Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4489 du 24/04/2024
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... e-position
Retour, pour sa deuxième aventure dans Spirou, de Bertillon, le lieutenant aussi agaçant et tenace que Colombo. Ce sont deux héros qui n’en ont pas l’air, ainsi que le décrit le dessinateur Cyrille Pomès dans l’interview sur Spirou.com: “À travers cette attitude, c'est la dimension "anti-héros" de Bertillon qui s'exprime. Là où le héros traditionnel parvient seul à franchir les obstacles et sauve la demoiselle en détresse à la fin, notre lieutenant a suffisamment peu d'ego pour accepter de se laisser aider par d'autres, parfois plus qualifiés que lui parce que meilleurs connaisseurs de l'environnement de l'enquête. La force de Bertillon réside beaucoup dans son humilité.” Tout du moins, il écoute autrui quand ça lui est utile, car dans la vie quotidienne, il réagit souvent comme un gamin têtu. L’attrait de cette série se trouve pour moi dans l’expressionnisme joyeux du dessin et des couleurs (de Drac), ainsi que la magie sortie des croyances de populations différentes, forains et tsiganes dans la première histoire, peuples arctiques maintenant. La couverture, où ciel, mer et glace se mêlent illustre bien ce mélange des genres. Et, pour une fois, l’illustrateur des Jeux, Joann, a un dessin qui se rapproche quelque peu de celui de la BD qu’ils prennent pour thème: encrage épais, membres démesurés, trait alternant l’anguleux et l’arrondis.
Fin de l’histoire de Yoko Tsuno L’aigle des Highlands, étrange aventure où se mêlent monde extraterrestre et aventure terrestre, qui sont d’habitude disjoints, et où se sont retrouvés presque tous les nombreux personnages de la série, presque trop nombreux, d’autant que des nouveaux sont apparus, et que Leloup donne une personnalité à chacun, de micro conflits de caractères se superposant à une intrigue déjà assez complexe. Dans la grande tradition de la série d’aventure, Leloup conclue l’histoire en laissant des portes entrouvertes, préludes à de nouvelles aventures. Mais l’équilibre qu’il tenait entre série de SF dure et complexité des rapports humains se perd un peu, par accumulation de personnages, beaucoup donnant l’impression d’être trop grands et à l’étroit pour le petit rôle qui leur est dorénavant accordé, Vic, Pol et Khāny en premier. Et chaque personnage semble aussi porteur d’une histoire qui aurait pu être développée, mais est remise à plus tard, ou au contraire une resucée de personnages anciens, comme la Déesse, l’Élu suprême, ou les énigmatiques “Vinéens qui cachent une soif de pouvoir”. La série gagnerait à être ressérée et moins éparpillée entre les multiples personnages et leurs histoires juste abordées. Fin aussi de Secret Six, l’histoire de Black Squaw concluant visiblement un premier cycle, celle-ci devenant un agent fédéral, et la branche du KKK qui la pourchassait disparaissant par un coup du sort bienvenu, ainsi que son chef, dont le sourire permanent rappelle le Joker. Fin cynique à la Yann, une petite fille noire laissant périr le chef du KKK dans la même situation que celle où Bessie l’avait sauvé des années auparavant. Double combat final dans Rendez-vous avec le Bogeyman, dernière histoire de Créatures, l’un dans l’esprit matériel de Yog Sothoth, d’autre dans celui de Lovecraft, avec Minus, le petit garçon albinos qui s’exprime étonnamment bien pour son jeune âge. Une note en marge (un avantage d'un magazine sur un album) nous apprend que Djief, le dessinateur, a obtenu au Québec le Prix reconnaissance en bande dessinée, qui souligne son engagement pour la bande dessinée.
Deux histoires courtes dans ce numéro. L’une est une nouvelle enquête en huis-clos de Marc et Pep, d’autant plus clos que Marc a un torticolis le contraignant à passer l’enquête dans un fauteuil, celle-ci se déroulant dans une seul pièce, et de nouveau Philippe Ory et Nicoby donnent un titre en fausse piste lié en jeu de mots à un minuscule détail de l’histoire. L’autre est dans le strip-book en Supplément, un nouvel épisode de Grands Panards, ce grand gars hirsute de Colin Atthard, à la recherche des siens, qui va tenter cette fois de répondre à l’invitation de son cousin Yéti à venir prendre le thé. Et le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, coïncidence encore?, met en scène un crime absolument semblable à celui de Marc et Pep.
Dans les gags, le Gaston de Delaf débute dans la joie: Prunelle et Fantasio, bourrés comme le reste de la rédaction (hormis Boulier, qui ne le sera qu’en fin de page), copains comme cochons, s’enlaçant, entrent dans un bureau, Fantasio s’écriant “Prunelle et moi sommes officiellement virés!”, et Prunelle enchaîne, les yeux baignés de larmes de joie, “Je vais pouvoir enfin me casser d’ici!!…” C’est un peu comme si des repreneurs des Tuniques bleues montraient Chesterfield, Stark, Alexander, et même Grant ou Lincoln ne pensant, comme Blutch, qu’à déserter…Ou faisaient de Boule, ou d’un Spirou enfant, des obsédés sexuels. Cela dit, puisque commercialement ça marche, pourquoi se gêner…? Par une heureuse coïncidence de mise en page (ou serait-ce magnifiquement calculé?) en vis-à-vis de Gaston, L’Édito montre les Fabrice cherchant eux aussi à partir du journal, mais ce n’est que la suite de leur lamentable stratagème de la semaine précédente pour se faire augmenter. Le fils de Brad Rock, le chercheur d’or reconverti dans le maraichage, devient militant exalté pour la protection des animaux sous la plume de Jilème et le pinceau de Sophie David. L’histoire courte la semaine précédente d’Annabelle, pirate rebelle, par Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, n’était qu’une fausse piste de présentation, puisque c’est finalement une nouvelle série de gags en une page (une de plus). L’équipage de Capitaine Anchois de Floris s’affole devant ce qu’ils croient être des zombies. Midam a bien profité de son séjour à Hong Kong, puisque les lettres qu’il invente (avec Dairin) pour le langage du “Blork zabrakien du sud-est parlant tellarite avec des suffixes dérivationnels” s’inspire des caractères chinois, c’est graphiquement réussi. Enfin, le manque de confiance en soi de Elliot, au collège comme ailleurs, lui fait causer une pathétique prophétie auto-réalisatrice.
Dans le rédactionnel, Bienvenue dans la bibliothèque de Véro Gally, dessinatrice entre autres d’amusantes histoires courtes scénarisées par Véro Cazot dans Spirou, a lu de tout, de Mafalda aux comics underground, une bonne quinzaine de BD par semaine quand elle était libraire, et En direct du futur annonce le retour de Léon et Lena, absents depuis septembre 2023, en juin. Dans une pub pour la série pour enfants Petit poilu, de Bailly et Fraipont, est écrit “Des histoires sans mot à lire tout seul ou bien en famille”, confirmant qu’à l’instar d’un plan ou d’une horloge, une bande dessinée, même muette, se lit au même titre qu’une parlante.
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... e-position
Retour, pour sa deuxième aventure dans Spirou, de Bertillon, le lieutenant aussi agaçant et tenace que Colombo. Ce sont deux héros qui n’en ont pas l’air, ainsi que le décrit le dessinateur Cyrille Pomès dans l’interview sur Spirou.com: “À travers cette attitude, c'est la dimension "anti-héros" de Bertillon qui s'exprime. Là où le héros traditionnel parvient seul à franchir les obstacles et sauve la demoiselle en détresse à la fin, notre lieutenant a suffisamment peu d'ego pour accepter de se laisser aider par d'autres, parfois plus qualifiés que lui parce que meilleurs connaisseurs de l'environnement de l'enquête. La force de Bertillon réside beaucoup dans son humilité.” Tout du moins, il écoute autrui quand ça lui est utile, car dans la vie quotidienne, il réagit souvent comme un gamin têtu. L’attrait de cette série se trouve pour moi dans l’expressionnisme joyeux du dessin et des couleurs (de Drac), ainsi que la magie sortie des croyances de populations différentes, forains et tsiganes dans la première histoire, peuples arctiques maintenant. La couverture, où ciel, mer et glace se mêlent illustre bien ce mélange des genres. Et, pour une fois, l’illustrateur des Jeux, Joann, a un dessin qui se rapproche quelque peu de celui de la BD qu’ils prennent pour thème: encrage épais, membres démesurés, trait alternant l’anguleux et l’arrondis.
Fin de l’histoire de Yoko Tsuno L’aigle des Highlands, étrange aventure où se mêlent monde extraterrestre et aventure terrestre, qui sont d’habitude disjoints, et où se sont retrouvés presque tous les nombreux personnages de la série, presque trop nombreux, d’autant que des nouveaux sont apparus, et que Leloup donne une personnalité à chacun, de micro conflits de caractères se superposant à une intrigue déjà assez complexe. Dans la grande tradition de la série d’aventure, Leloup conclue l’histoire en laissant des portes entrouvertes, préludes à de nouvelles aventures. Mais l’équilibre qu’il tenait entre série de SF dure et complexité des rapports humains se perd un peu, par accumulation de personnages, beaucoup donnant l’impression d’être trop grands et à l’étroit pour le petit rôle qui leur est dorénavant accordé, Vic, Pol et Khāny en premier. Et chaque personnage semble aussi porteur d’une histoire qui aurait pu être développée, mais est remise à plus tard, ou au contraire une resucée de personnages anciens, comme la Déesse, l’Élu suprême, ou les énigmatiques “Vinéens qui cachent une soif de pouvoir”. La série gagnerait à être ressérée et moins éparpillée entre les multiples personnages et leurs histoires juste abordées. Fin aussi de Secret Six, l’histoire de Black Squaw concluant visiblement un premier cycle, celle-ci devenant un agent fédéral, et la branche du KKK qui la pourchassait disparaissant par un coup du sort bienvenu, ainsi que son chef, dont le sourire permanent rappelle le Joker. Fin cynique à la Yann, une petite fille noire laissant périr le chef du KKK dans la même situation que celle où Bessie l’avait sauvé des années auparavant. Double combat final dans Rendez-vous avec le Bogeyman, dernière histoire de Créatures, l’un dans l’esprit matériel de Yog Sothoth, d’autre dans celui de Lovecraft, avec Minus, le petit garçon albinos qui s’exprime étonnamment bien pour son jeune âge. Une note en marge (un avantage d'un magazine sur un album) nous apprend que Djief, le dessinateur, a obtenu au Québec le Prix reconnaissance en bande dessinée, qui souligne son engagement pour la bande dessinée.
Deux histoires courtes dans ce numéro. L’une est une nouvelle enquête en huis-clos de Marc et Pep, d’autant plus clos que Marc a un torticolis le contraignant à passer l’enquête dans un fauteuil, celle-ci se déroulant dans une seul pièce, et de nouveau Philippe Ory et Nicoby donnent un titre en fausse piste lié en jeu de mots à un minuscule détail de l’histoire. L’autre est dans le strip-book en Supplément, un nouvel épisode de Grands Panards, ce grand gars hirsute de Colin Atthard, à la recherche des siens, qui va tenter cette fois de répondre à l’invitation de son cousin Yéti à venir prendre le thé. Et le Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet, coïncidence encore?, met en scène un crime absolument semblable à celui de Marc et Pep.
Dans les gags, le Gaston de Delaf débute dans la joie: Prunelle et Fantasio, bourrés comme le reste de la rédaction (hormis Boulier, qui ne le sera qu’en fin de page), copains comme cochons, s’enlaçant, entrent dans un bureau, Fantasio s’écriant “Prunelle et moi sommes officiellement virés!”, et Prunelle enchaîne, les yeux baignés de larmes de joie, “Je vais pouvoir enfin me casser d’ici!!…” C’est un peu comme si des repreneurs des Tuniques bleues montraient Chesterfield, Stark, Alexander, et même Grant ou Lincoln ne pensant, comme Blutch, qu’à déserter…Ou faisaient de Boule, ou d’un Spirou enfant, des obsédés sexuels. Cela dit, puisque commercialement ça marche, pourquoi se gêner…? Par une heureuse coïncidence de mise en page (ou serait-ce magnifiquement calculé?) en vis-à-vis de Gaston, L’Édito montre les Fabrice cherchant eux aussi à partir du journal, mais ce n’est que la suite de leur lamentable stratagème de la semaine précédente pour se faire augmenter. Le fils de Brad Rock, le chercheur d’or reconverti dans le maraichage, devient militant exalté pour la protection des animaux sous la plume de Jilème et le pinceau de Sophie David. L’histoire courte la semaine précédente d’Annabelle, pirate rebelle, par Sti, Cédric Ghorbani et Cerise, n’était qu’une fausse piste de présentation, puisque c’est finalement une nouvelle série de gags en une page (une de plus). L’équipage de Capitaine Anchois de Floris s’affole devant ce qu’ils croient être des zombies. Midam a bien profité de son séjour à Hong Kong, puisque les lettres qu’il invente (avec Dairin) pour le langage du “Blork zabrakien du sud-est parlant tellarite avec des suffixes dérivationnels” s’inspire des caractères chinois, c’est graphiquement réussi. Enfin, le manque de confiance en soi de Elliot, au collège comme ailleurs, lui fait causer une pathétique prophétie auto-réalisatrice.
Dans le rédactionnel, Bienvenue dans la bibliothèque de Véro Gally, dessinatrice entre autres d’amusantes histoires courtes scénarisées par Véro Cazot dans Spirou, a lu de tout, de Mafalda aux comics underground, une bonne quinzaine de BD par semaine quand elle était libraire, et En direct du futur annonce le retour de Léon et Lena, absents depuis septembre 2023, en juin. Dans une pub pour la série pour enfants Petit poilu, de Bailly et Fraipont, est écrit “Des histoires sans mot à lire tout seul ou bien en famille”, confirmant qu’à l’instar d’un plan ou d’une horloge, une bande dessinée, même muette, se lit au même titre qu’une parlante.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4490 du 01/05/2024
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... -au-louvre
"À l'occasion de l'inauguration de l'exposition « L'Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique », Le Louvre a invité la rédaction et les auteurs du journal Spirou à concevoir un numéro spécial permettant de découvrir les coulisses du plus célèbre des musées. Fruit de la rencontre entre l'expertise artistique des équipes du musée et l'humour espiègle des dessinateurs de SPIROU, ce numéro spécial pose un œil curieux et enthousiaste sur la vie et les collections de l'institution."
Tous les auteurs ont participé au jeu, y compris, ce qui est rare, ceux des strips et des gags en une planche. Outre les récits spéciaux, les séries de gags ont donc presque toutes pour thème le Louvre et les jeux olympiques, sous une couverture clin d’œil, au propre et au figuré, et féministe, de Brice Cossu. Sur ce sujet, Parcours de combattantes (un bon titre) de Véro Cazot et Gally, narre à l’occasion d’une visite scolaire de l’exposition du Louvre la lente et difficile accession des femmes à une égalité dans la participation aux jeux olympiques modernes, les jeux de 2024 étant les premiers strictement paritaires. Mais l’exiguïté du format deux pages et la dimension militante, compréhensible quand on voit le parcours de combattantes que cette égalité a été, mène à des approximations trompeuses. Ainsi, lorsqu’il est dit que, contrairement aux premiers jeux olympiques modernes, qui les excluait, les femmes participaient aux jeux olympiques antiques. Pourtant, dans cette exposition du Louvre, il est bien précisé que “Si les premiers jeux Olympiques modernes ont cantonné les femmes dans un rôle de faire-valoir, les Jeux antiques ne leur étaient pas davantage ouverts, à l’exception des courses de quadriges où de riches propriétaires pouvaient faire courir leur attelage. Il existait cependant à Olympie des jeux féminins, les Heraia, où les femmes pouvaient concourir.” https://www.louvre.fr/expositions-et-ev ... se-liberee Apparté personnel, le nom d’Alice Milliat, ici présentée comme militante du début du XXème s. pour la participation des femmes aux J.O., me fait penser aux pâtes Milliat frères, qui ont fait beaucoup de pub, dont en BD, dans Spirou en 1958 https://bd-archives-ab-6.wixsite.com/sp ... s-60/f1031
Ce numéro spécial débute par L’édito, dans lequel les Fabrice sont envoyés en mission au Louvre, pour ramener un reportage. S’ensuit une histoire de huit pages de Nicoby et Ory, Mardi au Louvre, dans laquelle Nicoby se présente avec emphase comme grand reporter de Spirou venu au Louvre fait un reportage sur la préparation de l’exposition, peu avant l’ouverture de celle-ci, qui a demandé 3 ans de préparation. Instructif, mais je n’apprécie guère le ton de ces reportages en BD dans lesquelles l’auteur joue à l’idiot, sort des bourdes et des blagues hors de propos. Dans la dernière case, les Fabrice arrivent eux aussi pour leur reportage, et s’ensuit deux pages de catastrophes montant crescendo jusqu’au gag final, avec en marge de la page 12bis un amusant dessin de Sti. Alfred visite le musée avec sa fille, dans une planche intitulée Tableau l’ouvre, onirique et déterminée. Pour 3 infos, 2 vraies 1 fausse Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall, le Louvre leur a inspiré de bons gags. Dans Nelson de Bertschy, Hubert se trompe et attend Julie au Musée du loup, ce qui n’est pas si absurde, le Louvre tirant son nom d’une louveterie. Par contre, le tableau qu’admire Julie est de l’art moderne ou contemporain, et n’appartient donc pas au Louvre, et Nelson n’a pas si tort d’estimer que son hamburger y aurait sa place, en écho aux cheeseburgers de Claes Oldenburg. Visite scolaire encore pour Elliot au collège, Théo Grosjean et Anna Maria Riccobono y représentant, eux, de vraies œuvres, mais celles-ci n’intéressent pas Hari ni Elliot. Bernstein et Moog font faire à Willy Woob et son chien Kiki une visite sportive du Louvre, et un personnage qui ose dire que “en sculpture il y a 3 choses essentielles: le choix de la pierre, la ligne des courbes et la teinte choisie…autrement dit:Pierre, des courbes, et teint”, ne peut être foncièrement mauvais. La page du Fil de l’Histoire raconté par Ariane et Nino, de Fabrice Erre et Sylvain Savoia est trop courte pour être autre qu’anecdotique sur le vol de La Joconde en 1911, et soulève des questions fondamentales mais sans réponses (pourquoi Apollinaire et Picasso ont-ils été suspectés, pourquoi le voleur italien pensait-il agir par patriotisme). Allusion à l’art antique dans Kid Paddle, la princesse se transformant en statue de pierre de Méduse, et les gags de La pause cartoon sont eux aussi sur le Louvre, plus ou moins directement…Une sortie scolaire encore pour les Jeux de Mouk, intitulés Journée d’affluence à la salle Mollien. Seuls Cazenove, Bastide et Perdriset pour Boule et Bill, Delaf, dans un gag repris de celui où Gaston cogne Boulier avec des planches, la victime étant cette fois M’oiselle Jeanne (pourquoi n’y a-t-il pas cette semaine de tête de Gaston en couverture, il dépareillerait dans l’enceinte du Louvre?) ainsi que Nob, pour le retour avec Dad, ont fait des planches sans lien avec le sujet. Mais Nob y participe tout de même avec la rubrique Bienvenue dans mon musée, où il parle de son livre récent, Une journée au Louvre, et dit y avoir été très marqué par le Portrait de l’artiste sous les traits d’un moqueur, de Joseph Ducreux, qui “s’adresse directement à son spectateur.” Ducreux, peintre du XVIIIème s., a, sous l’influence de la physiognomonie (étude de la personnalité par l’apparence) peint des portraits très expressifs et gestuels, assez atypiques, mais qui ne peuvent manquer de parler à un auteur de BD comique.
Si nombre des auteurs, de Fabrice Erre à Bercovici en passant par Nicoby, Moog, Marko, Gally, Mouk et Cromheecke, ont profité du sujet pour dessiner des nus, majoritairement masculins par ailleurs, plus que féminins (avec deux occurrences de L’Esclave mourant, de Michel-Ange), on pouvait évidemment s’attendre à ce que Janry, dans Le petit Spirou, représente lui surtout des nus féminins et sexy, à mille lieues du genre antique que l’on trouve au Louvre, avec même un couple enlacé s’embrassant, ainsi que quelques amusantes parodies de martyrs chrétiens, dans l’esprit de Passe moi l’ciel, poussant la parodie jusqu’à inventer une toile du Greco, aux antipodes du style de celui-ci. Il a reçu pour cette planche un “joli coup de main”, note-t-il, de Clara Cuadrado.
Seulement 3 histoires (à suivre) cette semaine, deux s’étant achevées la semaine précédente, laissant la place aux histoires de ce numéro spécial. J’ignore à quel point ça avait été prévu, mais cela illustre la complexité d’établir un Spirou hebdomadaire, jonglant entre les contraintes des animations du journal et des parutions en album.
Fin du dernier long (78 pages) épisode de Créatures, Rendez-vous avec le Bogeyman. Cela fait longtemps que je n’ai plus lu de Lovecraft, le Bogeyman de Betbeder et Djief, mais cette fin dans laquelle il écrit que Yog-Sothoth renonce à la “planète bleue” devant la résistance des humains et les laisse à “une destinée qui [leur] est propre” me semble à l’opposée des écrits de Lovecraft et de ce qu’il dit des Grands Anciens, ces créatures menaçant l’univers. Mais la libération de New-York et ses habitants provoquée par les écrits imaginaires de Lovecraft incrustés en voix-off est une bonne idée de narration graphique. Suite du Lieutenant Bertillon de Bart, Pomès et Drac, précédée d’une publicité pour son premier album, sorti près d’un an après sa parution dans le journal, délai habituel il y a des années mais maintenant exceptionnel, l’album paraissant souvent avant la fin de la en ce cas mal nommée prépublication. Enfin, début en fanfare du troisième épisode du Métier le plus dangereux du monde, avec une mystérieuse attaque lors d’une cérémonie de récompenses de super-héros, et la contre attaque chaotique de ceux-ci. L’interview du scénariste Olivier Bocquet est intéressante sur plusieurs points: “Inclusion. On nous dit souvent que nos personnages sont atypiques : des gamins arabes dans une famille musulmane, l'un d'eux est en surpoids, il y a un personnage en chaise roulante... Mais c'est quand même de plus en plus fréquent de croiser dans la BD tous publics des héros qui ne sont pas tous blancs, minces et en bonne santé. En particulier chez Dupuis, d'ailleurs : je pense à Tamara, à Seuls, à Olive ou à Yoko Tsuno, qui date quand de 1970 ! Roger Leloup était clairement un précurseur. Moi, ça m'intéresse de faire vivre des personnages qui ne me ressemblent pas, c'est aussi simple que ça. Crossover. J'ai sérieusement pensé à un crossover entre Frnck et Le métier… D'ailleurs, dans l'un des deux premiers tomes, il y a un des lapins de Frnck caché quelque part ! J'aurais pu imaginer que Franck (et tous les autres) se téléporte grâce à un Pod. Mais il aurait fallu que j'y pense avant. Parce que dans les neuf tomes de Frnck, il n'est pas fait mention une seule fois des supers, ni des nuggets, ni de l'anneau violet qui entoure la Terre. C'est une occasion manquée !
Pour finir, En direct du futur annonce le retour des Sœurs Grémillet dans le numéro double 4498-4499, le numéro 4500 sera donc à priori un spécial ordinaire, si j’ose dire, et pas un numéro double. Ceci dit, avec ces numéros doublement doubles, car doublement numérotés, la numérotation perd un peu de son sens.
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... -au-louvre
"À l'occasion de l'inauguration de l'exposition « L'Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique », Le Louvre a invité la rédaction et les auteurs du journal Spirou à concevoir un numéro spécial permettant de découvrir les coulisses du plus célèbre des musées. Fruit de la rencontre entre l'expertise artistique des équipes du musée et l'humour espiègle des dessinateurs de SPIROU, ce numéro spécial pose un œil curieux et enthousiaste sur la vie et les collections de l'institution."
Tous les auteurs ont participé au jeu, y compris, ce qui est rare, ceux des strips et des gags en une planche. Outre les récits spéciaux, les séries de gags ont donc presque toutes pour thème le Louvre et les jeux olympiques, sous une couverture clin d’œil, au propre et au figuré, et féministe, de Brice Cossu. Sur ce sujet, Parcours de combattantes (un bon titre) de Véro Cazot et Gally, narre à l’occasion d’une visite scolaire de l’exposition du Louvre la lente et difficile accession des femmes à une égalité dans la participation aux jeux olympiques modernes, les jeux de 2024 étant les premiers strictement paritaires. Mais l’exiguïté du format deux pages et la dimension militante, compréhensible quand on voit le parcours de combattantes que cette égalité a été, mène à des approximations trompeuses. Ainsi, lorsqu’il est dit que, contrairement aux premiers jeux olympiques modernes, qui les excluait, les femmes participaient aux jeux olympiques antiques. Pourtant, dans cette exposition du Louvre, il est bien précisé que “Si les premiers jeux Olympiques modernes ont cantonné les femmes dans un rôle de faire-valoir, les Jeux antiques ne leur étaient pas davantage ouverts, à l’exception des courses de quadriges où de riches propriétaires pouvaient faire courir leur attelage. Il existait cependant à Olympie des jeux féminins, les Heraia, où les femmes pouvaient concourir.” https://www.louvre.fr/expositions-et-ev ... se-liberee Apparté personnel, le nom d’Alice Milliat, ici présentée comme militante du début du XXème s. pour la participation des femmes aux J.O., me fait penser aux pâtes Milliat frères, qui ont fait beaucoup de pub, dont en BD, dans Spirou en 1958 https://bd-archives-ab-6.wixsite.com/sp ... s-60/f1031
Ce numéro spécial débute par L’édito, dans lequel les Fabrice sont envoyés en mission au Louvre, pour ramener un reportage. S’ensuit une histoire de huit pages de Nicoby et Ory, Mardi au Louvre, dans laquelle Nicoby se présente avec emphase comme grand reporter de Spirou venu au Louvre fait un reportage sur la préparation de l’exposition, peu avant l’ouverture de celle-ci, qui a demandé 3 ans de préparation. Instructif, mais je n’apprécie guère le ton de ces reportages en BD dans lesquelles l’auteur joue à l’idiot, sort des bourdes et des blagues hors de propos. Dans la dernière case, les Fabrice arrivent eux aussi pour leur reportage, et s’ensuit deux pages de catastrophes montant crescendo jusqu’au gag final, avec en marge de la page 12bis un amusant dessin de Sti. Alfred visite le musée avec sa fille, dans une planche intitulée Tableau l’ouvre, onirique et déterminée. Pour 3 infos, 2 vraies 1 fausse Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall, le Louvre leur a inspiré de bons gags. Dans Nelson de Bertschy, Hubert se trompe et attend Julie au Musée du loup, ce qui n’est pas si absurde, le Louvre tirant son nom d’une louveterie. Par contre, le tableau qu’admire Julie est de l’art moderne ou contemporain, et n’appartient donc pas au Louvre, et Nelson n’a pas si tort d’estimer que son hamburger y aurait sa place, en écho aux cheeseburgers de Claes Oldenburg. Visite scolaire encore pour Elliot au collège, Théo Grosjean et Anna Maria Riccobono y représentant, eux, de vraies œuvres, mais celles-ci n’intéressent pas Hari ni Elliot. Bernstein et Moog font faire à Willy Woob et son chien Kiki une visite sportive du Louvre, et un personnage qui ose dire que “en sculpture il y a 3 choses essentielles: le choix de la pierre, la ligne des courbes et la teinte choisie…autrement dit:Pierre, des courbes, et teint”, ne peut être foncièrement mauvais. La page du Fil de l’Histoire raconté par Ariane et Nino, de Fabrice Erre et Sylvain Savoia est trop courte pour être autre qu’anecdotique sur le vol de La Joconde en 1911, et soulève des questions fondamentales mais sans réponses (pourquoi Apollinaire et Picasso ont-ils été suspectés, pourquoi le voleur italien pensait-il agir par patriotisme). Allusion à l’art antique dans Kid Paddle, la princesse se transformant en statue de pierre de Méduse, et les gags de La pause cartoon sont eux aussi sur le Louvre, plus ou moins directement…Une sortie scolaire encore pour les Jeux de Mouk, intitulés Journée d’affluence à la salle Mollien. Seuls Cazenove, Bastide et Perdriset pour Boule et Bill, Delaf, dans un gag repris de celui où Gaston cogne Boulier avec des planches, la victime étant cette fois M’oiselle Jeanne (pourquoi n’y a-t-il pas cette semaine de tête de Gaston en couverture, il dépareillerait dans l’enceinte du Louvre?) ainsi que Nob, pour le retour avec Dad, ont fait des planches sans lien avec le sujet. Mais Nob y participe tout de même avec la rubrique Bienvenue dans mon musée, où il parle de son livre récent, Une journée au Louvre, et dit y avoir été très marqué par le Portrait de l’artiste sous les traits d’un moqueur, de Joseph Ducreux, qui “s’adresse directement à son spectateur.” Ducreux, peintre du XVIIIème s., a, sous l’influence de la physiognomonie (étude de la personnalité par l’apparence) peint des portraits très expressifs et gestuels, assez atypiques, mais qui ne peuvent manquer de parler à un auteur de BD comique.
Si nombre des auteurs, de Fabrice Erre à Bercovici en passant par Nicoby, Moog, Marko, Gally, Mouk et Cromheecke, ont profité du sujet pour dessiner des nus, majoritairement masculins par ailleurs, plus que féminins (avec deux occurrences de L’Esclave mourant, de Michel-Ange), on pouvait évidemment s’attendre à ce que Janry, dans Le petit Spirou, représente lui surtout des nus féminins et sexy, à mille lieues du genre antique que l’on trouve au Louvre, avec même un couple enlacé s’embrassant, ainsi que quelques amusantes parodies de martyrs chrétiens, dans l’esprit de Passe moi l’ciel, poussant la parodie jusqu’à inventer une toile du Greco, aux antipodes du style de celui-ci. Il a reçu pour cette planche un “joli coup de main”, note-t-il, de Clara Cuadrado.
Seulement 3 histoires (à suivre) cette semaine, deux s’étant achevées la semaine précédente, laissant la place aux histoires de ce numéro spécial. J’ignore à quel point ça avait été prévu, mais cela illustre la complexité d’établir un Spirou hebdomadaire, jonglant entre les contraintes des animations du journal et des parutions en album.
Fin du dernier long (78 pages) épisode de Créatures, Rendez-vous avec le Bogeyman. Cela fait longtemps que je n’ai plus lu de Lovecraft, le Bogeyman de Betbeder et Djief, mais cette fin dans laquelle il écrit que Yog-Sothoth renonce à la “planète bleue” devant la résistance des humains et les laisse à “une destinée qui [leur] est propre” me semble à l’opposée des écrits de Lovecraft et de ce qu’il dit des Grands Anciens, ces créatures menaçant l’univers. Mais la libération de New-York et ses habitants provoquée par les écrits imaginaires de Lovecraft incrustés en voix-off est une bonne idée de narration graphique. Suite du Lieutenant Bertillon de Bart, Pomès et Drac, précédée d’une publicité pour son premier album, sorti près d’un an après sa parution dans le journal, délai habituel il y a des années mais maintenant exceptionnel, l’album paraissant souvent avant la fin de la en ce cas mal nommée prépublication. Enfin, début en fanfare du troisième épisode du Métier le plus dangereux du monde, avec une mystérieuse attaque lors d’une cérémonie de récompenses de super-héros, et la contre attaque chaotique de ceux-ci. L’interview du scénariste Olivier Bocquet est intéressante sur plusieurs points: “Inclusion. On nous dit souvent que nos personnages sont atypiques : des gamins arabes dans une famille musulmane, l'un d'eux est en surpoids, il y a un personnage en chaise roulante... Mais c'est quand même de plus en plus fréquent de croiser dans la BD tous publics des héros qui ne sont pas tous blancs, minces et en bonne santé. En particulier chez Dupuis, d'ailleurs : je pense à Tamara, à Seuls, à Olive ou à Yoko Tsuno, qui date quand de 1970 ! Roger Leloup était clairement un précurseur. Moi, ça m'intéresse de faire vivre des personnages qui ne me ressemblent pas, c'est aussi simple que ça. Crossover. J'ai sérieusement pensé à un crossover entre Frnck et Le métier… D'ailleurs, dans l'un des deux premiers tomes, il y a un des lapins de Frnck caché quelque part ! J'aurais pu imaginer que Franck (et tous les autres) se téléporte grâce à un Pod. Mais il aurait fallu que j'y pense avant. Parce que dans les neuf tomes de Frnck, il n'est pas fait mention une seule fois des supers, ni des nuggets, ni de l'anneau violet qui entoure la Terre. C'est une occasion manquée !
Pour finir, En direct du futur annonce le retour des Sœurs Grémillet dans le numéro double 4498-4499, le numéro 4500 sera donc à priori un spécial ordinaire, si j’ose dire, et pas un numéro double. Ceci dit, avec ces numéros doublement doubles, car doublement numérotés, la numérotation perd un peu de son sens.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4491 du 08/05/2024
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... nt-en-1961
Une couverture qui s’adresse aux vieux nostalgiques, puisqu’elle reprend la maquette du journal de 1961, et aux collectionneurs, mais j’ignore si son élégance plait aux lecteurs actuels.
Débute donc la première histoire officielle de la nouvelle collection Spirou classique, qui va comprendre des histoires de Spirou placées à l’époque classique, visiblement celle où Franquin et Greg l’animaient. Une nouvelle équipe en est chargée, Elric, scénario, dessin et couleurs, qui a dernièrement repris le dessin d'Iznogoud, Michaël Baril, scénario et couleurs, qui a publié comme scénariste et auteur complet principalement chez des éditeurs indépendants, (un aperçu ici: http://www.bulledair.com/index.php?rubr ... teur_orion) et Clément Lemoine, scénario, qui participe avec Baril et Elric au site Marsam d'études sur la BD (Elric l'ayant cofondé), également éditeur, de ces trois auteurs entre autres, et auteur dernièrement d'une biographie de Goscinny à New York. Un trio d'auteurs bon connaisseurs du franco-belge classique, donc prédestinés à inaugurer cette collection Spirou classique, d'autant plus qu'Elric s'était déjà frotté au Spirou de Franquin https://marsam.graphics/la-mauvaise-tet ... -bon-sens/
Je note pourtant dès l'abord un paradoxe dans cette histoire, qui est de confronter Spirou à un vrai évènement historique, alors qu’à cette période classique les auteurs plaçaient justement leurs personnages dans des lieux imaginaires, même si assez transparents, pour éviter la censure. C’est ainsi que Spirou est allé en Palombie et pas en Colombie, à Hoïnk Oïnk, et pas à Hong Kong, et au Bretzelburg, pays germanique, et que Buck Danny s’est rendu au Vien-Tân après l’interdiction de ses albums se passant en Corée. L’histoire commence assez bien, puisque dès ce premier chapitre Spirou est enlevé et Fantasio va tenter de le délivrer avec l’aide du G.A.G., mais l’animosité de Fantasio envers Seccotine est étalée avec un peu trop d’insistance, dans 7 cases rien que pour ce chapitre. Le dessin s’inscrit dans l’époque, dans le style de ce que faisaient Marcel Denis (membre du premier atelier de Franquin) ou Attanasio (qui a repris Modeste et Pompon), mais les décors manquent un peu de présence et les personnages secondaires de personnalité. Tant qu’à faire authentique et efficace, Elric aurait pu prendre un assistant, comme l’avait fait Franquin avec Jidéhem et Roba.
Bien sûr, on est loin de l’introduction de référence pour ce qui est des comédies d’aventure à Cuba au tournant du castrisme, à savoir L’homme de La Havane, de Carol Reed, d’après le roman de divertissement (comme il l’appelait) de Graham Greene, car si l’espionnage est bien là, l’érotisme et l’alcool, essentiels dans les intrigues à Cuba, feraient tache dans Spirou. https://www.youtube.com/watch?v=ME7zNvA-6Z4
Les Jeux de Pauline Casters sont consacrés à Spirou à Cuba, une page à La Havane, l’autre à la jungle (j’ignorais qu’il y avait des piranhas à Cuba. Vérification faite, en fait non
), mais pas L’édito, les Fabrice entant trop occupés à se disputer, l'occasion d'une mise en abyme, Fabrice Erre, le personnage, désignant une secrétaire de rédaction comme si elle était un de ses dessin.
Suite de Bertillon, et je ne suis pas le seul à trouver ce personnage agaçant, puisque son collègue lui crie dessus : “Mais tu ne fais aucun effort, mon gars! Zéro!! Depuis huit mois que tu es là, tu ne fais que te plaindre et regarder ton nombril!!” . Mais encore une fois, l’ambiance posée par le dessin, les couleurs et les dialogues de Carine Barth, Cyrille Pomès et Drac sont bons, et une nouvelle intrigue sur fond de légendes resurgit. Deuxième chapitre du Métier le plus dangereux du monde, concentré sur les trois jeunes apprentis super héros, qui sont précipités dans un univers inconnu en fuyant la bataille rangée entre super héros (dont un ours blanc et un kangourou…) et yeux à rayons tueurs.
Pas de Gaston cette semaine, Prunelle étant hors service, et Fantasio en reportage à l’ONU. Ou bien est-il réellement parti, comme l’annonçait le gag de la semaine précédente? À sa place, page 2, Elliot au collège, sans Elliot, mais avec Alice et Aya, deux filles fortes (au sens propre, puisque l’histoire se passe dans la salle de gym où elles font intensément du sport, sinon au figuré), mais dont soit la personnalité soit leur vécu empêche leur rencontre, sur un amusant malentendu graphique. Des écureuils (mais pas Spip) et des Colombiens (et pas des Palombiens) dans 3 infos 2 vraies 1 fausse. La Méthode Raowl de Tebo dans une ambiance Disney insupportable pour Raowl, avec pour une fois abondance de décors, sur le sujet “La musique calme-t-elle les nerfs?”, avec une pub pour l’annonce de la sortie du tome 2 en vis-à-vis. Gag d’un bizutage amusant et original pour Annabelle, Pirate Rebelle, de Sti, Ghorbani et Cerise, deux amusants et bien trouvés gags visuels de Kid Paddle et Game Over par Midam et ses collaborateurs Venet et Patelin (scénario), Adam (dessin), et Angèle et BenBk (couleurs). Brad Rock de Jilème et Sophie David, chercheur d’or en Nouvelle Calédonie, au calme en 1864, loin de l’actualité. Titan inc. avec lequel Paul Martin et Manu Boisteau gardent un équilibre entre gags sur la collision annoncée et ceux sur les interactions entre les multiples personnages. Capitaine Anchois, où l’imagination luxuriante de Floris parvient en une seule page à agencer deux histoires en une et déjouer les attentes des lecteurs, un dragon (faussement) gardien de trésor et une (apparente) magicienne dans un marché exotique. Imagination toujours renouvellée aussi, sur un strip, pour Tom avec Fish n chips et Dino avec Tash et Trash. Enfin, suite de la petite enfance de Panda, déjà égale à elle même, dans Dad de Nob, et un dessin sur les 10 ans de gags en marge de Sti pour La Malédiction de la page 13, gag qui pour l’occasion se retrouve page 10 (c’est plus amusant vu que décrit...)
Deux histoires courtes, une sur une utopie onirique, puisqu’il s’agit d’un nouvel épisode des Petits métiers méconnus, de Vincent Zabus, parfaitement mis en valeur par les jeux sur le trait et les couleurs de Christian Cailleaux, avec un écho de Nighthawks de Edward Hopper de ci et de Loustal de là. L’autre sur une utopie concrète, puisqu’il s’agit d’un supplément de la série des Carnets de voyage de Spirou, avec la Petite Lucie au parlement européen, bien fait car Joan et Annie Pastor ont su sélectionner des infos suffisamment pertinentes pour rendre le reportage instructif, clair et cohérent. Deux détails montrent le point de vue personnel de l’auteur, l’un évident, le choix d’un entretien avec un député du parti grec Syriza, “une espèce très rare”, l’autre la remarque de l’étudiante reporter, “Déplace-toi d’un pas décidé, Lucie, ça nous évitera de nous faire rappeler à l’ordre par un vigile”, soulignant que dans notre société, on doit toujours être en action, et ceux qui rêvent et prennent leur temps sont suspects.
Trois rubriques rédactionnelles, Spirou et moi sur Magali Le Huche, autrice de livres illustrées et BD jeunesse qui a grandi avec des personnages de Spirou, et deux autres sur Jean Van Hamme, le Largo Winch, ou le Nick Leeson, du franco-belge. Dans Les BD de ma vie, Jocelyn Boisvert, scénariste de Mort et déterré, ami d’enfance de Delaf (tous les auteurs québécois de BD de Spirou sont-ils donc des proches?), a été influencé par Fred, pour ce qui est positif, et par JVH, pour “l’ultra efficacité” toujours en action, un héros de notre temps. À sa décharge, Boisvert s’ennuie en lisant Black Sad. En direct du futur rappelle que XIII, de JVH et William Vance, est apparu dans Spirou il y a 40 ans, et pour cette occasion un numéro spécial va sortir en juin, pour lequel JVH a scénarisé un mini-récit de XIII intitulé Bas les masques. Si les collectionneurs ne sont pas encore convaincus de réserver plusieurs exemplaires de ce numéro exceptionnel tiré à seulement un million d’exemplaires (Média Participation ne pouvait en faire moins que pour Gaston), il est bien précisé en gras que “ce mini album inédit va devenir collector!” Ce numéro aura tout de même des intérêts autres que spéculateurs car plusieurs hommages y seront rendus à XIII par des auteurs comme Dutreix (dont ses deux volumes de Parodies sont hilarants et souvent très originaux dans l’idée, comme Spirou et Fantasio en repreneurs potentiels de Blake et Mortimer.
Pour finir, un extrait d’une pub pour Le fil de l’histoire raconté par Ariane et Nino, de Sylvain Savoia et Fabrice Erre, sur Les Jeux olympiques, explique qu’on ne sait pas pourquoi les athlètes concouraient nus, “obligation qui étonne déjà à l’époque les non-grecs”, alors que le récit court de la semaine précédente donnait comme première explication sur le ton de la provocation que c’était pour s’assurer qu’aucune femme ne participait, puis sérieusement que c'était pour ne pas être gêné par les vêtements...
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... nt-en-1961
Une couverture qui s’adresse aux vieux nostalgiques, puisqu’elle reprend la maquette du journal de 1961, et aux collectionneurs, mais j’ignore si son élégance plait aux lecteurs actuels.
Débute donc la première histoire officielle de la nouvelle collection Spirou classique, qui va comprendre des histoires de Spirou placées à l’époque classique, visiblement celle où Franquin et Greg l’animaient. Une nouvelle équipe en est chargée, Elric, scénario, dessin et couleurs, qui a dernièrement repris le dessin d'Iznogoud, Michaël Baril, scénario et couleurs, qui a publié comme scénariste et auteur complet principalement chez des éditeurs indépendants, (un aperçu ici: http://www.bulledair.com/index.php?rubr ... teur_orion) et Clément Lemoine, scénario, qui participe avec Baril et Elric au site Marsam d'études sur la BD (Elric l'ayant cofondé), également éditeur, de ces trois auteurs entre autres, et auteur dernièrement d'une biographie de Goscinny à New York. Un trio d'auteurs bon connaisseurs du franco-belge classique, donc prédestinés à inaugurer cette collection Spirou classique, d'autant plus qu'Elric s'était déjà frotté au Spirou de Franquin https://marsam.graphics/la-mauvaise-tet ... -bon-sens/
Je note pourtant dès l'abord un paradoxe dans cette histoire, qui est de confronter Spirou à un vrai évènement historique, alors qu’à cette période classique les auteurs plaçaient justement leurs personnages dans des lieux imaginaires, même si assez transparents, pour éviter la censure. C’est ainsi que Spirou est allé en Palombie et pas en Colombie, à Hoïnk Oïnk, et pas à Hong Kong, et au Bretzelburg, pays germanique, et que Buck Danny s’est rendu au Vien-Tân après l’interdiction de ses albums se passant en Corée. L’histoire commence assez bien, puisque dès ce premier chapitre Spirou est enlevé et Fantasio va tenter de le délivrer avec l’aide du G.A.G., mais l’animosité de Fantasio envers Seccotine est étalée avec un peu trop d’insistance, dans 7 cases rien que pour ce chapitre. Le dessin s’inscrit dans l’époque, dans le style de ce que faisaient Marcel Denis (membre du premier atelier de Franquin) ou Attanasio (qui a repris Modeste et Pompon), mais les décors manquent un peu de présence et les personnages secondaires de personnalité. Tant qu’à faire authentique et efficace, Elric aurait pu prendre un assistant, comme l’avait fait Franquin avec Jidéhem et Roba.
Bien sûr, on est loin de l’introduction de référence pour ce qui est des comédies d’aventure à Cuba au tournant du castrisme, à savoir L’homme de La Havane, de Carol Reed, d’après le roman de divertissement (comme il l’appelait) de Graham Greene, car si l’espionnage est bien là, l’érotisme et l’alcool, essentiels dans les intrigues à Cuba, feraient tache dans Spirou. https://www.youtube.com/watch?v=ME7zNvA-6Z4
Les Jeux de Pauline Casters sont consacrés à Spirou à Cuba, une page à La Havane, l’autre à la jungle (j’ignorais qu’il y avait des piranhas à Cuba. Vérification faite, en fait non

Suite de Bertillon, et je ne suis pas le seul à trouver ce personnage agaçant, puisque son collègue lui crie dessus : “Mais tu ne fais aucun effort, mon gars! Zéro!! Depuis huit mois que tu es là, tu ne fais que te plaindre et regarder ton nombril!!” . Mais encore une fois, l’ambiance posée par le dessin, les couleurs et les dialogues de Carine Barth, Cyrille Pomès et Drac sont bons, et une nouvelle intrigue sur fond de légendes resurgit. Deuxième chapitre du Métier le plus dangereux du monde, concentré sur les trois jeunes apprentis super héros, qui sont précipités dans un univers inconnu en fuyant la bataille rangée entre super héros (dont un ours blanc et un kangourou…) et yeux à rayons tueurs.
Pas de Gaston cette semaine, Prunelle étant hors service, et Fantasio en reportage à l’ONU. Ou bien est-il réellement parti, comme l’annonçait le gag de la semaine précédente? À sa place, page 2, Elliot au collège, sans Elliot, mais avec Alice et Aya, deux filles fortes (au sens propre, puisque l’histoire se passe dans la salle de gym où elles font intensément du sport, sinon au figuré), mais dont soit la personnalité soit leur vécu empêche leur rencontre, sur un amusant malentendu graphique. Des écureuils (mais pas Spip) et des Colombiens (et pas des Palombiens) dans 3 infos 2 vraies 1 fausse. La Méthode Raowl de Tebo dans une ambiance Disney insupportable pour Raowl, avec pour une fois abondance de décors, sur le sujet “La musique calme-t-elle les nerfs?”, avec une pub pour l’annonce de la sortie du tome 2 en vis-à-vis. Gag d’un bizutage amusant et original pour Annabelle, Pirate Rebelle, de Sti, Ghorbani et Cerise, deux amusants et bien trouvés gags visuels de Kid Paddle et Game Over par Midam et ses collaborateurs Venet et Patelin (scénario), Adam (dessin), et Angèle et BenBk (couleurs). Brad Rock de Jilème et Sophie David, chercheur d’or en Nouvelle Calédonie, au calme en 1864, loin de l’actualité. Titan inc. avec lequel Paul Martin et Manu Boisteau gardent un équilibre entre gags sur la collision annoncée et ceux sur les interactions entre les multiples personnages. Capitaine Anchois, où l’imagination luxuriante de Floris parvient en une seule page à agencer deux histoires en une et déjouer les attentes des lecteurs, un dragon (faussement) gardien de trésor et une (apparente) magicienne dans un marché exotique. Imagination toujours renouvellée aussi, sur un strip, pour Tom avec Fish n chips et Dino avec Tash et Trash. Enfin, suite de la petite enfance de Panda, déjà égale à elle même, dans Dad de Nob, et un dessin sur les 10 ans de gags en marge de Sti pour La Malédiction de la page 13, gag qui pour l’occasion se retrouve page 10 (c’est plus amusant vu que décrit...)
Deux histoires courtes, une sur une utopie onirique, puisqu’il s’agit d’un nouvel épisode des Petits métiers méconnus, de Vincent Zabus, parfaitement mis en valeur par les jeux sur le trait et les couleurs de Christian Cailleaux, avec un écho de Nighthawks de Edward Hopper de ci et de Loustal de là. L’autre sur une utopie concrète, puisqu’il s’agit d’un supplément de la série des Carnets de voyage de Spirou, avec la Petite Lucie au parlement européen, bien fait car Joan et Annie Pastor ont su sélectionner des infos suffisamment pertinentes pour rendre le reportage instructif, clair et cohérent. Deux détails montrent le point de vue personnel de l’auteur, l’un évident, le choix d’un entretien avec un député du parti grec Syriza, “une espèce très rare”, l’autre la remarque de l’étudiante reporter, “Déplace-toi d’un pas décidé, Lucie, ça nous évitera de nous faire rappeler à l’ordre par un vigile”, soulignant que dans notre société, on doit toujours être en action, et ceux qui rêvent et prennent leur temps sont suspects.
Trois rubriques rédactionnelles, Spirou et moi sur Magali Le Huche, autrice de livres illustrées et BD jeunesse qui a grandi avec des personnages de Spirou, et deux autres sur Jean Van Hamme, le Largo Winch, ou le Nick Leeson, du franco-belge. Dans Les BD de ma vie, Jocelyn Boisvert, scénariste de Mort et déterré, ami d’enfance de Delaf (tous les auteurs québécois de BD de Spirou sont-ils donc des proches?), a été influencé par Fred, pour ce qui est positif, et par JVH, pour “l’ultra efficacité” toujours en action, un héros de notre temps. À sa décharge, Boisvert s’ennuie en lisant Black Sad. En direct du futur rappelle que XIII, de JVH et William Vance, est apparu dans Spirou il y a 40 ans, et pour cette occasion un numéro spécial va sortir en juin, pour lequel JVH a scénarisé un mini-récit de XIII intitulé Bas les masques. Si les collectionneurs ne sont pas encore convaincus de réserver plusieurs exemplaires de ce numéro exceptionnel tiré à seulement un million d’exemplaires (Média Participation ne pouvait en faire moins que pour Gaston), il est bien précisé en gras que “ce mini album inédit va devenir collector!” Ce numéro aura tout de même des intérêts autres que spéculateurs car plusieurs hommages y seront rendus à XIII par des auteurs comme Dutreix (dont ses deux volumes de Parodies sont hilarants et souvent très originaux dans l’idée, comme Spirou et Fantasio en repreneurs potentiels de Blake et Mortimer.
Pour finir, un extrait d’une pub pour Le fil de l’histoire raconté par Ariane et Nino, de Sylvain Savoia et Fabrice Erre, sur Les Jeux olympiques, explique qu’on ne sait pas pourquoi les athlètes concouraient nus, “obligation qui étonne déjà à l’époque les non-grecs”, alors que le récit court de la semaine précédente donnait comme première explication sur le ton de la provocation que c’était pour s’assurer qu’aucune femme ne participait, puis sérieusement que c'était pour ne pas être gêné par les vêtements...

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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4492 du 15/05/2024
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... impossible
Couverture romanesque de Munuera, montrant une jeune fille et un robot enlacés, pour un nouvel épisode de Cœurs de ferrraille, bonne série steampunk pour les jeunes. Seul Munuera est interviewé pour la présentation, et il a beau citer BeKa, le scénariste, on sent qu’il intervient beaucoup dans le scénario de cette série. Il souligne aussi l’importance des couleurs de Sedyas, qu’ils appellent “couleur manga des années 80”, pour exprimer leur expressivité. Changement de décor pour Spirou et Fantasio, ce dernier se retrouvant à Cuba pour délivrer Spirou, et tombe sur Seccotine en plein reportage avec un Che Guevara séducteur et chochotant (est-ce une réalité historique? Dans les dialogues, c’est un peu ridicule). Si le dessin est techniquement bon, il est trop respectueux, ou timoré, quoi qu’il en soit, cela le bride, comme on le voit dans les personnages secondaires et figurants, trop figés, il n’y a pas de mouvement dans les scènes de foule, qui devraient grouiller. Un détail m’interroge: Fantasio s’adressant à l’hispanophone sœur de Fidel Castro en l’appelant Signorina est-il un clin d’œil à cette scène https://www.youtube.com/watch?v=d35M7d- ... sJ&index=3 de The barefoot Contessa, de Mankiewicz? Changement de décor aussi dans Le métier le plus dangereux du monde, où Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier font franchir une porte de téléportation aux trois jeunes apprentis super héros qui se retrouvent au fond d’une mer où ils manquent de se noyer. Bertillon lui explore l’épave d’un bateau remonté par les glaces pour en percer les mystères. Cyrille Pomès a un encrage très épais et ses personnages, décors et perspectives sont déformés et disproportionnés, ce qui pourrait très vite étouffer la lisibilité mais sa mise en page, ses cadrages, les couleurs de Drac évitent cet écueil et donnent au récit une dynamique propre, bien visible cette semaine dans l’alternance des plans dans l’épave et en extérieur, des personnages isolés et des scènes de foule.
Ha, tiens, après Gaston la semaine précédente, c’est au tour des autres gaffeurs, les Fabrice, d’avoir disparu, au soulagement de la rédaction, réaction plus crédible que le départ de Gaston. C’est Elliot au collège qui remplace Gaston en page 2, pour une scène de régression après toutes les introspections précédentes, une bagarre dans la cour du collège. Un bon gag d’humour absurde visuel dans Pernille, de Dav, Cyrille Trichet et Esteban. Humour absurde visuel aussi dans un Crash Tex muet et en deux temps, ce que Dab’s réussit le mieux, ainsi que dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, et absurdité et cruauté dans Tash et Trash de Dino. Les Otaku de Nena et Maria-Paz cherchent des tutos de cuisine “comme dans les animés”, mais il y a loin des animés à la dégustation. Avec deux semaines de retard sur le numéro spécial Louvre, Floris envoie Capitaine Anchois et Louis au musée des arts plus ou moins beaux, et c’est aussi lui qui signe les Jeux, un îlot aux trésors occupant la double page dans un effet graphique très réussi. La leçon de BD de Laurel explique bien le problème des nœuds graphiques. Retour à l’absence de décors dans Raowl, Tebo ne les utilise qu’à bon escient et parcimonieusement dans cette série, car sa narration, ses cadrages, les proportions de ses personnages et tous les accessoires dont ses planches sont parsemées, comme un petit théâtre de marionnettes, feraient que des décors systématiques entraveraient la lecture. Dans Dad, Nob prend Panda au piège de l’image de monstre froid qu’elle veut donner d’elle-même: en voyant sa sœur Ondine nouvelle née, elle fond en larmes parce qu’”elle est si mignonne que je ne pourrais jamais la détester!”
Dans le rédactionnel, Olivier Bocquet, scénariste qui, entre Frnck et Le métier le plus dangereux du monde, est cette année présent en continu depuis plus de trois mois dans Spirou, témoigne dans Les BD de ma vie de goûts actuels, autrement dit éclectiques, de Trondheim a Fiona Staples en passant par Florence Dupré-Latour ou Barry Winsor-Smith, qui concordent avec ses histoires tout public légèrement décalées. En direct du futur annonce le retour prochain de Louca, absent du journal depuis deux ans, son auteur Bruno Dequier s'étant entre temps ressourcé dans l’animation, et pour une fois le temps réel correspondra à celui de la fiction puisque Louca aura vieilli de deux ans.
Le supplément est un nouveau Flipbook halluciné de Nicolas Fong, intitulé "Spirou reçoit le courrier", au sens propre, en pleine figure. Et une pub pour le dernier Yoko Tsuno adornée d’un beau visage en gros plan de Yoko, au bel encrage, indique que ce dessin date de plusieurs année, l’encrage de Leloup n’étant maintenant plus si assuré.
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... impossible
Couverture romanesque de Munuera, montrant une jeune fille et un robot enlacés, pour un nouvel épisode de Cœurs de ferrraille, bonne série steampunk pour les jeunes. Seul Munuera est interviewé pour la présentation, et il a beau citer BeKa, le scénariste, on sent qu’il intervient beaucoup dans le scénario de cette série. Il souligne aussi l’importance des couleurs de Sedyas, qu’ils appellent “couleur manga des années 80”, pour exprimer leur expressivité. Changement de décor pour Spirou et Fantasio, ce dernier se retrouvant à Cuba pour délivrer Spirou, et tombe sur Seccotine en plein reportage avec un Che Guevara séducteur et chochotant (est-ce une réalité historique? Dans les dialogues, c’est un peu ridicule). Si le dessin est techniquement bon, il est trop respectueux, ou timoré, quoi qu’il en soit, cela le bride, comme on le voit dans les personnages secondaires et figurants, trop figés, il n’y a pas de mouvement dans les scènes de foule, qui devraient grouiller. Un détail m’interroge: Fantasio s’adressant à l’hispanophone sœur de Fidel Castro en l’appelant Signorina est-il un clin d’œil à cette scène https://www.youtube.com/watch?v=d35M7d- ... sJ&index=3 de The barefoot Contessa, de Mankiewicz? Changement de décor aussi dans Le métier le plus dangereux du monde, où Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier font franchir une porte de téléportation aux trois jeunes apprentis super héros qui se retrouvent au fond d’une mer où ils manquent de se noyer. Bertillon lui explore l’épave d’un bateau remonté par les glaces pour en percer les mystères. Cyrille Pomès a un encrage très épais et ses personnages, décors et perspectives sont déformés et disproportionnés, ce qui pourrait très vite étouffer la lisibilité mais sa mise en page, ses cadrages, les couleurs de Drac évitent cet écueil et donnent au récit une dynamique propre, bien visible cette semaine dans l’alternance des plans dans l’épave et en extérieur, des personnages isolés et des scènes de foule.
Ha, tiens, après Gaston la semaine précédente, c’est au tour des autres gaffeurs, les Fabrice, d’avoir disparu, au soulagement de la rédaction, réaction plus crédible que le départ de Gaston. C’est Elliot au collège qui remplace Gaston en page 2, pour une scène de régression après toutes les introspections précédentes, une bagarre dans la cour du collège. Un bon gag d’humour absurde visuel dans Pernille, de Dav, Cyrille Trichet et Esteban. Humour absurde visuel aussi dans un Crash Tex muet et en deux temps, ce que Dab’s réussit le mieux, ainsi que dans Les Fifiches du Proprofesseur de Lécroart, et absurdité et cruauté dans Tash et Trash de Dino. Les Otaku de Nena et Maria-Paz cherchent des tutos de cuisine “comme dans les animés”, mais il y a loin des animés à la dégustation. Avec deux semaines de retard sur le numéro spécial Louvre, Floris envoie Capitaine Anchois et Louis au musée des arts plus ou moins beaux, et c’est aussi lui qui signe les Jeux, un îlot aux trésors occupant la double page dans un effet graphique très réussi. La leçon de BD de Laurel explique bien le problème des nœuds graphiques. Retour à l’absence de décors dans Raowl, Tebo ne les utilise qu’à bon escient et parcimonieusement dans cette série, car sa narration, ses cadrages, les proportions de ses personnages et tous les accessoires dont ses planches sont parsemées, comme un petit théâtre de marionnettes, feraient que des décors systématiques entraveraient la lecture. Dans Dad, Nob prend Panda au piège de l’image de monstre froid qu’elle veut donner d’elle-même: en voyant sa sœur Ondine nouvelle née, elle fond en larmes parce qu’”elle est si mignonne que je ne pourrais jamais la détester!”
Dans le rédactionnel, Olivier Bocquet, scénariste qui, entre Frnck et Le métier le plus dangereux du monde, est cette année présent en continu depuis plus de trois mois dans Spirou, témoigne dans Les BD de ma vie de goûts actuels, autrement dit éclectiques, de Trondheim a Fiona Staples en passant par Florence Dupré-Latour ou Barry Winsor-Smith, qui concordent avec ses histoires tout public légèrement décalées. En direct du futur annonce le retour prochain de Louca, absent du journal depuis deux ans, son auteur Bruno Dequier s'étant entre temps ressourcé dans l’animation, et pour une fois le temps réel correspondra à celui de la fiction puisque Louca aura vieilli de deux ans.
Le supplément est un nouveau Flipbook halluciné de Nicolas Fong, intitulé "Spirou reçoit le courrier", au sens propre, en pleine figure. Et une pub pour le dernier Yoko Tsuno adornée d’un beau visage en gros plan de Yoko, au bel encrage, indique que ce dessin date de plusieurs année, l’encrage de Leloup n’étant maintenant plus si assuré.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
- Gaston Lagaffe
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- citation : Fan de Fournier
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
J'ai vu sur bdoubliées que pour l'instant le Gaston de Delaf s'arrete au gag numéro 38. Il manque donc 6 gags et l'histoire de Franquin fait 6 pages...mise en abime de la part de Dupuis ?
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Ma réponse ce week-end. Et elle risque de te surprendre dans le bon sensGaston Lagaffe a écrit : ↑dim. 26 mai 2024 18:55 J'ai vu sur bdoubliées que pour l'instant le Gaston de Delaf s'arrete au gag numéro 38. Il manque donc 6 gags et l'histoire de Franquin fait 6 pages...mise en abime de la part de Dupuis ?

" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4493 du 22/05/2024
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... -dangereux
La couverture de Fabio Lai et Olivier Bocquet montrant la famille du Métier le plus dangereux du monde au complet en super-héros s’avançant martialement annonce-t-elle un tournant inattendu de l’histoire, ou est-elle juste un gag? Le chapitre de ce numéro fait prendre un tournant à l’histoire, une enquête ajoutant un nouveau regard sur les énigmes jusqu’ici science-fictionnelles, et l’interrogatoire des parents des deux héros est bien rythmé par l’humour. Suite du Spirou et Fantasio de Elric, Clément Lemoine et Michaël Baril, qui devrait plutôt s’appeler Seccotine et Fantasio, Spirou étant totalement absent de l’histoire depuis la première semaine, plus de 20 pages. Un simple rappel en montage parallèle aurait équilibré le récit. Le G.A.G. est fortement employé dans cette séquence, mais de manière inutile pour ceux qui on lu Le prisonnier du Bouddha, car utilisé sans aucune imagination, ce qui est du gâchis pour une telle invention. Par contre, le gag du vrai visage du Che s’imprimant comme la Sainte Face sur le Mandylion est remarquable. Intéressant chapitre des Cœurs de ferraille, de Beka, Munuera et Sedyas, dans lequel c’est un robot, en l’occurence un limier, qui semble avoir une personnalité plus complexe que celle des humains. J’apprécie la façon dont Barth, Pomès et Drac présentent leur Enquête du Lieutenant Bertillon, avec un panonceau de résumé ouvrant chaque nouveau chapitre. Et comme dans la première histoire, c’est l’aspect ethnologique, ici avec la cérémonie indigène, qui donne tout son sel à cette série.
Après un moment de lâche mais compréhensible soulagement, la rédaction commence cette semaine à s’inquièter dans L'Édito de l’absence des Fabrice. Elle n’a pas pensé à chercher dans les marges du magazine, qu’ils avaient commencé à visiter discrètement (oui, cela ne leur ressemble pas) la semaine précédente, et dont ils commentent les pages cette semaine, à la recherche d’inspiration pour une nouvelle série, politique comme Spirou (“Une affaire de scandale de fruits rouges dans du jambon”, dixit), SF (comme Les Cœurs de ferraille) ou pirates (comme Capitaine Anchois). Par contre, toujours aucune nouvelle de Gaston suite aux préparatifs de son départ. Encore une fois, dans La Méthode Raowl, la mise en page en montagnes russes de Tebo est partie intégrante du gag. Dans le microcosme de Titan inc., c’est cette fois le greenwashing qui fait irruption. Cascade de jeux de mots naïfs dans Willy Woob, la série de Nicolas Moog et Jorge Bernstein qui est un Candide de notre temps, un regard innocent et révélateur sur le monde, en bien moins acerbe et plus enfantin. Dans La Pause-cartoon, je trouve très drôles les gags de Lécroart et de Berth sur le thème des super-héros et de la société de consommation (Spiderman se plaignant de la pléthore de supermarchés et de l’absence de spidermarché restera). Je ne peux m’empêcher de voir dans le naufrage de la planche d’Annabelle, Pirate Rebelle, de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise un écho des pirates d’Astérix. C’est à cela que l’on identifie les icônes laïques, elles contaminent les esprits au même titre que les religieuses. Confirmation du titre de la semaine dernière, la série de gags de Dad de Nob sur l’enfance des filles de Dad est nommée Dad flashbacks. Et taquin comme son personnage, Janry propose un Tuto dessiné du Petit Spirou lui permettant de le montrer nu, techniquement inaccessible aux débutants en dessin, et surtout, si l’on suit scrupuleusement ses étapes 6 (“on passe à l’encrage”) et 7 (“aussitôt fait, on gomme le crayon avec énergie”), on aura de mauvaises surprises.
Dans les autres rubriques, Bienvenue dans mon atelier de Vincent Zabus, scénariste des Petits métiers méconnus dans Spirou (et auparavant du Monde selon François et d’Agathe Saugrenu) , reflète bien ses histoires entre rêve et conscience sociale, et annonce une sortie qui fera plaisir à certains, un album réalisé avec le rare Denis Bodart dans la collection Aire Libre. Autre surprise, après deux albums scénaristiquement réussis des Tuniques bleues par Kriss, En direct du futur nous apprend que c’est Fred Neidhart qui est en charge du prochain, toujours sur dessin de Lambil. C’est Touffe, graphiste nouveau venu ici, qui a par ailleurs participé à des étiquettes de bière https://www.actuabd.com/+Ca-vient-d-arr ... illustree+, (il faudra un jour parler de cet ancestral envers du décor de Spirou) qui réalise l’impressionnante page de Jeux sur Crash Tex. En supplément, de jolis autocollants du marsupilami en couleurs directes par Batem, et enfin une publicité pour un nouvel album jeunesse chez Dupuis, non prépublié dans Spirou, Bouhland, par Rours, sur une école de monstres, dans la lignée de Harry Potter, et dans Spirou même, Mélusine, Pernille, Happycalypse...Quelle profusion d'ouvrages qui cherchent à enchanter, ou divertir, ou faire oublier le quotidien des écoliers.
Ici un aperçu du magazine https://www.spirou.com/actualites/somma ... -dangereux
La couverture de Fabio Lai et Olivier Bocquet montrant la famille du Métier le plus dangereux du monde au complet en super-héros s’avançant martialement annonce-t-elle un tournant inattendu de l’histoire, ou est-elle juste un gag? Le chapitre de ce numéro fait prendre un tournant à l’histoire, une enquête ajoutant un nouveau regard sur les énigmes jusqu’ici science-fictionnelles, et l’interrogatoire des parents des deux héros est bien rythmé par l’humour. Suite du Spirou et Fantasio de Elric, Clément Lemoine et Michaël Baril, qui devrait plutôt s’appeler Seccotine et Fantasio, Spirou étant totalement absent de l’histoire depuis la première semaine, plus de 20 pages. Un simple rappel en montage parallèle aurait équilibré le récit. Le G.A.G. est fortement employé dans cette séquence, mais de manière inutile pour ceux qui on lu Le prisonnier du Bouddha, car utilisé sans aucune imagination, ce qui est du gâchis pour une telle invention. Par contre, le gag du vrai visage du Che s’imprimant comme la Sainte Face sur le Mandylion est remarquable. Intéressant chapitre des Cœurs de ferraille, de Beka, Munuera et Sedyas, dans lequel c’est un robot, en l’occurence un limier, qui semble avoir une personnalité plus complexe que celle des humains. J’apprécie la façon dont Barth, Pomès et Drac présentent leur Enquête du Lieutenant Bertillon, avec un panonceau de résumé ouvrant chaque nouveau chapitre. Et comme dans la première histoire, c’est l’aspect ethnologique, ici avec la cérémonie indigène, qui donne tout son sel à cette série.
Après un moment de lâche mais compréhensible soulagement, la rédaction commence cette semaine à s’inquièter dans L'Édito de l’absence des Fabrice. Elle n’a pas pensé à chercher dans les marges du magazine, qu’ils avaient commencé à visiter discrètement (oui, cela ne leur ressemble pas) la semaine précédente, et dont ils commentent les pages cette semaine, à la recherche d’inspiration pour une nouvelle série, politique comme Spirou (“Une affaire de scandale de fruits rouges dans du jambon”, dixit), SF (comme Les Cœurs de ferraille) ou pirates (comme Capitaine Anchois). Par contre, toujours aucune nouvelle de Gaston suite aux préparatifs de son départ. Encore une fois, dans La Méthode Raowl, la mise en page en montagnes russes de Tebo est partie intégrante du gag. Dans le microcosme de Titan inc., c’est cette fois le greenwashing qui fait irruption. Cascade de jeux de mots naïfs dans Willy Woob, la série de Nicolas Moog et Jorge Bernstein qui est un Candide de notre temps, un regard innocent et révélateur sur le monde, en bien moins acerbe et plus enfantin. Dans La Pause-cartoon, je trouve très drôles les gags de Lécroart et de Berth sur le thème des super-héros et de la société de consommation (Spiderman se plaignant de la pléthore de supermarchés et de l’absence de spidermarché restera). Je ne peux m’empêcher de voir dans le naufrage de la planche d’Annabelle, Pirate Rebelle, de Sti, Cédric Ghorbani et Cerise un écho des pirates d’Astérix. C’est à cela que l’on identifie les icônes laïques, elles contaminent les esprits au même titre que les religieuses. Confirmation du titre de la semaine dernière, la série de gags de Dad de Nob sur l’enfance des filles de Dad est nommée Dad flashbacks. Et taquin comme son personnage, Janry propose un Tuto dessiné du Petit Spirou lui permettant de le montrer nu, techniquement inaccessible aux débutants en dessin, et surtout, si l’on suit scrupuleusement ses étapes 6 (“on passe à l’encrage”) et 7 (“aussitôt fait, on gomme le crayon avec énergie”), on aura de mauvaises surprises.
Dans les autres rubriques, Bienvenue dans mon atelier de Vincent Zabus, scénariste des Petits métiers méconnus dans Spirou (et auparavant du Monde selon François et d’Agathe Saugrenu) , reflète bien ses histoires entre rêve et conscience sociale, et annonce une sortie qui fera plaisir à certains, un album réalisé avec le rare Denis Bodart dans la collection Aire Libre. Autre surprise, après deux albums scénaristiquement réussis des Tuniques bleues par Kriss, En direct du futur nous apprend que c’est Fred Neidhart qui est en charge du prochain, toujours sur dessin de Lambil. C’est Touffe, graphiste nouveau venu ici, qui a par ailleurs participé à des étiquettes de bière https://www.actuabd.com/+Ca-vient-d-arr ... illustree+, (il faudra un jour parler de cet ancestral envers du décor de Spirou) qui réalise l’impressionnante page de Jeux sur Crash Tex. En supplément, de jolis autocollants du marsupilami en couleurs directes par Batem, et enfin une publicité pour un nouvel album jeunesse chez Dupuis, non prépublié dans Spirou, Bouhland, par Rours, sur une école de monstres, dans la lignée de Harry Potter, et dans Spirou même, Mélusine, Pernille, Happycalypse...Quelle profusion d'ouvrages qui cherchent à enchanter, ou divertir, ou faire oublier le quotidien des écoliers.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4494 du 29/05/2024
https://www.spirou.com/actualites/somma ... -redaction
Les Fabrice ne sont toujours pas réapparus dans L’Édito, où ils sont recherchés sans enthousiasme, et même pas vraiment formellement (“Récompense au premier qui ne les retrouve pas”), et ont aussi disparu des marges des pages, de même que La malédiction de la page 13, de Sti. Par contre, Gaston est de retour, et en couverture, pour un dessin qui, étrangement, n’est pas un gag mais semble une image extraite d’une aventure. Et c’est bien le cas: une aventure de Gaston, une histoire complète, en 6 pages, numérotées de 39 à 44, soit la suite des gags en une planche qui formaient une trame, mais publiée en un bloc, qui pourrait presque se lire indépendamment, nonobstant l’ensemble de la rédaction de Spirou complètement saoule, une situation qui après tout pourrait ne pas susciter de la part du lecteur plus que le léger haussement de sourcil dont la gratifie Gaston qui vient annoncer sa démission. Il s’agit d’un polar, Gaston devant récupérer des films d’imprimerie de Franquin un soir dans un port, dans une ambiance qui pourrait rappeler Les Cargos du crépuscule (toutes proportions gardées). Delaf s’est enfin approprié le personnage, et cette histoire, totalement inédite pour Gaston, l’a obligé à créer de nouveaux décors et de nouvelles positions de personnages, sans plus faire de copier/coller. C’est une réussite, la seule de cette reprise (en dehors de la virtuosité technologique du mimétisme du dessin), puisse l’auteur poursuivre dans cette voie s’il devait continuer à dessiner Gaston: pas des gags affadis et momifiés, mais les aventures comiques d’un garçon de bureau gaffeur mais inventif, dont les inventions sont utilisées dans un nouveau contexte, avec humour et imagination.
Et cela rapproche Gaston de l’autre héros de polar de ce numéro, le lieutenant Bertillon, aussi maladroit et peu adapté aux exigences d’efficacité immédiate de la société. Mais là où le dessin de Delaf, strictement efficace et dans le rang, trahit l’esprit du personnage, celui de Cyrille Pomès, avec ses déformations de perspectives, de corps, ses cadrages décalés, son trait superficiellement grossier, transcrit parfaitement l’esprit du sien.
Avec les deux séries jeunesse Le métier le plus dangereux du monde et Les Cœurs de ferraille, aux sujets et traitement originaux et bien mis en œuvre, cela fait trois et demi (en comptant le Gaston, semi (à suivre), et dont seule cette dernière partie, semi histoire complète, est bonne) bonnes séries (à suivre) sur quatre (et demi) dans ce numéro. Le Spirou et Fantasio de Elric, Lemoine et Baril souffre lui du même défaut que l’ensemble du Gaston de Delaf, trop timoré, trop dans les clous pour s’émanciper et atteindre une personnalité, ce qui se traduit par un humour à répétition trop répétitif (Fantasio baragouinant l’italien en pays hispanophone, les disputes entre Fantasio et Seccotine) et une peur d’être peu clair, d’où un manque d’ellipses narratives et graphiques (13 cases pour la capture de Fantasio et Seccotine par les guérilleros) qui font trainer des scènes en longueur. Les seules originalités sont d’une part l’absence de Spirou, qui n’a jusqu’ici été présent (assez passivement, de plus) que sur 5 planches et demi sur 38 (je compte la demi planche introductive pour le journal). La suite nous dira si cette absence aura été vraiment voulue et maitrisée et aura eu une valeur narrative. D’autre part, l’aspect frontalement politique, avec Fidel Castro et Che Guevara jusque ici plus présents et actifs que Spirou, John Kennedy en second rôle, et les dialogues entre Fantasio et Seccotine, qui rien que dans ce chapitre incluent “reporter bourgeois, soviétique en herbe, réactionnaire obtus et ingérence des États-Unis”, approche trop en porte-à-faux par rapport aux simplismes du scénario (facilité avec laquelle Fantasio et Seccotine rencontrent les opposants et les guérilleros, comme si cela n’était plus nécessaire d’être retravaillé après Le dictateur et le champignon, Tintin et les Picaros et Kodo le tyran), et à l’humour enfantin des interventions du marsupilami et du G.A.G. Mais Gaston lui-même, sous prétexte qu’il vit une courte aventure, dit devoir dorénavant se trouver un nom de super-héros (postulerat-il dans la Doom Patrol?), signe irréfutable que les héros traditionnels ont du mal à dépasser leur crise d’identité.
Dans les gags en une planche, on peut clairement distinguer cette semaine ceux qui sont basés sur la caractérisation des personnages et leurs interactions, comme Elliot au collège et Dad, et ceux dont l’humour est d’abord graphique, incluant un dessin plus caricatural et outré, une primauté donnée à la mise en page, au traitement graphique (les trames chez Dab’s et Gom dans Crash Tex, les dialogues, la voix-off, les commentaires et leur colorisation chez Tebo dans La Méthode Raowl). Ce n’est bien sûr pas complètement univoque, ainsi, dans Elliot au collège, les couleurs de Malo (successeur de Anna Maria Riccobono, ou pseudonyme de celle-ci? Il en reprend quoi qu’il en soit les codes exacts) ont une grande importance narrative, typant les personnages et les ambiances. Et Game Over a beau être une série muette au traitement classique , les auteurs Midam, Adam et Patelin, rajoutent un gag purement graphique en conclusion, dans la façon dont ils inscrivent Game Over en fin de gag, la ponctuant à la manière des signatures de Franquin pour Gaston. Le “bon p’tit truc” de La Leçon de BD par Marko est d’ailleurs cette fois consacrée aux structures de mise en page et à la composition des cases, plus qu’au dessin lui-même.
Dans les rubriques, la publicité pour La Baie des cochons, l’album de Spirou et Fantasio classique, met en avant son aspect politique, qualifié de “rapport de Spirou sur Cuba” et de “propagande yankee”. Mais pourquoi pas l'écrire yanqui, en hommage à Jijé, puisqu’il revendique aussi totalement son aspect nostalgique, avec le titre écrit en vertical sur le dos, comme dans les EO de Franquin et Fournier? L’autre publicité est pour un package de livres considérés comme de simples produits industriels, deux adaptations en roman et livre dont tu es l’espion-ne, et une en anime comics, de la dernière saison d’un dessin animé français ayant un succès international, Totally Spies!, visiblement un mélange à la mode (mode qui n’en finit pas, puisque le DA a été créé il y a plus de 20 ans), de magical girls et de super-héroïnes. Révélateur de cette industrialisation est qu’aucun de ces livres ne porte de nom d’auteur, les anime comics étant d’un certain Banijay, qui n’a pas son nom sur la couverture. Heureusement, si Bercovici, invité de Bienvenue dans mon atelier, a aussi une production qui peut être quantitativement qualifiée d’industrielle, celle-ci a, elle, une vraie personnalité, car s’il produit beaucoup, c’est parce qu’il dessine “très très vite”, non par l’utilisation d’une technique anonyme, mais parce qu’il improvise beaucoup et “ne joue pas [sa] vie sur chaque trait”. Son admiration pour Georges Beuville et Giorgio Cavazzano témoigne de son intégrité de dessinateur. Les Jeux sont une fourmillante et épique bataille de Christophe Bataillon, entre des oursons mignons qui se défendent contre des monstres envahisseurs, avec Spiderman et Batman semblant hésiter entre les deux camps. Enfin , En direct du futur a un titre mensonger, puisqu’il parle de la série en cours Dad flashbacks, où Nob “explore le passé de Dad et de ses filles”, car, dit-il, “il y a beaucoup de choses que l’on ignore encore sur le passé de Dad, ça me semblait une bonne piste à creuser.” Si les histoires en elles-mêmes sont souvent bonnes, c’est tout de même une fausse bonne idée, car chaque personnage a exactement le même caractère et agit et réagit exactement de la même façon il y a 10 et 15 ans qu’actuellement. Ceci, et la situation exactement opposée du Petit Spirou qui lui n’a aucun lien autre que le nom et le costume avec le Spirou adulte que l’on connait, étaye ma conviction que, dans la plupart des cas, imaginer des origines à un personnage de fiction n’a que peu d’intérêt, en dehors du commercial.
https://www.spirou.com/actualites/somma ... -redaction
Les Fabrice ne sont toujours pas réapparus dans L’Édito, où ils sont recherchés sans enthousiasme, et même pas vraiment formellement (“Récompense au premier qui ne les retrouve pas”), et ont aussi disparu des marges des pages, de même que La malédiction de la page 13, de Sti. Par contre, Gaston est de retour, et en couverture, pour un dessin qui, étrangement, n’est pas un gag mais semble une image extraite d’une aventure. Et c’est bien le cas: une aventure de Gaston, une histoire complète, en 6 pages, numérotées de 39 à 44, soit la suite des gags en une planche qui formaient une trame, mais publiée en un bloc, qui pourrait presque se lire indépendamment, nonobstant l’ensemble de la rédaction de Spirou complètement saoule, une situation qui après tout pourrait ne pas susciter de la part du lecteur plus que le léger haussement de sourcil dont la gratifie Gaston qui vient annoncer sa démission. Il s’agit d’un polar, Gaston devant récupérer des films d’imprimerie de Franquin un soir dans un port, dans une ambiance qui pourrait rappeler Les Cargos du crépuscule (toutes proportions gardées). Delaf s’est enfin approprié le personnage, et cette histoire, totalement inédite pour Gaston, l’a obligé à créer de nouveaux décors et de nouvelles positions de personnages, sans plus faire de copier/coller. C’est une réussite, la seule de cette reprise (en dehors de la virtuosité technologique du mimétisme du dessin), puisse l’auteur poursuivre dans cette voie s’il devait continuer à dessiner Gaston: pas des gags affadis et momifiés, mais les aventures comiques d’un garçon de bureau gaffeur mais inventif, dont les inventions sont utilisées dans un nouveau contexte, avec humour et imagination.
Et cela rapproche Gaston de l’autre héros de polar de ce numéro, le lieutenant Bertillon, aussi maladroit et peu adapté aux exigences d’efficacité immédiate de la société. Mais là où le dessin de Delaf, strictement efficace et dans le rang, trahit l’esprit du personnage, celui de Cyrille Pomès, avec ses déformations de perspectives, de corps, ses cadrages décalés, son trait superficiellement grossier, transcrit parfaitement l’esprit du sien.
Avec les deux séries jeunesse Le métier le plus dangereux du monde et Les Cœurs de ferraille, aux sujets et traitement originaux et bien mis en œuvre, cela fait trois et demi (en comptant le Gaston, semi (à suivre), et dont seule cette dernière partie, semi histoire complète, est bonne) bonnes séries (à suivre) sur quatre (et demi) dans ce numéro. Le Spirou et Fantasio de Elric, Lemoine et Baril souffre lui du même défaut que l’ensemble du Gaston de Delaf, trop timoré, trop dans les clous pour s’émanciper et atteindre une personnalité, ce qui se traduit par un humour à répétition trop répétitif (Fantasio baragouinant l’italien en pays hispanophone, les disputes entre Fantasio et Seccotine) et une peur d’être peu clair, d’où un manque d’ellipses narratives et graphiques (13 cases pour la capture de Fantasio et Seccotine par les guérilleros) qui font trainer des scènes en longueur. Les seules originalités sont d’une part l’absence de Spirou, qui n’a jusqu’ici été présent (assez passivement, de plus) que sur 5 planches et demi sur 38 (je compte la demi planche introductive pour le journal). La suite nous dira si cette absence aura été vraiment voulue et maitrisée et aura eu une valeur narrative. D’autre part, l’aspect frontalement politique, avec Fidel Castro et Che Guevara jusque ici plus présents et actifs que Spirou, John Kennedy en second rôle, et les dialogues entre Fantasio et Seccotine, qui rien que dans ce chapitre incluent “reporter bourgeois, soviétique en herbe, réactionnaire obtus et ingérence des États-Unis”, approche trop en porte-à-faux par rapport aux simplismes du scénario (facilité avec laquelle Fantasio et Seccotine rencontrent les opposants et les guérilleros, comme si cela n’était plus nécessaire d’être retravaillé après Le dictateur et le champignon, Tintin et les Picaros et Kodo le tyran), et à l’humour enfantin des interventions du marsupilami et du G.A.G. Mais Gaston lui-même, sous prétexte qu’il vit une courte aventure, dit devoir dorénavant se trouver un nom de super-héros (postulerat-il dans la Doom Patrol?), signe irréfutable que les héros traditionnels ont du mal à dépasser leur crise d’identité.
Dans les gags en une planche, on peut clairement distinguer cette semaine ceux qui sont basés sur la caractérisation des personnages et leurs interactions, comme Elliot au collège et Dad, et ceux dont l’humour est d’abord graphique, incluant un dessin plus caricatural et outré, une primauté donnée à la mise en page, au traitement graphique (les trames chez Dab’s et Gom dans Crash Tex, les dialogues, la voix-off, les commentaires et leur colorisation chez Tebo dans La Méthode Raowl). Ce n’est bien sûr pas complètement univoque, ainsi, dans Elliot au collège, les couleurs de Malo (successeur de Anna Maria Riccobono, ou pseudonyme de celle-ci? Il en reprend quoi qu’il en soit les codes exacts) ont une grande importance narrative, typant les personnages et les ambiances. Et Game Over a beau être une série muette au traitement classique , les auteurs Midam, Adam et Patelin, rajoutent un gag purement graphique en conclusion, dans la façon dont ils inscrivent Game Over en fin de gag, la ponctuant à la manière des signatures de Franquin pour Gaston. Le “bon p’tit truc” de La Leçon de BD par Marko est d’ailleurs cette fois consacrée aux structures de mise en page et à la composition des cases, plus qu’au dessin lui-même.
Dans les rubriques, la publicité pour La Baie des cochons, l’album de Spirou et Fantasio classique, met en avant son aspect politique, qualifié de “rapport de Spirou sur Cuba” et de “propagande yankee”. Mais pourquoi pas l'écrire yanqui, en hommage à Jijé, puisqu’il revendique aussi totalement son aspect nostalgique, avec le titre écrit en vertical sur le dos, comme dans les EO de Franquin et Fournier? L’autre publicité est pour un package de livres considérés comme de simples produits industriels, deux adaptations en roman et livre dont tu es l’espion-ne, et une en anime comics, de la dernière saison d’un dessin animé français ayant un succès international, Totally Spies!, visiblement un mélange à la mode (mode qui n’en finit pas, puisque le DA a été créé il y a plus de 20 ans), de magical girls et de super-héroïnes. Révélateur de cette industrialisation est qu’aucun de ces livres ne porte de nom d’auteur, les anime comics étant d’un certain Banijay, qui n’a pas son nom sur la couverture. Heureusement, si Bercovici, invité de Bienvenue dans mon atelier, a aussi une production qui peut être quantitativement qualifiée d’industrielle, celle-ci a, elle, une vraie personnalité, car s’il produit beaucoup, c’est parce qu’il dessine “très très vite”, non par l’utilisation d’une technique anonyme, mais parce qu’il improvise beaucoup et “ne joue pas [sa] vie sur chaque trait”. Son admiration pour Georges Beuville et Giorgio Cavazzano témoigne de son intégrité de dessinateur. Les Jeux sont une fourmillante et épique bataille de Christophe Bataillon, entre des oursons mignons qui se défendent contre des monstres envahisseurs, avec Spiderman et Batman semblant hésiter entre les deux camps. Enfin , En direct du futur a un titre mensonger, puisqu’il parle de la série en cours Dad flashbacks, où Nob “explore le passé de Dad et de ses filles”, car, dit-il, “il y a beaucoup de choses que l’on ignore encore sur le passé de Dad, ça me semblait une bonne piste à creuser.” Si les histoires en elles-mêmes sont souvent bonnes, c’est tout de même une fausse bonne idée, car chaque personnage a exactement le même caractère et agit et réagit exactement de la même façon il y a 10 et 15 ans qu’actuellement. Ceci, et la situation exactement opposée du Petit Spirou qui lui n’a aucun lien autre que le nom et le costume avec le Spirou adulte que l’on connait, étaye ma conviction que, dans la plupart des cas, imaginer des origines à un personnage de fiction n’a que peu d’intérêt, en dehors du commercial.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4495du 05/06/2024
https://www.spirou.com/actualites/somma ... ns-de-xiii
Numéro doublement spécial, l’un mis en avant, les 40 ans de XIII, l’autre, sur le départ du rédacteur en chef Morgan Di Salvia, venant taquiner le premier, puisqu’il s’agit de commémorer le fait que XIII ait été publié en premier dans Spirou, les hommages tournent autour du magazine, à commencer par la couverture de Romain Dutreix. Comme pour la parodie de Spirou qu’il avait réalisée dans son premier volume d’Impostures (en 2013, aux éditions Fluide glacial), axée sur les multiples reprises de ce personnage, sa parodie de XIII est aussi liée aux circonstances, puisqu’associée au départ de Morgan Di Salvia du poste de rédacteur en chef de Spirou. Départ dont parle aussi L’édito de Fabcaro et Fabrice Erre, ingénieusement connectée à la suite de leur arc sur leur disparition. Quels génies du timing, d'autant plus que les Fabrice avaient fait semblant de disparaitre car estimant manquer de considération au sien de la rédaction, et accusent Morgan de vouloir faire de même en annonçant son départ, départ justement commenté sur Actuabd avec le chapeau une phrase de ce même Morgan disant « La dimension humaine dans le métier d’éditeur de BD est hyper importante. » https://www.actuabd.com/Morgan-Di-Salvi ... -est-hyper Quelle mise en abîme, et cela leur permet de plus de ne pas devoir parler de XIII). Le gag hommage de Sti, Un sacré numéro, ne pouvait pas ne pas faire le lien avec La Malédiction de la page XIII. Et, comme les strips de Moog et Bernstein pour Willy Woob, truffés de jeux de mots, ceux de Nelson de Bertschy, ainsi que la planche de Crash Tex de Dab’s, il met en scène la base de la série, la découverte d’un amnésique tatoué sur une plage, qui est, comme la suite du premier tome de XIII, plagiée (plage, plagiée, humour à la Willy Woob…) sur le roman de Robert Ludlum, La Mémoire dans la peau https://fr.wikipedia.org/wiki/La_M%C3%A ... au_(roman), car on sait que le scénariste Jean Van Hamme est surtout un développeur d’idées qu’il va trouver ailleurs (Thorgal, par exemple, doit beaucoup à Khéna et le Scrameustache, de Gos), plus qu’un créateur. Hors Dutreix, qui a dû se documenter pour ses parodies, ces auteurs n’ont-ils donc lu que le premier volume de XIII? C’est possible, et c’est mon cas. Ce que je ne regrette pas, car si je n’ai pas compris grand chose au mini-récit Bas les masques!, de JVH et Ph. Xavier, qui en dit dans Bienvenue dans mon atelier que “Jean Van Hamme s’est fait plaisir à raconter des trucs qui feront sourire les lecteurs qui connaissent la série” (ce qui n’a donc pas été mon cas), j’en ai du moins retenu que XIII passe 1/3 de son temps à se battre, 1/3 à avoir des dialogues abscons, et 1/3 à se farcir toutes les filles qu’il rencontre (et qui illustrent le rabat de la couverture du mini-récit). Par contre, j’ai pu apprécier la parodie stylistique de William Vance qu’en a faite Philippe Xavier: les personnage sont représentés presque en uniquement de face ou de profil, à l’exclusion assez radicale de tout autre angle ou cadrage (plongée, perspective…). Enfin, dans l’entretien, JVH dit regretter de ne pas avoir plus accentué la partie politique de la série. Or, si la série est en effet peu politique par rapport à ce qui aurait pu en être fait vu son sujet, elle l’est par essence, car tant sa structure que ses thèmes, sa narration et ses personnages sont une régression et une fermeture par rapport à toutes les portes qui avaient été ouvertes dans la BD depuis les années 60. Notons pour finir la numérotation des pages en chiffres romains, du treize…Et bien sûr, pour accompagner l’anniversaire de cette série à l’immense succès commercial, il ne pouvait y avoir moins qu’une page de publicité pour 4 albums de ou autour de XIII paraissant cette année.
Les auteurs du Métier le plus dangereux du monde, Olivier Bocquet et Fabio Lai (et Fabien Alquier aux couleurs) montrent eux qu’ils savent réaliser une série équilibrée entre l’aventure prenante et la parodie, avec l’apparition du nécessaire super méchant, à la fois caricatural et atypique. Bon chapitre également pour les Cœurs de ferraille, avec l’intervention d’un personnage féminin sensible et manipulateur, sorti de romans gothiques du XIXè s., l’époque de la série. L’énigme gagne en densité dans L’inspecteur Bertillon, de Barth, Pomès et Drac, avec une séquence de révélation en flash-back. Spirou revient enfin, à la page 42 de son aventure, et encore uniquement passif. (À suivre), vraiment…
Deux amusants gags d’humour noir pour Tash et Trash de Dino, et Fish n chips de Tom, auquel s’est adjoint Cerq, toujours dans la veine de l’écologie des fonds marins traités comme une décharge. Dans la planche de Dad flashbacks, Nob présente la maman de Ondine dans une scène où elle est bien plus insupportable que sa fille, qui a l’excuse de l’âge, et fait souvent montre de tendresse.
Les Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin ne sont pas sur les thème de la semaine mais sur une nouvelle attraction du Parc Spirou, le Parc Mysterium, mettant en scène les magiciens et forains étant apparus dans Spirou, de Itoh Kata à Bertrand, jusqu’à Poppy Bronco en Hercule de foire. Et dans le rédactionnel, Spirou et moi est consacré à Mab, qui a longtemps travaillé dans le dessin animé, et a publié dans Spirou en 2021 et 2022 quelques gags de Térence et Bud, des extraterrestres au style rondouillard, après être revenu à la BD en publiant une planche comme invité sauveur au secours d’une Lisa Mandel débordée dans Une année exemplaire, aux éditions Exemplaire, et En direct du futur annonce le lancement du prix Spirou, l’un des prix Atomium remis lors de la fête de la BD à Bruxelles en septembre.
https://www.spirou.com/actualites/somma ... ns-de-xiii
Numéro doublement spécial, l’un mis en avant, les 40 ans de XIII, l’autre, sur le départ du rédacteur en chef Morgan Di Salvia, venant taquiner le premier, puisqu’il s’agit de commémorer le fait que XIII ait été publié en premier dans Spirou, les hommages tournent autour du magazine, à commencer par la couverture de Romain Dutreix. Comme pour la parodie de Spirou qu’il avait réalisée dans son premier volume d’Impostures (en 2013, aux éditions Fluide glacial), axée sur les multiples reprises de ce personnage, sa parodie de XIII est aussi liée aux circonstances, puisqu’associée au départ de Morgan Di Salvia du poste de rédacteur en chef de Spirou. Départ dont parle aussi L’édito de Fabcaro et Fabrice Erre, ingénieusement connectée à la suite de leur arc sur leur disparition. Quels génies du timing, d'autant plus que les Fabrice avaient fait semblant de disparaitre car estimant manquer de considération au sien de la rédaction, et accusent Morgan de vouloir faire de même en annonçant son départ, départ justement commenté sur Actuabd avec le chapeau une phrase de ce même Morgan disant « La dimension humaine dans le métier d’éditeur de BD est hyper importante. » https://www.actuabd.com/Morgan-Di-Salvi ... -est-hyper Quelle mise en abîme, et cela leur permet de plus de ne pas devoir parler de XIII). Le gag hommage de Sti, Un sacré numéro, ne pouvait pas ne pas faire le lien avec La Malédiction de la page XIII. Et, comme les strips de Moog et Bernstein pour Willy Woob, truffés de jeux de mots, ceux de Nelson de Bertschy, ainsi que la planche de Crash Tex de Dab’s, il met en scène la base de la série, la découverte d’un amnésique tatoué sur une plage, qui est, comme la suite du premier tome de XIII, plagiée (plage, plagiée, humour à la Willy Woob…) sur le roman de Robert Ludlum, La Mémoire dans la peau https://fr.wikipedia.org/wiki/La_M%C3%A ... au_(roman), car on sait que le scénariste Jean Van Hamme est surtout un développeur d’idées qu’il va trouver ailleurs (Thorgal, par exemple, doit beaucoup à Khéna et le Scrameustache, de Gos), plus qu’un créateur. Hors Dutreix, qui a dû se documenter pour ses parodies, ces auteurs n’ont-ils donc lu que le premier volume de XIII? C’est possible, et c’est mon cas. Ce que je ne regrette pas, car si je n’ai pas compris grand chose au mini-récit Bas les masques!, de JVH et Ph. Xavier, qui en dit dans Bienvenue dans mon atelier que “Jean Van Hamme s’est fait plaisir à raconter des trucs qui feront sourire les lecteurs qui connaissent la série” (ce qui n’a donc pas été mon cas), j’en ai du moins retenu que XIII passe 1/3 de son temps à se battre, 1/3 à avoir des dialogues abscons, et 1/3 à se farcir toutes les filles qu’il rencontre (et qui illustrent le rabat de la couverture du mini-récit). Par contre, j’ai pu apprécier la parodie stylistique de William Vance qu’en a faite Philippe Xavier: les personnage sont représentés presque en uniquement de face ou de profil, à l’exclusion assez radicale de tout autre angle ou cadrage (plongée, perspective…). Enfin, dans l’entretien, JVH dit regretter de ne pas avoir plus accentué la partie politique de la série. Or, si la série est en effet peu politique par rapport à ce qui aurait pu en être fait vu son sujet, elle l’est par essence, car tant sa structure que ses thèmes, sa narration et ses personnages sont une régression et une fermeture par rapport à toutes les portes qui avaient été ouvertes dans la BD depuis les années 60. Notons pour finir la numérotation des pages en chiffres romains, du treize…Et bien sûr, pour accompagner l’anniversaire de cette série à l’immense succès commercial, il ne pouvait y avoir moins qu’une page de publicité pour 4 albums de ou autour de XIII paraissant cette année.
Les auteurs du Métier le plus dangereux du monde, Olivier Bocquet et Fabio Lai (et Fabien Alquier aux couleurs) montrent eux qu’ils savent réaliser une série équilibrée entre l’aventure prenante et la parodie, avec l’apparition du nécessaire super méchant, à la fois caricatural et atypique. Bon chapitre également pour les Cœurs de ferraille, avec l’intervention d’un personnage féminin sensible et manipulateur, sorti de romans gothiques du XIXè s., l’époque de la série. L’énigme gagne en densité dans L’inspecteur Bertillon, de Barth, Pomès et Drac, avec une séquence de révélation en flash-back. Spirou revient enfin, à la page 42 de son aventure, et encore uniquement passif. (À suivre), vraiment…
Deux amusants gags d’humour noir pour Tash et Trash de Dino, et Fish n chips de Tom, auquel s’est adjoint Cerq, toujours dans la veine de l’écologie des fonds marins traités comme une décharge. Dans la planche de Dad flashbacks, Nob présente la maman de Ondine dans une scène où elle est bien plus insupportable que sa fille, qui a l’excuse de l’âge, et fait souvent montre de tendresse.
Les Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin ne sont pas sur les thème de la semaine mais sur une nouvelle attraction du Parc Spirou, le Parc Mysterium, mettant en scène les magiciens et forains étant apparus dans Spirou, de Itoh Kata à Bertrand, jusqu’à Poppy Bronco en Hercule de foire. Et dans le rédactionnel, Spirou et moi est consacré à Mab, qui a longtemps travaillé dans le dessin animé, et a publié dans Spirou en 2021 et 2022 quelques gags de Térence et Bud, des extraterrestres au style rondouillard, après être revenu à la BD en publiant une planche comme invité sauveur au secours d’une Lisa Mandel débordée dans Une année exemplaire, aux éditions Exemplaire, et En direct du futur annonce le lancement du prix Spirou, l’un des prix Atomium remis lors de la fête de la BD à Bruxelles en septembre.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4496 du 12/06/2024
Ici un aperçu du journal https://www.spirou.com/actualites/somma ... s-gratuits
Tebo a fort bien réussi sa couverture, dans son style où il va puiser différentes techniques, et les juxtaposer en y infusant une touche unique. Ici, une structure classique en pyramide, assortie d’un commentaire, comme dans un cartoon, mais graphiquement inséré dans l’image, comme dans les mangas, des personnages rondouillards mais avec un encrage résolument non uniforme, qui leur donne leur dimension comique particulière, dans la lignée de ces dessinateurs Disney atypiques que sont Cavazzano ou Bottaro. À cela s’ajoute, pour équilibrer l’image dans le sens de la symétrie, une énorme masse d’arme d’où pend un œil, écho du rouage immense écrasant des soldats sur une muraille dans une Idée noire de Franquin (notons que ce qui en 1977 était une idée si noire qu’elle était reléguée à l’intérieur d’un magazine pirate encarté dans un journal pour enfants se retrouve maintenant en couverture de celui-ci). L’histoire courte en cinq pages est aussi un chef d’œuvre dans ce genre, construite comme un gigantesque labyrinthe, dont deux doubles pages, où l’énergie est créé par des oppositions de mouvements, de gauche à droite et de haut en bas et inversement, technique qui ici est aussi source de gags, comme Peter Pan se retournant pour narguer Raowl et s’empalant sur un obstacle qu’il n’avait ce faisant pas vu, ou l’ogre sur ses gogues en haut de la falaise qu’escalade Raowl, et en sens descendant un tuyau écoulant ses étrons dans le lac souterrain d’où sort Raowl. C’est tout l’art de Tebo que de tout construire en deux niveaux de lecture, dessins comme textes, ceux-ci faisant office à la fois de dialogues et de commentaires des dessins, ou dans la vignette de couverture qui nous apprend que Raowl se prononce Raoul, pour rimer avec Kaboul, et non Ra-owl, comme un rugissement auquel on ne peut s’empêcher de penser. Me concernant, un seul bémol, le talent de Tebo s’exprime dans un humour trop enfantin pour moi.
Moins personnels dans la narration comme le dessin, Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier font toutefois aussi avec Le métier le plus dangereux du monde une synthèse de plusieurs influences qui donne une nouvelle dynamique à leur fond FB, sur une base d’action et d’humour: des personnages qui surréagissent, comme Ziad et Billie page 43, (page 39 du magazine), technique de dessin animé (que l’on retrouve dans Louca, dont l’auteur Bruno Dequier travaille dans l’animation), le débordement des traits de vitesse sur l’encrage, venu du manga (pages 42-43), ou la scène incongrue, comme celle page 45 où les personnages se mettent à chanter et danser pour aider Amine à soutenir le rythme de la respiration artificielle qu’il pratique sur sa fille, dans un esprit de l’humour dit sans queue ni tête (moleitau en cantonnais) des comédies Hongkongaises (scène semblable dans Shaolin soccer de Stephen Chow).
Une base également FB mais traitée en y mêlant habilement des formes et du fonds très pertinents, le romantisme gothique, le tramage dans le dessin, l’opposition entre les expressions surjouées des humains et l’absence de visages des robots, dans Les Cœurs de ferraille, de Beka, Munuera et Sedyas.
Tout aussi personnel que ce que fait Tebo, le polar chamanique des Enquêtes de l’Inspecteur Bertillon, avec un dessin de Cyrille Pomès paradoxalement à la fois tout aussi rondouillard et anguleux, mais dans une veine expressionniste et pas disneyenne. L’histoire amène cette semaine un rebondissement inattendu, avec l’exploration d’une épave engloutie recelant les plans d’un moteur à eau par un parent de son inventeur, comme dans Le scaphandrier mort, de Tif et Tondu. L’histoire est moins complotiste que dans le scénario de Tillieux, alors que notre époque s’y prête pourtant, et c’est tout à l’honneur des scénaristes, Barth et Pomès, car c’est un transfuge de l’industrie pétrolière qui cherche à s’approprier les plans pour s’enrichir, et non des agents d’une de ces trusts qui cherche à faire disparaître ces plans pour conserver sa domination.
Par contre, je n’accroche pas à l’Aventure classique de Spirou et Fantasio par Elric, Clément Lemoine et Michaël Baril. Deux cases résument ce qui à mon sens pose problème, la première de la planche 50, un camp militaire vu d’en haut, trop proche pour que l’on ait une impression de grouillement (les arbres, les personnages sont encore différenciés), trop loin pour que l’on identifie les protagonistes dont on croit discerner les traits, et la huitième de la planche 51, un personnage tombant dans un hangar en brisant une vitre, les personnages sont minuscules dans ce hangar immense, mais la case est trop petite pour justifier cette immensité. Et c’est ainsi pour l’ensemble du récit, les auteurs n’ont pas su trouver la distance, entre histoire pour enfants (le niveau des gags) et second degré pour adultes, entre incursions politique et parodie, entre comique et aventure (Spirou a été absent la plupart du temps, et passif lors de ses rares apparitions).
Dans les gags, Fabcaro et Fabrice Erre sont partis dans L'Édito sur une série sur le départ de Morgan Di Salvia comme rédac chef. Il est possible que ce soit la première fois que le départ d’un de ses responsable soit traité en temps réel dans la presse BD, et peut-être même dans l’ensemble de la presse, et alors cette série d’histoire immédiate entrera dans l’histoire des médias. Retour d’Anna Maria Riccobono aux couleurs d’Elliot au collège. Une bonne Malédiction de la page 13 de Sti, avec Raowl. Dans Dad Flashbacks de Nob, on découvre que Panda avait non seulement une identique personnalité mais s’exprimait de la même manière lorsqu’elle avait environ 6 ans et actuellement, comme étudiante. Dab’s donne une Leçon de BD pertinente et drôle. Quant à Floris avec Capitaine Anchois, Dino avec Tash et Trash, Cerq et Tom avec Fish n chips, Berth avec Des gens et inversement et Lécroart avec Les Fifiches du Proprofesseur, ils portent tous avec leur humour absurde un regard décalé et éclairant sur des sujets essentiels (pollution et consommation dans Fish n chips, mythologies et société contemporaine avec Les Fifiches et Des gens, spéculation et SF avec Tash et Trash).
Berth, qui “cartoone depuis trente ans dans Spirou”, est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans ma bibliothèque, où je découvre avec plaisir Hara-Kiri, Willem, Lefred-Thouron, Poirier (une influence de son dessin rond), Roland Topor, et le fait qu’il ait ignoré Tintin enfant. En direct du futur annonce que le numéro 4500 sera matériellement spécial, le papier du magazine changera alors pour se conformer aux nouvelles normes écologiques, Spirou joignant ainsi le geste à ses discours.
Dans un tout autre ordre d’idées, deux incohérences dans une pub pour une opération de promotion d’albums. Le cabochon représentant Yakari est extrait des DA, pas de la BD, et celui de Spirou est de Tome et Janry, alors que leurs Spirou ne font pas partie des albums sélectionnés. Ils sont tant mythiques chez Media participation? Mais je pinaille dans le vide en cherchant de la rectitude dans un domaine, la pub, où le mot a été banni. Quand aux Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin sur les mythes de la Grèce antique, ils mettent en scène Télémaque, un personnage qui n’est plus paru dans le journal depuis près de 4 ans…Enfin, le supplément est un poster par Théo Grosjean d’Elliot au collège à composition en escalier d’Elliot, sa mère et son angoisse, les lectures de chacun reflétant sa personnalité.
Ici un aperçu du journal https://www.spirou.com/actualites/somma ... s-gratuits
Tebo a fort bien réussi sa couverture, dans son style où il va puiser différentes techniques, et les juxtaposer en y infusant une touche unique. Ici, une structure classique en pyramide, assortie d’un commentaire, comme dans un cartoon, mais graphiquement inséré dans l’image, comme dans les mangas, des personnages rondouillards mais avec un encrage résolument non uniforme, qui leur donne leur dimension comique particulière, dans la lignée de ces dessinateurs Disney atypiques que sont Cavazzano ou Bottaro. À cela s’ajoute, pour équilibrer l’image dans le sens de la symétrie, une énorme masse d’arme d’où pend un œil, écho du rouage immense écrasant des soldats sur une muraille dans une Idée noire de Franquin (notons que ce qui en 1977 était une idée si noire qu’elle était reléguée à l’intérieur d’un magazine pirate encarté dans un journal pour enfants se retrouve maintenant en couverture de celui-ci). L’histoire courte en cinq pages est aussi un chef d’œuvre dans ce genre, construite comme un gigantesque labyrinthe, dont deux doubles pages, où l’énergie est créé par des oppositions de mouvements, de gauche à droite et de haut en bas et inversement, technique qui ici est aussi source de gags, comme Peter Pan se retournant pour narguer Raowl et s’empalant sur un obstacle qu’il n’avait ce faisant pas vu, ou l’ogre sur ses gogues en haut de la falaise qu’escalade Raowl, et en sens descendant un tuyau écoulant ses étrons dans le lac souterrain d’où sort Raowl. C’est tout l’art de Tebo que de tout construire en deux niveaux de lecture, dessins comme textes, ceux-ci faisant office à la fois de dialogues et de commentaires des dessins, ou dans la vignette de couverture qui nous apprend que Raowl se prononce Raoul, pour rimer avec Kaboul, et non Ra-owl, comme un rugissement auquel on ne peut s’empêcher de penser. Me concernant, un seul bémol, le talent de Tebo s’exprime dans un humour trop enfantin pour moi.
Moins personnels dans la narration comme le dessin, Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier font toutefois aussi avec Le métier le plus dangereux du monde une synthèse de plusieurs influences qui donne une nouvelle dynamique à leur fond FB, sur une base d’action et d’humour: des personnages qui surréagissent, comme Ziad et Billie page 43, (page 39 du magazine), technique de dessin animé (que l’on retrouve dans Louca, dont l’auteur Bruno Dequier travaille dans l’animation), le débordement des traits de vitesse sur l’encrage, venu du manga (pages 42-43), ou la scène incongrue, comme celle page 45 où les personnages se mettent à chanter et danser pour aider Amine à soutenir le rythme de la respiration artificielle qu’il pratique sur sa fille, dans un esprit de l’humour dit sans queue ni tête (moleitau en cantonnais) des comédies Hongkongaises (scène semblable dans Shaolin soccer de Stephen Chow).
Une base également FB mais traitée en y mêlant habilement des formes et du fonds très pertinents, le romantisme gothique, le tramage dans le dessin, l’opposition entre les expressions surjouées des humains et l’absence de visages des robots, dans Les Cœurs de ferraille, de Beka, Munuera et Sedyas.
Tout aussi personnel que ce que fait Tebo, le polar chamanique des Enquêtes de l’Inspecteur Bertillon, avec un dessin de Cyrille Pomès paradoxalement à la fois tout aussi rondouillard et anguleux, mais dans une veine expressionniste et pas disneyenne. L’histoire amène cette semaine un rebondissement inattendu, avec l’exploration d’une épave engloutie recelant les plans d’un moteur à eau par un parent de son inventeur, comme dans Le scaphandrier mort, de Tif et Tondu. L’histoire est moins complotiste que dans le scénario de Tillieux, alors que notre époque s’y prête pourtant, et c’est tout à l’honneur des scénaristes, Barth et Pomès, car c’est un transfuge de l’industrie pétrolière qui cherche à s’approprier les plans pour s’enrichir, et non des agents d’une de ces trusts qui cherche à faire disparaître ces plans pour conserver sa domination.
Par contre, je n’accroche pas à l’Aventure classique de Spirou et Fantasio par Elric, Clément Lemoine et Michaël Baril. Deux cases résument ce qui à mon sens pose problème, la première de la planche 50, un camp militaire vu d’en haut, trop proche pour que l’on ait une impression de grouillement (les arbres, les personnages sont encore différenciés), trop loin pour que l’on identifie les protagonistes dont on croit discerner les traits, et la huitième de la planche 51, un personnage tombant dans un hangar en brisant une vitre, les personnages sont minuscules dans ce hangar immense, mais la case est trop petite pour justifier cette immensité. Et c’est ainsi pour l’ensemble du récit, les auteurs n’ont pas su trouver la distance, entre histoire pour enfants (le niveau des gags) et second degré pour adultes, entre incursions politique et parodie, entre comique et aventure (Spirou a été absent la plupart du temps, et passif lors de ses rares apparitions).
Dans les gags, Fabcaro et Fabrice Erre sont partis dans L'Édito sur une série sur le départ de Morgan Di Salvia comme rédac chef. Il est possible que ce soit la première fois que le départ d’un de ses responsable soit traité en temps réel dans la presse BD, et peut-être même dans l’ensemble de la presse, et alors cette série d’histoire immédiate entrera dans l’histoire des médias. Retour d’Anna Maria Riccobono aux couleurs d’Elliot au collège. Une bonne Malédiction de la page 13 de Sti, avec Raowl. Dans Dad Flashbacks de Nob, on découvre que Panda avait non seulement une identique personnalité mais s’exprimait de la même manière lorsqu’elle avait environ 6 ans et actuellement, comme étudiante. Dab’s donne une Leçon de BD pertinente et drôle. Quant à Floris avec Capitaine Anchois, Dino avec Tash et Trash, Cerq et Tom avec Fish n chips, Berth avec Des gens et inversement et Lécroart avec Les Fifiches du Proprofesseur, ils portent tous avec leur humour absurde un regard décalé et éclairant sur des sujets essentiels (pollution et consommation dans Fish n chips, mythologies et société contemporaine avec Les Fifiches et Des gens, spéculation et SF avec Tash et Trash).
Berth, qui “cartoone depuis trente ans dans Spirou”, est par ailleurs l’invité de Bienvenue dans ma bibliothèque, où je découvre avec plaisir Hara-Kiri, Willem, Lefred-Thouron, Poirier (une influence de son dessin rond), Roland Topor, et le fait qu’il ait ignoré Tintin enfant. En direct du futur annonce que le numéro 4500 sera matériellement spécial, le papier du magazine changera alors pour se conformer aux nouvelles normes écologiques, Spirou joignant ainsi le geste à ses discours.
Dans un tout autre ordre d’idées, deux incohérences dans une pub pour une opération de promotion d’albums. Le cabochon représentant Yakari est extrait des DA, pas de la BD, et celui de Spirou est de Tome et Janry, alors que leurs Spirou ne font pas partie des albums sélectionnés. Ils sont tant mythiques chez Media participation? Mais je pinaille dans le vide en cherchant de la rectitude dans un domaine, la pub, où le mot a été banni. Quand aux Jeux de Frédéric Antoine et Yohann Morin sur les mythes de la Grèce antique, ils mettent en scène Télémaque, un personnage qui n’est plus paru dans le journal depuis près de 4 ans…Enfin, le supplément est un poster par Théo Grosjean d’Elliot au collège à composition en escalier d’Elliot, sa mère et son angoisse, les lectures de chacun reflétant sa personnalité.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4497 du 19/06/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -leon-lena
Couverture de Clémence sur Léon et Lena, pour leur retour dans Spirou, concordant avec la sortie de leur quatrième album, qui doit inclure des strips non parus dans Spirou, puisque, selon le jeu test introduisant ces pages, le personnage de Lennon semble avoir pris une grande importance, alors qu’elle est relativement peu apparue dans le journal. Suite de l’arc sur le départ du rédacteur en chef Morgan Di Salvia dans L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre. Un Petit Spirou difficilement interprétable, qui à première vue semble ridiculiser une certaine tendance actuelle du féminisme, avec les contradictions de Suzette demandant un homme déconstruit, pourtant le scénario est cosigné par Clara Cuadrado, qui revendiquait son féminisme militant il y a peu dans ce magazine.
Bernstein et Moog mettent cette semaine Willy Woob et son chien Kiki dans la peau d’agriculteurs, et leur humour gentiment absurde y fonctionne cette fois très bien. Nicolas Moog est par ailleurs avec Émilie Plateau l’auteur du supplément de la semaine, un Carnet de voyage de la Ciudad de México (au titre en espagnol). Ils témoignent d’un enthousiasme si enfantin que même l’office du tourisme mexicain doit en être gênée: “La cuisine mexicaine est la meilleure du monde” (elle est objectivement relativement simple et peu variée), et ils trouvent émouvant jusqu’aux larmes l’ultra touristique et artificielle chevauchée annuelle pour commémorer la révolution mexicaine. Par ailleurs, ils sombrent dans ce travers qu’une amie m’avait au Mexique décrit comme si français, de comparer toujours, pour dénigrer l’un au profit de l’autre. Et ici, c’est aussi ce si français auto dénigrement: “Tout va être gris et fade en France à côté de Mexico.” Étrange de la part d’auteurs qui sont par ailleurs si critiques et lucides, Émilie Plateau dans son “Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin”, Nicolas Moog dans ses bandes dans Fluide glacial ou chez 6 pieds sous terre. Dans Le strip dont vous êtes la star, Libon représente une panthère, et j’aime beaucoup la façon dont il représente ses fauves, au visage débordant de poils, comme Bisou dans Tralaland. Tebo met en scène Raowl dans un numéro quasiment en solo, de combat contre lui-même pour une fois, d’exercice de sa volonté, dommage pour moi que Tebo joue encore avec les clichés de l’humour prétendument enfantin (les légumes sont incarnés par des brocolis, qui sont moches et puent). Départ de la maman d’Ondine dans Dad flashbacks de Nob, disparue aussi soudainement qu’elle était apparue (mais elle n’est pas faite pour la vie de famille et ses responsabilités, comme elle l’avouait elle-même). Et on ne sait toujours pas pourquoi elle s’était mise avec Dad, l’ambitieuse s’était-elle entichée d’un jeune acteur en pleine ascension, et l’a-t-elle quitté lorsqu’elle s’est rendue compte qu’il ne deviendrait jamais une vedette?
Fin du Spirou classique, qui ne m’a aucunement convaincu. Ni dans le fait d’avoir confronté Spirou à un évènement historique: le Spirou de Bravo était au moins très instructif, et faisait ressentir l’ambiance de peur et de perte de l’époque, ici, rien dans le traitement caricatural ne fait ressentir la guerre froide, ces Fidel Castro et Che Guevara autoritaires et maladroits auraient tout aussi bien pu être remplacés par Zorglub. Ni dans le scénario, avec Spirou si peu présent et Fantasio suiveur de Seccotine, et je regrette le Longplaying bon vivant et expansif, remplacé par ce patriote peu franc et peu sûr de lui. Ni enfin le dessin, trop scolaire et raide. Seule, étrangement, la dernière planche est bonne de ce point de vue, auquel son encrage plus décidé, plus profond, alors qu’il était trop sec jusque là, donne vie et vivacité aux personnages.
Six pages éminemment romantiques pour Les cœurs de ferraille, dont quatre muettes, dans lesquelles Munuera et Sedyas varient grandement découpage, encrage, colorisation, pour exprimer le tourbillon de sentiments qui s’empare des deux amoureux. Une scène d’étreinte sur une plage avec les mouettes et les flots mugissants est très cliché (Frank P. L’avait un peu renouvellée dans La nuit du chat, de Broussaille), mais ici, ainsi traitée, apporte un beau contrepoint et tournant dans cette histoire de grande violence sociale. Une séquence toute en action, bien rythmée par le découpage et la mise en scène dans l’enquête du Lieutenant Bertillon de Barth, Pomès et Drac. Fin aussi du troisième épisode du Métier le plus dangereux du monde, cette autre bonne série jeunesse de Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier, qui aura pleinement mérité son titre puisque le père des deux jeunes apprentis super héros n’aura été un super héros que le temps de 6 pages, sans même avoir accompli un exploit avant de mourir, cette disparition conjointe à l’arrivée d’un colis énigmatique termine cet épisode sur un double suspens.
Dans le rédactionnel, Les BD de ma vie de Djief, dessinateur de Créatures, dont les premières BD lues tout seul sont un Tuniques bleues et un Yoko Tsuno. Passe pour les Tuniques bleues, mais pour le Yoko, soit il a été précoce (lire Yoko seul vers 4 ou 5 ans, c’est impressionnant), soit au contraire il a lu tardivement tout seul. Et, alors qu’il dessine des créatures lovecratiennes, un maître de l’horreur, il trouve “flippants” les géants de L’Attaque des Titans de Hajime Isayama (une des séries manga les plus vendues au monde). Il est vrai que ceux-ci sont assez horrifiques, avec leur corps aux formes à la fois atrophiées et hypertrophiées et leur bouches immenses aux nombre effrayant de dents, mais cela montre que la sensibilité de chacun à la peur, la laideur ou la beauté est imprévisible. En direct du futur annonce un récit court du Petit Spirou, format pour lequel Janry est moins à l’aise que pour les gags en une planche, et pour cela a fait appel à Jacques Louis.
Les Jeux sont d’un certain ou certaine Vog, que je ne connais pas, et, intitulés Pon…pom..pidou!!, ne sont pas un hommage à Marilyn Monroe mais au musée d’art moderne parisien, avec toutefois uniquement des œuvres d’auteurs décédés, en dehors d’une présentée sous forme de labyrinthe, qui ressemble fort à l’œuvre d’un artiste contemporain dont le nom m’échappe, que je crois suisse (non, pas Anni Albers, ni Brice Madden), celui ou celle qui trouvera aura droit à mon plus grand respect (l’œuvre, le labyrinthe entre le Miro et le Mondrian, est visible ici: https://www.spirou.com/actualites/solut ... u-ndeg4497). Bizarrement, Spirou y figure sous la forme d’un gardien de musée endormi, alors que Nicoby s’était fait tancer pour avoir énoncé ce cliché dans le Spirou 4490 spécial JO au Louvre.
Enfin, deux publicités pour des albums jeunesse, Cinq Avril une série chez Dupuis dont seul un extrait avait été publié dans Spirou, sous forme de supplément il y a quelques semaines, et une au Lombard du dessinateur Tristan Roulot, qui lui a publié quelques histoires courtes dans Spirou.
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... -leon-lena
Couverture de Clémence sur Léon et Lena, pour leur retour dans Spirou, concordant avec la sortie de leur quatrième album, qui doit inclure des strips non parus dans Spirou, puisque, selon le jeu test introduisant ces pages, le personnage de Lennon semble avoir pris une grande importance, alors qu’elle est relativement peu apparue dans le journal. Suite de l’arc sur le départ du rédacteur en chef Morgan Di Salvia dans L’Édito de Fabcaro et Fabrice Erre. Un Petit Spirou difficilement interprétable, qui à première vue semble ridiculiser une certaine tendance actuelle du féminisme, avec les contradictions de Suzette demandant un homme déconstruit, pourtant le scénario est cosigné par Clara Cuadrado, qui revendiquait son féminisme militant il y a peu dans ce magazine.
Bernstein et Moog mettent cette semaine Willy Woob et son chien Kiki dans la peau d’agriculteurs, et leur humour gentiment absurde y fonctionne cette fois très bien. Nicolas Moog est par ailleurs avec Émilie Plateau l’auteur du supplément de la semaine, un Carnet de voyage de la Ciudad de México (au titre en espagnol). Ils témoignent d’un enthousiasme si enfantin que même l’office du tourisme mexicain doit en être gênée: “La cuisine mexicaine est la meilleure du monde” (elle est objectivement relativement simple et peu variée), et ils trouvent émouvant jusqu’aux larmes l’ultra touristique et artificielle chevauchée annuelle pour commémorer la révolution mexicaine. Par ailleurs, ils sombrent dans ce travers qu’une amie m’avait au Mexique décrit comme si français, de comparer toujours, pour dénigrer l’un au profit de l’autre. Et ici, c’est aussi ce si français auto dénigrement: “Tout va être gris et fade en France à côté de Mexico.” Étrange de la part d’auteurs qui sont par ailleurs si critiques et lucides, Émilie Plateau dans son “Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin”, Nicolas Moog dans ses bandes dans Fluide glacial ou chez 6 pieds sous terre. Dans Le strip dont vous êtes la star, Libon représente une panthère, et j’aime beaucoup la façon dont il représente ses fauves, au visage débordant de poils, comme Bisou dans Tralaland. Tebo met en scène Raowl dans un numéro quasiment en solo, de combat contre lui-même pour une fois, d’exercice de sa volonté, dommage pour moi que Tebo joue encore avec les clichés de l’humour prétendument enfantin (les légumes sont incarnés par des brocolis, qui sont moches et puent). Départ de la maman d’Ondine dans Dad flashbacks de Nob, disparue aussi soudainement qu’elle était apparue (mais elle n’est pas faite pour la vie de famille et ses responsabilités, comme elle l’avouait elle-même). Et on ne sait toujours pas pourquoi elle s’était mise avec Dad, l’ambitieuse s’était-elle entichée d’un jeune acteur en pleine ascension, et l’a-t-elle quitté lorsqu’elle s’est rendue compte qu’il ne deviendrait jamais une vedette?
Fin du Spirou classique, qui ne m’a aucunement convaincu. Ni dans le fait d’avoir confronté Spirou à un évènement historique: le Spirou de Bravo était au moins très instructif, et faisait ressentir l’ambiance de peur et de perte de l’époque, ici, rien dans le traitement caricatural ne fait ressentir la guerre froide, ces Fidel Castro et Che Guevara autoritaires et maladroits auraient tout aussi bien pu être remplacés par Zorglub. Ni dans le scénario, avec Spirou si peu présent et Fantasio suiveur de Seccotine, et je regrette le Longplaying bon vivant et expansif, remplacé par ce patriote peu franc et peu sûr de lui. Ni enfin le dessin, trop scolaire et raide. Seule, étrangement, la dernière planche est bonne de ce point de vue, auquel son encrage plus décidé, plus profond, alors qu’il était trop sec jusque là, donne vie et vivacité aux personnages.
Six pages éminemment romantiques pour Les cœurs de ferraille, dont quatre muettes, dans lesquelles Munuera et Sedyas varient grandement découpage, encrage, colorisation, pour exprimer le tourbillon de sentiments qui s’empare des deux amoureux. Une scène d’étreinte sur une plage avec les mouettes et les flots mugissants est très cliché (Frank P. L’avait un peu renouvellée dans La nuit du chat, de Broussaille), mais ici, ainsi traitée, apporte un beau contrepoint et tournant dans cette histoire de grande violence sociale. Une séquence toute en action, bien rythmée par le découpage et la mise en scène dans l’enquête du Lieutenant Bertillon de Barth, Pomès et Drac. Fin aussi du troisième épisode du Métier le plus dangereux du monde, cette autre bonne série jeunesse de Olivier Bocquet, Fabio Lai et Fabien Alquier, qui aura pleinement mérité son titre puisque le père des deux jeunes apprentis super héros n’aura été un super héros que le temps de 6 pages, sans même avoir accompli un exploit avant de mourir, cette disparition conjointe à l’arrivée d’un colis énigmatique termine cet épisode sur un double suspens.
Dans le rédactionnel, Les BD de ma vie de Djief, dessinateur de Créatures, dont les premières BD lues tout seul sont un Tuniques bleues et un Yoko Tsuno. Passe pour les Tuniques bleues, mais pour le Yoko, soit il a été précoce (lire Yoko seul vers 4 ou 5 ans, c’est impressionnant), soit au contraire il a lu tardivement tout seul. Et, alors qu’il dessine des créatures lovecratiennes, un maître de l’horreur, il trouve “flippants” les géants de L’Attaque des Titans de Hajime Isayama (une des séries manga les plus vendues au monde). Il est vrai que ceux-ci sont assez horrifiques, avec leur corps aux formes à la fois atrophiées et hypertrophiées et leur bouches immenses aux nombre effrayant de dents, mais cela montre que la sensibilité de chacun à la peur, la laideur ou la beauté est imprévisible. En direct du futur annonce un récit court du Petit Spirou, format pour lequel Janry est moins à l’aise que pour les gags en une planche, et pour cela a fait appel à Jacques Louis.
Les Jeux sont d’un certain ou certaine Vog, que je ne connais pas, et, intitulés Pon…pom..pidou!!, ne sont pas un hommage à Marilyn Monroe mais au musée d’art moderne parisien, avec toutefois uniquement des œuvres d’auteurs décédés, en dehors d’une présentée sous forme de labyrinthe, qui ressemble fort à l’œuvre d’un artiste contemporain dont le nom m’échappe, que je crois suisse (non, pas Anni Albers, ni Brice Madden), celui ou celle qui trouvera aura droit à mon plus grand respect (l’œuvre, le labyrinthe entre le Miro et le Mondrian, est visible ici: https://www.spirou.com/actualites/solut ... u-ndeg4497). Bizarrement, Spirou y figure sous la forme d’un gardien de musée endormi, alors que Nicoby s’était fait tancer pour avoir énoncé ce cliché dans le Spirou 4490 spécial JO au Louvre.
Enfin, deux publicités pour des albums jeunesse, Cinq Avril une série chez Dupuis dont seul un extrait avait été publié dans Spirou, sous forme de supplément il y a quelques semaines, et une au Lombard du dessinateur Tristan Roulot, qui lui a publié quelques histoires courtes dans Spirou.
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Re: Cette semaine dans le journal de Spirou j'ai aimé...
Numéro 4498-4499 du 26/06/2024
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... es-de-reve
Après quelques années de numéros spéciaux vacances simples, voici un spécial vacances de rêve! Cela signifie-t-il des vacances idéales, des vacances utopiques, des vacances de SF, ou est-ce un clin d’œil pour accompagner le départ de Morgan Di Salvia comme rédacteur en chef, la fameuse fête surprise dont les Fabrice parlent depuis plusieurs semaines, qui affiche une banderole “Bonne route Morgan” ?
Pour la cadette des sœurs Grémillet, Lucille, amoureuse des animaux navigant en couverture sur la proue d’un hors bord en compagnie de dauphins, c’est d’évidence de vacances idéales dont il s’agit. Ce ne sera pourtant pas tant elle la vedette de cette nouvelle histoire des sœurs Grémillet, “La villa des mystères” (un titre aux senteurs de Tif et Tondu ou de Patrouille des Castors) que sa sœur Sarah, qui va, nous disent les auteurs Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci, “faire une grosse crise d’adolescence” et se séparer du "club des frangines" le temps d'une enquête. Le dessinateur Alessandro Barbucci a à ce sujet des propos très radicaux: “Ça me semble juste normal, quand on est ado, de bouleverser la vie de la génération précédente! Il faut dire que les mamans italiennes sont très, très strictes…Donc quand on est ado en Italie, on n’a que deux options: la rébellion ou la mort cérébrale!!” Cela me rappelle la légende selon laquelle, à un enfant peu obéissant, la mère italienne dira “Finis tes légumes, ou je te tue!”, alors que la mère juive dira “Finis tes légumes, ou je me tue!” L’histoire en elle-même s’annonce bien, avec de nombreux mystères, psychologiques, relationnels, ou d’ambiance fantastique, posés dans ce volumineux (14 pages) premier chapitre.
Après l’épisode romantique de la semaine précédente, c’est la tragédie de la séparation des amants dans la longue histoire (déjà 52 pages, et encore deux chapitres à venir) “Sans penser à demain” des Cœurs de ferraille, avec un revenant de la première histoire de la série, “Cyrano et moi”. Cyrano de Bergerac était laid, et le robot Limier dont tombe amoureuse la jeune humaine n’a lui carrément pas de visage, mais tous deux ont en commun d’être si élégants d’allure, d’esprit et d’attitude. Et, après la séquence d’action de la semaine précédente, le nouveau chapitre de l’Inspecteur Bertillon, qu’on aurait pu croire un dénouement mais les auteurs Barth, Pomès et Drac nous réservent encore des surprises, condense l’épisode de l’amour entre lui et Sedna, et leur séparation car lui, le vrai héros même s’il n’en a pas l’air, refuse d’abandonner les gens qu’il considère n’avoir pas fini d’aider. Remarquons que, étrange coïncidence, Sedna, Naiad des Cœurs de ferraille, et Aurélia dans Les sœurs Grémillet sont chacune une incarnation de la “pauvre petite fille riche”, personnage récurrent des arts populaires, de Little Orphan Annie d'Harold Gray à Mademoiselle Louise de Geerts en passant par les films avec Mary Pickford ou Shirley Temple.
Le reste du numéro est entièrement consacré au thème des vacances, quoi que ce “de rêve” puisse signifier. Dans les séries habituelles, cela va du bon gag du Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet à l’indécrotable, même en vacances,“gold digger” qu’est Brad Rock, de Jilème et Sophie David. Pour Midam, Patelin, Dairin et Angèle, les vacances stimulent l’imagination de Kid Paddle, comme celle de l'Agent 212 pour Kox. Dans 3 infos, 2 vraies, 1 fausse, de Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall, la “sieste géante organisée à Mexico pour réclamer le droit de se reposer en entreprise” ravive les vieux clichés sur les Mexicains somnolents de Jerry Spring ou Lucky Luke. Damien Cerq, Clémence, et Ludwig Alizon aux couleurs, nous présentent un Léon esseulé, sans Léna, en camp de vacances, au point de ne même plus penser à faire de bêtises, ce qui le déprime (prétend-il), et pousse les animateurs, apitoyés, à “l’aider à faire des bêtises, lui désigner un souffre-douleur par exemple.” C’est ce qui m’empêche d’adhérer à cette série, les adultes y sont trop naïvement manipulables par ces tout jeunes enfants, même comme caricature je ne puis y croire. De Mesmaeker vient tenter de signer un contrat dans l’entreprise où sévit Nelson de Bertschy, mais contrairement à ce qu’il dit, ce n’est pas “encore pire que chez Dupuis”, Nelson a beau être un diablotin, il est moins subversif que Gaston (celui de Franquin, pas le clone de Delaf).
Dans les histoires courtes spécialement faites pour ce numéro, on retrouve les alter-egos de Jacques Louis dans Family Life, dans un épisode à l’humour décapant, et de Bouzard dans Vacances à la campagne, également dans une ambiance familiale, mais au dessin que je trouve un peu hâtif. Vacances en famille aussi dans l’amusant et imaginatif Family on the Moon, de Salma et Libon, où les vacances sur la lune ne sont pas un rêve pour tout le monde, et pour C’est de l’art, de Tofy, un père et son enfant renards (?) sur la plage. Avec de plus les familles de Brad Rock, de Boule et Bill (sur le thème classique dans la série du choix du lieu de vacances), et, à la plage, celles de Pernille, de Dad, de l’Agent 212 et des sœurs Grémillet, ce numéro insinuerait-il que les vacances de rêves sont des vacances en famille? Quant au lieu de rêve, il semble être la plage, même si désenchantée par la pollution pour Dad, puisque Crash Tex de Dab's et Des gens et inversement de Berth y sont aussi, ainsi que trois autres histoires spéciales qui s’y passent: La vie de château (de sable) du bon dessinateur animalier Dav, pour une histoire bien moins cruelle que celles qu’il fait souvent, Poisson volant, de Sess Boudebesse, montrant un (le) marsupilami à la plage (redevenu propriété de Dupuis, ce personnage semble maintenant à la disposition de tous les auteurs; accessoirement, on le voit siroter une noix de coco sèche, soit avec des poils, alors qu’il devrait savoir que ce sont les noix de coco fraîches, encore vertes, qui ont le plus de jus), et un très drôle dans l'absurde Gros sur la palourde, de Lorrain Oiseau (scénario) et Dara Nabati (dessin et couleur), de jeunes auteurs nouveaux venus dans Spirou, chaînon manquant, dans l’humour comme le dessin, entre Lewis Trondheim et Émilie Gleason (autrice dans Spirou de Kermesse existentielle entre 2020 et 2022). Enfin, une historiette de Guillaume Bianco, avec un de ses personnages fétiches de petite fille en sorcière, dans un encrage étonnamment lisse, alors qu’il avait revendiqué dans un gag de l’Atelier Mastodonte un trait tremblé comme “son style!”
Pour le reste, l’habituel Cahier de jeux, que 5 auteurs (ou groupes d’auteurs…) sur 8 ont situé au bord de la mer (décidément…), Bertschy, Enzo Berkati, Joan et Annie Pastor, Tyst, et ô agréable surprise, Les Schtroumpfs, par le studio Peyo . Les autres jeux ont été réalisés par Maëlys et Thomas Priou , Mouk (qui dessinait Croquidou, que je regrette, dans Spirou, et travaille maintenant pour Disney, un article lui étant d’ailleurs consacré dans Super Picsou géant numéro 242 spécial Fantomiald - Paperinik en VO), et encore Maëlys Cantreau avec Romain Garouste, un vétéran des jeux dans Spirou, depuis 2015. Trois jeux sur six ont par ailleurs la particularité peu habituelle de ne présenter quasi aucun personnage du journal (les grooms de l’hôtel Vacancia de Maëlys et Thomas Priou sont même vêtus de vert et non de rouge…) en dehors d’un Marsupilami, qui se retrouve aussi en couverture de la publicité pour le Giga Spirou hors-série été 2024 ainsi que dans la publicité pour le Parc Spirou et l'histoire de Sess Boudebesse, est donc la vedette surprise de ce numéro.
Pour le reste, concernant la pub pour le Parc Spirou, ma fille (4 ans) a fait remarquer devant les Schtroumpfs en image de synthèse que “ce ne sont pas les vrais Schtroumpfs, ceux-ci sont en plastique!” Morgan Di Salvia est Bienvenu à la rédaction, y met en avant les Fabrice, ainsi officiellement adoubés réincarnation de Gaston Lagaffe, parle des 5 permanents de la rédaction (en photo: lui-même, Frédéric Niffle, Laure Bavay,, Coline Strijthagen, et un moustachu également présent dans L’édito, et dont je ne suis pas sûr de l’identification), rappelle que, depuis 1938, il n’y a eu que 11 rédacteurs en chef de Spirou, et est devenu un personnage du journal, “grâce à L’édito et aux marges de Sti (auteur de l’amusante Malédiction de la page 13, très locale, dans ce numéro), caractéristique qu’il partage avec ses prédécesseurs Delporte, Martens, Tinlot, et dans une moindre mesure les autres ex rédacteurs en chef . Une très amusante interprétation du métomol par Benjamin Renner, auteur de BD et de cinéma d’animation, dans Spirou et moi, qui le conduit à redécouvrir l’omelette aux morilles. Enfin, une Leçon de BD de Marko, consacrée aux cadrages, deux publicités pour des albums jeunesse, Tête de pioche, une “petite héroïne qui parle aux animaux”, et Molang, “à la rescousse des animaux”, un thème espéré vendeur visiblement, et l'annonce d’un concours pour trouver le gag de la page de titre du prochain Petit Spirou (avec encore un marsupilami en couverture, certes en peluche décatie), et un énigmatique petit Tintin pour annoncer le Petit Spirou dans le prochain numéro…
Ici un aperçu du numéro: https://www.spirou.com/actualites/somma ... es-de-reve
Après quelques années de numéros spéciaux vacances simples, voici un spécial vacances de rêve! Cela signifie-t-il des vacances idéales, des vacances utopiques, des vacances de SF, ou est-ce un clin d’œil pour accompagner le départ de Morgan Di Salvia comme rédacteur en chef, la fameuse fête surprise dont les Fabrice parlent depuis plusieurs semaines, qui affiche une banderole “Bonne route Morgan” ?
Pour la cadette des sœurs Grémillet, Lucille, amoureuse des animaux navigant en couverture sur la proue d’un hors bord en compagnie de dauphins, c’est d’évidence de vacances idéales dont il s’agit. Ce ne sera pourtant pas tant elle la vedette de cette nouvelle histoire des sœurs Grémillet, “La villa des mystères” (un titre aux senteurs de Tif et Tondu ou de Patrouille des Castors) que sa sœur Sarah, qui va, nous disent les auteurs Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci, “faire une grosse crise d’adolescence” et se séparer du "club des frangines" le temps d'une enquête. Le dessinateur Alessandro Barbucci a à ce sujet des propos très radicaux: “Ça me semble juste normal, quand on est ado, de bouleverser la vie de la génération précédente! Il faut dire que les mamans italiennes sont très, très strictes…Donc quand on est ado en Italie, on n’a que deux options: la rébellion ou la mort cérébrale!!” Cela me rappelle la légende selon laquelle, à un enfant peu obéissant, la mère italienne dira “Finis tes légumes, ou je te tue!”, alors que la mère juive dira “Finis tes légumes, ou je me tue!” L’histoire en elle-même s’annonce bien, avec de nombreux mystères, psychologiques, relationnels, ou d’ambiance fantastique, posés dans ce volumineux (14 pages) premier chapitre.
Après l’épisode romantique de la semaine précédente, c’est la tragédie de la séparation des amants dans la longue histoire (déjà 52 pages, et encore deux chapitres à venir) “Sans penser à demain” des Cœurs de ferraille, avec un revenant de la première histoire de la série, “Cyrano et moi”. Cyrano de Bergerac était laid, et le robot Limier dont tombe amoureuse la jeune humaine n’a lui carrément pas de visage, mais tous deux ont en commun d’être si élégants d’allure, d’esprit et d’attitude. Et, après la séquence d’action de la semaine précédente, le nouveau chapitre de l’Inspecteur Bertillon, qu’on aurait pu croire un dénouement mais les auteurs Barth, Pomès et Drac nous réservent encore des surprises, condense l’épisode de l’amour entre lui et Sedna, et leur séparation car lui, le vrai héros même s’il n’en a pas l’air, refuse d’abandonner les gens qu’il considère n’avoir pas fini d’aider. Remarquons que, étrange coïncidence, Sedna, Naiad des Cœurs de ferraille, et Aurélia dans Les sœurs Grémillet sont chacune une incarnation de la “pauvre petite fille riche”, personnage récurrent des arts populaires, de Little Orphan Annie d'Harold Gray à Mademoiselle Louise de Geerts en passant par les films avec Mary Pickford ou Shirley Temple.
Le reste du numéro est entièrement consacré au thème des vacances, quoi que ce “de rêve” puisse signifier. Dans les séries habituelles, cela va du bon gag du Bulletin d’abonnement de Cromheecke et Thiriet à l’indécrotable, même en vacances,“gold digger” qu’est Brad Rock, de Jilème et Sophie David. Pour Midam, Patelin, Dairin et Angèle, les vacances stimulent l’imagination de Kid Paddle, comme celle de l'Agent 212 pour Kox. Dans 3 infos, 2 vraies, 1 fausse, de Bernstein, Bercovici et Robin Le Gall, la “sieste géante organisée à Mexico pour réclamer le droit de se reposer en entreprise” ravive les vieux clichés sur les Mexicains somnolents de Jerry Spring ou Lucky Luke. Damien Cerq, Clémence, et Ludwig Alizon aux couleurs, nous présentent un Léon esseulé, sans Léna, en camp de vacances, au point de ne même plus penser à faire de bêtises, ce qui le déprime (prétend-il), et pousse les animateurs, apitoyés, à “l’aider à faire des bêtises, lui désigner un souffre-douleur par exemple.” C’est ce qui m’empêche d’adhérer à cette série, les adultes y sont trop naïvement manipulables par ces tout jeunes enfants, même comme caricature je ne puis y croire. De Mesmaeker vient tenter de signer un contrat dans l’entreprise où sévit Nelson de Bertschy, mais contrairement à ce qu’il dit, ce n’est pas “encore pire que chez Dupuis”, Nelson a beau être un diablotin, il est moins subversif que Gaston (celui de Franquin, pas le clone de Delaf).
Dans les histoires courtes spécialement faites pour ce numéro, on retrouve les alter-egos de Jacques Louis dans Family Life, dans un épisode à l’humour décapant, et de Bouzard dans Vacances à la campagne, également dans une ambiance familiale, mais au dessin que je trouve un peu hâtif. Vacances en famille aussi dans l’amusant et imaginatif Family on the Moon, de Salma et Libon, où les vacances sur la lune ne sont pas un rêve pour tout le monde, et pour C’est de l’art, de Tofy, un père et son enfant renards (?) sur la plage. Avec de plus les familles de Brad Rock, de Boule et Bill (sur le thème classique dans la série du choix du lieu de vacances), et, à la plage, celles de Pernille, de Dad, de l’Agent 212 et des sœurs Grémillet, ce numéro insinuerait-il que les vacances de rêves sont des vacances en famille? Quant au lieu de rêve, il semble être la plage, même si désenchantée par la pollution pour Dad, puisque Crash Tex de Dab's et Des gens et inversement de Berth y sont aussi, ainsi que trois autres histoires spéciales qui s’y passent: La vie de château (de sable) du bon dessinateur animalier Dav, pour une histoire bien moins cruelle que celles qu’il fait souvent, Poisson volant, de Sess Boudebesse, montrant un (le) marsupilami à la plage (redevenu propriété de Dupuis, ce personnage semble maintenant à la disposition de tous les auteurs; accessoirement, on le voit siroter une noix de coco sèche, soit avec des poils, alors qu’il devrait savoir que ce sont les noix de coco fraîches, encore vertes, qui ont le plus de jus), et un très drôle dans l'absurde Gros sur la palourde, de Lorrain Oiseau (scénario) et Dara Nabati (dessin et couleur), de jeunes auteurs nouveaux venus dans Spirou, chaînon manquant, dans l’humour comme le dessin, entre Lewis Trondheim et Émilie Gleason (autrice dans Spirou de Kermesse existentielle entre 2020 et 2022). Enfin, une historiette de Guillaume Bianco, avec un de ses personnages fétiches de petite fille en sorcière, dans un encrage étonnamment lisse, alors qu’il avait revendiqué dans un gag de l’Atelier Mastodonte un trait tremblé comme “son style!”
Pour le reste, l’habituel Cahier de jeux, que 5 auteurs (ou groupes d’auteurs…) sur 8 ont situé au bord de la mer (décidément…), Bertschy, Enzo Berkati, Joan et Annie Pastor, Tyst, et ô agréable surprise, Les Schtroumpfs, par le studio Peyo . Les autres jeux ont été réalisés par Maëlys et Thomas Priou , Mouk (qui dessinait Croquidou, que je regrette, dans Spirou, et travaille maintenant pour Disney, un article lui étant d’ailleurs consacré dans Super Picsou géant numéro 242 spécial Fantomiald - Paperinik en VO), et encore Maëlys Cantreau avec Romain Garouste, un vétéran des jeux dans Spirou, depuis 2015. Trois jeux sur six ont par ailleurs la particularité peu habituelle de ne présenter quasi aucun personnage du journal (les grooms de l’hôtel Vacancia de Maëlys et Thomas Priou sont même vêtus de vert et non de rouge…) en dehors d’un Marsupilami, qui se retrouve aussi en couverture de la publicité pour le Giga Spirou hors-série été 2024 ainsi que dans la publicité pour le Parc Spirou et l'histoire de Sess Boudebesse, est donc la vedette surprise de ce numéro.
Pour le reste, concernant la pub pour le Parc Spirou, ma fille (4 ans) a fait remarquer devant les Schtroumpfs en image de synthèse que “ce ne sont pas les vrais Schtroumpfs, ceux-ci sont en plastique!” Morgan Di Salvia est Bienvenu à la rédaction, y met en avant les Fabrice, ainsi officiellement adoubés réincarnation de Gaston Lagaffe, parle des 5 permanents de la rédaction (en photo: lui-même, Frédéric Niffle, Laure Bavay,, Coline Strijthagen, et un moustachu également présent dans L’édito, et dont je ne suis pas sûr de l’identification), rappelle que, depuis 1938, il n’y a eu que 11 rédacteurs en chef de Spirou, et est devenu un personnage du journal, “grâce à L’édito et aux marges de Sti (auteur de l’amusante Malédiction de la page 13, très locale, dans ce numéro), caractéristique qu’il partage avec ses prédécesseurs Delporte, Martens, Tinlot, et dans une moindre mesure les autres ex rédacteurs en chef . Une très amusante interprétation du métomol par Benjamin Renner, auteur de BD et de cinéma d’animation, dans Spirou et moi, qui le conduit à redécouvrir l’omelette aux morilles. Enfin, une Leçon de BD de Marko, consacrée aux cadrages, deux publicités pour des albums jeunesse, Tête de pioche, une “petite héroïne qui parle aux animaux”, et Molang, “à la rescousse des animaux”, un thème espéré vendeur visiblement, et l'annonce d’un concours pour trouver le gag de la page de titre du prochain Petit Spirou (avec encore un marsupilami en couverture, certes en peluche décatie), et un énigmatique petit Tintin pour annoncer le Petit Spirou dans le prochain numéro…
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.