5. Comme disaient les chroniqueurs de
Ces dessins animés là qui méritent qu'on s'en souvienne,
dans leur épisode à propos de Spirou, ce fut l'album avec un grand A et l'épisode avec un grand E ( parlant de la première série d'animation, qui a adapté cet album). Pourquoi pensent-ils cela, nous le savons, mais ils déploraient aussi la présence de la faune assez curieuse de l'album, et trouvaient que c'était une bonne idée de ne pas en parler beaucoup dans l'adaptation animée. Est-ce que cette faune du type Pokémon casse l'ambiance? Je ne trouve pas vraiment. D’un côté parce qu' on les voit dans l’album, oui, mais pas si longtemps. Si effectivement notre attention avait été déviée vers eux trop longtemps, ça aurait pu être le cas, étant donné le décalage entre leur apparence potache et le drame qui se déroule. Tout de même, ces plantes hallucinogènes qui font voir “les désirs les plus secrets”...
Pas étonnant de T&J, et je veux bien le croire pour Spip, mais pour Spirou, ledit désir être une femme sexy, ils sont sûrs?
C’est classique, mais toujours tellement éprouvant, un être cher qui devient fou furieux pour une quelconque raison, et vous attaque.
Mais vous ne pouvez pas vous défendre de manière aussi sérieuse que vous le feriez d'habitude, pour ne pas le ou la blesser. J’avoue que c’en est presque effrayant quand on s’aperçoit que Fantasio fait exprès de donner des coups de pieds dans la blessure au genou de Spirou. C’est déloyal, et prouve qu’il est devenu dingue au sens clinique du terme.
On remarque aussi que la piqûre de moustique donne à Fantasio une honnêteté brutale. Ce qu'il dit au début, c'est vrai, et est-ce que ça le dérange tant que ça d'habitude? Je pense qu'il enfouit tout ça au fond de lui normalement, mais dans ces circonstances, évidemment, ça ressort . Bien sûr que c'est injuste, que le journal où ils sont pourtant tous les deux, ne porte pas son nom.
Mais aussi qu'effectivement, il soit inexplicablement tellement plus malchanceux que Spirou. Tant qu’à la limite, il lui sert de paratonnerre. Ce n'est évidemment amusant pour personne de réaliser qu'en fait, on est le faire valoir, et cette même réalisation d'ailleurs va s'exprimer différemment plus tard. Il déprime dans
Vito la déveine, bien que cette fois-ci, il y a une conclusion qui pourra le rassurer. A la place de Spirou, on pourrait se dire: « Il faut avant tout s'enfuir, et envoyer du secours pour lui ensuite. » , puisqu'il n'est pas vraiment très coopératif dans le fait d'être sauvé. Et pourtant, Spirou s'obstine à évacuer Fantasio en même temps que lui. Oui, c'est beau l'amitié…
et encore à ce stade là nous n'avons rien vu.
C'est vrai qu'il se laisse avoir par la ruse de faire semblant d'être tombé dans un trou, et il y va quand même bien qu'à sa connaissance son ami soit toujours fou furieux. Il faut aussi voir Spirou être terrorisé en pensant que Fantasio va tomber sur les rochers, et lui éviter d'ailleurs cet atterrissage.
Donc, il reste son meilleur copain, même en cas de folie meurtrière. Au tout début, quand ils se retrouvent dans le noir en se tenant la main, ça trouve cet écho inattendu dans cette scène près de la fin. Quand, soudain, Fantasio laisse tomber sa pierre destinée à achever Spirou, parce que leur amitié est plus forte que la folie temporaire.
Ca m'a plu sur un point: d'ordinaire, quand quelqu'un est pour une raison ou pour une autre, dans une œuvre de fiction, dépossédé(e) de sa volonté propre (sous hypnose, par possession ou drogue, par exemple), il y a un cliché que je déteste dans ce cas. Quand ce personnage attaque, sans état d'âme, des personnes qui lui sont chères. Au début il faut bien un peu, pour le suspens, mais quand à la fin le personnage cherche à assassiner ses parents/son(sa) meilleur(e) ami(e)/amoureux(se) sans arrière-pensée ni difficultés à le faire, c’est là que ça ne va plus.
Ca veut dire que la magie, l’esprit ou le produit chimique qui ont annulé sa volonté, sont beaucoup plus forts que les sentiments éprouvés pour ses proches. Et c'est nul, avouez le. Pour une fois, c'est l'inverse, bravo!