish n chips, Tash et Trash, le Bulletin d’abonnement, et même pour une publicité pour Cœur Collège (série à succès chez Dupuis mais non publiée dans Spirou) et bien sûr pour Dad et ses deux filles de Dad flashbacks, et Dad et ses quatre filles dans les Jeux de Mouk, où l’on retrouve les t-shirt de “groupes de vieux” (dixit Roxanne. J’ignorais que Boris fût si connu), rentrée au bureau pour Nelson, et rentrée des oiseaux migrateurs dans Les Fifiches du Proprofesseur, et le thème de ce numéro n’aurait pas pu ne pas inclure le supplément abonnés, des étiquettes de cahiers avec des héros de Spirou.
Suite des Tuniques bleues de Lambil et Neidhart, toujours drôle dans les relations entre les personnages, dont les nouveaux, le pathétique fils du général Lee, le soldat fayot et l’ambitieux, bien typés, et avec de nombreuses péripéties. Un point m’échappe: dans quel but le soldat esclave en fuite arrache-t-il une planche d’un pont à la main au lieu de rapidement s’enfuir? Pas encore convaincu par contre par le marsupilami de Trondheim, à l’humour un peu trop simple, et Nesme, au dessin manquant de souplesse et au marsupilami faisant trop artificiel: la tête est trop grosse pour ce corps semi réaliste, et l’animal est déséquilibré. Mais la mise en page met bien en valeur le traitement de la lumière et des couleurs. Ce n’est plus de la violence mais carrément un carnage dans les trois pages du Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan, Guerrive et Doucet: après Seccotine écrabouilée la semaine précédente, ce sont les corps des doubles virtuels de Fantasio et du comte, et incessamment du Marsupilami, qui baignent maintenant dans une marre de sang. Mais une bonne idée est utilisée pour donner ici un rôle important à Spip, qui sort de l’illusion virtuelle parce qu’il a faim.
Bienvenue dans mon atelier est consacré à celui d’Alexis Nesme, dont on aperçoit la palette de gouache dans trois photos sur quatre, dont sur une en gros plan: le rédacteur, Paul Satis, tenait vraiment à mettre en avant cette “façon très particulière de travailler, en couleur directe…montée en même temps que le dessin”, et Spirou et moi à Sandrine Martin, une autrice qui a découvert la BD avec Yoko Tsuno et à laquelle L’Association, avec ses auteurs parlant du réel et de l’intime, a donné envie d’en faire. Enfin, En direct du futur annonce que Pascal Jousselin est en train de travailler à une longue histoire (à suivre) d’Imbattable, à paraitre dans un futur incertain, et qu’en attendant sa finalisation, il travaille sur une nouvelle série avec Nicoby au dessin, sur des histoires courtes parlant de lui, et conseille La Maison-Bleue, une série dystopique du Québec dans laquelle celui-ci est devenu indépendant https://www.youtube.com/watch?v=lfwxhqIg_2w
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... la-rentree
Une belle couverture de Nob de teintes automnales avec une Panda se précipitant joyeuse dans la cour de l’école, détonnant parmi les autres enfants, son père et sa sœur, introduit ce numéro spécial rentrée qui, en dépit de son nombre de pages habituel, contient pas moins de cinq histoires courtes. Trois d'entre elles ne font que deux pages, certes, mais il faut saluer la performance de la rédaction d’avoir pu organiser et coordonner cela, performance d’autant plus appréciable que pas une des histoire, y compris dans les gags habituels, ne porte sur “la rentrée à l’école des sorciers et sorcières”. Les séries mettant en scène des enfants sont bien sûr au programme. Family Life, de Jacques Louis, dans laquelle certains gags sont attendus à cause de la forte caractérisation des personnages et surtout de leurs rapports, et d’autres, nouveaux, sont très drôles. Les cavaliers de l’apocadispe de Libon (pour lesquels dans le Spirou 4502 avait été annoncé qu’une histoire (à suivre) devait débuter dans le numéro 4505 et qu’on attend toujours), dont les personnages et leurs relations sont aussi très typés mais où l’imagination des gamins et leur don pour se mettre dans des situations rocambolesques, ainsi que le sens de l’expression de Libon (un “robot triste” qui panique les élèves) rend chaque nouvel épisode hilarant. D’autres sont plus inattendus, comme Une nouvelle année au lycée, qui reprend le blog autofictionnel que tenait Fabrice Erre, professeur d’histoire-géo dans le civil, sur cette fois un scénario de Fabcaro et des couleurs de Sandrine Greff, ou deux gags des Jumelles, d’un (ou une) nouveau-elle dessinateurice, Rizbo, dans lequel le papa porte le même chandail marin que Nob dans L’atelier Mastodonte ou Nicoby dans ses BD autobiographiques. D’où vient cette tendance vestimentaire chez ces dessinateurs? Enfin, deux pages d’une nouvelle histoire animalière de Tofy, un des spécialistes dans Spirou, d’humour cruel et aux belles couleurs aurorales puis crépusculaires de Maëla Cosson.
Surprise aussi dans les gags en une page ou en strips, avec les nombreux enfants de Titan inc., dont on découvre l’existence, qui font aussi leur rentrée. Rentrée aussi pour Kid Paddle, de Midam, Patelin et Angèle, en ouverture (deuxième page du magazine) mais pas pour Game Over, de Midam, Benz, Adam et Angèle, en fermeture (avant dernière page). Rentrée sous le signe des fournitures pour L’édito des Fabrice, rentrée scolaire pour Brad Rock, Crash Tex, Des gens et inversement, Fish n chips, Tash et Trash, le Bulletin d’abonnement, et même pour une publicité pour Cœur Collège (série à succès chez Dupuis mais non publiée dans Spirou) et bien sûr pour Dad et ses deux filles de Dad flashbacks, et Dad et ses quatre filles dans les Jeux de Mouk, où l’on retrouve les t-shirt de “groupes de vieux” (dixit Roxanne. J’ignorais que Boris fût si connu), rentrée au bureau pour Nelson, et rentrée des oiseaux migrateurs dans Les Fifiches du Proprofesseur, et le thème de ce numéro n’aurait pas pu ne pas inclure le supplément abonnés, des étiquettes de cahiers avec des héros de Spirou.
Suite des Tuniques bleues de Lambil et Neidhart, toujours drôle dans les relations entre les personnages, dont les nouveaux, le pathétique fils du général Lee, le soldat fayot et l’ambitieux, bien typés, et avec de nombreuses péripéties. Un point m’échappe: dans quel but le soldat esclave en fuite arrache-t-il une planche d’un pont à la main au lieu de rapidement s’enfuir? Pas encore convaincu par contre par le marsupilami de Trondheim, à l’humour un peu trop simple, et Nesme, au dessin manquant de souplesse et au marsupilami faisant trop artificiel: la tête est trop grosse pour ce corps semi réaliste, et l’animal est déséquilibré. Mais la mise en page met bien en valeur le traitement de la lumière et des couleurs. Ce n’est plus de la violence mais carrément un carnage dans les trois pages du Spirou et Fantasio de Schwartz, Abitan, Guerrive et Doucet: après Seccotine écrabouilée la semaine précédente, ce sont les corps des doubles virtuels de Fantasio et du comte, et incessamment du Marsupilami, qui baignent maintenant dans une marre de sang. Mais une bonne idée est utilisée pour donner ici un rôle important à Spip, qui sort de l’illusion virtuelle parce qu’il a faim.
Bienvenue dans mon atelier est consacré à celui d’Alexis Nesme, dont on aperçoit la palette de gouache dans trois photos sur quatre, dont sur une en gros plan: le rédacteur, Paul Satis, tenait vraiment à mettre en avant cette “façon très particulière de travailler, en couleur directe…montée en même temps que le dessin”, et Spirou et moi à Sandrine Martin, une autrice qui a découvert la BD avec Yoko Tsuno et à laquelle L’Association, avec ses auteurs parlant du réel et de l’intime, a donné envie d’en faire. Enfin, En direct du futur annonce que Pascal Jousselin est en train de travailler à une longue histoire (à suivre) d’Imbattable, à paraitre dans un futur incertain, et qu’en attendant sa finalisation, il travaille sur une nouvelle série avec Nicoby au dessin, sur des histoires courtes parlant de lui, et conseille La Maison-Bleue, une série dystopique du Québec dans laquelle celui-ci est devenu indépendant https://www.youtube.com/watch?v=lfwxhqIg_2w
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Concernant la version du marsu dans "El Diablo", de Trondheim & Nesme, si ce qu'ils proposent est de nous dire qu'il y avait déjà des marsupilami au moment de la conquête et de la colonisation de la Palombie, l'analyse suivante se pose : ... faut-il n'ont-ils pas pris en compte qu'aucun spécimen de cette espèce n'apparaît dans l'aventure "L'horloger de la comète" de Spirou & Fantasio, qui se déroule en Palombie dans ces années-là ...?!
Naturellement, je comprends que Franquin n'ait pas permis l'exploitation du personnage dans les périodes d'aventures que d'autres artistes poursuivaient, d'où l'absence jusqu'à sa réapparition avec Yoann & Vehlmann ... Mais cela génère cependant une légère incohérence avec la version de Trondheim/Nesme
...
Evidemment, et du fait de ces relances du Marsupilami dans Le Journal (comme "La Bête", de Zidrou/Frank Pé, pour donner un exemple), si l'on prend en compte que Zorglub - dans "Z comme..." - avait en pensant envoyer Marsu dans l'espace, il n'est pas surprenant que quelqu'un reprenne cette ligne et nous aurons bientôt des aventures spatiales de notre adorable créature palombienne, peut-être en la mettant à jour avec Elon Musk et son Spacex
!!
Naturellement, je comprends que Franquin n'ait pas permis l'exploitation du personnage dans les périodes d'aventures que d'autres artistes poursuivaient, d'où l'absence jusqu'à sa réapparition avec Yoann & Vehlmann ... Mais cela génère cependant une légère incohérence avec la version de Trondheim/Nesme


Evidemment, et du fait de ces relances du Marsupilami dans Le Journal (comme "La Bête", de Zidrou/Frank Pé, pour donner un exemple), si l'on prend en compte que Zorglub - dans "Z comme..." - avait en pensant envoyer Marsu dans l'espace, il n'est pas surprenant que quelqu'un reprenne cette ligne et nous aurons bientôt des aventures spatiales de notre adorable créature palombienne, peut-être en la mettant à jour avec Elon Musk et son Spacex

Mesdamas et les chevalieros: Pardonnez-muá mon francés !
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4509 du 11/09/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ans-elliot
Une couverture assombrie pour une ambiance de maison hantée, au titre doublement paradoxal : Elliot au collège (sans Elliot), pour les vacances d’ Églantine (narrées une semaine après le numéro spécial rentrée). Mallo, (le ou la) coloriste de cette histoire , utilise les bruns et oranges habituels d’Elliot au collège, mais sans les bleus les accompagnant usuellement. L’an dernier la couverture de l’histoire courte présentant les vacances d’Elliot était au contraire entièrement dans les tons bleus, dans une ambiance fantômatique aussi mais en pleine nature : jolie façon d’illuster les oppositions de caractère d’Elliot et d’ Églantine, que commente l’auteur Théo Grosjean dans l’intéressant entretien de présentation, où il discute également de son utilisation d’éléments de sa propre vie et de ses choix graphiques pour les angoisses incarnées de ses personnages : celle d’ Églantine dort comme un gros chat au pied de son lit. On apprend beaucoup dans cette histoire courte assez conséquente (six pages) sur la famille d’ Églantine, qui donne l’envie d’en savoir encore plus sur les nouveaux personnages (l’énigmatique grand-mère et la tante disparue). Le Tuto dessiné de Théo Grosjean pour dessiner Elliot est pour une fois découpé assez en détails pour être suivi, L’édito des Fabrice sur Elliot fait dans le running-gag du complotisme absurde (pléonasme – je conseille d’ailleurs le très drôle et bien vu Les complotistes, de Fabrice Erre et Jorge Bernstein, chez Dupuis, 2020), ce qui donne un bel ensemble sur cette série. Elliot apparaît même avec les autres personnages enfants du journal (et Spirou et Seccotine) dans les Jeux Skate-park de Vog. L’autre histoire courte (quatre pages) du numéro s’intitule « La tourte aux champignons », un nouvel épisode de Paupiette, la petite sorcière maladroite de Tofy (couleurs de Lisa Guisquier) , accompagnée de son lapin parlant familier.
Fin de La mémoire du futur, la suite de La mort de Spirou. Nous avions quitté la semaine précédente une Cyanure Goldorak déchainée détruisant tout sous sa colère, à la suite de Spip qui avait perçu l’illusion et nous avait entrainé rejoindre le vrai Spirou sous la mer, prisonnier d’une bulle. La fin de la Cyanure géante aurait pu être un morceaux de bravoure graphique, mais elle ne nous est pas montrée. Les limules géantes ressurgissent une fois de plus, sans que leur rôle ni même leur existence ne soit éclaircie. Enfin, Spirou dit n’avoir pas fait grand’chose dans cette histoire, ce qui est juste mais ne me dérange pas car du moins il n’est pas mort (je n’y ai jamais cru, mais autant jouer le jeu du tome un), il a été beaucoup présent (ce qui n’a pas été le cas du récent Spirou classique, et cela a libéré une place pour un beau rôle pour Seccotine. Si l’épisode se clos sur l’élucidation du mystère de Korallion, Cyanure est laissée prête à ressurgir, à la manière dont l’avaient laissé voir Tome et Janry, sans jamais avoir toutefois exploité cette possibilité, de même que Zorglub, qui promettait un rôle important lui aussi sous exploré. La bonne surprise de cette reprise aura surtout été pour moi, outre la redistribution des rôles, avantageuse pour Seccotine mais dommageable pour le comte de Champignac, dont le rôle, comme pour Zorglub, n’aura pas été au niveau de ce que le début de l’histoire semblait promettre, et est parfois évaporé, les transitions entre scènes, comme dans ce dernier chapitre qui débute dans les bulles sous la mer, se poursuit avec l’irruption des bulles hors de l’eau vues de la plage, et se termine par un retour vers Bruxelles de nuit sous la pluie, tout cela parfaitement agencé et mis en scène par Olivier Schwartz et magnifié par les couleurs la fois tranchées et nuancées dans leurs variations d’Alex Doucet.
Suite de El diablo, le marsupilami de Trondheim et Nesme, aux couleurs lumineuses, mais dont les personnages sont aussi raides et vivants que des figures de cire. Suite aussi de De l’or pour les bleus, de Lambil et Neidhart, dans un chapitre toujours riche en rebondissements et humour, mais où Blutch et Chesterfield sont, page 23, un peu trop soudainement démasqués du point de vue crédibilité de l'histoire.
Nombre de gags : Kid Paddle, de Midam, Patelin, Dairin et Angèle, dans le running gag du bal masqué, Gary C. Neel, mon papy à l’ouest, où Ced et Gorobei développent un gag sur la relation entre une petite fille et son grand-père, mais dans un esprit western, on est loin de Cédric et son grand-père. Je deviens de plus en plus sensible à l’univers particulier de Willy Woob de Moog et Bernstein, ses titres dessinés, ses jeux de mots absurdes, les situations légèrement décalées. Une nouvelle Méthode Raowl de Tebo, minimalisme de la mise en scène et maximalisme de détails amusants. Annabelle, pirate rebelle, de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, s’éloigne de la fougueuse Marine de Cortegianni et Tranchand à qui elle faisait inévitablement penser au début, puisque dans ce gag elle n’a plus qu’un rôle de figurante dans les deux dernières cases. Le gag anachronique de barbares assimilés à des touristes, déjà vu mais ici bien revu, de la Fifiche du Proprofesseur de Lécroart m’a bien fait rire, et Nob continue Dad flashbacks dans la relation entre Panda et Ondine jeunes enfants. Enfin Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau, avec l'équipe hollywoodienne dont le tournage du biopic-fiction sur et à propos du naufrage annoncé du navire redébute sans cesse.
Paul Martin est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, où il dit avoir voulu faire avec Titan Inc., qu’il pensait au départ dessiner lui-même, une métaphore du monde de l’entreprise. C’est intéressant de le voir ainsi, comme une entreprise fonçant dans le mur par son étroitesse d’esprit, son obsession de la performance, avec tous les employés, les consultants, les publicistes, et ce qui gravite autour. Pour ma part j’aime aussi voir cette série comme une préquelle des Naufragés de Bretécher et Cauvin, le même univers clos, le même noyau de personnages confrontés à des variations de situations sur le même thème (éviter (au sens propre et figuré) le naufrage pour les uns, et trouver une île accueillante après le naufrage pour les autres), avec toutes les contraintes que cela implique. Enfin En direct du futur annonce le retour de Natacha pour le dernier volet de la trilogie adaptée de L’Épervier bleu de Sirius.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... ans-elliot
Une couverture assombrie pour une ambiance de maison hantée, au titre doublement paradoxal : Elliot au collège (sans Elliot), pour les vacances d’ Églantine (narrées une semaine après le numéro spécial rentrée). Mallo, (le ou la) coloriste de cette histoire , utilise les bruns et oranges habituels d’Elliot au collège, mais sans les bleus les accompagnant usuellement. L’an dernier la couverture de l’histoire courte présentant les vacances d’Elliot était au contraire entièrement dans les tons bleus, dans une ambiance fantômatique aussi mais en pleine nature : jolie façon d’illuster les oppositions de caractère d’Elliot et d’ Églantine, que commente l’auteur Théo Grosjean dans l’intéressant entretien de présentation, où il discute également de son utilisation d’éléments de sa propre vie et de ses choix graphiques pour les angoisses incarnées de ses personnages : celle d’ Églantine dort comme un gros chat au pied de son lit. On apprend beaucoup dans cette histoire courte assez conséquente (six pages) sur la famille d’ Églantine, qui donne l’envie d’en savoir encore plus sur les nouveaux personnages (l’énigmatique grand-mère et la tante disparue). Le Tuto dessiné de Théo Grosjean pour dessiner Elliot est pour une fois découpé assez en détails pour être suivi, L’édito des Fabrice sur Elliot fait dans le running-gag du complotisme absurde (pléonasme – je conseille d’ailleurs le très drôle et bien vu Les complotistes, de Fabrice Erre et Jorge Bernstein, chez Dupuis, 2020), ce qui donne un bel ensemble sur cette série. Elliot apparaît même avec les autres personnages enfants du journal (et Spirou et Seccotine) dans les Jeux Skate-park de Vog. L’autre histoire courte (quatre pages) du numéro s’intitule « La tourte aux champignons », un nouvel épisode de Paupiette, la petite sorcière maladroite de Tofy (couleurs de Lisa Guisquier) , accompagnée de son lapin parlant familier.
Fin de La mémoire du futur, la suite de La mort de Spirou. Nous avions quitté la semaine précédente une Cyanure Goldorak déchainée détruisant tout sous sa colère, à la suite de Spip qui avait perçu l’illusion et nous avait entrainé rejoindre le vrai Spirou sous la mer, prisonnier d’une bulle. La fin de la Cyanure géante aurait pu être un morceaux de bravoure graphique, mais elle ne nous est pas montrée. Les limules géantes ressurgissent une fois de plus, sans que leur rôle ni même leur existence ne soit éclaircie. Enfin, Spirou dit n’avoir pas fait grand’chose dans cette histoire, ce qui est juste mais ne me dérange pas car du moins il n’est pas mort (je n’y ai jamais cru, mais autant jouer le jeu du tome un), il a été beaucoup présent (ce qui n’a pas été le cas du récent Spirou classique, et cela a libéré une place pour un beau rôle pour Seccotine. Si l’épisode se clos sur l’élucidation du mystère de Korallion, Cyanure est laissée prête à ressurgir, à la manière dont l’avaient laissé voir Tome et Janry, sans jamais avoir toutefois exploité cette possibilité, de même que Zorglub, qui promettait un rôle important lui aussi sous exploré. La bonne surprise de cette reprise aura surtout été pour moi, outre la redistribution des rôles, avantageuse pour Seccotine mais dommageable pour le comte de Champignac, dont le rôle, comme pour Zorglub, n’aura pas été au niveau de ce que le début de l’histoire semblait promettre, et est parfois évaporé, les transitions entre scènes, comme dans ce dernier chapitre qui débute dans les bulles sous la mer, se poursuit avec l’irruption des bulles hors de l’eau vues de la plage, et se termine par un retour vers Bruxelles de nuit sous la pluie, tout cela parfaitement agencé et mis en scène par Olivier Schwartz et magnifié par les couleurs la fois tranchées et nuancées dans leurs variations d’Alex Doucet.
Suite de El diablo, le marsupilami de Trondheim et Nesme, aux couleurs lumineuses, mais dont les personnages sont aussi raides et vivants que des figures de cire. Suite aussi de De l’or pour les bleus, de Lambil et Neidhart, dans un chapitre toujours riche en rebondissements et humour, mais où Blutch et Chesterfield sont, page 23, un peu trop soudainement démasqués du point de vue crédibilité de l'histoire.
Nombre de gags : Kid Paddle, de Midam, Patelin, Dairin et Angèle, dans le running gag du bal masqué, Gary C. Neel, mon papy à l’ouest, où Ced et Gorobei développent un gag sur la relation entre une petite fille et son grand-père, mais dans un esprit western, on est loin de Cédric et son grand-père. Je deviens de plus en plus sensible à l’univers particulier de Willy Woob de Moog et Bernstein, ses titres dessinés, ses jeux de mots absurdes, les situations légèrement décalées. Une nouvelle Méthode Raowl de Tebo, minimalisme de la mise en scène et maximalisme de détails amusants. Annabelle, pirate rebelle, de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, s’éloigne de la fougueuse Marine de Cortegianni et Tranchand à qui elle faisait inévitablement penser au début, puisque dans ce gag elle n’a plus qu’un rôle de figurante dans les deux dernières cases. Le gag anachronique de barbares assimilés à des touristes, déjà vu mais ici bien revu, de la Fifiche du Proprofesseur de Lécroart m’a bien fait rire, et Nob continue Dad flashbacks dans la relation entre Panda et Ondine jeunes enfants. Enfin Titan Inc. de Paul Martin et Manu Boisteau, avec l'équipe hollywoodienne dont le tournage du biopic-fiction sur et à propos du naufrage annoncé du navire redébute sans cesse.
Paul Martin est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans mon atelier, où il dit avoir voulu faire avec Titan Inc., qu’il pensait au départ dessiner lui-même, une métaphore du monde de l’entreprise. C’est intéressant de le voir ainsi, comme une entreprise fonçant dans le mur par son étroitesse d’esprit, son obsession de la performance, avec tous les employés, les consultants, les publicistes, et ce qui gravite autour. Pour ma part j’aime aussi voir cette série comme une préquelle des Naufragés de Bretécher et Cauvin, le même univers clos, le même noyau de personnages confrontés à des variations de situations sur le même thème (éviter (au sens propre et figuré) le naufrage pour les uns, et trouver une île accueillante après le naufrage pour les autres), avec toutes les contraintes que cela implique. Enfin En direct du futur annonce le retour de Natacha pour le dernier volet de la trilogie adaptée de L’Épervier bleu de Sirius.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Je ne sais plus si je l'ai déjà évoqué, mais le passage concerné pourra faire l'objet d'un mini-article sur les lieux réels, puisque l'échangeur proche de Reims où l'on peut prendre une direction Charleroi existe vraiment. Je pense que Schwartz l'a dessiné de tête car il n'est pas exact, sans être fait n'importe comment. La case où ils sont sur une autoroute urbaine se passe peut-être à proximité de Reims mais n'existe pas dans la vraie vie. J'ai eu l'impression que c'était Charleroi mais ça ne colle pas, vu la durée du dialogue entre les personnages.heijingling a écrit : ↑dim. 20 oct. 2024 19:06
et se termine par un retour vers Bruxelles de nuit sous la pluie, tout cela parfaitement agencé et mis en scène par Olivier Schwartz et magnifié par les couleurs la fois tranchées et nuancées dans leurs variations d’Alex Doucet.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4510 du 18/10/2024
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... -la-nature
Les Cavaliers de l’apocadispe dans une grande histoire (5 semaines de parution), « sauvons la nature »(sic pour l'absence de majuscules), Libon seul aux commandes (scénario, dessin, couleur) pour la première fois (sauf erreur) dans une longue histoire (à suivre) fera-t-il oublier le ratage (les longueeeeeeurs, les répétitions) de son Spirou chez les fous sur scénario de Jul ? Ces 6 premières pages démarrant sur les chapeaux de roue (au sens figuré, les Cavaliers ayant trouvé une carcasse de voiture à laquelle il manque justement les roues. Et le moteur. Et les portes. ) le portent à croire, lesdits cavaliers n’ayant pas du tout la même notion du recyclage et de la protection de la nature que la professeure qui leur donne un devoir de groupe à faire sur ce thème en les associant, à son désespoir, au premier de la classe… Le sens de l’ellipse de Libon (montrer le résultat d’une gaffe uniquement par la réaction de ceux qui l’ont causée, planche 3), ses idées de mise en scène (case plan large sans personnages avec une bulle sans trait de direction, pour marquer l’entrée des personnages en scène, première case de la planche 3) et de rythme avec la gestion des silences (Olive raconte affolé sur une bande de 5 dessins sans case, le dernier muet, planche 5) font merveille. Par contre, Lambil, dans De l’or pour les bleus, s’il maitrise toujours les bases de son dessin, y compris de bons plans généraux (planche 29), devient maladroit lorsqu’il lui faut représenter des scènes nouvelles pour lui, surtout avec du mouvement (la fusillade planche 31, la tenture planche 32), mais l’histoire de Fred Neidhart apporte toujours son content d’humour et de rebondissements. Quant à El Diablo, le dessin figé d’Alexis Nesme peut considérer être transcendé par sa mise en planches, dont les encadrements (planches 27 et 31) et la dissolution des limites des cases dans un fond de couleur (planche 32), ainsi que par les couleurs outrées dans leur contrastes de tons (verts, ors, rouges) et de luminosité, irréalismes revendiqués qui poussent cette histoire vers un théatre de marionnettes, vision accentuée par le jeu des dialogues de Trondheim.
L’entretien avec l’auteur de la semaine est remplacé par L’interro de l’apocadispe, à laquelle les réponses d’Olive, si elles sont peu orthodoxes du point de vue SVT, montrent une imagination impressionnante et fort à propos, aussi drôles que sont désespérés les commentaires de la prof. Joan et Annie Pastor ont eux fait de très bons Jeux tout à fait dans l’esprit, L’apocadistique park, et Sti fait une très amusante version de La malédiction de la page 13 en la présentant comme le dernier des 4 cavaliers de l’apocalypse. Seuls les Fabrice dans leur Édito se plaignent du plagiat que leur fait Libon avec son long récit « juste avant qu’eux ne lancent leur long récit »... (teasing inside).
Dans les gags, Kid Paddle de Midam, Dairin et Angèle dans une amusante variation du thème du père héros caché, qui se termine mal pour celui-ci, “pour une fois que c’était pas un rêve”, commente Kid. 3 infos 2 vraies 1 fausse de Bercovici et Bernstein (couleurs de Dominique Thomas) maintient bien la balance entre l’anecdotique et l’informatif. Le dessin géométriquement simplifié de Maria-Paz sert bien les strips de la semaine de Otaku (scénario de Nena) sur les jeux vidéos vintage. Mais où donc se passe cette série dans laquelle les ronds-points sont agrémentés de Totoro? C’est cette fois Renaud Collin, en jardinier, qui donne d’utiles conseils sur le décor et la couleur dans La leçon de BD. Très amusant et original Crash Tex, de Dab’s et Gom, sur une “recette maison de guacamole aux herbes du jardin”. Délaissant la métaphore du monde de l’entreprise mentionnée dans le numéro précédent, Paul Martin et Manu Boisteau écrasent enfin leur Titan Inc. sur l’iceberg, après des mois de temps figé, qui pousse à l’extrême le (plus ou moins) non-dit sur « les personnages de BD – et culture populaire en générale- qui ne vieillissent pas » mais celui-ci sera sauvé par la magie de la fiction, en de très bonnes et amusantes remarques sur cette magie. Nob dans Dad flashbacks présente enfin les circonstances de la rencontre de Dad avec l’une de ses ex compagnes, la maman de Roxane . Bref, nombre de très bons gags cette semaine. Même Léon et Léna de Damien Cerq et Clémence (couleurs de Ludwig Alizon) sont pour une fois désemparés, les adultes se montrant aussi extrêmes qu’eux dans leurs moyens de défense.
Damien Cerq signe par ailleurs le scénario d’un nouvel épisode de La clairière s’amuse, dessiné par Thomas Priou, délicieux d’humour idiot et cruel sur une taupe espionne dans une campagne électorale, insoupçonnée car les protagonistes ignorent la polysémie. Deux autres histoires complètes complètent les BD de ce numéro : Contrairement au minimalisme de la mise en scène et l’absence de décors de la précédente, Tebo réalise une Méthode Raowl où les personnages se déplacent dans un fond s’étalant sur les deux pages qui constituent un labyrinthe forestier rempli de pièges, sur le principe déjà vu chez lui ou dans Les trois chemin, de Trondheim et Sergio Garcia. Je note juste que la bifurcation entre l’avant dernier et le dernier niveau n’est pas très claire. Et Capitaine Anchois, de Floris, amusant mais au scénario assez linéaire pour une fois.
Enfin dans le rédactionnel, Les BD de ma vie sont celles d’Alfred (qui dessine sur scénario de Zabus la prochaine histoire des Petits métiers méconnus, annoncée dans En direct du futur, qui sera la dernière de l’album à paraitre), qui parle bien de bons livres, aussi bien des classiques, Gaston, sa “BD doudou” ou Philémon de Fred, que de “la synthèse folle d’un dessin complètement maitrisé et du lacher-prise” de Pascal Rabaté dans Ibicus (belle adaptation d’Alexis Tolstoï) ou de L’expert, de Jennifer Daniel, que je trouve également brillant (pour reprendre ses termes, brillante synthèse du lumineux et du sombre, par le dessin, le ton et le fond, dirais-je).
Et le supplément abonnés est un livret La vie galactik, mode d’emploi, d’une nouvelle série de nouveaux auteurs, Véronique Gallez et Pierre Lecrenier, à paraitre dans le journal. Présentation de l’univers d’une série avant son développement, comme l’avait fait le premier épisode des Shadocks, auxquels cette SF parodie absurde de notre monde fait penser.
Ici un aperçu du numéro https://www.spirou.com/actualites/somma ... -la-nature
Les Cavaliers de l’apocadispe dans une grande histoire (5 semaines de parution), « sauvons la nature »(sic pour l'absence de majuscules), Libon seul aux commandes (scénario, dessin, couleur) pour la première fois (sauf erreur) dans une longue histoire (à suivre) fera-t-il oublier le ratage (les longueeeeeeurs, les répétitions) de son Spirou chez les fous sur scénario de Jul ? Ces 6 premières pages démarrant sur les chapeaux de roue (au sens figuré, les Cavaliers ayant trouvé une carcasse de voiture à laquelle il manque justement les roues. Et le moteur. Et les portes. ) le portent à croire, lesdits cavaliers n’ayant pas du tout la même notion du recyclage et de la protection de la nature que la professeure qui leur donne un devoir de groupe à faire sur ce thème en les associant, à son désespoir, au premier de la classe… Le sens de l’ellipse de Libon (montrer le résultat d’une gaffe uniquement par la réaction de ceux qui l’ont causée, planche 3), ses idées de mise en scène (case plan large sans personnages avec une bulle sans trait de direction, pour marquer l’entrée des personnages en scène, première case de la planche 3) et de rythme avec la gestion des silences (Olive raconte affolé sur une bande de 5 dessins sans case, le dernier muet, planche 5) font merveille. Par contre, Lambil, dans De l’or pour les bleus, s’il maitrise toujours les bases de son dessin, y compris de bons plans généraux (planche 29), devient maladroit lorsqu’il lui faut représenter des scènes nouvelles pour lui, surtout avec du mouvement (la fusillade planche 31, la tenture planche 32), mais l’histoire de Fred Neidhart apporte toujours son content d’humour et de rebondissements. Quant à El Diablo, le dessin figé d’Alexis Nesme peut considérer être transcendé par sa mise en planches, dont les encadrements (planches 27 et 31) et la dissolution des limites des cases dans un fond de couleur (planche 32), ainsi que par les couleurs outrées dans leur contrastes de tons (verts, ors, rouges) et de luminosité, irréalismes revendiqués qui poussent cette histoire vers un théatre de marionnettes, vision accentuée par le jeu des dialogues de Trondheim.
L’entretien avec l’auteur de la semaine est remplacé par L’interro de l’apocadispe, à laquelle les réponses d’Olive, si elles sont peu orthodoxes du point de vue SVT, montrent une imagination impressionnante et fort à propos, aussi drôles que sont désespérés les commentaires de la prof. Joan et Annie Pastor ont eux fait de très bons Jeux tout à fait dans l’esprit, L’apocadistique park, et Sti fait une très amusante version de La malédiction de la page 13 en la présentant comme le dernier des 4 cavaliers de l’apocalypse. Seuls les Fabrice dans leur Édito se plaignent du plagiat que leur fait Libon avec son long récit « juste avant qu’eux ne lancent leur long récit »... (teasing inside).
Dans les gags, Kid Paddle de Midam, Dairin et Angèle dans une amusante variation du thème du père héros caché, qui se termine mal pour celui-ci, “pour une fois que c’était pas un rêve”, commente Kid. 3 infos 2 vraies 1 fausse de Bercovici et Bernstein (couleurs de Dominique Thomas) maintient bien la balance entre l’anecdotique et l’informatif. Le dessin géométriquement simplifié de Maria-Paz sert bien les strips de la semaine de Otaku (scénario de Nena) sur les jeux vidéos vintage. Mais où donc se passe cette série dans laquelle les ronds-points sont agrémentés de Totoro? C’est cette fois Renaud Collin, en jardinier, qui donne d’utiles conseils sur le décor et la couleur dans La leçon de BD. Très amusant et original Crash Tex, de Dab’s et Gom, sur une “recette maison de guacamole aux herbes du jardin”. Délaissant la métaphore du monde de l’entreprise mentionnée dans le numéro précédent, Paul Martin et Manu Boisteau écrasent enfin leur Titan Inc. sur l’iceberg, après des mois de temps figé, qui pousse à l’extrême le (plus ou moins) non-dit sur « les personnages de BD – et culture populaire en générale- qui ne vieillissent pas » mais celui-ci sera sauvé par la magie de la fiction, en de très bonnes et amusantes remarques sur cette magie. Nob dans Dad flashbacks présente enfin les circonstances de la rencontre de Dad avec l’une de ses ex compagnes, la maman de Roxane . Bref, nombre de très bons gags cette semaine. Même Léon et Léna de Damien Cerq et Clémence (couleurs de Ludwig Alizon) sont pour une fois désemparés, les adultes se montrant aussi extrêmes qu’eux dans leurs moyens de défense.
Damien Cerq signe par ailleurs le scénario d’un nouvel épisode de La clairière s’amuse, dessiné par Thomas Priou, délicieux d’humour idiot et cruel sur une taupe espionne dans une campagne électorale, insoupçonnée car les protagonistes ignorent la polysémie. Deux autres histoires complètes complètent les BD de ce numéro : Contrairement au minimalisme de la mise en scène et l’absence de décors de la précédente, Tebo réalise une Méthode Raowl où les personnages se déplacent dans un fond s’étalant sur les deux pages qui constituent un labyrinthe forestier rempli de pièges, sur le principe déjà vu chez lui ou dans Les trois chemin, de Trondheim et Sergio Garcia. Je note juste que la bifurcation entre l’avant dernier et le dernier niveau n’est pas très claire. Et Capitaine Anchois, de Floris, amusant mais au scénario assez linéaire pour une fois.
Enfin dans le rédactionnel, Les BD de ma vie sont celles d’Alfred (qui dessine sur scénario de Zabus la prochaine histoire des Petits métiers méconnus, annoncée dans En direct du futur, qui sera la dernière de l’album à paraitre), qui parle bien de bons livres, aussi bien des classiques, Gaston, sa “BD doudou” ou Philémon de Fred, que de “la synthèse folle d’un dessin complètement maitrisé et du lacher-prise” de Pascal Rabaté dans Ibicus (belle adaptation d’Alexis Tolstoï) ou de L’expert, de Jennifer Daniel, que je trouve également brillant (pour reprendre ses termes, brillante synthèse du lumineux et du sombre, par le dessin, le ton et le fond, dirais-je).
Et le supplément abonnés est un livret La vie galactik, mode d’emploi, d’une nouvelle série de nouveaux auteurs, Véronique Gallez et Pierre Lecrenier, à paraitre dans le journal. Présentation de l’univers d’une série avant son développement, comme l’avait fait le premier épisode des Shadocks, auxquels cette SF parodie absurde de notre monde fait penser.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.