Numéro 4490 du 01/05/2024
Ici un aperçu du magazine
https://www.spirou.com/actualites/somma ... -au-louvre
"À l'occasion de l'inauguration de l'exposition « L'Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique », Le Louvre a invité la rédaction et les auteurs du journal Spirou à concevoir un numéro spécial permettant de découvrir les coulisses du plus célèbre des musées. Fruit de la rencontre entre l'expertise artistique des équipes du musée et l'humour espiègle des dessinateurs de SPIROU, ce numéro spécial pose un œil curieux et enthousiaste sur la vie et les collections de l'institution."
Tous les auteurs ont participé au jeu, y compris, ce qui est rare, ceux des strips et des gags en une planche. Outre les récits spéciaux, les séries de gags ont donc presque toutes pour thème le Louvre et les jeux olympiques, sous une couverture clin d’œil, au propre et au figuré, et féministe, de
Brice Cossu. Sur ce sujet,
Parcours de combattantes (un bon titre) de
Véro Cazot et
Gally, narre à l’occasion d’une visite scolaire de l’exposition du Louvre la lente et difficile accession des femmes à une égalité dans la participation aux jeux olympiques modernes, les jeux de 2024 étant les premiers strictement paritaires. Mais l’exiguïté du format deux pages et la dimension militante, compréhensible quand on voit le parcours de combattantes que cette égalité a été, mène à des approximations trompeuses. Ainsi, lorsqu’il est dit que, contrairement aux premiers jeux olympiques modernes, qui les excluait, les femmes participaient aux jeux olympiques antiques. Pourtant, dans cette exposition du Louvre, il est bien précisé que “Si les premiers jeux Olympiques modernes ont cantonné les femmes dans un rôle de faire-valoir, les Jeux antiques ne leur étaient pas davantage ouverts, à l’exception des courses de quadriges où de riches propriétaires pouvaient faire courir leur attelage. Il existait cependant à Olympie des jeux féminins, les Heraia, où les femmes pouvaient concourir.”
https://www.louvre.fr/expositions-et-ev ... se-liberee Apparté personnel, le nom d’
Alice Milliat, ici présentée comme militante du début du XXème s. pour la participation des femmes aux J.O., me fait penser aux pâtes Milliat frères, qui ont fait beaucoup de pub, dont en BD, dans Spirou en 1958
https://bd-archives-ab-6.wixsite.com/sp ... s-60/f1031
Ce numéro spécial débute par
L’édito, dans lequel les Fabrice sont envoyés en mission au Louvre, pour ramener un reportage. S’ensuit une histoire de huit pages de
Nicoby et
Ory,
Mardi au Louvre, dans laquelle
Nicoby se présente avec emphase comme grand reporter de
Spirou venu au Louvre fait un reportage sur la préparation de l’exposition, peu avant l’ouverture de celle-ci, qui a demandé 3 ans de préparation. Instructif, mais je n’apprécie guère le ton de ces reportages en BD dans lesquelles l’auteur joue à l’idiot, sort des bourdes et des blagues hors de propos. Dans la dernière case, les Fabrice arrivent eux aussi pour leur reportage, et s’ensuit deux pages de catastrophes montant crescendo jusqu’au gag final, avec en marge de la page 12bis un amusant dessin de
Sti.
Alfred visite le musée avec sa fille, dans une planche intitulée
Tableau l’ouvre, onirique et déterminée. Pour
3 infos, 2 vraies 1 fausse Bernstein, Bercovici et
Robin Le Gall, le Louvre leur a inspiré de bons gags. Dans
Nelson de
Bertschy, Hubert se trompe et attend Julie au Musée du loup, ce qui n’est pas si absurde, le Louvre tirant son nom d’une louveterie. Par contre, le tableau qu’admire Julie est de l’art moderne ou contemporain, et n’appartient donc pas au Louvre, et Nelson n’a pas si tort d’estimer que son hamburger y aurait sa place, en écho aux cheeseburgers de
Claes Oldenburg. Visite scolaire encore pour
Elliot au collège,
Théo Grosjean et
Anna Maria Riccobono y représentant, eux, de vraies œuvres, mais celles-ci n’intéressent pas Hari ni Elliot.
Bernstein et
Moog font faire à
Willy Woob et son chien Kiki une visite sportive du Louvre, et un personnage qui ose dire que “en sculpture il y a 3 choses essentielles: le choix de la pierre, la ligne des courbes et la teinte choisie…autrement dit:Pierre, des courbes, et teint”, ne peut être foncièrement mauvais. La page du
Fil de l’Histoire raconté par Ariane et Nino, de
Fabrice Erre et
Sylvain Savoia est trop courte pour être autre qu’anecdotique sur le vol de
La Joconde en 1911, et soulève des questions fondamentales mais sans réponses (pourquoi
Apollinaire et
Picasso ont-ils été suspectés, pourquoi le voleur italien pensait-il agir par patriotisme). Allusion à l’art antique dans
Kid Paddle, la princesse se transformant en statue de pierre de Méduse, et les gags de
La pause cartoon sont eux aussi sur le Louvre, plus ou moins directement…Une sortie scolaire encore pour les
Jeux de
Mouk, intitulés Journée d’affluence à la salle Mollien. Seuls
Cazenove, Bastide et
Perdriset pour
Boule et Bill,
Delaf, dans un gag repris de celui où Gaston cogne Boulier avec des planches, la victime étant cette fois M’oiselle Jeanne (pourquoi n’y a-t-il pas cette semaine de tête de Gaston en couverture, il dépareillerait dans l’enceinte du Louvre?) ainsi que
Nob, pour le retour avec
Dad, ont fait des planches sans lien avec le sujet. Mais
Nob y participe tout de même avec la rubrique
Bienvenue dans mon musée, où il parle de son livre récent,
Une journée au Louvre, et dit y avoir été très marqué par le
Portrait de l’artiste sous les traits d’un moqueur, de
Joseph Ducreux, qui “s’adresse directement à son spectateur.”
Ducreux, peintre du XVIIIème s., a, sous l’influence de la physiognomonie (étude de la personnalité par l’apparence) peint des portraits très expressifs et gestuels, assez atypiques, mais qui ne peuvent manquer de parler à un auteur de BD comique.
Si nombre des auteurs, de
Fabrice Erre à
Bercovici en passant par
Nicoby, Moog, Marko, Gally, Mouk et
Cromheecke, ont profité du sujet pour dessiner des nus, majoritairement masculins par ailleurs, plus que féminins (avec deux occurrences de
L’Esclave mourant, de
Michel-Ange), on pouvait évidemment s’attendre à ce que
Janry, dans
Le petit Spirou, représente lui surtout des nus féminins et sexy, à mille lieues du genre antique que l’on trouve au Louvre, avec même un couple enlacé s’embrassant, ainsi que quelques amusantes parodies de martyrs chrétiens, dans l’esprit de
Passe moi l’ciel, poussant la parodie jusqu’à inventer une toile du
Greco, aux antipodes du style de celui-ci. Il a reçu pour cette planche un “joli coup de main”, note-t-il, de
Clara Cuadrado.
Seulement 3 histoires (à suivre) cette semaine, deux s’étant achevées la semaine précédente, laissant la place aux histoires de ce numéro spécial. J’ignore à quel point ça avait été prévu, mais cela illustre la complexité d’établir un
Spirou hebdomadaire, jonglant entre les contraintes des animations du journal et des parutions en album.
Fin du dernier long (78 pages) épisode de
Créatures, Rendez-vous avec le Bogeyman. Cela fait longtemps que je n’ai plus lu de
Lovecraft, le Bogeyman de
Betbeder et
Djief, mais cette fin dans laquelle il écrit que Yog-Sothoth renonce à la “planète bleue” devant la résistance des humains et les laisse à “une destinée qui [leur] est propre” me semble à l’opposée des écrits de L
ovecraft et de ce qu’il dit des Grands Anciens, ces créatures menaçant l’univers. Mais la libération de New-York et ses habitants provoquée par les écrits imaginaires de
Lovecraft incrustés en voix-off est une bonne idée de narration graphique. Suite du
Lieutenant Bertillon de
Bart, Pomès et
Drac, précédée d’une publicité pour son premier album, sorti près d’un an après sa parution dans le journal, délai habituel il y a des années mais maintenant exceptionnel, l’album paraissant souvent avant la fin de la en ce cas mal nommée prépublication. Enfin, début en fanfare du troisième épisode du
Métier le plus dangereux du monde, avec une mystérieuse attaque lors d’une cérémonie de récompenses de super-héros, et la contre attaque chaotique de ceux-ci. L’interview du scénariste
Olivier Bocquet est intéressante sur plusieurs points: “Inclusion. On nous dit souvent que nos personnages sont atypiques : des gamins arabes dans une famille musulmane, l'un d'eux est en surpoids, il y a un personnage en chaise roulante... Mais
c'est quand même de plus en plus fréquent de croiser dans la BD tous publics des héros qui ne sont pas tous blancs, minces et en bonne santé. En particulier chez Dupuis, d'ailleurs : je pense à Tamara, à Seuls, à Olive ou à
Yoko Tsuno, qui date quand de 1970 ! Roger Leloup était clairement un précurseur.
Moi, ça m'intéresse de faire vivre des personnages qui ne me ressemblent pas, c'est aussi simple que ça. Crossover.
J'ai sérieusement pensé à un crossover entre Frnck et Le métier… D'ailleurs, dans l'un des deux premiers tomes, il y a un des lapins de Frnck caché quelque part ! J'aurais pu imaginer que Franck (et tous les autres) se téléporte grâce à un Pod. Mais il aurait fallu que j'y pense avant. Parce que dans les neuf tomes de Frnck, il n'est pas fait mention une seule fois des supers, ni des nuggets, ni de l'anneau violet qui entoure la Terre. C'est une occasion manquée !
Pour finir,
En direct du futur annonce le retour des
Sœurs Grémillet dans le numéro double 4498-4499, le numéro 4500 sera donc à priori un spécial ordinaire, si j’ose dire, et pas un numéro double. Ceci dit, avec ces numéros doublement doubles, car doublement numérotés, la numérotation perd un peu de son sens.