Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Posté : dim. 30 juin 2024 22:48
Numéro 4497 du 19/06/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -leon-lena
Couverture de Clémence sur Léon et Lena, pour leur retour dans Spirou, concordant avec la sortie de leur quatrième album, qui doit inclure des strips non parus dans Spirou, puisque, selon le jeu test introduisant ces pages, le personnage de Lennon semble avoir pris une grande importance, alors qu’elle est relativement peu apparue dans le journal. Suite de l’arc sur le départ du rédacteur en chef Morgan Di Salvia dans L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre. Un Petit Spirou difficilement interprétable, qui à première vue semble ridiculiser une certaine tendance actuelle du féminisme, avec les contradictions de Suzette demandant un homme déconstruit, pourtant le scénario est cosigné par Clara Cuadrado, qui revendiquait son féminisme militant il y a peu dans ce magazine.
Bernstein et Moog mettent cette semaine Willy Woob et son chien Kiki dans la peau d’agriculteurs, et leur humour gentiment absurde y fonctionne cette fois très bien. Nicolas Moog est par ailleurs avec Émilie Plateau l’auteur du supplément de la semaine, un Carnet de voyage de la Ciudad de México (au titre en espagnol). Ils témoignent d’un enthousiasme si enfantin que même l’office du tourisme mexicain doit en être gênée: “La cuisine mexicaine est la meilleure du monde” (elle est objectivement relativement simple et peu variée), et ils trouvent émouvant jusqu’aux larmes l’ultra touristique et artificielle chevauchée annuelle pour commémorer la révolution mexicaine. Par ailleurs, ils sombrent dans ce travers qu’une amie m’avait au Mexique décrit comme si français, de comparer toujours, pour dénigrer l’un au profit de l’autre. Et ici, c’est aussi ce si français auto dénigrement: “Tout va être gris et fade en France à côté de Mexico.” Étrange de la part d’auteurs qui sont par ailleurs si critiques et lucides, Émilie Plateau dans son “Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin”, Nicolas Moog dans ses bandes dans Fluide glacial ou chez 6 pieds sous terre. Dans Le strip dont vous êtes la star, Libon représente une panthère, et j’aime beaucoup la façon dont il représente ses fauves, au visage débordant de poils, comme Bisou dans Tralaland. Tebo met en scène Raowl dans un numéro quasiment en solo, de combat contre lui-même pour une fois, d’exercice de sa volonté, dommage pour moi que Tebo joue encore avec les clichés de l’humour prétendument enfantin (les légumes sont incarnés par des brocolis, qui sont moches et puent). Départ de la maman d’Ondine dans Dad flashbacks de Nob, disparue aussi soudainement qu’elle était apparue (mais elle n’est pas faite pour la vie de famille et ses responsabilités, comme elle l’avouait elle-même). Et on ne sait toujours pas pourquoi elle s’était mise avec Dad, l’ambitieuse s’était-elle entichée d’un jeune acteur en pleine ascension, et l’a-t-elle quitté lorsqu’elle s’est rendue compte qu’il ne deviendrait jamais une vedette?
Fin du Spirou classique, qui ne m’a aucunement convaincu. Ni dans le fait d’avoir confronté Spirou à un évènement historique: le Spirou de Bravo était au moins très instructif, et faisait ressentir l’ambiance de peur et de perte de l’époque, ici, rien dans le traitement caricatural ne fait ressentir la guerre froide, ces Fidel Castro et Che Guevara autoritaires et maladroits auraient tout aussi bien pu être remplacés par Zorglub. Ni dans le scénario, avec Spirou si peu présent et Fantasio suiveur de Seccotine, et je regrette le Longplaying bon vivant et expansif, remplacé par ce patriote peu franc et peu sûr de lui. Ni enfin le dessin, trop scolaire et raide. Seule, étrangement, la dernière planche est bonne de ce point de vue, auquel son encrage plus décidé, plus profond, alors qu’il était trop sec jusque là, donne vie et vivacité aux personnages.
Six pages éminemment romantiques pour Les cœurs de ferraille, dont quatre muettes, dans lesquelles Munuera et Sedyas varient grandement découpage, encrage, colorisation, pour exprimer le tourbillon de sentiments qui s’empare des deux amoureux. Une scène d’étreinte sur une plage avec les mouettes et les flots mugissants est très cliché (Frank P. L’avait un peu renouvellée dans La nuit du chat, de Broussaille), mais ici, ainsi traitée, apporte un beau contrepoint et tournant dans cette histoire de grande violence sociale. Une séquence toute en action, bien rythmée par le découpage et la mise en scène dans l’enquête du Lieutenant Bertillon de Barth, Pomès et Drac. Fin aussi du troisième épisode du Métier le plus dangereux du monde, cette autre bonne série jeunesse de Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier, qui aura pleinement mérité son titre puisque le père des deux jeunes apprentis super héros n’aura été un super héros que le temps de 6 pages, sans même avoir accompli un exploit avant de mourir, cette disparition conjointe à l’arrivée d’un colis énigmatique termine cet épisode sur un double suspens.
Dans le rédactionnel, Les BD de ma vie de Djief, dessinateur de Créatures, dont les premières BD lues tout seul sont un Tuniques bleues et un Yoko Tsuno. Passe pour les Tuniques bleues, mais pour le Yoko, soit il a été précoce (lire Yoko seul vers 4 ou 5 ans, c’est impressionnant), soit au contraire il a lu tardivement tout seul. Et, alors qu’il dessine des créatures lovecratiennes, un maître de l’horreur, il trouve “flippants” les géants de L’Attaque des Titans de Hajime Isayama (une des séries manga les plus vendues au monde). Il est vrai que ceux-ci sont assez horrifiques, avec leur corps aux formes à la fois atrophiées et hypertrophiées et leur bouches immenses aux nombre effrayant de dents, mais cela montre que la sensibilité de chacun à la peur, la laideur ou la beauté est imprévisible. En direct du futur annonce un récit court du Petit Spirou, format pour lequel Janry est moins à l’aise que pour les gags en une planche, et pour cela a fait appel à Jacques Louis.
Les Jeux sont d’un certain ou certaine Vog, que je ne connais pas, et, intitulés Pon…pom..pidou!!, ne sont pas un hommage à Marilyn Monroe mais au musée d’art moderne parisien, avec toutefois uniquement des œuvres d’auteurs décédés, en dehors d’une présentée sous forme de labyrinthe, qui ressemble fort à l’œuvre d’un artiste contemporain dont le nom m’échappe, que je crois suisse (non, pas Anni Albers, ni Brice Madden), celui ou celle qui trouvera aura droit à mon plus grand respect (l’œuvre, le labyrinthe entre le Miro et le Mondrian, est visible ici: https://www.spirou.com/actualites/solut ... u-ndeg4497). Bizarrement, Spirou y figure sous la forme d’un gardien de musée endormi, alors que Nicoby s’était fait tancer pour avoir énoncé ce cliché dans le Spirou 4490 spécial JO au Louvre.
Enfin, deux publicités pour des albums jeunesse, Cinq Avril une série chez Dupuis dont seul un extrait avait été publié dans Spirou, sous forme de supplément il y a quelques semaines, et une au Lombard du dessinateur Tristan Roulot, qui lui a publié quelques histoires courtes dans Spirou.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -leon-lena
Couverture de Clémence sur Léon et Lena, pour leur retour dans Spirou, concordant avec la sortie de leur quatrième album, qui doit inclure des strips non parus dans Spirou, puisque, selon le jeu test introduisant ces pages, le personnage de Lennon semble avoir pris une grande importance, alors qu’elle est relativement peu apparue dans le journal. Suite de l’arc sur le départ du rédacteur en chef Morgan Di Salvia dans L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre. Un Petit Spirou difficilement interprétable, qui à première vue semble ridiculiser une certaine tendance actuelle du féminisme, avec les contradictions de Suzette demandant un homme déconstruit, pourtant le scénario est cosigné par Clara Cuadrado, qui revendiquait son féminisme militant il y a peu dans ce magazine.
Bernstein et Moog mettent cette semaine Willy Woob et son chien Kiki dans la peau d’agriculteurs, et leur humour gentiment absurde y fonctionne cette fois très bien. Nicolas Moog est par ailleurs avec Émilie Plateau l’auteur du supplément de la semaine, un Carnet de voyage de la Ciudad de México (au titre en espagnol). Ils témoignent d’un enthousiasme si enfantin que même l’office du tourisme mexicain doit en être gênée: “La cuisine mexicaine est la meilleure du monde” (elle est objectivement relativement simple et peu variée), et ils trouvent émouvant jusqu’aux larmes l’ultra touristique et artificielle chevauchée annuelle pour commémorer la révolution mexicaine. Par ailleurs, ils sombrent dans ce travers qu’une amie m’avait au Mexique décrit comme si français, de comparer toujours, pour dénigrer l’un au profit de l’autre. Et ici, c’est aussi ce si français auto dénigrement: “Tout va être gris et fade en France à côté de Mexico.” Étrange de la part d’auteurs qui sont par ailleurs si critiques et lucides, Émilie Plateau dans son “Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin”, Nicolas Moog dans ses bandes dans Fluide glacial ou chez 6 pieds sous terre. Dans Le strip dont vous êtes la star, Libon représente une panthère, et j’aime beaucoup la façon dont il représente ses fauves, au visage débordant de poils, comme Bisou dans Tralaland. Tebo met en scène Raowl dans un numéro quasiment en solo, de combat contre lui-même pour une fois, d’exercice de sa volonté, dommage pour moi que Tebo joue encore avec les clichés de l’humour prétendument enfantin (les légumes sont incarnés par des brocolis, qui sont moches et puent). Départ de la maman d’Ondine dans Dad flashbacks de Nob, disparue aussi soudainement qu’elle était apparue (mais elle n’est pas faite pour la vie de famille et ses responsabilités, comme elle l’avouait elle-même). Et on ne sait toujours pas pourquoi elle s’était mise avec Dad, l’ambitieuse s’était-elle entichée d’un jeune acteur en pleine ascension, et l’a-t-elle quitté lorsqu’elle s’est rendue compte qu’il ne deviendrait jamais une vedette?
Fin du Spirou classique, qui ne m’a aucunement convaincu. Ni dans le fait d’avoir confronté Spirou à un évènement historique: le Spirou de Bravo était au moins très instructif, et faisait ressentir l’ambiance de peur et de perte de l’époque, ici, rien dans le traitement caricatural ne fait ressentir la guerre froide, ces Fidel Castro et Che Guevara autoritaires et maladroits auraient tout aussi bien pu être remplacés par Zorglub. Ni dans le scénario, avec Spirou si peu présent et Fantasio suiveur de Seccotine, et je regrette le Longplaying bon vivant et expansif, remplacé par ce patriote peu franc et peu sûr de lui. Ni enfin le dessin, trop scolaire et raide. Seule, étrangement, la dernière planche est bonne de ce point de vue, auquel son encrage plus décidé, plus profond, alors qu’il était trop sec jusque là, donne vie et vivacité aux personnages.
Six pages éminemment romantiques pour Les cœurs de ferraille, dont quatre muettes, dans lesquelles Munuera et Sedyas varient grandement découpage, encrage, colorisation, pour exprimer le tourbillon de sentiments qui s’empare des deux amoureux. Une scène d’étreinte sur une plage avec les mouettes et les flots mugissants est très cliché (Frank P. L’avait un peu renouvellée dans La nuit du chat, de Broussaille), mais ici, ainsi traitée, apporte un beau contrepoint et tournant dans cette histoire de grande violence sociale. Une séquence toute en action, bien rythmée par le découpage et la mise en scène dans l’enquête du Lieutenant Bertillon de Barth, Pomès et Drac. Fin aussi du troisième épisode du Métier le plus dangereux du monde, cette autre bonne série jeunesse de Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier, qui aura pleinement mérité son titre puisque le père des deux jeunes apprentis super héros n’aura été un super héros que le temps de 6 pages, sans même avoir accompli un exploit avant de mourir, cette disparition conjointe à l’arrivée d’un colis énigmatique termine cet épisode sur un double suspens.
Dans le rédactionnel, Les BD de ma vie de Djief, dessinateur de Créatures, dont les premières BD lues tout seul sont un Tuniques bleues et un Yoko Tsuno. Passe pour les Tuniques bleues, mais pour le Yoko, soit il a été précoce (lire Yoko seul vers 4 ou 5 ans, c’est impressionnant), soit au contraire il a lu tardivement tout seul. Et, alors qu’il dessine des créatures lovecratiennes, un maître de l’horreur, il trouve “flippants” les géants de L’Attaque des Titans de Hajime Isayama (une des séries manga les plus vendues au monde). Il est vrai que ceux-ci sont assez horrifiques, avec leur corps aux formes à la fois atrophiées et hypertrophiées et leur bouches immenses aux nombre effrayant de dents, mais cela montre que la sensibilité de chacun à la peur, la laideur ou la beauté est imprévisible. En direct du futur annonce un récit court du Petit Spirou, format pour lequel Janry est moins à l’aise que pour les gags en une planche, et pour cela a fait appel à Jacques Louis.
Les Jeux sont d’un certain ou certaine Vog, que je ne connais pas, et, intitulés Pon…pom..pidou!!, ne sont pas un hommage à Marilyn Monroe mais au musée d’art moderne parisien, avec toutefois uniquement des œuvres d’auteurs décédés, en dehors d’une présentée sous forme de labyrinthe, qui ressemble fort à l’œuvre d’un artiste contemporain dont le nom m’échappe, que je crois suisse (non, pas Anni Albers, ni Brice Madden), celui ou celle qui trouvera aura droit à mon plus grand respect (l’œuvre, le labyrinthe entre le Miro et le Mondrian, est visible ici: https://www.spirou.com/actualites/solut ... u-ndeg4497). Bizarrement, Spirou y figure sous la forme d’un gardien de musée endormi, alors que Nicoby s’était fait tancer pour avoir énoncé ce cliché dans le Spirou 4490 spécial JO au Louvre.
Enfin, deux publicités pour des albums jeunesse, Cinq Avril une série chez Dupuis dont seul un extrait avait été publié dans Spirou, sous forme de supplément il y a quelques semaines, et une au Lombard du dessinateur Tristan Roulot, qui lui a publié quelques histoires courtes dans Spirou.