Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... nt-en-1961
Une couverture qui s’adresse aux vieux nostalgiques, puisqu’elle reprend la maquette du journal de 1961, et aux collectionneurs, mais j’ignore si son élégance plait aux lecteurs actuels.
Débute donc la première histoire officielle de la nouvelle collection Spirou classique, qui va comprendre des histoires de Spirou placées à l’époque classique, visiblement celle où Franquin et Greg l’animaient. Une nouvelle équipe en est chargée, Elric, scénario, dessin et couleurs, qui a dernièrement repris le dessin d'Iznogoud, Michaël Baril, scénario et couleurs, qui a publié comme scénariste et auteur complet principalement chez des éditeurs indépendants, (un aperçu ici: http://www.bulledair.com/index.php?rubr ... teur_orion) et Clément Lemoine, scénario, qui participe avec Baril et Elric au site Marsam d'études sur la BD (Elric l'ayant cofondé), également éditeur, de ces trois auteurs entre autres, et auteur dernièrement d'une biographie de Goscinny à New York. Un trio d'auteurs bon connaisseurs du franco-belge classique, donc prédestinés à inaugurer cette collection Spirou classique, d'autant plus qu'Elric s'était déjà frotté au Spirou de Franquin https://marsam.graphics/la-mauvaise-tet ... -bon-sens/
Je note pourtant dès l'abord un paradoxe dans cette histoire, qui est de confronter Spirou à un vrai évènement historique, alors qu’à cette période classique les auteurs plaçaient justement leurs personnages dans des lieux imaginaires, même si assez transparents, pour éviter la censure. C’est ainsi que Spirou est allé en Palombie et pas en Colombie, à Hoïnk Oïnk, et pas à Hong Kong, et au Bretzelburg, pays germanique, et que Buck Danny s’est rendu au Vien-Tân après l’interdiction de ses albums se passant en Corée. L’histoire commence assez bien, puisque dès ce premier chapitre Spirou est enlevé et Fantasio va tenter de le délivrer avec l’aide du G.A.G., mais l’animosité de Fantasio envers Seccotine est étalée avec un peu trop d’insistance, dans 7 cases rien que pour ce chapitre. Le dessin s’inscrit dans l’époque, dans le style de ce que faisaient Marcel Denis (membre du premier atelier de Franquin) ou Attanasio (qui a repris Modeste et Pompon), mais les décors manquent un peu de présence et les personnages secondaires de personnalité. Tant qu’à faire authentique et efficace, Elric aurait pu prendre un assistant, comme l’avait fait Franquin avec Jidéhem et Roba.
Bien sûr, on est loin de l’introduction de référence pour ce qui est des comédies d’aventure à Cuba au tournant du castrisme, à savoir L’homme de La Havane, de Carol Reed, d’après le roman de divertissement (comme il l’appelait) de Graham Greene, car si l’espionnage est bien là, l’érotisme et l’alcool, essentiels dans les intrigues à Cuba, feraient tache dans Spirou. https://www.youtube.com/watch?v=ME7zNvA-6Z4
Les Jeux de Pauline Casters sont consacrés à Spirou à Cuba, une page à La Havane, l’autre à la jungle (j’ignorais qu’il y avait des piranhas à Cuba. Vérification faite, en fait non

Suite de Bertillon, et je ne suis pas le seul à trouver ce personnage agaçant, puisque son collègue lui crie dessus : “Mais tu ne fais aucun effort, mon gars! Zéro!! Depuis huit mois que tu es là, tu ne fais que te plaindre et regarder ton nombril!!” . Mais encore une fois, l’ambiance posée par le dessin, les couleurs et les dialogues de Carine Barth, Cyrille Pomès et Drac sont bons, et une nouvelle intrigue sur fond de légendes resurgit. Deuxième chapitre du Métier le plus dangereux du monde, concentré sur les trois jeunes apprentis super héros, qui sont précipités dans un univers inconnu en fuyant la bataille rangée entre super héros (dont un ours blanc et un kangourou…) et yeux à rayons tueurs.
Pas de Gaston cette semaine, Prunelle étant hors service, et Fantasio en reportage à l’ONU. Ou bien est-il réellement parti, comme l’annonçait le gag de la semaine précédente? À sa place, page 2, Elliot au collège, sans Elliot, mais avec Alice et Aya, deux filles fortes (au sens propre, puisque l’histoire se passe dans la salle de gym où elles font intensément du sport, sinon au figuré), mais dont soit la personnalité soit leur vécu empêche leur rencontre, sur un amusant malentendu graphique. Des écureuils (mais pas Spip) et des Colombiens (et pas des Palombiens) dans 3 infos 2 vraies 1 fausse. La Méthode Raowl de Tebo dans une ambiance Disney insupportable pour Raowl, avec pour une fois abondance de décors, sur le sujet “La musique calme-t-elle les nerfs?”, avec une pub pour l’annonce de la sortie du tome 2 en vis-à-vis. Gag d’un bizutage amusant et original pour Annabelle, Pirate Rebelle, de Sti, Ghorbani et Cerise, deux amusants et bien trouvés gags visuels de Kid Paddle et Game Over par Midam et ses collaborateurs Venet et Patelin (scénario), Adam (dessin), et Angèle et BenBk (couleurs). Brad Rock de Jilème et Sophie David, chercheur d’or en Nouvelle Calédonie, au calme en 1864, loin de l’actualité. Titan inc. avec lequel Paul Martin et Manu Boisteau gardent un équilibre entre gags sur la collision annoncée et ceux sur les interactions entre les multiples personnages. Capitaine Anchois, où l’imagination luxuriante de Floris parvient en une seule page à agencer deux histoires en une et déjouer les attentes des lecteurs, un dragon (faussement) gardien de trésor et une (apparente) magicienne dans un marché exotique. Imagination toujours renouvellée aussi, sur un strip, pour Tom avec Fish n chips et Dino avec Tash et Trash. Enfin, suite de la petite enfance de Panda, déjà égale à elle même, dans Dad de Nob, et un dessin sur les 10 ans de gags en marge de Sti pour La Malédiction de la page 13, gag qui pour l’occasion se retrouve page 10 (c’est plus amusant vu que décrit...)
Deux histoires courtes, une sur une utopie onirique, puisqu’il s’agit d’un nouvel épisode des Petits métiers méconnus, de Vincent Zabus, parfaitement mis en valeur par les jeux sur le trait et les couleurs de Christian Cailleaux, avec un écho de Nighthawks de Edward Hopper de ci et de Loustal de là. L’autre sur une utopie concrète, puisqu’il s’agit d’un supplément de la série des Carnets de voyage de Spirou, avec la Petite Lucie au parlement européen, bien fait car Joan et Annie Pastor ont su sélectionner des infos suffisamment pertinentes pour rendre le reportage instructif, clair et cohérent. Deux détails montrent le point de vue personnel de l’auteur, l’un évident, le choix d’un entretien avec un député du parti grec Syriza, “une espèce très rare”, l’autre la remarque de l’étudiante reporter, “Déplace-toi d’un pas décidé, Lucie, ça nous évitera de nous faire rappeler à l’ordre par un vigile”, soulignant que dans notre société, on doit toujours être en action, et ceux qui rêvent et prennent leur temps sont suspects.
Trois rubriques rédactionnelles, Spirou et moi sur Magali Le Huche, autrice de livres illustrées et BD jeunesse qui a grandi avec des personnages de Spirou, et deux autres sur Jean Van Hamme, le Largo Winch, ou le Nick Leeson, du franco-belge. Dans Les BD de ma vie, Jocelyn Boisvert, scénariste de Mort et déterré, ami d’enfance de Delaf (tous les auteurs québécois de BD de Spirou sont-ils donc des proches?), a été influencé par Fred, pour ce qui est positif, et par JVH, pour “l’ultra efficacité” toujours en action, un héros de notre temps. À sa décharge, Boisvert s’ennuie en lisant Black Sad. En direct du futur rappelle que XIII, de JVH et William Vance, est apparu dans Spirou il y a 40 ans, et pour cette occasion un numéro spécial va sortir en juin, pour lequel JVH a scénarisé un mini-récit de XIII intitulé Bas les masques. Si les collectionneurs ne sont pas encore convaincus de réserver plusieurs exemplaires de ce numéro exceptionnel tiré à seulement un million d’exemplaires (Média Participation ne pouvait en faire moins que pour Gaston), il est bien précisé en gras que “ce mini album inédit va devenir collector!” Ce numéro aura tout de même des intérêts autres que spéculateurs car plusieurs hommages y seront rendus à XIII par des auteurs comme Dutreix (dont ses deux volumes de Parodies sont hilarants et souvent très originaux dans l’idée, comme Spirou et Fantasio en repreneurs potentiels de Blake et Mortimer.
Pour finir, un extrait d’une pub pour Le fil de l’histoire raconté par Ariane et Nino, de Sylvain Savoia et Fabrice Erre, sur Les Jeux olympiques, explique qu’on ne sait pas pourquoi les athlètes concouraient nus, “obligation qui étonne déjà à l’époque les non-grecs”, alors que le récit court de la semaine précédente donnait comme première explication sur le ton de la provocation que c’était pour s’assurer qu’aucune femme ne participait, puis sérieusement que c'était pour ne pas être gêné par les vêtements...
