Trichoco a écrit :
Petite intervention :
-Merci de rester courtois dans vos échanges et d'éviter les "yeux en face des trous" ou les "tu as pensé à consulter" qui ne sont pas des arguments. Vous avez des opinions opposées, et l'expérience montre que personne ne changera d'avis... Ce qui n'implique ni des troubles visuels et encore moins la santé mentale.
J'ai admis moi-même que j'avais commencé, mais ce n'était pas adressé à mon interlocuteur, mais à celui qui avait écrit cette phrase contenant trois bétises en une seule ligne (c'est tout de même beaucoup), et c'était pour soutenir mon argumentation comme quoi ceux qui adorent ce Spirou (pas ceux qui aiment raisonablement) soit ne connaissent pas Spirou (sauf erreur, c'est le cas de grelots, c'est le premier Spirou qu'il a lu), soit ne connaissent pas l'histoire.
Trichoco a écrit : le procès que tu fais à Bravo (il prendrait un Spirou vidé de sa substance pour vendre) me parait injuste car éloigné des intentions de Bravo...
Non, ce n'est pas ça, je ne pense pas qu'il fasse ça pour le fric (même s'il a dû en gagner beaucoup), je pense qu'il a été surpris par l'immense succès.
J'ai plusieurs reproches. Le premier (c'est une conviction, et donc je ne peux le prouver) est que Bravo adore Tintin et pas Spirou, mais il est fondamentalement pacifiste, et ne peut pardonner à Hergé son attitude pendant la guerre. Comme il ne peut dessiner Tintin, il utilise Spirou pour régler ses comptes avec Tintin (d'où les multiples références).
Trichoco a écrit :Je trouve largement exagéré de dire que Bravo détruit Spirou. Quand Le Journal d'un ingénu est sorti, personne ne l'attendait, à commencer par moi. Je l'avais adoré et je trouve même que c'est un bon album à faire lire à des gens qui ne connaissent pas Spirou. C'est comme une mise en place sérieuse de l'univers de Spirou, beaucoup plus plausible que celle de Rob-Vel (et là j'attends la réaction horrifiée de Zig Homard).
C'est mon second reproche, en plusieurs volets. Spirou n'a pas besoin de sérieux, c'est de l'aventure humoristique et de la fantaisie, on n'est pas dans les Histoires de l'oncle Paul. Mais ce que Bravo n'a pas saisi, c'est que l'on peut être dans un univers de fantaisie et aborder néanmoins des sujets importants (dans Le prisonnier du bouddha, c'est la dictature chinoise, la guerre froide, et Hoïnk Hoïnk, c'est évidement Hong Kong, le Bretzelburg, c'est une dictature fasciste, Zantafio en Palombie, c'est une dictature d'Amérique du sud, dans Il y a un sorcier à Champignac il dénonce les préjugés envers les Bohémiens, etc...), mais Bravo est incapable de comprendre une image, il faut du direct, donc Spirou est rebaptisé Jean-Baptiste, il est placé en un lieu et un temps réel, il est orphelin...quelle lourdeur, quelle balourdise, quelle tristesse...
Et toujours dans son incapacité à comprendre Spirou, obnubilé qu'il est par Tintin, il accuse Spirou de fuire la politique (il le dit à longueur d'interviews), ce qui est complètement faux, comme on vient de le voir, c'est donc du négationisme envers le personnage, et le Journal lui-même avait résisté, par l'entremise de Jean Doisy, au contraire d'Hergé donc, c'est donc du négationisme historique (il y en a un troisième dans ses histoires, j'y reviendrai). Enfin, pendant la guerre, Robvel dessine une aventure qui dure plus d'un an (fin 41 à début 43) dans laquelle Spirou est ami avec un noir, Rakiki, roi d'un pays indépendant (pas une colonie donc, pas Tintin au Congo) qui parle parfaitement français (pas petit nègre), ce qui est le contraire absolu de l'idéologie nazie et de ce qu'on trouvait dans Tintin au même moment. D'ailleurs, le journal a été interdit peu de temps après.
Ensuite, ce n'est pas la faute de Bravo, mais beaucoup de gens découvrent Spirou avec son Spirou, à cause de son succès incroyable, et on donc une image d'un orphelin ingénu plongé dans l'univers très documenté de la seconde guerre mondiale. S'ils lisent par la suite les Spirou de Franquin, Fournier ou autre, ils se sentiront floués, et n'estimeront pas ce Spirou d'un univers de fantaisie, car ils l'auront découvert affrontant des sujets graves, d'aur=tant plus en notre époque où les gens ont soif d'informations concrètes (le succès des BD de reportage, de Riad Sattouf , de Persepolis...; époque schizophrène car les gens se précipitent parallèlement vers les super héros et l'héroic fantasy). Bref, comme je l'avais écrit, tous les Spirou seront désormais jaugés à l'aune du sien, il créé la nouvelle norme, c'est en ce sens qu'il détruit Spirou. Yann aussi a plongé Spirou dans la guerre, mais ses albums n'ont eu ni le succès ni l'aura de ceux de Bravo.
Trichoco a écrit :Enfin je ne vois pas pourquoi tu parles de négationnisme. A mon sens, pour le moment, le Bravo qui se tient le moins du point de vue historique, c'est le Journal d'un Ingénu.
J'ai des trucs à faire, je reviendrai plus tard pour montrer les points précis qui sont malsains historiquement et moralement dans ses histoires.
" Monólogo significa el mono que habla solo." Ramón Gómez de la Serna dans ses Greguerías.